À l'occasion de la rentrée des classes, Jérôme Fournier, professeur d'histoire-géo et secrétaire national du syndicat SE Unsa, était l'invité de France Inter ce mercredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-mercredi-27-aout-2025-3704595
00:04Il est 6h21, la fin des vacances se rapproche, les élèves font leur rentrée lundi, la ministre de l'éducation Elisabeth Borne dès aujourd'hui.
00:12Alors peut-être pour la dernière fois, puisque l'avenir du gouvernement est très incertain.
00:16Bonjour Jérôme Fournier.
00:17Bonjour.
00:17Vous êtes secrétaire nationale du syndicat des enseignants UNSA, vous êtes professeur d'histoire et de géographie en collège,
00:23mais actuellement vos fonctions syndicales ne vous permettent pas d'assurer des cours.
00:26Ça vous manque pas la petite boule au ventre de la rentrée ?
00:28Si, c'est pour ça que j'y retournerai assez rapidement.
00:32L'envie est toujours là, malgré le tableau noir que votre syndicat vient de dépeindre dans son baromètre annuel.
00:3853 000 membres de l'éducation nationale interrogés, il n'y a pas que des enseignants, il y a aussi des CPE, des assistants d'éducation, des psychologues,
00:45et la plupart disent qu'ils sont écoeurés.
00:47Oui, c'est terrible d'en arriver là parce que c'est un beau métier et on a des réformes, un manque de budget,
00:55un manque de soutien qui fait que beaucoup de collègues n'ont plus envie d'exercer ce métier qu'ils avaient choisi au départ.
01:03C'est vrai que des réformes, il y en a eu beaucoup ces dernières années, des grosses réformes, la réforme Blanquer du Bac,
01:07le choc des savoirs de Gabriel Attal, il y a eu les évaluations à l'école.
01:11Cette année, il n'y a pas vraiment de grandes réformes de ce genre ou de cette envergure ? Un peu de calme, ça fait du bien ?
01:17Alors, pas tant de calme que ça parce qu'en fait, il y a des changements, mais peut-être qu'on les voit moins,
01:23l'opinion publique s'en rend moins compte, mais il y a des changements de programme.
01:27Néanmoins, il y a une nouvelle épreuve qui arrive au Bac au mois de juin en maths, une réforme du brevet aussi,
01:35donc c'est peut-être moins perceptible, mais en fait, pour les enseignants, les CPE, les psys, il va y en avoir des changements.
01:42Et il y en a des bonnes dans le lot ?
01:44Alors, le programme Évars et Évars dans le second degré, ça c'est une...
01:48L'éducation à la vie affective et à la sexualité ?
01:50Oui, c'est ça. C'est une très bonne nouvelle.
01:53Nous, ce qu'on regrette, c'est que les enseignants n'aient pas été formés encore, alors que...
01:58Pas du tout ou très peu ? Il y a des enseignants qui...
01:59Quasiment pas, en fait.
02:00D'accord.
02:02Alors, il y a encore un peu de temps pour le faire, puisqu'on a trois séances à faire par an,
02:05donc on ne va pas faire une séance dès lundi prochain.
02:09Mais pour autant, c'est un vrai manque, la formation continue.
02:12Et c'est une sécurité sur ce type de programme-là pour les enseignants que d'être formés.
02:19Mais en tout cas, quoi qu'il en soit, c'est une bonne chose, ce programme.
02:22Oui, c'est une très bonne chose.
02:23Et les autres réformes, alors ?
02:25Alors, pas forcément.
02:26Si on parle des programmes de français et de maths, par exemple, qui se mettent en place à la rentrée...
02:32À l'école, là.
02:33À l'école, oui.
02:33On va les faire par niveau, les réformes.
02:35C'est ça.
02:35À l'école, c'est des nouveaux programmes en maths et en français.
02:37Donc là, on a des programmes très prescriptifs, très descendants qui veulent imposer une méthode.
02:42Alors que c'est paradoxal, puisqu'on nous demande d'accueillir tous les élèves,
02:46quelles que soient leurs réussites ou leurs difficultés.
02:49Les fameux élèves à besoin éducatif particulier.
02:51Et il faut adapter et en même temps, s'adapter à chaque élève.
02:54Et en même temps, on nous donne un programme avec une seule méthode qu'il faudrait appliquer de la même manière pour tous.
02:59Donc, c'est très paradoxal.
03:00C'est un manque de liberté pour les professeurs.
03:01Oui, ça manque de liberté.
03:02Et puis, les professeurs sont formés.
03:03Ils ont une professionnalité et ils sont en capacité de faire des choix en fonction des élèves qu'ils ont face à eux.
03:11Alors, au collège, il y a des changements sur le brevet.
03:13C'est l'examen qui est renforcé.
03:14Le contrôle continue à ne contrapeler que pour 40% de la note.
03:17Bien ou pas bien ?
03:18Pour nous, pas bien.
03:20Parce que c'est une manière de mettre toujours plus en difficulté ceux qui y arrivent un peu moins bien.
03:25Et notamment, ces fameux élèves à besoin éducatif particulier.
03:27Donc, il ne nous semble pas que ce soit le bon chemin.
03:31Au collège, au lycée.
03:32Donc, ça, c'était le collège au lycée.
03:33C'est une nouvelle épreuve du bac, les maths en première.
03:35Oui, une épreuve anticipée comme pour le français.
03:38Donc, là encore, une nouveauté.
03:41Pas vraiment préparée puisqu'il faut adapter les programmes.
03:43Et on ne les a toujours pas, les programmes adaptés de maths, du lycée.
03:47On en saura peut-être plus en début d'après-midi puisqu'Elisabeth Bond, je le disais, tient sa conférence de rentrée.
03:53Mais tout ce qu'elle va annoncer finalement est hypothétique parce qu'on n'est pas du tout sûr qu'elle va rester.
03:57Vous en attendez quand même quelque chose de cette conférence ?
04:00Elle donnera des grandes orientations.
04:02Mais effectivement, il n'y a que dans quelques jours qu'on saura ce qu'elles deviendront.
04:07Parce que le problème de la valse des ministres de l'Éducation nationale depuis trois ans...
04:11On en est à six, un peu plus de trois ans.
04:13Voilà, ce sera six ministres.
04:14Certains n'ont même pas fait de rentrée.
04:17C'est que tous veulent faire des réformes.
04:20Donc aujourd'hui, la profession, elle est dans l'attente d'un nouveau ministre et de savoir ce qu'il va se passer encore.
04:25Est-ce qu'on va encore avoir une nouvelle réforme alors qu'on n'a pas digéré les précédentes ?
04:29C'est ça la difficulté aussi.
04:30C'est que l'école, oui.
04:31L'école, ça se gère sur le temps long et ça ne peut pas...
04:34On ne peut pas changer les choses tous les six mois, ce n'est pas possible.
04:37Et ça se gère avec de l'argent ? Il y a trop de coupes budgétaires ?
04:40Oui, bien sûr.
04:42Mais il y en a partout, il y en a dans tous les ministères.
04:44Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a un problème de dette et de budget.
04:47Donc l'Éducation nationale doit faire des économies aussi ?
04:49On ne nie pas la réalité économique du pays.
04:51Après, c'est des choix budgétaires qui sont à faire.
04:54Nous, on estime que l'école, c'est un investissement et qu'il faut y mettre l'argent pour que nos enfants soient correctement formés
05:01et on leur donne le meilleur avenir possible.
05:03C'est comme ça l'enjeu.
05:03Il y a le paramètre démographique quand même.
05:05On sait qu'il y a de moins en moins de naissances en France, donc moins d'enfants, moins d'élèves.
05:08De l'an prochain, à partir de l'an prochain, 150 000 élèves de moins.
05:11Oui, mais c'est l'occasion peut-être aussi de rattraper le retard qu'on a puisqu'on a plus d'élèves par classe que la moyenne de l'OCDE
05:17et puis peut-être permettre une meilleure formation.
05:19Quand même, tous les pays qui ont des meilleurs résultats scolaires que nous ont des enseignants beaucoup mieux formés que nous.
05:24Donc voilà un enjeu fondamental et une vraie formation faite par les formateurs de l'éducation nationale,
05:32pas des formations où on va former les uns ou les autres.
05:35Par exemple, les directeurs à qui on demande des choses extraordinaires, toujours plus.
05:40Et ensuite, de former leur équipe d'enseignants des écoles.
05:43Ça, par exemple, c'est impensable.
05:45Jérôme Fournier, il y a une intersyndicale qui est prévue mercredi prochain.
05:48Il y a déjà certains syndicats qui envisagent une grève.
05:50Pour ou contre cette grève ?
05:51On va aller à l'intersyndicale et on en discutera ensemble.
05:55Nous, on a pour principe d'abord de discuter avec nos collègues et ensuite, on verra bien ce qui est décidé collectivement.
06:03Merci Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat des enseignants UNESA.
06:06Vous étiez l'invité du 5-7 et je vous suggère de jeter une oreille peut-être à 7h50
06:11puisque c'est un ancien de vos ministres, Gabriel Attal, ancien ministre de l'éducation
06:15et ancien Premier ministre également, qui est l'invité de Benjamin Duhamel.
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