- 2 days ago
Category
🗞
NewsTranscript
00:00– Retour à l'essentiel, on va plus loin à présent avec Zyad Limam,
00:04directeur du Monsuel Afrique Magazine.
00:06Bonjour Zyad.
00:06– Bonjour.
00:07– Afrique Magazine qui titre en une en ce mois de décembre sur l'Afrique du futur,
00:11avec votre éditeur notamment que je recommande
00:13pour une stratégie d'indépendance digitale du continent
00:16à l'heure où l'intelligence artificielle révolutionne le monde.
00:19– Avec le risque sinon d'un déclassement presque néocolonial,
00:23c'est-à-dire de dépendre totalement des GAFAM,
00:26des grandes puissances digitales du monde d'aujourd'hui.
00:28– Et vous citez Déromodé au sein de Yuval Harari
00:30qui effectivement décrit comme définitif ce risque de déclassement.
00:34– C'est ce risque de schisme en fait
00:36entre quelques superpuissances digitales et le reste de l'humanité.
00:41– Un sujet qui va nous occuper sans doute dans les prochaines années.
00:44Face à vous, Anne Corpet, bonjour Anne, chroniqueuse internationale ici à France 24, bonjour.
00:49– Bonsoir.
00:49– Au sommaire, l'avancée des rebelles congolais du M23 au sud Kivu
00:53à Ouvira près de la frontière burundais.
00:54Le Burundi accuse le Rwanda, allié des rebelles, d'humilier Donald Trump
00:58après avoir signé un accord de paix la semaine dernière à Washington
01:01sous l'égide du président américain.
01:03Autre conflit que Donald Trump s'était targué d'avoir réglé les affrontements
01:06entre la Thaïlande et le Cambodge.
01:07On fait au moins 14 morts et déplacé plus d'un demi-million de personnes ces derniers jours.
01:12On essaiera de comprendre où en sont réellement les efforts de Washington
01:15sur le terrain de la paix.
01:16Et puis au Bénin, on l'apprend, l'effort spécial français
01:19aurait aidé le pouvoir à repousser le coup d'État dimanche dernier.
01:23On essaiera là aussi y voir clair et surtout de comprendre l'importance de ce pays
01:27pour la France mais pas seulement, pour l'ensemble de la sous-région également.
01:30C'est tout de suite, on va plus loin.
01:31Et c'est en ce 10 décembre, jour d'anniversaire de la mort d'Alfred Nobel
01:48qu'ont lieu les cérémonies de remise des prix Nobel
01:50dont le plus prestigieux à Oslo, le fameux prix Nobel de la paix
01:53décerné cette année à l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado
01:57réputée proche de Donald Trump.
01:59C'est d'ailleurs le président américain qui revendiquait ces derniers mois
02:03le prix Nobel, mais pour lui-même, raison invoquée,
02:06le nombre de guerres auxquelles Donald Trump aurait mis fin, jusqu'à 8.
02:10Voyons donc en image avec David Gilbert
02:12si cette proclamation résiste à l'examen des faits.
02:16On a sauvé des millions et des millions de vies.
02:19Un mantra répété par Donald Trump depuis des mois.
02:22Dernier épisode en date, vendredi,
02:24lors de la remise du prix de la paix de la FIFA,
02:26créée spécialement pour lui.
02:27Le président américain se vante d'avoir arrêté 6,
02:31puis 7 et désormais 8 guerres,
02:34dont certaines de son propre aveu n'ont jamais commencé.
02:37Il aurait notamment évité la reprise du conflit
02:39entre la Serbie et le Kosovo,
02:40qui avait pris fin en 1999.
02:42Idem concernant le différent entre l'Égypte et l'Éthiopie
02:45sur le partage des eaux du Nil,
02:47que Donald Trump avait lui-même attisé lors de son premier mandat.
02:51L'Égypte ne pourra pas supporter la situation
02:54et finira par faire sauter le barrage.
02:56Je l'ai dit, je le répète au effort,
02:57ils feront sauter ce barrage, car ils doivent faire quelque chose.
03:01Fin octobre, il était bien présent en Malaisie
03:03pour la signature d'un cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande,
03:06qui avait recommencé à combattre autour d'une zone frontalière
03:09disputée depuis leurs indépendances respectives.
03:11L'occasion de se jeter à nouveau des fleurs.
03:14Je ne devrais pas dire que c'est un hobby,
03:16car c'est bien plus sérieux qu'un hobby,
03:17mais c'est quelque chose pour lequel je suis doué et que j'adore.
03:21Les reprises des combats depuis dimanche
03:22entre les armées thaïlandaises et cambodgiennes
03:24jettent le discrédit sur l'efficacité
03:26de ce faiseur de paix autoproclamé.
03:29La désillusion aura été encore plus rapide en Afrique centrale.
03:32Après la signature jeudi dernier à Washington
03:34de l'accord de paix entre Rwanda et RDC,
03:36l'armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par Kigali
03:40continuent de s'affronter,
03:41chacun se renvoyant la responsabilité.
03:44Au lendemain même de la signature,
03:48des unités, des forces de défense du Rwanda
03:52ont conduit et appuyé des attaques à l'arme lourde.
03:57L'accord du mois d'août entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie
03:59semble lui tenir ses promesses,
04:01mais attend encore d'être ratifié.
04:03En mai lors du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan,
04:06après plusieurs jours de fortes tensions
04:08et de pilonnages dans la région du Cachemire,
04:10Donald Trump en revendique la paternité.
04:12New Delhi nie pourtant l'existence de toute médiation.
04:16Il n'y a guère que les Israéliens
04:17pour louer le bilan de pacificateur du président américain.
04:20Le plan Trump leur a permis
04:22de récupérer leurs derniers otages retenus à Gaza,
04:25dont la population, à elle,
04:26continuait d'être plusieurs fois victime de bombardements.
04:29Les Etats-Unis ont également aidé Israël à faire plier Téhéran
04:32en participant en juin à la campagne aérienne
04:35contre les sites nucléaires iraniens.
04:37Une fin de conflit loin de ressembler à une paix durable.
04:42Anne Corpey, il vaut mieux à la tête des Etats-Unis
04:44un président pacifiste que belliqueux,
04:46mais est-ce vraiment le cas ?
04:47Est-ce qu'en brandissant régulièrement l'usage de la force,
04:49Donald Trump aide à empêcher les guerres ?
04:51C'est un peu étrange, parce que Donald Trump,
04:53il se présente comme le président de la paix,
04:56mais en même temps, il emploie effectivement constamment
05:00une rhétorique extrêmement belliqueuse,
05:01déploie son appareil militaire,
05:04en semble très fier de la puissance de son armée.
05:08D'ailleurs, il y a une petite anecdote
05:10qui révèle ce paradoxe.
05:12L'Institut américain pour la paix, à Washington,
05:15il a commencé par vouloir le vider de sa substance,
05:18il a limogé tous ses dirigeants,
05:20il a accablé de reproches,
05:23et puis, soudainement, il a décidé
05:25que c'était vraiment un endroit formidable,
05:27et il a fait graver son nom en lettres d'or
05:30sur le bâtiment, et ça, c'est tout.
05:32Trump, il semble sincèrement détester la guerre,
05:35il a l'air toujours un peu interloqué
05:37par les bains de sang,
05:39mais, encore une fois,
05:41il se place constamment dans le rapport de force
05:43et développe une rhétorique extrêmement brutale.
05:46Il a rebaptisé le département de la Défense
05:49en département de la guerre.
05:51Alors, pour quels résultats ?
05:53On l'a vu, sur le court terme,
05:55il arrive à négocier des accords de façade,
05:58mais dès que ça devient un petit peu complexe,
06:00que ce sont des conflits
06:01enracinés dans l'histoire,
06:03alors là, ça ne tient pas une seconde.
06:06On va voir comment se passe
06:08cette deuxième phase de l'accord
06:10sur Gaza,
06:12mais ça s'annonce extrêmement compliqué.
06:14Il n'y a aucune perspective
06:15pour la création d'un État palestinien.
06:20Et puis, en plus, il n'a aucune morale.
06:22Pour lui, une capitulation forcée,
06:25c'est la paix,
06:27c'est ce vers quoi il pousse l'Ukraine.
06:30Or, on sait bien que,
06:32si Vladimir Poutine acceptait,
06:34et l'Ukraine aussi,
06:36ça ne réglerait en rien le conflit,
06:39puisque ça conforterait Vladimir Poutine
06:41dans sa volonté impérialiste.
06:43– Vous êtes étonné
06:45de voir le président des États-Unis
06:46s'impliquer pour imposer des négociations
06:48entre des pays qui semblent aussi éloignés
06:50des considérations immédiates des Américains
06:53que l'Arménie et l'Azerbaïdjan,
06:55la Thaïlande et le Cambodge,
06:56le Rwanda et la RDC.
06:58– Oui, enfin, les Américains
06:59ont des intérêts partout.
07:00Donc, il y a plus ou moins d'intérêts,
07:03mais dans toutes ces zones de conflit,
07:07l'Amérique est présente,
07:08que ce soit par ses renseignements militaires,
07:11ses besoins militaires,
07:12ses besoins économiques.
07:13Donc, elle n'est pas totalement déconnectée.
07:15Non, je pense qu'il y a quelque chose
07:17de très personnel du président américain
07:19sur la démarche « la guerre, c'est pas bien », etc.
07:22C'est presque un peu naïf, d'ailleurs,
07:24comme discours,
07:26et puis contradictoire,
07:27comme vous l'avez dit,
07:27avec un certain nombre de signaux
07:29beaucoup plus belligérants.
07:32Moi, je pense que surtout,
07:35il y a un vrai problème de méthode.
07:37C'est-à-dire que pour faire la paix
07:39ou pour régler un conflit,
07:40il faut le comprendre, le connaître.
07:42Il faut une armée de diplomates,
07:44de gens qui ont intégré le processus de conflit.
07:49Il faut qu'il y ait, aux États-Unis en particulier,
07:52des institutions qui fonctionnent,
07:54ce qui n'est pas le cas en ce moment,
07:55parce qu'elles sont complètement phagocytées
07:56par un président qui décide tout seul
07:58ce qu'il doit faire ou ce qu'il ne doit pas faire.
08:00Donc, on n'a pas de département d'État,
08:01ce qui est un problème,
08:03parce que le département d'État,
08:04c'est celui qui fournit la matière grise.
08:07C'est celui qui dit, voilà, tous les points.
08:09Donc, on a un secrétaire d'État qui,
08:11excusez-moi le terme,
08:12béni, oui, oui, complet,
08:13ce qui n'était pas le cas il y a 5-6 ans,
08:15où il critiquait Trump du matin au soir.
08:18Donc, maintenant, lui,
08:19c'est devenu M. Trump bis.
08:20On a un département de la Défense
08:23qui est aussi une machine à générer
08:25de l'intelligence politique, militaire, défensive,
08:30qui est là aussi dirigée par un personnage...
08:34– Pitex-7.
08:36– Voilà, très particulier.
08:38Et tous ces gens ne s'opposent pas au président.
08:41Tous ces gens n'apportent pas une contre-analyse.
08:45On a le National Security, même chose.
08:50Donc, tous ces appareils qui sont malgré tout
08:53l'intelligence de l'Amérique,
08:55l'historique de l'Amérique,
08:57leur capacité à comprendre,
08:59même s'ils vont imposer leurs intérêts,
09:01mais au moins, ils ont cette capacité.
09:03Et là, il n'y a plus rien du tout.
09:04Il y a quelqu'un qui dit,
09:05ah, mais je pense qu'on va faire comme ça.
09:07Alors, oui, ça marche au début,
09:08parce que la pression est forte.
09:10Mais si vous regardez tous les exemples
09:11qui ont été donnés,
09:14dans le cas de la RD Congo et du Rwanda,
09:16la cérémonie de signature était tellement glaciale
09:19et tellement parlante qu'on sentait bien
09:22qu'on n'avait pas réglé les causes du conflit
09:25et les interviews qu'a données Kagame après
09:27et les déclarations du président Tshisekidi après
09:29sont d'une...
09:30Enfin, je veux dire,
09:30on n'est pas dans une situation de paix.
09:32L'Ukraine,
09:34le parti pris qui consiste à dire,
09:37je vais faire la paix,
09:39quel que soit X,
09:39au-dessus des Européens
09:41et en accord avec Moscou,
09:42on voit bien que malgré notre fragilité,
09:45malgré nos faiblesses,
09:46malgré tout ce qu'on a raconté sur l'Europe,
09:48eh bien, ça ne passe pas.
09:50Et on réalise aussi que les Ukrainiens,
09:52ce n'est pas des gens qui ont la main comme ça
09:55en disant, oui, c'est génial, faisons la paix.
09:57Donc, il y a un peuple, il y a une histoire,
09:58contrairement à ce que pense Poutine.
10:00Et donc, tout ça ne se fait pas comme ça.
10:01Et donc, je pense que la vraie question,
10:04ce n'est pas les conflits,
10:05c'est la méthode.
10:06La méthode unipersonnelle,
10:08autour d'un chef d'État tout puissant,
10:10qui n'est pas contesté à l'intérieur,
10:12dont le Congrès le laisse totalement les mains libres
10:15sur un certain nombre de sujets.
10:17Et ça donne ce type de résultat.
10:18– On va revenir sur la méthode dans un instant
10:20avec le cas, effectivement, de la RDC et du Rwanda.
10:23Mais sur les objectifs,
10:25faut-il y voir, d'après vous,
10:27Anne, un signe de désintéressement ?
10:28Il n'y a pas de dividendes politiques évidents à en tirer,
10:31pour Donald Trump, sur la scène intérieure,
10:32en tout cas, lorsqu'on voit les pays cités,
10:34ou au contraire, du pur cynisme économique ?
10:36C'est-à-dire que là, on est dans la diplomatie transactionnelle,
10:38voire prédatrice même, appliquée à l'échelle
10:41d'un pays comme les États-Unis.
10:42– Rien n'est désintéressé chez Donald Trump.
10:45Il est dans une logique d'homme d'affaires,
10:48voire, effectivement, de prédation.
10:50Ce qu'il veut, c'est afficher des victoires,
10:53donc des accords signés,
10:54peu importe qu'ils soient appliqués ou pas,
10:55au fond, ce qu'il veut, c'est l'image,
10:58comme celle qu'on voit derrière vous.
11:01Trump entre deux ennemis qui signent la paix
11:05et des accords commerciaux,
11:07parce que souvent sont signés parallèlement
11:11à ces pseudo-accords de paix,
11:13des vraies transactions.
11:14Dans le cas de la RDC,
11:16il y avait l'idée d'accéder aux ressources minières de la RDC.
11:22Dans la négociation qu'ils mènent avec les Russes,
11:25il y a des projets d'extraction commune de minerais en Arctique,
11:29il y a des projets gaziers communs.
11:33Son hostilité manifeste à l'égard de l'Europe,
11:37c'est parce qu'il ne comprend pas
11:40que l'Union européenne refuse de se plier
11:42aux exigences des géants de la tech,
11:45et il ne comprend pas que l'Union européenne
11:48puisse imposer des règles, finalement, aux Américains.
11:53Et donc, il y a avant tout une logique,
11:57oui, de transaction, de prédation et d'affichage.
12:02En fait, l'art du deal, comme il le dit,
12:05c'est aussi surtout l'art de la com'.
12:08– Mais justement, on ne peut pas régler les affaires du monde
12:11comme on règle des affaires commerciales.
12:13Il n'y a pas que le commerce, il y a le pathos,
12:15il y a l'histoire, si vous prenez le cas de Gaza,
12:19la transaction à court terme, mais non,
12:22c'est quelque chose qui remonte tellement loin
12:24et qui demanderait tellement de courage politique
12:27pour sortir de l'impasse
12:29que ce n'est pas le transactionnel qui résout tout.
12:32– Et il croit tellement à son instinct,
12:34c'est ça qui est terrible.
12:35Et tout le monde, autour de lui,
12:38le conforte dans l'idée que son instinct
12:41est sûr et infaillible.
12:42– Alors, on évoquait la RDC, le Rwanda.
12:44La semaine dernière, Donald Trump clamait
12:46à qui voulait l'entendre qu'il avait réglé la guerre
12:47qui s'enclante depuis trois décennies à le Kivu
12:50dans l'est de la RDC en réussissant le tour de force
12:52de réunir autour d'une même table
12:54et devant les caméras à Washington
12:55le président rwandais Paul Kagame
12:57et Congolais Félix Tshisekedi.
12:59Or, forcés de constater que non seulement
13:01les affrontements n'ont jamais cessé,
13:03mais pire encore, ils menacent de s'étendre
13:04au Burundi voisin.
13:05Écoutez Aurélie Bazaraki-Bangoula
13:07pour France 24 à Kinshasa.
13:08– Il faut préciser que demain,
13:11ce fera une semaine que l'accord de paix
13:13de Washington a été signé.
13:14Forcés de constater que les espoirs de paix
13:16sont encore loin.
13:18La RDC accuse le Rwanda d'avoir violé
13:20ses engagements pris à Washington.
13:23Dès hier soir, Patrick Mouyaya,
13:24le porte-parole du gouvernement combolais,
13:27a dénoncé l'attitude du Rwanda.
13:29En ciblant le Burundi, dit-il,
13:31Kigali veut régionaliser la guerre.
13:33La ministre combolaise des Affaires étrangères,
13:36Thérèse Wagner-Khikwamba, appelle Washington
13:40à renforcer ses sanctions contre le Rwanda.
13:43Alors, Kigali, de son côté, rejette toute responsabilité
13:46et affirme dans un communiqué que la RDC
13:48n'a jamais été prête à s'engager pour la paix.
13:52Les États-Unis et plusieurs pays européens
13:54ont exhorté la FCM 23 et le Rwanda à cesser,
13:57je cite, immédiatement leurs opérations offensives.
14:00Dans l'Est congolais, il dénonce une escalade
14:04significative des combats et pointe
14:06le risque de déstabiliser toute la région.
14:09Zadimam, l'avancée du M23 RDC
14:12jusqu'aux frontières du Burundi.
14:14On est à une vingtaine de kilomètres seulement
14:15de route de Bujumbura.
14:17Un doigt d'honneur aux États-Unis,
14:19comme l'affirme le ministre Burundais
14:20des Affaires étrangères.
14:22Doigt d'honneur de la part du Rwanda,
14:23c'est ce qu'il dit.
14:24Je pense que c'est, excusez-moi l'expression,
14:27cette bonne guerre pour les Burundais et les Congolais
14:30d'en appeler à l'accord de Washington
14:31et en mettant la pression sur Kagame.
14:35Il est possible que Kagame tire un peu
14:39sur la ficelle, là, parce que quand même,
14:42même si c'est glacial,
14:43même si visiblement,
14:46on n'a pas commencé le début
14:49d'un dénouement réel du conflit Rwanda-Congo
14:53via M23,
14:53il y a quand même un texte,
14:56il y a quand même une signature.
14:58Et donc là, normalement,
14:59on devrait au moins être sur des positions figées.
15:02Or, on sent qu'il y a une tentation encore
15:05de gagner quelque chose par la violence,
15:09par la guerre.
15:10Et là, on rentre encore dans un des aspects du trumpisme,
15:14c'est que pour réintégrer Trump dans la boucle,
15:16c'est très compliqué.
15:17Parce que pour lui, c'est fini.
15:19Et comme pour d'autres choses qu'il a faites,
15:21ça y est, il s'est passé à autre chose.
15:22Les Jeux Olympiques,
15:23la Comte du Monde, excusez-moi, de football,
15:25j'en sais rien,
15:26l'Europe, truc, la médaille,
15:27bon, bref, il est passé à autre chose.
15:29Et donc, le ramener de nouveau dans le jeu,
15:31ça supposerait, encore une fois,
15:33qu'il y ait un département d'État
15:34qui soit fonctionnel.
15:35Ça supposerait qu'il y ait un département de la défense
15:37qui soit fonctionnel.
15:38Ça supposerait que le système américain
15:41soit fonctionnel.
15:41Ce qui n'est pas le cas,
15:42parce qu'un secrétaire d'État
15:44peut mettre la pression, aujourd'hui,
15:46un vrai, enfin, quelqu'un
15:47qui a une certaine autonomie.
15:49C'est cela le risque
15:50que cet empressement à ratifier
15:53des accords à la va-vite
15:56ne signe au contraire
15:58à ne l'affaiblissement
15:59du pouvoir d'influence des États-Unis,
16:00comme avec la Russie
16:01qui ne semble absolument pas disposée
16:03à la moindre concession
16:04pour aboutir à une paix en Ukraine ?
16:05C'est vrai qu'on a l'impression
16:07que les dirigeants du monde entier
16:08ont compris une sorte de fonctionnement,
16:10à savoir, il faut courber les Chines
16:13devant Trump,
16:14opiner du chef,
16:16signer ce qu'il nous dit,
16:17et puis on peut continuer
16:18à mener sa barque
16:20sans faire trop d'éclats.
16:24Et Vladimir Poutine
16:25l'a parfaitement compris.
16:27Il semblerait qu'il n'ait aucunement
16:29l'intention de signer
16:32un accord de paix
16:32ni même un cessez-le-feu,
16:35tant il semble convaincu
16:36de pouvoir l'emporter sur le terrain.
16:39Et à chaque fois
16:41qu'il a été assez loin
16:45pour susciter la colère
16:46de Donald Trump,
16:47il a réussi à le rattraper,
16:50à l'appeler,
16:51à lui dire
16:51« Oh, mais Donald, bien sûr... »
16:53Et ça fonctionne.
16:55Du coup, effectivement,
16:56la signature de Donald Trump
16:59perd en crédibilité.
17:01Et puis lui-même
17:02est capable de la remettre en cause
17:03sur un coup de tête.
17:04il a déjà déchiré
17:06des accords
17:07qu'il avait lui-même signés.
17:09Donc, effectivement...
17:10Et puis sur le pouvoir
17:12d'influence des États-Unis,
17:13bon, il faut dire
17:14que lui-même,
17:16en vidant les rangs
17:16du département d'État,
17:19du secrétariat à la Défense,
17:21mais aussi en coupant
17:22tous les budgets
17:23des agences américaines,
17:27USAID,
17:28ou de médias
17:29comme La Voix de l'Amérique,
17:30il nuit effectivement
17:33à l'image des États-Unis.
17:35Une diplomatie privée
17:37du levier des subventions
17:38du USAID
17:38et du soft power
17:39avec cette image dégradée
17:41et ces guerres culturelles
17:42même en interne.
17:43On imagine qu'elle contribue aussi
17:45peut-être à miner
17:45le modèle américain
17:46à travers le monde,
17:46en tout cas,
17:47créer un doute
17:48sur ce qu'il représente
17:49encore aujourd'hui.
17:50Que reste-t-il à Washington,
17:51Zialimam,
17:51pour pousser ses intérêts
17:53aujourd'hui ?
17:53Il reste malgré tout
17:54une force de conviction ?
17:56Ah non, mais il ne faut pas
17:57non plus les passer
17:58par pertes et profits.
17:59Je veux dire,
17:59on est dans une Amérique
18:02trumpienne d'abord.
18:03On ne sait pas
18:04combien de temps
18:04ça va durer.
18:06Est-ce que c'est parti
18:06pour être plus qu'un mandat ?
18:09Est-ce que...
18:10Donc il faut aussi
18:11se mettre dans l'agenda
18:12politique américain
18:14à plus ou moins court terme.
18:16Deuxièmement,
18:16ça reste l'hyperpuissance militaire,
18:18ça reste l'hyperpuissance économique,
18:21ça reste l'hyperpuissance créative.
18:24Bon, voilà quoi.
18:25Donc on n'a pas de bol
18:26parce qu'elle est gouvernée
18:28en ce moment par des gens.
18:29Et il n'y a pas que lui.
18:30Il y a un vice-président aussi
18:31qui théorise beaucoup tout ça,
18:32qui se prépare.
18:33C'est pour ça que je vous disais
18:33que l'agenda politique américain
18:36est important.
18:36Est-ce que c'est J.D. Vance
18:37et le prochain président
18:38des États-Unis ?
18:39On n'est pas sortis de l'auberge,
18:41en particulier les Européens.
18:42La deuxième chose,
18:43c'est que les gens sont toujours
18:46fascinés par l'Amérique,
18:48mais l'Amérique qu'ils ont
18:50dans la tête.
18:51Celle dont je vous parle,
18:52de la créativité,
18:53du business,
18:54de la tech,
18:56d'une certaine forme
18:57d'émancipation économique,
18:58etc.
18:59Donc tout ça,
18:59c'est rogné,
19:01c'est tapé,
19:02il y aura moins de visas.
19:05Ils inventent tous les jours
19:06des conditions
19:09pour ne plus avoir de visas.
19:10Si vous les avez critiqués,
19:12alors moi,
19:12je ne suis pas prêt
19:12d'y aller sur votre téléphone.
19:15Bref,
19:15donc tout ça,
19:16ça joue,
19:17mais quand même,
19:19elle reste,
19:19cela reste,
19:20le pivot.
19:21Regardez la réaction européenne.
19:22On se fait insulter,
19:24on se fait taper dessus,
19:25on dit qu'on est
19:26en déclassement civilisationnel,
19:27qu'on est au bord
19:28de l'envahissement,
19:29etc.
19:29Bon,
19:30c'est-à-dire qu'on a encore
19:32besoin de leur protection.
19:33Oui,
19:34alors on réagit,
19:35oui,
19:35mais bon,
19:36ce n'est pas le divorce,
19:37c'est des entailles,
19:38c'est des entailles au couple,
19:39mais on n'est pas en situation
19:40de divorce.
19:40– Nécessité fait loi.
19:41– Oui,
19:42mais ça prouve bien
19:42que la puissance américaine
19:45n'est pas,
19:46ce n'est pas une fiction.
19:47– Ah non.
19:48– Et pendant que Donald Trump
19:49prétend régler des guerres,
19:52la France, elle, intervient-elle
19:54pour éviter des coups d'État ?
19:56Après celui en Guinée-Bissau
19:57qui s'est déroulé,
19:58voilà 15 jours
19:58sans la moindre résistance
19:59venue de l'étranger,
20:00voilà en tout cas
20:01que nombre d'acteurs
20:02se mobilisent au Bénin,
20:04l'armée et l'aviation nigériane,
20:06l'organisation sous-régionale
20:07de la CDAO
20:07et la France-Anne.
20:10– Oui,
20:10alors hier,
20:11l'Élysée avait communiqué
20:12de manière assez succincte
20:15en parlant d'appui
20:17en termes de surveillance
20:18et d'observation
20:19et de soutien logistique.
20:21C'était une formulation
20:22très prudente,
20:24calibrée en fait
20:24pour éviter
20:25des accusations d'ingérence
20:27et puis on a eu aujourd'hui
20:28les informations
20:29via le chef
20:30de la garde républicaine
20:31qui a assuré
20:32la protection
20:32du président
20:34et de son épouse
20:35et lui a expliqué
20:36que les forces spéciales
20:38françaises
20:38étaient intervenues
20:39en fin de journée
20:40après que l'armée nigériane
20:43a frappé
20:44et qu'elles avaient aidé
20:46à, comme il dit,
20:48faire le ratissage,
20:50à savoir courir
20:51après les mutins
20:53et puis il a aussi
20:53confirmé
20:54le concours
20:55d'un avion
20:56de reconnaissance
20:57qui souligne
20:59le rôle
21:00du renseignement français
21:01dans cette chasse
21:03aux mutins
21:03voire dans l'établissement
21:05d'une cible
21:06pour l'aviation
21:07nigériane.
21:09Il faut dire que la France
21:10et le Bénin
21:10sont liés
21:11par des accords
21:12de coopération
21:12militaire
21:14mais que cette prudence
21:16dans l'expression
21:17française
21:18se justifie
21:19par le fait
21:20qu'à chaque fois
21:21que la France
21:22intervient
21:22en particulier
21:23dans cette Afrique
21:25de l'Ouest
21:25ça nourrit
21:26un discours
21:28anti-occidental
21:29anti-français
21:30et d'ailleurs
21:31il y a eu
21:32beaucoup
21:32de désinformation
21:33quant au rôle
21:36de la France
21:37dès dimanche
21:38puisque
21:39sur les réseaux sociaux
21:41certains disaient
21:42que le gouvernement
21:43s'était réfugié
21:44à l'ambassade de France
21:45par exemple
21:47donc chaque action
21:48française
21:48même limitée
21:49alimente
21:50ce narratif
21:52contre Paris
21:53qui d'ailleurs
21:53perd souvent
21:54la bataille de l'opinion.
21:55Zéad Limam
21:56sur la bataille de l'opinion
21:58on va en parler
21:59mais le Bénin
21:59justifie un tel
22:00déploiement
22:01d'armées étrangères
22:02là où d'autres
22:03Guinée-Bissau
22:04tout récemment
22:04Niger-Mali-Burkina
22:06ont basculé
22:07sans mobilisation extérieure
22:08c'est pas tout à fait
22:09les mêmes scénarios
22:10d'abord je pense
22:12que le Bénin
22:12était pour
22:13il y a des relations
22:15assez privilégiées
22:17entre Patrice Talon
22:18et le président Macron
22:19il y a
22:20il y a une entente
22:21assez dynamique
22:23il y avait
22:27comme une ligne rouge
22:28c'est à dire
22:28ce n'est pas possible
22:29que le Bénin
22:30sombre
22:30dans le coup
22:31d'état militaire
22:32parce que
22:33encore une fois
22:33on est dans
22:34l'effet de contagion
22:34c'est pas la même
22:36situation
22:36que la Bénin
22:37Bissau
22:38là on est au cœur
22:38de la CDAO
22:39on est au cœur
22:40de l'UMOA
22:40ça aurait été
22:41le quatrième pays
22:43de l'UMOA
22:43à basculer
22:44dans une situation militaire
22:48sachant aussi
22:49que bon
22:49on n'a pas encore bien
22:50le profil
22:51de ces mutins
22:53pour reprendre
22:54l'expression consacrée
22:55mais
22:56on est quand même
22:57dans des profils
22:58un peu AES
22:59alliance des états
23:01du Sahel
23:01oui
23:01on est un peu
23:02dans la revendication sociale
23:04la revendication politique
23:06c'est pas les généraux
23:09c'est le cran du dessous
23:11donc en général
23:12c'est assez parlant
23:13et donc
23:14il y avait vraiment
23:15un danger
23:15et ce qui a fait
23:17qu'on a pu intervenir
23:18je pense
23:19pour le Nigeria
23:19et pour la France
23:20et puis peut-être
23:21demain
23:22les troupes au sol
23:23CDAO
23:23s'il y en a
23:24c'est que
23:25le gros de l'armée
23:26béninoise
23:28a tenu
23:29et donc
23:29ce temps
23:30qui a été
23:31de plusieurs heures
23:32où le régime
23:34n'est pas tombé
23:34où l'armée
23:35ne s'est pas ralliée
23:36aux mutins
23:36ça a fait
23:37toute la différence
23:38parce que du coup
23:39on a pu
23:39d'abord repousser
23:41le coup d'état
23:43puis faire venir
23:44les amis
23:44qui ont permis
23:45de
23:46en partie
23:47résoudre le problème
23:47puisqu'il semblerait
23:48qu'un certain nombre
23:49de ces mutins
23:49se sont volatilisés
23:50dans la nature
23:51alors dans quelle nature
23:52sont-ils
23:53c'est une très bonne question
23:54donc voilà
23:55donc il y a tout ça
23:56et puis
23:57et puis il y a la situation
23:59du Bénin
23:59quand même
24:00c'est intéressant
24:00c'est-à-dire
24:01c'était quand même
24:02un peu
24:02une des vitrines
24:04de l'Afrique de l'Ouest
24:05avec beaucoup
24:06de développement économique
24:07sous le mandat
24:07Talon
24:08pendant dix ans
24:08beaucoup de renouvellement
24:10de réformes
24:11mais aussi
24:11quand même
24:13un tarissement
24:14de la vie politique
24:15l'exclusion
24:16plus ou moins juridique
24:18du principal parti
24:20d'opposition
24:21à l'élection présidentielle
24:23la création
24:23d'un Sénat
24:24qui aurait eu
24:25des pouvoirs
24:26de surveillance
24:27ça c'est pas très clair
24:28dans le texte
24:28mais on sent bien
24:29qu'il y avait
24:29un contre-système
24:31qui s'installait
24:32où le président Talon
24:33allait avoir une place
24:33donc il y avait
24:34une espèce
24:36d'ambiance
24:37et le point
24:38auquel je veux arriver
24:38c'est que
24:39il faut vraiment
24:41trouver en Afrique
24:42des modus operandi
24:43de transmission
24:44du pouvoir pacifique
24:45et de transmission
24:46du pouvoir
24:47je parle même pas
24:48de démocratie
24:48à la suédoise
24:49ou à la finlandaise
24:50je parle
24:51de processus
24:52relativement régulés
24:53qui font qu'on peut passer
24:54d'un régime
24:55à un autre
24:56d'un régime
24:56dans le cas
24:56du président Talon
24:58bon on peut dire
24:58oui il a fait
24:59beaucoup de business
25:00bon enfin c'était
25:00un homme d'affaires
25:01lui-même
25:01mais bon c'est vrai
25:02que son pays
25:02a changé
25:03beaucoup
25:03mais on se retrouve
25:05à un moment
25:06coincé
25:07dans des contradictions
25:08qui relèvent
25:08du politique
25:09et ce politique
25:10va venir étouffer
25:11ce qui a été fait
25:13sur le plan économique
25:14merci beaucoup
25:15Ziad Libam
25:17Anne Corpet
25:17on va plus loin
25:19c'est terminé
25:19on se retrouve
25:20dans un instant
25:20pour la suite
25:21de l'essentiel
25:22on évoquera
25:23notamment
25:25dans l'actualité
25:26ces propos
25:26de la première dame
25:27Brigitte Macron
25:28qui continue
25:28de faire réagir
25:29ici en France
25:29et on apprend
25:30d'ailleurs
25:31que les fameuses
25:32images captées
25:33et dévoilées
25:33au grand public
25:34l'ont été
25:35par une proche
25:35de Brigitte Macron
25:36elle-même
25:37en soirée
25:46faites un tour
25:46complet
25:47de l'actualité
25:48dans l'actu 360
25:49tous les faits
25:50toutes les clés
25:50pour décrypter
25:51les grands événements
25:53de la journée
25:54retrouvez tous les soirs
25:56Claire Hilderbrand
25:57dans l'actu 360
25:59en direct
26:00sur France 24
26:01Sous-titrage Société Radio-Canada
Be the first to comment