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  • il y a 2 jours
Chaque premier dimanche du mois, "La Provence" donne la parole à un avocat, pour qu’il raconte un procès qui l’a touché.

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00:00Elle s'assoit devant le juge d'instruction qui va lui poser des questions très très douloureuses
00:05puisqu'il devait l'interroger sur les viols qu'elle avait subis de ses 5 à ses 10 ans par son père.
00:17Sur le banc des accusés, il y avait monsieur tout le monde.
00:21C'était un père de famille, un homme d'une quarantaine d'années, un peu moins peut-être,
00:27qui était électricien.
00:28Et qui était accusé de viol sur mineur et de viol incestueux puisque c'était sa fille.
00:34Et moi, je représentais sa fille, en fait, une petite fille qui avait au moment du procès 15 ans,
00:42mais que j'ai accompagnée à compter de ses 10 ans.
00:46Ce qui m'a marquée dans ce procès, plus particulièrement, c'est la personnalité de celle que j'accompagnais.
00:51Quand on a fait les expertises psychologiques et psychiatriques,
00:57de cette jeune fille, les experts, et ils sont venus le dire à la cour d'assises,
01:03ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas calculer la corruption intellectuelle de la jeune fille
01:07parce qu'ils étaient trop haut.
01:09Et ça s'est été manifesté dans sa manière d'être, lors de l'instruction déjà,
01:14devant le juge d'instruction, puisque le jour où elle est appelée pour être entendue en qualité de victime,
01:20elle arrive avec un, alors c'était assez mignon, elle a donc, je crois, 12 ans,
01:27elle arrive habillée comme une toute petite fille et avec un petit bonnet en forme de chat, en peluche.
01:34Et elle s'assoit devant le juge d'instruction qui va lui poser des questions très, très douloureuses,
01:40puisqu'il devait l'interroger sur les viols qu'elle avait subis de ses 5 à ses 10 ans par son père.
01:46Et en fait, les réponses n'étaient pas du tout les réponses d'une enfant,
01:53mais c'était les réponses d'une personne qui avait la capacité de réfléchir les actes qu'elle avait subis
01:59et de les analyser à la lueur de l'auteur, à la lueur de celui qui allait se présenter devant le boxe devant nous.
02:05Quand c'est quelqu'un de cet âge-là qui pose ce qui pourrait être de l'ordre du diagnostic,
02:11c'est spectaculaire et c'était marquant parce que,
02:14quand il faut ensuite prendre la parole pour cette personne-là,
02:18il faut être vraiment à la hauteur,
02:20parce qu'il n'y a pas de sensiblerie possible,
02:28il n'y a pas de réflexion qu'elle n'a pas faite,
02:31et en même temps, il ne faut pas la déplacer de sa condition d'enfant,
02:34puisque si elle est très intelligente,
02:37elle avait une maturité qui était la maturité d'une enfant de 15 ans,
02:40et ça a révélé toute la complexité de ce qu'était notre métier en fait.
02:45Ça a changé fondamentalement les choses,
02:48mais vraiment parce que ça m'a donné une véritable exigence au service des victimes.
02:55Et avec elle, je me suis donné une exigence absolue à chaque fois.
02:58Voilà, ça a changé ça.
03:01Et puis elle, elle m'a changée,
03:05parce qu'elle avait une intelligence qui a tout bouleversé dans le procès,
03:10et qui m'a fait aussi sentir la nécessité de ce que les jurés comprennent tout.
03:15Sous-titrage Société Radio-Canada
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