- il y a 11 heures
Chaque jour, des millions de Français prennent le train, le bus, le métro… Malheureusement, beaucoup d’entre eux font face à une réalité inquiétante : la montée de l’insécurité dans les transports en commun.
Agressions, vols, violences. Chaque trajet peut basculer. L’insécurité cible les voyageurs et particulièrement les femmes, mais aussi le personnel.
Insultes, menaces… Certains chauffeurs de bus, contrôleurs ou agents ont payé de leur vie ce service public.
Immersion avec les brigades chargées de faire respecter l’ordre sur le terrain, témoignages bouleversants, analyse d’experts…
Plongée exclusive dans l’enfer des transports en commun.
Agressions, vols, violences. Chaque trajet peut basculer. L’insécurité cible les voyageurs et particulièrement les femmes, mais aussi le personnel.
Insultes, menaces… Certains chauffeurs de bus, contrôleurs ou agents ont payé de leur vie ce service public.
Immersion avec les brigades chargées de faire respecter l’ordre sur le terrain, témoignages bouleversants, analyse d’experts…
Plongée exclusive dans l’enfer des transports en commun.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Chaque jour, des millions de français prennent le train, le bus, le métro ou encore le RER, la boule au ventre.
00:07Je vais cracher ou pas ?
00:10Mais crache, crache ! Moi je vais aller porter plainte contre toi, ok ?
00:12Agression, vol, attouchement...
00:15Allez, traite en combat !
00:17En une seconde, un trajet banal peut virer au cauchemar.
00:20Les voyageurs trinquent, les chauffeurs et les contrôleurs aussi.
00:27Va me ta gueule !
00:29Mais dégage maintenant, va là-bas ! Va, dégage, imbécile, va ta race !
00:32Mais t'as pété les bleus ou quoi ?
00:33Moi ça fait 22 ans que je suis machiniste receveur, il n'y a jamais eu autant de violence que maintenant.
00:38Insultes, menaces, certains n'en sont jamais revenus.
00:41Sa tête a fracassé avec une plaie de 17 cm.
00:47Immersion avec les agents chargés de faire régner l'ordre dans les transports en commun.
00:51Résine de cannabis.
00:52Wesh, qu'est-ce qu'il y a, vous regardez là, y a quoi sa mère la plus ?
00:54Monsieur, on descend, on descendait d'un cran.
00:56L'individu vit mal son interpellation.
00:59Mais je sais très bien ce que tu étais en train de faire derrière moi.
01:02Si, si, si.
01:03Témoignage bouleversant de victime.
01:05Et il a tout de suite commencé à me porter des coups au visage.
01:08Coup de poing, coup de pied.
01:09Il met son sexe devant ma visage.
01:13Mais carrément devant ma visage.
01:15D'où vient cette insécurité ?
01:17Comment expliquer son explosion ?
01:19Quelle solution pour y mettre fin ?
01:21Plongée inédite dans l'enfer des transports en commun.
01:25L'insécurité dans les transports en commun.
01:28L'insécurité dans les transports en commun touche principalement les femmes.
01:33Elle représente 91% des victimes.
01:35On n'est plus en sécurité dans les transports en commun.
01:40Moi, je travaille de nuit.
01:42Donc, c'est vraiment l'insécurité totale.
01:45Il y a eu deux, trois personnes qui peuvent arriver, s'asseoir en face de vous.
01:49Ils vous fixent.
01:50Vous avez vraiment peur.
01:52La nuit, quand il n'y a pas grand monde dedans, oui, ça fait toujours un peu peur.
01:56Si je me retrouve toute seule dans un wagon, je me remets dans une voiture avec d'autres personnes pour ne pas être seule.
02:03Sept femmes sur dix ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles dans les transports franciliens au cours de leur vie.
02:10En tant que femme, on est plus exposé aux dangers, surtout s'il n'y a que des hommes.
02:14Quand il y a du monde dans les métros, tout le monde est collé.
02:17Et en fait, c'est la bonne excuse que les hommes ont pour se coller derrière nous.
02:21Ces passantes ont bien raison de pointer du doigt les hommes,
02:26qui représentent 99% des mises en cause pour violences sexuelles dans les transports.
02:32Alors, pour se protéger, de plus en plus de femmes prennent leurs précautions.
02:36En tant que femme, j'essaye d'éviter de prendre les transports en commun seule le soir.
02:40Je ne sors plus le soir. Si je sors le soir, c'est vraiment jusqu'à 21h.
02:44Moi, de mon côté, j'essaye d'éviter le métro.
02:47Comme vous avez pu le voir, vous m'avez vu en train de marcher.
02:50Certes, il fait froid, mais au moins, je suis tranquille et plus à l'aise.
02:5468% d'entre elles vont même jusqu'à s'habiller différemment lorsqu'elles prennent les transports.
02:59Bagarre, incivilité, agression sexuelle, les images violentes se multiplient
03:22et témoignent d'une insécurité grandissante dans les transports.
03:25Mais alors, à quoi ressemble réellement une journée banale dans les transports en commun ?
03:32Pour tenter de juguler ce fléau, la police et les différents organismes de transport multiplient la présence d'agents sur le terrain.
03:41Nous avons passé une journée avec la CSG, la police régionale des transports à Paris.
03:46On commence par Châtelet.
03:47Pour assurer la sécurité des voyageurs, ces hommes et ces femmes arpentent stations de métro et gares pour procéder à des contrôles aléatoires.
03:55La station de métro Châtelet-Léal et on va diriger notre patrouille pour l'instant sur ce secteur-là parce que c'est une horaire de forte affluence.
04:04Et en plus, c'est un secteur qui nous a été indiqué comme criminogène.
04:08Premier contrôle et première découverte surprenante.
04:15Résine de cannabis.
04:16Donc effectivement, il en avait dans sa sacoche.
04:20Ce voyageur qui déambulait avec du cannabis dans sa poche va écoper d'une amende de 150 euros.
04:26Quelques minutes plus tard, Gare du Nord, un individu au comportement suspect intrigue les policiers.
04:32Dès la première approche, il se montre pour le moins réticent et très agressif.
04:37Qu'est-ce que j'ai fait ?
04:38Par contre le policier.
04:41Arrête de me toucher.
04:44Arrête de me toucher.
04:46Monsieur, vous pouvez monter votre téléphone, s'il vous plaît ?
04:49Quoi ?
04:50Vot téléphone.
04:51Dis s'il te plaît, me blancher le téléphone.
04:53Je viens de vous le dire.
04:55Sans aucun respect, l'homme se met à insulter les passants.
04:58Qu'est-ce qu'il y a, vous regardez là ? Y'a quoi sa mère la pute ?
05:01On descendait d'un cran.
05:02Sur la mer, je vais te violer ta mère.
05:04Bilan du contrôle.
05:05L'individu voyage sans titre de transport.
05:07Je n'ai pas de ticket, moi.
05:10Arrête de chercher la mer bêtement.
05:13Je ne peux pas te casser les plus.
05:16Je ne sais pas, je cherche la petite bête, sa mère la pute.
05:18Une infraction qui lui vaudra une amende de 70 euros.
05:22Il n'avait pas de ticket de transport.
05:23On l'a contrôlé parce qu'il criait dans la gare.
05:26Manifestement, il n'a pas trop apprécié notre contrôle.
05:29Autre gare, nouveau contrôle.
05:31En tapant le nom de cet homme dans leur base de données,
05:34les équipes de la CSG s'aperçoivent qu'il est inscrit au fichier
05:37des personnes recherchées pour violences conjugales.
05:40Interpellation à 19h50.
05:42L'individu fait la mesure d'un mandat de recherche pour menace de mort par conjoint.
05:48Extrait de la gare afin d'être placé en garde à vue,
05:51l'homme se montre menaçant envers la brigade.
05:54L'individu vit mal son interpellation.
05:58Tu sais pas menotter, je t'aurais démonté ta gueule.
06:02Je t'aurais démonté ta gueule.
06:04Je te jure la tombe de ma mère, je t'aurais calmé.
06:06Je t'emmerde toi, je t'emmerde.
06:09Avant d'être emmené au commissariat.
06:12Je t'emmerde toi.
06:14Toi t'as un con, je t'emmerde.
06:24Le lendemain, les équipes de la Blast,
06:26la brigade de lutte contre les atteintes à la sécurité des transports,
06:29nous ont donné rendez-vous pour une journée en immersion dans le métro parisien,
06:33à la différence de la CSG et à l'image de François,
06:37lieutenant-chef d'unité,
06:38ses agents patrouillent en civil pour te fondre dans la masse.
06:42Attention, des pickpockets peuvent être présents à bord.
06:45Et justement, deux hommes sont interpellés pour tentative de vol sur un touriste,
06:50avec une méthode bien rodée.
06:52Non, on a rien utilisé.
06:53Mais je sais très bien ce que t'étais en train de faire derrière moi.
06:56Si, si, si.
06:57Les deux, ce qu'ils ont fait, ils ont tenté de voler
07:00et en fait, ils utilisent la technique du blocage.
07:02Donc en fait, ils sont deux.
07:04T'en a un qui se met devant la victime
07:06et le deuxième derrière, la deuxième personne,
07:08va voler la victime.
07:10Là, on est typiquement dans du comportement d'habitude.
07:14C'est des gens, on les connaît,
07:16ils sont habitués à être dans les transports en commun.
07:20Les mises en cause sont des hommes d'une cinquantaine d'années.
07:24Il n'y a pas d'âge.
07:25Les auteurs de pickpockets sont aussi bien des femmes, des hommes, des mineurs, des majeurs.
07:32Là, en l'occurrence, ils sont majeurs.
07:34Ils ne parlent que très peu le français
07:36et semblent être originaire des pays de l'Est.
07:38Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur,
07:41les étrangers sont surreprésentés dans les actes liés à l'insécurité dans les transports.
07:45Par exemple, sur les 640 ni en accusation pour violences sexuelles en Ile-de-France en 2024,
07:5162% étaient étrangers.
07:54Grâce au travail acharné des policiers sur le terrain,
07:58sur le premier semestre 2025,
08:00on constate tout de même une baisse de l'insécurité dans les transports en commun en Ile-de-France.
08:04Moins 17% de vols avec violence
08:07et moins 13,5% pour les vols à la tire.
08:14Et malheureusement, les métros, bus, trams ou trains
08:18figurent parmi les terrains de chasse favoris des prédateurs sexuels.
08:21Selon une étude de l'Observatoire national des violences faites aux femmes,
08:24en près de 10 ans, le nombre de victimes de violences sexuelles dans les transports en commun
08:29a augmenté de 86%.
08:31En région parisienne, l'une de ces femmes a accepté de nous recevoir chez elle
08:36pour nous parler de son agression et de son traumatisme.
08:39Marcel, une mère de famille d'une quarantaine d'années d'origine brésilienne,
08:43se rend chaque jour à son travail dans la capitale en RER.
08:46Il ne lui était jamais rien arrivé jusqu'à ce matin-là, à 9h30,
08:50lorsqu'un homme s'est assis à côté d'elle.
08:52Et lui, il commençait à s'approcher.
08:55Il commençait à s'approcher, mais je pensais que c'est parce que les gens partaient.
09:00Et du coup, je n'ai pas fait très attention.
09:03Et j'ai juste senti qu'ils sont très mauvais.
09:07Ils sont vraiment très mauvais.
09:09L'homme se rapproche de plus en plus.
09:11Marcel sent que la situation n'est pas normale.
09:14Et je m'ai tourné.
09:15Je vais commencer à me coincer vers le plus en plus de la fenêtre
09:19parce que je dis que c'est bizarre qu'il s'approche autant.
09:22Et ça n'est qu'une fois que le wagon a commencé à se vider,
09:24que l'agresseur va commettre des actes ignobles,
09:27dont la mère de famille a encore du mal à parler six mois après les faits.
09:30C'est là qu'il me coinçait les jambes.
09:33Il me coinçait les jambes, qu'il s'approchait de moi,
09:35qu'il s'est projetté plus pour moi, qu'il s'est masturbé,
09:39qu'il s'est déjà collé sur moi.
09:42Il s'est élevée, j'étais là.
09:44Il a mis son sexe devant ma visage,
09:48mais carrément devant ma visage, à peine quelques centimètres pour le toucher.
09:54Et c'est le moment où le train s'est arrêté et qu'il est parti en courant.
10:01Et c'est là que je réalisais que j'avais partout.
10:05Parce que voilà, et je courais et je commençais à crier, crier, crier.
10:11Une agression sexuelle aussi soudaine qu'attroce
10:13pour un homme qui ne semblait pas en être à son coup d'essai.
10:16Suite à ce terrible choc, la vie de Marcel a été complètement chamboulée.
10:34Devenue agoraphobe et pour ne plus faire de crises d'angoisse dans des endroits bondés de monde,
10:39elle est obligée de prendre énormément de médicaments.
10:41Là, c'est la dernière prescription.
10:43C'est ce que je prends tous les jours pour le métro.
10:45Et ça, tous les matins.
10:48Ça, c'est une fois par jour.
10:49Et ça, ça peut aller jusqu'à 4 ou 6.
10:54Si on incite les gens à prendre les transports,
10:56il faut leur garantir qu'ils ne vont pas se faire ni violer,
11:00nous, on va leur voler leur sac à main,
11:02ni se faire tabasser dans le transport.
11:04Si je paye un service, il faut un service de qualité.
11:06Et vous allez voir que cette insécurité galopante dans les transports
11:11concerne tout le monde.
11:12Non seulement les usagers, mais aussi les professionnels,
11:15contrôleurs, conducteurs de tram ou de métro et chauffeurs de bus,
11:19dont les agressions physiques ou verbales sont quotidiennes.
11:21Moi, ça fait 22 ans que je suis machiniste receveur.
11:30Il n'y a jamais eu autant de violence que maintenant.
11:33À l'époque, on avait un crachat, une insulte.
11:36Bon, on passait au-dessus.
11:37Aujourd'hui, la violence est énorme.
11:40Et parfois, cette violence incontrôlable va encore plus loin
11:43et aboutit à de véritables drames.
11:45Quasiment toutes les agressions, c'est soit avec une arme, un couteau,
11:49seringue, batte de baseball, matraque.
11:52Les gens sortent armés pour venir en découdre avec le conducteur de bus.
11:56Le 5 juillet 2020, alors qu'il conduisait son tram vers 19h
12:00dans les rues de Bayonne,
12:01Philippe Monguillot, 58 ans, s'est fait tabasser à mort par deux individus.
12:05Une affaire qui avait suscité à l'époque une vive émotion dans tout le pays.
12:09Monsieur le Président, entendez la colère des victimes.
12:22En fait, il a les oreilles bouchées. Il n'entend rien.
12:30Entre colère et tristesse, plus de 5 ans après les faits,
12:33sa veuve Véronique a accepté de revenir sur cette terrible tragédie
12:36qui a bouleversé sa vie et celle de ses trois filles.
12:39En fait, on dit qu'on va bien pour abréger.
12:43Voilà, mais c'est faux quoi.
12:45C'est faux parce que cela survit de toute manière depuis 5 ans.
12:49Tout a tellement été détruit autour de nous.
12:53Ce jour fatidique, son mari ne devait même pas travailler.
12:57Il avait accepté pour rendre service de remplacer l'un de ses collègues.
13:01Parce qu'il se rend de service entre chauffeurs comme ça.
13:03Et puis, il prend deux individus à 14h30.
13:06Déjà, il y a une altercation verbale parce que les individus voulaient prendre le tram sans titre de transport.
13:11Sauf qu'à Bayonne, si tu prends le tram ou le bus, t'achètes un titre de transport.
13:15Et puis là, ça peut se monter dans les tours, machin, insultes, etc.
13:19Mais Philippe ne savait pas qu'en forçant ces deux jeunes individus à acheter un titre de transport, il signerait son arrêt de mort.
13:26Mais toute l'après-midi, ça a cogité.
13:29Ils ont cogité ces gars-là.
13:30Et ils ont repris le tram à 19h.
13:32On ne va pas se laisser avoir par un chauffeur qui nous a obligés à prendre un titre de transport.
13:36Donc, ils sont revenus à 19h.
13:39Pas à 2 mais à 4 cette fois-ci.
13:41Et là, mon époux les a reconnus dans le rétroviseur.
13:45Le chauffeur se lève pour les contrôler une nouvelle fois et surtout leur rappeler, en cette période où le Covid faisait rage, de porter leur masque.
13:53Des injonctions qui n'ont pas du tout plu à ces jeunes, qui se sont montrés tout de suite très menaçants.
13:57Ils ont quand même dit des paroles qui n'ont pas été retenues au procès.
14:01On va te démonter, on va te finir à l'extérieur.
14:04Ça a été dit.
14:06Face à ces jeunes très agressifs, l'homme de 58 ans ne se démonte pas et tente de restaurer le calme à l'intérieur de son tram.
14:13Jusqu'à ce que ses assaillants le rouent littéralement de coup.
14:16On l'a massacré au sol.
14:18Un coup de pied dans la tête, un ballon de foot.
14:20On tape dans un ballon de foot.
14:22Malgré tout ça, il s'est quand même relevé.
14:23Il a eu le grand esprit d'aller se protéger dans le tram.
14:26Mais en fait, on est revenu l'achever.
14:27Il y a un gars, il est revenu, un individu, un truc.
14:30Un individu, c'est un truc quoi.
14:32Il est revenu, il a mis une hypercute.
14:34Comment voulez-vous qu'un homme qui a ramassé déjà tout ça au sol puisse se défendre contre ça ?
14:39Un déferlement de violence inexplicable qui va s'avérer fatal.
14:43Il est tombé au sol, sa tête a touché le trottoir, a fracassé avec une plaie de 17 cm.
14:51Dans un état de mort cérébrale, Philippe sera transporté à l'hôpital et maintenu en vie quelques jours.
14:57On l'a maintenu en vie cinq jours.
14:58Pour nous préparer, nous quatre, les femmes de sa vie à lui dire adieu.
15:02Donc voilà, les faits exacts quoi.
15:06Mais jusqu'où quoi ça peut aller ?
15:08Si tu dis quelque chose aujourd'hui, on te tue.
15:10Malgré la gravité de leurs actes, les meurtriers de Philippe ont vu leur fait être requalifiés par le tribunal.
15:16Un deuxième coup de poignard pour Véronique.
15:19Au départ, c'est meurtre aggravé par le parquet, c'était la qualification.
15:22Et en fait, après c'est devenu violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
15:27Là par contre, vous dites qu'il n'y a pas de justice à ce moment-là.
15:30Grâce à cette requalification des faits, les deux individus encouraient des peines beaucoup moins lourdes.
15:35L'un a pris 13 ans de réclusion criminelle et celui qui a achevé Philippe d'un coup de poing, seulement 15 ans.
15:41Des peines que Véronique juge dérisoires en comparaison de la sienne.
15:44C'est intolérable, c'est pourri, c'est répugnant, c'est d'avoir tout détruit comme ça.
15:49Ils ont détruit 28 ans de ma vie, 25 ans de mariage que j'ai pas pu fêter parce que mon mari a été tué un mois avant.
15:57Ça va passer. Ça va passer, ouais.
16:04Ne m'inquiétez pas, ça passe.
16:07Mais c'est vrai que là je replonge dans tout quoi.
16:10Aujourd'hui, Véronique veut se battre pour que les chauffeurs de bus ou de trams de Bayonne et de toute la France puissent travailler en toute sécurité.
16:18Il n'y a pas, il n'y a pas la sécurité nécessaire pour que les chauffeurs puissent aller au travail sans la boule au ventre. Il n'y en a pas.
16:24Il n'y a pas la vitre qui protège tout le poste de conduite, mais une vitre aussi costaud que le bouclier des CRS.
16:31Vous voyez, un truc vraiment, tu tapes dedans, ça ne te casse rien.
16:35Les vitres anti-agression desquelles parle Véronique, tous les bus et tramways de la région parisienne en sont équipés.
16:46Les chauffeurs peuvent la remonter à tout moment quand la situation l'exige, à l'aide de ce bouton.
16:55Néanmoins, ces vitres anti-agression n'ont pas empêché Emric, chauffeur de bus en région parisienne depuis 15 ans, de se faire violemment agresser alors qu'il prenait son service en plein cœur de Paris.
17:05Alors on se trouve au 27-29 rue Béliard, dans le 18e arrondissement de Paris, là où je vais prendre mon poste tous les jours.
17:14Et ici se trouve l'entrée du parking, réservée aux agents RATP.
17:21C'est ici qu'on m'a agressé, pile à cet endroit-là, le 20 septembre 2021.
17:28Alors qu'il portait l'uniforme très reconnaissable de la RATP, Emric s'est fait sauvagement tabasser, sans raison apparente.
17:35Quand je suis arrivé ici, je me suis fait sauter dessus par un individu qui était lui-même en vélo.
17:41Il m'a poussé ici, je suis tombé ici en me fracturant le poignet.
17:45Il est tombé sur moi. Quand il s'est relevé, mes lunettes étant par terre, il les a écrasées.
17:51Et il a tout de suite commencé à me porter des coups au visage.
17:54Coup de poing, coup de pied.
17:56Je lui ai demandé à plusieurs reprises d'arrêter.
17:59Ensuite, on a un bus qui est sorti et le conducteur s'est porté à mon secours.
18:06Là, les seules paroles de l'individu étaient de dire que c'était un accident tout en continuant à me frapper devant mon collègue.
18:14L'individu ensuite m'a poursuivi dans le centre bus.
18:18Selon Emric, c'est à cause de son métier et de son uniforme qu'il s'est fait agresser gratuitement et violemment.
18:24Aujourd'hui, ma conviction première, c'était parce que l'individu avait certainement eu maille à partir avec des contrôleurs ou des agents RATP par rapport au réseau et que quand il m'a vu, il s'est défoulé.
18:40Bien que fier de son métier et de son entreprise, Emric préfère prendre des précautions aujourd'hui.
18:45Aujourd'hui, je cache mon appartenance à la RATP, mais aujourd'hui, pour éviter des problèmes, il ne vaut mieux pas s'afficher de la RATP.
18:56Inexplicablement, aucune requête n'a été diligentée et l'agression n'a donc jamais été identifiée ni inquiétée.
19:03C'est un profond sentiment d'injustice car c'est malheureusement pas le premier qui s'en tire avec rien.
19:11Pourtant, Emric et ses collègues avaient été en mesure à l'époque de faire une description assez précise de l'individu.
19:18Mon agresseur faisait dans les 1m85, jeune, visiblement non natif de la France, au vu des quelques mots qu'il a prononcés à mes collègues.
19:36Quoi qu'il en soit, cette agression a provoqué un véritable traumatisme chez Emric, duquel il a toujours du mal à se remettre.
19:43Après l'agression, j'ai fait un stress post-traumatique aigu, qui m'a empêché de sortir de chez moi pendant deux ans.
19:51Pendant ces deux années, le chauffeur de bus n'a donc pas pu exercer son métier. Un métier qu'il aime, mais qu'il a vu se détériorer ces dernières années, en devenant beaucoup plus dangereux.
20:00C'est une violence quotidienne et elle augmente d'année en année. Le plus violent, ce sont les insultes et les crachats qui sont très monnaie courante.
20:12Oui, j'ai déjà été victime de crachats et d'insultes à bord de mon bus. On est là au service des gens et on nous crache dessus. C'est compliqué à s'en remettre.
20:24Moi, je m'en souviens et tous les collègues qui sont pris un crachat dans la figure s'en souviennent.
20:30Les chauffeurs de bus doivent également faire face à une nouvelle sorte d'incivilité, un phénomène tout droit venu des Etats-Unis que l'on appelle road rage, littéralement la rage routière, où des usagers de la route pètent complètement les plombs et deviennent très dangereux, comme sur ces images qu'un chauffeur nous a fait parvenir.
20:47Ce sont tout simplement des conducteurs ou des conductrices qui perdent leur nerf suite à des embouteillages ou à ce qui pense être une faute de votre part de conduite et qui vont vous agresser.
21:17Arrête, arrête, arrête !
21:20Arrête, arrête !
21:21Vous en rentez !
21:24Et c'est comportement irrationnel où un usager pète littéralement les plombs contre son bus. Emeric en a déjà fait les frais.
21:31Saint-Lazare, une personne qui a bloqué mon bus avec sa voiture et il a ensuite défoncé à main nue la vitre gauche, tout en m'insultant et me menaçant de mort.
21:41Cette personne a été identifiée et a eu un rappel à la loi de la part du procureur de la République.
21:48Et cette réponse judiciaire, pas toujours à la hauteur, rend le quotidien de ces agents encore plus difficile.
21:53C'est pas normal qu'en 2025, on peut se faire tabasser ou agresser des gens dans les bus.
21:58On vit dans le monde réel, on conduit des bus et on connaît les vraies agressions.
22:01Quand on arrive à 4 agressions par jour et la boule au ventre travaille pour se dire c'est qui le prochain,
22:06c'est pas des chiffres, c'est la réalité.
22:11Alors de quels moyens disposent réellement les agents qui sont censés faire régner l'ordre à bord de nos trains ou de nos bus ?
22:19En première ligne et parfois pris à partie par des usagers très violents,
22:28ces contrôleurs exercent un métier qui peut s'avérer très dangereux.
22:31Bien sûr que les collègues contrôleurs, on en parle souvent,
22:47eux aussi vont mettre des PV parce que les gens n'ont pas payé les transports et se retrouvent à se faire tabasser.
22:55Pour comprendre la difficulté de leur mission, nous sommes partis à la rencontre de Raymond, un ancien contrôleur de la SNCF.
23:01J'ai été contrôleur en Ile-de-France et c'est vrai que quand on est seul à bord d'un train,
23:07c'est compliqué pour faire régner l'ordre et faire respecter toutes les règles.
23:11Épuisé moralement par leur manque de moyens et excédé par le comportement de certains usagers,
23:16Raymond a préféré changer de métier.
23:18En tant que contrôleur, on est le premier rempart en termes de sécurité.
23:22Par exemple, les personnes qui fument à bord, qui souillent, qui mettent les pieds sur les banquettes.
23:27Souvent seul représentant de l'autorité à bord de son train,
23:31Raymond déplore le manque de moyens des agents pour faire leur travail.
23:34Il y a un ras-le-bol quand même parce que c'est vrai que quand on fait des demandes d'intervention,
23:38on sait que ça aboutit très rarement.
23:40On n'a plus envie de faire les demandes parce qu'on sait que ça n'aboutira pas.
23:43Ok, donc vous êtes découragé ?
23:45Ouais, un petit peu, ouais. On sait que dans certaines situations, ça n'aboutira pas.
23:49On laisse tomber quand on passe à autre chose.
23:53En effet, face à ces contrevenants agressifs,
23:56les agents qui ne sont pas habilités à contrôler leur identité sont complètement démunis.
24:01Non, on n'a pas les moyens de forcer quelqu'un à donner sa pièce d'identité.
24:05Elles nous disent clairement, moi je ne vous la donnerai pas.
24:07Ce qui fait qu'en fait, la personne qui a sa pièce d'identité sur elle mais qui ne peut pas la donner,
24:13elle gagne à 95% des cas.
24:18Et là, c'est vrai que ça complexifie les choses puisqu'en fait, il n'y a pas les forces de l'ordre systématiquement à bord.
24:24Elles sont principalement dans les grandes gares parisiennes.
24:26Mais quand on arrive dans des petites gares de province ou autre,
24:31le taux de présence des forces de l'ordre est très faible.
24:34Donc les contrevenants à bord des trains vont se retrouver impunis.
24:39Selon Raymond, les délinquants qui font régner leurs lois dans les transports en commun
24:42connaissent l'extrême lenteur du système et le manque de moyens des agents de contrôle.
24:46Et ils les font tourner à leur avantage.
24:48Il y a de la délinquance, il y a matière dans les transports.
24:51Donc c'est vrai que si on connaît les règles, si on connaît nos pouvoirs, nos limites, etc.,
24:55un contrevenant qui connaît ça, il a des chances de s'en sortir.
25:00Avec plus de 107 000 victimes de vols, violences ou escroqueries en 2024
25:04et une augmentation de 62% des violences sexuelles depuis 2016,
25:08l'insécurité dans les transports en commun est plus que jamais d'actualité.
25:12Alors comment mettre un stop à cette tendance inquiétante ?
25:16Une pétition lancée le mois dernier et signée par plus de 11 000 personnes
25:20réclame des wagons réservés aux femmes.
25:22Mais l'idée est loin de faire l'unanimité.
Écris le tout premier commentaire