Réunis en commission mixte paritaire vendredi, députés et sénateurs ont très vite constaté leur incapacité à trouver un terrain d'entente, ouvrant la porte à une loi spéciale pour assurer la continuité de l'Etat, et à une reprise des discussions en janvier.
00:00Salut Guillaume. Salut Karine. Alors on le sentait venir, il n'y a pas eu d'accord ce matin à l'Assemblée pour faire passer le budget d'ici le 31 décembre.
00:06Donc 2026, loi spéciale et forcément ça ne sera pas sans conséquence.
00:10Hélas non, c'est-à-dire qu'on connaît déjà l'histoire puisqu'on a déjà vécu six semaines, six semaines début 2025 avec ce scénario
00:16qui permet à l'État effectivement de faire pas grand-chose que des choses techniques malheureusement.
00:20C'est-à-dire que qu'est-ce que peut faire l'État ? Il peut prélever les impôts, il peut emprunter de l'argent
00:24et puis il peut reconduire les crédits de l'année d'avant à l'europrès.
00:28C'est-à-dire que janvier 2026, on reconduirait les crédits de janvier 2025, février 2026, ceux de février 2025, si ça dure, en espérant que ça ne dure pas.
00:37Mais on gèle, c'est-à-dire que ce n'est pas revalorisé à hauteur de l'inflation.
00:40Vous allez me dire, bon ben c'est une rustine, après tout on peut s'en sortir comme ça, tenir.
00:43Non, ce n'est pas aussi simple que ça malheureusement.
00:45Alors parce que ça a des incidences sur les finances et sur les Français.
00:48Parce que je vous dis, on ne reconduit que des mesures techniques, donc vous ne pouvez pas prendre des mesures d'ordre politique
00:53pour essayer de réduire un petit peu vos défis, c'est-à-dire toutes les mesures de hausse d'impôt
00:56dont on a parlé ces derniers mois, baisse de dépenses publiques, tout ça, vous oubliez.
01:01Du coup, vous laissez votre déficit filer de plusieurs milliards, donc c'est un puissant fonds, continue de s'enfoncer.
01:06Et puis à côté de ça, vous avez des choses beaucoup plus concrètes qui peuvent arriver.
01:09C'est-à-dire que par exemple, l'impôt sur le revenu, tout est gelé, y compris les tranches de l'impôt sur le revenu.
01:15Mais les salaires, ils ont augmenté.
01:16Donc vous avez potentiellement 200 000 ménages qui peuvent voir leur impôt sur le revenu augmenter l'an prochain.
01:23Ah ! Là, ça devient déjà plus concret. Et des petits effets pervers comme ça, je peux vous en citer plein.
01:28Voilà, il y en a d'autres. Pour certains, crédits d'impôt, on pourrait être obligé de s'en passer.
01:32Pour les collectivités locales, vous gelez le calcul de la taxe foncière.
01:35Là, c'est pas bon pour les maires, à quelques semaines des municipales.
01:37Les crédits gelés dans la fonction publique, alors quoi ?
01:40Ça veut dire qu'il y a des missions d'intérêt général qui vont être gelées.
01:43Peut-être des contractuels de la fonction publique qu'on aurait voulu prolonger et qu'on ne peut pas prolonger.
01:48Et alors, le plus gros de tous, c'est, vous savez, on avait prévu d'augmenter les dépenses militaires de 7 milliards cette année.
01:53Et bien ça non plus, en l'état actuel des choses, on ne peut pas le faire, c'est gelé.
01:56C'est pareil.
01:56Bon, des effets néfastes multiples.
01:58C'est assez irresponsable ce qui s'est passé.
02:00Et en même temps, c'est très pratique parce que vous ne comprenez, pas de budget.
02:03Ça permet à tous les politiques de ne pas avoir à endosser la responsabilité de mesures impopulaires comme des hausses d'impôts.
02:09Mais à l'arrivée, ça a un prix. Voilà.
02:10C'est pas un jouet, la loi spéciale. C'est pas un jouet.
02:13Et la désinvolture avec laquelle beaucoup de parlementaires se sont rabattus sur ce scénario depuis quelques semaines en se disant
02:18« ça va nous permettre de passer de Noël tranquille », c'est assez dommageable.
02:22Et c'est pas bon aux yeux des marchés financiers.
02:23Je vous rappelle que mine de rien, ça fait deux ans que la France montre qu'elle n'est pas capable de voter un budget, tout simplement.
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