Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 12 heures
François Vacherat, directeur général de la Fondation Action Enfance, est notre invité à l'occasion de journée internationale des droits de l'enfant. La fondation publie une étude avec ce chiffre glaçant : 12 % des Français disent avoir subi des maltraitances durant leur enfance. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-jeudi-20-novembre-2025-6629411

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Il est 6h21, 12% des Français disent avoir subi des maltraitances durant leur enfance.
00:0512% ! Chiffre qui nous vient du dernier baromètre de la fondation Action Enfance.
00:10Bonjour François Vachera.
00:11Bonjour Mathilde.
00:12Vous êtes le directeur général de cette fondation qui existe depuis près de 70 ans,
00:16reconnu d'utilité publique.
00:18Vous vous occupez d'enfants placés qui ont été victimes de violences.
00:21Donc près d'un enfant sur dix déclare avoir subi des maltraitances pendant l'enfance.
00:25Est-ce que vous-même ce chiffre vous a étonné ?
00:27Oui c'est un chiffre qui nous a beaucoup étonné quand on en a pris connaissance
00:30parce que si on le rapporte à la population française,
00:33ça veut dire que 6 à 7 millions des Français déclarent assez spontanément
00:38avoir été victimes de violences de toute nature, psychologiques, physiques, sexuelles.
00:42C'est ce que j'allais vous dire, de quoi parle-t-on ?
00:43Où commence la maltraitance ?
00:45La maltraitance ça peut être un désintérêt des parents
00:48ou une des difficultés des parents à s'occuper de leurs enfants.
00:51Et ça va jusqu'à des violences sexuelles inouïes,
00:55des violences physiques inouïes qui peuvent laisser des séquelles.
00:58Donc quand les Français déclarent qu'ils ont été, 12% déclarent qu'ils ont été victimes,
01:02c'est victimes de violences qui peuvent être de nature et d'intensité extrêmement différentes.
01:07Mais ça c'est un chiffre qui nous a beaucoup surpris.
01:10D'autant que 4% d'entre eux disent aussi qu'ils ne savent pas, ils ne répondent pas.
01:13Donc peut-être qu'on peut imaginer que c'est un peu plus que ça.
01:16Ça fait 6 à 7 millions de Français, c'est énorme.
01:18Et ça veut dire aussi que dans notre entourage, on connaît tous quelqu'un qui a été victime
01:23et qui ne l'a pas forcément dit et donc vit avec ce traumatisme pendant toute sa vie.
01:29C'est ça aussi ce qu'on voit à travers votre étude,
01:31c'est que le problème c'est que ces violences ne sont pas souvent dénoncées.
01:34Alors elles ne sont pas suffisamment dénoncées.
01:36Et je voudrais mettre ce chiffre de 12% en relation avec un autre chiffre
01:39qui n'est pas dans l'étude dont on parle.
01:42On sait aujourd'hui que 1,6% des mineurs bénéficient d'une mesure de protection.
01:47Alors si on rapporte les mineurs en France, c'est à peu près 21% de la population.
01:51Si vous rapportez ce chiffre à 12% d'adultes,
01:54ça veut dire qu'on sait aujourd'hui que simplement une situation sur deux est prise en charge.
02:01C'est-à-dire qu'il y a un enfant sur deux victime de violences
02:03qui reste avec sa violence et qui n'est pas accompagné
02:08ou les parents ne sont pas accompagnés.
02:10Et alors comment on fait pour encourager à signaler ?
02:14Déjà il faut les repérer.
02:14C'est ce que vous dites aussi dans cette étude,
02:16c'est qu'on ne sait pas trop ce qu'il faut voir.
02:19À partir du moment où ça devient suffisamment grave pour appeler le 119,
02:22c'est ça le réflexe à avoir ?
02:23Oui c'est ça, c'est le 119.
02:25Alors ce qui est intéressant avec le 119,
02:27c'est que je pense qu'il ne faut pas hésiter à appeler le 119
02:30parce que vous avez affaire à la moindre alerte.
02:32À la moindre alerte, oui.
02:33Quand vous constatez quelque chose, il faut appeler le 119
02:35puisque vous avez affaire à des professionnels.
02:37et vous avez la garantie là qu'ils vont prendre en charge la situation
02:41et ils vont le faire de façon tout à fait professionnelle,
02:43c'est-à-dire qu'ils vont vérifier, documenter la situation
02:46et éventuellement faire en sorte que des mesures soient prises
02:48pour protéger les enfants.
02:50La seule chose, c'est qu'il faut les contacter avec des informations
02:52qui sont assez précises, notamment sur l'identité des enfants, bien entendu.
02:55Mais en tout cas, il ne faut pas hésiter à appeler le 119,
02:58ça c'est absolument fondamental.
02:59Et alors pourquoi ça se fait si peu dans votre étude ?
03:01Vous dites, parmi tous ceux qui sont témoins de ce genre de violences,
03:04déjà il n'y en a pas beaucoup,
03:05seul un quart entreprennent des démarches.
03:07Pourquoi ? C'est quoi ? C'est par désintérêt ?
03:09Par l'archeté ? Parce que c'est compliqué ?
03:11Je pense que les gens peut-être ne savent pas ce qu'il faut entreprendre
03:16ou ne savent pas comment entreprendre
03:17ou parce que c'est pour des raisons familiales,
03:19c'est-à-dire qu'ils constatent dans le milieu familial
03:21qu'il peut y avoir des violences,
03:23mais ils savent aussi que si c'est dénoncé...
03:25Ça crée au sein des familles des conflits extrêmement importants.
03:29Ce qu'il faut savoir, c'est que la plupart des signalements
03:31qui sont faits aujourd'hui le sont par des professionnels
03:33de l'éducation nationale, de la petite enfance.
03:37J'ai écouté hier sur votre antenne une de vos collègues
03:40parler du travail que Sarah Bidbol,
03:43que vraiment je félicite parce qu'elle a fait un travail remarquable
03:47dans le monde du sport.
03:48Je vois aussi que dans les associations sportives,
03:49dans les fédérations sportives aujourd'hui,
03:52on prend en charge cette question, on la prend en sérieux.
03:54Donc ça, j'allais dire, aujourd'hui, c'est quelque chose qui est en mouvement.
03:58Le problème, il est plutôt du côté du grand public
04:00qui ne connaît pas forcément la nature de ces violences,
04:04qui ne sait pas forcément les repérer.
04:06Je pense que là, on a tous, tout un chacun,
04:08j'allais dire, presque une éducation à se faire sur ces sujets-là
04:12pour apprendre à repérer, pour être sensibilisé à ces questions-là.
04:16Et donc, il y a le 119, ça c'est important.
04:19Je voudrais aussi vous parler d'un film qui s'appelle Sidération,
04:23qui est un film qui a été réalisé par l'excellente Guilla Braoudet,
04:27que j'encourage tout le monde à regarder.
04:29C'est un film d'une sensibilité extrême, d'une puneur extrême,
04:32qui raconte justement les violences à l'intérieur des familles.
04:36Malheureusement, ce film n'a pas été diffusé sur les chaînes de télé,
04:39je le regrette.
04:40Il n'est peut-être pas trop tard si les chaînes vous écoutent.
04:47Il y a Claire Edon, la défenseur des droits,
04:49qui a remis un rapport hier au président,
04:51dans lequel elle dit notamment que la situation continue de s'aggraver
04:53pour la protection de l'enfance.
04:54Elle dit que les foyers et les villages d'enfants sont saturés.
04:57C'est le cas pour votre fondation,
04:58puisque vous, vous accueillez 1200 enfants dans des villages d'enfants
05:02qui sont des maisons à taille humaine,
05:04avec des éducateurs pour les aider à se reconstruire.
05:07Est-ce que vous avez des problèmes, vous ?
05:09Ça déborde ?
05:10Oui, on a un développement qui est considérable aujourd'hui,
05:13puisque au moment où je vous parle,
05:14on a 12 villages à construire dans les années qui viennent,
05:17d'ici 2030, donc c'est énorme.
05:19Je rappelle qu'on en a 19 aujourd'hui,
05:20donc on a un développement qui est considérable.
05:23C'est aujourd'hui la mode d'accueil,
05:24les villages d'enfants qui sont un mode d'accueil extrêmement reconnu
05:26par les pouvoirs publics, en particulier les départements,
05:29parce qu'il faut rappeler aussi que ce sont les départements
05:31qui ont cette magnifique et extrêmement difficile responsabilité
05:34de la protection de l'enfance.
05:36Donc nous, on intervient à la demande des départements
05:38pour apporter les solutions et accueillir des enfants dans des maisons,
05:42puisque chez nous, les enfants, c'est leur domicile,
05:44ils ont leur chambre et ils vivent avec des éducateurs
05:47qui font ce que normalement des parents devraient faire,
05:51c'est-à-dire s'occuper de ces enfants au quotidien,
05:52les emmener à l'école, s'occuper de leur soutien scolaire
05:55et puis faire en sorte qu'ils aient des activités culturelles,
05:57des activités sportives.
05:58Merci François Vachera, directeur général de la fondation Action Enfance.
06:02Et on rappelle le 119, le numéro qui permet de signaler des violences sur les enfants
06:06et on n'hésite pas.
06:07C'est essentiel.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations