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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Êtes-vous sensible aux variations de la température ?
00:15Vous arrive-t-il de vous mettre en colère parce qu'il fait trop chaud, que le temps est lourd, que les nuages menacent ?
00:21Si oui, et sans même vous en rendre compte, vous attendez comme une délivrance que l'orage éclate,
00:27que la pluie se met à tomber, à granger, rafraîchissant.
00:31Certains spécialistes cherchent à établir un rapport entre les phénomènes météorologiques et le comportement des criminels.
00:40La rumeur populaire parle souvent des assassins du clair de lune.
00:44Et il est vrai que les périodes de pleine lune sont souvent mal supportées par certains aliénés.
00:51Que faut-il en penser ?
00:54Parmi les nombreuses explications que l'on a cherchées à propos de ce dossier, il y a celle-là, toute bête.
01:01C'est à cause de l'orage.
01:03L'orage a éclaté trop tard.
01:09Quand vous aurez entendu la suite, vous comprendrez pourquoi cet orage était important.
01:17Extraordinairement important.
01:18Avant toute chose, si vous le permettez, je dois vous dire que ni les noms réels,
01:41ni les lieux précis n'apparaîtront dans ce récit, car ils n'ont pas été révélés à l'époque.
01:49Pour cela, il n'a d'ailleurs aucune importance dans l'examen des faits.
01:52Une seule chose compte.
01:54La date du 12 septembre 1871
01:59Nous sommes le 12 septembre au soir.
02:09C'est une ville du bord de mer.
02:11Il fait chaud et lourd pour la saison, 28 degrés.
02:16S'il n'y avait le vent du large, l'atmosphère serait irrespirable.
02:19Le ciel est clair, mais il n'est pas bleu.
02:21C'est un espèce de ciel qui ne laisse passer du soleil que des rayons diffus,
02:26ce qui donne une luminosité très particulière, un peu pénible.
02:31Tous ces détails ont été relevés par un médecin de l'époque
02:33d'après le tableau d'observation météorologique fait à l'école normale.
02:38Ce même médecin a d'ailleurs recueilli des témoignages qui confirment les observations.
02:42Le tout est extrêmement précis, appuyé par des documents indiscutables.
02:46C'est donc le 12 septembre que Charles Collat, nous l'appellerons ainsi,
02:53sort de chez lui.
02:54Il est 8 heures du soir.
02:57Il vient de dire à sa femme
02:58« Je vais prendre l'air, il fait trop chaud, couche les enfants et ne m'attends pas. »
03:04Une seule personne pourra témoigner plus tard
03:06de l'état d'esprit de Charles Collat lorsqu'il sort de chez lui, c'est la bonne.
03:11Il est calme, ni préoccupé, ni surexcité.
03:14Il a l'air vraiment d'un homme qui sort prendre l'air, c'est tout.
03:21Charles Collat marche sur le trottoir d'un pas tranquille.
03:24Il est grand, plutôt bel homme, la quarantaine,
03:27avec deux choses remarquables.
03:29Une barbe très fournie, d'un roux éblouissant,
03:32alors que ses cheveux sont noirs.
03:34Et un tic nerveux à la joue droite.
03:36Cette crispation régulière donne à son visage une asymétrie très prononcée.
03:41Charles Collat se promène pendant une demi-heure, puis revient chez lui.
03:47Je devrais dire revient vers chez lui,
03:51car il ne rentre pas immédiatement.
03:54Entre 8h30 du soir et 2h du matin va se dérouler la première partie
03:58de la nuit extraordinaire de Charles Collat.
04:01Elle se déroule dans la maison d'en face.
04:03Une jeune femme vient de sortir pour prendre de l'eau à la fontaine.
04:09C'est une jeune femme peureuse et seule.
04:12Son mari l'abandonne souvent pour suivre les déplacements de son régiment
04:15et elle a pris l'habitude de refermer soigneusement les portes,
04:18d'inspecter les placards et les soudes-lits avant de se coucher.
04:21C'est une jeune femme pieuse aussi.
04:24Ce soir-là, elle fait sa prière comme tous les soirs,
04:27puis elle se déshabille, prend une lampe et inspecte l'appartement.
04:31Le bébé dort dans sa chambre et un sous-lit, rien derrière les rideaux.
04:36Il ne reste que le placard.
04:37D'une main, elle tire la porte.
04:40L'attaque est si brutale que lorsqu'elle réalise ce qui se passe,
04:43il est trop tard pour réagir.
04:44On lui arrache la lampe des mains.
04:46Elle est renversée sur le lit où dort le bébé,
04:48une corde autour du cou.
04:50Un homme penché sur elle, lui souffle dans l'oreille,
04:52« Ne criez pas, ne criez surtout pas, ou vous êtes morte ! »
04:57Les yeux écarquillés de terreur,
04:59elle s'apprête à hurler, mais l'homme lui ferme la bouche d'une main
05:02et se met à parler très vite.
05:03« Je vous tue si vous criez ! »
05:05« C'est moi, Charles Collat. »
05:07« Vous me connaissez. »
05:08« Je vous aime. »
05:09« Oh, j'aurais voulu vous connaître plus tôt. »
05:11« Ne criez pas, ne criez pas ! »
05:12« Je veux seulement vous embrasser. »
05:15La pauvre femme se calme un peu et Charles Collat
05:17relâche la pression de sa main.
05:20« Vous n'allez pas crier. »
05:22« Non, c'est bien. Si vous aviez crié, je vous aurais tué. »
05:29« Et je me serais suicidé après. »
05:33Réveillé par le bruit, l'enfant se met à crier.
05:37Charles Collat pousse la mère vers lui, menaçant « Faites-le taire ! »
05:41« Faire taire un enfant de deux ans, quand on a une corde autour du cou, un fou en face de soi, et qu'on est soi-même terrorisé, c'est totalement impossible. »
05:51« Et la jeune femme s'affole complètement. »
05:54« Éteignez la lumière, ça le calmera. »
05:58Dans le noir, la peur est encore plus intense.
06:01La mère pleure, l'enfant s'accroche à elle.
06:04Les minutes défilent à une vitesse incontrôlable.
06:07Charles Collat ne dit plus rien.
06:08Au bout d'un temps, impossible déterminé, le silence revient.
06:16La femme et l'enfant ne pleurent plus, la mère prie à voix basse.
06:20De temps en temps, Charles Collat marmonne des menaces, puis se tait à nouveau.
06:26À plusieurs reprises, la jeune femme le supplie de partir, mais il refuse.
06:29« Je ne partirai qu'à minuit. Je ne veux pas me compromettre, et vous non plus. »
06:38Il est sensible. Il n'a tenté qu'une seule fois d'embrasser la victime.
06:43Pas un geste obscène, pas une proposition.
06:45Il est entré comme un agresseur, il reste comme un visiteur.
06:49À neuf heures et demie, pourtant, il se décide à partir.
06:54Là encore, il se conduit d'une manière tout à fait insolite.
06:57Il embrasse l'enfant sur le front, serre la main de la jeune femme et lui demande d'éclairer l'escalier pour qu'il puisse descendre.
07:04Sur le palier, il s'excuse à trois reprises.
07:07« Je vous demande pardon, c'était une toccade. Je voulais vous voir, c'est tout.
07:10Mais je suis un homme convenable. Oh, je vois bien à qui j'ai affaire.
07:16Je renonce. »
07:19Il fait un pas puis revient en arrière.
07:21« Pardonnez-moi. Je vous aime. »
07:25À nouveau, il tourne le dos, descend quelques marches et se retourne.
07:28« Je vous aime. Je ne voulais vous faire aucun mal. »
07:33Cette fois-ci, il s'en va vraiment.
07:37La porte se referme brutalement derrière lui, sans qu'il tente quoi que ce soit d'autre.
07:43Et tandis que la jeune femme s'effondre sur son lit, secouée par une crise nerveuse,
07:47il traverse la rue et rentre chez lui.
07:55Il n'a vu cette femme que deux fois et ne lui a presque jamais parlé.
07:58On sait seulement que depuis quelque temps, il l'observait souvent par la fenêtre.
08:01Elle s'en était aperçue sans s'en inquiéter particulièrement.
08:05Charles Collat était le voisin de la maison d'en face,
08:07mais un voisin tout simplement curieux, pas menaçant.
08:11Si la jeune femme avait prévenu la police au lieu de se tairer chez elle
08:15en barricadant portes et fenêtres,
08:17la nuit extraordinaire de Charles Collat se serait peut-être arrêtée à dix heures du soir.
08:21Un simple fait divers qui n'aurait pas franchi toutes ces années pour parvenir jusqu'à nous.
08:28Mais ce n'est pas le cas.
08:29À dix heures du soir, plus rien ne bouge dans les deux maisons ni dans la rue.
08:35Il fait toujours aussi lourd, le vent est tombé,
08:37quelques nuages menaçants s'accumulent lentement et on sent venir l'orage.
08:43Charles Collat s'est enfermé dans sa chambre.
08:46Plus un bruit.
08:47C'est là que s'engage la course contre la montre, contre l'orage.
08:55Mais les nuages ne se rassemblent pas aussi vite que les idées folles de Charles Collat.
08:59Son orage, à lui, éclatera bien avant l'autre, à deux heures du matin très exactement.
09:05Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
09:17Le calme est donc revenu dans la maison de Charles Collat et dans celle de sa voisine.
09:22Entre dix heures du soir et deux heures du matin, silence total.
09:26Le fou est dans sa chambre.
09:27Je dis le fou, parce qu'il est en train de le devenir.
09:33Qui est cet homme ?
09:35Un mari, un professeur d'hydrographie et un père de deux enfants, Henri, 8 ans et Stanislas, 6 ans.
09:45À l'époque de ses fiançailles, il passe déjà pour un exalté, mais un exalté normal, si l'on peut dire.
09:51Très pieux pendant l'adolescence, il abandonne brutalement toute croyance religieuse
09:55à la suite d'une discussion avec un ami. Du jour au lendemain, il se décide hâter.
09:58Il est jaloux, plus jaloux que la plupart des fiancées,
10:01et reste jaloux une fois marié, mais cela ne l'empêche pas de prendre une maîtresse.
10:05La maîtresse aussi est en quelque sorte une maîtresse normale pour lui.
10:09Normale en ce sens qu'elle est officiellement jeune fille
10:11et sévèrement gardée par une mère intransigeante.
10:15Charles aime les choses établies, réglementées, officielles.
10:18Par exemple, il lutte pour instaurer une sorte de statut du professeur d'hydrographie
10:24dont la nécessité n'est pas évidente et entre en lutte contre le ministre de la marine.
10:29Il l'accuse de déranger l'ordre établi en voulant moderniser.
10:34D'autres choses, par contre, sont beaucoup plus graves.
10:39Charles Collat est un mécontent.
10:40Il se croit persécuté et persécute les autres par réaction.
10:43Par exemple, en famille, que ce soit avec sa femme ou ses deux fils,
10:46ses réactions sont souvent imprévisibles,
10:49tantôt débordantes d'affection, tantôt haineuses.
10:52En l'espace de quelques minutes, et pour le même motif,
10:54il est capable d'embrasser ou de battre.
10:56En règle générale, c'est un coléreux.
10:58Il crie beaucoup, souvent.
10:59Son entourage le subit et les voisins le supportent.
11:04Dans un domaine plus intime,
11:05certaines confidences de sa femme le font passer pour un pervers.
11:08Il l'est certainement car sur ce plan-là,
11:09les confidences de sa maîtresse sont exactement les mêmes.
11:12Mais avant le 12 septembre, il n'est pas fou.
11:15Il fait peur parfois,
11:17mais sans que pour cela on appelle les gendarmes.
11:22« Alors, l'orage ?
11:24L'orage qui ne se décide pas à éclater,
11:28qui fait peser sur la ville et sur ses habitants
11:30une moiteur, une tension désagréable ?
11:33Charles Collat supporte-t-il moins que les autres cette tension ? »
11:39Il est deux heures du matin.
11:43Dans sa petite chambre sous les toits,
11:45la bonne ne dort pas, le temps est trop lourd.
11:48Dans le silence,
11:50elle entend la porte de monsieur s'ouvrir et se refermer.
11:54Des pas étouffés descendent l'escalier.
11:57Monsieur est en pantoufle.
11:59« Oh ! »
12:01Cela n'a rien d'extraordinaire.
12:02Peut-être a-t-il simplement soif.
12:05Il marche doucement pour ne pas réveiller les enfants.
12:09La bonne écoute un moment,
12:10maginalement,
12:11puis tombe dans un demi-sommeil.
12:15Les heures s'égrènent à nouveau.
12:19Rien ne la tire de sa léthargie.
12:24Quatre heures.
12:26Elle sursaute.
12:27Quelqu'un a crié, dehors peut-être,
12:29ou dans la chambre de madame.
12:31Elle est dans l'oreille.
12:33Un vague murmure et des bruits d'eau la rassurent.
12:37Elle se dit que Charles Collat a réveillé sa femme,
12:39qu'ils se sont disputés, puis réconciliés.
12:41Cela arrive souvent, d'ailleurs.
12:43C'est à nouveau le silence.
12:46Mais, à nouveau,
12:49des pas dans l'escalier,
12:51quelqu'un monte en pantoufle.
12:54Le premier étage.
12:56Le deuxième.
12:57Sa chambre est au troisième.
13:01Les pas montent toujours.
13:04Lentement.
13:06Précautionneusement.
13:08Régulièrement.
13:11Inquiète, la bonne se redresse sur son oreiller,
13:13fixe la porte de la chambre.
13:15Il y a quelqu'un derrière.
13:17La poignée tourne
13:19tout doucement.
13:21Doucement.
13:22La porte pivote sans bruit
13:26et la silhouette de Charles Collat
13:31se dessine dans la pénombre.
13:34Avant que la bonne ait eu le temps de parler,
13:35il est près d'elle.
13:36Il a bondi comme un chat,
13:37sans un bruit, sans un mot.
13:39Il se penche.
13:40Les yeux, grands ouverts de stupéfaction,
13:42la bonne le regarde.
13:42Il a l'air agarres
13:43et cache quelque chose derrière son dos.
13:45Elle ne voit pas quoi.
13:46en la frôlant presque.
13:48Il murmure.
13:49Vous dormez ?
13:50Non, non, monsieur, non.
13:52Alors il faut dormir, n'est-ce pas ?
13:54Il faut dormir.
13:56Dormez bien.
13:58Oui.
13:59Oui, monsieur, oui.
14:03Charles Collat se redresse,
14:06la contemple une seconde,
14:07puis se dirige vers la porte.
14:08Toujours silencieux,
14:09il retire la clé qui était à l'intérieur,
14:11sort et referme derrière lui.
14:14La bonne entend le tour de clé,
14:16puis les pas qui redescendent les étages
14:18jusqu'au deuxième.
14:19Elle reconnaît le grincement
14:20de la porte du cabinet de travail.
14:21Charles Collat donne un tour de clé,
14:23c'est fini.
14:25Plus de bruit.
14:30Pendant une heure,
14:32réfugiée sur l'appui de la fenêtre,
14:33la malheureuse guette tous les craquements
14:35persuadés que son maître va revenir pour la tuer.
14:37Elle est sûre qu'il s'est passé quelque chose de grave,
14:40mais elle n'ose pas bouger.
14:42À cinq heures et demie,
14:43elle risque un œil par le trou de la serrure
14:45et aperçoit une corde attachée
14:47à la rampe de l'escalier,
14:48rien d'autre.
14:49Réfugiée à nouveau sur le bord de la fenêtre,
14:51elle examine la rue avec angoisse,
14:53attendant que quelqu'un passe,
14:54mais il est encore trop tôt
14:55et c'est à six heures du matin seulement
14:57qu'elle arrive à attirer l'attention
14:58d'un ouvrier qui passe.
15:00Ouvrez la porte d'entrée,
15:01je vous en supplie,
15:02il s'est passé quelque chose
15:03et je suis enfermé dans ma chambre.
15:06L'homme ramasse la clé
15:07de la porte d'entrée qu'elle lui lance
15:08et il entre dans la maison prudemment.
15:10Au rez-de-chaussée, rien.
15:14Au premier étage, rien.
15:18Au deuxième,
15:19le corps de Charles Collat pendu,
15:21tout habillé.
15:23La corde est accrochée
15:24à la rampe du troisième étage.
15:27L'homme monte en courant,
15:28guidé par l'écrit de la bonne.
15:29Il la délivre.
15:30Tous deux redescendent au deuxième étage
15:32et enfoncent une porte fermée
15:33à double tour,
15:34celle de la chambre de Mme Collat.
15:36Morte.
15:39La gorge tranchée.
15:42Sur le parquet,
15:43les deux enfants.
15:45Morts.
15:46Eux aussi.
15:50Les décrire serait inutile,
15:52c'est l'œuvre d'un fou sanguinet.
15:55Dans le cabinet de travail de Charles Collat,
15:57une bougie achève de se consumer
15:59et on y voit la marque d'une main
16:00entraînée rouge.
16:03Sur une marche devant la cheminée,
16:04un petit couteau rouge,
16:07lui aussi.
16:12Toute la journée du 13 septembre,
16:14le tonnerre a grondé
16:15et les éclairs se sont succédés.
16:16La chaleur insupportable
16:18s'est maintenue jusqu'au soir.
16:20Enfin, vers 8 heures du soir,
16:22après une série de coups de tonnerre impressionnants,
16:24les nuages noirs ont enfin crevé
16:26d'un seul coup,
16:27libérant une averse bienfaisante
16:29toute la nuit.
16:31Jusqu'au matin,
16:31la pluie a crépité sur la mer,
16:33nettoyé les trottoirs poussiéreux,
16:34envahit les caniveaux,
16:35lavé les arbres et les maisons.
16:39Charles Collat n'en aura pas profité.
16:42Une chose est certaine,
16:44c'est qu'entre le triple assassinat
16:45et son propre suicide,
16:47il a pris le temps d'écrire quatre lettres,
16:50de sortir de chez lui
16:50et de les poster.
16:52Elles sont arrivées à leur destinataire
16:54le lendemain même,
16:55à 4 heures de l'après-midi.
16:56La première,
16:57au directeur d'un grand journal parisien,
17:00Monsieur le directeur.
17:01Je viens de tuer ma femme et mes enfants
17:04et je me suiciderai tout à l'heure.
17:07Faites savoir dans votre journal
17:08que le métier de professeur d'hydrographie
17:11est un bagne.
17:12Nos élèves sont beaucoup trop âgés
17:14et ingouvernables.
17:16Ajoutez qu'on devrait toujours laisser
17:17aux fonctionnaires l'avancement auquel ils ont droit.
17:20Il faudrait respecter les droits acquis,
17:22ce qui n'a pas été fait pour notre corporation.
17:24La seconde lettre était destinée à ses élèves.
17:29Je suis dégoûté du métier de professeur.
17:31J'apprends à mes élèves des choses complètement inutiles,
17:33qu'ils profitent de ma mort
17:35pour appeler l'attention du ministre
17:37sur leur situation.
17:38Je pense cependant que ce sera inutile
17:40comme le reste.
17:42Signé, insuicidé.
17:45Il écrit au préfet de la région,
17:47vous trouverez en ordre
17:48tous les documents qui m'ont été confiés.
17:50La bibliothèque est en ordre,
17:51l'inventaire sera facile, signé, insuicidé.
17:56Enfin, la dernière lettre
17:57destinée au procureur de la République.
18:00Je viens de tuer ma femme et mes enfants.
18:04Ma femme est une sainte.
18:06Je n'ai rien à lui reprocher.
18:09Et mes enfants sont des anges.
18:12J'ai d'abord, dans l'ordre, tué
18:13ma femme chérie, mon Henri
18:16et le bien-aimé petit Stanislas.
18:21Je n'ai rien à ajouter.
18:26Il fait trop chaud.
18:29Charles Collat.
18:34Les crimes de ce genre
18:36paraissent toujours inexpliqués.
18:37Ils sont rares, fort heureusement,
18:39et sont pour la plupart commis par des êtres
18:41qui se disent persécutés.
18:43Le criminel s'étant supprimé,
18:46l'enquête n'a pas recueilli
18:47de détails supplémentaires
18:48sur le caractère profond de Charles Collat
18:50et les spécialistes ont envisagé
18:52plusieurs explications,
18:54notamment le docteur Aubry,
18:55médecin et expert en criminologie
18:57à l'époque du drame.
18:58Il ressort de son étude
18:59que Charles Collat pouvait être
19:00un sadique
19:01qui a tué en état de crise
19:03après une tentative de viol
19:05qu'il était incapable de mener jusqu'au bout,
19:08un monomane homicide,
19:09c'est-à-dire un homme
19:10qui tue sans passion,
19:11sans haine et sans colère,
19:12ses lettres le prouveraient,
19:14un dégénéré héréditaire,
19:16il tue sans raison apparente
19:17et aucune explication
19:18ne peut être donnée à leur geste,
19:20un hystérique
19:21qui aurait connu ce jour-là
19:23sa première crise grave.
19:27Mais,
19:28mais qu'il soit ceci ou cela,
19:31l'un ou l'autre de ces personnages,
19:33une chose, une seule,
19:35peut être reconnue
19:36comme ayant influencé son comportement.
19:39La tension nerveuse due à l'orage.
19:42Et il est vrai
19:42qu'entre le 12 et le 13 septembre
19:44de cette année-là,
19:45à cet endroit-là,
19:45en France,
19:46la pression atmosphérique,
19:47la chaleur
19:48étaient assez insupportables.
19:50Les témoins vivants l'ont confirmé.
19:52L'un d'eux a même précisé
19:53« C'était un de ces jours
19:56où le drame est dans l'air. »
19:59Quant à Charles Collat,
20:00le seul commentaire
20:02est dans une de ses lettres.
20:04Je n'ai rien à ajouter.
20:07Il fait trop chaud.
20:09« Alors ? »
20:11« C'est la faute de l'orage ? »
20:16C'est possible,
20:17mais ça fait peur.
20:19Vous venez d'écouter
20:40les récits extraordinaires
20:42de Pierre Bellemare,
20:43un podcast
20:44issu des archives d'Europe 1.
20:46Réalisation et composition musicale
20:49Julien Tarot
20:50Production
20:51Estelle Laffont
20:52Patrimoine sonore
20:54Sylvaine Denis
20:55Laetitia Casanova
20:57Antoine Reclus
20:58Remerciements à Roselyne Bellemare
21:00Les récits extraordinaires
21:02sont disponibles sur le site
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