00:06Sarah Sandman précisément qui est à côté de vous, que je salue comme Françoise Laborde, que vous connaissez, qui a été longtemps au CSA, également journaliste à Antenne 2, à France Télévisions, à TF1, Richard Millet, Georges Fenech, Gauthier Lebrecht, Olivier Guénèque sont avec nous, il était 19h03 hier quand l'Elysée a attaqué ces news et publié une vidéo de 55 secondes sur les réseaux sociaux
00:29avec ce texte, Pravda, ministère de la vérité, quand parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation, un fond rouge, j'avais écrit en blanc et en majuscule, attention, fausse information, des images de votre serviteur, Philippe De Villiers, la une du JDD, mais aussi à l'écran des messages de Bruno Retailleau, Jordan Bardella, David Lissnard.
00:49Alors avant de peut-être écouter cette vidéo publiée par l'Elysée, je vous propose d'écouter Rachida Datti, elle est ministre de la Culture, elle était à l'Assemblée Nationale tout à l'heure.
00:58« Jamais le président de la République, jamais, j'insiste, je suis encore libre de mes propos, ok, d'accord, voilà, jamais le président de la République ou le gouvernement n'ont émis l'idée ou une quelconque proposition sur une éventuelle labellisation des médias par l'État, jamais, j'espère au moins que c'est clair et net.
01:19Ensuite, quel est le défi auquel on fait face aujourd'hui et notamment nos médias, nos médias traditionnels, qu'ils soient d'ailleurs de droite ou de gauche ?
01:28Ils font face à une prégnance de plus en plus importante des réseaux sociaux, mais aussi des influences étrangères dans le débat public.
01:35C'est ça le défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Et donc, ils sont le réceptacle de contenus viraux qui ne respectent rien, pas même la déontologie journalistique.
01:45Et donc aujourd'hui, nos médias traditionnels, et je le redis, qu'ils soient de droite ou de gauche, résistent dans ces bouleversements.
01:53Et donc, notre rôle, c'est de pouvoir les aider à maintenir, évidemment, cette exigence déontologique journalistique.
02:01Mais jamais l'État ou le gouvernement n'aurait l'idée de labelliser les médias.
02:06Ensuite, il y a certains groupes, à leur initiative, comme le groupe Ebra, par exemple, qui ont décidé d'une certification.
02:14Mais une certification à leur initiative, pas à l'initiative de l'État. Ça n'a jamais été le cas.
02:20Donc, merci de me donner l'occasion de rétablir les faits et de dire un peu ce que je veux et ce qui est la réalité, monsieur le député. Merci.
02:29Rachida Dati, pardonnez-moi, ministre de la Culture à l'Assemblée nationale.
02:33Alors, je précise quelque chose, comme tout le monde dit à peu près n'importe quoi,
02:37jamais nous n'avons dit qu'Emmanuel Macron voulait lui-même proposer des labels pour les médias.
02:45Jamais je n'ai dit cela.
02:46En revanche, nous avons dit qu'il veut choisir RSF, Reporters sans frontières, et une autre institution qui ne nous paraissent pas des arbitres impartiaux.
03:00Voilà, c'est ça que nous avons dit.
03:02Et nous avons effectivement ciblé la responsabilité, donc, de l'État du président Macron,
03:08de dire vous choisissez des arbitres qui ne sont pas impartiaux.
03:11Je vous voyais écouter Françoise Laborde, la ministre de la Culture, avec intérêt,
03:16et manifestement vous ne partagiez pas forcément ce qu'elle disait.
03:20C'est-à-dire qu'elle désamorce, si je puis me permettre, Rachida Dati,
03:24parce qu'elle voit bien que, est-ce qu'on peut parler de faute politique ?
03:27Oui, à partir du moment où l'Élysée publie sur Instagram ou Twitter, je ne sais pas, peu importe, sur un réseau social.
03:33Instagram, Twitter et Compte Élysée, plus Compte Personnel d'Emmanuel Macron.
03:37Voilà, donc, une mini-vidéo, il reprend vos propos, il reprend uniquement d'ailleurs les antennes d'Europe et de CNews,
03:45en disant des informations. Là, on est dans quelque chose qui est complètement différent.
03:50Et donc, après, bon, évidemment, elle vient dire, jamais le gouvernement n'a l'intention d'intervenir,
03:53sauf que c'est l'Élysée directement qui intervient, en prenant des extraits où on vous voit l'antenne.
03:58Donc, je pense que Rachida Dati, qui a un sens politique assez sûr,
04:04se rend bien compte qu'il s'engage là sur un chemin qui est extrêmement prairieux.
04:08Par ailleurs, je note qu'en effet, le président de la République a cité lui-même, RSF,
04:13comme pouvant être un label. Et depuis quand il faut un label ?
04:17Enfin, je veux dire, ça n'a aucun sens.
04:19On a déjà l'ARCOM, si je puis dire, qui fait le job, parfois même beaucoup de job,
04:24en ce qui concerne les médias, qui a eu ses compétences élargies,
04:29y compris sur les réseaux, avec la fin de l'autre institution qui s'appelle Adopi.
04:34Et d'ailleurs, je me permets de dire que le président de l'ARCOM,
04:39Ashdari, a torpillé, si je puis dire, RSF, avant même qu'on le prenne comme référence,
04:45en expliquant que la façon dont ils avaient comptabilisé les temps de parole
04:48pour du groupe Bolloré, que ce soit Europe ou CNews, était complètement faux.
04:52Alors, puisque vous parlez des RSF, ce n'est pas nouveau dans la bouche d'Emmanuel Macron,
04:55il en a parlé au moins trois fois.
04:56La première fois, c'était le 3 janvier 2018, il était devant les journalistes
05:00et c'était des voeux à la presse. Écoutez le président Macron.
05:03Je sais que beaucoup parmi vous réfléchissent sur la déontologie du métier de journaliste.
05:08Et la démarche de Reporters sans frontières, d'inventer une forme de certification
05:12des organes de presse respectant la déontologie du métier,
05:15me paraît à cet égard non seulement intéressante, mais souhaitable.
05:18Il vous revient d'organiser, en quelque sorte, les règles de votre profession.
05:24Si nous ne voulons plus que tout puisse se valoir et qu'aucune hiérarchie ne soit faite,
05:31l'heure est sans doute venue pour votre profession de s'unir autour de principes
05:34fortement réaffirmés en un temps de fragilité démocratique,
05:37parce que toutes les paroles ne se valent pas.
05:40Bon, qu'il s'occupe de la dette publique, le président de la République,
05:42plutôt qu'il vienne réguler notre profession.
05:45Ça, c'était donc le 3 janvier 2018.
05:48Il y a quelques jours, écoutez encore le mot qu'il emploie, labellisation.
05:53Je pense que c'est important qu'il y ait une labellisation faite par des professionnels
05:58qui puissent dire que ceci correspond à la déontologie de gens qui manipulent de l'information.
06:04C'est une matière dangereuse, en fait, l'information.
06:06Et donc, il y a des règles déontologiques.
06:08Ce n'est pas à l'État de dire, parce qu'il faut faire attention,
06:10ce n'est pas le gouvernement ou l'État qui peut dire
06:12ceci est une information, ceci n'en est pas.
06:13On n'a pas non plus envie de tomber là-dedans.
06:16Parce que ce n'est pas ça, une démocratie.
06:18Ça devient assez rapidement, sinon, l'autocratie.
06:20Ce n'est pas moi qui dis tous les matins
06:21l'information de la voie du Nord est bonne ou pas bonne.
06:24On reviendrait en arrière de dix cases.
06:26Sauf que si lui-même choisit l'arbitre qui est impartial,
06:30évidemment, ça change les choses.
06:31Et puis le troisième passage que je voulais vous faire écouter,
06:34c'est lorsque le président Macron cite RSF.
06:36La labellisation que vous avez adoptée par la méthodologie
06:40que Reporters sans frontières avait mis en place,
06:42c'est aussi un point important de qualité.
06:44Bon, RSF, il faut dire qui est RSF, parce que RSF, ils ont...
06:47Alors, avant RSF, c'était une association qui venait en aide aux journalistes
06:52qui étaient en péril dans le monde, parce qu'ils étaient sur des terrains de guerre,
06:56parce qu'ils étaient dans des dictatures, parce que ceci, parce que cela...
06:58Il ne parle pas beaucoup de Christophe Gleiz en ce moment, par exemple.
07:00Voilà, par exemple, qui est en prison en Algérie.
07:03Et donc, RSF, c'était ça.
07:05Et puis, petit à petit, RSF, c'était comme ça, en tout cas,
07:08que le diriger, si je puis dire, le maire de Béziers, Robert Ménard.
07:13Et c'est devenu, petit à petit, une sorte de contrôle des idées et des opinions.
07:17Mais à l'origine, RSF, ce n'était pas fait du tout pour ça.
07:20C'était une ONG qui venait en aide aux reporters sur le terrain.
07:23Françoise Laborde.
07:24Et puis, il y a deux épisodes qui viennent de s'achever.
07:28Donc, évidemment, l'épisode récent que vous avez rappelé, Françoise,
07:31où RSF est désavoué par l'ARCOM,
07:34avec son rapport qui dit que CNews est la seule chaîne info à tricher,
07:37qui ne respecte pas le pluralisme et le temps de parole.
07:39L'ARCOM a répondu que c'était faux.
07:41Et il y a quelques mois, RSF voulait étiqueter les éditorialistes,
07:45en disant, c'est un éditorialiste de gauche, c'est un éditorialiste de droite,
07:48pour voir si les plateaux étaient correctement équilibrés.
07:50Ça aurait pu aboutir à un décompte des temps de parole,
07:53non plus des politiques, mais des éditorialistes.
07:55Et effectivement, il y a une grande hypocrisie dans le déminage de l'Élysée,
08:00en parlant de la belle d'État, en disant, on n'a jamais parlé de la belle d'État.
08:03Non, effectivement, mais personne n'a dit le contraire.
08:05Ils n'ont pas ajouté le mot État derrière la belle.
08:07C'est pourtant eux qui ont parlé de la belle.
08:08On vient d'entendre Emmanuel Macron qui voulait ces labels.
08:11Ce n'était pas le seul, mais il les voulait.
08:12Et puis, effectivement, ils voulaient désigner comme arbitre des élégances,
08:15RSF qui est en croisade contre notre groupe.
08:18Et la vidéo d'hier montre bien à qui ces labels s'adressaient,
08:22qui étaient visés par ce système de la belle.
08:24Voilà, donc il peut y avoir une volonté de déminer du côté de l'Élysée,
08:27mais personne n'a jamais parlé de la belle d'État.
08:29Non, il y a un système de la belle.
08:31Et c'est par contre Emmanuel Macron qui choisirait l'arbitre.
08:33Ça pose quand même un petit problème.
08:34C'est ce que nous disons, Françoise, il est 16h11.
08:37On va marquer une première pause.
08:39Et puis, on va continuer, évidemment, la discussion ensemble.
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