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  • il y a 11 heures

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Amie Sam, bonjour à tous.
00:07Ce matin, Vincent, Le Figaro publie un long entretien avec Boilem Sans Salle que vous avez réalisé avec Yves Tréhard.
00:12Il y raconte dans le détail son arrestation, sa captivité, sa libération.
00:17Alors avant de venir sur le fond de son propos, est-ce que Vincent, vous pouvez nous raconter les conditions de cet entretien ?
00:22Cet entretien, Dimitri, avait le goût, le bon goût des retrouvailles.
00:25Avec Yves Tréhard, nous avions le bonheur de connaître depuis longtemps Boilem Sans Salle.
00:29Et nous avons vécu pendant un an dans la crainte de ne jamais le revoir.
00:33Avant même son arrestation, cette personnalité était impressionnante par sa douceur d'expression et sa fermeté de conviction.
00:39C'est un homme, je vous le rappelle, qui a traversé la guerre civile algérienne, a vécu sous la menace constante des islamistes,
00:45et a connu donc pendant un an la vie d'otages politiques et littéraires.
00:49Il incarne donc ce qui est sans doute la forme ultime du courage, c'est-à-dire le courage physique.
00:57Alors le rendez-vous avait lieu hier aux éditions Gallimard, c'était le matin, Paris était glacé,
01:02les bureaux de la maison d'édition étaient vides, seul Antoine Gallimard et Karina Ossine étaient sur place,
01:07et quand Boilem Sans Salle est arrivé dans le bureau avec ses cheveux courts, sa petite silhouette, son sourire de chef Cheyenne,
01:13on se disait qu'un seul homme avait pu tenir tête, par sa force de caractère, à un régime arbitraire et tyrannique.
01:20Il avait le sourire indestructible de celui qui sait que ses adversaires sont dans le mensonge, et lui est dans la vérité.
01:26Dans cet entretien, Vincent, il raconte, Boilem Sans Salle, des conditions de captivité impressionnantes, surtout dans les premiers temps.
01:32Oui, ça commence comme dans un film, avec des gorilles, des sous-sols d'aéroport, des menottes, une cagoule,
01:37et une semaine enfermée dans une pièce vide sans savoir ce qu'on lui veut, qui l'interroge et ce qu'on lui reproche.
01:43Très vite, il comprend les deux motifs de sa captivité.
01:45Le premier, c'est la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental.
01:50Alger, nous dit-il, a deux obsessions, le Sahara occidental et la Palestine.
01:54Et puis le deuxième motif, c'est son amitié avec l'ambassadeur Xavier Drian de Cour, l'auteur de l'énigme algérienne.
02:00Ensuite, quand il a été transféré dans le quartier de haute sécurité, il est mieux traité, sans doute, dit-il,
02:05grâce à l'action résolue d'Emmanuel Macron, mais il continue d'assister à la télévision,
02:10à la mise en accusation obsessionnelle de la France et à l'éloge des personnalités de la France insoumise,
02:16Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot ou Rima Hassan.
02:18Ce qu'il nous dit aussi, c'est qu'il a bénéficié de la mobilisation qui a pu exister en France, en Europe et partout dans le monde.
02:26Et ça, c'est un élément très intéressant de cette conversation.
02:30Par l'intermédiaire des avocats et des visites des autres détenus,
02:33l'action de la presse, du comité de soutien, des écrivains, des politiques,
02:36tout cela, ça a eu des conséquences directes.
02:38Boalem Sansal nous dit que son surnom en Algérie est devenu la légende,
02:44celle d'un homme soutenu, dit-il, j'ouvre les guillemets,
02:47par la France, l'Europe, les Etats-Unis et la planète Mars.
02:50Ce nouveau statut a certainement participé à sa libération,
02:54et c'est la preuve qu'il faut conjuguer les manœuvres diplomatiques discrètes
02:57et les mobilisations médiatiques bruyantes, la méthode douce et la méthode forte.
03:02Il n'est pas nécessaire de choisir entre les deux.
03:04En revanche, dans l'entretien, Vincent Boalem Sansal en dit assez peu sur l'Algérie.
03:08Oui, il l'a dit ensuite à la télévision, il contraint sa parole pour des raisons diplomatiques
03:12et pour son frère de prison, Christophe Glaze.
03:15Mais le récit saisissant qu'il nous donne est plus impressionnant que tous les manifestes,
03:20plus éloquent que tous les discours,
03:22et il en dit beaucoup sur un régime capable de telles humiliations.
03:26La scène de sa libération est aussi instructive.
03:29On lui demande en substance de tenir sa langue quand il sera libre,
03:32et il répond, si vous voulez que je me taise, gardez-moi en prison,
03:36mais si mon corps est libre, ma pensée et ma parole le seront tout autant.
03:40Alors ensuite, je viens de le dire, il est évident que l'ancien captif ne veut rien compromettre
03:44pour son frère de malheur, Christophe Glaze, qui lui est encore enfermé,
03:47et qui espère une libération avant Noël.
03:49Mais cela ne veut pas dire que le prophète de la liberté,
03:52l'écrivain téméraire, s'est changé en prudent calculateur.
03:55Ceux qui en doutent n'ont qu'à lire Le Figaro,
03:58ils verront un esprit capable de godiller dans un champ de contraintes
04:01sans céder le premier millimètre de sa très grande liberté.
04:05L'édito politique sur Europe 1.
04:06Merci Vincent Trémolet.
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