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[#Reportage] Le Gabon survivra-t-il à ses propres enfants ?


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00:00Faisons suite à notre précédent éditorial intitulé « Pourquoi le Gabon engendre des fils qui broient leurs propres frères ? »
00:06Il convient d'aller plus loin dans cette réflexion qui dérange parce qu'elle touche à une vérité profonde.
00:12Il existe des pays où l'adversité surgit de l'extérieur, où la menace porte l'uniforme étranger,
00:17où les cris sont importés par les vents du monde, mais le Gabon, lui, connaît un mal plus intime.
00:22Ici, l'ennemi ne franchit pas nos frontières, il naît chez nous.
00:25Il mange avec nous, il porte nos noms, il partage notre langue.
00:29Ici, le frère devient le bourreau de son propre frère, et depuis trop longtemps, cette tragédie n'est pas un accident.
00:35Elle s'est transformée en système, en méthode, parfois même en fierté honteuse.
00:40C'est cela la grande blessure gabonaise.
00:42Un pays qui engendre des fils capables de broyer leurs pères pour exister,
00:45qui détruisent par réflexe, qui piétinent par habitude, qui trahissent par opportunisme.
00:50Et le pire, c'est qu'ils le font avec méthode, avec jubilation, parfois comme des vainqueurs éphémères,
00:56célébrant leur propre médiocrité.
00:58L'histoire du monde nous avertit.
01:00La haine fabrique toujours un désastre.
01:02Le Soudan, Israël, la Russie, l'Ukraine, le monde contemporain nous montrent, chaque jour,
01:07ce que produit la haine lorsqu'elle devient une culture politique.
01:10La guerre détruit tout, les hommes, les familles, les nations et les rêves.
01:14Et après l'enfer, les peuples non qu'un seul vœu, plus jamais ça.
01:18C'est ce que symbolisa le procès de Nuremberg au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
01:22La promesse que plus jamais l'humanité ne tolèrerait, qu'une puissance broie,
01:25ce qu'elle devrait protéger. Mais nous, au Gabon, avons-nous tiré les leçons de l'histoire
01:30ou continuons-nous de mener des petites guerres intérieures, silencieuses, mais tout aussi ravageuses,
01:35où les ambitions de minuscules détruisent ce que des générations ont essayé de bâtir ?
01:39Le vivre ensemble n'est pas un slogan, c'est un devoir national.
01:43Nous n'avons pas choisi notre famille, nous n'avons pas choisi nos compatriotes,
01:47nous n'avons pas choisi de naître Gabonais.
01:49Mais comme le rappelle Jean-Dormesson, nous sommes tous déségarés.
01:53Alors, pourquoi nous faire du mal ?
01:55Pourquoi transformer notre pays en un champ de ruines morales ?
01:58Pourquoi préférer le sabotage au progrès, la jalousie à la solidarité, la délation à la vérité ?
02:04Vivre ensemble, c'est accepter que l'autre existe, et mieux encore, qu'il réussisse.
02:09C'est comprendre que personne ne construit un pays seul,
02:11et qu'un peuple n'avance jamais lorsqu'il tue,
02:13ceux qui essayent de se réaliser avec le peu qu'ils ont, comme ressources.
02:16Le pouvoir vient de Dieu, dit-on.
02:19Mais Dieu a-t-il donné à quiconque le droit de nuire ?
02:21Le pouvoir, dans notre imaginaire collectif, est un fardeau sacré.
02:25Mais quel Dieu, quel qu'il soit, a donné à un homme l'autorisation morale d'humilier,
02:29de briser, d'exercer en toute impunité une domination fondée sur la peur,
02:33plutôt que sur la dignité ?
02:35Personne, aucune religion, aucune sagesse ancestrale,
02:38ceux qui utilisent la puissance pour détruire, trahissent à la fois Dieu, la République et le peuple.
02:44Le mal gabonné n'est pas seulement politique,
02:46il est administratif, social, professionnel, familial.
02:51Dans nos administrations, pour une simple promotion de chef de service,
02:54s'enchaînent fusil nocturne, complot, humiliation, harcèlement moral.
02:59Des frères se regardent avec suspicion, des sœurs se livrent des rivalités féroces.
03:03La jalousie remplace l'entraide, le mensonge supplante le mérite,
03:06la délation devient une monnaie d'ascension.
03:08La destruction de l'autre est devenue un modèle social,
03:11un pacte tacite, un poison lent,
03:13et pourtant, chacun sait que la vérité construit.
03:16Que l'encouragement élève, que la loyauté est un ciment national.
03:20Nous avons deux chemins devant nous.
03:22Le premier, continuer de permettre que la médiocrité gouverne,
03:25que la haine structure les rapports sociaux,
03:27que les ambitions bancales détruisent ceux qui bâtissent.
03:30Le second, choisir la dignité, la vérité, la fraternité,
03:34la République dans ce qu'elle a de plus noble.
03:36Ce pays ne se sauvera pas avec ceux qui broient leurs frères pour exister.
03:40Il se sauvera avec ceux qui refusent d'être complices du déclin moral,
03:42qui tiennent debout, malgré la tempête,
03:45qui refusent le mensonge comme mode de gouvernance,
03:47qui préfèrent l'honneur à l'opportunisme,
03:50le travail à la triche, la lumière à l'ombre.
03:53Le Gabon ne tombera jamais.
03:54Tant que ses meilleurs fils resteront debout,
03:56les fils indignes finiront toujours par s'épuiser
03:58dans leur propre vacuité.
04:00Ils s'étouffront dans la petitesse qui leur sert de projet politique,
04:03mais les fils debout, eux,
04:05tiendront, ils reconstruiront,
04:07ils montreront qu'un pays se relève toujours
04:08quand ses meilleurs enfants refusent de plier.
04:10Parce qu'un pays ne tombe jamais
04:13quand ses meilleurs fils refusent de s'agenouiller
04:15devant la bassée.
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