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  • il y a 2 jours
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 8 décembre 2025, l'auteure, compositrice et interprète Joan Baez. Elle publie un recueil de poèmes, "Quand tu verras ma mère, invite-la à danser", aux éditions Points.

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Transcription
00:00Bonjour Johan Baez, quand on vous voit il nous est impossible d'accepter que vous ayez 84 printemps
00:04tant votre regard et votre sourire n'ont jamais sombré.
00:07Ce n'est pas faute de les avoir mis à contribution dans ce monde qui nous malmène, nous bouscule, nous émeut depuis les années 60.
00:13Mais aucune violence ou injustice n'a eu raison de vous et de votre engagement,
00:17que ce soit auprès de Martin Luther King à côté duquel vous avez marché et défendu d'ailleurs les idées
00:22aux côtés de Bob Dylan, Lennon ou Chris Christopherson
00:24ou lors de vos prises de parole contre la guerre du Vietnam au sein d'une Amérique en perdition
00:28même si incapable de le voir et de l'accepter, vous avez malgré l'adversité toujours continué de rêver.
00:33Vous avez dit d'ailleurs tu peux tuer le rêveur mais tu ne peux pas tuer le rêve.
00:37Vous publiez un recueil de poésie, Quand tu verras ma mère, invite-la à danser aux éditions points dans la collection Poésie.
00:44Il est sorti aux Etats-Unis depuis un an maintenant.
00:47Vous démarrez cet ouvrage avec un prologue intitulé La poésie et moi.
00:51Vous nous parlez de formules indisciplinées de pensée vagabonde.
00:54Qu'est-ce qui vous a donné envie justement de vivre cette vie de vagabonde ?
00:58C'est un livre que j'ai écrit il y a longtemps.
01:04Donc il y a plusieurs raisons qui sont liées aux époques de ma vie, aux étapes de ma vie.
01:10Et là c'était une période où je découvrais mon enfance en profondeur.
01:16C'est ça qui est sorti, qui est ressorti de là.
01:18C'est quelque chose qui m'a permis d'en arriver à la période où je suis aujourd'hui.
01:21Où les poèmes que j'écris maintenant sont beaucoup plus politiques.
01:25Mais à l'époque c'était très personnel.
01:29Et ça me plaît, j'aime le résultat.
01:30Votre mère est au centre de votre attention, semble-t-il, depuis votre plus tendre enfance.
01:34Elle est votre exemple, votre base ?
01:38Oui, ma mère c'était avant la révolution des femmes.
01:45Elle était déjà une femme puissante.
01:50Et pendant des années, j'ai compris que j'avais hérité de cette force.
01:55Et je ne me battais pas pour les droits des femmes.
01:59J'essayais simplement d'être un exemple, d'être forte.
02:02Et de partager cette force avec les autres femmes.
02:04Donald Trump, vous l'affrontez en poème, dans ce recueil.
02:09Vous parlez de ce verre en fait, qui a une partie de son cerveau qui a été absorbée par justement...
02:15Et qui n'a pas d'empathie de fait.
02:22La démocratie, elle est vraiment en danger là, pour vous, Johan Baez ?
02:26Honnêtement, la démocratie, c'est peut-être terminé.
02:32C'est peut-être la fin de la démocratie.
02:34Parce qu'ils sont tellement malins.
02:36Et la propagande est tellement puissante.
02:39Et j'ai dit ça toute ma vie.
02:41Et j'ai entendu des gens dire, je me souviens, pourquoi est-ce que personne n'a arrêté Hitler ?
02:47Et bien, voilà pourquoi.
02:48Parce qu'il y avait des gens qui le vénéraient.
02:50Il y avait des gens qui le suivaient.
02:53Les autres n'étaient pas assez puissants pour résister.
02:56Et la majorité des personnes ne faisaient simplement pas attention.
02:59Et puis, ceux qui comprenaient réellement ce qui se passait, ça devenait de plus en plus dangereux de dire quelque chose, de faire quelque chose.
03:05C'est exactement ce qui se passe aux Etats-Unis.
03:06Votre maître à penser, entre guillemets, parce que finalement, vous n'a jamais réellement indiqué quoi penser Johan Baez.
03:12C'est votre force d'ailleurs.
03:13C'est Martin Luther King.
03:15Ce révérend qui vous a appris que la peur était importante.
03:18Et que par moments, la confusion aussi pouvait l'être.
03:21Vous l'avez accompagné de nombreuses fois.
03:24Vous l'avez beaucoup observé.
03:26Il représentait ce qui, pour vous, nécessitait un engagement.
03:30Oui, ma première rencontre avec le Dr. King, c'était lors d'un rassemblement de lycéens.
03:44Ça avait lieu tous les ans.
03:46C'était pour parler de politique de non-violence, de changement politique, de transition politique.
03:49Et puis, il y avait toujours des invités chaque année.
03:54Et l'année où je suis venue à cette conférence, je devais avoir 15 ou 16 ans, l'invité, l'orateur, était Martin Luther King.
04:03Et j'ai été profondément bouleversée par ce que faisait cet homme.
04:11Et j'ai compris que ce qui se passait, les boycotts des bus dans le Mississippi, c'était vraiment en train de se faire.
04:21Je ne suis pas sûre de l'avoir recroisé, finalement, tant que ça.
04:26Autour de ce moment-là, il était encore très jeune, il avait 29 ans, mais c'est vraiment le souvenir que je garde.
04:30Ça a été la première personne que j'ai rencontrée qui faisait à grande échelle ce que, moi, je pensais vouloir faire.
04:38Ce qui a changé, finalement, dans tout ça, dans tout ce parcours, c'est cette notion de plaisir.
04:43Vous acceptez enfin de prendre du plaisir, John Byers, de vous...
04:50Oui.
04:54Je me souviens qu'il y a des années, je ne comprenais pas cette idée de m'amuser.
04:58Et j'avais une copine qui ne parlait que de ça, s'amusait.
05:02Et elle m'a dit, mais pourquoi est-ce que tu ne t'amuses pas ?
05:05Et je ne savais même pas de quoi elle parlait.
05:08Et puis, j'ai commencé à travailler dessus, à m'améliorer, à rire davantage et à m'amuser.
05:14Je me souviens qu'une fois, on parlait au téléphone.
05:17Et elle avait tellement l'habitude que je ne m'amuse pas.
05:20Elle a commencé à me faire des propositions.
05:24Et je lui ai dit, attends, mais tu ne m'écoutes pas.
05:27Je m'amuse, en fait.
05:29Oui, je ne suis peut-être pas amusée au début, mais je suis en train de le faire.
05:33C'est pour ça, d'ailleurs, que j'ai rejoint un cirque, pour danser, pour faire la folle, pour vraiment m'amuser.
05:37Quand on regarde les photos, il y a quelque chose qui saute aux yeux.
05:40C'est qu'à aucun moment, votre sourire ne s'est fané.
05:43Comment vous avez fait, malgré les abus, les abus sexuels, les difficultés, les guerres, vos combats, pour garder ce sourire ?
05:52C'est quoi le secret ?
05:58Je ne sais pas.
05:59Je ne sais pas.
06:00Je crois que c'est juste là, tout le temps.
06:07Mon état naturel, l'état naturel de mon visage, comme ma mère, c'est toujours une forme de sourire.
06:12C'est au moins une esquisse de sourire.
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