00:00Ici Pays Basque, premier sur l'actu local au Pays Basque, ici matin.
00:07Il est 7h47, aujourd'hui c'est le 25 novembre, la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:14Ce matin, nous accueillons une femme courageuse qui a accepté de témoigner de ce qu'elle a vécu, Yana.
00:18Elle s'appelle Laurence Richer, bonjour.
00:20Bonjour.
00:21Vous avez 34 ans, vous habitez sur la côte basque, vous êtes maman de deux garçons.
00:25Après vous être séparée de leur père, vous avez connu un compagnon violent.
00:30Ça fait un an à peine que vous en êtes sortie.
00:33Qu'est-ce qui vous a poussé à venir parler ce matin, ici à Visage Découvert ?
00:38Ce qui me pousse, c'est surtout l'idée de me dire qu'en fait, moi ce qui m'a tenue dans cette relation, c'est le fait de ne pas parler en fait.
00:45De tout tenir secret, de ne pas échanger avec mes amis, de ne pas parler de ce que j'étais en train de vivre.
00:51En fait, du moment où j'ai commencé à en parler, j'ai compris ce que j'étais en train de vivre.
00:56Et puis surtout, moi j'ai eu honte, je me suis beaucoup culpabilisée par rapport à ma relation.
01:03Et je voudrais qu'en fait, les femmes, elles aient plus honte.
01:05En fait, ce n'est pas nous le problème, c'est l'homme en face qui comprend très bien les failles et les sensibilités de la femme qu'il a devant lui et qu'il est en train de détruire.
01:17Bon, qu'est-ce qui vous a poussé à parler finalement ?
01:21Moi, je lui ai mis un coup.
01:25Je lui ai mis un coup un jour parce que je n'en pouvais plus en fait, j'étais à bout.
01:28Donc, je lui ai mis un coup et j'ai contacté un thérapeute qui était spécialisé en violences conjugales.
01:34Et je lui ai dit, j'ai un problème, j'ai frappé mon compagnon, j'ai besoin d'aide.
01:38Donc, j'ai vraiment reporté le problème sur moi parce que je me suis dit, mais là, je ris, ce n'est pas normal.
01:44Et en fait, en commençant le suivi thérapeutique avec lui, c'est un suivi qu'à la base, j'avais proposé aussi à mon compagnon,
01:51en lui disant, bon là, le couple ne fonctionne pas, il n'y est jamais venu.
01:54Il a toujours trouvé des excuses pour ne pas y venir.
01:56Mais moi, en commençant ce suivi-là, en fait, très vite, le thérapeute me dit,
02:00mais est-ce que vraiment, vous pensez que c'est vous qui êtes violente dans cette relation ?
02:05Et en fait, je me suis rendue compte que non.
02:06Moi, je réagissais, en fait, à ce qui était fait depuis un certain temps.
02:11Vous avez vécu près de deux ans avec cet homme violent.
02:13Vous n'avez pas porté plainte. Pourquoi ?
02:16Non, parce que, en fait, à la suite de ce travail thérapeutique, j'ai rencontré d'autres femmes.
02:22Ça m'a beaucoup aidée.
02:23Et en fait, dans les échanges que j'avais avec ces femmes-là, qui étaient victimes aussi,
02:26mais c'était factuel, de coups, d'agressions, presque toutes, je dirais, m'ont dit,
02:33en fait, c'est une double peine.
02:34Si tu y vas, vas-y, mais sache qu'il y a un grand risque de double peine, en fait.
02:38On n'est pas entendus.
02:40Il y a des retours par la justice qui sont très violents.
02:42Des femmes qu'on accuse presque de l'avoir cherchées.
02:46Enfin, je le dis comme ça, mais chacune son vécu.
02:49Mais en attendant, c'est vraiment ce retour que j'ai.
02:51J'étais une fois partie au commissariat de police pour dire qu'en fait,
02:57mon ex-compagnon traînait sur le parking, fouillait mes poubelles,
03:00il m'a envoyé beaucoup de mails, puisque c'était sans seul moyen de me contacter.
03:05Et le commissariat m'a dit, non, mais là, il est 16h, on n'a pas le temps de prendre votre plainte.
03:10Enfin, voilà, c'était décourageant, quoi.
03:13Il est 8h moins 10 sur ICI Pays Basque.
03:15Ce matin, notre invitée, Laurence Richer, victime de violences conjugales,
03:18elle témoigne ce matin dans ICI Matin.
03:20Qu'est-ce que vous auriez besoin pour que ça soit plus facile ?
03:28Je pense que j'aurais besoin d'un espace d'accueil sécurisant.
03:33Je l'ai eu par le Centre international du droit des femmes,
03:38qui a été très à l'écoute.
03:39Il y a des lieux d'écoute, mais par la justice,
03:42j'ai besoin de sentir que derrière, il y a des peines concrètes qui sont posées,
03:46et que, enfin, politiquement, la juste mesure des choses est prise, quoi.
03:52Parce que là, je n'ai pas ce sentiment-là, je ne suis pas seule à ressentir ça.
03:57Comment vous vous sentez aujourd'hui ?
03:59Ça va, bien.
04:01Oui ?
04:02Oui, ça.
04:03On l'a dit, vous êtes maman de deux garçons,
04:06ils sont ici ce matin auprès de vous.
04:09Vous en parlez avec eux ?
04:11Oui.
04:12Obligatoirement, parce qu'ils ont été témoins de pas mal de choses,
04:15et notamment de mon énergie.
04:20J'ai énormément pleuré, moi, tous les jours.
04:23Je pense que j'ai pleuré, j'avais perdu du poids, je n'étais pas bien.
04:26Et donc, ils ont été témoins de ça.
04:27Donc, c'était sain de...
04:28Enfin, je leur devais ça, de leur en parler.
04:30Et puis, c'est des garçons.
04:32Et donc, il faut qu'ils sachent aussi.
04:35Moi, je suis une femme qui élève des garçons,
04:38et j'ai besoin de savoir que mes garçons,
04:39ils n'auront jamais ces comportements-là,
04:41et qu'ils comprennent bien les dynamiques
04:43et le respect qu'ils doivent aux femmes, en fait, à l'autre.
04:48Vous l'avez dit, parler, ça a tout changé pour vous.
04:52Qu'est-ce que vous diriez à une femme victime de violence
04:54qui nous écouterait, là, en ce moment ?
04:56Qu'il faut qu'elle en parle, qu'elle trouve une oreille attentive,
04:59une amie, ou quelqu'un qui puisse lui renvoyer
05:02qu'elle vit là, ce n'est pas normal.
05:03Effectivement, moi, parler, ça a tout changé.
05:07J'ai rencontré des femmes...
05:08Ça m'a sorti de la culpabilité.
05:10Les gens, une grosse partie.
05:11Et puis, j'ai rencontré des femmes superbes
05:13qui avaient le même parcours que moi.
05:15Et donc, je me suis dit, en fait, ça arrive.
05:19Et puis, moi, ça m'a permis de me rendre compte
05:20à quel point, en fait, j'étais victime
05:22de cet homme-là.
05:24Et c'est comme ça que j'ai commencé le travail, en fait.
05:27Donc, il faut parler.
05:28Il ne faut pas s'enfermer.
05:30Il ne faut pas se culpabiliser.
05:32Enfin, je veux dire, on n'est jamais 100% coupable
05:35comme on voudrait nous le faire porter, en fait.
Écris le tout premier commentaire