00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h10h, Patrick Roger.
00:07Il est 7h41, Sud Radio vous explique que faire face à la maladie qui touche les animaux en fait aujourd'hui, la dermatose nodulaire.
00:18Les bovins, un foyer en arrière, je relance la question de la vaccination et de l'abattage des troupeaux.
00:23Depuis 48h, les agriculteurs sont regroupés pour qu'on n'abatte pas tout le cheptel alors qu'il y a évidemment toutes les vaches ne sont pas touchées.
00:36Ça a été la même chose dans le doux il y a quelques jours.
00:38Nous sommes avec l'une des meilleures spécialistes en France, Jeanne Brugère-Picou, vétérinaire, professeur honoraire de l'école nationale vétérinaire de Maison-Alfort.
00:48Bonjour.
00:49Bonjour Monsieur.
00:51Merci d'être avec nous.
00:53Il y a une question de stratégie face donc à cette dermatose nodulaire, c'est contagieux entre animaux.
01:01Qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut abattre selon vous tous les animaux, toutes les vaches par exemple, d'un troupeau qui est concerné ou simplement quelques bêtes ?
01:15Il faut abattre malheureusement tout le troupeau parce que ce n'est pas contagieux entre les animaux,
01:20c'est contagieux parce que vous avez des seringues volantes que sont les mouches d'étables, les stomachs et l'étang qui vont se nourrir du sang d'un animal contaminé et l'inoculer à un autre.
01:35Et c'est comme ça que ça s'étend dans tout le troupeau.
01:38C'est insidieux.
01:39Alors, les éleveurs sont un peu étonnés parce qu'ils ne voient que quelques corps.
01:44Donc, ils demandent un abattage partiel, mais ils ne voient pas tous les animaux qui sont en incubation et qui vont être malades.
01:51Pourtant, il y a un manifeste vétérinaire qui est en faveur d'un changement de stratégie qui dit qu'il ne faut pas un abattage total, mais il faut cibler.
02:04Qu'en pensez-vous ?
02:05Alors d'abord, je ne connais pas du tout ce manifeste vétérinaire qui est tout à fait en dehors des réglementations européennes et qui montre une incompétence totale.
02:14Ah bon ? Ah oui.
02:17Je pourrais vous démonter, si je le connaissais, toutes les incohérences d'un tel manifeste.
02:22Oui. Bon. Donc, eux disent qu'il faudrait plutôt une stratégie qui repose sur la vaccination massive.
02:32Alors, la vaccination massive n'est pas la solution immédiate.
02:37Il faudrait vraiment un risque important pour que l'on vaccine, pour justifier d'une vaccination massive.
02:43Regardez par exemple, le seul endroit indemne où on a vacciné, c'est la Corse.
02:49Pourquoi ? Parce qu'il y avait la Sardaigne à côté, qui pouvait très bien contaminer, parce qu'on n'était pas sûr de la biosécurité entre la Sardaigne et la Corse.
02:59Il n'y a pas eu de cas, mais on a vacciné là où il n'y avait pas de foyer.
03:03Oui. Donc, oui, ça a certaines limites, en fait, si on essayait de faire une vaccination massive sur tout le territoire, parce qu'évidemment, en plus, ça représente des millions de bêtes, quoi, bien sûr.
03:21Oui, on a 16 millions de bovins en France.
03:25Mais est-ce que vous les entendez dire, et c'est ça qui est grave, que la progression du virus, les bombes à virus, sont les animaux qui sont transportés dans une bêtaillère,
03:37qui vont faire 100 kilomètres et infecter un nouveau département ?
03:41Ça, vous ne les entendez jamais dire ça. Et pourtant, le problème, il est là. Et ils doivent dire, ne déplacez pas les animaux. C'est comme ça qu'on a eu d'autres cas.
03:52Oui, c'est ça. Parce que comment il se transmet, ce virus ? On le rappelle pour le grand public, il n'est pas forcément au courant, évidemment.
03:58Ah oui, c'est très important de savoir que sur une courte distance, c'est pour ça que ça s'étend assez rapidement, c'est par des insectes hématophages.
04:06Des bouches d'étapes, des temps en estive, mais c'est sur 2, 3 kilomètres, 5 au maximum. Mais sur une longue distance, c'est l'animal infecté.
04:18D'ailleurs, nous avons eu le premier cas en Savoie, parce qu'un animal est venu infecté du nord de l'Italie.
04:25On a l'impression, Jeanne Brugère-Picou, ça fait des années que vous travaillez sur l'ensemble des transmissions de virus et de contagion chez les animaux,
04:35qu'aujourd'hui, on est face à des épidémies répétées. Donc il y a la dermatose nodulaire qui concerne les bovins,
04:43il y a la grippe aviaire qui continue de se développer avec de réelles inquiétudes dans la filière en France aussi.
04:51Pourquoi, selon vous, il y a autant d'épidémies ? Ou alors peut-être que c'était moins contrôlé, on s'en apercevait un petit peu moins auparavant ?
04:58Tout d'abord, on connaissait moins. Mais c'est surtout, en fait, le commerce qui a favorisé ce type d'infection.
05:05Pour la dermatose nodulaire, c'est le commerce. C'est venu d'Italie.
05:08Pour la grippe aviaire que j'appelle la peste aviaire, c'est totalement différent.
05:13Ce sont les oiseaux migrateurs. Et on ne peut pas gérer les oiseaux migrateurs depuis plusieurs années.
05:18Sachez une chose, c'est qu'on s'inquiète, certes pour les volailles, mais quand j'entends qu'on s'inquiète beaucoup pour l'homme,
05:26il n'y a jamais eu depuis 20 ans de transmission d'homme à homme. Cette maladie n'est pas transmissible entre les hommes.
05:34Il y a eu quelques cas en Asie, mais on n'a pas eu de mort en Europe liée à la grippe aviaire.
05:39Il y a 20 ans, j'ai déjà écrit un lit propos, je me rappelle, disant « je ne crois pas à la pandémie ».
05:46Vous voyez, ça fait 20 ans que je ne me suis pas trompée.
05:49Oui, c'est ça. En revanche, il y a des mesures de précaution qu'il faut prendre quand il y a des élevages qui sont contaminés, concernés.
05:58Bien sûr, puisqu'on ne peut pas gérer cette maladie transmise par des oiseaux sauvages.
06:04C'est pour ça d'ailleurs qu'on vaccine les canards maintenant, depuis peu en France,
06:08parce que c'est une solution et regardez, on aura quand même, on a des cas, ça c'est sûr,
06:14on a un risque actuellement. Pourquoi ? Parce que les oiseaux sauvages sont arrivés.
06:18Regardez les grues dans le lac du Der, ça a été catastrophique.
06:22Mais on n'y peut rien là, on n'y peut rien.
06:24Merci en tout cas de ces explications, de ces éclairages, Jeanne Brugère-Picou,
06:29vétérinaire, professeur honoraire de l'École nationale vétérinaire de Maison-Alfort.
06:34Vous pourrez vous aussi réagir si vous êtes concerné par cela,
06:38avec des troupeaux, des bêtes concernées, problème des déplacements bien sûr,
06:45parce que les éleveurs déjà, les agriculteurs en fait, qui souffrent pour d'autres raisons
06:49et qui sont confrontés effectivement à cela,
06:52message évidemment de solidarité aussi avec eux face à cela, bien sûr.
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