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  • il y a 4 jours

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00:00Bonjour Marion Guibaudot. Bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous en direct dans ce studio ce matin.
00:05Vous êtes l'une des responsables de l'association féministe Feeling à Voiron.
00:10Ce matin, on en a parlé dans les infos, un berjalien est en prison pour avoir avoué le meurtre de sa compagne, Zaya, une jeune femme de 27 ans.
00:19Un nouveau féminicide, encore un.
00:21Oui, à quelques heures du début du 25 novembre, malheureusement, tant qu'on n'aura pas fait tomber le système d'inégalité femmes-hommes, du coup, ça risque de continuer.
00:34Le 25 novembre, vous en avez parlé, c'est donc demain et c'est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:44Vous, vous organisez justement un festival pour parler de cette journée internationale de lutte ?
00:50Oui, tout à fait. Feeling est une association qui a deux ans et dès la première année, on a voulu faire un festival en milieu rural pour parler de la question des injustices et des violences liées au genre et notamment les violences faites aux femmes.
01:05Et du coup, là, c'est la deuxième édition qui a commencé le 18 novembre et qui termine le 29 novembre.
01:11Vous parliez du milieu rural, c'est assez intéressant parce qu'on le voit encore aujourd'hui.
01:17Là, ce féminicide a lieu dans le nord Isère, pas dans une grande ville.
01:23Il y a eu un autre féminicide en Isère au pont de Beauvoisin au printemps dernier.
01:29La campagne est aussi concernée ?
01:33Oui, parce que...
01:33Personne n'est à l'abri.
01:34Tout à fait, les violences faites aux femmes, ce n'est pas une question d'habiter en ville ou en campagne, ce n'est pas une question d'origine ou de classe sociale.
01:42C'est malheureusement un système qui concerne tout le monde et donc la campagne est aussi concernée avec en plus les spécificités qu'il peut y avoir,
01:49c'est-à-dire les problématiques de mobilité, l'entre-soi, voilà, les difficultés pour avoir des informations, des droits.
01:57Alors là, on ne sait pas exactement s'il y avait d'autres éléments qui pouvaient nous montrer qu'il y a des violences conjugales.
02:05A priori, oui, ou en tout cas, il pouvait y avoir des alertes, mais la campagne n'est en effet pas épargnée.
02:11La difficulté, pardon, de la campagne, c'est que des fois, il n'y a pas d'association spécialisée où c'est plus difficile.
02:16Mais comment on fait concrètement pour lutter contre ces violences faites aux femmes, pour lutter contre ces féminicides ?
02:25Je vais commencer par quelque chose qui m'a un peu choquée.
02:28Alors, je n'ai pas vu la conférence de presse entière du procureur.
02:33C'est tenu hier à Grenoble.
02:35Oui, tout à fait, j'ai vu que quelques extraits.
02:37Par contre, il y a un terme qui revient, qui a été repris par les médias, ce qui me pose aussi question, c'est la notion de dépit amoureux.
02:44Il n'y a pas de crime de dépit amoureux.
02:47C'est un crime de contrôle.
02:49Cet homme, comme d'autres, a voulu posséder cette victime, du coup, cette femme.
02:56Du coup, ce n'est pas un crime d'amour, ça n'a rien à voir avec l'amour.
03:00C'est de la violence et c'est une volonté d'avoir possession d'une femme.
03:07Mais ça veut dire que ces femmes qui sont victimes, il faut les aider dès le début, avant le drame, finalement.
03:16Ce n'est pas un drame qui intervient un peu par surprise à la fin d'une histoire.
03:21C'est ça que vous êtes en train de me dire ?
03:23Oui, vous étiez en train de me demander...
03:24Il y a des signalements.
03:25Tout à fait.
03:26Vous me demandiez comment éviter, comment lutter.
03:29Donc déjà, ne pas utiliser ces termes-là.
03:33Déjà aussi, faire de la prévention auprès des jeunes, puisque là, on n'avait a priori aucun signe qui pouvait nous dire qu'il y avait un danger.
03:39Il n'y avait aucune plainte qui avait été déposée.
03:40C'est-à-dire qu'il n'y a pas des choses qui ont pu être dites autour d'elle ou qu'elle commençait déjà à comprendre qu'il se passait quelque chose.
03:46On ne sait pas.
03:46Donc, hormis cette histoire-là, c'est une problématique de système.
03:52C'est-à-dire que faire de la prévention auprès des jeunes, intervenir dès qu'il y a des déclarations, faire appliquer les lois, c'est aussi ça, lutter contre les violences faites aux femmes.
04:04Les aider aussi financièrement, parce qu'on apprend ce matin encore qu'il y a des violences économiques qui touchent près d'une femme sur quatre.
04:16Ça passe aussi par de l'accompagnement financier, de l'aide financière, tout simplement ?
04:20Il y a deux niveaux dans ce que vous me dites.
04:21C'est-à-dire qu'en amont, moins il y aura d'inégalités femmes-hommes aussi sur les salaires et plus, en fait, on pourrait avoir des femmes qui peuvent partir ou qui peuvent être autonomes financièrement
04:32et donc être moins dépendantes d'un compagnon, notamment.
04:36Et la deuxième chose, c'est quand il y a des violences, en effet, des fois, ce qui bloque, et notamment dans un contexte économique difficile, c'est le fait de devoir reprendre un appartement.
04:46Des fois, en plus, elles sont aussi propriétaires avec leur mari, même si souvent les factures sont à son nom, à lui.
04:53Donc, c'est compliqué pour elles de prouver plein de choses.
04:56Mais pour trouver un logement social, par exemple, c'est compliqué.
04:58Donc, il y a en effet deux temporalités.
05:02En amont, comment lutter contre les inégalités économiques.
05:05Et après, comment aider financièrement une personne qui vit des violences à sortir d'un système où tout est intradépendant.
05:13Je vous signale d'ailleurs qu'un guide a été édité par la préfecture de l'Isère, par la Maison des femmes de Grenoble,
05:20avec une liste de professionnels, de structures d'accueil qui peuvent aider les victimes.
05:24Mais est-ce que ça passe aussi par un changement de loi ?
05:28Une proposition de loi est débattue, présentée aujourd'hui, co-signée par une centaine de députés.
05:34Est-ce que ça peut changer quelque chose ?
05:37Oui, ce qu'on appelle la loi globale.
05:39Déjà, il existe des lois qui sont intéressantes en France.
05:42Alors, je pense qu'il faudrait mieux que vous interrogez une juriste.
05:44Mais de mon point de vue, il y a quand même des lois intéressantes en France.
05:47La question, c'est de l'application.
05:49Je reviens à ce terme de dépit amoureux.
05:52C'est un procureur quand même qui l'aurait dit, parce que je ne l'ai pas entendu.
05:56Mais il l'a dit effectivement.
05:58Voilà, donc du coup, c'est un procureur qui représente la justice et qui parle de dépit amoureux,
06:04quelque chose qui romantise la violence.
06:06Déjà, faisons attention à nos mots et puis appliquons correctement les lois.
06:10Voilà, on sait qu'il y a la plupart des femmes qui sont aujourd'hui tuées dans le cas de féminicides conjugaux.
06:17Ce sont aussi des femmes qui avaient déjà porté plainte avec des situations qui étaient connues.
06:22C'est quand même ultra problématique qu'encore aujourd'hui, des personnes qui signalent des dangers
06:28soient laissées dans ces situations-là, alors qu'on a des lois.
06:32Évidemment, une loi globale pourrait aider, mais déjà faisons appliquer celles qui existent.
06:36Merci beaucoup Marion Guibaudot d'avoir été avec nous, responsable de la société.
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