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  • il y a 2 jours
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 17 novembre 2025, l'auteur, compositeur et interprète Salvatore Adamo. Son nouvel album, "Des nèfles et des groseilles", est sorti vendredi.

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Transcription
00:00Bonjour Salvatore Adamo.
00:02Bonjour Elodie Thuigo.
00:03Vous êtes cet auteur-compositeur-interprète Italo-Belge sur le papier,
00:08mais français dans le cœur du public du drapeau tricolore.
00:12Cela fait presque sept décennies que vous avez, comme femme, maîtresse, meilleure amie, la musique à Salvatore.
00:18Elle a autant su vous consoler, vous faire vibrer, vous émouvoir, vous amuser, vous consolider,
00:22qu'elle a su nous accompagner dans des moments joyeux comme tristes au cours de nos vies.
00:25« Quelle belle destinée pour ce petit garçon que vous étiez et qui rêvait musique et concert aux côtés d'un père mineur et d'une mère au foyer.
00:32C'est votre grand-père qui vous a offert votre première guitare,
00:35sans savoir qu'elle allait être la première pièce à un édifice colossal construit avec rigueur et passion au fil du temps,
00:42soit 100 millions d'albums vendus.
00:45Salvatore, au cours de cette carrière improbable avec des chansons incontournables,
00:49« Tombe la neige » en 1963, « Vous permettez, monsieur, les filles du bord de mer » en 1964,
00:53ou encore « Mes mains sur t'enches » en 1965.
00:56Oui, Salvatore, vous êtes un artiste qui fait partie de nous.
00:58Vous êtes associé à nos souvenirs, à nos vies.
01:01Alors, à ceux qui vous ont qualifié voix désagréable au début de votre carrière,
01:05au moment de la sortie de votre premier single « Sans toi, mamie »,
01:08vous n'avez jamais répondu autrement qu'avec humilité.
01:12Un doux héritage, un de vos parents qui ont fui la misère,
01:14la Sicile pour vous offrir un avenir meilleur.
01:16Aujourd'hui, vous sortez un double album vinyle,
01:19avec un titre qui est déjà très poétique, des nefs et des groseilles,
01:23pas moins de 26 titres en CD, 12 en vinyle.
01:27À 80 printemps, Salvatore, ce qui saute aux oreilles en écoutant ses chansons,
01:32c'est que votre voix, elle n'a pas bougé.
01:34Elle a pris un peu de grave, si j'osais.
01:39Bonjour d'abord, et merci de ses compliments, ça me touche beaucoup, merci.
01:45Oui, ma voix, elle a ce grain ensablé.
01:52Il y a peut-être quelques chansons pour lesquelles j'ai dû baisser d'un ton ou d'un demi-ton,
01:57mais je me reconnais encore moi-même.
02:01Ce qui est assez fou, c'est la passion que vous avez gardée intacte,
02:06de cette passion que vous aviez déjà enfant, cette envie que vous aviez chantée.
02:11Cette flamme, cette conscience aussi d'avoir le privilège de vivre en faisant ce que j'aime.
02:19Je le souhaite à tout le monde.
02:21Ce serait le monde parfait si on pouvait tous vivre en faisant ce qu'on aime.
02:25Ça montre à quel point vous avez toujours eu aussi les yeux grands ouverts
02:28au cours de toute cette vie, toute cette carrière.
02:32Vous êtes toujours nourri d'ailleurs, Salvatore, du regard des autres,
02:35mais pas que, de leur vie aussi.
02:37Oui, je ne sais pas si vous faites allusion à cette chanson qu'ils appellent Migrants,
02:42que j'ai voulu intégrer dans l'album,
02:45parce qu'avec les gros problèmes que nous vivons aujourd'hui,
02:50on a un peu oublié que tous les jours, il y a encore des migrants qui meurent dans les mers.
02:54Et mes parents étaient des migrants.
02:57Ils n'avaient pas forcément la mort aux trousses, mais bien la misère.
03:02Voilà, son but, c'est juste de réclamer un peu plus d'humanité pour ces gens-là.
03:08On l'entend là, que ça nourrit vos chansons.
03:10On voit votre père mineur.
03:12C'est incroyable, comme il a cru en vous très, très vite, Salvatore.
03:15Il a tout donné pour vous.
03:16Vous êtes tombé malade un jour.
03:17Il a décidé d'arrêter la mine, alors que c'était la seule solution pour ramener un salaire.
03:20Quand on vous a dit que vous aviez une voix désagréable, il est monté au créneau.
03:26Il a trouvé cette idée incroyable du jukebox.
03:29Vous gardez quoi de lui, Salvatore ?
03:32D'abord, son image est intacte, comme celle de ma mère.
03:37Je ferme les yeux, je les vois tout de suite.
03:38Je garde à mon père cette bienveillance, cette envie qu'il avait, comme il était assez habile avec les mots.
03:50Et à un moment donné, il était même, sans être lui-même syndicaliste, il trouvait pour ses collègues qu'il y avait des problèmes, les mots pour expliquer leurs problèmes.
04:01Et il était un peu devenu le porte-parole du quartier de baraquement dans lequel nous vivions.
04:10Et voilà, cette empathie qu'il avait, cette solidarité, il me l'a transmise d'une certaine façon.
04:17Et puis, il m'a mis sur des rails dont il est difficile de sortir, même à mon âge.
04:24Voilà, je suis toujours, j'essaye d'être aussi bon que lui.
04:30Il y a un duo qui nous embarque, celui avec Axel Red.
04:33Enfin, il y a deux duos.
04:34Il y en a un, on va en parler avec Axel Red, notamment, intitulé « Entre toi et moi ».
04:37Vous chantez « Il y a la guerre et le pardon, le temps des promesses quand la vie était poésie.
04:42Il y a le temps qui s'arrête encore.
04:43Il y a nos cœurs qui battent si fort d'être encore ensemble au réveil. »
04:47C'est un regard sur la difficulté de la vie de couple, finalement.
04:50Oui, vous avez mis le doigt dessus, oui, parce que, bon, la vie de couple, bien sûr, il y a l'amour qui est le ciment.
04:58Après, il y a de la patience, il y a de la philosophie, il y a de l'humour.
05:04Il y a du pardon, comme je le dis dans la chanson.
05:07Ce serait ennuyeux, une vie sans nuage, non ?
05:10On n'apprécierait plus le soleil.
05:12C'est la force de cet album, de ce double album, Salvatore, c'est qu'il affronte, la violence affronte la douceur.
05:18Et c'est toujours la douceur qui l'emporte, finalement, à condition d'accepter les nuances.
05:24Oui, là, vous m'avez démasqué.
05:26Oui, c'est ça.
05:28J'essaye de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
05:34Mais même dans les moments difficiles, je suis quelqu'un qui garde l'espoir.
05:40Je sais qu'il y aura une solution au bout de la grisaille, oui.
05:45Est-ce que, par moments, vous avez douté ?
05:46J'arrête pas de douter.
05:50Vous savez pas, sur cet album, combien j'ai douté.
05:56En fait, j'étais parti pour faire un album normal, 12 ou 13 chansons.
06:01Et puis, j'ai eu un problème de santé.
06:04Donc, j'étais au repos forcé.
06:07Et que pouvait-je faire d'autre que d'écrire des chansons ?
06:10Mais après, il y a eu le contenu de la chanson.
06:16Est-ce qu'on va bien me comprendre ?
06:19Est-ce qu'on ne va pas me prendre pour passéiste ?
06:22Voilà, il y a plein de questions qui se sont posées.
06:25Et là, j'espère que le choix est harmonieux,
06:28parce qu'il m'en reste quand même une petite centaine.
06:30Comment allez-vous aujourd'hui ?
06:34Je touche du bois, je touche ma tête.
06:37Je vais bien.
06:38J'ai récupéré une certaine énergie.
06:41Et j'ai le bonheur, le privilège d'encore faire des concerts.
06:45Et là, quel que soit l'état d'esprit, l'état de santé, si j'ose dire,
06:51au premier pas sur scène, le public vous porte.
06:54Et je le sens chaque fois que je suis sur scène.
06:57Vous nous racontez ce que vous ressentez,
06:59et vous nous racontez, nous, à travers ça.
07:03Dans ce double album, c'est la douceur, encore une fois,
07:06qui l'emporte avec tout ce qui va avec.
07:09Vous nous dites, il y a des jours où on se déchire
07:13quand les mots deviennent des armes.
07:14Il faut parfois donc accepter de briser nos incertitudes.
07:18Salvatore ?
07:19Oui, vous savez, je suppose que je parle au nom de mes collègues.
07:27Nous sommes des gens difficiles à vivre.
07:30Moi, je peux être en tête à tête, en train de dîner avec mon épouse,
07:34et j'ai encore une chanson dans la tête.
07:37Donc, des fois, je me sens coupable de ne pas donner toute l'attention
07:45que les êtres que j'aime, de leur donner toute l'attention qu'ils méritent.
07:51Là, j'ai deux petites filles magnifiques, dont une est sur l'album.
07:56On va en parler, justement.
07:58J'aimerais aller tous les jours à Londres les voir, et je ne peux pas.
08:02C'est une moyenne d'une fois par mois, et encore.
08:07En même temps, ça me brise le cœur.
08:10Et de l'autre, je sais que je ne peux pas faire autrement.
08:12Et je sais que je compte sur leur amour et leur compréhension.
08:16J'ai un rapport extraordinaire avec mes petites filles.
08:19D'ailleurs, je le chante.
08:20Je ne peux pas faire autrement.
08:25Je ne veux pas parler.
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