- il y a 14 heures
En moyenne, une moquette classique rejette 12kg de CO2 au m². Grâce à des procédés et des matériaux de fabrication innovants, comme la laine, Interface fabrique des revêtements de sol qui émettent bien moins de carbone et qui peuvent même le capter. Ce qui en fait une entreprise pionnière dans le secteur.
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00:00L'invité de ce Smart Impact c'est Michael Cornoux, bonjour.
00:10Bonjour Thomas.
00:10Bienvenue, vous êtes directeur marketing Europe du Nord, Europe du Sud d'Interface.
00:14C'est une entreprise américaine qui est spécialisée dans les solutions de revêtement de sol reconnue pionnière dans des revêtements modulaires et durables.
00:24Si vous devez décrire cette entreprise, je crois qu'elle fête ses 50 ans cette année, qu'est-ce que vous diriez ?
00:29Eh bien on est vraiment le fabricant de revêtements de sol le plus engagé dans les performances environnementales et cela depuis plus de 30 ans maintenant.
00:37Donc le leader, le leader mondial du revêtement de sol modulaire et une entreprise toujours à la pointe en termes d'innovation.
00:45Ça veut dire quoi un revêtement de sol modulaire ?
00:47Alors effectivement, le modulaire c'est ce qu'on va pouvoir bouger, remplacer, donc c'est des dalles.
00:52En fait on est vraiment passé au départ du rouleau de moquette qui était collé à des dalles de moquette de 50 par 50
00:58qui nous permettait en fait d'avoir un accès au plancher technique et également de remplacer facilement les dalles.
01:04Et ensuite en revêtement de sol modulaire au sens plus large, on a également une gamme de vinyles, donc du LVT.
01:09Et aussi des produits en caoutchouc de la marque Nora qui sont à la fois modulaires et du rouleau.
01:15On va rentrer un peu dans le détail de tout ça, entreprise créée il y a 50 ans je l'ai dit, avec un fondateur Ray Anderson qui a transformé le business model, on peut dire ça ?
01:26Oui alors complètement c'est ça, donc fondé dans le début des années 70 et on a toujours fabriqué de manière totalement linéaire pendant plus de 20 ans.
01:35Donc vraiment extraction des matières premières, transformation et fin de vie.
01:40Oui, le modèle classique et donc d'un seul coup il se dit on va mettre de la circularité, c'est ça ?
01:44Exactement, c'est en 94, il y a eu ce qu'on appelle un peu la vision, c'est partie d'une question.
01:49La question d'un client qui nous a demandé, qu'est-ce que vous faites pour l'environnement ?
01:53Et la réponse à l'époque, c'était rien, on était sur une dalle textile, donc du pétrole, 100% pétrole, rien de pire.
01:59Et il a commencé à se renseigner, à lire notamment un livre de Paul Hocken, qui est The Ecology of Commerce,
02:06qui montre vraiment à quel point on peut être profitable, gagner de l'argent, on est une société cotée en bourse, tout en faisant les choses bien.
02:15Et il a vraiment posé la question de comment je peux faire en tant que numéro un, quel est mon impact et qu'est-ce que je peux faire pour justement réduire cet impact et avoir un impact positif.
02:27Et alors comment il est passé de ce modèle linéaire, ultra classique, à un modèle circulaire ?
02:31Alors ça a été vraiment par étapes, on a eu deux ans de mise en place entre 94 et 96 d'une feuille de route,
02:36avec sept axes principaux qui étaient le prémice de l'économie circulaire, justement comment trouver une nouvelle vie aux déchets,
02:43comment intégrer du recycler, à l'époque le recycler personne n'en parlait, voir s'il y avait une alternative.
02:49Il y a vraiment des points qui aujourd'hui, zéro émission nocive, vraiment des points aujourd'hui qui paraissent anodins,
02:55et deux points qui sont assez intéressants je pense aujourd'hui, c'est la sensibilisation des parties prenantes.
03:01Ça c'était quelque chose qui dans notre mission zéro, à l'époque ça s'appelait mission zéro,
03:06qui consistait à ne plus avoir d'impact négatif sur l'environnement d'ici 2020.
03:11C'était vraiment, on ne pourra rien faire si on est tout seul.
03:15Donc on a besoin de nos fournisseurs, de nos clients, de nos employés.
03:18Nous-mêmes on a été vraiment intégrés dans des groupes de travaux pour pouvoir vraiment réduire tout.
03:29Mais si on prend peut-être votre produit le plus vendu, c'est quoi ? C'est une dalle de moquette ?
03:34A l'époque ça devait être la 580, qui est vraiment...
03:37Alors la 580, je rentre dans du détail très technique, mais pourquoi 580 ?
03:40C'est la dalle de moquette classique qui faisait 580 grammes.
03:43Donc à l'époque, fibres polyamides, vous avez plusieurs couches.
03:47Les deux principales sont la sous-couche, qui permet justement de rester au sol,
03:51et les fibres. Les fibres du pétrole, du nylon, impossible à recycler.
03:56Comment on a fait ? On a eu au début plusieurs axes différents, réduire,
04:01voir si on pouvait avoir moins de quantité de matière, ce qui aurait évidemment réduit la matière.
04:06Donc on a développé des nouveaux produits avec moins de grammage,
04:09tout en ayant les mêmes performances techniques, ce qui était le plus important.
04:13Vraiment d'un point de vue produit, ensuite, s'il y avait plus de recyclés,
04:16est-ce qu'on peut trouver une nouvelle vie à notre produit, à notre matière première ?
04:20Également, est-ce qu'on peut utiliser une autre matière première ?
04:22Ça a été le cas. On a développé en 2011 la première fibre 100% recyclée,
04:28issue de dalles de moquette récupérées, mais également de filets de pêche.
04:31Donc on était vraiment sur une source extérieure.
04:33On a eu un programme même de nettoyage des océans,
04:35où on a pu récupérer les filets de pêche abandonnés et refaire de la moquette avec ça.
04:40Et le dernier développement, c'était l'alternative.
04:44Est-ce qu'il y a une fibre biosourcée qui aurait été possible ?
04:46Et pas à l'époque, mais aujourd'hui, c'est possible.
04:49On a une fibre biosourcée à partir d'huile et de résine naturelle,
04:54qui permettent de réduire l'impact.
04:56Ça veut dire qu'il a fallu presque créer des filières,
04:59ou en tout cas trouver des partenaires d'accord pour en partir en aventure, si je comprends bien.
05:04Complètement. Il y a un des plus beaux exemples, c'est notre partenaire de fibres, justement.
05:08Donc on est vraiment au niveau mondial, on s'approvisionne chez plusieurs fournisseurs de fibres.
05:14Et on avait un tout petit à l'époque, c'est Aquafil,
05:16qui représentait vraiment un tout petit peu, même pas 2-3% du marché,
05:23et qui s'est vraiment investi avec nous.
05:25Et on a collaboré, on a co-travaillé pour justement développer cette fibre 100% recyclée.
05:30Et ce qui est super intéressant, c'est que ça a ouvert des débouchés à la fois pour Aquafil et pour nous.
05:34Déjà, il n'y avait pas d'exclusivité, donc ça a pu aussi ouvrir un marché pour eux.
05:40Ce qui est super, c'est que notre fibre filet de pêche Econil, c'est également maintenant dans la mode.
05:46On a du textile, on a Prada qui a fait du vêtement avec les filets de pêche.
05:50Donc c'est super, ça a fait des débouchés.
05:52Et aujourd'hui, Aquafil, c'est près de la moitié de notre approvisionnement en fibre.
05:56Donc ça, c'est super.
05:57Mais il n'y a pas que le produit.
05:58C'est ça qui était intéressant.
05:59Là, les exemples, c'était sur le produit, mais on a aussi transformé notre usine, nos usines.
06:03On a plusieurs usines, on est vraiment dit, on essaie de travailler le plus local possible.
06:08Donc tout ce qui est vendu en Europe et fabriqué en Europe, pour l'Europe, c'est aux Pays-Bas.
06:12Et donc votre usine, prenons l'exemple de l'usine néerlandaise, quelles caractéristiques ?
06:16Ou alors comment vous l'avez fait évoluer ?
06:18Alors on a vraiment tout transformé.
06:20Déjà, on a travaillé pour ne plus avoir de déperdition d'énergie.
06:23Donc vraiment, bien tout isolé pour que tout reste.
06:27Et ce qui nous a permis d'avoir une réduction de 50% de la consommation énergétique.
06:32Ce qui nous a aussi permis...
06:33Et de passer la crise énergétique un peu plus facilement que les autres, peut-être ?
06:36Alors ?
06:37Vous en avez souffert quand même, mais bon.
06:38C'est possible, parce que déjà, moins d'énergie utilisée, plus intéressant.
06:43On avait quand même des entrants un peu plus chers,
06:45parce que l'économie nous permettait d'investir dans des produits qui, à l'époque, étaient un peu plus chers.
06:49Quand on parle de biogaz, en 2012, c'était beaucoup plus cher.
06:55Mais oui, en tout cas, sur ces points économiques de crise, c'était bien.
07:01Zéro consommation d'eau aussi, ça c'était un point extrêmement important.
07:04Dans cette usine, donc ça veut dire quoi ?
07:05Une boucle fermée.
07:06Une boucle fermée, donc on a un système de refroidissement et réchauffement qui permet...
07:11On est au départ une industrie très consommatrice d'eau.
07:14Et là, en fait, d'avoir zéro consommation d'eau en plus, si ce n'est les toilettes de l'usine, quand même à calculer.
07:22Et ce qui nous a permis, en fait, tous ces points à l'usine, de l'énergie verte,
07:27nous a permis d'avoir une réduction des émissions de gaz à effet de serre de notre usine de 97% par rapport à 1994.
07:34Donc ça a été énorme.
07:36Et en 2020, ça a été vraiment notre premier succès où, justement, réduction totale de ce qui était possible de notre empreinte négative a été réalisée.
07:46Donc là, vous passez, je disais ça en titre, cette ambition d'afficher une empreinte carbone négative et régénérative rapidement, dès 2040.
07:53C'est dans 15 ans.
07:54C'est dans 15 ans maintenant.
07:55Donc ça veut dire quoi, ça, une empreinte carbone régénérative ?
07:58Alors concrètement, c'est de créer de la valeur environnementale.
08:01On va dire que dans tout ce qui va être RSE, souvent, on parle d'environnement, économique et social.
08:08On essaye vraiment de travailler sur les trois points, donc autant l'économique que le social.
08:12Mais chez Interface, c'est vraiment le point environnement qui est le plus important.
08:17Et concrètement, c'est de développer des produits qui vont créer de la valeur.
08:20Donc comment ça va passer chez nous en tant qu'industriel ?
08:22C'est d'avoir des produits qui vont pouvoir séquestrer le carbone.
08:25Donc ça arrive déjà.
08:26On a deux points.
08:27Alors à l'époque, je disais, attention, notre moquette, ça ne va pas être un aspirateur à CO2.
08:31Mais ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a des produits biosourcés, des matières premières biosourcées
08:37qui ont elles-mêmes séquestré du carbone dans leur première vie.
08:40On les prend d'une certaine façon, on les encapsule dans notre produit.
08:43On les fabrique de manière neutre, en tout cas sans énergie supplémentaire,
08:48qui vont permettre de proposer à nos clients, dès aujourd'hui, un bilan carbone négatif à ces produits.
08:53On est, pour juste donner un ordre de grandeur, en 1994, une dalle de moquette, c'était 20 kg de CO2 par mètre carré.
09:01Ensuite, avec toute la réduction, on est arrivé aujourd'hui en moyenne à 3 kg de CO2 par mètre carré,
09:05ce qui était vraiment déjà énorme.
09:07Et là, on a des produits qui sont à moins 1 kg de CO2 par mètre carré.
09:11Et l'autre élément, on travaille aussi sur une matière première qui est fabriquée à partir des émissions de CO2 eux-mêmes d'usines.
09:19Donc ça, c'est vraiment une belle boucle.
09:22Alors, vous êtes en ce moment en train de participer à une émission dans laquelle vous parlez de vos solutions,
09:26mais est-ce que vous communiquez beaucoup sur ce que vous faites finalement ?
09:29Alors, en plus, question marketing, on communique.
09:33Alors, on n'a jamais été les meilleurs communicants, on n'en dit pas beaucoup.
09:38Déjà, il y a plusieurs raisons qui font... c'est des sujets assez complexes.
09:41Vous avez peur d'être accusé de greenwashing ?
09:43On fait attention à ça.
09:46On a la chance d'avoir tellement de preuves d'historique et d'expertise dans le domaine
09:50que du greenwashing chez Interface, c'est clairement pas possible.
09:53Mais il y a eu des éléments qui ont été assez, j'allais dire, contraignants,
09:57pas contraignants, mais plutôt développants, typiquement, la neutralité carbone.
10:01Moi, je suis sur plusieurs marchés, avec l'Europe du Nord, l'Europe du Sud.
10:05Quand on était en 2020, notre succès, on était neutre en carbone.
10:08Sauf qu'on ne peut pas communiquer.
10:10Et justement, quand l'ADEME avait communiqué sur attention, on ne peut pas être neutre en carbone.
10:14Oui, ça se calcule à la dimension d'un pays, d'un écosystème.
10:18D'un pays, mais pas d'une entreprise ou d'un individu.
10:21Et puis, il y a un point essentiel, c'est qu'à un moment, il y a eu la course à la neutralité carbone,
10:25où tout le monde était neutre en carbone, et que c'était 90% de compensation.
10:28Nous, on n'avait pas de compensation.
10:30Enfin, on avait une grosse réduction, et le reste était compensé.
10:33On s'est posé la question.
10:34Donc moi, je demandais à mes équipes de ne pas communiquer sur la neutralité carbone en France.
10:38On communiquait aux États-Unis, on communiquait dans le reste de l'Europe.
10:42Mais justement, une règle française a fait qu'on en a parlé chez nous.
10:46Et on s'est dit, c'est vrai, si on doit finir avec les compensations,
10:51est-ce que ce ne serait pas intéressant de réinvestir ces compensations
10:53dans une réduction encore plus drastique, pour avoir plus de produits à bilan carbone négatif ?
10:58Et c'est ce qu'on a fait.
10:59Donc on n'est plus neutre en carbone,
11:01mais on travaille sur une économie régénérative pour 2040.
11:05Depuis tout à l'heure, je vous écoute, et je n'oublie pas que cette entreprise,
11:10c'est une entreprise américaine, fondée par un Américain, Ray Anderson, il y a 50 ans.
11:16Est-ce qu'il y a des mots que vous n'utilisez plus sur le marché américain,
11:18puisque Donald Trump a fait la liste des mots interdits,
11:22dans lesquels il y en a beaucoup qui concernent le climat et les efforts en matière environnementale ?
11:27Alors là, c'est la force qu'on a dans cette entreprise.
11:30Elle a beau être américaine, on arrive à garder notre personnalité.
11:33Et s'il y a des choses qui, auprès de notre CEO, de notre gouvernance et de nos actionnaires,
11:38vont à l'encontre de notre ADN, qui est vraiment cette performance environnementale,
11:44on continuera.
11:44Mais parce que dans l'Amérique de Donald Trump, ce que vous faites, c'est faire de la politique.
11:48Vous voyez ce que je veux dire ?
11:49Ray Anderson était un conseiller de Bill Clinton.
11:55Donc vraiment, c'était tellement fort d'avoir un industriel américain
11:58qui voulait tout transformer que, bon, à mon niveau, parler politique,
12:03ça va être plus compliqué.
12:04Mais en tout cas, je sais que les changements politiques n'ont pas influencé notre stratégie.
12:08Et c'est vraiment un point essentiel chez nous.
12:12Merci beaucoup, Madame-Miquel Cornouet.
12:14A bientôt sur Bsmart4Change.
12:15On passe à notre Zoom.
12:16On va parler du métier de courtier d'assurance,
12:19au cœur notamment de la loi Industrie Verte.
12:21Sous-titrage Société Radio-Canada
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