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  • il y a 1 semaine
Dans son édito du 07/12/2025, Jules Torres revient sur la publication à venir du livre de Nicolas Sarkozy, «Le journal d'un prisonnier», après son incarcération.

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Transcription
00:00Mais bien le livre que Nicolas Sarkozy publiera mercredi d'abord n'a rien d'un ouvrage politique ordinaire.
00:05C'est un texte rédigé derrière les barreaux sous le numéro d'écrou 320 535 avec un simple stylobique
00:12sur une table en contreplaqué dans une cellule sans fenêtre.
00:16Journal d'un prisonnier qui paraît donc aux éditions Fayard.
00:19Et le premier livre qu'un ancien président français écrit depuis une cellule.
00:23Cette seule réalité suffit à lui donner une portée singulière et presque historique.
00:27Le manuscrit s'est construit au rythme des jours, presque au rythme des murs.
00:32Chaque jour Nicolas Sarkozy écrivait à la main, faute d'ordinateur, il n'avait pas le droit.
00:36Chaque soir ses avocats emportaient les feuillets, mis ensuite au propre.
00:39Et dans ses pages, il revendique l'écriture comme un réflexe vital, je cite,
00:43« la voie naturelle de la confession » dit-il.
00:46Ce n'est ni un mémorial ni donc un retour politique, mais c'est un texte d'urgence,
00:50né donc dans la solitude et après le choc.
00:52Ce livre c'est d'abord un récit intime, celui d'un homme réduit à l'essentiel
00:56qui n'a plus dans sa cellule que ses pensées pour compagnie.
00:59Mais c'est aussi une réponse judiciaire.
01:01Nicolas Sarkozy y démonte méthodiquement les ressorts de sa condamnation,
01:05le faux document de Mediapart, l'absence de preuves matérielles,
01:08dix années d'enquête sans la moindre trace d'un financement occulte de sa campagne de 2007.
01:13L'écriture n'est donc pas seulement un refuge pour Nicolas Sarkozy,
01:16elle devient une arme, une manière de tenir debout et de contre-attaquer.
01:20J'imagine aussi que Nicolas Sarkozy fait le récit de son quotidien,
01:24un quotidien très particulier dans sa cellule.
01:25Oui, il décrit sa vie carcérale sans pathos, mais avec une précision presque clinique,
01:3123 heures par jour enfermées dans sa cellule,
01:34une alimentation stricte, réduite aux strictes nécessaires,
01:38l'étage, eau minérale, barre de céréales.
01:40Par moment, il y a aussi le silence oppressant qui est décrit par Nicolas Sarkozy,
01:44mais le plus souvent, c'est quand même le barouf des détenus,
01:46le cliquetis métallique des portes, les voix étouffées qui résonnent dans les couloirs
01:50et surtout, cette absence totale d'horizon qui vous fait face.
01:54Il raconte la scène de son départ, le 21 octobre, en quelques heures.
01:58Un ancien président bascule des salons parisiens à une cellule de 12 mètres carrés sans ouverture.
02:03Le choc est frontal.
02:05À la prison de la santé, il n'est plus qu'un détenu parmi d'autres,
02:08soumis au même protocole, au même geste, aux mêmes humiliations.
02:11Le vide autour de lui est absolu.
02:13Il n'y a plus d'équipe, plus d'agenda, plus de rôle, plus qu'un lit, une table et un numéro de matricule.
02:20Puis surgit Saint-Exupéry.
02:21Nicolas Sarkozy raconte qu'il a lu pendant sa détention l'être à un otage
02:26et une frappe l'a beaucoup marqué.
02:28L'homme est gouverné par l'esprit.
02:30Elle devient alors son mantra.
02:31La cellule se change donc en désert, non pas par un silence de sable,
02:35car la santé ignore le silence, il y a du bruit tout le temps,
02:38mais par un espace intérieur où on apprend à tenir debout.
02:42Ce désert-là ne donne rien, mais il force à regarder en soi.
02:46Et Nicolas Sarkozy, il découvre une disponibilité d'esprit
02:49qu'il n'avait peut-être plus connue depuis longtemps.
02:51Mais ce livre, Jules, ce n'est pas seulement un récit de détention.
02:54Oui, Journal d'un prisonnier n'est pas seulement le récit de trois semaines à la santé.
02:58C'est un acte de combat, d'où l'urgence.
03:00Le manuscrit s'est écrit jour après jour.
03:03D'un seul jet, à sa libération un lundi, Nicolas Sarkozy l'a repris,
03:07a allégé certaines formules, retiré quelques portraits politiques trop acérés.
03:11Et un dimanche, évidemment qu'à 19h, il estime que le texte est achevé.
03:15Il le fait relire par sa femme, par ses avocats,
03:18et il l'envoie aussitôt aux éditions Fayard.
03:21Publication immédiate.
03:22Il faut, vous savez, tracer une ligne dans le sable avant qu'elle ne s'efface,
03:26car ce livre, on l'a dit, ne raconte pas seulement l'enfermement.
03:30Il en conteste les raisons.
03:31Nicolas Sarkozy dit son incompréhension devant ce qu'il considère toujours comme une injustice.
03:36Et à l'approche de son procès en appel, il refuse de se taire,
03:40refuse la posture attendue, vous savez, du repentant ou du discret.
03:43Il revendique l'inverse, il assume, il explique et il se défend.
03:47D'où la phrase la plus politique du livre, je cite,
03:50« Tant que je disposerai d'un souffle de vie, je me battrai pour que la vérité triomphe. »
03:55Le récit s'achève sur un passage à Lourdes,
03:57quelques jours après sa remise en liberté.
04:00Une parenthèse presque mystique, loin du tumulte politico-juridico-médiatique.
04:04Nicolas Sarkozy n'y cherche pas l'absolution, évidemment,
04:07mais un retour à soi, voilà, journal d'un prisonnier,
04:10devient alors moins un plaidoyer qu'un basculement,
04:12celui d'un homme qui a tout connu du pouvoir
04:15et qui découvre soudain la vie dans sa forme la plus nue.
04:18Un homme qui n'écrit plus pour convaincre, mais pour tenir debout
04:21et qui comprend que procès ou non, on peut tout lui retirer,
04:24sauf la liberté de dire sa propre histoire.
04:26Sous-titrage Société Radio-Canada
04:32Merci.
04:33Merci.
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