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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00Un acteur français du champagne est avec nous sur CNews, Charles Duval, le roi, directeur général et propriétaire de la marque.
00:07C'est une marque gérée par la famille depuis 1859.
00:10Première question sur les taxes Trump concernant le champagne, ça vous touche déjà ?
00:15Ça nous touche ?
00:16Il faut savoir qu'une taxe, ça touche surtout le consommateur final.
00:20Donc là aux Etats-Unis, la taxe elle est de 15%, le dollar qui en baisse de 15% depuis le 1er janvier,
00:25pour eux ça va être un plus 30% et nous on sait qu'un prix augmente de 30%,
00:28c'est à peu près 30% de vente en moins.
00:30Ah oui, donc vous voulez dire que ça se traduit plus par des baisses de vente,
00:33mais pas par une baisse de recette, car c'est les Américains qui payent.
00:36C'est les Américains qui vont payer, moi aujourd'hui c'est parce qu'ils nous mettent des taxes
00:38que j'ai envie de leur vendre une bouteille, un euro de moins.
00:40On vend une bouteille, on a notre marge qui est la même dans tous les pays,
00:44on n'avait pas plus de marge parce que c'était les Etats-Unis.
00:47Mais il vaut mieux perdre des marges ou perdre des ventes ?
00:50C'est une équation, après on ne va pas travailler à perte,
00:53et donc aujourd'hui il vaut mieux réduire les ventes.
00:56C'est difficile d'être exploitant agricole aujourd'hui ?
01:00Exploitant agricole, le problème de l'agriculture en général,
01:04c'est qu'il y a une vision très française, un peu portée par le politique
01:07et les associations de l'agriculteur paysan.
01:11La réalité du métier, c'est que c'est beaucoup de petites exploitations,
01:14très peu viables, qui travaillent 60 heures par semaine,
01:17et qui sont isolées, donc on n'a pas un décalage entre la vraie vie
01:20et la vision agriculture.
01:22Cela vous aide, restez-vous propriétaire de vos terres, c'est ça ?
01:26Alors que souvent, les exploitants y vendent ?
01:28C'est le problème, c'est que déjà, il y avait toute une époque,
01:30ça va un peu mieux aujourd'hui, mais beaucoup de taxes sur les transmissions.
01:33Donc si vous voulez garder un hectare de terre, il faut en vendre un hectare.
01:36Donc il y a un vrai souci sur les démembrements possibles.
01:40Et après, chez nous, on a réussi à avoir cette solidité générationnelle.
01:45Oui, quand on a des grands domaines, ça va vite.
01:46On peut arriver à 100 millions d'euros, peut-être.
01:49La fameuse taxe Zuckmann, elle pourrait concerner des gens comme vous ?
01:52Elle pourrait.
01:53Alors, si on aurait parti sur l'ensemble des frères,
01:56nous, on ne sera pas touchés par cette taxe,
01:58mais c'est vrai que c'est assez stupide d'entendre
02:00qu'il faut emprunter ou qu'il faut vendre 2% de sa société
02:03pour pouvoir payer une taxe.
02:05Et vous dites, la transmission, si elle est taxée, ça casse tout ?
02:09C'est ce qui s'est passé dans toutes les maisons.
02:11Aujourd'hui, les maisons, si elles sont...
02:13La chance de Duval-Lauret, si on peut appeler ça une chance,
02:15c'est qu'il n'y a pas eu beaucoup d'enfants dans chaque génération.
02:16Donc, on a réussi à préserver.
02:18Mais tous les ans, pas tous les ans, mais toutes les générations,
02:21on doit payer l'ensemble des...
02:24Et vous êtes arrivé quand même à transmettre
02:27vos parents, vos arrières-grands-parents.
02:29Alors, il y a la question de la main-d'œuvre aussi.
02:30Je lisais une étude, pour le Médoc, dans le Bordelais,
02:34on est obligé d'importer de la main-d'œuvre roumaine
02:36ou du Maghreb.
02:38Est-ce que pour le champagne, c'est pareil ?
02:40C'est la même chose.
02:41Si on prend toute la filière, alors champagne,
02:42c'est à peu près 100 000, 120 000 personnes
02:44qui viennent travailler, faire des vendanges.
02:46Tous les vignobles en France, ça fait 400 000 personnes.
02:49Sur ces 400 000, il y a à peu près un tiers
02:50qui vient de l'étranger.
02:52Parce qu'on n'a pas la main-d'œuvre en France.
02:54Et pour moi, il n'y a pas qu'une problématique de...
02:58D'origine.
02:59D'origine.
03:00De se dire, tiens, il y a 3 millions de chômeurs en France,
03:02pourquoi ils ne vont pas faire les vendanges ?
03:03Il y a aussi la vraie volonté de vouloir travailler la terre.
03:07Ça a été perdu.
03:08Le lien avec la terre a été coupé.
03:09Donc aujourd'hui, il y a eu les Italiens,
03:11après il y a eu les Portugais, il y a eu les Maghrébins.
03:13Aujourd'hui, c'est les pays de l'Est.
03:14Mais demain, il n'y aura plus les pays de l'Est non plus.
03:17Il n'y a plus de jeunes qui viennent faire les vendanges.
03:18C'est très, très compliqué.
03:19Mais ce n'est pas un problème de salaire.
03:21Le salaire, il touche un SMIC.
03:22Ils sont logés, ils sont nourris, ils sont blanchis.
03:24Et c'est pénibilité du travail et volonté de travailler la terre.
03:27Oui, parce que le MEDEF dit
03:29qu'on devra importer de toute façon de la manœuvre étrangère.
03:31On n'a pas le choix.
03:33Que ce que vous en pensez ?
03:33C'est ouvrir les portes pour justement donner du travail ?
03:38Nous, il y a une vraie différence.
03:39On n'est pas comme dans la restauration ou dans le bâtiment.
03:41Ce ne sont pas des personnes qui viennent travailler et s'installer en France
03:44pour un an, deux ans, dix ans.
03:46Nous, c'est des gens qui viennent pour deux semaines, trois semaines,
03:48qui vont faire les cerises, qui vont faire les fraises,
03:49qui vont faire les asperges, qui vont faire le vin.
03:51Et après, ils repartent.
03:52Ce n'est pas du tout une problématique de main-d'œuvre pure essentielle.
03:56Après, oui, il y aura aussi une utilisation qui peut arriver.
03:59Alors, le champagne, ça reste un business en or.
04:02Il faut quand même bien le reconnaître.
04:04Est-ce que ça marche toujours aussi bien qu'avant,
04:06malgré la perte des marchés russes, un peu chinois, peut-être Israël ?
04:10Pourquoi pas ? L'Ukraine ?
04:12Il y a tellement de problèmes mondiaux aujourd'hui,
04:14plus les taxes américaines.
04:15C'est quand même mal parti.
04:17Le champagne va bien quand l'économie va bien.
04:19Le problème, c'est que les cycles économiques sont de plus en plus courts.
04:21Donc, le champagne est aussi très touché.
04:23Sortie de Covid, les prix ont fortement augmenté.
04:25Et il y a beaucoup de consommateurs qui sont sortis du marché.
04:27Et c'est vrai qu'aujourd'hui, avec des prix hauts, on perd beaucoup de clients.
04:32Mais le champagne va s'en sortir.
04:34Ça continuera d'être la boisson royale, si je puis dire.
04:38C'est une très belle boisson.
04:39On est des entreprises centenaires.
04:40Je pense que c'est le seul secteur qui, aujourd'hui, a autant d'entreprises centenaires.
04:42Ce n'est pas pour rien.
04:43On a un gros patrimoine.
04:44On est solide.
04:45On va continuer.
04:46Vous avez résisté à la séduction d'LVMH qui essaie de vous racheter ?
04:51Vous avez pu ?
04:52Déjà, on a pu parce qu'on est encore là.
04:54Du Val-le-Roi, on est une des dernières maisons 100% familiales et indépendantes.
04:58Il y a Roder et Du Val-le-Roi pour faire simple en Champagne.
05:01On n'a pas envie de vendre.
05:02Et donc, tout le monde le sait qu'on n'a pas envie de vendre.
05:04Donc, il faut transmettre aux enfants.
05:06C'est ça.
05:07C'est ce que vous ferez.
05:08C'est l'envie.
05:09Le climat, on en parle.
05:10Le réchauffement climatique, ça se voit déjà aujourd'hui dans les vignobles en Champagne ?
05:14On est très touché.
05:14Si on prend la Champagne en 60 ans, les vendanges commencent un jour plus tôt tous les ans.
05:19Les 60 ans.
05:20Donc, on a quasiment gagné 60 ans.
05:21Les grands-parents faisaient les vendanges fin octobre.
05:23Aujourd'hui, on fait les vendanges fin août.
05:25Après, aujourd'hui, la qualité des raisins n'a jamais été aussi belle.
05:28Et la filière s'organise et travaille très intelligemment sur des nouveaux cépages,
05:32des nouvelles façons de voir l'agriculture pour pouvoir avoir demain toujours du Champagne.
05:37Il faut savoir qu'on est comme une région où il n'y a aucune irrigation.
05:39On est sur un travail du sol qui est très, très propre.
05:42Mais le fait que souvent, il y a le gel, ce n'est pas bon pour les vignobles ?
05:46On travaille.
05:46On travaille aujourd'hui.
05:47Les vignes en Champagne sont assez basses.
05:48Et là, on commence à réfléchir pour avoir des vignes qui sont plus hautes,
05:51qui vont être plus résistantes au gel, avec des cépages qui sont plus résistants au gel.
05:54Toujours sans faire aucun travail de chaufferette.
05:58D'accord, oui.
05:59Ce n'est pas comme pour les abricots.
06:00Non, on essaye d'être le plus propre possible.
06:03Juste une dernière question.
06:04Si on devait évaluer l'impact des taxes Trump,
06:07vous l'avez déjà chiffré dans vos comptes pour 2026 ?
06:10Alors, dans nos comptes, on va parler en volume.
06:12Sur 2026, les États-Unis, c'est 10% du marché.
06:15Si on perd, ça va faire quelques pourcents.
06:17Ça va être un 3-5%.
06:18Donc, ce n'est pas dramatique.
06:20Ça passe encore ?
06:21Normalement.
06:22Il va falloir le rester du monde.
06:23Merci Charles Duval, le roi, propriétaire de la marque de Champagne Duval-du-Roi.
06:27Merci d'être venu sur CNews.
06:29Restez avec nous.
06:29Sous-titrage Société Radio-Canada
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