Elisabeth Lévy : "Ceux qui demandent s'il faut mourir pour Kiev ne mourront pas pour la France"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.

00:04Soyez libres, Elisabeth Lévy, bonjour Elisabeth.

00:07Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:08On va revenir sur le général Mandon, le chef d'état-major,

00:12dont on a entendu les propos à l'instant dans le journal.

00:16Est-ce que nous devons nous préparer à voir nos enfants mourir à la guerre, comme il l'a dit ?

00:21Tout le monde a retenu cette phrase, Patrick, parce que le mot enfant empêche de penser.

00:26Mais le SEMA, le chef d'état-major des armées, le plus haut gradé de notre armée,

00:31n'a fait que développer, alors certes très brutalement, l'idée que pour avoir la paix, il faut préparer la guerre.

00:37C'est un vieil adage, ce monde le connaît, et ça s'appelle la dissuasion.

00:40Appliquée au présent, cela signifie quoi que ?

00:43Eh bien cela signifie que si l'Europe est faible,

00:45eh bien Poutine pourrait, après l'Ukraine, attaquer frontalement des pays membres de l'OTAN,

00:50en particulier les pays baltes qui sont quand même très inquiets.

00:55Et en tout cas, ça c'est ce que disent les services de renseignement allemands,

00:58peut-être ils se trompent, mais il semble qu'ils s'y préparent pour l'horizon 2030.

01:02Et dès lors que nous appartenons à cette alliance, l'OTAN,

01:05qui est la manifestation, qui est la traduction militaire de la solidarité occidentale,

01:11eh bien si cela se produit, nous devrions être automatiquement en guerre.

01:15C'est ça un traité d'alliance.

01:17Et une guerre, ça demande des soldats,

01:19d'où la volonté de rétablir le service militaire sur une base volontaire,

01:25et de moderniser nos armées.

01:27En tout cas, ce scénario, Patrick, est suffisamment plausible

01:30pour que plusieurs pays européens, comme la Belgique et l'Allemagne,

01:33sont jetés aussi à rétablir la conscription,

01:36et tout le monde l'avait supprimé en tournant du XXIe siècle.

01:40Rappelez-vous la fin de l'histoire.

01:41On croyait, si vous voulez, que la grande victoire de la démocratie libérale

01:45et du marché, eh bien c'était la fin de l'histoire.

01:48– Mais est-ce que nous devons être prêts à mourir,

01:52comme il l'a dit hier, et nos enfants,

01:55et notamment pour Kiev ?

01:57– Vous savez, c'est écrit, le groupe de Philippot

02:00a mis des pancartes autour d'ici,

02:03où il y a écrit « Nous ne mourrons pas pour Kiev, franchement ».

02:06Il n'y a pas de quoi s'en vanter entre nous,

02:08mais enfin bon, de toute façon, il ne s'agit pas de le craigner de Kiev,

02:11il s'agit de savoir si nous pouvons tolérer

02:13qu'une puissance menaçante et impériale

02:15dicte ses volontés au continent.

02:17Et si nous sommes prêts aussi,

02:19il s'agit aussi de savoir si nous sommes prêts

02:20à prendre le relais des Américains

02:23pour assurer notre sécurité.

02:25Car de plus, la Russie n'est pas la seule menace.

02:28Je vous rappelle que le djihadisme,

02:30qui notamment gangrène l'Afrique,

02:31tout ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée,

02:34est sacrément menaçant aussi.

02:35Alors le général Mandon s'inquiète,

02:38et il a raison à mon avis,

02:39que nous n'ayons plus la force d'âme pour nous défendre.

02:42Il parle d'esprit de défense,

02:44il parle d'esprit de combat.

02:46Eh bien, quand j'entends Philippot et Mélenchon

02:49dénoncer ce discours anxiogène

02:51qui viserait à nous faire peur

02:52pour mieux nous faire servir,

02:54ou comme l'a dit Françoise,

02:55pour permettre à Emmanuel Macron

02:57de rester au pouvoir,

02:58eh bien je me dis que le SEMA a raison,

03:00comme tous les pacifistes,

03:02ces capitulards,

03:03pensent que c'est eux qui choisissent l'ennemi,

03:05ils se trompent lourdement,

03:06c'est toujours l'ennemi qui vous choisit.

03:08Alors Patrick,

03:10ce qui se passe,

03:10c'est qu'en fait nous n'avons nos générations,

03:12nous avons de la chance,

03:13nous sommes des privilégiés,

03:15nous n'avons connu que la paix,

03:16si bien que nous pensons

03:17qu'elle est la norme,

03:18et surtout qu'elle est un dieu.

03:20Nous avons oublié que la guerre existe,

03:22qu'un pays souverain

03:23doit être prêt à se défendre,

03:25donc oui,

03:26à voir mourir certains de ses enfants.

03:28Et d'ailleurs,

03:28on oublie tous ceux qui sont déjà morts,

03:31les légionnaires,

03:32les soldats qui sont morts

03:33dans les opérations françaises au Mali,

03:35ou ailleurs.

03:35Alors ceux qui se demandent aujourd'hui

03:37s'il faut mourir pour Kiev

03:38ne sont en réalité prêts à mourir

03:40pour rien,

03:41ni pour la France,

03:42ni pour rien,

03:42sauf peut-être pour l'indexation

03:44de leur retraite.

03:45Bon,

03:46que pensez-vous de ça ?

03:49Il faut accepter de perdre des enfants.

03:51Que pensez-vous de ce discours ?

03:52Il faut accepter l'idée, évidemment.

03:54Oui, de l'idée, bien sûr.

03:56Mais est-ce que vous trouvez que c'est délirant,

03:59ce discours,

03:59ces propos,

04:00c'est délirant,

04:01c'est lucide,

04:02c'est trop anxiogène,

04:03c'est ultra alarmiste ?

04:05J'aimerais vous entendre,

04:06et je vais vous entendre tout à l'heure.

04:080 826 300 300,

04:10vous avez la parole,

04:11vous pouvez appeler 0 826 300 300,

04:13nous allons en parler, bien sûr.

04:15Et puis, l'autre question,

04:17est-ce qu'on doit durcir aussi des sanctions

04:20contre les consommateurs

04:22pour lutter contre le narcotrafic ?

04:24Oui, non, sans avis.

04:25Vous êtes assez mitigé sur les réseaux.

04:27J'aimerais vous entendre après Louis Alliot,

04:29dans un instant,

04:30qui est l'invité politique de Jean-François Aquili.

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