00:00Bonjour à vous Vincent. Devant les maires de France, le chef d'état-major des armées, Fabien Mandon, le général Fabien Mandon, a évoqué hier la guerre qui vient, celle avec la Russie.
00:09Il utilise des phrases chocs, il faut, dit-il, accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement, fin de citation.
00:16Oui, le général Mandon a voulu parler cash et tant qu'à faire, il aurait dû décrire l'obscénité de la guerre, le sang, les tripes à l'air,
00:23parler de la détresse des familles, les veuves de guerre aux petites pensions, le malheur qui sonne à la porte en plein après-midi et vous entraîne en enfer,
00:32ce lieu de souffrance où il n'y a plus d'avenir, que le présent, plus de projet, l'absence.
00:38On l'écoute et on ne comprend pas très bien son fatalisme.
00:42Le pouvoir est va-t-en-guerre, les médias aussi, ils prennent un ton doloriste, mais en fait ils aiment le stress, l'odeur de la poudre, les vidéos trash.
00:50À propos, je voudrais me permettre une remarque, une parenthèse corporatiste, il y a désormais des reporters de guerre.
00:59Autrefois, on n'aurait pas osé. Quel que soit le pays en convulsion et la durée du reportage, on savait qu'on était là en passant, en témoin, pour ne pas dire en touriste,
01:07on faisait du journalisme, on limitait les risques alors que les soldats, eux, font la guerre et ils n'ont pas le choix.
01:14Fin de la parenthèse.
01:15Fabien Mandon, lui, est un général 5 étoiles et un aviateur.
01:20Avant d'entrer au cabinet d'Emmanuel Macron, le colonel Mandon a mené des opérations de guerre, en vrai, à 10 000 pieds, en survolant des pays hostiles.
01:29Aucune raison de douter de son expérience.
01:32Mais le chef d'état-major des armées ne devrait pas dire ça.
01:35Ce discours à l'estomac, ce discours qui doute des Français, est vraiment maladroit.
01:39Ces propos, en tout cas, ont provoqué un tollé dans la classe politique.
01:43Depuis Clémenceau, les politiques pensent que la guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires.
01:49La grande muette doit le rester.
01:50Seuls les élus peuvent décréter la mobilisation générale et voter l'entrée en guerre.
01:55Mais, évidemment, le général n'a pas agi sans l'aval du président, avec lequel il vient de travailler pendant deux ans.
02:02De quoi s'agit-il ? Eh bien, de mettre l'opinion en condition, comme ce kit d'urgence qui va être présenté tout à l'heure aux citoyens,
02:10en attendant la renaissance du service militaire la semaine prochaine.
02:13Bientôt, on nous apprendra à cuisiner le rutabaga.
02:16Le général Mandon, comme son prédécesseur, veut provoquer un choc de conscience, car il croit fermement deux choses.
02:23Il croit les baltes et les scandinaves, qui disent que la Russie ne comprend que le langage de la force.
02:29Et, secondo, il croit aux synthèses du renseignement allemand, polonais et autres,
02:34qui prétendent que le Vladimir Poutine se prépare à une confrontation en Europe à l'horizon 2030.
02:40Alors, on peine à croire sur parole cette prophétie.
02:43Depuis trois ans, les Européens sont trompés sur presque tout, à commencer par l'invasion en février 2022.
02:49Alors, cela dit, Vincent, l'hypothèse d'une guerre avec les Russes n'est pas nouvelle.
02:53Oui, sauf que l'opinion n'y croit pas vraiment.
02:55Elle voit du théâtre aux armées. Comment parler d'économie de guerre quand le Parlement débat de la réforme des retraites ?
03:01À la guerre, on ne pense pas trop à la retraite, ou alors c'est qu'on est en train de perdre la bataille.
03:05Enfin, deux remarques.
03:07D'abord, les États-Unis négocieraient en ce moment avec le Kremlin un plan en cinq points
03:12qui priverait l'Ukraine du don basse, de missiles à longue portée, de troupes étrangères et de l'aide américaine.
03:18La partie semble donc jouer sans nous.
03:20Enfin, c'est très bien quand même de se préparer à la guerre, de se préoccuper de réarmement moral.
03:26Si ce n'est pas contre la Russie, ça pourrait servir contre d'autres ennemis après tout.
03:32Notamment, ceux dont on ne parle jamais et à qui on pense toujours.
03:36Lesquels, Vincent ?
03:37Cherchez ceux qui nous ont réellement attaqués depuis à peu près 30 ans.
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