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00:00Europe 1 Soir Weekend, 19h, 21h, Stéphanie Demureux.
00:04Bienvenue dans Europe 1 Soir Weekend, j'accueille mes débatteurs de la première heure.
00:08Sarah Salman, avocate au barreau de Paris, bonsoir Sarah.
00:11Bonsoir Stéphanie, bonsoir à tous.
00:12En face de vous, Antoine, Antoine, André, chef du service politique du GDD.
00:16Bonsoir Stéphanie.
00:17Qui nous a mis une jolie écharpe.
00:18On sait qu'on passe à un joli pull.
00:19Il fait froid, Sarah se plaignait de grelotter.
00:21J'ai très froid là.
00:22Et le pull de Noël d'Antoine André.
00:23Je vous remercie.
00:24À rayure.
00:24Bon, on reviendra Sarah et Antoine André dans cette émission évidemment sur l'actualité en France
00:30avec la nouvelle journée de mobilisation pour les agriculteurs
00:34pour dénoncer la politique d'abattage des troupeaux affectés par la dermatose modulaire bovine.
00:39Mais bon, on verra qu'il n'y a pas que ça qui les embête évidemment.
00:42Il y a ce Mercosur qui s'apprête à être signé par l'Union Européenne.
00:45Mais avant, c'est l'heure d'accueillir mon invité de la première heure.
00:49Bonsoir Pierre Lelouch.
00:50Bonsoir Madame.
00:51Ancien ministre, ancien président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
00:54Auteur de cet excellent livre « Engrenage, la guerre d'Ukraine et le basculement du monde »
00:59aux éditions Odile Jacob.
01:01On avait particulièrement besoin de vos décryptages aujourd'hui
01:04parce qu'après les propos du chef d'état-major des armées,
01:07Fabien Mandon, qu'on a beaucoup commenté
01:09« Il faut être prêt à perdre ses enfants ».
01:12Voilà que c'est au tour du patron de l'OTAN d'agiter les peurs.
01:15Marc Coteux a prononcé jeudi un discours en forme d'avertissement.
01:18Écoutez.
01:18« Nous devons être prêts.
01:22Car à la fin de ce premier trimestre du XXIe siècle,
01:28les conflits ne se mènent plus à distance.
01:33Le conflit est à notre porte.
01:36La Russie a ramené la guerre en Europe
01:38et nous devons nous préparer à une guerre d'une ampleur comparable
01:41à celle qu'ont enduré nos grands-parents et arrière-grands-parents. »
01:46Bon, Pierre Lelouch, c'est guerre optimiste.
01:48Tout ça, entre l'un qui nous annonce qu'il faut être prêt à perdre ses enfants
01:51et l'autre à faire la guerre d'une ampleur de 39-45.
01:55Quel est votre regard sur ces déclarations ?
01:57Je suis très étonné.
02:00Sceptique, bien sûr, mais très étonné.
02:02Ce qui se passe, c'est que depuis un certain temps,
02:05depuis quelques mois,
02:06on a une remontée des services secrets
02:10ou des militaires en Allemagne,
02:13dans les États-Baltes surtout, en Pologne.
02:15Mais aujourd'hui, les Allemands qui ont envoyé des troupes en Pologne.
02:18Oui, oui, mais bon,
02:20il y a beaucoup d'énervements autour de l'idée que
02:24dans trois ans, dit-on, c'est la guerre avec les Russes.
02:29Bon, d'abord, je note que
02:32les patrons de l'Alliance Atlantique, à savoir les États-Unis,
02:36ne disent pas ça du tout.
02:38Sinon, ils ne seraient pas en train de négocier avec Poutine.
02:41Ils essayent de faire la paix.
02:42On va y revenir.
02:43Il y a un discours sur la guerre qui traduit un effet de panique en Europe
02:47parce qu'en fait, on est en train de vivre la fin du déni.
02:51Ça fait quatre ans que dure cette guerre.
02:54On va rentrer en février dans la cinquième année.
02:57J'espère qu'on l'aura terminée avant.
02:59Mais c'est dire que la guerre, elle est là depuis un moment.
03:04J'ai pas entendu beaucoup...
03:06J'ai entendu des gens dire qu'il faut les réarmer,
03:09mais je vois toujours pas concrètement de quoi on parle.
03:11Donc, il y a une espèce de hiatus, d'écart entre ce qui est proclamé,
03:17à savoir l'imminence d'une guerre ouverte avec la Russie,
03:21et puis le fait qu'il ne se passe pas grand-chose,
03:23en tout cas, ni en France.
03:25En Allemagne, si, ils ont pris des décisions de réarmement majeur,
03:29mais dans plein d'autres pays, c'est pas le cas.
03:30Oui, mais alors, la question qu'on se pose,
03:32parce qu'on va y revenir évidemment sur ces négociations,
03:34d'ailleurs, qui se tiennent encore à Berlin ce week-end.
03:37Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ces discours maintenant ?
03:41Parce que ce qui se passe, je veux dire,
03:44il y a un sentiment de panique générale parmi les gouvernements européens.
03:49Ils s'étaient engagés à partir du mois d'avril 2022,
03:53donc après le début de l'invasion russe,
03:55et au moment où d'ailleurs les Russes avaient été repoussés de Kiev,
03:59l'Europe s'est engagée, pour des raisons émotionnelles,
04:03par une lecture franche de ce qui se passait,
04:08à savoir, d'un côté, vous avez Hitler,
04:12de l'autre côté, vous avez Churchill,
04:14et donc on s'est tous mis derrière Biden,
04:17dans l'idée que la Russie pouvait être battue,
04:21qu'il était malade, enfin, on a entendu plein de trucs sur le thème,
04:24on va arrêter les Russes.
04:25Bon, ça ne s'est pas produit comme ça,
04:28beaucoup d'argent a été mis,
04:30et les Ukrainiens ont résisté avec beaucoup de courage,
04:34on a mis énormément d'argent.
04:36Il faut savoir qu'au total,
04:38on a mis 350 milliards d'euros dans cette affaire,
04:41entre Américains et...
04:42Sauf que, en janvier, arrive Trump.
04:46Et Trump, c'est l'inverse de Biden,
04:47il ne veut plus continuer la guerre,
04:49il ne met plus un centime,
04:50et les Européens sont coincés,
04:53parce qu'ils se sont engagés à fond,
04:55derrière l'Ukraine,
04:56en expliquant que c'était notre première ligne de défense,
04:59que c'était un moment existentiel, etc.
05:02Sauf que les Américains s'en vont,
05:04et que nous, on n'a pas de plan B.
05:06Et que la Russie, quand même,
05:08augmente en puissance,
05:09parce que, pardonnez-moi de vous couper,
05:10mais ce que dit Marc Croteux,
05:13c'est ce que disait Fabien Mandon,
05:14il y a quelques semaines,
05:15il donne des chiffres à l'appui,
05:17en gros, il dit que la Russie est désormais décrite
05:18comme une économie entièrement tournée vers la guerre,
05:2146 000 drones et missiles,
05:22je ne vais pas vous les donner tous,
05:23mais 40% du budget russe consacré à la défense,
05:2670% des machines outils du pays mobilisé,
05:28ça veut dire, selon Marc Croteux,
05:31et selon Fabien Mandon,
05:32que la Russie a des velléités de guerre,
05:35à l'horizon 2030, justement,
05:37disait le chef d'État majeur.
05:39En tout cas, c'est ce qu'ils semblent penser,
05:40ce qu'ils semblent communiquer.
05:41Ce qui est sûr,
05:42c'est qu'ils ont transformé la Russie
05:45en un pays qui est en guerre,
05:47avec une économie de guerre,
05:48soutenue d'ailleurs par la Chine,
05:50contournant les sanctions occidentales,
05:53on a un pays qui vit cette guerre
05:55comme une guerre existentielle
05:56contre l'Occident collectif,
05:58comme ils disent.
05:58Donc, c'est un vrai sujet.
06:00Et loin de moi l'idée de dire
06:01qu'il ne faut pas réarmer, etc.
06:02Je dis simplement que,
06:04sur le terrain,
06:06ça ne se voit pas.
06:07Parce que,
06:09depuis un an,
06:10et tous les chiffres le montrent,
06:11les Russes ont le plus grand mal
06:13à gagner du terrain sérieusement en Ukraine.
06:15Donc,
06:16on est en train d'expliquer
06:17qu'il y a une espèce de monstre
06:18qui va arriver sur l'Europe de l'Ouest,
06:21qui n'arrive pas à finir cette guerre.
06:23D'ailleurs, ce qu'ils veulent...
06:23On avait aussi pensé
06:24que les Russes n'envahiraient pas l'Ukraine,
06:26c'est ce qui s'est passé.
06:26Non, mais moi j'ai pensé
06:27qu'ils allaient envahir l'Ukraine.
06:29Je fais partie de ceux
06:30qui ont pris au sérieux
06:31ce qu'ils disaient.
06:32Parce que,
06:33dans cette affaire,
06:35cette guerre avec l'Ukraine,
06:36elle a commencé
06:37avant 2014.
06:39Elle a commencé
06:39quand l'Ukraine
06:40a souhaité rejoindre
06:42l'Alliance Atlantique.
06:43et ça, c'était
06:45un cas de bélu.
06:46Vous avez été l'un des premiers
06:47effectivement à mettre en garde,
06:49je m'en souviens très bien,
06:50sur cette extension de l'OTAN
06:51vers l'Est.
06:52Antoine, André ?
06:53Oui, je voulais tempérer
06:54un tout petit peu
06:54les propos de Pierre Lelouch.
06:56D'abord, les Américains
06:57ne sont pas encore retirés d'Europe
06:58et je ne suis pas sûr
06:59qu'à terme,
07:01ils se retirent totalement d'Europe.
07:02C'est-à-dire que l'OTAN
07:03existe toujours.
07:04Elle ne va pas si bien,
07:06mais l'OTAN existe toujours
07:07et il y a une volonté
07:11quand même de l'Europe
07:11de se réarmer tout de même
07:13et on ne peut pas dire
07:14que ce ne soit pas le cas.
07:17Dans le budget à venir,
07:18il y a 7 milliards d'euros
07:19de dépenses supplémentaires
07:21pour les armées.
07:23Catherine Vautrin,
07:24qui est interviewée
07:24dans le JDD ce week-end,
07:26revient sur ces montants
07:28et on réarme quand même fortement.
07:31Notamment,
07:32on a aujourd'hui
07:33la capacité de produire
07:34quatre fois plus de missiles
07:35sol, air et de mistral
07:37qu'il y a trois ans encore.
07:39les canons César,
07:41les blindés Cerval,
07:42là encore,
07:43la cadence de fabrication
07:44va être triplée
07:45d'ici 2026.
07:46On a aussi investi massivement
07:48dans les munitions
07:49parce qu'il faut que notre armée
07:50puisse s'entraîner
07:51et donc tirer des munitions
07:52et qu'elles soient remplacées.
07:53Donc, il y a quand même
07:54un réarmement de l'Europe,
07:56on le voit,
07:57vous l'avez dit,
07:57avec l'Allemagne,
07:58mais c'est également
07:58le cas en France.
07:59C'est lent, tout de même.
08:00Et poussif.
08:01Lent, non.
08:02Du côté des Allemands,
08:04c'est massif.
08:06La conversion de l'économie allemande
08:07dans une industrie
08:08qui n'existait pas
08:09est massive
08:09et les efforts quand même
08:11budgétaires de la France
08:11en matière de défense
08:12sont quand même
08:14assez singuliers aussi
08:15et je pense que la Russie
08:17le voit aussi.
08:18Je pense que la Russie
08:18le voit aussi.
08:19Pierre Lelouch.
08:20Monsieur André,
08:21moi j'ai vu depuis 30 ans
08:23l'Europe désarmée totalement.
08:26J'ai passé des soirées
08:27ou des nuits
08:28à l'Assemblée nationale
08:29sur les budgets de défense.
08:31Il n'y avait pas un député,
08:32pas un journaliste,
08:32ça n'intéressait personne.
08:34Le budget de défense,
08:35c'était la variable
08:35d'ajustement
08:36des dépenses sociales, etc.
08:40Depuis Macron,
08:41on a commencé
08:42à boucher
08:43un certain nombre de trous
08:44parce que ça devenait
08:44vraiment pitoyable.
08:46Mais on est loin
08:47d'avoir aujourd'hui
08:48un modèle d'armée
08:49qui puisse intervenir
08:51dans une situation
08:51comme cette guerre
08:52qui se déroule
08:53sur une ligne de front
08:54de 1200 kilomètres
08:56avec un million
08:57de soldats
08:58sur le terrain.
08:59Je n'ai pas dit
08:59qu'elle était opérationnelle.
09:01On va dire
09:01que rien n'a été fait non plus.
09:02Mais on commence
09:03à peine
09:04à remettre en route
09:06une industrie de défense
09:07qui,
09:08certaines années,
09:09produisait
09:09un rafale par an.
09:11J'ai voté budget
09:12où il y avait
09:12un rafale dans l'année.
09:13Là, on en produit
09:14trois ou quatre par mois.
09:15Ce n'est quand même
09:15pas le Pérou.
09:16Tout ça doit...
09:18Tout ça va prendre
09:19beaucoup de temps.
09:20Et je me permets
09:21de vous dire aussi
09:22que, peut-être
09:23parce que je suis
09:23un vieux gaulliste,
09:24que la doctrine militaire
09:26de la France,
09:26elle est fondée
09:27sur la dissuasion nucléaire.
09:29Donc, à partir du moment
09:30où j'entends
09:30le chef d'état-major
09:31ou d'autres
09:32expliquer qu'il faut envoyer
09:34des mecs,
09:34comme a dit Macron
09:35un jour,
09:36peut-être envoyer
09:38des mecs en Ukraine.
09:40Non mais attendez,
09:41si on envoie
09:41des mecs en Ukraine,
09:42il faudrait qu'on m'explique
09:43ce que devient
09:44la doctrine de la France.
09:45Parce que si le mec
09:46en question reçoit
09:47un missile sur la tête,
09:48on fait quoi ?
09:49On fait venir
09:49les réserves qu'on n'a pas
09:50ou on passe
09:51à l'arme nucléaire ?
09:52Il n'est pas question
09:53d'envoyer de troupe
09:54en Ukraine.
09:55Écoutez,
09:55quand j'entends
09:55M. Mark Rout
09:56faire un dissu
09:58de l'ancien
09:59Premier ministre
09:59hollandais,
10:01maintenant secrétaire
10:02général de l'OTAN,
10:03expliquer que la guerre
10:03est imminente
10:04et qu'il faut s'y préparer,
10:06moi je veux bien.
10:07Oui, puis il parle
10:07d'une guerre d'ampleur
10:08de celle de 39-45.
10:10Ça veut dire
10:11que tout le monde
10:11s'y mettrait.
10:12Il pense à quoi ?
10:13À l'article 5 de l'OTAN ?
10:15Il parle à l'invasion
10:16des pays baltes
10:16et que l'OTAN
10:19serait obligé de réagir ?
10:19Ce que j'essaye de dire,
10:20c'est qu'au mois de juin dernier,
10:21lors de la réunion
10:22ministérielle de l'OTAN,
10:23le sommet de l'OTAN,
10:25il a appelé
10:26Trump
10:26« Daddy »,
10:27« Papa ».
10:28Papa n'est plus là.
10:29Il est peut-être
10:30encore un peu là,
10:31mais
10:31papa,
10:32il est médiateur
10:33de la guerre maintenant.
10:34Il n'est plus dans la guerre.
10:35Il ne considère pas
10:36la Russie
10:37comme agresseur,
10:38il n'utilise pas ce mot
10:39et il se présente
10:40comme le médiateur
10:41entre l'Europe
10:42et la Russie.
10:42D'un côté,
10:43vous dites qu'on a été
10:44pendant des années,
10:45on a négligé
10:49pourquoi reprocher aujourd'hui
10:51à un responsable de l'OTAN
10:52de dire,
10:52justement,
10:53on a peut-être
10:54péché par naïveté,
10:55il est temps
10:56de se préparer
10:57de façon à assurer la paix.
10:59C'est-à-dire,
10:59la meilleure façon
10:59d'assurer la paix,
11:00c'est de préparer la guerre,
11:01comme on dit.
11:02Certes,
11:02mais pourquoi le faire
11:03de cette manière ?
11:04Pourquoi ce discours
11:06absolument guerrier
11:08sur le thème
11:09« on retourne à la Deuxième Guerre mondiale
11:11et voilà la première »,
11:12alors même qu'il y a
11:13une négociation de paix
11:14qui commence ?
11:14Justement,
11:15vous me donnez la transition,
11:16Pierre Lelouch,
11:16on ne l'a pas encore,
11:17pardonnez-moi abordé,
11:18mais quand même,
11:19il se passe des choses,
11:20vous l'avez dit à Berlin,
11:21ce week-end,
11:21Vladimir Zelensky,
11:22les dirigeants européens
11:23se rencontrent,
11:24Donald Trump a envoyé
11:25son émissaire Steve Witkoff,
11:27Donald Trump clairement
11:28met la pression
11:29pour qu'il y ait la paix,
11:30alors c'est vrai
11:31que ce ne sont pas
11:31des conditions satisfaisantes
11:33pour les Européens,
11:34mais ça veut dire quoi ?
11:34Que les Européens,
11:35en gros,
11:35ne croient pas à la paix
11:36ou peut-être
11:38ne la veulent pas ?
11:39Ce n'est pas qu'ils ne croient pas,
11:40c'est qu'ils ne sont pas
11:40dans l'équation.
11:42Cette négociation,
11:43elle est menée
11:43entre Trump et Poutine
11:45par l'intermédiaire
11:47d'hommes d'affaires.
11:49Witkoff et le gendre,
11:51Jared Kushner d'un côté
11:53et Dimitrieff
11:54qui est un homme d'affaires
11:54proche de Poutine de l'autre.
11:56Donc les Européens
11:57ne sont pas dans l'équation.
11:59Et c'est même tout un problème
12:00parce qu'il ne faut pas
12:01que cette paix soit bâclée
12:02et qu'on se retrouve
12:03avec un problème pire qu'avant.
12:05Or, vous savez,
12:06après la Première Guerre mondiale,
12:08un grand historien français
12:09qui s'appelle Jacques Bainville
12:10a dit qu'il ne faut pas
12:11qu'il a écrit un livre
12:13qui s'appelait
12:14« Les conséquences politiques
12:15de la paix »
12:16et il a dit
12:17« Le problème,
12:17c'est que les chirurgiens
12:18de Versailles
12:19ont refermé la plaie
12:21en laissant l'infection dedans. »
12:23Moi, ce qui me préoccupe
12:24aujourd'hui,
12:25c'est qu'on va se retrouver
12:27avec une Ukraine amputée,
12:30déstabilisée
12:30sur le plan économique,
12:32politique.
12:34Nous allons devoir,
12:35parce que ça,
12:35ça va être marqué
12:36dans le traité
12:38qu'on ne va ou non,
12:39nous sommes supposés
12:41accueillir l'Ukraine
12:42dans l'Union Européenne
12:43dès le 1er janvier 2027.
12:46Le débat a lieu,
12:47effectivement.
12:47Quand on connaît
12:48la situation de l'Ukraine.
12:48Les Américains,
12:49ils sont favorables.
12:50Oui.
12:51Je voudrais qu'on m'explique
12:52les conséquences de ça.
12:53Vous avez aujourd'hui
12:54des agriculteurs dans la rue
12:56à cause d'une dermatose.
12:57Là, on va faire rentrer
12:58dans l'Union Européenne
13:00un pays qui est le pays majeur
13:01en matière d'agriculture,
13:02qui va consommer aussi
13:03tous les fonds structurels.
13:05On ne pose pas la question
13:05à tous les pays européens.
13:06Il y en a plein
13:06qui ne sont pas d'accord
13:07avec cette idée.
13:08Donc, je veux dire
13:09qu'on rentre dans un processus
13:11qu'on ne contrôle pas.
13:13Il va falloir trouver
13:14des garanties de sécurité
13:15pour l'Ukraine après
13:16parce que l'Ukraine
13:17qui va sortir de stress et de paix
13:18va être aussi neutre.
13:20L'un des paradoxes
13:21de toute cette affaire,
13:23c'est que cette guerre,
13:23elle vient du George Bush,
13:25fils,
13:26qui voulait absolument
13:27terminer son mandat
13:28en faisant rentrer
13:28la Géorgie et l'Ukraine
13:29dans l'OTAN.
13:30Et aujourd'hui,
13:31vous avez Trump,
13:32mais avant lui Obama
13:33et avant lui Biden
13:35qui ne veulent pas
13:35que l'Ukraine rentre dans l'OTAN.
13:37Donc, l'Ukraine,
13:38elle sera neutre.
13:39Mais il faut quand même
13:40essayer de la protéger
13:40pour que ça ne recommence pas.
13:42Alors, qui va la protéger ?
13:44La question, c'est
13:44est-ce que les Américains
13:45vont apporter une garantie ?
13:47La réponse qu'ils donnent,
13:48c'est on n'a pas envie.
13:50Et l'un des problèmes
13:51de Zelensky,
13:51c'est de les amener
13:52à au moins dire
13:53on va vous donner
13:54du renseignement
13:54et une couverture aérienne.
13:56Quant aux Européens,
13:57à ce stade,
13:58monsieur André,
13:59ils n'ont pas les forces.
14:01Il y a éventuellement
14:0210 ou 15 000 hommes en France
14:03disponibles pour
14:04ce genre de choses.
14:0610 000 peut-être
14:07en Angleterre.
14:09Les Allemands
14:10ne sont pas prêts.
14:10Donc, il va falloir
14:11trouver les forces nécessaires,
14:14les disposer
14:15non pas en Ukraine
14:16parce que ça,
14:17ce serait le retour
14:18de l'OTAN en Ukraine
14:19et les Russes sont contre.
14:20On a devant nous
14:21un paysage stratégique
14:24très complexe.
14:25Ce que je ne voudrais pas,
14:27mon inquiétude,
14:27elle est là,
14:28c'est qu'après avoir
14:29raté la guerre
14:30au sens où
14:31on est entré
14:32dans cette guerre
14:32pour des raisons émotionnelles
14:34comme je démontre
14:34dans mon livre,
14:35sans avoir réfléchi
14:36aux conséquences,
14:37on est sur le point
14:38de rater la paix.
14:39Et rater la paix,
14:41c'est là qu'on rentre
14:41dans les scénarios de guerre.
14:43Donc, monsieur Routte
14:44et ses petits camarades
14:45qui parlent de risque de guerre,
14:46ils sont en train
14:46de parler d'une situation
14:48qui va être extrêmement tendue
14:49le long de la ligne
14:50de séparation,
14:52instable,
14:52et qui risque
14:53d'entraîner une escalade.
14:54Et là,
14:55là,
14:56je suis d'accord
14:57avec cette vision-là
14:58parce que si c'est ça
14:59qui se passe,
15:00on va être dans la difficulté.
15:01Je termine avec un mot.
15:03Beaucoup de gens
15:04comparent cette négociation
15:06à ce qui s'est passé
15:07entre les deux Corées.
15:08Sauf que,
15:09entre les deux Corées,
15:11vous avez eu
15:1260 000 soldats américains
15:13qui y sont toujours
15:14depuis 70 ans
15:15et des armes nucléaires américaines
15:17qui garantissent
15:17la Corée du Sud.
15:18Ce ne sera pas le cas
15:19en Ukraine
15:20et donc on risque
15:21d'avoir une situation
15:22beaucoup plus instable.
15:23Merci,
15:24merci Pierre Lelouch,
15:25ancien ministre.
15:26Merci d'être passé
15:27par le studio d'Europe
15:28un auteur d'engrenage
15:29La guerre d'Ukraine
15:30et le basculement du monde
15:30aux éditions Odile Jacobs.
15:32Qui reparaît en janvier
15:33augmentée par l'actualité.
15:35C'est tout à fait d'actualité.
15:36Vous avez,
15:37à mon avis,
15:38rajouté quelques pages.
15:39On le lira.
15:40Merci à vous.
15:41On se retrouve dans quelques instants
15:42avec Sarah Salmane
15:44et Antonin André
15:44et puis Maëlle Laurent
15:47aujourd'hui
15:47pour le journal.
15:48Sous-titrage Société Radio-Canada
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