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  • il y a 13 heures
Journaliste reconnu pour ses enquêtes sur les violences contemporaines, Laurent Obertone revient avec "De boue et de sang" aux Editions Magnus, où son goût pour l’histoire s’exprime avec une intensité renouvelée. Dans ce récit de chaos et de violence, il plonge le lecteur au cœur de la guerre de Cent Ans, époque sombre où la vérité de l’homme se révèle face au réel. Pour incarner cette humanité confrontée au tragique, il crée Jehan, héros imaginaire évoluant à la croisée des chemins : entre survie et vaillance, entre les ombres de la guerre et la lumière des cathédrales. Jehan se définit comme "l’exécuteur de l’ordre des choses", reflet de la brutalité du monde médiéval et de la clairvoyance tragique du personnage. Sur sa route surgissent des figures historiques éclatantes comme La Hire et Jeanne d’Arc, sainte et héroïne de la patrie, symbole de courage et de patriotisme. La notion essentielle de ce roman foisonnant prolonge chez Obertone une vision virile et presque sacrificielle de l’homme, où dignité, liberté et grandeur se construisent par l’épreuve, le sang et la boue. Les batailles, les trahisons et les sacrifices rappellent que la noblesse ne s’hérite pas mais se conquiert par le courage et la fidélité. L’intensité tragique et héroïque qui traverse tout l’ouvrage est en fait sa puissance et son originalité. Du grand Obertone !

Catégorie

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Éducation
Transcription
00:00Chers amis, leur projet, faire disparaître les médias indépendants avant 2027.
00:13Aujourd'hui, Emmanuel Macron propose de labelliser les bons médias.
00:18Et derrière ce mot se cache un plan scandaleux.
00:20Décider de ce qui est fiable et de ce qui ne l'est pas.
00:23Créer une censure globale.
00:25Total.
00:25C'est une attaque violente contre le pluralisme.
00:28Regarder TV Liberté, suppression de nos comptes bancaires, perte massive de dons qui est le nerf de la guerre.
00:34On essaie encore de nous étouffer financièrement parce que nous gênons.
00:39Et l'avenir dira si des services de l'État, normalement dédiés à la sécurité, ont pu intervenir pour tenter de tuer notre chaîne.
00:48Voilà la méthode contre TVL.
00:49Frapper au porte-monnaie et ainsi faire taire ceux qui ne se plient pas.
00:54Si l'on nous attaque, c'est que nous avons de l'audience et de l'influence.
00:57Chaque don, chaque soutien devient alors une victoire contre ceux qui veulent nous réduire au silence.
01:03Aujourd'hui, le combat est clair.
01:05Défendre TV Liberté, c'est défendre la liberté des médias alternatifs.
01:09C'est défendre notre droit à une information non soumise, à un label du pouvoir macroniste et des réseaux de l'ultra-gauche.
01:17Nous ne plierons pas.
01:18On ne se tait pas.
01:19On ne se vend pas.
01:20On résiste.
01:21Avec vous.
01:22On connaît le journaliste, on connaît le spécialiste des violences.
01:41Laurent Oberton a été formé par l'Histoire et il le prouve dans un nouvel ouvrage fait de fureur et de bruit,
01:47De boue et de sang, aux éditions Magnus.
01:50C'est en bande sur le site tvl.fr.
01:52Bonjour Laurent Oberton.
01:53Bonjour.
01:54De boue et de sang, vous plongez le lecteur au cœur de la guerre de cent ans,
01:57une période de chaos, de violence, d'anarchie.
02:00Qu'est-ce qui vous a attiré dans cette époque particulièrement sombre et complexe ?
02:05Toute l'histoire de France m'attire, mais celle-ci, je trouvais, avait vraiment plusieurs particularités saillantes
02:12que je voulais remettre au goût du jour.
02:15J'avais écrit dans mon livre précédent, Guerre, que pour moi, la droite au sens large s'y entendait,
02:22était très douée pour critiquer l'offre culturelle dominante,
02:26mais qu'elle manquait un petit peu d'ambition alternative.
02:31C'est-à-dire, oui, nos enfants consomment des choses regrettables, etc.
02:36Mais que, qu'a-t-on à apporter en échange ?
02:40C'est vraiment une question qui est toujours d'actualité, à mon avis.
02:44Donc, j'ai voulu apporter ma pierre en me basant sur cette période,
02:49en me disant qu'il n'y a pas de raison de laisser le monopole de Jeanne d'Arc à Luc Besson, par exemple.
02:54Cette histoire, on met un trésor sous les pieds, il ne tient qu'à nous de lui donner un peu de lustre.
03:00Et c'est ce que j'ai voulu faire.
03:02Et pour moi, cette époque a vraiment beaucoup à nous apprendre, d'un point de vue notamment des mentalités.
03:07Par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui, par rapport à ce qu'ils ont vécu,
03:11on a souvent tendance, je pense, à baisser pavillons facilement,
03:16en se disant tout est foutu, etc.
03:17On n'y arrivera pas, le renoncement et l'abattement.
03:21Alors que les conditions qui étaient les leurs, celles de nos ancêtres,
03:24en pleine guerre de Cent Ans, on avait la guerre civile, on avait la peste,
03:27on avait les Anglais, on avait tout ce qui allait bien.
03:29Et pourtant, eux ne baissaient pas les bras et s'en sont sortis.
03:32Donc j'ai voulu nous remettre dans l'état d'esprit de cette époque.
03:37On va en parler tout de suite.
03:38Nous sommes en 1413.
03:40Votre héros imaginaire qui donne lieu, qui donne le titre du livre,
03:43qui donne au livre son aspect de roman, s'appelle Jehan, fils du paysan Astel.
03:48Je vous lis.
03:49Moi, enfant de la rage, enfant de la guerre, d'un père ayant perdu ses terres et en même temps que sa raison,
03:54pour autant que je m'en souvienne, j'ai eu envie de tuer avant de savoir parler.
03:59C'est un personnage qui est un passif, mais il est dans la norme de son époque.
04:08C'est-à-dire que c'est une époque où la mort est partout.
04:11La mort est omniprésente.
04:13Un enfant sur deux n'atteint pas l'âge de 10 ans.
04:15Et ça, ce n'est pas spécialement le contexte de la guerre ou de la maladie.
04:19C'est comme ça.
04:19Une infection à cette époque-là, une dent mal soignée, c'était l'infection et c'était la mort
04:25parce qu'on ne connaissait pas la pénicilline à l'époque.
04:29Et quand on a la mort qui est comme ça partout autour de nous,
04:31quand on n'a pas l'État pour nous rassurer, on n'a pas ce maître tout puissant.
04:36Si, il y en a un qui est encore plus puissant.
04:38On s'en remet à lui et on fait face.
04:41Il n'y a rien à manger, il faut manger.
04:42Quand vous ne savez pas si vous allez survivre à la journée, ça rend humble.
04:46On se pose moins de questions, on a les deux pieds dans le réel.
04:49Et on fait face.
04:50Et c'est vraiment, ce personnage est assez caractéristique.
04:53C'est que oui, à cette époque, la violence était partout, elle faisait partie de la vie.
04:58Et un homme était tenu de défendre lui-même, sa réputation, ses intérêts.
05:03Et voilà, donc il est à l'image de son époque.
05:06Il évolue d'ailleurs entre des chemins qui sont entre l'ombre des guerres,
05:10entre la lumière des cathédrales aussi, qui sont très présentes dans l'ouvrage,
05:13entre la survie, la vaillance.
05:15Et comment vous avez forgé ce personnage qui est témoin et exécutant,
05:19aussi, de ce que vous appelez l'ordre brutal du monde ?
05:22– Lui, c'est celui qui va être un petit peu sous le, comment dire ça, dans les coulisses.
05:29Parce qu'il est celui que les chroniqueurs ne vont pas retenir.
05:33Ce n'est pas une illustre famille.
05:36Il ne va pas éblouir le monde comme Jeanne d'Arc l'a fait, mais il va être là, il va participer à ça.
05:42Et sans des hommes tels que lui, Jeanne d'Arc n'aurait pas pu trouver l'écho qu'elle a rencontré,
05:50n'aurait pas pu faire ce qu'elle a fait parce qu'il y avait la ferveur, la détermination de ces hommes derrière elle.
05:57Donc c'est ça que, pour moi, ce personnage, c'est ça.
05:59C'est que c'est l'inconnu, c'est celui qui ne, si on l'interroge, il ne saura pas dire pourquoi il est là,
06:05pourquoi il fait ce qu'il fait.
06:06Il le fait parce que c'est comme ça, au Moyen-Âge, on était, c'était des faiseurs,
06:10ce n'était pas des parleurs.
06:12Ils agissaient, ils pensent assez peu, ils parlent assez peu, mais ils démontrent, il est vivant.
06:20Et c'est aussi une caractéristique de cette époque.
06:22Un exécuteur de l'ordre des choses, c'est le terme que vous utilisez, c'est cela ?
06:25C'est ça. Je pense qu'il accomplit sa mission dans l'adversité, il essaie d'être à la hauteur.
06:34Et tous les autres, la plupart des autres personnages en font autant.
06:37Encore une fois, le renoncement, il n'est pas possible à cette époque-là.
06:42Si vous renoncez, si vous avez un jour d'absence, c'est déjà trop.
06:46C'est un combat permanent au-delà de la survie, même pour la réputation, pour le clan, pour sa maison,
06:52pour défendre la vie.
06:56Donc, il incarne ça parmi beaucoup d'autres.
07:00Lui s'illustre un peu plus, mais pas suffisamment pour devenir un personnage historique.
07:06Donc, je rends hommage avec ce livre à tous ceux qui étaient là
07:09et qui n'ont pas laissé leur empreinte visible dans l'histoire.
07:16Mais sans eux, nous ne serions pas là.
07:17Il fait partie des personnages éblouissants qui traversent l'ouvrage, bien évidemment.
07:21Il y a des personnages qui ont existé, comme Lahir, comme Jeanne d'Arc, bien évidemment.
07:25On va reparler de chacun d'entre eux.
07:27Est-ce qu'à chaque fois, c'est l'idée pour vous que la noblesse n'est essentiellement que de la vaillance ?
07:35Ah oui. Plusieurs personnages, d'ailleurs, ont cette réflexion de dire
07:39« On peut naître haut, c'est très bien, mais l'important est surtout de vivre haut. »
07:45Et pour le coup, on peut même naître bas et vivre haut.
07:47Et ce héros le montre à sa manière.
07:50Il est d'une condition extrêmement modeste.
07:52Mais à cette époque, la crise a toujours été une opportunité pour les hommes.
07:57Et c'était une période extrêmement troublée, de crise majeure.
08:01Et beaucoup d'individus issus de la très petite noblesse, comme Lahir par exemple,
08:06ou même pas issus de la noblesse du tout, comme mon héros,
08:09ont pu s'illustrer et ont pu faire valoir leur abnégation, leur force, leur état d'esprit.
08:16Et ont pu briller dans une époque telle que celle-là.
08:18C'est ce que je rappelle aussi à nos contemporains.
08:22Il faut voir la crise non comme notre tragique fin,
08:28mais comme une opportunité justement de s'illustrer.
08:30– Non, la noblesse et la vaillance aussi quand même.
08:32La vaillance à Azincourt, la noblesse française, qui meurt, mais qui se bat.
08:37Vous êtes un regard peut-être plus mitigé sur le roi lui-même,
08:41ou les rois qui se succèdent.
08:42– À cette époque, ce qui est spectaculaire, c'est qu'on ne peut pas dire
08:44que les clercs étaient des traîtres, ou que les nobles étaient des voyers, etc.
08:49Au contraire, il tenait absolument à montrer l'exemple.
08:52Et Azincourt, c'est aussi pour ça que c'est une défaite française,
08:54parce que chacun veut être en première ligne.
08:57On ne pouvait pas être noble et concevoir les choses autrement.
09:00On était élevé pour ça, fait pour ça.
09:02On devait prouver sa vaillance, on devait défendre ses gens,
09:06sinon l'honneur était la vertu absolument cardinale.
09:11C'est un petit peu disparu du paysage, et c'est dommage.
09:14Parce que quand on pensait que notre réputation, notre honneur
09:18dépendait vraiment de nos actes tout le temps,
09:21pas seulement pendant une heure sur les réseaux sociaux,
09:24on se comportait beaucoup plus dignement,
09:26beaucoup plus profondément, avec beaucoup plus de conséquences.
09:31Et pour moi, beaucoup de ces personnages,
09:34qu'on a critiqués par la suite, en disant qu'ils exploitaient les petits, etc.,
09:38ce n'est pas vrai du tout, la légende noire du Moyen-Âge est vraiment tragique à ce niveau-là.
09:43Effectivement, le roi n'est pas, lui, au-dessus de tout reproche.
09:48Et à l'époque, il n'est pas du tout ce monarque absolu qui piétinait tout le monde.
09:53Il était un grand parmi beaucoup d'autres,
09:56et sa force dépendait des chevaliers, par exemple,
09:59qui était un ordre qui n'était pas soumis si facilement,
10:03c'était un ordre très craint et très puissant.
10:05Donc, les contre-pouvoirs existaient à cette époque.
10:08C'est aussi ce qui était intéressant, comparativement à notre période.
10:13Chacun pouvait avoir, sur sa vie, une incidence réelle, bien plus importante.
10:20Alors, sur cette trajectoire de Jean-Jean,
10:22défilent des personnages, je l'ai dit, absolument passionnants,
10:26ceux de la guerre de Cent Ans.
10:27Il y a Étienne de Vignoles, dit Laïr, compagnon de Jeanne d'Arc,
10:30et puis, bien évidemment, Jeanne, sainte héroïne de la patrie.
10:33Est-elle, pour vous, d'ailleurs, le symbole du courage,
10:38et aussi d'un terme qui, à l'époque, ne veut pas dire grand-chose,
10:42mais qui, aujourd'hui, a une compréhension très forte, patriotisme ?
10:47– Ah oui, Jeanne d'Arc, c'est même un peu plus que cela,
10:49parce que c'était tellement…
10:52Elle s'est littéralement sacrifiée pour la terre de ses pères,
10:55la patrie, et pour l'avenir.
10:58C'est-à-dire, je parle souvent de transmission.
11:02Jeanne d'Arc n'a pas transmis son patrimoine génétique.
11:05Elle a suivi l'exemple christique,
11:07qui était vraiment de donner sa personne,
11:09de faire don de sa vaillance, de sa force mentale.
11:14Et elle a réussi.
11:16Les historiens, même les plus prudents,
11:18admettent quand même qu'elle a eu un rôle tout à fait majeur,
11:21pas forcément d'ordre directement militaire.
11:24Elle n'a pas donné un seul coup d'épée,
11:25mais parce qu'elle a incarné la volonté française
11:30de remporter cette guerre qui était épouvantable.
11:35Sans cet élan qu'elle a donné à beaucoup d'hommes de guerre,
11:39l'issue des choses aurait probablement été différente.
11:43Donc, elle a incarné ce miracle.
11:45Et il faut bien se rendre compte qu'une jeune fille de 17 ans,
11:48qui n'est issue de pas grand-chose,
11:50d'un point de vue de sa famille, de ses origines,
11:55et qui parvient à subjuguer des hommes de guerre,
11:59tels que Lahir, justement,
12:00qui, eux, avaient une expérience du combat.
12:02Enfin, ce n'étaient pas des dame-oiseaux.
12:04Et il y a un miracle, un miracle historique réel
12:08dans la personne de Jeanne d'Arc,
12:10dans ce qu'elle a su insuffler à ses hommes.
12:14Malheureusement, il y avait le jeu politique,
12:16il y avait le jeu, déjà, un peu de propagande,
12:18d'utiliser les événements à son profit.
12:21Ça, peut-être qu'elle, elle n'avait pas,
12:23comment dire, une réflexion profonde des vices humains.
12:29Malheureusement, c'est souvent comme ça que ça se passe.
12:31Mais en tout cas, elle a accompli sa mission.
12:34Elle avait promis, elle avait fait ses promesses,
12:37libération d'Orléans, sacre du roi à Reims,
12:39Charles d'Orléans rendu par les Anglais
12:41et les Anglais chassés hors de France.
12:43Et ça s'est accompli.
12:44Nous étions au fond du trou, je vous cite.
12:47C'est à ce moment-là, entre deux rumeurs de trahison,
12:49qu'une paysanne est venue pour libérer la France.
12:51Et il ne vous a pas échappé qu'en 2025,
12:53nous sommes au fond du trou.
12:55J'ai presque envie de vous dire, Jeanne, au secours.
12:57Oui, absolument.
12:58Mais j'ai envie de le dire aussi.
13:00Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'à cette époque,
13:05la propagande existait.
13:06Le roi Charles VII avait intérêt à faire savoir à l'Europe entière
13:11que Dieu était de son côté, évidemment.
13:12Mais elle n'était pas aussi puissante que maintenant.
13:15Et aujourd'hui, comment Jeanne d'Arc pourrait-elle,
13:19contre le système, exister ?
13:22C'est extrêmement compliqué.
13:24Et surtout, le pourrait-elle,
13:26parce que ceux qui seraient de son côté
13:30auraient-ils justement cette force mentale
13:32pour transformer l'esprit de Jeanne d'Arc en victoire concrète ?
13:38Ça, c'est beaucoup plus compliqué d'être affirmatif.
13:40Jeanne d'Arc existe parce qu'il y a des laïres
13:43qui étaient là à cette époque-là.
13:45Aujourd'hui, est-ce que notre état d'esprit est prêt
13:48à faire renaître une Jeanne d'Arc ?
13:52C'est une question qu'il faut se poser.
13:54Vous savez qu'on dit tout le temps,
13:55les gens de droite s'attendent toujours à l'homme ou la femme.
13:59Providentiel.
13:59Ce n'est pas votre cas.
14:00Ah non.
14:01Et je ne pense pas qu'il faut l'attendre.
14:04Si, je pense que si.
14:06Mais moi, je ne suis pas du tout dans ce messianisme
14:09qui est, à mon avis, un défaut.
14:10Enfin, on va idolâtrer des individus un peu aveuglément.
14:15Et Jeanne d'Arc, le message était très clair.
14:17Elle ne disait pas du tout, je suis là, asseyez-vous,
14:20tout va bien se passer, regardez le match à la télé,
14:22vous allez voir, ils vont partir tout seuls.
14:25Elle disait toujours, bataillez, bataillez,
14:28et Dieu donnera la victoire.
14:29Elle le répétait, c'était vraiment un leitmotiv.
14:31Elle ne disait pas du tout que parce qu'elle était là,
14:33c'était gagné.
14:34Au contraire, aide-toi et le ciel t'aidera,
14:38c'était déjà le discours de Jeanne d'Arc.
14:40Donc, il faut qu'on commence par céder très fort,
14:43et c'est ce que faisaient les militaires français
14:45quand même à cette époque.
14:46– On revient au héros, Jean de la Hache.
14:49On saura pourquoi en lisant l'ouvrage,
14:50il devient chevalier, messire de la Hache,
14:52compagnon de Jeanne, il trace sa route et sa vie aux côtés.
14:56Et là, c'est un moment important de l'ouvrage,
14:59aux côtés d'un prêtre et d'un druide.
15:02Vous écrivez ce duo comme le spectacle
15:04des deux faces de cette époque.
15:05Le conflit entre ces deux hommes introduit une tension morale,
15:09mais aussi d'ailleurs spirituelle,
15:11que représente pour vous ce duel.
15:12– Il y a vraiment la conjonction de ce monde médiéval.
15:17C'est-à-dire qu'on a la France,
15:18la France qui vient des grandes profondeurs,
15:21un peu barbares, un peu celle des Gaulois,
15:24celle du druide, de la tradition orale,
15:27qui s'arrête aux actes.
15:31Le Gaulois, le guerrier gaulois,
15:33était un être de sacrifice.
15:35Il voulait mourir sur le champ de bataille
15:36pour montrer sa vaillance.
15:37On retrouve ça chez le médiéval,
15:40sauf que le médiéval, quand même, il a une armure.
15:42Il est un petit peu plus prudent, un petit peu plus raisonnable.
15:45Le guerrier gaulois allait au combat torse nu.
15:47On retrouve dans le druide cet appel vraiment animal
15:53au combat, à la bataille, aux faits d'armes.
15:58Et cet aspect est tempéré par l'Église,
16:03par la transmission, par la transcendance,
16:06la nécessité de voir un peu plus loin que l'homme,
16:10cette modeste créature un petit peu orgueilleuse,
16:13et d'envisager une continuité dans la vie
16:17un peu plus structurée, un peu plus haute.
16:19– Mais déjà, à l'époque, le druide a disparu.
16:21– Les prêtres, les cathédrales qui apparaissent dans l'ouvrage,
16:25elles sont à Chartres, elles sont à Orléans,
16:27elles sont à Paris, elles sont à Reims, elles sont à Rouen.
16:30– Mais l'esprit, il est encore là.
16:34C'est-à-dire que César, de ses grandes préoccupations,
16:36enfin les Césars étaient de mettre un terme au druidisme,
16:41de les pourchasser, parce qu'ils incarnaient un contre-pouvoir
16:46qui était intolérable à l'autorité romaine.
16:49Et on sait que cet esprit a perduré jusqu'à nous,
16:53cet esprit qui permet le médiéval, la violence, etc.
16:57Il est toujours un petit peu là, mais il n'a plus de visage,
17:00il n'a plus de parole peut-être, il n'a plus de porte-parole,
17:02comme ce druide, il ne sait pas, la tradition orale
17:06n'a pas perduré jusqu'à nous, on ne sait pas exactement
17:09ce que disaient les druides.
17:11– C'est ce qui représente la vitalité sauvage de la créature humaine,
17:14et on se dit, là, il y a beaucoup d'Auberton dedans.
17:16– Ah oui, oui, pour moi, ça nous…
17:19– On voit aux Grecs anciens décrits par Thucydides,
17:22c'est-à-dire les Grecs d'avant Athènes, l'aspect Achille,
17:26on veut faire de sa vie un éclat,
17:30et peu importe ce qui adviendra après,
17:32alors que déjà le christianisme tempérait très sévèrement
17:36cette façon de voir les choses,
17:38et je pense vraiment que le mariage de ces deux mondes
17:41a donné à la France ce qu'elle avait de meilleur,
17:43et pour moi c'est une époque cruciale,
17:46c'est le début de la fin, le début de la fin était déjà là avant,
17:51mais en tout cas là il y a un pas vers la modernité dans cette époque
17:55qui est inquiétant et on le sent,
17:58les hommes d'armes deviennent de moins en moins des héros
18:00parce que les canons, parce que la puissance de l'État
18:03ne cesse de prendre de l'ampleur.
18:06– Dans votre avant-propos, vous voyez je finis cet entretien
18:11en revenant à votre avant-propos,
18:13vous relevez cette phrase importante,
18:15vous écrivez cette phrase importante,
18:16j'ai voulu par ce livre relever le défi,
18:19raviver notre passé pour affronter notre présent
18:21et ne pas se tromper d'avenir.
18:23Mais en quoi cette fresque à la hache,
18:25mes langues gloires, mais surtout atrocités et les actions,
18:28en quoi ces domaines nous permettent
18:30de relever des défis moraux et collectifs à notre époque ?
18:35– Pour moi, le mental, enfin c'est même pas pour moi,
18:38je crois que c'est Napoléon qui disait ça,
18:39que le mental était l'aspect absolument primordial
18:42d'une troupe, d'une population
18:45et c'est là-dessus que tout se joue.
18:48Si aujourd'hui on n'a pas la volonté d'agir
18:51pour renverser la situation, pour la reprendre en main,
18:54pour reprendre un petit peu de contrôle de notre destin,
18:58eh bien tant pis, on va disparaître de la circulation.
19:01Il se trouve qu'on a un maître aujourd'hui,
19:03et on n'a plus Dieu, on a l'État auquel on a tout délégué,
19:07on a tout abandonné, la sécurité, la spiritualité,
19:10l'éducation de nos enfants.
19:12On a renoncé à accomplir notre mission de vivant.
19:17Et c'est ce que je veux dire avec ce livre.
19:19Ils ont connu des situations matérielles
19:21beaucoup plus difficiles que la nôtre,
19:24mais leur mentalité était beaucoup plus solide.
19:26Il faut s'intéresser à ça.
19:31Reprendre le sens des responsabilités,
19:33de l'honneur, du devoir, de la réputation,
19:36ces choses-là peuvent réellement nous sauver.
19:38Comment comprendre la phrase « je prends le goût de la gloire »
19:40mais pas « la boue de l'oubli » ?
19:42– La boue de l'oubli, c'est celui qui va se contenter
19:47d'être une créature, justement.
19:50Il est là, il vit, il meurt, et c'est tout.
19:53Il accomplit ses fonctions élémentaires, rudimentaires,
19:56sans avoir cette étincelle au moins exemplaire.
20:01On ne lui demande pas forcément d'accomplir sa mission de vivant
20:04qui est de perpétuer l'ennié.
20:06Évidemment, il faut le faire.
20:07Mais il peut aussi, et il doit aussi, incarner l'exemple.
20:11– Est-ce qu'il n'y a pas, et c'est à ça que je voulais venir,
20:13une forme de nihilisme ou de fatoum dans ce roman historique ?
20:17Vous soulignez la fatalité qui frappe vos personnages principaux.
20:21En quoi cette dimension peut nous conforter
20:23dans notre réflexion sur le présent ?
20:25Je ne crois pas.
20:26– C'est que, à toutes les périodes, aujourd'hui,
20:29on ne peut pas maîtriser ce qui se passe.
20:32On peut avoir du poids sur nos vies, c'est déjà pas mal.
20:35Mais je ne sais pas ce que demain, au niveau géopolitique,
20:38je ne vais pas vous faire de promesses,
20:40vous dire, là, il y aura la guerre, il y aura l'effondrement,
20:42il y aura la crise.
20:42Il faut imaginer qu'on aura tout ça.
20:45Eux, ils avaient tous les ennuis à la fois.
20:47Le package complet, et ils faisaient avec.
20:50Et ce que je veux dire, c'est que,
20:51plutôt que de chercher à grandir nos angoisses
20:55sur des événements qui ne sont pas arrivés,
20:57il faut simplement se préparer à se confronter à tout.
21:00Et avoir cet état d'esprit,
21:01comme eux l'ont fait à cette époque-là.
21:03Et c'est comme ça qu'on se sort des situations.
21:07Même si, je ne dis pas qu'on va forcément gagner
21:09ou résoudre les problèmes,
21:10mais si on a cet état d'esprit,
21:12et si on essaie, au moins, on aura,
21:15on pourra dire que notre humble mission sera accomplie.
21:19Finalement, Laurent Oberton,
21:21Debout et de sang,
21:21prononce chez vous votre vision viriliste,
21:25et presque sacrificielle de l'homme,
21:27où la dignité et la survie passent par l'épreuve,
21:30la violence, ça ne fait pas un programme politique pour 2027, ça ?
21:34– Non, je sais que ce n'est pas trop dans l'air du temps.
21:39Mais moi, je pense qu'il faut faire comme ça.
21:41Il faut voir les choses virilement.
21:43Ce n'est pas du tout masculinisme excluant pour les femmes,
21:47parce que, je rappelle, Jeanne d'Arc est l'héroïne principale de cette période.
21:50Mais de ne pas avoir peur de se confronter au réel,
21:55d'arrêter de vivre dans la peur.
21:57– En acceptant de payer le prix du réel aussi ?
21:59Parce que l'accepter, c'est aussi de payer le prix du réel.
22:01– Ah oui, oui, évidemment.
22:03Mais ça a un coût, de toute façon,
22:06on peut subir, on peut se contenter de subir,
22:11de se morfondre et d'encaisser les tuiles.
22:16On peut aussi essayer d'en faire quelque chose.
22:19Si on a cet état d'esprit-là, on est invincible.
22:24Si on accueille chaque mauvaise nouvelle
22:27comme un moyen de nous illustrer,
22:30de faire mieux et de nous grandir,
22:33tout va bien.
22:35L'état d'esprit des chevaliers, c'est exactement ça.
22:38De dire que les épreuves sont divines,
22:40elles vont vous tomber dessus
22:41et vous devez même les appeler de vos voeux,
22:43comme le faisaient nos paras, par exemple, plus récemment.
22:45Ce n'est pas du tout à l'ordre du jour,
22:47mais il faut remettre cette mentalité à l'ordre du jour.
22:49– Ce que vous dites, tous les spectateurs,
22:52c'est que l'homme ne devient complet
22:53qu'en affrontant le tragique.
22:55– Oui, exactement.
22:57Exactement, il faut voir les choses en face.
23:00Notre existence est tragique.
23:03Je ne parle même pas de l'actualité,
23:05ça c'est encore plus évident.
23:07Mais à partir de là, soit on est triste,
23:10on trouve ça trop dur et on renonce.
23:12C'est un petit peu ce qui se passe à l'échelle continentale.
23:15On voit les courbes démographiques,
23:17on voit l'apathie généralisée de nos concitoyens
23:20qui se font posséder, je trouve,
23:23par les gestionnaires du parc humain
23:25et qui sont contentes.
23:26Soit on essaie de rendre à sa vie ses lettres de noblesse.
23:29Et là, on rentre dans une mentalité,
23:31une façon de voir les choses plus médiévale.
23:33– Dans cette histoire de la guerre de cent ans,
23:34finalement, là encore, je retiens que dans un monde
23:37qui est livré au chaos,
23:39la seule noblesse possible est celle que l'on conquiert,
23:41finalement, par le courage, dans le sang ?
23:45– Dans le sang et déjà, même dans l'esprit.
23:48Le sang, c'est évident, si on n'a pas le choix,
23:50il faut se défendre.
23:52Mais surtout, il faut avoir beaucoup plus
23:56de solidité spirituelle et mentale qu'aujourd'hui.
24:02Aujourd'hui, le combat n'a même pas lieu.
24:04Et on voit déjà les vaillants imprécateurs d'Internet
24:09qui refluent dans leur tanière au moindre mouvement ennemi.
24:15Enfin, il faut complètement revoir notre façon de penser.
24:21On sera beaucoup plus fort si on a un état d'esprit
24:23de combattant d'avant-gardiste, d'avant-garde même,
24:27que celui qu'on a actuellement,
24:29qui consiste simplement à reculer, éviter les coups,
24:31se tenir à l'abri de toute chose désagréable.
24:37– On disait, avant de rentrer dans ce studio,
24:40que c'était le 13e ouvrage, votre 13e ouvrage.
24:44Et il y a vraiment une grande ligne,
24:46toujours une colonne vertébrale dans ces 13 ouvrages
24:48qu'on retrouve, c'est le même message, finalement,
24:50que vous délivrez à chaque fois.
24:53– Je ne sais pas exactement si c'est voulu de ma part.
24:57Je pense que chaque livre, évidemment, reflète
25:00une part de mes réflexions du moment.
25:03J'essaie qu'il y ait une sorte de continuité.
25:05Je ne suis pas quelqu'un de… je ne suis pas un être de rupture.
25:09Il va dire, j'ai une illumination, ma vie mentale a changé,
25:12je suis très prudent avec tout, avec tous les discours,
25:16tous les individus.
25:17Donc je suis peu enthousiaste.
25:19J'essaie de lisser les chocs et d'avoir une vision continue,
25:25qui évolue par petits aspects.
25:28Je pense que c'est comme ça qu'on fait une civilisation aussi.
25:33Et donc je ne sais pas encore où demain me mènera dans l'écriture.
25:39Ça ne dépend pas…
25:41Enfin, j'ai du mal à avoir une vision…
25:44On pense que je maîtrise mes personnages,
25:46que je maîtrise mon écriture.
25:47Mais souvent, l'auteur, en réalité, a bien du mal à se lire lui-même.
25:54Il s'écrit et quand il se relit,
25:55il est parfois étonné de ce qui est sorti de lui.
25:59Et c'est un petit peu mon cas, je pense aussi.
26:00– Jean La Hache, Laurent Oberton, même combat ?
26:04– Ah, il y a forcément du moi en lui, du lui en moi.
26:09C'était déjà le cas avec Guerilla.
26:10J'étais dans certains personnages, un peu plus dans certains,
26:14un peu moins dans d'autres.
26:16Tout l'humain m'intéresse.
26:19J'essaie de comprendre une démarche qui, à mon avis,
26:22n'est pas très partagée dans notre camp politique,
26:24mais j'essaie même de comprendre nos ennemis les plus radicaux,
26:28de me mettre dans leur tête,
26:29parce qu'ils sont des machines humaines,
26:31il y a un fonctionnement, il y a une logique.
26:33Et je pense que c'est très utile de les disséquer, de les comprendre.
26:37– Voilà, c'est un livre qui a déjà un très beau succès.
26:39La noblesse se conquiert donc par le courage dans la boue et le sang.
26:43La boue et le sang aux éditions Magnus.
26:44Merci Laurent Oberton.
26:45– Merci beaucoup.
26:46– Merci beaucoup.
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