- il y a 13 heures
Le nom de Yannick Navarro ne vous dit sans doute rien, pourtant ! Lors de la saison 2025 et sur le dernier Tour de France, Yannick Navarro était au travail aux côtés de l'équipe Cofidis et de son champion olympique, Benjamin Thomas. Cela lui a valu d'ailleurs d'être interviewé par le journal L'Equipe afin d'y expliquer "la guerre psychologique" qui peut exister dans le sport de haut-niveau, dans le cyclisme et sur le Tour de France : "C'est une dimension mentale cruciale si bien que les équipes cyclistes, les sportifs de haut-niveau dans le rugby, le basket, le tennis..., les champions font désormais appel aux mécaniciens de l'esprit."
Alors qui est et que fait exactement Yannick Navarro ? Qu'est-ce qu'un hypnothérapeute ? Un "magicien" du mental ? Explications et entretien avec l'intéressé où aujourd'hui, le sujet est plus que jamais d'actualité : "Les sportifs donnent souvent l’impression d’être des rocs impénétrables et incassables. Dans l’imaginaire collectif, l’exigence liée aux compétitions, à l’entrainement quotidien suppose un mental d’acier, une force morale surhumaine qui ne peut se permettre de plier à la moindre difficulté rencontrée."
« Le vélo, partout & toujours ici » sur
https://www.cyclismactu.net / Cyclism'Actu
Alors qui est et que fait exactement Yannick Navarro ? Qu'est-ce qu'un hypnothérapeute ? Un "magicien" du mental ? Explications et entretien avec l'intéressé où aujourd'hui, le sujet est plus que jamais d'actualité : "Les sportifs donnent souvent l’impression d’être des rocs impénétrables et incassables. Dans l’imaginaire collectif, l’exigence liée aux compétitions, à l’entrainement quotidien suppose un mental d’acier, une force morale surhumaine qui ne peut se permettre de plier à la moindre difficulté rencontrée."
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00:00Bonjour Yannick, Yannick Navarro. Alors cet entretien est assez singulier parce que,
00:10pour être honnête vis-à-vis de nos internautes et nos lecteurs, on s'est rencontrés sur le Tour
00:14de France 2025 par hasard. Et en fait, c'est un peu d'actualité si on lit les articles, etc.
00:21Comment vous définir ? Vous êtes le psy des coureurs sur le Tour de France 2025 ou le psy
00:29des sportifs ou le préparateur mental ou le coach mental ? Vous êtes qui en fait Yannick ?
00:35Déjà, merci pour l'opportunité. C'est vrai qu'il y a plusieurs noms qui peuvent fuser. On me dit oui,
00:46le psy des coureurs, que je ne suis pas. Je ne suis pas psy. Je ne suis pas préparateur mental non plus.
00:51Je suis hypnothérapeute et depuis plusieurs années maintenant, j'accompagne des sportifs,
00:59professionnels comme amateurs, pour justement être dans une quête de bien-être dans la
01:06performance. Hypnothérapeute, on comprend plus ou moins, vous accompagnez pas n'importe quel
01:13sportif. En l'occurrence, sur le Tour de France 2025, Cofidis est des coureurs de renom,
01:17champion olympique, si je peux me permettre. Exactement, exactement. C'était sur la saison 2025,
01:23que j'ai accompagné l'équipe Cofidis avec le Tour de France en toile de fond majeur. Et effectivement,
01:32Benjamin Thomas a pu bénéficier de mes services sur cette grande échéance. Mais pas seulement aussi,
01:39ça va aussi à l'étranger. Chez UAE, un certain Sébastien Molano, chez Visma, vous pouvez dire les
01:44noms ou il ne faut pas le dire ? Moi, j'aime respecter la confidentialité parce que c'est une
01:50démarche personnelle au-delà du professionnel. Mais c'est vrai que des coureurs des tops équipes
01:57mondiales, que ce soit chez Visma, j'ai quelqu'un chez UAE, donc vous l'avez cité,
02:05Juan Sebastian Molano. J'habite à Toulouse, donc j'ai Andorre juste à côté. Et c'est un avantage
02:12justement de pouvoir travailler avec ces gens-là qui passent quand même beaucoup de temps en Andorre,
02:19de plus en plus avec les stages. Et c'est vrai que je me déplace souvent par là-bas pour les
02:25accompagner. Donc j'ai du cyclisme, mais j'accompagne aussi un athlète qui est en NBA.
02:31Ah non ! Ah non ! Olivier Sarr, qui est aujourd'hui en G-League à Toronto.
02:41Vous avez été aussi dans le tennis, dans le rugby ? Dans le rugby, oui. J'ai le stade
02:47toulousain juste à côté, donc j'ai accompagné Martin Pajoreau depuis 2021. Donc maintenant,
02:53il y a du bébé et en équipe d'Italie. Dans le sport de haut niveau, c'est vrai que
03:02c'est de plus en plus individualisé. Et c'est le bouche-à-oreille qui fait que les athlètes
03:11d'Enderman. Bon Yannick, si je résume, vous accompagnez des coureurs cyclistes professionnels.
03:17Vous avez été aussi dans le tennis, etc. Vous avez accompagné des jeunes pousses. Dans le basket,
03:24dans le rugby. Mais en gros Yannick, qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes un magicien ? C'est quoi
03:31hypnothérapeute concrètement ? Donc en fait, moi, le travail que j'aime faire, c'est d'accompagner
03:37l'athlète, on le considère avant tout comme un être humain. C'est-à-dire que…
03:43Donc vous travaillez sur la tête ?
03:44Exactement. Je travaille sur la tête, je travaille sur les émotions qui se répercutent dans le corps
03:51physique. C'est souvent de dire quand on a la boule au ventre, quand on est sidéré, la performance est
04:01compliquée. Donc en fait, on considère l'émotionnel, on considère le mental qui est mis à rude épreuve
04:08en ce moment dans le sport de haut niveau, tout en demandant une prouesse physique de haut rang.
04:17Donc en fait, c'est faire un équilibre de tout ça au mieux et qu'aucune des parties ne soit mise en
04:27défaut pour privilégier une autre. En fait, moi, je pars de l'équilibre, de l'équilibre global, je dirais.
04:35Donc il y a une préparation mentale, une préparation physique, une préparation émotionnelle et une
04:41préparation énergétique aussi.
04:43Si on peut rentrer dans le secret sans trop dévoiler pour qu'on essaye de comprendre, vous avez accompagné
04:50l'équipe Cofidis sur le Tour de France 2025. Bon, si je peux me permettre, si je peux être taquin,
04:54ça n'a pas trop marché, parce qu'ils n'ont pas gagné d'étapes, parenthèse fermée.
04:56Mais par exemple, vous avez été aux côtés d'un Benjamin Thomas. On se souvient tous de ce qui s'est
05:02passé au début de tour où il a causé une chute, où il est à l'origine, etc. Là, concrètement, vous le
05:08prenez en main, vous le rassurez. C'est quoi, en fait, sans rentrer dans le secret ?
05:12Donc déjà, sans rentrer dans le secret, Benjamin est déjà accompagné par une personne. Et moi, en étant sur le
05:19Tour de France, j'ai respecté cet espace-là que lui a avec sa préparatrice mentale. Et moi, ce que je faisais, c'était apporter justement de
05:31de la détente par rapport au stress. C'est vrai que cette situation-là, qu'après ils ont répété sur la dernière étape avec le sourire, a eu un impact. Parce que ça a été du « All eyes on me » sur Benjamin Thomas qui fait tomber un autre concurrent.
05:48Je pense que le premier qui n'avait aucun intérêt à tomber, ne serait-ce que pour lui-même, c'était le propre Benjamin. Et en fait, après, il faut vivre avec ça.
05:58Le lendemain, dans la zone média, peut-être des railleries, peut-être même lui-même dire « Merde ».
06:06Des réseaux sociaux.
06:08Voilà, ça c'est horrible. Et en fait, très souvent, tout ce qui est dit est amplifié. Donc, qu'est-ce que le courant a fait ?
06:18Ou le sportif. Égare tout pour lui.
06:21Alors, ça tombe bien, c'est d'actualité. C'est pour ça qu'on a eu l'idée de s'entretenir ensemble.
06:27On prend l'article de Ouest-France parce qu'on les cite du 26 novembre où on lit, je cite,
06:34« Ça m'aurait peut-être dégoûté du vélo. Usé, des jeunes coureurs renoncent aux portes de leurs rêves.
06:39Suivant la voie du football et de son hyper-professionnalisation dès le plus jeune âge,
06:44le cycliste perd de jeunes coureurs épuisés mentalement par la charge de travail et les chutes.
06:48Ils ont entre 19 et 23 ans et choisissent d'arrêter avant d'exploser en plein vol,
06:53malgré un avenir tout tracé chez les professionnels.
06:56On est dedans. C'est là votre rôle ?
06:58Ça fait froid dans le dos parce que 19 et 23 ans, ça fait très jeune.
07:03Et qui dit qu'à cet âge-là, ils en sont déjà arrivés là, ça veut dire que bien en amont déjà.
07:08Ils sont dans cette logique-là, dans ce rail de performance pour atteindre un haut niveau qui est de plus en plus haut d'ailleurs et exigeant.
07:19Donc, ça veut dire que dès 15 ans maintenant, on le voit, il y a des jeunes qui ont, le coach, ça c'est clair,
07:24des jeunes qui pèsent déjà leurs aliments, qui sont ouats.
07:27C'est-à-dire qu'ils pèsent leurs aliments, expliquez.
07:33Chaque nutritionniste vous le dirait, ça c'est aucunement ma compétence,
07:36mais j'ai vu des coureurs, j'ai pesé 180 grammes de riz et reposé 10 grammes,
07:48parce qu'ils en avaient 190 dans l'assiette.
07:50Donc ça, c'est l'hyper-professionnalisation, Yannick, si je peux me permettre.
07:52Et vous, du coup, votre rôle là-dedans, c'est quoi ?
07:57C'est ça, c'est de permettre à l'athlète de dire qu'on doit souffler un coup,
08:03parce que tout ce qui gravite autour de moi, sur mes épaules, ça fait beaucoup.
08:09Je suis OK pour encaisser la charge physique.
08:14Je suis OK pour encaisser les chutes, pour encaisser les contraintes.
08:18Sauf qu'à un moment donné, l'être humain dit, ça fait beaucoup pour moi,
08:22parce que maintenant, le sport de haut niveau prend une place énorme dans le quotidien des athlètes.
08:29Et on se dit à quel moment les athlètes peuvent souffler ?
08:33Parce que leur vie est gérée, conditionnée par leur pratique sportive.
08:38C'est-à-dire, là, j'ai un repas de famille, moi, ça va être poulet et riz.
08:45Je ne vais pas faire d'excès parce que j'ai telle course.
08:47J'ai l'enfant qui pleure.
08:49Oui, mais moi, j'ai un entraînement demain matin et il faut que je sois frais pour pouvoir l'encaisser.
08:57Beaucoup de choses gravitent autour de l'activité professionnelle sportive.
09:03Mais à un moment donné, j'aime considérer que l'athlète a avant tout une personne qui a une journée de 24 heures.
09:10Et dans ces 24 heures, il intègre son activité professionnelle.
09:16Sauf que dans la vie de tous les jours, on voit qu'on rentre le matin au bureau, 9h, on sort à 17h.
09:26On peut aller boire un verre avec les amis, on peut aller faire son sport, on peut vivre une vie privée normale.
09:32Sauf que l'athlète, tout est régi.
09:36Il faut que je me repose.
09:38Il faut que je veille à mon sommeil.
09:40Il faut que je prépare le lendemain.
09:42Il faut que je mange en conséquence.
09:44Il faut que j'aille faire mes soins kinés.
09:46Et ça, à un moment donné, la fatigue mentale que ça génère, à un moment donné, il faut l'enrayer.
09:54Ça tombe bien parce qu'on parle de l'hypnothérapie.
09:59On essaye de dévulgariser ce terme-là où on comprend un petit peu parce qu'entre hypnose ou thérapie, travail sur soi, mental, etc.
10:09Pour ceux que ça intéresse, vous savez qu'on a Tennis Actu.
10:11Nous étions avec Loïse Boisson, la coqueluche du tennis français, tennis féminin français, demi-finale Roland-Garros.
10:18On discutait avec son agent, un off, etc.
10:22Quand tout il y a, entre guillemets, acharnement médiatique après une performance,
10:27quel serait, par exemple, parce que je crois qu'en plus, si je peux me permettre,
10:30vous connaissez pas directement Loïse Boisson, mais vous connaissez un peu son entourage,
10:35quel serait le rôle d'un hypnothérapeute que vous êtes pour accompagner Loïse Boisson
10:39après son Roland-Garros 2025, sa demi-finale,
10:42où forcément en 2026, elle va être attendue au tournant ?
10:45Mais déjà, en l'accueillant, je verrais Loïse.
10:51Je ne verrais pas Loïse Boisson, la tennis woman.
10:55Et vous connaissez quelqu'un de son entourage ?
10:57Oui, je connais une orthoptiste qui travaillait avec elle
11:03sur tout ce qui est vision et performance
11:05pour justement travailler les repères visuels
11:09et optimiser la prise d'informations.
11:12Et on avait eu des échanges, justement, assez intéressants.
11:16Et beaucoup de professionnels qui gravitent autour des athlètes
11:20voient de plus en plus nécessaire
11:22l'accompagnement humain pour justement aller
11:26mettre du baume sur ce mental
11:30qui peut être mis à mal tout au long d'une saison.
11:33Parce qu'on voit, il y a des déplacements à tout va.
11:35Il y a des sollicitations extra-sportives.
11:40Et ensuite, il y a la réalité de l'athlète
11:42avec ses victoires, ses défaites, ses blessures,
11:46ses remises en question, ses doutes.
11:48Et c'est là que justement, le travail que moi, je propose,
11:52c'est vraiment au sens large.
11:55Parce qu'effectivement, l'hypnose,
11:57tout le monde a l'idée de mesmer.
12:00On peut faire faire la poule aux gens.
12:01Moi, je suis plus dans l'accompagnement de dire
12:05« Ok, t'as un souci, on va le considérer,
12:09mais vers quoi t'aimerais aller ? »
12:12Et déjà, qui es-tu ?
12:14Parce que souvent, il y a la personne et le personnage.
12:17Un sportif, quand on voit un cycliste sur le paddock,
12:22étrangement, dans le bus, c'est pas le même.
12:25Parce qu'il laisse tomber un masque.
12:27Sur la table de massage, c'est pas le même.
12:29Et dans l'intimité d'une conversation, d'une séance,
12:35le propre Benjamin Thomas, j'ai le souvenir, me disait,
12:40au bout de quelques séances, il me disait,
12:42« Mais j'aurais jamais pensé pouvoir parler de ces choses-là
12:46si personnelles à une personne que je connais à peine.
12:52Mais ça me fait tellement de bien. »
12:55Et c'est ça qui est intéressant.
12:56C'est qu'il y a justement cette confidentialité
12:58dont je parlais tout à l'heure,
13:00où pour moi, c'est vraiment très précieux
13:01la confiance qu'un athlète peut me montrer.
13:04Et c'est ce qui est pour moi
13:05le combustible, le carburant
13:08de toute performance.
13:11Un athlète se doit d'être entouré
13:13d'un cercle de confiance.
13:16Dans le tennis, ce sera son coach.
13:18On le voit avec les clans Nadal, le clan Alcaraz et autres.
13:23Et dans le vélo, c'est la même chose.
13:25Il y a l'entraîneur, il y a le masseur, il y a le DS,
13:29il y a les collègues, les coéquipiers,
13:31comment on serait de les appeler.
13:33Et c'est quand la personne se sent à l'aise et en confiance
13:37qu'il va montrer son meilleur potentiel.
13:39Mais s'il ne se sent pas en confiance
13:43avec le vélo, il veut freiner.
13:46Donc s'il ne se sent pas en confiance
13:47dans l'humain, qu'est-ce qu'il va faire ?
13:49Il va mettre de la distance.
13:50Et il va s'éloigner
13:51de la force du collectif.
13:56Donc là,
13:57si on prend l'exemple du vélo,
13:58excusez-moi de vous couper Yannick,
14:00mais là, si on prend le cadre du cyclisme,
14:02en l'occurrence, c'est une équipe.
14:03L'équipe Team Kofidis avec son ancien manager
14:06Cédric Vasseur qui est venu vous chercher.
14:07Ça veut dire qu'en fait, il faut être réceptif
14:10à ce que vous faites.
14:11Parce que ça donne l'impression en fait
14:12que c'est très intimiste ce que vous faites.
14:15Ce n'est pas très démocratisé, entre guillemets,
14:18où on fait le truc dans son coin,
14:20où on n'ose pas trop en parler,
14:22où on n'ose pas trop dire ce qu'on fait.
14:23C'est ça un peu ou j'ai rien compris ?
14:26Non, vous avez parfaitement compris.
14:28C'est que c'est tellement personnel
14:31qu'en fait, on ne va pas l'exposer au grand jour.
14:35Moi, je garde l'info pour moi,
14:38d'où ma confidentialité,
14:40et c'est quelque chose à quoi je m'engage.
14:43Et s'il m'arrive de transmettre
14:45un message à l'environnement du coureur,
14:50je ne transmets pas toute l'information,
14:53mais je transmets le message
14:55qui peut apporter du mieux-être
14:57dans la relation d'un entraîneur
15:01envers l'athlète.
15:02Parce qu'en fait, il faut s'adapter.
15:05On demande souvent à l'athlète
15:07de s'adapter au matériel qu'on lui donne.
15:09Donc oui, il va avoir le choix
15:10de sa taille de cadre et autres.
15:14Mais c'est aussi à l'entourage
15:15de dire que ce coureur-là est comme ça.
15:18Et c'est à nous aussi d'aller vers lui,
15:20plutôt que de lui s'adapter
15:22à ce qu'on va lui demander
15:24et de rentrer dans un cadre strict.
15:26C'est quand l'athlète a sa liberté d'expression
15:30qu'il va montrer son meilleur potentiel.
15:33Mais si on le bride,
15:34quelque chose qui ne lui convient pas à 100%,
15:37à la longue, c'est usant.
15:40Et je pense que c'est ce qui arrive en ce moment
15:42avec les jeunes athlètes
15:44qui grandissent.
15:46si moi je me souviens
15:49de ce que je faisais
15:49entre 19 et 23 ans,
15:53c'est à des années-lumière
15:54de ce qu'eux vivent.
15:58Et en fait,
15:59ils mettent des années de leur vie
16:02dans un rêve,
16:05dans un objectif
16:06qui n'ont aucune garantie d'atteindre.
16:09Et en fait,
16:10ça les consomme de l'intérieur.
16:12Oui, justement.
16:13Quel que soit le sport, Yannick,
16:15quel que soit le sport,
16:16la charge mentale,
16:17le foot, le rugby, le tennis,
16:20le cyclisme et tout.
16:23La charge mentale,
16:24on dit souvent que le sport
16:25est le reflet de la société.
16:26C'est ça le problème en fait, Antoine ?
16:29Je me faisais une réflexion hier,
16:31justement,
16:32en sachant qu'on allait discuter.
16:33Et maintenant,
16:34on consomme du cyclisme.
16:36On consomme du sport.
16:40Et en fait,
16:40c'est les athlètes qu'on consomme.
16:44Et une fois que ces athlètes
16:45sont consumés,
16:47donc ils sont cramés à la force,
16:49il y en aura toujours d'autres
16:50qui arriveront derrière.
16:52Des carrières à la Valverde,
16:54je doute sincèrement
16:55qu'on en revoie.
16:5730 ans maintenant,
16:58c'est vieux.
17:00C'est chaud.
17:03Et même maintenant,
17:04on voit des jeunes de 25 ans
17:05qui disent
17:05« Je ne me vois pas continuer
17:08longtemps dans ce milieu-là. »
17:11Donc c'est compliqué.
17:11Et ce n'est pas physiquement
17:12parce qu'ils sont en Cannes
17:13et on le voit,
17:14certains prennent leur retraite
17:15et ils deviennent
17:16d'excellents trailers,
17:18ils deviennent d'excellents sportifs
17:19dans d'autres disciplines.
17:21On voit Greg Van Avermaet.
17:23Maintenant,
17:23en triathlon,
17:24c'est du costaud quand même.
17:26Laurent Jalaber à son époque,
17:29Vino Kouroff aussi.
17:35Et maintenant,
17:36on a l'impression
17:36que les jeunes se disent
17:37« Mais une fois que moi,
17:38je raccroche,
17:40j'ai tellement de capital
17:41vie à récupérer
17:43parce que j'ai tellement investi
17:45dans ce que je souhaitais atteindre
17:47et je vois que ça a été
17:48impossible et tronqué. »
17:51Voilà.
17:52À un moment donné,
17:52il faut se ressourcer,
17:53il faut se régénérer.
17:54Et c'est ça qui est
17:56dans mes compétences.
18:00Pour conclure,
18:00Elik,
18:01parce qu'on essaye
18:03d'être pas trop technique justement,
18:04on va prendre deux cas concrets.
18:06Le cycliste Paul Sexas.
18:09Le tennis,
18:10Loïs Boisson.
18:12Et le foot,
18:13Kylian Mbappé.
18:15Et puis le rugby,
18:17Antoine Dupont.
18:19Voilà.
18:21L'hypnothérapeute,
18:22s'il a la chance
18:24de pouvoir les accompagner,
18:27il leur dit quoi,
18:28à ces quatre ?
18:31Déjà,
18:31je commencerai par celui
18:32qui est le plus près d'ici,
18:33Antoine Dupont.
18:35Je pense qu'il a déjà
18:36des qualités lui-même
18:37psychologiques
18:39très importantes.
18:43J'ai de connaissance
18:45le fait qu'il s'est bien entouré.
18:49Et comme je disais tout à l'heure,
18:50l'environnement,
18:51le terreau dans lequel on grandit,
18:52pour moi,
18:53c'est fondamental.
18:54Donc,
18:56pour Antoine,
18:57Dupont,
18:58je n'aurais aucun souci,
18:59sincèrement.
19:01Paul Sexas,
19:02je me dis,
19:04l'objectif
19:05Tour de France
19:06d'ici 2030,
19:07c'est loin,
19:10à la fois,
19:10c'est très proche.
19:12Je me dis,
19:13le garçon,
19:14il doit être
19:15vraiment solide
19:16dans sa tête.
19:16parce qu'il y a
19:19le sponsor
19:20qui met déjà,
19:21ce n'est même pas
19:22la barre très haute,
19:22c'est presque un impératif.
19:24C'est mission
19:25Tour de France.
19:28Je le vois très bien,
19:29très bien construit
19:30dans sa tête aussi,
19:31son discours
19:32pour quelqu'un de son âge,
19:34ses chapeaux.
19:36Et je pense
19:36qu'il est très bien entouré aussi.
19:41Louis Boisson,
19:42ce que je vois,
19:43c'est que le sport
19:44qu'est le tennis,
19:46il n'y a qu'une personne
19:47sur le coup.
19:50Et ça,
19:50c'est compliqué
19:50parce que c'est vraiment
19:51tous les projecteurs
19:52sur la personne
19:54en elle-même.
19:56Et je dirais
19:57qu'il faut être préparé,
19:59je ne sais pas
19:59si elle s'attendait
20:00à vivre ce Roland-Garros-là.
20:02Et après,
20:03il faut l'encaisser.
20:04C'est dire,
20:05oui, moi,
20:05je sais nager,
20:06mais peut-être
20:06là où j'ai pied encore.
20:09Et là,
20:09on l'a directement mis
20:10dans le grand bain,
20:11voire dans la mer,
20:12on est allé.
20:13Maintenant,
20:13tu vas aller taper
20:14un grand chelaine,
20:16tu vas aller taper
20:17les meilleures joueuses mondiales,
20:19chose dont elle est capable,
20:20je pense.
20:22Et quand j'observe,
20:23moi,
20:23avec mes connaissances,
20:25il y a des blessures
20:26qui reflètent justement
20:27une surcharge mentale,
20:30une usure mentale,
20:30on parle de fractures,
20:31de fatigue.
20:33Et à un moment donné,
20:34ça,
20:34ça se manifeste aussi
20:35parce que
20:35la charge mentale
20:37va aller consommer
20:38l'énergie
20:38que l'athlète a en lui
20:41et qui ne peut plus
20:42mettre au service
20:43de sa performance
20:44parce que justement,
20:46il doit faire face
20:47à des émotions
20:49qu'il n'a peut-être
20:49pas connues auparavant,
20:51à des sollicitations,
20:52à un stress
20:52et une fatigue nerveuse
20:54qu'il n'a pas connues auparavant.
20:55Et c'est en ça
20:56que justement,
20:56j'apporte cette notion-là
20:59de dire,
21:00OK,
21:01on va te recentrer
21:02sur ce que toi,
21:04tu peux gérer
21:05plutôt que de voir
21:07tout l'environnement
21:08qui gravite autour de toi.
21:10Et c'est ce qu'on voit aussi
21:10notamment au basket.
21:13L'NBA,
21:14c'est ça,
21:15ça fracasse les joueurs
21:18si on n'est pas prêt.
21:19Donc,
21:20le sport de haut niveau
21:20maintenant,
21:21c'est ça,
21:21c'est de la consommation.
21:25Et le dernier ?
21:25Et le dernier était
21:28Kylian Mbappé.
21:34Pareil,
21:35depuis qu'il a 10 ans,
21:39il est le mot que je déteste,
21:40mais il est programmé.
21:42La voie royale
21:43ou réale maintenant,
21:46mais c'est-à-dire que
21:47c'est-à-dire,
21:48le plan de carrière
21:49de Kylian Mbappé,
21:50c'est ça,
21:51si tout va bien.
21:52et son environnement
21:55a fait que
21:56tout aille
21:57le mieux possible.
21:59On peut remettre
21:59en question des choix,
22:01mais à un moment donné,
22:01dans la vie,
22:02il faut faire des choix,
22:02il faut décider
22:03pour avancer.
22:08Personnellement,
22:08je le vois carré.
22:09Après,
22:09on adhère
22:10ou pas
22:11à la personnalité,
22:14au personnage,
22:15mais qui peut dire
22:16qu'il connaît la personne ?
22:17Et d'Antoine Dupont
22:18et de Paul Sexas
22:19et de Loïs Boisson
22:20et de Kylian Mbappé.
22:22Les gens qui en sont
22:22le plus proches.
22:24Donc,
22:24des gens de confiance.
22:26Donc,
22:26Yannick,
22:28si,
22:28et ça sera le mot de la fin,
22:29si je peux me permettre,
22:31pour résumer,
22:33ce que vous faites,
22:34l'hypnothérapie,
22:36c'est pour éviter
22:36que,
22:37en l'occurrence,
22:38dans le cas concret,
22:39le sportif de haut niveau
22:40soit trop programmé
22:42et essaye de penser
22:44par lui-même
22:44et pas la pensée
22:47par rapport aux autres,
22:48c'est ça ?
22:49C'est ça.
22:49Et en ce moment,
22:50on est à l'ère
22:52de l'intelligence artificielle
22:53alors qu'on a
22:54l'intelligence humaine
22:55qui brille.
22:58Moi,
22:58c'est ce sur quoi
22:59j'axe mon travail.
23:01Sur l'humain.
23:03Sur l'humain.
23:03Le matériel
23:05qui va autour,
23:06c'est très bien.
23:07Mais le vélo
23:08avancera toujours
23:09grâce à l'humain.
23:10La balle de tennis
23:11avancera toujours
23:12grâce à l'humain.
23:13Le ballon de foot aussi.
23:14Le ballon de rugby aussi.
23:17Et quand on pose
23:18l'accessoire sportif,
23:20quel qu'il soit,
23:22on reste des êtres humains
23:23avant tout.
23:24Et c'est ce que moi,
23:25je défends.
23:26Et je suis conscient
23:26qu'on peut adhérer,
23:28qu'on peut être
23:28indifférent
23:30à mon discours.
23:32Mais moi,
23:33je m'y affaire.
23:36Et je pense,
23:37à mon sens,
23:38que c'est
23:38une des clés importantes
23:40de la performance.
23:42Yannick,
23:43un grand merci
23:43pour cet éclairage,
23:44cet entretien.
23:46J'espère que
23:46nos internautes,
23:47ça les intéressera.
23:49On verra bien
23:50et à très vite.
23:53Du coup,
23:54plus d'équipes de vélo,
23:56plus Kofidis.
23:57S'il y a un appel
23:58à faire
23:58aux amis sportifs,
24:01pourquoi on aurait
24:01besoin de vous ?
24:02Déjà,
24:05je dirais
24:05pour se sentir bien
24:06et de se bien,
24:09se sentir mieux
24:10et d'aller vers
24:11des objectifs
24:12qui soient cohérents,
24:15avec une logique
24:16de fonctionnement
24:16cohérente.
24:17C'est vraiment ça.
24:18On a pu échanger.
24:20Moi,
24:20ce que je veux,
24:22le sourire,
24:23pour moi,
24:23ça fait beaucoup,
24:24de voir un athlète
24:25sourire.
24:26C'est déjà
24:28une bonne partie
24:29du travail
24:31qui est fait.
24:32Après,
24:32lui aura fait
24:33son entraînement,
24:33lui aura tout fait.
24:35Mais l'énergie
24:36que dégage
24:37un sourire,
24:38pour moi,
24:39c'est la meilleure
24:39carte de visite.
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