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Les habitants de la Nouvelle-Calédonie n'ont, pour la plupart, pas choisi de vivre ensemble. C'est la France du XIXe siècle qui l'a décidé pour eux. Depuis, ils essayent tant bien que mal de partager un destin dont les contours restent flous. Comment se sont tissés les liens qui unissent aujourd'hui les différentes ethnies de la mosaïque calédonienne ? Quel est le creuset de leurs différences ? Enquête.
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00:00...
00:00La Nouvelle-Calédonie n'est pas qu'un magnifique archipel français du Pacifique Sud.
00:23Elle est l'exemple emblématique d'une décolonisation originale
00:27voulue par les autorités françaises.
00:30C'est au XIXe siècle que l'archipel calédonien est colonisé par la France.
00:40150 ans plus tard, la France acceptera la tenue de trois référendums d'autodétermination.
00:48Elle mettra ainsi fin à une situation de guerre civile
00:50qui vit s'affronter les Canaques, peuples d'origine,
00:54présents depuis près de 3000 ans,
00:55et les colons de métropole qui y vivaient depuis plusieurs générations
00:59et considéraient que c'était désormais leur pays.
01:04C'est cette histoire exemplaire que nous voulons raconter,
01:07mais aussi répondre aux questions qui se poseront à la Nouvelle-Calédonie
01:10au lendemain du troisième référendum, pour ou contre l'indépendance.
01:13La Nouvelle-Calédonie
01:23La Nouvelle-Calédonie
01:34La Nouvelle-Calédonie est découverte par le navigateur James Cook au XVIIIe siècle.
01:41Un siècle plus tard, l'empereur Napoléon III en fait une colonie française
01:48qui accueille d'abord des bagnards, puis des colons venus faire fortune,
01:53et enfin des travailleurs asiatiques employés dans les mines de nickel.
01:58Mais sur cet archipel colonisé par la France,
02:01vive depuis près de 3000 ans un peuple qu'on appellera les Canaques.
02:05Leurs terres sont confisquées par les nouveaux arrivants.
02:09Les Canaques se sont retrouvés dépossédés de leur espace au niveau intellectuel,
02:14c'est-à-dire que telle montagne qui représentait tel ancêtre,
02:17telle rivière qui était liée à une histoire ancienne,
02:20finit par disparaître de leur conscience et de leur subconscient.
02:24Je pense que c'est là qu'à un moment donné,
02:26l'incompréhension entre un État qui cherche un pays pour une colonisation pénale
02:34et des groupes qui, eux, ont juste besoin que leur culture soit reconnue
02:37comme culture ancienne de la Nouvelle-Calédonie,
02:40là va y avoir un clash.
02:42Confrontés à de nombreuses révoltes sanglantes,
02:45les autorités coloniales mettent en place un régime d'indigénat
02:48qui regroupe autoritairement les Canaques dans des réserves
02:52pour mieux les contrôler.
02:59Mais au cours des deux guerres mondiales,
03:01la métropole a besoin de soldats.
03:02Et en échange de leur engagement aux côtés des troupes françaises,
03:07on promet aux Canaques un changement de statut.
03:10L'engagement volontaire des Canaques va leur permettre l'accès à la citoyenneté
03:15et donc la révocation du statut de l'indigénat
03:16et donc le suffrage universel, l'entrée des Canaques dans la vie politique, etc.
03:20C'est un catalyseur ici pour la reconnaissance de l'identité Canaque,
03:25la reconnaissance du peuple Canaque,
03:26la reconnaissance du peuple Canaque comme partenaire à part entière de la vie locale
03:30et donc de la vie politique locale et aussi l'émergence des mouvements autonomistes
03:35qui ont été les mouvements majoritaires en fait des décennies suivantes.
03:40En effet, les Canaques n'auront désormais de cesse
03:43de revendiquer l'égalité de traitement avec les métropolitains.
03:48Le partage du pouvoir, le rattrapage de leur retard social et économique
03:52est la reconnaissance de leur identité, bafouée par la colonisation.
04:02Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale,
04:05la Nouvelle-Calédonie devient un territoire d'outre-mer
04:07et l'accession des Canaques à la vie politique
04:10entraîne la création de partis ou d'associations qui défendent leurs droits.
04:14C'est ainsi qu'en 1946, les missionnaires catholiques et protestants
04:22créent des associations Canaques
04:24qui plus tard fusionneront avec des Européens autonomistes
04:27pour donner naissance à l'Union calédonienne.
04:31Un mouvement qui prône l'entente entre les communautés européennes et Canaques
04:37et dont le slogan « Deux couleurs, un seul peuple » résume l'ambition.
04:41Forte de ce rapprochement,
04:45l'Union calédonienne remporte les élections territoriales de 1953.
04:55Depuis sa découverte en 1864,
04:58le nickel a toujours joué un rôle en Nouvelle-Calédonie
05:00qui en possède un quart des ressources mondiales.
05:05Cette richesse naturelle est exploitée dès les premières années par la SLN.
05:11La société Le Nickel.
05:13Elle gère la plupart des sites miniers
05:15et possède au cœur de Nouméa
05:17une très grande usine de transformation du minerai vert.
05:25Là, vous voyez une mine emblématique qui est le plateau de Thiau.
05:29Et c'est ce groupe de mines-là
05:31qui a fait tourner l'usine de Donnyambo à Nouméa, la SLN,
05:35pendant au moins 20 ans.
05:36Il y a eu des réserves colossales
05:39et il y a encore de grosses réserves dedans.
05:43En 1967,
05:45la demande mondiale de nickel explose.
05:48L'armée américaine,
05:49engagée dans la guerre du Vietnam,
05:51en fait une grosse consommation
05:52dans la fabrication de son matériel militaire.
05:55La SLN n'arrivait pas à produire suffisamment
05:57et avait pris des contracteurs,
05:59des exploiteurs miniers.
05:59Donc j'en ai profité pour faire partie de cela.
06:03Et c'est là que j'ai démarré dans les mines.
06:06Roger Galliot obtient l'exploitation de plusieurs sites.
06:10Sur les mines, j'avais des bélanésiennes partout.
06:13J'ai formé des chauffeurs,
06:15le trial était fait par eux.
06:17Je n'ai jamais eu de problème particulier.
06:19J'ai toujours eu une bonne relation avec eux.
06:22Vous savez, dans ce travail-là,
06:23c'est un travail dur.
06:24Eh bien, il n'y avait pas les uns qui travaillaient dur,
06:27les autres qui étaient à l'abri.
06:28Quand il pleuvait, nous étions tous à la pluie.
06:31Quand il faisait chaud au soleil,
06:32on avait tous chaud.
06:33Et quand on en bavait,
06:35tout le monde en bavait ensemble.
06:38De 1967 à 1972,
06:41la Nouvelle-Calédonie connaît des années
06:43de folle croissance économique.
06:46Le boom du nickel attire des milliers de travailleurs,
06:49environ 20 000 métropolitains,
06:52parmi lesquels des pieds noirs,
06:53rapatriés du Maroc et de l'Algérie.
06:58La vague migratoire est telle
07:00que la population canaque
07:02est devenue minoritaire.
07:04Elle l'est encore aujourd'hui.
07:12Au milieu des années 60,
07:14les premiers canaques
07:15qui ont obtenu leur bac
07:16sont partis faire leurs études en métropole.
07:19J'ai découvert le monde européen,
07:23ses valeurs,
07:25pendant ces moments où j'étais en France.
07:27J'ai en même temps découvert là-bas
07:29que j'étais un homme comme un autre.
07:32Ce qui n'était pas le cas quand je suis parti.
07:35J'avais l'impression qu'on était...
07:37On vivait dans un...
07:39d'un sentiment d'infériorité
07:42quand on était ici,
07:43quand on sortait des tribus
07:44et ça m'a beaucoup fait évoluer
07:47dans mes idées.
07:50Elie Pouagoun a commencé sa scolarité
07:53au sein d'une école confessionnelle protestante.
07:56Brillant élève,
07:58il fut choisi pour poursuivre ses études
08:00à Montpellier.
08:00On a vécu surtout les événements de 68
08:05où il y avait quelque chose de formidable
08:07parmi les jeunes à l'époque.
08:08Ils avaient envie de changer la société,
08:10ils avaient envie de bousculer un peu les choses.
08:15De retour au pays,
08:17ces militants canaques,
08:18influencés par les événements de mai 68,
08:21créent un mouvement qu'ils appellent
08:23les foulards rouges.
08:25Certains font de la prison
08:26pour avoir diffusé des tracts
08:28rédigés dans leur langue d'origine.
08:29Les foulards rouges,
08:31c'était surtout une revendication d'identité.
08:37La revendication identitaire
08:39fut la première grande action
08:40du militantisme canaques.
08:44À l'école, on est traité de canaques.
08:46Donc le canaques, c'est péjoratif,
08:47c'est négatif.
08:48Et donc, dans toute cette revendication,
08:50je vais me construire
08:51en disant, bien entendu,
08:54oui, je suis canaques,
08:55oui, j'ai fait les revendications,
08:57mais j'ai fait une revendication
08:58pour un pays et pour un peuple.
09:00Je ne suis pas faite pour moi,
09:01exclusivement.
09:02Mais toujours, j'ai été canaques.
09:03Sauf qu'avant, je ne l'affirmais pas
09:04aussi nettement comme je l'affirme aujourd'hui.
09:07Avant, c'était difficile,
09:08il fallait se cacher.
09:10Le grand-père de Nandine Pidgeot,
09:12Roque Pidgeot,
09:14a participé à la création
09:15de l'Union calédonienne en 1953.
09:19Il fut le premier député canaques
09:20de Nouvelle-Calédonie.
09:23Il a siégé à l'Assemblée nationale
09:24de 1964 à 1986.
09:29Dans cette effervescence politique,
09:32va s'inscrire celui qui deviendra
09:34le leader mythique de la revendication canaque,
09:37Jean-Marie Djibaou.
09:39Il est originaire du village de Yengen,
09:41au nord de la Grande Terre.
09:42Jusqu'en 1946,
09:48pour les canaques,
09:49les seules écoles autorisées
09:51sont celles des missionnaires chrétiens.
09:54Et comme beaucoup de leaders indépendantistes,
09:56le jeune Djibaou
09:57poursuit ensuite sa scolarité au séminaire.
10:02Ordonné prêtre en 1965,
10:05mais effrayé par la déliquescence
10:06de la culture canaque,
10:08il renonce à la prêtrise
10:09et rejoint l'Union calédonienne
10:11en 1973.
10:12Et si vous ne faites pas connaître la racine,
10:19les enfants seront déracinés,
10:20c'est-à-dire sans racine.
10:22Et c'est grave.
10:23Parce que ça débouche sur quoi ?
10:25Ça débouche sur des jeunes
10:28qui sont des clochards.
10:29Et ça, c'est grave.
10:31Il faut que les jeunes soient
10:33comme les cocos qui, en tombant,
10:36restent au pied du cocotier
10:37et prennent racine.
10:39Et non pas comme le coco
10:40qui flotte dans le lagon
10:41et qui ne repoussera jamais.
10:42C'est pour retrouver
10:45et valoriser ses racines
10:46qu'il organise le festival
10:48Mélanésia 2000.
10:50Si nous voulons faire Mélanésia 2000,
10:54c'est pour que les gosses sachent
10:56qu'il y a une culture dans ce pays.
10:58Nous sommes des hommes
10:59ayant une culture
11:00et cette culture,
11:00il faut la montrer.
11:02Si on ne la montre pas,
11:04on pense qu'on n'existe pas.
11:08Dans les environs de Nouméa,
11:10va se tenir pendant 5 jours,
11:11en septembre 1975,
11:13un festival où se mélange
11:15la culture kanak traditionnelle
11:17et des parodies
11:18de l'attitude du colonisateur blanc.
11:20Après avoir débarqué
11:25dans la baie de Ditte de Mahamat,
11:27nos hommes se sont rendus
11:29maîtres du terrain,
11:30non sans avoir eu à affronter
11:31un fort parti d'indigènes.
11:33Ben, ils n'ont pas l'air
11:34tellement méchants
11:36pour des gars
11:37qui passent leur temps
11:38à se bouffer entre eux.
11:40Le moral des soldats
11:41reste excellent,
11:43malgré des conditions
11:44de vie particulièrement difficiles
11:45dans une terre inhospitalière.
11:47Mais attention !
11:48Les voilà qui reviennent !
11:50Mais qui répand !
11:53Oh !
11:53Ben, ils nous apportent
11:55des légumes !
11:57Ils nous apportent
11:58des fruits !
12:00Ah, tant de petites choses !
12:03Ce n'est là, hélas,
12:04qu'un signe de leur paganisme.
12:07Ils nous prennent pour des dieux
12:08ou des esprits
12:09et nous présentent des offrandes.
12:11Oh, ben, autant en profiter !
12:14Ça nous renseignera
12:15sur les possibilités.
12:17agricoles de la région !
12:19De la défense de la culture kanak,
12:25Jean-Marie Djibaou
12:26passe à la revendication politique.
12:29Au congrès de Bouraille
12:30en 1977,
12:32il devient vice-président
12:33de l'Union calédonienne
12:34dont il oriente le combat
12:36vers l'indépendance.
12:38La revendication est culturelle,
12:41mais il n'y a pas de culturelle
12:44qui n'est pas de résonance
12:47institutionnelle et donc politique.
12:51Sur la photo,
12:53on reconnaît les anciens,
12:54dont Roque Pidjo,
12:56et la nouvelle génération
12:57dont va s'entourer Jean-Marie Djibaou,
12:58Eloua Machoro et Yeouené Yeouené.
13:02Le peuple colonisé,
13:03c'est le peuple indigène.
13:05Et c'est celui-là
13:06qui a le droit, selon nous,
13:08de revendiquer,
13:08d'être reconnu
13:10comme ayant droit
13:14à accéder
13:15à l'autodétermination
13:17et à l'indépendance.
13:18Mais cette revendication
13:20d'indépendance,
13:21ça a remet en cause
13:23beaucoup de monde ici,
13:25en particulier
13:26les populations européennes
13:29qui sont installées ici
13:30depuis des années.
13:31Ils se sont sentis visés,
13:33se sont sentis menacés
13:34dans leurs intérêts.
13:36Et les Européens sont partis
13:38parce qu'ils n'ont pas voulu
13:41accepter cette revendication.
13:43La même année,
13:45en réaction,
13:46les caldoches se fédèrent
13:47autour de Jacques Lafleur,
13:49fils du sénateur centriste
13:50Henri Lafleur.
13:53Il crée le RPCR,
13:55le Rassemblement pour la Calédonie
13:56dans la République.
13:58Un rassemblement allié
13:59au parti gaulliste
14:00de la métropole.
14:13L'arrivée de la gauche au pouvoir
14:15en 1981
14:16va susciter un espoir
14:18pour les canaques
14:19et des tensions
14:20chez les caldoches.
14:23Persuadés que François Mitterrand
14:24va répondre à leurs revendications,
14:26les indépendantistes
14:27font monter la pression
14:28sur le terrain.
14:32À Nouméa,
14:34les manifestations des uns
14:35et des autres
14:36se croisent,
14:37multipliant les incidents
14:38entre les deux communautés.
14:46Ce n'est pas nous
14:47qui faisons du racisme,
14:49mais les indépendantistes.
14:51Le 20 septembre 1981,
15:01l'assassinat du secrétaire général
15:02de l'Union calédonienne
15:04marque le début
15:05d'une période de trouble
15:06qu'on va appeler
15:07les événements.
15:09Pierre de Clair
15:10était attablé à son bureau
15:11quand il a été abattu
15:12sans sommation
15:13par un coup de fusil
15:14tiré à bout portant.
15:15Il a été assassiné
15:16pour ses idées
15:16parce que c'était
15:17un combattant
15:18pour l'indépendance canale.
15:21Et Pierre,
15:22comme d'autres blancs,
15:23sont d'abord visés
15:24parce qu'ils sont considérés
15:26comme des traîtres blancs.
15:28Alors que Pierre
15:28se bat pour la justice.
15:30La justice n'a pas de couleur.
15:33L'agitation s'empare
15:35de la Nouvelle-Calédonie
15:36et incite le gouvernement socialiste
15:38à prendre des initiatives.
15:40Le secrétaire d'État
15:41à l'Outre-mer,
15:42Georges Lemoyne,
15:43élabore un statut
15:44d'autonomie interne
15:45évolutif
15:46adopté par l'Assemblée nationale
15:48le 31 juillet 1984.
15:52Mais les Canaques
15:53considèrent que le statut
15:54le moine
15:54ne va pas assez loin.
15:56Et en réaction,
15:57le 24 septembre 1984,
16:00tous les partis indépendantistes,
16:02des plus modérés
16:02comme l'Union calédonienne
16:04aux plus extrémistes,
16:05se regroupent
16:06au sein du FLNKS,
16:08Front National
16:08de Libération
16:09Canaques Socialistes.
16:12Le congrès
16:12que nous venons de faire,
16:14c'est un congrès
16:15qui organise
16:16la période de lutte
16:18qui doit nous emmener
16:19à l'indépendance.
16:21Notre objectif,
16:22c'est de faire en sorte
16:23qu'on ne parle plus
16:24du statut le moine.
16:26Ce que nous voulons,
16:27c'est le droit
16:28à notre détermination
16:29et son exercice
16:30par les Canaques seuls.
16:33S'il y a violence,
16:34ça sera une réaction
16:35à notre détermination.
16:40Boycottés par les indépendantistes,
16:42les élections territoriales
16:43ont lieu le 18 novembre 1984.
16:45Dans un geste théâtral,
16:49Éloi Machorot brise l'urne
16:50de la mairie de Canala.
16:54La commune de Thiau
16:55est dirigée par Roger Galliot,
16:57le seul maire
16:58non-indépendantiste
16:59de la côte Est.
17:01Éloi Machorot
17:02et ses combattants
17:03en bloquent les accès
17:04pendant 22 jours.
17:05Canaques est en train de naître.
17:17Le FNLKS crée
17:19un gouvernement provisoire
17:20le 1er décembre 1984.
17:24En tant que résident
17:26du gouvernement provisoire,
17:29je salue
17:29l'emblème national
17:32de Canaques
17:32et je déclare
17:36constituer
17:37le gouvernement provisoire
17:40de la République
17:42de Canaques.
17:44Que Canaques vive !
17:48La tension continue de monter
17:54jusqu'au 5 décembre 1984.
17:57Ici et là,
17:58le FNLKS installe ses barrages,
18:00aussitôt balayés
18:00par les véhicules
18:01de la gendarmerie,
18:02aussitôt remis en place
18:03par les indépendantistes.
18:09Le drame.
18:11Alors que Jean-Marie Kibaou
18:12avait accepté
18:13la levée
18:13de tous les barrages routiers
18:15qui paralysaient le territoire,
18:1710 hommes de Tiendanite
18:18sont sauvagement abattus
18:19dans une embuscade à Yengen.
18:22Deux des propres frères
18:23de Jean-Marie Kibaou
18:24se trouvent parmi les victimes.
18:26J'espère
18:28que la réconciliation
18:31viendra
18:32assez vite.
18:36Mais je pense
18:36que ce sera dur.
18:38Qu'avez-vous dans votre cœur
18:39ce matin,
18:40M. Kibaou ?
18:41J'essaie de ne pas avoir
18:43de haine.
18:45Malgré sa douleur,
18:46Jean-Marie Kibaou
18:47confirme la levée
18:48des barrages.
18:48À Nouméa,
18:53les extrémistes européens
18:54multiplient les attentats.
18:58Roger Galliot,
18:59l'un des chefs
19:00de file des loyalistes,
19:01va être touché
19:02par la vague de violence.
19:03Les insurgés
19:04s'en prennent directement
19:05à sa famille.
19:06Tout a commencé ici.
19:07M. Tual,
19:08le chef de famille,
19:09est alerté par son chien
19:10que quelque chose
19:11d'anormal se passe.
19:13Avec son fils
19:13de 17 ans, Yves,
19:15il va faire une ronde.
19:16On prend les fusils
19:17au passage.
19:18À 200 mètres
19:19du corps de ferme,
19:20les deux hommes
19:20aperçoivent plusieurs
19:21mélanésiens.
19:23Pour les intimider,
19:24ils lâchent deux coups
19:25de feu au-dessus
19:25des buissons.
19:26En retour,
19:27un coup de feu
19:27part de derrière
19:28les arbres
19:29et tu n'êtes
19:30if tu avec.
19:31Quand il y a eu
19:32l'amendement de mon neveu,
19:33c'est là que la base
19:34a débordé,
19:35que l'État a été mis
19:35devant ses responsabilités.
19:37Ça fait plus d'un mois
19:37et demi,
19:38nous sommes menacés
19:39que nous devons
19:40ramasser et ramasser
19:40des coups à chaque fois.
19:42Eh bien, maintenant,
19:42ça ne peut plus durer.
19:44Si les autorités
19:45refusent de faire leur travail,
19:46nous le disons
19:46officiellement
19:47et nous irons les chercher.
19:49C'est une réaction légitime.
19:51Vous irez avec des armes ?
19:52Nous n'irons pas
19:53avec des bouquets de fleurs.
19:55À la voiture !
19:55Des armes,
19:57il y en a beaucoup
19:58en Nouvelle-Calédonie.
20:00En Brousse,
20:01sur les vastes espaces
20:02de la Grande Terre,
20:04la chasse est un mode de vie.
20:06Depuis les premiers incidents,
20:08chaque camp
20:08s'est lourdement armé.
20:10Mais c'est le GIGN
20:11qui va faire parler la poudre.
20:14Le lendemain de la mort
20:15d'Yves Thual,
20:16un officier de cette troupe
20:17d'élite
20:18abat Eloua Machoro.
20:23Cette nouvelle
20:23de la mort d'Eloua Machoro,
20:25leader de la tendance dure
20:26du FLNKS,
20:27tombeur de Thillaud,
20:29provoque un mouvement
20:29de détente.
20:30On voit même
20:30des Nouméens
20:31manifester soudain
20:32des signes de sympathie
20:33envers les gardes mobiles
20:34dont les collègues
20:36sont venus à bout
20:36de la bête noire
20:37des anti-indépendantistes.
20:39C'était très dur.
20:40Je pense qu'on était...
20:41À l'époque,
20:42c'était...
20:42Oui...
20:44On était menacés.
20:46Les gens vivaient
20:47réellement dans la peur.
20:48Les gens se demandaient
20:49ce qu'ils allaient devenir
20:51dans des endroits
20:52où ils étaient isolés.
20:54donc c'était...
20:55Voilà.
20:56Ça allait...
20:57Jusque-là,
20:58il y avait de la peur,
20:59il y avait de la haine,
21:00il y avait de l'alliance.
21:03La situation continue
21:04de se dégrader.
21:06Aucune solution politique
21:07ne se dessine.
21:09Face à l'impasse,
21:10un groupe d'extrémistes
21:11du FLNKS
21:12décide de forcer le destin.
21:14Dans deux jours
21:21va se dérouler
21:21le premier tour
21:22de l'élection présidentielle
21:23qui voit s'affronter
21:25Jacques Chirac
21:25et François Mitterrand
21:27qui briguent
21:28un deuxième mandat
21:28de sept ans.
21:31Un groupe de militants
21:32canac du FLNKS
21:34attaque la gendarmerie
21:35de Fayahoué
21:36sur l'île d'Ouvéa.
21:37L'objectif est de l'occuper
21:43jusqu'au deuxième tour
21:44de l'élection présidentielle
21:45en prenant les gendarmes
21:47en otage
21:47et ainsi
21:49de faire pression
21:50sur le gouvernement français.
21:52L'opération tourne mal.
21:55Quatre gendarmes sont tués
21:56et trois canacs blessés.
22:02Une partie des gendarmes
22:04est libérée
22:04mais 16 d'entre eux
22:06sont conduits dans une grotte
22:07dans la tribu de Gossana
22:09au nord de l'île.
22:13Ouvéa devient alors
22:14une zone militaire
22:15interdite aux journalistes
22:16tandis que le gouvernement français
22:18envoie sur place
22:19des troupes d'élite
22:20dont le GIGN
22:21et le 11e choc.
22:26Les dirigeants du FLNKS
22:28lâchent alors
22:29les preneurs d'otages.
22:31Des tentatives
22:32de négociations échouent
22:33et juste avant
22:34le deuxième tour
22:35de la présidentielle
22:36du 8 mai 1988
22:38ordre est donné
22:39de lancer l'assaut.
22:42Il se soldera
22:44par la mort
22:44de 19 canacs
22:45et de deux gendarmes.
22:47Le 8 mai 1988
22:55François Mitterrand
22:56est réélu président
22:57de la République.
22:59Il nomme
22:59Michel Rocard
23:00premier ministre.
23:02Depuis six semaines
23:03pour la Nouvelle-Calédonie
23:05je n'ai pas eu
23:07d'autre préoccupation
23:09que de tenter
23:09de renouer
23:10les fils du dialogue.
23:12Sous la pression
23:13de Michel Rocard
23:14Jacques Lafleur
23:15et Jean-Marie Djibaou
23:16signent
23:17le 26 juin 1988
23:19les accords de Matignon
23:21et scelle ainsi
23:22le retour
23:22à la paix civile.
23:23Chacun a fait
23:35beaucoup de concessions
23:36mais on n'est pas
23:37à faire le décompte
23:38ce soir.
23:39Je crois que
23:39ce que l'on vit ce soir
23:41c'est
23:42un peu
23:44une dimension
23:47nouvelle
23:48pour notre pays
23:51que nous partageons
23:53nous ici
23:53mais
23:55que nous aimerions
23:56que ce soit partagé
23:58par notre compatriote.
23:59La situation
24:00était
24:02telle
24:03qu'il était
24:05nécessaire
24:06de provoquer
24:07ce dialogue
24:08et qu'il était
24:11souhaitable
24:12d'aboutir
24:14à une solution
24:16qui soit généreuse
24:18pour tous.
24:19A votre avis
24:21en l'an 2000
24:21la Nouvelle-Calédonie
24:22est indépendante ?
24:24Pour moi oui
24:24mais avec tout le monde.
24:26Et vous Jacques Lafleur ?
24:27Pour moi non
24:28mais avec tout le monde.
24:30Le 6 novembre 1988
24:32les français approuvent
24:34par référendum
24:35l'accord de Matignon.
24:40Mais
24:41en Nouvelle-Calédonie
24:42les leaders
24:44peinent à convaincre
24:45leurs militants.
24:45Il y a
24:4610 ans qui s'ouvrent
24:4710 ans de boulot
24:49on revendique
24:50d'être au moins
24:5250%
24:52dans la fonction publique
24:53et dans tout
24:54ce qui est para-public
24:56qu'on soit représenté.
24:58Aujourd'hui
24:58il va y avoir
24:59les provinces
25:00avec des crédits
25:02comme on n'a jamais eu
25:04le cagnon
25:04de gérer.
25:06Les militants
25:07indépendantistes
25:07du FLNKS
25:08ont du mal
25:09à accepter
25:10ce changement
25:10de stratégie.
25:12Jean-Marie Djibaou
25:13continue de parler
25:14d'indépendance
25:14mais il accepte
25:15le délai de 10 ans.
25:17Un corps électoral
25:18qui inclut
25:18les autres communautés
25:19et un pouvoir
25:20partagé entre
25:21Kaldosh et Kanak.
25:24Une minorité
25:25de militants
25:25du FLNKS
25:26refuse ces concessions.
25:28On enterrine
25:29les accords de Matignon
25:30mais on n'a aucune garantie
25:32pour l'indépendance.
25:34Quelques jours plus tard
25:35Djubeli Weah
25:36va traduire
25:37par un acte vengeur
25:38son refus
25:39de l'accord de Matignon.
25:40Le 4 mai 1989
25:43alors que le FLNKS
25:45honore la mémoire
25:46des morts
25:47de la grotte
25:47d'Ouwea
25:48Djubeli Weah
25:49abat Jean-Marie Djibaou
25:51et son bras droit
25:52Yewene Yewene.
25:55Jean-Marie Djibaou
25:56Yewene Yewene
25:58vous allez quitter
26:00Noumea
26:00pour votre
26:01dernier voyage.
26:05Nous sommes comptables
26:05que l'équilibre
26:06de paix
26:07et de réconciliation
26:07ne soit pas
26:10entamée
26:10et mise en cause
26:11par le geste insensé
26:13de quelques
26:14illuminés
26:14criminels.
26:17Et effectivement
26:19malgré l'assassinat
26:20du leader Kanak
26:21l'accord de Matignon
26:22se met en place
26:23avec comme première mesure
26:25la division du pays
26:26en trois provinces.
26:28La province sud
26:29dirigée par les
26:30non-indépendantistes
26:31la province nord
26:33et la province
26:33des îles Loyauté
26:34toutes deux
26:35dirigées par les
26:36indépendantistes.
26:37J'ai d'abord été
26:39le premier secrétaire
26:40général de la province
26:41sud qui venait
26:42d'être créé
26:43en 1989
26:44et qui était
26:44présidé par Jacques
26:46Lafleur.
26:47L'idée
26:47je trouve
26:49géniale
26:50presque
26:51du partage
26:52du pouvoir
26:52c'est de dire
26:53c'est aux provinces
26:54qu'on va donner
26:55le maximum
26:57de compétences
26:59d'attributions.
27:00Donc il va falloir
27:01créer une administration
27:03dans chacune
27:04des trois provinces
27:05et en plus
27:06conserver
27:07un bout
27:08d'administration
27:08territoriale.
27:10On peut se dire
27:11pour une collectivité
27:12d'aujourd'hui
27:13280 000 habitants
27:14avoir trois provinces
27:16ça fait beaucoup
27:17mais
27:18vous l'avez compris
27:20la création
27:22des provinces
27:23c'est ça
27:24qui a permis
27:26le rétablissement
27:27de la paix
27:28en partageant
27:29le pouvoir.
27:30A chaque province
27:34son exécutif
27:35ses services
27:37administratifs
27:37indépendants
27:38et ses domaines
27:39d'intervention.
27:49Pascal Naouna
27:51est un ancien président
27:52de l'Union calédonienne.
27:55Responsable
27:55coutumier
27:56de la tribu
27:56de Ouaté
27:57il dirige
27:58une entreprise
27:58de roulage
27:59sur mine.
28:00Son travail
28:03le conduit fréquemment
28:04sur les hauteurs
28:05du massif minier.
28:08L'importance
28:09des trois provinces
28:09c'était que
28:10surtout
28:11nos responsables
28:13nous l'ont expliqué
28:14à ce moment-là
28:15il faut que l'on
28:16puisse
28:17être
28:18les maîtres
28:19d'un territoire
28:20présider un territoire
28:22montrer notre capacité
28:24aux autres
28:25populations.
28:27Je me souviens
28:27que notre responsable
28:30qui était président
28:31de région
28:32à l'époque
28:32Jean-Marie Thibaut
28:33disait
28:34il faut qu'on démontre
28:36aux Calédoniens
28:38aux Caldos
28:39puisque c'est comme ça
28:40qu'on les appelle
28:41à l'époque
28:41qu'on est capable
28:42de faire
28:43et puis
28:44on va les inviter
28:45chez nous
28:45on va les faire venir
28:46pour qu'ils puissent
28:47prendre un verre
28:48avec nous
28:48et puis
28:49leur montrer
28:50que bon
28:50on est aussi
28:52capable d'ouverture
28:53d'esprit
28:54dans ce domaine
28:55Avec les accords
29:00de Matignon
29:01la restitution
29:02des terres
29:03au Canac
29:03s'accélère
29:04une agence
29:06d'aménagement foncier
29:07est chargée
29:07de les racheter
29:08aux propriétaires
29:09européens
29:09et de les rendre
29:11au Canac
29:11Roger Galliot
29:13porte un jugement
29:14sévère
29:15sur l'utilisation
29:15qu'ils en ont fait
29:16les propriétaires
29:18les exploitants
29:19sont partis
29:19ont tout laissé
29:20le cheptel
29:21le matériel
29:22les installations
29:22tout
29:23et puis
29:24bon ben
29:25rien n'a continué
29:26et puis
29:27toutes ces
29:27toutes ces exploitations
29:29là sont
29:30tombées en désuétude
29:31et c'est fini
29:32ça produit plus rien
29:33il y a de quoi
29:34faire l'élevage
29:35parce qu'il y a
29:35de l'air pour le bétail
29:37on pourrait
29:37élever des animaux
29:39et faire des tonnes
29:40de viande
29:40le Médanésien
29:42lui par tradition
29:43va faire des cultures
29:44de subsistance
29:45mais n'a jamais
29:47pratiqué
29:48ces cultures là
29:49ou l'élevage
29:49de façon industrielle
29:51pour pouvoir
29:52produire
29:53pour le territoire
29:54et tirer profit
29:55et vivre
29:56de ces produits là
29:57ça va venir
30:00mais il faut du temps
30:01le choix
30:02leur appartient
30:03mais il va venir
30:03le choix
30:04j'en suis convaincu
30:05ça va suivre
30:06il faut le temps
30:07c'est tout
30:07mais rendre les terres
30:13ne suffit pas
30:13les accords
30:15de Matignon
30:15prévoient une démarche
30:16très volontariste
30:17pour parvenir
30:18à un rééquilibrage
30:19économique
30:20entre les canaques
30:21et les caldoches
30:22alors qu'est-ce que ça veut dire
30:26le rééquilibrage
30:27ça part du constat
30:29que
30:30à la fois
30:31en termes
30:32d'infrastructures publiques
30:34d'écoles
30:35de collèges
30:36de dispensaires
30:38même de routes
30:39mais aussi
30:41en termes
30:42de formation
30:43professionnelle
30:44d'éducation
30:46d'accès
30:47aux responsabilités
30:48il y a
30:49de profondes
30:50inégalités
30:51à la fois
30:52territoriales
30:54entre d'une part
30:55le sud
30:56qui est favorisé
30:57et d'autre part
30:58le nord
30:58et les illoyautés
30:59et puis entre communautés
31:01pour favoriser
31:06l'accès
31:06aux responsabilités
31:07les accords
31:08prévoient
31:09un plan de formation
31:10pour 400 cadres
31:11essentiellement canaques
31:13mais c'est le nickel
31:15qui doit jouer
31:16le rôle principal
31:17dans le rééquilibrage
31:18économique
31:19alors la situation
31:21de déséquilibre
31:23au niveau
31:24pendant la période
31:26avant les accords
31:27de Matignon
31:28notamment sur les mines
31:30c'est surtout
31:31qu'on avait
31:31aucune entreprise
31:33qui travaillait
31:34dans le domaine minier
31:35c'était un domaine
31:36qui était réservé
31:37à des initiés
31:38et qui avait bien sûr
31:40les moyens
31:40pour le faire
31:41l'idée de base
31:42au départ
31:43c'est avec
31:44les ressources
31:45les revenus
31:46des mines
31:47développer
31:48les secteurs
31:49en mines
31:49à la suite
31:53des accords
31:53de Matignon
31:54Jacques Lafleur
31:55sous la pression
31:56de l'état
31:56vend sa société
31:58minière
31:58au canaque
31:59de la province
32:00nord
32:00pour qu'il s'initie
32:02au métier
32:02de la mine
32:03ah oui
32:07à l'époque
32:07on ne connaissait pas
32:09ce que c'était
32:09d'une mine
32:10ni
32:11donc
32:12l'entretien
32:14d'un engin
32:14les
32:15les principes
32:17de base
32:17d'une activité
32:18économique
32:19
32:20on n'y était pas
32:21du tout
32:22donc on n'y avait
32:22pas accès
32:23mais les canaques
32:24comprennent très vite
32:25qu'extraire le nickel
32:26et l'exporter
32:27ne suffit pas
32:28une fois qu'on est
32:32rentré dans la mine
32:33il nous faut faire
32:34un pas supplémentaire
32:35et le pas supplémentaire
32:36c'est la mise en place
32:38d'une usine
32:38pour pouvoir
32:39faire le premier process
32:42de transformation
32:43du minerai
32:43qui est là
32:44pour construire
32:46leur usine métallurgique
32:47en province nord
32:48les canaques
32:50s'associent
32:50à un industriel
32:51canadien
32:51Falcon Bridge
32:53ils s'émancipent
32:55ainsi du monopole
32:55de la SLN
32:56et entrent
32:57de plein pied
32:58dans la mondialisation
32:59et ils font
33:03de l'obtention
33:03d'un massif minier
33:04indispensable
33:06à l'approvisionnement
33:07de cette usine
33:07impréalable
33:08à toute nouvelle négociation
33:10les accords
33:16de Matignon
33:16de 1988
33:17prévoyaient
33:18la tenue
33:19d'un référendum
33:20d'autodétermination
33:21dix ans plus tard
33:22mais
33:23craignant
33:24que cette confrontation
33:25électorale
33:26relance l'agitation
33:27les responsables
33:29politiques
33:29décident
33:30d'en retarder
33:31l'échéance
33:31et le 5 mai
33:331998
33:34le RPCR
33:36le FLNKS
33:38et l'état français
33:39signent l'accord
33:40de Nouméa
33:41qui repousse
33:42le référendum
33:42de près de 20 ans
33:43avec ce nouvel accord
33:48les canaques
33:49de la province nord
33:50obtiennent
33:50le massif minier
33:51de Cognambo
33:52pour approvisionner
33:53l'usine
33:53qui sera inaugurée
33:5416 ans plus tard
33:55dans son préambule
34:02l'accord de Nouméa
34:04franchit un pas symbolique
34:05important
34:06sur la question
34:07de la colonisation
34:08le moment est venu
34:10de reconnaître
34:12les ombres
34:13de la période
34:13coloniale
34:15même si elle ne fut pas
34:16dépourvue
34:17de lumière
34:18Bernard de Ladrière
34:20en est l'un des signataires
34:22vous savez
34:24dans l'accord de Nouméa
34:25en fait
34:26il y a beaucoup
34:27de novation
34:28c'est quelque chose
34:30qui bouscule
34:32la tradition
34:33constitutionnelle
34:35et juridique
34:35française
34:36il y a quelque chose
34:37de fondamental
34:38qui est la création
34:40d'une citoyenneté
34:41calédonienne
34:42c'est à dire
34:43avec un corps
34:44électoral
34:45particulier
34:46il y a aussi
34:47quelque chose
34:48qui est très important
34:49c'est la création
34:50de lois du pays
34:51ça n'est pas
34:52qu'un mot
34:53c'est la première fois
34:54qu'une collectivité
34:55peut voter
34:56ses propres lois
34:57ce sont bien
34:58des textes
35:00qui
35:00en Nouvelle-Calédonie
35:02ont valeur
35:03de loi
35:03par souci
35:05de partager
35:06le pouvoir
35:06on crée
35:08un gouvernement
35:08où les principaux
35:09partis sont
35:10représentés
35:10dans la quasi
35:12totalité
35:13des pays
35:13dans le monde
35:14les gouvernements
35:15sont majoritaires
35:16ils représentent
35:17la majorité
35:19du parlement
35:19nous nous avons
35:20choisi
35:21un gouvernement
35:23collégial
35:23nous avons choisi
35:24la difficulté
35:25parce qu'il s'agissait
35:27de faire
35:28que la minorité
35:29indépendantiste
35:30soit associée
35:31à la conduite
35:32des affaires
35:33de la Nouvelle-Calédonie
35:34l'accord de Nouméa
35:36prévoit également
35:37que l'état
35:38transfère progressivement
35:39à la Nouvelle-Calédonie
35:40sans retour possible
35:41la plupart
35:42de ses prérogatives
35:43comme par exemple
35:45l'enseignement
35:46le droit civil
35:47le droit minier
35:49ou bien
35:49le commerce extérieur
35:50donc
35:53ces matières
35:54qui dépendaient
35:56de l'état
35:57qui faisaient
35:58l'objet
35:58de lois
36:00nationales
36:01ou de décisions
36:02du gouvernement
36:03parisien
36:04vont être
36:05dévolues
36:06confiées
36:08à la Nouvelle-Calédonie
36:10la défense
36:13de l'identité
36:14kanak
36:14fut une constante
36:16dans les négociations
36:17entre l'état français
36:18et le FLNKS
36:19l'idée
36:21c'est toujours
36:21celle de prendre
36:22en compte
36:22cette identité
36:24kanak
36:25qui fait partie
36:27intégrante
36:27de la personnalité
36:28propre
36:29de la Nouvelle-Calédonie
36:30les accords
36:32de Matignon
36:32prévoyaient
36:33l'édification
36:34d'un centre
36:34qui prit le nom
36:35de centre culturel
36:36Djibaou
36:37cet édifice
36:40le dernier
36:41des grands travaux
36:41du président
36:42François Mitterrand
36:43fut somptueusement
36:44réalisé
36:45par l'architecte
36:46Renzo Piano
36:47mais sa fréquentation
36:49n'est pas à la hauteur
36:50des ambitions
36:51de départ
36:51toujours dans cette volonté
36:55de reconnaître
36:55la culture kanak
36:56l'accord de Nouméa
36:58décida la création
36:59d'une nouvelle institution
37:00le Sénat Coutumier
37:02Pascal Siazé
37:07grand chef
37:08d'une des tribus
37:09de l'Ifou
37:09sur les îles Loyauté
37:10fut le président
37:12du Sénat Coutumier
37:13les canettes
37:17ils sont en train
37:18de parler
37:19de leur histoire
37:20de revendiquer
37:21leur histoire
37:22il y a une politique
37:23mémoriale
37:23qui est en train
37:24de se mettre en place
37:25et que le Sénat
37:27il est en train
37:28de faire émerger
37:28parce qu'on ne peut pas
37:30parler de destin commun
37:31sans parler
37:32de l'histoire
37:33aujourd'hui
37:34on est en train
37:35de faire émerger
37:36toutes ces histoires
37:37pour pouvoir
37:38je vais appeler
37:39un terme religieux
37:40pour guérir
37:42la mémoire
37:43parce que sinon
37:44on ne pourra jamais
37:45éclairer
37:46vivre
37:48construire
37:49un destin commun
37:49s'il n'y a pas
37:52la guérison
37:53de cette mémoire
37:53que des générations
37:55nous
37:55on est en train
37:57de transmettre
37:58et qu'il y a ça
37:59de sa vie
37:59l'histoire
38:03de la Nouvelle-Calédonie
38:04c'est aussi
38:05l'histoire
38:05de son droit
38:06en Nouvelle-Calédonie
38:08on a deux statuts
38:09le statut
38:10de droit commun
38:11et le statut
38:12de droit coup de chimie
38:13le droit commun
38:16c'est celui
38:16de la métropole
38:17le droit appliqué
38:18à tous ceux
38:19qui en Calédonie
38:19ne sont pas canaques
38:20mais en matière
38:22de mariage
38:22d'adoption
38:24de décès
38:25et succession
38:26c'est un droit
38:27spécifique
38:28dont dépendent
38:28les canaques
38:29le droit coutumier
38:30ça a été important
38:33parce que ça a été
38:33notre élément
38:34d'identification
38:35et de distinction
38:36donc c'est vrai
38:37que c'est le statut
38:37qui nous fait exister
38:39qui dit on est quelqu'un
38:40on est identifié
38:41on a une identité juridique
38:43on a un nom
38:44on a un clan
38:44depuis 30 ans
38:49les présidents français
38:51ont toujours manifesté
38:52leur soutien
38:52à la nouvelle Calédonie
38:53j'aime cette terre
38:56j'y viens pour écouter
38:58les calédoniennes
38:59et les calédoniens
39:00j'y viens aussi
39:02pour leur faire part
39:04de ma détermination
39:05à ce que l'état
39:07tienne sa place
39:08toute sa place
39:09dans l'application
39:10de l'accord de Nouméa
39:11et dans le développement
39:12économique et social
39:14de la nouvelle Calédonie
39:41le président Macron
39:42s'inscrit dans cette lignée
39:44en élargissant le soutien
39:46de la France
39:46à sa politique stratégique
39:48dans le Pacifique
39:49vous le voyez
39:50cet avenir que je vois
39:52que je veux porter
39:52avec vous
39:53c'est celui d'une stratégie
39:55indo-pacifique
39:56qui passe par la géopolitique
39:58par l'économie
39:58par la lutte
39:59contre le réchauffement climatique
40:00alors pour y parvenir
40:02il nous faudra
40:02le porter ensemble
40:04le gouvernement sera toujours
40:07aux côtés du gouvernement
40:09de Nouvelle Calédonie
40:10sur chacune de ses initiatives
40:12malgré ses propos
40:14de soutien appuyé
40:15de nombreuses questions
40:17cruciales
40:18pour l'avenir
40:18de la Nouvelle Calédonie
40:19continuent de se poser
40:21bon on est mieux lotis
40:28que d'autres pays
40:29du Pacifique
40:30et du monde entier
40:31on n'a pas à se plaindre
40:32ça l'état nous a
40:34nous a bien aidé
40:36les français
40:36et ils continuent
40:37de le faire
40:38mais ce n'est pas suffisant
40:39pas suffisant
40:41Thierry Lataste
40:42le haut commissaire
40:43de la République
40:43en Nouvelle Calédonie
40:44connaît bien le pays
40:46depuis près de 30 ans
40:47il rappelle quelques chiffres
40:49ici on dépense pour 250 000 habitants
40:52un milliard et demi
40:54et demi d'euros
40:55ce qui veut dire
40:56que pour la Nouvelle Calédonie
40:57assumait complètement
40:58sur ses ressources propres
41:00la dépense publique
41:01d'aujourd'hui
41:01ça voudrait dire
41:02doubler tous les impôts
41:03ce qui me semble
41:04hors de perspective
41:05en doute hypothèse
41:06donc on voit bien
41:08que ça fait pas mal
41:10d'argent public
41:10et ça fait pas mal
41:11d'argent public
41:12qui a pu créer des bulles
41:13effectivement
41:13quand on voit
41:14les niveaux de rémunération
41:17de l'ensemble
41:17des agents publics
41:18quand on voit
41:19les prix d'immobilier
41:20à Nouméa
41:21il y a sans doute
41:21eu une injection massive
41:23d'argent
41:23en provenance en particulier
41:25de métropole
41:26qui a pu nourrir
41:27la croissance calédonienne
41:30la création de richesses
41:38économiques
41:39se fait encore
41:41très très majoritairement
41:42dans le sud
41:44même s'il y a eu
41:45la création
41:46de l'usine du nord
41:48il y a en Nouvelle Calédonie
41:51un degré
41:52d'inégalité sociale
41:55qu'il faut encore réduire
41:56les deux tiers
42:10de la population calédonienne
42:12principalement
42:13des caldoches
42:14ou des expatriés
42:15de la métropole
42:16vivent dans le grand Nouméa
42:17des squatteurs canaques
42:19de plus en plus nombreux
42:20s'installent peu à peu
42:22dans la capitale
42:22comme une forme
42:24de réappropriation
42:25des terres spoliées
42:26dans le passé
42:27en 90 je suis arrivé ici
42:36ça fait 28 ans
42:37je suis là
42:37il n'y avait personne
42:38et je travaille
42:39sur le bateau de pêche
42:40comme c'est tout pris
42:40j'y vais là-bas
42:42je reviens
42:42c'est un champ
42:43à moi
42:43et puis j'ai construit
42:46ma maison
42:47ma cabane
42:48et depuis
42:49les gens
42:50ils commencent à arriver
42:51il n'y avait pas de route
42:51c'est des sentiers
42:52même mon bateau
42:56il est en bas
42:57après la route
42:58pour aller à la pêche
42:59c'est un malin
43:00et puis
43:03paris
43:04c'est un malin
43:05et puis
43:06manioc
43:06et puis
43:07tarot
43:08et puis
43:08tarot
43:09ici on est tranquille
43:14on n'a rien
43:15on n'a besoin de rien
43:16on est d'un côté de la mer
43:17voilà
43:18on vit de la pêche
43:19tout ça là
43:19voilà
43:20on est heureux
43:21Ici, on appelle une tribu, on n'appelle pas un squat.
43:24Il y a un chef coutumier qui s'occupe des coutumes.
43:26On monte à la tribu à chaque fois pendant les vacances.
43:29Et quand c'est l'école, on vient ici.
43:32Tous nos petits-enfants font l'école ici, sur l'omère.
43:35Il y a un bus qui passe ici pour les écoliers.
43:38Ils promenaient un peu ici.
43:40Il y avait personne.
43:42Il y avait Kaby, il y avait Christian.
43:45Il y avait peut-être une dizaine de cabanes.
43:48Et après, petit par petit, ça arrive, ça arrive.
43:51Ça commence à damer les Canaques, les Wallisiens, les Foutouniens.
43:55Mais le plus ici, c'est les Canaques.
43:58C'est les gens des îles, c'est les gens de la grande terre.
44:00Il n'y a pas de délacance ici.
44:02Les jeunes, ils nous écoutent.
44:03Quand on leur parle, ils écoutent.
44:05C'est pas comme dans les tribus.
44:07C'est dur.
44:08D'un côté, ils arrivent de trouver du boulot.
44:10Mais d'un côté, c'est dur.
44:12Ils ont des diplômes.
44:13Et après, quand ils viennent ici, ils attendent.
44:16Il y a des enfants, il y a des jeunes qui ont des diplômes.
44:18Ils vont faire la maçonnerie.
44:20Ils ne trouvent pas ça normal.
44:24Les anciens de la tribu de Pascal et Jean Naouna
44:27se désespèrent de l'attitude des jeunes Canaques.
44:30Il y en a beaucoup qui sont aujourd'hui à 25, 30 ans,
44:37qui sont encore chez les parents.
44:40Même qu'on parle d'eux sévèrement,
44:43mais ils sont là et ils sont heureux.
44:45Qu'est-ce que demander de plus ?
44:47Parce que paradoxalement, nous,
44:49au début des années 60,
44:51quand on a eu le boom nickel,
44:53puisqu'il y a eu des exploitations plus hautes qu'ici,
44:55notre génération, on a travaillé.
45:01Mais ceux-là, qui sont aujourd'hui avec des diplômes,
45:05ce n'est pas le boulot qui manque,
45:06mais ils sont ici.
45:08Alors que nous, à l'époque, on n'avait pas tout ça.
45:10On travaille tous comme à la pioche.
45:14Eux, ils ont des formations, ils ont des diplômes.
45:16Puis non, ce n'est pas pour autant
45:19qu'ils vont se débrouiller à aller chercher du travail.
45:20À Nouméa, autour des symboles édifiés
45:27à la gloire de la culture kanak,
45:29relégués sur un grand parking,
45:31les jeunes sont désœuvrés.
45:37Il y a une partie de la jeunesse,
45:40beaucoup kanak, mais pas seulement kanak,
45:43qui effectivement se trouve
45:46sans cadrage familial,
45:49coutumier
45:50et à la dérive
45:53sur le plan des comportements
45:55et notamment du rapport à l'alcool
45:57ou du rapport au stupéfiant,
45:59je pense en particulier au cannabis.
46:01Et pour se procurer cet alcool et ce cannabis,
46:03effectivement, il y a une délinquance
46:04qui est marquée,
46:05qui est une évolution des dernières années.
46:08La plus grande majorité,
46:09c'est des jeunes délinquants kanak,
46:10avec qui je me retrouve en garde à vue.
46:14Il y a une rupture,
46:16il y a une violence, ça c'est sûr.
46:17Tous les jeunes de ce pays n'ont pas de repères
46:19de leur histoire,
46:20c'est-à-dire qu'ils n'ont pas des éléments
46:21qui leur permettent de dire
46:24oui, on appartient à ce pays
46:26et oui, on vit dans ce pays
46:27et oui, on est des Calédoniens.
46:29Nous, on n'a pas été capables
46:31d'accompagner les jeunes
46:32dans cette transformation
46:36très rapide de la société.
46:39Ça fait 50, 70 ans,
46:41moins de 100 ans
46:42qu'on est en contact
46:44avec le monde européen.
46:46C'est très peu.
46:47Les jeunes, ils sont désemparés,
46:50des fois ils sont perdus
46:51parce que les familles
46:52sont incapables de les accompagner.
46:55La société qui est ici
46:58va à 100 à l'heure
47:00et voilà, il faut s'accrocher des fois.
47:02On est deux avocats canaques.
47:08Alors sur à peu près 125 avocats
47:11et les deux canaques
47:11ont prêté serment en 2017.
47:13Peut-être que ces métiers
47:17dans notre mentalité,
47:19dans notre conception,
47:21ce n'est pas pour nous.
47:23Alors que si, c'est pour nous.
47:24On fait un pays,
47:25on veut être indépendant,
47:26mais qu'est-ce qu'on prend ?
47:29Et peut-être qu'on n'a pas abouti
47:30notre réflexion.
47:32Il y a beaucoup de canaques diplômés.
47:34Mais alors, comment faire entrer
47:35ces canaques dans un système ?
47:37Comment intégrer le canaque ?
47:39Pas nécessairement dans les emplois
47:40dits protégés comme l'administration.
47:42Comment bouleverser la réflexion
47:45pour les booster vers l'économie,
47:48vers l'innovation,
47:49vers la technologie,
47:51vers l'environnement,
47:52vers tous ces grands domaines
47:53qui aujourd'hui sont les nôtres ?
47:55Paradoxalement,
47:56le rééquilibrage économique
47:58voulu par les accords de Nouméa
47:59s'est avéré problématique.
48:02La mine, elle a des avantages,
48:04mais elle a aussi des inconvénients.
48:06Elle a un impact social chez nous.
48:08Ceux qui accèdent à la mine
48:12accèdent à un moyen financier,
48:17qui est l'argent,
48:18et l'argent, quelque part,
48:19déséquilibre l'organisation sociale
48:22de la tribu,
48:23puisqu'on sort de l'organisation sociale
48:27de la tribu
48:27et on entre dans un domaine
48:29qui n'est pas maîtrisé par nous-mêmes.
48:33Puisque l'argent, c'est un pouvoir,
48:34c'est une capacité à faire autre chose.
48:37En dehors du clan,
48:38en dehors de la famille,
48:39l'argent, forcément,
48:41emmène des luttes de pouvoir
48:43qui sont internes,
48:45internes à notre monde, à nous.
48:46On a eu des responsables coutumiers
48:50qui se sont transformés
48:51en chefs d'entreprise,
48:53mais ça a eu un impact négatif
48:55au niveau de la société,
48:56puisque le raisonnement
48:59des deux sociétés
49:00ne sont pas les mêmes.
49:01L'économie étant,
49:03donc, l'argent apporte
49:04de la puissance économique,
49:07j'entends,
49:07mais déstabilise l'individu
49:11en tant que personne,
49:13chef, chef de clan,
49:15dans sa structure sociale.
49:17On a confondu les deux rôles
49:18en disant,
49:18on est chef coutumier,
49:20on va prendre l'argent de la mine
49:22pour développer la tribu,
49:24sans respecter les règles,
49:26on va dire,
49:28en vigueur
49:29dans le domaine de l'entrepreneuriat.
49:32Et là, on s'est aperçu
49:33qu'on s'est quand même planté
49:34à certaines reprises.
49:36Je pense qu'il y a beaucoup d'argent,
49:38je ne dirais pas,
49:40on peut dire gaspillé,
49:42mais je dirais plutôt mal utilisé.
49:45Il faut que nous,
49:49au niveau de la population,
49:51on arrive à maîtriser
49:52cette évolution,
49:54parce qu'elle est arrivée rapidement,
49:56il nous faut du temps
49:57pour maîtriser les deux.
50:01Désormais engagés
50:02dans la mondialisation,
50:04les kanaks abandonnent peu à peu
50:05leur mode de vie traditionnel.
50:07En semaine,
50:10il y a à peu près 30%
50:11de la population
50:14qui reste en tribu,
50:16où on trouve les plus jeunes
50:17et les plus anciens.
50:19Là aussi, la modernité
50:20a fait que les habitudes
50:22d'organisation qu'on avait avant
50:25disparaissaient.
50:26parce qu'il n'y a plus de réunions
50:30autour du pater,
50:32tout ça, c'est terminé.
50:34Mais comme moi, par exemple,
50:36ou Pascal,
50:37où on a participé
50:38depuis le début des années 80
50:40à toute cette démarche politique,
50:43déçu, oui,
50:44parce qu'on ne voit pas
50:45le résultat du travail.
50:47En plus, moi,
50:48qui ai passé 13 ans
50:49en tant que maire de la commune,
50:51c'est pas ça qu'on veut, quoi.
50:5450 ou 60 ans,
50:56ça a été trop rapide.
50:59Quel bilan peut-on tirer
51:00aujourd'hui
51:00de cette décolonisation pacifique
51:04que la France met en oeuvre
51:05depuis près de 30 ans ?
51:08Le destin commun,
51:09on n'y est pas encore.
51:11Je pense qu'il y a encore,
51:14peut-être,
51:15c'est difficile de dire,
51:16mais peut-être encore
51:17une génération nécessaire
51:19pour qu'au-delà
51:21de la reconnaissance
51:23de l'identité canaque,
51:26qu'on puisse déboucher
51:27sur la reconnaissance
51:29d'une identité commune
51:32de l'ensemble
51:33des Calédoniennes
51:35et des Calédoniens
51:36qui se sentent véritablement
51:39appartenir
51:41à la même collectivité.
51:43Le choc, il est violent
51:44parce qu'on passe quand même
51:44de l'âge de la pierre polie,
51:46du jour au lendemain,
51:47à l'Internet au débit.
51:49Du coup, ces sociétés
51:50ont besoin
51:50de s'adapter très rapidement.
51:53Maintenant, il faut
51:53avancer ensemble,
51:55il faut qu'on aille tous ensemble
51:56vers un destin commun
51:59qui est ancré dans la Calédonie
52:00depuis que l'homme
52:03pose son pied en Calédonie.
52:04pour moi.
52:04Sous-titrage Société Radio-Canada
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