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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Qu'est-ce que j'ai pu vasouiller pendant 48 heures, déclare le 10 novembre 1967, l'inspecteur Dieter de la criminal polizei de Munich, après le procès qui conclut l'affaire d'Ethlief Kramer.
00:26En effet, dans cette affaire hallucinante, la police a vasouillé, pour reprendre l'expression de l'inspecteur, mais quand vous allez connaître l'histoire, chers amis, et surtout sa conclusion insensée, vous comprendrez qu'elle est vasouillée.
00:41En effet, les policiers, pour expliquer le crime, ont émis toutes les hypothèses. Toutes ! Sauf une. La bonne, bien entendu. Parce qu'elle était totalement invraisemblable.
00:55Et je pense, chers amis, qu'en écoutant cette histoire, vous allez faire comme eux. Pensez à tout, sauf à...
01:05À quoi ? À vous de le deviner. Mais, je vous le dis tout de suite, si la solution est horrible, elle est tout à fait digne de figurer dans nos dossiers extraordinaires.
01:19Dans un tunnel, un jeune homme titube.
01:42Ainsi commence cette affaire extraordinaire, le 8 avril 1967. Ce tunnel, c'est celui du Sentier Noir, qui, dans ce quartier de Munich, passe sous la voie du chemin de fer.
01:59Il est 21 heures passées. Un adjudant de l'armée aperçoit le garçon et pense qu'il doit être un peu gris, et même un peu beaucoup.
02:07« Qu'est-ce que je fais ? » dit l'adjudant. « Je le laisse rentrer comme ça ou je l'accompagne chez lui ? »
02:16Bousquement, l'adjudant, qui marchait d'un pas tranquille, s'arrête tout net et tend l'oreille.
02:22Résonnant faiblement sous la voûte du tunnel, il lui a semblé entendre un gémissement.
02:27« Bon, il est vraiment trop sou, je l'accompagne. »
02:33Et l'adjudant s'approche du garçon.
02:37Horreur.
02:38Par son blouson entre-ouvert, le militaire aperçoit sa chemise sanglante.
02:42D'ailleurs, du sang coule sur son pantalon.
02:45« Mais qu'est-ce que vous avez ? » demande l'adjudant,
02:47en tendant les bras vers le jeune homme dont la mince silhouette blonde est prête à s'abattre.
02:52Le jeune homme, appelons-le par son prénom, il s'appelle Detlef,
02:57s'accroche après lui et dit en octant.
02:59« Je suis blessé. »
03:04« Je vois qui vous a fait ça. »
03:06« Des amis. »
03:09Déjà, l'adjudant cherche du regard une voiture,
03:12fait un signe à la première qui passe, elle s'arrête.
03:15C'est la voiture d'un peintre en bâtiment.
03:17« Vite ! »
03:18À la clinique du Diakona.
03:20C'est une clinique connue à Munich.
03:22Quelques instants plus tard, Detlef est allongé sur une civière devant l'interne de service.
03:29Pas de doute, le garçon a été blessé à coups de couteau.
03:34La lame pénétrait profondément le poumon gauche tout près du cœur.
03:38Tandis que l'interne appelle le chirurgien, l'adjudant appelle la police.
03:42Reste qu'en même temps, surgissent le chirurgien et l'inspecteur diétaire.
03:48« Vous pensez qu'il s'en tirera ? » demande l'inspecteur.
03:52« En principe, la blessure est mortelle », déclare quelques instants plus tard le chirurgien.
03:55« Je peux l'interroger maintenant ? » demande l'inspecteur.
04:01« D'accord, mais ne le fatiguez pas et faites vite. Dans cinq minutes, je l'opère. »
04:09Tandis que l'on prépare la salle d'opération, l'inspecteur de police grand fort, le visage sympathique, mais un peu rougeau,
04:16penché sur le visage blanc du jeune homme dans le hall de marbre, désert et silencieux,
04:21lui pose des questions à voix basse et note soigneusement les réponses qui lui parviennent de plus en plus faiblement.
04:27« Comment vous appelez-vous ? »
04:31« Deadlift Kramer. »
04:34« Quel âge ? »
04:36« 16 ans. »
04:38« Qu'est-ce qui vous est arrivé ? »
04:41« Un ami qui m'a blessé. »
04:45« Quel ami ? »
04:47« Freddy. »
04:50« Freddy comment ? »
04:53« Je ne sais pas. C'est un surnom. »
04:58« Pourquoi vous a-t-il blessé ? »
05:01« Je ne sais pas. »
05:04« Je pense qu'il voulait me tuer. »
05:07« Mais comment ça s'est passé ? »
05:10« Il m'a téléphoné pour me donner un rendez-vous. »
05:16« Il voulait que je lui prête 200 marques. »
05:21« À 15 %, c'est intéressant. »
05:26« Et après ? »
05:27« Demande le policier qui regarde sa montre et voit tourner la grande aiguille. »
05:32« J'ai été au rendez-vous. »
05:35« Et après ? »
05:36« Demande l'inspecteur. »
05:39« Je voulais aussi lui parler d'une affaire d'armes et de voitures. »
05:43« Ah ! »
05:45« Le policier est évidemment surpris et incrédule. »
05:47« Bon, alors qu'est-ce qui s'est passé ? »
05:50« Je ne peux plus. »
05:52« Faites un effort. »
05:54« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
05:57« Freddy m'a étranglé. »
06:03« Comment vous a-t-il étranglé ? »
06:05« Avec ses mains ? »
06:07« Avec un foulard. »
06:10« Et le couteau, le coup de couteau, vous êtes blessé d'un coup de couteau. »
06:14« En même temps, il... »
06:16« Il m'a donné un coup de couteau. »
06:19« Mais comment est-il, ce Freddy ? »
06:22« Le garçon ne répond pas, les yeux fermés. »
06:26« Il est prêt de perdre connaissance. »
06:29« Comment est-il, ce Freddy ? » demande l'inspecteur. »
06:34« Imaginez, chers amis, ce dialogue murmurant dans la salle sinistre et déserte. »
06:39« Il est dix heures et demie du soir. »
06:42« Comment est-il, ce Freddy reprend imperturbablement l'inspecteur ? »
06:45« Quel âge, à peu près ? »
06:48« Je ne sais pas. »
06:50« Mais comment vous ne savez pas ? Vous savez bien s'il est vieux, s'il est jeune, le métier qu'il fait. »
06:55« Vous le connaissez depuis combien de temps ? »
06:58« Depuis trois ans. »
07:02« Alors quel âge a-t-il ? »
07:04« Dix-huit, dix-neuf. »
07:08« Il est petit ? Grand ? »
07:11« Grand. »
07:13« Et puis ? »
07:15« Oh, pour quoi faire ? »
07:17« Mais pour le retrouver. Il est blond, il est brun. »
07:22« Brun ? »
07:24« Mais ça ne sert à rien, vous ne le retrouverez pas. »
07:28« Mais vous ne voulez pas qu'il soit puni ? »
07:31« Si. »
07:32« Alors ? »
07:35« Mes copains me vengeront. »
07:38« Ils le connaissent ? »
07:40« Non. »
07:42« Mais alors comment ? Comment le retrouveront-ils ? »
07:46« Déjà, l'infirmier s'est approché et a saisi la poignée de la civière. »
07:50« Encore un mot, je vous en prie. »
07:51« Il demande l'inspecteur. »
07:52« Il répète. »
07:54« Comment le retrouveront-ils s'ils ne le connaissent pas ? »
07:57« Détlif ne répond pas. »
07:59« Comment le retrouveront-ils ? »
08:00« Demande encore une fois l'inspecteur. »
08:04Le chirurgien sortant de la salle d'opération intervient.
08:06« Désolé, inspecteur, mais je ne peux plus atteindre. »
08:11« Celle dans le hall, le policier songeur voit disparaître la civière par la porte de la salle d'opération. »
08:18« Il referme son carnet sur lequel il n'y a pas grand-chose d'écrit. »
08:22« Il pense que tout cela est bien étrange. »
08:25« Il s'en va. »
08:28« Vous allez voir que la suite est plus étrange encore, chers amis. »
08:33« Je n'ai pas besoin de vous dire que la police allemande est très bien organisée
08:36et qu'il est très facile pour l'inspecteur de trouver le domicile du dénommé Détlif Kramer,
08:4216 ans, élève dans un lycée de Munich. »
08:45« La mère de Détlif est une femme sympathique, blonde, un peu matrone. »
08:49« Elle l'accueille dans un appartement modeste d'une cité ouvrière en robe de chambre,
08:52le visage chamboulé par la nouvelle. »
08:55« Elle venait de se coucher, croyant que son fils, qui était ce soir chez son père,
08:58car il s'en divorçait, avait décidé d'y passer la nuit. »
09:02« Elle répond du mieux qu'elle peut aux questions que lui pose l'inspecteur. »
09:07« Les amis de Détlif, elle sait qu'il a de bons copains, Peter, Torstein,
09:13mais elle n'a jamais entendu parler de Freddy. »
09:18« Non, elle n'a jamais entendu parler d'affaires traitées par son fils
09:21et par conséquent n'a jamais entendu parler d'affaires de voitures ou d'armes. »
09:25« En dehors du lycée, son fils travaille quelques heures par jour
09:27comme commissionnaire dans une pharmacie. »
09:30« Comment se déplace-t-il ? »
09:31« À un vélo. »
09:32« Ce qu'il a fait aujourd'hui. »
09:34Détlif est parti le matin au lycée, comme d'habitude.
09:37Il est passé faire son travail à la pharmacie,
09:39puis il est rentré déjeuner en disant à sa mère
09:41qu'il irait retrouver son camarade Torstein à 16 heures.
09:44« Ce soir ? »
09:46« Ce soir, il est allé chez son père pour regarder un film à la télé. »
09:52« Pourquoi a-t-elle divorcé ? »
09:55Son mari buvait.
09:55Mme Kramer a essayé de le guérir, mais sans y parvenir.
09:59Le divorce a été prononcé au seul tort de son mari.
10:02Détlif, de l'aveu de sa mère,
10:05a donc eu sa vie de famille perturbée
10:07et il a souffert beaucoup de la séparation de ses parents.
10:10À cause de cela,
10:11il éprouve de grandes difficultés à suivre les cours du lycée
10:14qu'il devait quitter cette année.
10:15Comment ça se passe chez son père ?
10:19Mme Kramer ne le sait pas.
10:20La seule chose qu'elle peut dire,
10:22c'est qu'il y va une ou deux fois par semaine
10:24et qu'il en revient souvent en pleurant.
10:28Oui, il a une passion.
10:30Il aime faire du modélisme.
10:33En ce qui concerne sa vie sexuelle,
10:35Mme Kramer est très réservée.
10:36Elle ne pense pas qu'il soit mûr dans ce domaine.
10:39Bien sûr, les mères se font souvent beaucoup d'illusions sur leurs garçons,
10:42mais si Mme Kramer doit dire vraiment ce qu'elle pense,
10:46c'est que son garçon n'éprouve pour le moment aucun intérêt envers ces choses-là.
10:51Par contre, la mère d'elle-même se croit obligée de révéler à la police
10:54que son fils ne dit pas toujours la vérité.
10:58Bref, lorsqu'il quitte Mme Kramer,
11:00l'inspecteur a la conviction
11:01que le pauvre Détlif n'a jamais été un enfant heureux.
11:07Vers minuit, de retour à son bureau,
11:09l'inspecteur téléphone à la clinique
11:10pour savoir comment s'est passée l'opération.
11:14Bien, lui répond le médecin.
11:16Le garçon s'en tirera peut-être.
11:19Est-ce qu'on peut lui parler ?
11:20Impossible.
11:23Alors l'inspecteur saute dans sa voiture
11:24pour se rendre au sentier noir,
11:26sur les lieux où se serait produit l'attentat
11:28et à propos duquel Détlif
11:29ne lui a donné que des indications très vagues.
11:34Avant d'obbliquer brusquement,
11:35en passant sous la voie par un tunnel,
11:37le sentier noir longe le chemin de fer.
11:41Il n'est pas éclairé, pratiquement invisible des habitations,
11:44embroussaillé et semé d'ordures.
11:47Partant du tunnel, remontant le sentier,
11:50l'inspecteur à la lueur d'une lampe électrique
11:52trouve quand même, de ci, de là, sur l'herbe
11:54et sur la terre battue,
11:56quelques traces de sang plus ou moins effacées par des pas.
11:58Au bout de 250 mètres,
12:02les traces de sang cessent.
12:05Sans doute est-ce l'endroit précis
12:06où eut lieu la tentative d'assassinat.
12:08L'inspecteur l'examine attentivement,
12:10sans toutefois ne rien découvrir d'intéressant.
12:13Avant d'entrer chez lui,
12:15l'inspecteur décide d'aller réveiller
12:16les deux amis Détlif.
12:18L'un comme l'autre, surpris en plein sommeil,
12:22paraissent consternés par la nouvelle.
12:24Mais l'un comme l'autre,
12:26affirme n'avoir jamais connu de Freddy.
12:29Par contre, tous deux s'accordent à reconnaître
12:31que Détlif avait une imagination débordante
12:34et qu'il aimait se vanter auprès d'eux
12:36d'un soi-disant trafic de drogue, d'armes,
12:39avec un groupe de truands italiens
12:41dont un dénommé Freddy aurait été le chef.
12:44Hier encore, Détlif leur avait déclaré
12:47que des copains avec qui il avait par le passé
12:49traité des affaires
12:50étaient venus le relancer à la pharmacie
12:52dans une somptueuse voiture.
12:55Les jeunes gens affirment
12:56que c'est tout ce qu'ils savent
12:58et il ne reste plus à l'inspecteur
13:00qu'à rentrer chez lui.
13:02Les récits extraordinaires de Pierre Belmar
13:11Un podcast européen
13:13Le lendemain matin, lorsqu'il arrive à son bureau,
13:17on montre à l'inspecteur le vélo de Détlif
13:19trouvé à proximité du Sentier Noir.
13:22Il le fait porter au laboratoire
13:24pour qu'on y recherche d'éventuelles empreintes digitales
13:27puis il appelle à nouveau la clinique.
13:28Détlif n'est pas mort, mais il n'a pas encore repris connaissance.
13:34Il est absolument impossible de lui parler pour le moment.
13:36Peut-être l'inspecteur pourra-t-il passer dans l'après-midi.
13:40Au lycée, le professeur de Détlif confirme
13:43ce qu'en a dit sa mère.
13:45Ce n'était pas un enfant heureux.
13:47Pendant un temps, il a désiré devenir technicien
13:50dans la branche astronautique.
13:51Le professeur avait réussi à éveiller
13:54ses capacités en mathématiques et en physique.
13:56Mais hélas, ce fut pour une courte durée.
13:59Il commit un petit vol
14:01et ont dû le menacer de l'exclure du lycée.
14:04Et Détlif retomba dans sa médiocrité.
14:07Quant à Freddy,
14:08jamais entendu parler de Freddy.
14:10Il ne connaît pas de Freddy.
14:12Dans tout le lycée,
14:13pas un seul Freddy.
14:16L'existence de ce Freddy
14:17lui paraissant problématique,
14:19l'inspecteur songe au suicide,
14:23bien qu'il paraît tout à fait invraisemblable
14:25qu'on puisse s'enfoncer tout seul
14:26un couteau à une telle profondeur
14:29au voisinage du cœur.
14:32Interrogée à nouveau,
14:32la malheureuse maman de Détlif déclare
14:34qu'elle ne l'a jamais entendu parler de suicide,
14:37mais qu'il n'y aurait rien d'absurde
14:40à ce qu'il y eût songé,
14:42car c'est un peu dans la famille.
14:44Sa mère à elle,
14:45et l'un de ses oncles,
14:47se sont suicidés.
14:49L'inspecteur revient à nouveau
14:51sur le chapitre de la vie amoureuse du garçon.
14:53Est-elle certaine
14:54qu'il n'avait pas un amour secret,
14:56une liaison, un petit flirt ?
14:58La mère répond que dans ce domaine,
15:00comme dans les autres,
15:02son fiston n'avait pas beaucoup de chance.
15:04La jeune fille,
15:05qui lui était sympathique,
15:06car évidemment,
15:07il y en avait une,
15:08ne voulait pas entendre parler de lui.
15:11Interrogée à son tour,
15:13la jeune fille en question
15:13confirme les propos de Mme Kramer.
15:15Mais l'inspecteur découvre un détail intéressant.
15:18Hier,
15:19c'était l'anniversaire de la jeune fille.
15:22Elle a eu 17 ans.
15:25Lorsqu'il retourne à la clinique,
15:27l'inspecteur est autorisé
15:28à entrer dans la chambre de Deadpliff
15:29qui a repris connaissance.
15:32Sous l'œil attentif et anxieux du docteur,
15:35il essaie d'interroger le garçon.
15:37Celui-ci,
15:38qui est encore très faible
15:39et parle difficilement,
15:41un comportement étrange.
15:44Qu'il parle peu,
15:45c'est tout à fait normal.
15:47Mais justement,
15:48parce qu'il parle peu,
15:50il devrait ne dire
15:50que des choses importantes.
15:53Au contraire,
15:53il ne donne,
15:54sur les circonstances
15:55à la personnalité de son agresseur,
15:56que des renseignements insignifiants,
15:58insuffisants,
15:59voire contradictoires.
16:02Tant et si bien que l'inspecteur
16:04a brusquement l'impression
16:05que Deadpliff a peur,
16:07que Deadpliff se sent menacé
16:09s'il dit toute la vérité.
16:13Lorsque le médecin
16:13met fin à l'interrogatoire,
16:14l'inspecteur,
16:15ouvrant la porte,
16:16dit à Deadpliff
16:16« Vous n'avez rien à craindre,
16:20de qui que ce soit.
16:22Je vais faire garder la clinique
16:23et je reviendrai. »
16:26Bien que l'inspecteur ait tenu parole,
16:28qu'il y ait un quart de policier
16:29dans la rue,
16:30un policier à chaque issue
16:31et pour le rassurer,
16:32un policier bien visible
16:34devant sa porte,
16:36Deadpliff
16:36ne lui dit rien de plus
16:38lorsqu'il revient.
16:41« Mais enfin,
16:42pourquoi vous taisez-vous ?
16:44Puisque vous n'avez plus rien
16:45à craindre ! »
16:47s'étonne l'inspecteur.
16:50Deadpliff lui répond
16:50par le plus profond silence
16:52et l'inspecteur
16:55ne peut que s'en aller à nouveau.
16:56C'est finalement le médecin
17:00qui appelle le lendemain
17:01la criminelle polizei.
17:04En posant au garçon de ci-delà
17:06une question à chacune de ses visites,
17:09le médecin réussit
17:10à lui arracher un nom.
17:12Son agresseur serait un certain
17:13Klaus Bess,
17:15âgé de 15 ans.
17:18« Attends une fiche
17:19sur ce dénommé Klaus. »
17:21« Oui. Car il a déjà eu affaire
17:24à la justice. »
17:25Et voilà ce que dit la fiche.
17:27Klaus, élève intelligent,
17:28paresseux et dissipé,
17:30les parents peu intéressants
17:31rentrent souvent ivres
17:33et ne se sont pas occupés
17:34de l'éducation
17:35de leurs trois enfants
17:36qui sont la terreur
17:38de tout le voisinage.
17:39À l'âge de 10 ans,
17:41Klaus a fait l'objet
17:42d'une enquête
17:42pour blessure sur deux camarades
17:44causées par un pistolet
17:46à air comprimé.
17:47Son père est concierge,
17:48sa mère tient un café.
17:50On estime,
17:51qu'on aurait dû l'enlever
17:52à sa famille
17:52où il ne voit
17:53que de mauvais exemples.
17:55Le garçon considère
17:56le monde entier
17:57comme son ennemi personnel.
18:01L'inspecteur envoie
18:02une voiture
18:03chercher le dénommé Klaus,
18:05mais il n'est pas chez lui.
18:08Par contre,
18:09l'information ayant filtré,
18:11la radio parle
18:12de ce Klaus
18:13dans son bulletin d'information
18:14et celui-ci se présente
18:15de lui-même à la police
18:16quelques heures plus tard.
18:18Il est extrêmement vexé
18:20d'avoir été accusé
18:21par Detlef.
18:22Il aurait fait la connaissance
18:23de Detlef dans une taverne
18:25au courant de l'hiver 65-66.
18:28Detlef lui aurait révélé
18:29qu'il faisait du trafic
18:30de drogue
18:31qu'il distribuait
18:32dans un cercle municois.
18:34Mais Klaus aurait un alibi.
18:36Il a passé l'après-midi
18:37et la soirée
18:38avec son ami Norbert,
18:39âgé de 16 ans.
18:41De plus,
18:41les deux amis
18:42sont allés le soir au café
18:43que tiennent ses parents
18:44et plus tard à la foire.
18:45« A-t-on une fiche
18:47sur le dénommé Norbert ? »
18:49« Oui, voici la fiche. »
18:52Norbert G.
18:53n'est pas très intelligent.
18:55Il n'a même pas pu entrer
18:56en apprentissage
18:56en quittant l'école
18:57où il fut toujours
18:58un élève très médiocre.
19:00Il est doux, timide.
19:01À 10 ans,
19:02il se mit à chaparder
19:03dans les grands magasins.
19:05Les parents sont convenables
19:06et travailleurs,
19:07mais trop indulgents.
19:10Convoqué,
19:11Norbert confirme
19:12très exactement
19:12la déclaration de Klaus.
19:13Mais il ajoute
19:15un détail capital.
19:17Detlef lui aurait fait
19:18connaître Freddy
19:19dans un bar.
19:21Et comment est-il,
19:22ce Freddy ?
19:23Grand, brun,
19:24environ 18-19 ans.
19:26C'est tout ?
19:27Ah, c'est tout
19:27ce dont je me souviens.
19:30Mais comme le signalement
19:31de l'hypothétique Freddy
19:32a déjà été publié
19:34dans la presse,
19:35l'inspecteur ne peut tenir
19:36ce témoignage
19:37comme déterminant.
19:39Mais cette fois,
19:40lorsque l'inspecteur
19:41retourne à la clinique
19:42pour interroger Detlef,
19:43il faudra bien
19:44que celui-ci
19:45lui en dise plus,
19:47puisqu'il accuse
19:48un certain Klaus Bess
19:49et que ce Klaus
19:50possède un alibi.
19:53Detlef est obligé
19:54en effet de donner
19:55de plus amples explications.
19:57Il confirme
19:58que c'est bien Klaus
20:00qui lui a donné
20:01le coup de couteau,
20:03mais Norbert
20:04était avec lui
20:05et celui-ci
20:06a tenté
20:07de l'étrangler
20:07avec le foulard.
20:09Ils lui ont pris
20:10200 Dutchmarks
20:11et sa chevalière
20:12en argent.
20:14Ensuite,
20:15ils ont dû arranger
20:16entre eux
20:16cet alibi.
20:18L'inspecteur retourne
20:20au sentier noir
20:20et à 400 mètres
20:22de l'endroit
20:22qu'il supposait être
20:23celui
20:24où eut lieu l'agression,
20:26il trouve
20:27une chevalière
20:28en argent
20:29et un couteau
20:30de boucher
20:31de 30 centimètres
20:33de long
20:33enfoncée
20:35dans la boue.
20:38Il va falloir
20:39des heures
20:40et des heures
20:40de ténacité
20:41et de patience
20:42à l'inspecteur
20:43pour obtenir
20:45de Klaus
20:45et de Norbert
20:46au milieu
20:47d'un tas
20:47de mensonges
20:48et de faux témoignages
20:50le récit
20:52hallucinant
20:53que voici.
20:58Les trois garçons
20:58se sont connus
20:59dans un bar
21:00où ils déjeunaient.
21:02Tous les trois
21:02s'intéressaient
21:03particulièrement
21:03aux armes
21:05et Détlif
21:05aimait raconter
21:06des histoires
21:07et des aventures
21:08extraordinaires.
21:09Puis,
21:11quelques temps après,
21:13il leur dit
21:13à plusieurs reprises
21:14qu'il pensait
21:15au suicide
21:16et qu'il avait
21:17terriblement peur
21:18d'un groupe
21:19d'Italiens
21:20qui le faisait
21:20chanter
21:21parce qu'il les avait
21:22roulés.
21:24Il ne savait plus
21:24comment s'en tirer.
21:27Il proposa donc
21:27aux deux garçons
21:28de le tuer
21:30contre le paiement
21:33de 200 Deutschmarks.
21:36On discuta
21:37le pour
21:37et le contre
21:38comme pour
21:39n'importe quelle affaire.
21:42Détlif
21:42leur suggéra
21:43de le tuer
21:44de telle façon
21:45que le meurtre
21:46puisse être
21:47attribué
21:48aux Italiens
21:49et surtout
21:50à Freddy.
21:52Klaus et Norbert
21:53furent d'accord.
21:55Mais ils auraient
21:55préféré
21:56qu'on crue
21:56un suicide
21:57et fabriquèrent
21:58secrètement
21:59une fausse lettre
22:00d'adieu
22:00de Détlif.
22:02Mais ne sachant
22:03imiter sa signature,
22:05ils y renonçaient.
22:07C'est Klaus
22:08qui apporta
22:09le couteau de boucher
22:10qu'il avait pris
22:10chez lui
22:11et enveloppé
22:11dans du papier
22:12après avoir
22:12essuyé les empreintes.
22:14C'est Détlif
22:15qui,
22:16cheminant
22:17le long du sentier noir,
22:18distribua les rôles
22:19de façon
22:20à faire croire
22:21à une scène
22:22d'agression.
22:23Il indiqua
22:24exactement
22:25l'endroit
22:25de la poitrine
22:26où Klaus
22:27devait enfoncer
22:28le couteau.
22:31Parvenu
22:31au lieu prévu,
22:33Détlif
22:33fuma
22:34la moitié
22:34d'une cigarette,
22:36puis
22:36il jeta
22:37le mégot
22:37et tendit
22:39son foulard
22:39à Norbert
22:40qui tenta
22:41aussitôt
22:41de l'étrangler.
22:44Comme Détlif
22:44tardait
22:45à perdre connaissance,
22:47Klaus,
22:48qui attendait
22:49son couteau
22:49à la main,
22:50s'exclama
22:51à voix basse
22:52« Il est dur
22:53à cuire
22:53ce chien-là. »
22:55Quand Détlif
22:56se mit à tituber,
22:57Klaus enfonça
22:58le couteau
22:59mais il visa
23:00mal.
23:01Détlif
23:02s'effondra
23:02tout doucement.
23:04Lorsqu'il fut
23:04étendu
23:05sur le dos,
23:06Norbert
23:06s'agenouilla
23:07et enfonça
23:08le couteau
23:08davantage,
23:09ce qui fit
23:10un bruit
23:10grinçant.
23:12Les deux compars
23:13se demandèrent
23:14alors si Détlif
23:14était vraiment mort.
23:16Klaus
23:17tata son pou
23:17et souleva
23:19le blouson
23:19pour regarder
23:20la plaie.
23:22Norbert
23:22s'assit à côté
23:23du blessé
23:24et fuma
23:25une cigarette.
23:27Détlif
23:27reprit connaissance.
23:29Il devait souffrir
23:30énormément
23:30car il arracha
23:32le couteau
23:32de sa poitrine
23:33et le lança
23:34au loin.
23:36Il y eut
23:36un bref dialogue
23:37entre les trois garçons.
23:39Détlif
23:39les remercia
23:40d'avoir fait
23:40ce qui avait été convenu.
23:42Il sentait
23:43qu'il allait mourir.
23:44Il ne voyait plus rien,
23:46il voulait rester seul.
23:48Qu'il prenne l'argent
23:49dans la sacoche
23:50de son vélo
23:50et qu'il le laisse
23:51seul.
23:53Klaus et Norbert
23:54prirent l'argent
23:55et s'enfurent.
23:58En chemin,
23:59Norbert
23:59dit à Klaus
23:59« Qu'est-ce que
24:01nous avons fait ? »
24:03« Nous avons commis
24:04un meurtre »
24:04dit Klaus.
24:06Ensuite,
24:06Klaus se rendit
24:07au café
24:07de ses parents.
24:09Norbert
24:09but un verre de bien
24:11et Klaus
24:11dîna.
24:13Vers 21h,
24:14ils allèrent
24:15s'amuser à la foire
24:16et mirent
24:17leur alibi au point
24:18convaincus
24:18que Detleaf
24:19était mort.
24:22Vous pensez bien,
24:22chers amis,
24:23que cette description
24:24de l'horrible agression
24:25de Detleaf
24:26paraît à l'inspecteur
24:27tellement monstrueuse
24:28venant de deux garçons
24:29de 15 ans
24:29qu'il doute.
24:31Peut-être
24:31ont-ils imaginé
24:32ce meurtre sur commande
24:34pour diminuer
24:35leur part de responsabilité.
24:37Mais pas du tout.
24:39Detleaf
24:40confirme
24:40point par point
24:41tous les détails.
24:43Il était malheureux
24:44chez lui
24:44et déprimé
24:46par ses échecs scolaires.
24:48Il pensait fréquemment
24:48au suicide
24:49mais s'y refusait
24:50de craindre
24:51de rendre sa mère
24:52doublement malheureuse
24:53puisqu'elle aurait pleuré
24:54sa mort
24:54et en même temps
24:55s'en serait fait
24:56le reproche.
24:57Alors il imagina
24:58ce suicide
24:59en forme d'agression.
25:01Ainsi,
25:02sa mère l'aurait cru
25:02assassinée
25:03par les Italiens.
25:05Le désir de vivre
25:06ne revint
25:07à Detleaf
25:08que lorsqu'il reprit
25:09connaissance
25:10après un coma
25:11d'une heure
25:12dans le sentier noir
25:13le long duquel
25:14il dut ramper
25:15pour aller chercher
25:16du secours.
25:19Le 10 novembre
25:201967
25:21le jugement
25:22du tribunal
25:23pour enfants
25:24condamna
25:24pour essai commun
25:25de meurtre
25:25sur commande
25:26Klaus et Norbert
25:28à trois ans
25:29d'incarcération.
25:31Detleaf Kramer
25:32séjourna
25:33pendant plusieurs mois
25:34dans une clinique
25:35neurologique
25:35où les médecins
25:37ne voulurent donner
25:38aucune information
25:39même
25:40aux criminologistes
25:41et autres psychiatres
25:42intéressés
25:43par ce sujet
25:44et croyez-moi
25:45il y en eut
25:46beaucoup.
26:05Vous venez d'écouter
26:07les récits extraordinaires
26:08de Pierre Belmar
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26:11issu des archives
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26:17Production
26:18Estelle Lafon
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26:24Remerciements
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