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  • il y a 11 heures
La vidéo avait fait le tour des médias. Le mois dernier, Marguerite est devenue une héroïne du quotidien en portant secours à une jeune femme dans le RER : en filmant son agresseur avec son téléphone, elle l'avait mis en fuite. Lauréate de la médaille d'Île-de-France pour son courage, elle est l'invitée de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 21 novembre 2025.

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Transcription
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03Et ce matin c'est Marguerite qui est l'invité d'RTL Matin.
00:05Marguerite dont vous avez sans doute entendu parler sans le savoir et qui est une héroïne du quotidien.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL Marguerite.
00:11Bonjour.
00:12C'était le 16 octobre, dans le RERC, entre Villeneuve-le-Roi et Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne,
00:16un homme agresse physiquement et tente de violer une passagère, Jordana, une jeune touriste brésilienne de 26 ans.
00:22Ce matin-là, Marguerite, vous avez choisi de ne pas détourner le regard, de ne pas regarder ailleurs, mais d'intervenir.
00:28Pourquoi ?
00:29J'ai beaucoup de raisons d'être intervenue.
00:33Je suis une femme, donc ça aurait pu être moi la victime.
00:37Je suis maman aussi, donc ça aurait pu être ma fille.
00:40Et je ne conçois même pas qu'on puisse regarder quelqu'un ou entendre quelqu'un en difficulté se faire agresser et ne pas intervenir.
00:48Pour moi, ce que j'ai fait, c'est ce que devrait faire tout être humain.
00:52Vous n'avez pas hésité une seconde ?
00:54Non, parce qu'il y avait un besoin et j'étais en plus la seule personne qui aurait pu aider.
01:01Vous étiez trois dans le wagon, c'est ça ? La jeune fille agressée, l'agresseur et vous ?
01:04Exactement.
01:05Donc, si moi, je ne faisais rien, je pense que les choses allaient finir autrement pour elle.
01:11Et je pense qu'il faut intervenir lorsqu'on a la possibilité de le faire.
01:16Et vous comprenez immédiatement ce qui est en train de se passer ? La gravité des faits, vous réalisez tout de suite ?
01:20Oui, parce que ces cris étaient vraiment des cris d'alerte.
01:25Et lorsque j'ai vu la scène aussi, le jeune homme était complètement sur elle.
01:29Il avait des gestes brutals envers elle, elle se débattait.
01:34Mais l'espace où elle était, c'était impossible pour elle de s'échapper de ses griffes.
01:37Alors, on vous écoute et dans le confort d'un studio radio, on se dit
01:40« Mais bien sûr, on aurait tous fait pareil, sauf que ce n'est pas la vérité.
01:42La plupart d'entre nous auraient été tétanisés, tétanisés par la peur. »
01:45Vous n'avez pas eu peur, Marguerite ?
01:47Je ne peux pas parler de peur.
01:49Je pense que c'est peut-être après coup que je me suis vraiment rendu compte des risques éventuels.
01:54Il aurait pu être armé, il aurait pu s'en prendre à vous.
01:56Mais c'est vrai que sur le coup, le premier sentiment que j'avais, ce n'était pas la peur.
02:02C'était vraiment de porter secours à cette jeune fille.
02:05Et alors, comment vous faites ? Quel est votre rôle ?
02:07Parce qu'en fait, vous n'allez pas l'agresser à votre tour, l'agresseur.
02:10Vous mettez dans une espèce de posture de médiatrice presque.
02:14Comme s'il fallait réduire un conflit entre deux personnes, c'est ça ?
02:16Mes activités de tous les jours font que je suis toujours intermédiaire.
02:22Vous faites beaucoup d'associatifs, avec des sans-abri.
02:24Oui, j'accompagne des sans-abri, des personnes qui sortent de prison.
02:28Donc, j'ai l'habitude de me retrouver un petit peu autour de personnes assez violentes.
02:34Et il est important de rester neutre dans une situation.
02:38Et il a bien compris que moi, j'étais sa porte de sortie.
02:41Et à aucun moment, j'ai changé de rôle.
02:45Je suis toujours restée intermédiaire et non victime.
02:47Et c'est là qu'il faut faire attention.
02:49Dans le langage, lorsqu'on parle à quelqu'un, dans la façon de voir aussi la personne.
02:53Vous savez, dans le regard, quand vous regardez quelqu'un avec mépris, ça peut aussi créer de la colère et de la haine.
03:00Donc, votre colère personnelle...
03:02Évidemment, quand on voit quelqu'un carresse quelqu'un d'autre, on a envie de le taper.
03:06Là, vous dites, ce n'est pas ce qu'il faut que je montre.
03:07Il faut que je montre simplement que ce monsieur doit sortir du train.
03:11Et protéger aussi la victime.
03:14Donc, c'était un peu difficile parce qu'il faut rassurer la personne qui est derrière vous.
03:19Rester neutre aussi dans la situation et ne pas sortir des mots.
03:24Vous voyez ce que vous avez fait.
03:25Regardez comment elle est.
03:26Mais c'est inadmissible.
03:27Enfin, il faut savoir les mots à ne pas utiliser, même si vous l'avez à l'intérieur de vous.
03:33Mais il est important de lui faire comprendre qu'on est là pour trouver une solution.
03:40Et je pense que c'est ça le rôle d'un intermédiaire.
03:42Et à un moment, vous dites, tiens, maintenant, je vais filmer ce qui se passe.
03:44Pourquoi ? À quel moment vous sortez le téléphone et vous filmez ?
03:46Et il voit que vous le filmez, évidemment.
03:47Parce que, vous savez, j'ai expliqué ça.
03:51C'est un peu...
03:52J'ai une zone de danger.
03:54Donc, on était vraiment au début du wagon.
03:58Et il reculait.
04:01Enfin, lui, il avançait vers nous.
04:03Et nous, du coup, on reculait.
04:04Et plus on reculait, et plus on arrivait au fond de l'autre.
04:06Vous aviez peur d'être coincé.
04:07Voilà.
04:08Donc, arrivé à la moitié du wagon,
04:10c'était ma zone de stop.
04:11Je lui ai demandé d'arrêter de s'avancer.
04:13Il a continué.
04:14Et la conséquence, c'est que s'il ne répondait pas à ma demande,
04:18il y aurait une conséquence, en fait.
04:19Et la conséquence, c'était que je le filme.
04:22Donc, il a dépassé la limite que je lui avais donnée.
04:25Donc là, je me suis mise à filmer.
04:26On dirait une négociatrice du GIG.
04:28C'est incroyable, quand même, d'avoir autant de sang-froid.
04:31Vous avez gardé contact avec Jordana, ou pas ?
04:33Oui, régulièrement.
04:34On prend des nouvelles.
04:35Comment elle va aujourd'hui ?
04:36Elle a une relation différente, maintenant, avec le sexe masculin, malheureusement.
04:44Elle fait encore beaucoup de cauchemars.
04:46Parce qu'il l'a agressée physiquement.
04:48Vous êtes intervenu, vous avez évité le pire, mais l'agression avait commencé.
04:50En fait, il y a deux types d'agressions, et c'est dommage de les mélanger.
04:55Parce qu'il y a l'agression sexuelle qu'il a eue envers elle, en ayant des attouchements sur son corps.
05:01Mais il y a l'agression physique aussi, parce qu'il y a eu des coups de poing, il y a eu des morsures, il y a eu des gifles.
05:06Et son visage est ensanglanté.
05:09Donc, c'est vraiment deux actes que moi, je distingue, même si elles ont été fusionnées.
05:14Et ça aussi, c'est dur, c'est de se faire frapper dessus, agresser sexuellement.
05:21Et du coup, elle évite de prendre les transports toute seule, elle est vraiment traumatisée.
05:27Vous, le RER, vous le prenez tous les jours, des agressions sexuelles ou autres, il y en a tous les jours.
05:31Les femmes en sont de très loin les cibles principales.
05:33Aujourd'hui, certains disent qu'il faudrait des wagons réservés aux femmes.
05:36Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, ou est-ce que ce serait un échec du vivre ensemble ?
05:39Moi, je trouve que c'est une vraie régression, malheureusement.
05:41Parce que ce n'est pas l'image de la France.
05:44On apprend à vivre ensemble.
05:46Moi, j'ai été à l'école, les filles étaient avec les garçons.
05:49Donc, demain, ça sera à l'école aussi.
05:51Il y aura des classes que pour les filles, et puis des zones filles, des zones garçons.
05:55Jusqu'où on va aller ?
05:56Vous dites qu'il ne faut pas céder là-dessus ?
05:57Je pense que ce n'est pas ça la solution.
06:00Et il est important de régler le problème.
06:04Parce que moi, ce que je vois, c'est que d'accord, il y a un wagon pour les femmes,
06:08mais ça va juste déplacer l'agression.
06:10Parce que la personne qui est déterminée à agresser quelqu'un,
06:13il ne peut pas le faire dans le transport.
06:15Il le fera à l'extérieur ou il le fera sortie du train.
06:18Parce que la période où la femme est dans le train, elle est sécurisée.
06:22Mais après...
06:22On parle de vous sur le site de la région Île-de-France.
06:26Par son sang-froid, son courage et son refus de l'indifférence,
06:29Marguerite a permis d'éviter un drame.
06:30Et on apprend également que vous avez eu le droit à une médaille qui vous a été remise avant-hier
06:35par la présidente de la région, Valérie Pécresse.
06:37Elle a quel goût ? Vous êtes venue avec, cette médaille.
06:39Elle a quel goût ? Elle a quelle valeur pour vous, cette médaille ?
06:41Je suis très fière.
06:43Franchement, j'ai eu un accueil incroyable.
06:46Vous savez, on parle tellement de choses négatives aujourd'hui en France.
06:49Tout va mal.
06:52Partout, c'est catastrophique.
06:54Et mercredi, j'ai pu voir la France autrement.
06:57J'ai pu voir nos élus autrement.
07:00Et c'est vrai qu'ils ont été très reconnaissants.
07:03On l'est tous parce qu'on se dit que notre société manque de Marguerite.
07:06Ce courage, vous dites que c'est tout à fait normal, mais ce n'est pas banal.
07:09Vous en avez conscience de ça ?
07:10En fait, j'ai pris conscience par la police, par la sûreté de la SNCF,
07:15qui m'ont expliqué que malheureusement c'est récurrent et que les personnes n'agissent pas.
07:22Et c'est vrai que pour moi, c'est choquant.
07:24Donc, je ne pensais pas que des gens pouvaient...
07:27Vous ne pensiez pas faire quelque chose d'extraordinaire, en fait ?
07:29En fait, c'est ce que je fais tous les jours.
07:31Aider les autres, porter secours.
07:34Et en fait, c'est mon quotidien de vie.
07:36Donc, je pense que je mériterais énormément de médailles
07:39parce que je fais ça de manière naturelle.
07:43Sur les photos qui ont été prises mercredi lors de la remise de médailles,
07:46on voit que vous étiez habillée d'une robe bleue, d'une veste blanche et de chaussures rouges.
07:50C'est quoi ? C'est un hasard ? C'est un clin d'œil ? C'est un message ?
07:53Je suis patriote.
07:54J'aime ma France.
07:56Vous étiez habillée en drapeau, alors ?
07:57Oui, je voulais représenter mon pays.
08:00Donc, la médaille est pour moi, mais aussi pour la France et pour les Français.
08:04On ne va pas vous demander de régler tous les problèmes de la société, Marguerite,
08:07mais on a tous été marqués par l'exécution d'un gamin à Marseille cette semaine,
08:10Brahim Kessassi, abattu pour faire taire son frère Amine Kessassi,
08:14qui appelle à un rassemblement demain à Marseille pour se tenir debout face au narcotrafic.
08:18Si vous étiez à Marseille, est-ce que vous iriez marcher, vous, demain ?
08:21Je pense qu'il est important de soutenir la famille, de faire savoir qu'on est contre ce type d'agression.
08:31Après, avec toutes mes activités, si j'aurais trouvé un temps pour le faire, pourquoi pas ?
08:36Vous y seriez allé.
08:37Merci beaucoup, Marguerite.
08:38Votre mari, dites-vous, qu'est-ce qu'il dit votre mari ? Il faut que je retrouve.
08:41Marguerite, c'est une femme qui n'a peur de rien quand elle fonce.
08:44On ne peut pas l'arrêter, vous l'avez prouvé.
08:46Vous n'avez pas souhaité donner votre nom, pourquoi ?
08:48Parce que j'aime bien Marguerite, et c'est vrai que Marguerite, c'est moi.
08:52Mon nom de famille, c'est ma famille, en fait.
08:54D'accord, donc je ne le donnerai pas, mais je trouve qu'on devrait aussi vous donner la Légion d'honneur,
08:58parce que vous la méritez, vous qui êtes directrice d'école,
09:01qui vous occupez d'un centre social de sans-abri, qui est rodé aux situations tendues.
09:05Merci, en tout cas, de ce que vous avez fait, et puis du bien-être que vous nous apportez.
09:09On précise qu'il y a un numéro d'urgence, si vous êtes témoin d'une agression,
09:12ou victime d'une agression dans un train à la SNCF, c'est le 31-17.
09:17Voilà, 31-17, n'hésitez pas à le composer, c'est très très important.
09:21Merci à vous d'être venus ce matin, restez avec nous.
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