00:02Est-ce que les premières tendances et les résultats provisoires donnaient un score serré entre Sisoko Mbalo et Fernando Diaz ?
00:08Les tendances semblaient donner une avance au candidat Diaz.
00:11En tout cas, les partisans de Fernando Diaz, y compris lui-même, réclamaient la victoire dès le premier tour.
00:17Alors, quels sont les rapports aujourd'hui entre le PIGC et Fernando Diaz d'un côté et l'armée de l'autre ?
00:24Alors, il faut dire que le leadership actuel du PIGC a des relations un peu tendues avec certains officiers de l'armée Bissau-Guinéenne.
00:32Domingos Simoes-Péreira, qui a été élu président du PIGC depuis 2014, a voulu couper le lien ombilical entre le PIGC et certains réseaux au sein de l'armée Bissau-Guinéenne.
00:41Donc, l'objectif de DSP est d'intégrer à l'armée du géopolitique afin d'inscrire la Guinée dans une dynamique de stabilisation à long terme.
00:48L'objectif de DSP, Domingos Simoes-Péreira. Alors, pourquoi ce coup d'État, à votre avis ?
00:53Alors, il y a beaucoup de flou autour de ce coup d'État. Il y a bien sûr l'hypothèse d'une machination qui serait organisée par le régime en place pour ne pas donner le pouvoir à Fernando Diaz, le principal challenger du président Mbalo.
01:06Les motivations qui ont été avancées par le haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale créent le doute auprès de beaucoup d'acteurs.
01:14En Guinée-Bissau, si c'était le cas, on aurait pu imaginer la mise en place de mécanismes qui auraient pu empêcher la survenance de cette tentative de déstabilisation et la poursuite du processus électoral.
01:24Donc, la déclaration de l'arrêt du processus électoral tend à accréditer l'hypothèse selon laquelle ce coup d'État a été effectivement organisé pour stopper le processus électoral,
01:34mais bien sûr empêcher l'accession au pouvoir de l'opposition.
01:37D'où l'arrestation ce mercredi de Domingos Simoes Pereira.
01:41Oui, effectivement, Domingos Simoes Pereira a été arrêté. D'ailleurs, le PSGC et beaucoup d'acteurs politiques appellent à une mobilisation populaire pour demander sa libération.
01:50En revanche, Fernando Diaz, les militaires n'ont pas réussi à l'arrêter ce mercredi.
01:55Oui, il y avait eu une tentative d'arrestation, mais qui n'a pas prospéré. Il serait actuellement en lieu sûr, d'après ses partisans, et serait également recherché par les autorités militaires.
02:05Donc, l'hypothèse d'une entente entre l'armée et le président sortant, Sisoko Mbalo, vous paraît une hypothèse tout à fait sérieuse, c'est ça ?
02:13Alors, ce n'est pas la première fois que ce type de scénario se déroule en Guinée-Bissau.
02:17Rappelez-vous des élections en 2012, le coup d'État a intervenu le 12 avril, alors qu'on se préparait à aller en deuxième tour,
02:24avec véritablement Carlos Gomes Junior, qui était le favori devant Kumbayala.
02:28Donc, l'hypothèse d'une jonction entre les intérêts politiques et les intérêts militaires pour arrêter le processus actuel, pour moins de moins crédible.
02:35Et déjà en 2012, l'armée avait interrompu le processus électoral ?
02:39Tout à fait.
02:40Au dépend de Carlos Gomes Junior, du PAIGC ?
02:43Au dépend de Carlos Gomes Junior, il a mis une transition de deux ans et a débouché à l'organisation des élections générales.
02:49Le nouvel homme fort, le général Hortan Tam, promet de rendre le pouvoir au bout d'un an de transition. Est-ce que c'est crédible ?
02:57C'est possible. Et il faut remarquer d'abord que depuis le coup d'État de Ninou Vieira dans les années 80,
03:02c'est la première fois que l'armée Bissau-Guinienne perpétue un coup d'État et conserve le pouvoir.
03:06Tous les autres coups d'État, le pouvoir avait été retourné au civil à la suite de la mise en place d'une transition qui était dirigée par des acteurs civils.
03:15Mais là, on assiste à une confiscation du pouvoir par les militaires.
03:18Je pense qu'il nous faudra prêter attention à la mise en place de ces transitions,
03:21notamment pour les acteurs tels que la CDAO qui ont déjà appelé à un retour à l'ordre constitutionnel.
03:28Et qui peuvent peser quand même sur la transition actuelle.
03:30Oui. Depuis 2012, la CDAO a été le principal acteur du processus de stabilisation.
03:36Et donc l'organisation a très peu de manœuvre, mais a une faune d'opportunités pour s'impliquer davantage dans le processus de stabilisation du pays,
03:43qui soit en étant ferme sur la contamination du coup d'État et appelé à un retour à l'ordre constitutionnel et la poursuite du processus électoral,
03:51ou bien s'inscrire dans une logique d'accompagnement de ces transitions de 1 an pour un retour très rapide à l'ordre constitutionnel.
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