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00:00Place maintenant à l'invité d'Au Cœur de l'Info.
00:02Notre invité ce soir a eu un parcours académique et professionnel brillant
00:06que certains qualifieraient d'exemple de méritocratie républicaine,
00:10même s'il n'aime pas du tout cette expression.
00:12Des montagnes de la Kabylie à la présidence de l'université Paris,
00:15sur ses lettres, l'économiste El Mouhoub Mouhoub
00:18retrace dans son dernier ouvrage une histoire personnelle, familiale, sociale
00:22de l'immigration algérienne en France.
00:24Ce livre est intitulé sobrement Le Prénom,
00:27celui qu'il a voulu changer avant de renoncer à cette idée.
00:31Bonsoir El Mouhoub Mouhoub.
00:33Vous êtes donc économiste, spécialiste de la mondialisation et des migrations,
00:38président, je le disais, de l'université PSL,
00:41cette superstructure composée de 13 établissements prestigieux,
00:45parmi lesquels l'école Normale Sup, l'école des mines ou encore les arts déco,
00:49et auteur de plusieurs ouvrages dont, je le disais, le dernier en date,
00:52Le Prénom, auto-histoire de l'immigration algérienne, est sorti récemment aux éditions du Seuil.
00:58Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation ce soir sur France 24.
01:01Alors tout d'abord, ce prénom qui est au cœur de cet ouvrage,
01:05El Mouhoub, veut dire celui qui reçoit en Kabyl,
01:09c'est le prénom de votre grand-père paternel,
01:11votre nom de famille quant à lui s'inscrit dans l'histoire de la Kabylie coloniale,
01:16lorsque l'administration française coloniale s'ingère dans les coutumes locales,
01:21et tout cela, vous le racontez au début du livre, est à l'origine d'une désorganisation, disons, sociétale.
01:27Oui, disons que c'est un prétexte et pas le texte, comme je le dis souvent, ce titre, le prénom.
01:32Le sous-titre est très important, esquisse pour une auto-histoire de l'immigration algérienne,
01:37parce que j'ai voulu, en effet, comme vous l'avez très bien dit,
01:39qui résituer la complexité du phénomène migratoire, de l'immigration.
01:44Et pas seulement la réduction de l'immigré à son statut d'immigré,
01:47en occultant toute son histoire, les couches et les cultures de gens aussi qu'il transporte en lui-même.
01:53C'est ça que j'ai essayé de faire.
01:56S'agissant du prénom, c'est un prénom El Mouhoub, qui est d'origine arabe.
02:00Ça vient de Wahaba, le don, et la forme passive du verbe donner,
02:03celui qui reçoit le don, le doué El Mouhoub.
02:06El Mouhoub, en fait.
02:07Et en kabyle, c'est devenu le Mouhoub.
02:11Et c'est effectivement, dans la manière d'appeler les gens dans les villages kabyle,
02:17en particulier dans les villages maraboutiques,
02:18les premiers berbères kabyle convertis à l'islam,
02:24eh bien, on avait une sorte de segmentation,
02:28dans toute la kabyle d'ailleurs,
02:30on s'appelait par son prénom, on était fils d'un tel,
02:32et on reprenait à son compte le prénom du grand-père,
02:35on appartenait à un clan,
02:36et puis il y a une tribu.
02:38Et effectivement, une loi de 1882,
02:41qui est assez peu connue,
02:42c'est la loi sur les indigènes musulmans,
02:45de l'administration coloniale française,
02:47civile,
02:47a décidé d'obliger les indigènes
02:51à s'inscrire sur des registres,
02:53et donc à prendre des patronymes.
02:55Et c'est comme ça que beaucoup de noms ont été dérivés des prénoms.
02:58Donc, Muhoud, c'est mon nom de famille,
03:01qui était probablement dérivé de mon prénom,
03:03puisque le prénom ancestral que nous portons,
03:06c'est El-Muhoub, qui était utilisé depuis très longtemps.
03:09Et ce qui est très intéressant,
03:10c'est que ce changement institutionnel,
03:13dans une cabyle de tradition orale,
03:16a été fondé sur deux choses importantes,
03:19du point de vue des intérêts de l'administration coloniale,
03:21prélever l'impôt,
03:22et on ne pouvait pas prélever l'impôt lorsqu'on ne pouvait pas compter les familles,
03:25donc il fallait les réduire à des cellules monofamiliales,
03:29à des ménages, comme on dit dans les recensements.
03:32D'ailleurs, en 1886, ça va suivre un recensement.
03:35Et puis aussi pour des motifs de collecte de l'impôt,
03:37pas seulement pour des motifs de collecte de l'impôt,
03:39mais aussi pour des motifs de contrôle et de surveillance
03:42dans une cabyle qui a été très, très révoltée contre la colonisation.
03:48En 1846, 1870,
03:50enfin, ils n'ont pas cessé de résister contre cette émission coloniale.
03:57Et un prénom, vous le relevez, un redondant,
03:59donc avec votre nom de famille,
04:00seule une lettre les distingue,
04:02donc B contre D,
04:04un patronyme pour lequel, dites-vous,
04:06vous avez dû trouver des mots d'esprit durant toute votre vie.
04:09Ça a été aussi source de discrimination ?
04:11Oui, alors, c'est pas vraiment de discrimination,
04:14de moquerie à l'école, évidemment.
04:15Bien sûr, plus tard, à l'âge adulte,
04:21de difficultés de se présenter, de compréhension.
04:25Certains ne font pas beaucoup d'efforts,
04:26donc je leur dis que c'est l'ordre alphabétique,
04:28le B avant le D.
04:29Parfois, j'ajoute un mot d'esprit
04:31que je fais l'hypothèse qu'ils sont alphabétisées,
04:34ce qui permet de sortir de cette difficulté.
04:39Mais finalement, non, ça n'est pas ça le problème fondamental.
04:42Ça ne m'a jamais posé un autre problème
04:46qu'un problème de clarté,
04:47qui n'était pas très facile, bien entendu.
04:50Donc c'est pour ça que je dis que c'est un prétexte
04:51pour raconter l'histoire des couches successives
04:54que transporte en lui un immigré,
04:56arrivé à l'âge de 10 ans en France comme moi,
04:58et dont l'histoire ne commence pas avec l'arrivée en France.
05:02C'est pour ça qu'il y a toute une première partie du livre
05:03qui retrace l'histoire de la cabélique coloniale des années 40-50,
05:07celle de mes parents,
05:09puis ensuite, moi-même, née au début des années 60.
05:11Celle de cette première émigration de la cabélique vers Alger
05:17à l'âge de 6 ans.
05:19Et puis il est arrivé en France, en effet,
05:20la deuxième partie du livre à partir des années 70.
05:24Et donc arrivé en France en 1970,
05:26avec des débuts à l'école que vous racontez
05:28qui sont quand même assez compliqués.
05:30Alors vous arrivez habillé en costume,
05:32cravate quasiment,
05:33avec un prof qui lance cette phrase
05:35quand il vous présente à la classe.
05:37s'il vient d'Algérie,
05:38il se doit être un cancre.
05:39Il vous maltraite,
05:40il vous humilie devant les autres.
05:42Est-ce que c'était le sort de beaucoup d'enfants d'immigrés,
05:46notamment algériens à l'époque ?
05:47Ce n'était pas l'instituteur d'abord,
05:48c'était le directeur de l'école qui,
05:50comme je suis arrivé en milieu d'année,
05:53m'a fait rentrer à l'école devant toute la classe
05:56à 10h, même pas de manière anonyme.
06:00Et mon père m'avait effectivement acheté un costume et une cravate
06:03parce qu'il pensait que l'école c'était important.
06:04Il avait un peu une idée de l'école de la Troisième République.
06:07Et il mettait l'école au-dessus de tout.
06:10Et donc c'était pour lui très important
06:11d'arriver habillé en cravate et en costume.
06:13Et cette classe m'a vu un peu arriver comme un martien
06:17parce qu'évidemment,
06:18à les années 70, on s'habillait en sweatshirt,
06:20en basket et en jean.
06:21Et ce directeur a dit,
06:22oui, effectivement, voici votre camarade,
06:25il vient d'Algérie, ça doit être un cancre.
06:27Et il m'a mis au fond de la classe.
06:29Moi, j'étais un très bon élève à Alger,
06:31à Cuba, où nous étions.
06:33Mais tout ça n'avait pas été du tout pris en considération.
06:37Juste un exemple de cette manière d'occulter l'histoire
06:40des enfants qui arrivent ou des immigrés,
06:42c'est que nous, nous parlions trois langues.
06:43En fait, quand on était enfants,
06:44nous parlions le berbère, le kabyle, à la maison,
06:47qui était notre langue maternelle.
06:48Nous parlions l'arabe dialectal à l'extérieur
06:50parce que nous habitions à Alger, à Cuba,
06:53dans le quartier, dans le bon lieu d'Alger.
06:55Et puis, nous parlions, nous apprenions l'arabe littéral,
06:57le fauss-ra à l'école.
06:59Et tout ça n'était donc pas pris en compte ?
07:01Jamais.
07:02Donc on avait une possibilité de passer d'une langue à l'autre.
07:04Et nous apprenions le français en CE1.
07:06Donc tout ça n'était absolument pas pris en compte.
07:08Et donc il y avait ce préjugé.
07:10C'était aussi les années 70,
07:11c'était pas très éloigné de la guerre d'Algérie.
07:13Et donc il y avait encore, vis-à-vis des Algériens,
07:15des enfants venant d'Algérie,
07:16et oui, un racisme beaucoup plus dur
07:19et toléré, toléré en plus.
07:22Heureusement que mon instituteur
07:24et cet instituteur qui était à lui,
07:26aussi plein de préjugés,
07:28puisqu'il venait d'Algérie,
07:29était lui-même pied noir,
07:30mais c'est aussi lui qui m'a sauvé
07:31parce qu'il a sauvé mon orientation
07:33ayant vu mes potentiels
07:35contre un passage,
07:38une orientation sixième de transition de l'époque,
07:40de filière courte.
07:42Il a dit à ce directeur et à mon père
07:44que j'avais des potentiels
07:46et donc c'est grâce à lui.
07:47Alors qu'il était aussi plein de préjugés
07:49et plein de dédain aussi
07:52à l'égard des indigènes.
07:54Il y a des préjugés qui subsistent encore aujourd'hui
07:55sur les enfants d'immigrés ?
07:57Oui, bien sûr, il y a des préjugés
07:58qui aient bien sûr des discriminations.
08:01Aujourd'hui, ça s'est transformé
08:03en une certaine façon de mettre,
08:05de porter le doigt
08:07de manière tout à fait parfois erronée
08:09et mal comprise sur l'islam.
08:12Mélangeant tout.
08:14Bien sûr que les enfants des quartiers
08:15sont parfois discriminés
08:19par le nom,
08:20par l'appartenance territoriale aussi.
08:23Mais ce que je veux dire aussi,
08:24c'est que ça n'est pas toléré aujourd'hui.
08:26Il y a de la discrimination.
08:28Le paradoxe, c'est que
08:28les partis d'extrême droite
08:30qui font leur fond de commerce
08:32du racisme et de l'anti-immigration
08:35étaient très minoritaires dans les années 70.
08:38Mais le racisme ambiant était fort
08:40et même l'homophobie, etc.
08:41C'était les années 70,
08:42ce n'était pas encore les années 80
08:44où on a fait des progrès considérables.
08:46Aujourd'hui, c'est la situation un peu,
08:48disons, inverse.
08:48On a un parti d'extrême droite
08:50extrêmement fort
08:51qui véhicule des idées racistes
08:53et qui, en permanence,
08:55accuse et réduit l'immigration
08:59à ces deux queues de distribution statistiques,
09:01comme je le dis,
09:02à savoir...
09:03Donc délinquants des banlieues
09:04ou champions de foot.
09:05Exactement,
09:06ou héros du football.
09:08Pourquoi cette vision simpliste ?
09:09Parce que c'est aussi les médias,
09:11il faut bien le dire,
09:12qui plongent toujours le focus
09:15sur ces actes
09:19soit héroïques liés au sport,
09:21soit dramatiques liés aux délinquants,
09:24ce qui existe.
09:25Évidemment, il y a des délinquants
09:26dans les cités,
09:26mais c'est minoritaire,
09:28c'est des queues de distribution statistiques.
09:29Si vous regardez la manière
09:31dont les descendants d'immigrés
09:32et l'immigration se comportent aujourd'hui,
09:34c'est pour ça que je dis
09:35que mon parcours n'est pas exceptionnel.
09:37Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'entre eux,
09:39la majorité s'intègre parfaitement bien
09:41par l'école
09:41et par le marché du travail
09:43dans différents types de responsabilités.
09:47Et en ce qui me concerne,
09:47le fait d'avoir eu ce prénom et prénom
09:50particulièrement, effectivement, difficile,
09:53ça m'a permis aussi
09:54de m'épanouir dans l'enseignement supérieur
09:57et la recherche
09:57où là, les préjugés racistes
09:59n'existaient presque pas.
10:00Et donc, justement,
10:01votre parcours agrégé d'économie
10:03à la fin de vos études,
10:04professeur des universités
10:05à 33 ans,
10:07pour ces trajectoires brillantes
10:10comme la vôtre,
10:12vous parlez non pas d'ascenseur social,
10:13mais de réparation sociale.
10:15Oui, parce que, justement,
10:16j'explique très bien,
10:18enfin très bien,
10:18j'essaye d'expliquer comment,
10:21dans la première partie de ce livre,
10:23quel était le sort
10:24qui était réservé à l'école
10:26dans l'Algérie coloniale
10:28et de la Kabylie en particulier.
10:29Je lise d'ailleurs
10:30les travaux de Camus
10:31dans ses chroniques algériennes.
10:32Albert Camus dénonce
10:33le sort qui est fait
10:35à ces populations.
10:37Dans les chroniques algériennes.
10:39Dans les chroniques algériennes.
10:39où il disait les Kabylie réclament
10:41les écoles comme le pain.
10:42Comme ils réclament le pain,
10:43absolument.
10:44Et Germaine Tillon,
10:45elle-même,
10:46qui avait fait une enquête
10:46sur les Ores,
10:48exactement,
10:49en 1937,
10:49et revenue en 1957,
10:51elle a fait un livre,
10:52une autre enquête,
10:53et elle est au même endroit,
10:54dans les Ores,
10:55et elle a dit cette phrase
10:57dans son livre Algéré,
10:581957,
10:59les colons ont brillé
11:01par leur absence.
11:02Ça veut dire quoi ?
11:02Ça veut dire que dans les zones rurales,
11:03dans les zones montagneuses,
11:04là où ne se trouvaient pas les colons,
11:06il n'y avait pas d'infrastructure scolaire.
11:08Il n'y avait pas d'école.
11:09Et donc, en fait,
11:10les écoles étaient présentes
11:11uniquement dans les grandes agglomérations
11:13où se trouvaient les colons.
11:14Et d'ailleurs,
11:14avec un système dual,
11:16un pour les Européens
11:18et l'autre pour les Indigènes,
11:19que dénonce Camus,
11:20avec 80 élèves par classe,
11:22etc.
11:23Et en réalité,
11:25les premières écoles
11:25dans mon village
11:26arrivent en 1957,
11:28donc pendant la guerre d'Algérie.
11:30Et mes parents,
11:31qui étaient des gens
11:31absolument brillants,
11:33intellectuellement,
11:34qui avaient des capacités remarquables,
11:35n'ont pas simplement
11:36eu l'accès à l'école.
11:37Mon père,
11:38pour des raisons liées
11:39à l'absence d'école
11:40et donc à la pauvreté aussi.
11:42Et ma mère,
11:43pour des raisons aussi patriarcales,
11:44il faut bien le reconnaître.
11:45Et donc,
11:46cette frustration
11:47a été, disons,
11:48transférée vers leurs enfants,
11:50d'où le projet migratoire.
11:51Et en réalité,
11:53ils auraient eu accès
11:53à ces infrastructures scolaires.
11:55Ils ont réussi parfaitement,
11:56comme beaucoup,
11:57beaucoup d'Algériens.
11:58Le taux d'éducation
11:59à la sortie de l'indépendance,
12:00il était simplement
12:01de deux années
12:02ou trois années,
12:03pas plus.
12:04Et aujourd'hui,
12:05évidemment,
12:06les États
12:07de tous les pays décolonisés
12:08n'ont pas pu
12:09ne pas répondre
12:10à une aspiration considérable
12:11qu'on trouve dans tous ces pays
12:12qui est l'aspiration
12:13à l'école.
12:15Et c'est la raison
12:16pour laquelle je parle
12:16de réparation sociale
12:17parce qu'effectivement,
12:18grâce à l'école de la République,
12:20c'est pour ça que je dis aussi
12:21ne soyez pas trop masochistes
12:23en France
12:23à fustiger votre école
12:24et votre éducation.
12:24Alors justement,
12:25vous rendez régulièrement
12:26hommage à cette école républicaine.
12:28Force est de constater
12:28quand même qu'aujourd'hui,
12:30elle souffre de nombreux maux,
12:32MAUX,
12:32et notamment,
12:33beaucoup point du doigt,
12:34la baisse du niveau généralisé.
12:36Quel est votre point de vue
12:36sur cette question ?
12:37Oui, mais c'est parfaitement vrai.
12:38On sous-investit d'ailleurs
12:39dans l'éducation
12:41par rapport à d'autres pays.
12:42Si on regarde
12:42en pourcentage du PIB,
12:43on est beaucoup moins bon
12:44que les pays européens.
12:45Donc on sous-investit,
12:46mais ce n'est pas seulement
12:47une affaire d'argent.
12:48C'est vrai que dans les zones
12:50en difficulté,
12:52dans les quartiers,
12:53etc.,
12:53il y a un décrochage
12:54de l'école
12:55parce que l'école elle-même
12:56a subi la crise
12:57qui n'est pas due
12:58à elle-même,
12:59mais qui est due
13:00à l'échec
13:01des politiques structurelles.
13:02Aménagement du territoire,
13:04logement,
13:05marché du travail,
13:06on l'a vu s'accroître,
13:07s'exacerber
13:08à partir de la seconde moitié
13:09des années 80.
13:10C'est vraiment la période
13:11où les guettos se forment.
13:13Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
13:14Il y a eu une désindustrialisation massive.
13:16La crise économique.
13:16La désindustrialisation.
13:18On est passé quand même
13:19d'une industrie manufacturière
13:20qui représentait environ
13:2135% du PIB
13:23dans les années 70
13:24à aujourd'hui
13:2512% du PIB,
13:27pas plus,
13:27et de l'emploi
13:28manufacturier.
13:29Donc en fait,
13:30cette désindustrialisation
13:31a fait que les usines
13:32sont parties,
13:33mais les populations
13:34ont été scotchées
13:36sur place.
13:37Et donc ça a effectivement
13:38mis sur l'école
13:40un poids énorme.
13:41Donc ça,
13:42c'est un facteur
13:42qu'il faut résoudre.
13:43Il faut réparer cette école,
13:45mais ce n'est pas elle
13:45qui est à la source
13:46des échecs.
13:47C'est la source.
13:48La source de ces échecs
13:49se trouve dans les échecs
13:51des politiques structurelles.
13:52Et c'est important
13:52pour trouver des solutions
13:54parce que si on confond
13:55les symptômes
13:55et les causes,
13:56alors on a des difficultés
13:58à trouver un chemin
14:00d'ouverture.
14:00C'est l'heure à présent
14:02de votre carte blanche,
14:05une image d'archive,
14:05enfin pas d'archive,
14:06d'ailleurs une image
14:07d'aujourd'hui
14:08de l'université Parisien.
14:10C'est l'être
14:10que vous présidez,
14:11que vous m'avez transmise
14:12et vous vouliez évoquer
14:14cette université.
14:15C'est donc votre carte blanche,
14:17une université
14:17source d'une grande fierté.
14:19Oui,
14:19c'est une très belle université.
14:21L'une des réussites
14:22aussi des politiques
14:23de recherche
14:25et d'enseignement supérieur
14:27de ces dernières années
14:27a été de structurer
14:29ces universités
14:30pour les regrouper.
14:31Donc on a effectivement
14:32l'université Paris-Dauphine
14:33que j'ai eu l'honneur
14:34et le plaisir de présider
14:35de 2020-2024.
14:37On a l'école normale supérieure,
14:38l'école des mines,
14:39trois écoles d'ingénieurs
14:40remarquables,
14:40des écoles d'art.
14:42On a évidemment
14:42l'Institut Curie,
14:44le Collège de France,
14:44etc.
14:45Et en fait,
14:46c'est une université
14:46qui se construit
14:47par des coopérations
14:48entre universités.
14:49Ce n'est pas factice,
14:51ce n'est pas par une construction
14:52juste,
14:52une fusion institutionnelle.
14:54C'est vraiment
14:54des grands programmes
14:55de recherche ensemble,
14:56des nouvelles schools,
14:57des nouvelles écoles
14:58qu'on lance à l'échelle
14:59très internationalisée.
15:01C'est l'université
15:02qui a des liens
15:03avec l'innovation,
15:0580 start-up déposées par an,
15:07aidées par an,
15:0890 brevets déposés,
15:10des grands partenariats
15:11avec les entreprises.
15:12Donc un rôle majeur
15:13dans l'innovation,
15:15y compris d'ailleurs
15:16aujourd'hui
15:17dans les innovations
15:19qui sont dans le domaine
15:20de la souveraineté militaire.
15:21Tout ça provient
15:22des recherches
15:23en intelligence artificielle,
15:25en quantique,
15:26en matériaux,
15:27faites dans les universités,
15:28dans les laboratoires
15:28de recherche,
15:30université CNRS,
15:32université INRIA,
15:33université INSERM.
15:35Et malheureusement,
15:36je veux nous faisant
15:37une alerte
15:38très très importante
15:39parce que
15:40le budget en ce moment
15:42est véritablement menacé
15:44dans les discussions,
15:46le budget de l'enseignement supérieur
15:47et de la recherche
15:47malgré tous les efforts
15:48qui ont été faits
15:49et on risque de tirer
15:50en plein vol
15:51ce qui a marché.
15:52Par exemple,
15:52les laboratoires d'excellence
15:53ont eu un impact remarquable.
15:56Ça a été évalué
15:56par les économistes
15:57ont eu un impact remarquable
15:59sur l'accroissement
16:01de la dépense
16:02de recherche et développement
16:03privée
16:03dans les partenaires
16:04industriels privés
16:05qui ont travaillé
16:06avec les universités
16:07plus 20% d'intensité
16:10en dépense de recherche et développement.
16:11Donc, un écosystème qui marche
16:13en plus d'une université PSL
16:14qui s'ouvre vers la diversité
16:16et je suis sensible
16:17à ce thème-là.
16:18À qualité égale,
16:18on va chercher aussi
16:19des profils très diversifiés.
16:2130% de boursiers,
16:22c'est pas rien.
16:23C'est pas de l'excellence pour soi,
16:24c'est de l'excellence partagée,
16:25d'excellence ouverte
16:26au service de la société.
16:28C'est pour ça que je suis en effet...
16:29Mais qui a besoin de financement.
16:30Bien sûr,
16:31je le disais récemment,
16:33il va y avoir aussi
16:33une tribune sur ce sujet,
16:34il n'y aura pas de souveraineté
16:37technologique, économique et sanitaire
16:39sans université forte.
16:40Et on sous-investit
16:41dans la recherche
16:42et l'enseignement supérieur
16:43par rapport à d'autres pays.
16:44Il faut que les parlementaires
16:45qui sont en train
16:46de discuter des budgets
16:47en ce moment
16:48prennent conscience.
16:48C'est pas seulement pour l'université,
16:50c'est la société
16:51qui est en péril
16:52au niveau sanitaire,
16:53au niveau technologique,
16:54au niveau souveraineté.
16:55C'est toute la chaîne de valeur
16:56de la souveraineté
16:57qui est menacée
16:58si on n'y prend pas garde.
16:59Très rapidement,
17:00je voulais vous faire réagir
17:01sur une dernière question d'actualité.
17:02Les relations franco-algaiennes
17:03qui sont très tourmentées,
17:04on le sait, depuis 2024.
17:06Et cette lettre
17:07d'Emmanuel Macron
17:08au roi du Maroc,
17:09Mohamed VI,
17:10reconnaissant la souveraineté
17:11du pays sur le Sahara occidental.
17:13Depuis,
17:14les relations franco-algaiennes
17:15se sont largement envenimées.
17:17Certains en font les frais
17:17comme l'écrivain Boilem Sansal
17:19ou encore le journaliste sportif
17:22Christophe Gleize.
17:23Votre regard sur cette...
17:24Oui, moi j'avais fait
17:25avec un certain nombre de collègues
17:27dont Benjamin Stora,
17:29Karim Hamlal et d'autres,
17:30Amin Beniamina,
17:32le grand addictologue,
17:33professeur de Véthine,
17:35psychiatre,
17:36on a été un certain nombre
17:37à se dire
17:37mais arrêtez,
17:38arrêtez d'instrumentaliser
17:39la question algérienne
17:41des deux côtés.
17:42Arrêtez parce que
17:43c'est contre-productif
17:44pour tout le monde,
17:44c'est contre-productif
17:45pour la grande diaspora
17:46franco-algérienne
17:48dont je suis membre
17:50et dont je suis un des représentants
17:52et qui joue un rôle clé
17:54à la fois pour
17:55l'économie française
17:57et la société française,
17:58on le voit dans la médecine,
17:59dans la recherche,
17:59mais aussi
18:00comme pont
18:03avec l'Algérie,
18:04c'est aussi important
18:05pour l'Algérie
18:06et je crois que
18:07dans les deux cas,
18:09l'instrumentalisation
18:11par les extrêmes
18:12n'est pas une solution,
18:14surtout dans une période
18:15où on a un découplage
18:16géopolitique majeur
18:17avec l'Afrique,
18:18alors que nous avons
18:19des menaces,
18:21y compris avec les Etats-Unis,
18:22avec la Russie,
18:23dans cette période-là,
18:24il est plus que jamais
18:25important de renouer
18:26les liens
18:27avec l'Afrique du Nord,
18:29l'Algérie,
18:30qui est un grand pays,
18:31bien entendu,
18:32et aussi l'Afrique gypsarienne.
18:33Ce serait contre-productif
18:35de mettre en permanence
18:36de l'huile sur le feu,
18:37de jeter de l'huile sur le feu
18:38et j'espère que
18:39les consciences
18:40se lèveront
18:41des côtés de la Méditerranée,
18:43que ce soit du côté algérien
18:44ou du côté français,
18:46pour recoudre les fils
18:48et ils peuvent aussi
18:49s'appuyer sur cette diaspora
18:51qui a vocation,
18:53évidemment,
18:54et qui l'a déjà montré,
18:55à être utile
18:56dans les deux pays.
18:57Merci infiniment,
18:58El Moumoud,
18:59d'être venu ce soir
19:00sur France 24,
19:01d'avoir répondu
19:01à nos questions
19:02et je rappelle
19:02votre ouvrage,
19:04Le Prénom,
19:04auto-histoire
19:05de l'immigration algérienne
19:07aux éditions du Seuil.
19:08Merci encore,
19:09cet entretien est à retrouver
19:10sur notre site internet
19:12et nos réseaux sociaux.
19:13Restez avec nous.
19:13Merci.
19:14Merci.
19:15Merci.
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