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00:00On sera en direct avec Frédéric Saliba, journaliste spécialiste du crime organisé.
00:04Vous l'avez compris, entre 11h et midi, on parle exclusivement du narcotrafic en France.
00:10Avec cette question, chers auditeurs, avez-vous peur de cette gangrène,
00:15cette guerre qui est en train d'être menée ?
00:16Est-ce qu'on est en train de la perdre après 30 ans peut-être de déni
00:19où on a refusé de voir ce qui était en train de se passer sur notre sol ?
00:24Parfois on l'a accepté au nom de la paix sociale,
00:27c'est ce que disait Linda Kebab dans son témoignage.
00:30Alexandre Devecchio, c'est un témoignage qui est saisissant celui de Linda Kebab.
00:34De dire, on a accepté d'avoir des dealers dans certains quartiers
00:38parce qu'on se disait, voilà, on sera tranquille.
00:41C'est eux qui vont gérer ce qui est bon ou pas bon de faire.
00:45Et puis c'est des quartiers qui sont dits sensibles,
00:47des quartiers dits perdus de la République.
00:49Allez, on laisse, la paix sociale.
00:51Oui, je pense que c'est effectivement très juste.
00:54D'ailleurs, ça a été parfois avec la politique de la ville
00:57où on a mis des grands frères qui n'étaient pas toujours très nets
01:01pour dire la vérité.
01:03Il y a un autre témoignage qui est intéressant,
01:04ce n'est pas pour faire de la pub à mon journal,
01:06mais j'ai eu la chance d'interviewer Roberto Saviano.
01:10Cette semaine qui, vous savez...
01:12Journaliste italien.
01:13Journaliste italien qui avait dénoncé la Camorra
01:16et qui est sous protection policière depuis 20 ans,
01:19qui connaît très bien la mafia.
01:20Il me disait quelque chose justement de très intéressant
01:22qu'à mon avis, les politiques n'ont pas vues
01:24en achetant la paix sociale,
01:25c'est qu'en réalité, les narcotraficants
01:27ne sont pas des gangsters classiques.
01:30Le gangster classique s'intéresse à l'argent,
01:32la mafia, c'est autre chose.
01:34C'est l'argent, mais c'est aussi le territoire
01:36et c'est aussi une lutte de pouvoir.
01:38Donc ce qui nous pend au nez
01:39parce qu'on a acheté la paix sociale,
01:41c'est la constitution de véritables contre-sociétés.
01:44Ce que disait aussi Linda Kebab
01:45que maintenant, ils installaient des équipements publics
01:49dans les quartiers.
01:49On a vu à Cavaillon cet été,
01:52ils ont installé des piscines pendant le 14 juillet,
01:55des barbecues pour faire des merguez.
01:56Les fournitures scolaires en début d'année.
01:59Exactement.
01:59Donc ce qui est en train de se passer,
02:01c'est des contre-sociétés,
02:03des enclaves qui sont en train de s'installer.
02:05On avait les enclaves islamistes.
02:06Maintenant, on a les enclaves des narcotraficants.
02:09Donc on est en face d'une guerre de territoire.
02:12Comme on a voulu acheter la paix sociale,
02:14demain, il va falloir récupérer des territoires
02:17qu'on a perdues.
02:17Est-ce que la France est en voie de cartélisation ?
02:20On va poser la question à Frédéric Saliba,
02:22journaliste spécialiste du crime organisé
02:24et de l'Amérique latine,
02:25auteur de Cartel Voyage au pays des narcos.
02:28Merci d'être en direct avec nous Frédéric Saliba.
02:31Et ma question, vous allez pouvoir y répondre.
02:34Et c'est le cœur de votre sujet,
02:36de votre réflexion.
02:37Les auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutent,
02:39ils sont en train de se demander
02:40si en France, vous avez des quartiers
02:42qui ressemblent plus à ce qu'il peut y avoir
02:44en Amérique latine ou en Amérique du Sud
02:46et qu'on est en voie de cartélisation.
02:49Alors moi, j'ai envie de dire pas encore.
02:51Je trouve que le sujet
02:52prend une connotation très politique
02:54et qu'il faut avoir un peu la tête froide
02:56quelque part par rapport au phénomène
02:58qu'on est en train de vivre
02:59du côté du crime organisé en France.
03:02Cartélisation, oui.
03:03Pourquoi ?
03:03Parce qu'il y a une structuration
03:05d'organisations criminelles
03:07qui étaient des organisations locales
03:09et qui commencent à se développer,
03:11notamment la fameuse DZ Mafia
03:13qui est donc dans une étape
03:15de structuration et de diversification
03:18territoriale, mais aussi d'activité.
03:22Donc en effet, il y a un mouvement,
03:24il y a un changement, une évolution
03:26en tout cas, qu'on peut voir ces derniers temps.
03:29Moi, je suis un peu préoccupé
03:30par rapport à la...
03:32D'un côté, quelque part,
03:33je suis assez soulagé que le sujet
03:34soit pris à bras-le-corps
03:36du côté du gouvernement
03:37et d'un autre côté,
03:38je suis assez préoccupé
03:40du fait que le crime organisé
03:42devienne un sujet politique.
03:45Je vous ai entendu,
03:45en tout cas,
03:46vous intervenant,
03:47parler d'état d'urgence,
03:48d'envoyer l'armée, etc.
03:50Je pense qu'il faut un peu
03:51avoir la tête froide
03:51et surtout, il faut regarder
03:52en direction de l'Amérique latine,
03:54notamment du Mexique.
03:54Je suis spécialisé dans le Mexique.
03:56Je peux vous dire
03:57qu'il y a 20 ans au Mexique,
03:58ils ont décidé de déployer l'armée.
04:01Le phénomène, en fait,
04:02a créé une spirale de violence,
04:04s'est embrasé.
04:05Et aujourd'hui,
04:06c'est quasiment ingérable.
04:07Mais en effet,
04:07on ne peut plus quitter l'armée.
04:09Pourquoi ?
04:09Parce qu'un militarisé,
04:11en fait,
04:12ce rapport de force,
04:14les deux côtés s'arment
04:16et vous avez comme ça
04:18une croissance.
04:19Et ce qu'il faut voir,
04:20quand même,
04:20c'est que le crime organisé
04:21fait partie de nos sociétés,
04:23est présent en France
04:25depuis très très longtemps.
04:26Simplement,
04:26il y avait une forme
04:27de passe mafia.
04:28Pourquoi ?
04:29Parce qu'il est beaucoup
04:30plus rentable
04:30pour une organisation mafieuse
04:32d'avoir du secret
04:33et de la paix sociale.
04:35aujourd'hui,
04:35ce qui se passe,
04:36c'est que le gouvernement
04:37se lève face au narcotrafique
04:39et on peut s'en féliciter.
04:41Simplement,
04:41attention à ne pas rester
04:43que dans le répressif,
04:44uniquement dans le répressif.
04:46Pourquoi ?
04:46Parce que ça enflamme
04:47les conflits.
04:48Et là,
04:48je vois à Marseille
04:49la présence
04:50de Vincent Jambrun,
04:52ministre chargé de la ville,
04:53dans cette marche blanche
04:55qui s'organise à Marseille
04:56cet après-midi.
04:57Je m'en félicite.
04:58Pourquoi ?
04:59Parce qu'avant,
05:00nous n'avions que
05:00M. Darmanin
05:01ou que M. Nouniès
05:03qui s'emparait du sujet,
05:04il faut évidemment
05:05que les ministres
05:07de l'éducation
05:08et de la santé
05:09se mêlent à ce combat.
05:11Bon,
05:11en soi,
05:12dans votre analyse,
05:14pardonnez-moi,
05:14vous faites une analyse
05:15vous aussi politique,
05:17factuellement,
05:18sur ce que vous avez vécu,
05:20le témoignage
05:20d'Amérique du Sud.
05:22Mais tout est politique.
05:23Mais votre déclaration,
05:24votre déclaration,
05:25enfin,
05:25votre analyse,
05:26c'est quoi ?
05:26C'est de dire
05:27qu'il faut marcher
05:28sur deux jambes,
05:29il y a le volet répressif
05:31et il y a le volet préventif
05:33et que les politiques
05:34s'emparent de ce sujet-là,
05:36pardonnez-moi,
05:37c'est peut-être
05:37encore heureux
05:38et il était temps
05:40qu'ils s'en emparent.
05:41Vous voyez ce que je veux dire
05:41Frédéric Saliba ?
05:43Parce qu'en fait,
05:44ça fait 30 ans
05:44qu'on regardait ailleurs
05:46ou qu'on acceptait.
05:47Résultat,
05:48on a un gamin de 20 ans
05:49qui aspirait à devenir
05:50policier
05:52et qui s'est fait tuer
05:54alors qu'il accompagnait
05:56sa mère à la pharmacie
05:57parce que ce gamin
05:59de 20 ans,
06:00il était le frère
06:01d'un garçon
06:02qui était un militant
06:03contre le narco-banditisme.
06:05Mais je sens,
06:07et là,
06:07ce qui va être très intéressant,
06:08c'est que les masques
06:08vont tomber.
06:09Les Français,
06:10ils aspirent à quoi ?
06:11Ils aspirent à la sécurité
06:12des biens et des personnes.
06:13Ils aspirent à une chose,
06:14c'est que dans ces quartiers-là,
06:15malheureusement,
06:16ils n'ont pas les moyens
06:16de quitter les quartiers
06:17qui sont gangrénés
06:18par le trafic.
06:19Mais ils espèrent qu'une chose,
06:20c'est de les quitter
06:21ces quartiers
06:21parce qu'ils n'en peuvent plus.
06:22parce qu'ils se disent
06:23« Mais moi,
06:23je n'ai pas envie
06:24que ma fille,
06:25quand elle descend
06:25en bas de l'immeuble,
06:27il y ait des dealers.
06:28Quand il y a des règlements
06:29de compte,
06:30qu'il y ait une balle perdue.
06:31Et ils appellent à une chose,
06:32avant le volet préventif,
06:34ils aspirent à ce qu'il y ait
06:35un volet répressif.
06:37Et notamment aussi
06:38sur les consommateurs.
06:39comme ça,
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