Ce vendredi 5 décembre, une solution pour contrer les pénuries de la collecte du sang a été abordée par Anthony Morel, dans Culture IA, dans l'émission Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00On va continuer à parler, à rester dans le secteur médical avec vous, avec un problème récurrent, les pénuries de collecte du sang.
00:06Eh bien, il y a une réponse à ça, une innovation technologique qui pourrait complètement changer la donne.
00:10Des chercheurs japonais ont mis au point un sang synthétique, compatible avec tous les groupes sanguins.
00:16Oui, révolution potentielle. L'établissement français du sang appelle souvent, parce qu'il y a des problèmes de pénuries qui sont assez courants,
00:23et la révolution à venir, eh bien, ce serait de pouvoir fabriquer du sang à la demande, en laboratoire.
00:28C'est ce sur quoi travaille notamment une équipe de l'université de Nara au Japon.
00:33Ils ont mis au point un sang synthétique qui est compatible avec n'importe quel groupe sanguin, sans même avoir besoin de faire de tests de compatibilité.
00:41Pour faire ça, ils ont récupéré des poches de sang périmé, parce que le sang, ça a une date de péremption.
00:46Et on récupère dans ce sang, on extrait l'hémoglobine, donc c'est la protéine qui permet de transporter l'oxygène vers le sang.
00:53Si vous vous souvenez de vos cours de SVT niveau collège, c'était à peu près ça.
00:56Bon, et une fois qu'on a fait ça, eh bien, en fait, cette hémoglobine, on va l'encapsuler dans des toutes petites bulles
01:01qui ne portent aucun groupe sanguin, et on se retrouve avec une sorte de substitut de sang
01:06qui est compatible, eh bien, avec potentiellement n'importe quel groupe.
01:09Donc c'est génial, parce que vous avez des problèmes de compatibilité.
01:12Alors, il y a les groupes A, B, A, B, O, positif, négatif.
01:16Mais en plus de ça, alors j'ai appris ça en préparant cette chronique, vous avez aussi 250 groupes sanguins
01:20qui sont beaucoup plus exotiques, qui ne représentent que quelques centaines, voire quelques milliers de personnes
01:25en France ou dans le monde.
01:27Donc là, pour le coup, pour trouver des donneurs potentiels, c'est extrêmement compliqué.
01:32Donc vraiment, ça pourrait être très intéressant.
01:34L'autre gros avantage de ce sang synthétique universel, eh bien, c'est qu'on peut le conserver
01:39deux ans à température ambiante et cinq ans au frigo, contre 40 jours seulement au frigo
01:44pour du sang traditionnel, si l'on peut dire.
01:46Mais est-ce que c'est déjà utilisé ?
01:48Alors, on est encore en phase de test, on est dans le médical, donc les choses prennent du temps, évidemment.
01:52Mais les premiers résultats sont très prometteurs.
01:54En mars, on a des doses de 400 millilitres qui ont été injectées à des patients volontaires.
01:58Il n'y a eu aucun effet secondaire.
02:00Il n'y a pas eu non plus de réaction immunitaire, donc c'est plutôt intéressant.
02:03Maintenant, il va falloir tester ça à plus grande échelle, sur des plus grandes cohortes, évidemment,
02:07pour valider d'un point de vue scientifique.
02:08On estime que la commercialisation, si tout se passe bien, pourrait arriver à l'horizon 2030.
02:13Donc, ce n'est pas pour dans 50 ans non plus.
02:15Voilà, c'est bientôt.
02:16Ça prend un petit peu de temps, c'est normal, c'est de la santé, il faut évidemment tout valider.
02:19Ce qui est intéressant, c'est qu'au-delà de cette expérimentation dont je vous ai parlé,
02:22il y en a d'autres, c'est-à-dire ce champ de recherche du sang synthétique,
02:26il est bouillonnant, si l'on peut dire.
02:27Il y a plein d'équipes de recherche, il y a des chercheurs britanniques aussi qui travaillent sur le sujet.
02:31Ils ont mis au point une technologie qui est un peu différente,
02:33elle qui leur permet de multiplier le sang, si l'on peut dire.
02:36C'est-à-dire qu'ils partent de cellules souches et ensuite, on va cultiver ces cellules souches en laboratoire
02:40et on va se retrouver avec du sang en grande compte partout.
02:45Normalement, c'est contrôlé et c'est très bien, c'est dans des bacs, ça se retrouve pas n'importe où.
02:49Mais c'est hyper intéressant, c'est-à-dire qu'à partir d'un petit peu de sang,
02:52vous vous retrouvez avec beaucoup, beaucoup de sang.
02:53Là encore, ça pourrait être une solution pour les pénuries.
02:56Une très belle innovation, très prometteuse a priori, bien sûr, ça sera à suivre.
03:00En revanche, Anthony, on sait qu'il faut derrière un modèle économique pour que ça prenne.
03:04Est-ce qu'on en sait un peu plus à ce sujet ?
03:06Oui, alors c'est là que ça coince un peu.
03:08Pour l'instant, en tout cas, on pourrait se dire, puisqu'on peut produire du sang de manière illimitée,
03:12pourquoi est-ce qu'on ne le fait pas ?
03:13Évidemment, c'est parce que ça coûte très cher pour l'instant.
03:16Encore une fois, on est dans les laboratoires,
03:18donc tout ce qui est prototype, en général, ça coûte extrêmement cher.
03:21On peut espérer que dans les années qui viennent,
03:23les prix soient divisés par 10, par 100, par 1000,
03:25comme ça a été le cas, par exemple, pour le séquençage du génome,
03:28où au tout début, ça coûtait incroyablement cher, c'était des millions.
03:31Et maintenant, vous pouvez vous envoyer,
03:32vous pouvez faire tester votre ADN et ça coûte 50 ou 100 euros.
03:36Donc, en fait, on pourrait imaginer une révolution potentielle du même ordre,
03:40mais ça va prendre probablement quelques années.
03:42Alors, du passage à l'échelle, donc on est un petit peu mutant, finalement.
03:45C'est ça.
03:46Avec du sang synthétique.
03:48Merci beaucoup, Anthony, pour cette chronique tech.
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