Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 2 juin 2025 : l'auteur, compositeur et interprète Ycare. Il sort vendredi son album éponyme.
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00:00Bonjour Icar !
00:00Bonjour !
00:01C'est par le biais du petit écran et de l'émission de Télécrocher, le nouvel star diffusé sur M6 que le public vous a découvert.
00:07Vous, l'auteur, compositeur, interprète franco-libano-sénégalais, s'en est suivi une jolie histoire d'amour avec la chanson française
00:13que vous défendez, que vous aimez tant, et quelques artistes incontournables comme Zaz, Amel Bent, Axel Red ou Patrick Fury,
00:19notamment, qui ont sollicité votre plume.
00:21Vous avez ce côté animal très reconnaissable, Icar, instinctif dans votre rapport avec l'écriture et avec la scène aussi.
00:28Comme l'indique l'un de vos titres, qui est une adaptation, vous aimez être le fou et le roi.
00:33Un roi un peu fou, autant que le fou du roi, très exactement.
00:36Car oui, vous avez ce petit grain de folie nécessaire aux artistes à l'univers bien à eux, ce qui est vraiment votre cas.
00:42Le 6 juin prochain, donc dans quelques jours, vous allez sortir votre huitième album, construit en deux actes, intitulé Ciel et Terre.
00:49La spiritualité côtoie l'amour et la résilience.
00:52Au total, il y a dix chansons, cinq par acte.
00:55Vous êtes également en tournée avec deux dates à l'Olympia, les 6 et 7 mars 2026.
00:59Le premier titre qui ouvre cet opus particulier, tout à apprendre, jeter les vieux costumes, s'acheter quelques plumes pour se faire des ailes
01:05et puis n'en garder qu'une pour écrire un poème sur un coin de la peau, nous raconte effectivement tout ça.
01:11N'avez-vous pas la conviction que vous êtes née pour raconter des histoires, mais des vraies histoires ?
01:17Peut-être qu'il fallait alors que j'en vive.
01:19Et d'où ces chemins de traverse.
01:20On essaie de justifier parfois le chaos, de lui donner un sens.
01:25Et il en a un.
01:27Il en a un qu'on arrive à se retourner et se dire qu'on en est revenu.
01:32Et donc oui, il faut être témoin de notre temps.
01:35En tout cas, c'est mon sacerdoce, moi, aujourd'hui.
01:37J'aurais jamais cru me retrouver devant vous, sage, en bonne santé, relativement heureux, pour raconter ces choses-là.
01:46Et pourtant, ce hasard, ce chaos, ce destin finalement, qu'on lui donne un sens, il devient un destin, m'amène ici.
01:54Donc oui, je pense que je suis né pour ça.
01:55Je ne sais pas combien de temps, tant que les gens l'entendront, parce qu'on a beau envoyer des messages, s'il n'y a pas...
02:01Voilà, l'oreille est aussi importante que la langue.
02:04Tu vois, il y a celui qui envoie, il y a celui qui reçoit.
02:06Si on est reçu, c'est tant mieux, c'est une bénédiction.
02:08Alors effectivement, c'est un album éponyme.
02:10Effectivement, il y a ces deux actes, ciel et terre.
02:12Effectivement, il y a la résilience.
02:15Mais ce qui prédomine, c'est l'amour et votre sensibilité.
02:18Vous avez toujours été dans cette sensibilité, dans cette capacité d'ailleurs à nous transmettre des émotions qui nous correspondent,
02:24qui nous définissent, qui nous ressemblent.
02:26Est-ce que ce n'est pas ça, à la force de votre écriture ?
02:28Je ne sais pas.
02:29Je sais qu'aujourd'hui, je suis foncièrement porteur de ce mot qui est le plus galvaudé de notre siècle.
02:40C'est celui que vous avez évoqué là, l'amour.
02:42Et vous parliez de l'enfance.
02:44En fait, c'est Jacques Brel qui disait, jusqu'à nos 17 ans, on est un enfant et on construit des rêves.
02:48On passe notre vie d'adulte à essayer de réaliser l'enfance.
02:52Finalement, c'est incroyable.
02:52On essaye de réaliser l'enfance.
02:54Et par tous les chemins d'adulte que j'ai essayé de prendre, aucun n'y menait.
03:02En fait, ou alors tous y menaient.
03:07Finalement, on est en train de réfléchir ensemble.
03:09Tous menaient à ça.
03:10Et c'est en passant par toutes les facettes de l'âge adulte que j'ai finalement retrouvé ce qui avait de plus pur en moi, l'enfant.
03:17Et c'est lui le plus sage.
03:18Ce n'est pas le vieux sage qu'est la marche à suivre aujourd'hui, je vous le dis, par expérience, par empirisme presque macabre,
03:27qui a failli être le mien, d'être allé à des extrémités très profondes pour venir dire aux gens aujourd'hui que la marche à suivre est l'enfant.
03:33Aujourd'hui, c'est l'enfant qui est en nous qu'il faut écouter, qu'il faut suivre.
03:36Ce n'est pas cette espèce de pragmatisme bien sociétal, bien carré, qui est ému par la peur aussi.
03:44Aujourd'hui, je n'ai peur de rien, ni de l'échec, ni d'appréhender un succès où je n'ai pas peur de grand-chose.
03:52Je n'ai pas peur de grand-chose.
03:53Pourtant, à un moment donné, vous vous êtes posé la question de savoir si vous aviez envie, encore ou pas, de vivre cette existence.
03:59Oui, mais il fallait peut-être que j'aille au fond de la piscine pour me dire « Ah, il y a un fond, là ».
04:04Il y a une forme de renaissance dans Icard, dans Ciel et Terre.
04:07Vous chantez « Terminer le deuil de l'ancien soi-même et se dire je t'aime ».
04:10Le reflet d'une flaque.
04:12Le principe même, on dit souvent que pour aimer les autres, il faut d'abord s'aimer soi-même.
04:18Est-ce que vous avez réussi à faire ce chemin-là ?
04:20Honnêtement, 36 années de ma vie à comprendre comment fonctionnait juste, tout simplement, d'une manière extrêmement pragmatique, le soleil, une étoile.
04:28En son centre, il y a cette fusion nucléaire qui se fait instantanément, mais qui met 1,5 million d'années à arriver à la surface pour nous éclairer.
04:40Les choses prennent du temps.
04:41On veut tout, tout de suite.
04:44Eh bien, moi, j'étais pressé et sous couvert, avec une espèce d'arrogance de ma vingtaine, je pensais m'aimer.
04:52Je ne m'aimais pas.
04:53Je mettais le masque de quelqu'un qui s'aimait au détriment de l'autre.
04:55Aujourd'hui, l'amour que j'ai pour moi doit être utile aux autres.
04:58Aujourd'hui, si je m'habille convenablement, si je prends soin de moi, si je fais du sport, que je me couche tôt et je me lève tôt, c'est parce que je respecte la vie.
05:06Je respecte la chance quasiment divine de me lever tous les matins et de sentir mon index toucher mon pouce.
05:13J'en reviens à ces choses qui relèvent de l'enfance.
05:15Quand vous passiez du sable sur la paume de votre main au bord de l'eau après déjeuner, ce petit bruit d'écume.
05:21C'est chose toute simple.
05:22Je ne sais pas de la poésie.
05:23C'est très utile au quotidien.
05:25Qu'est-ce qui a fait basculer le Icar qui ne s'aimait pas et qui n'aimait pas le monde qui l'entourait à celui qui, aujourd'hui, effectivement, a un amour inconditionnel pour le monde qui l'entoure ?
05:33Une chanson, parfois, il n'y a juste qu'une très fine pellicule, un calque, on parlait d'une paire de lunettes.
05:41Parfois, vous cherchez vos lunettes, elles sont sur votre front.
05:44Il y a plein de trucs comme ça.
05:45Où j'ai mis mes lunettes, elles étaient là depuis le début.
05:47C'est pour ça que dans les cités de la mort, je dis, on ne devient que ce qu'on est depuis le début.
05:51Pas pour rien qu'on a survécu à nos regrets.
05:53Et c'est pour ça qu'il y a peu de chansons.
05:55Il y en a dix, cinq, cinq.
05:57Il y en avait quarante.
05:59Il ne s'agissait pas d'en mettre plein.
06:01Il s'agissait de mettre celles qu'il fallait.
06:03Parce que je voulais être précis dans ce que j'avais à dire.
06:05Comme si c'était peut-être la dernière fois que j'allais le dire.
06:07Et peut-être que c'est mon dernier album.
06:09Peut-être.
06:10Et je le pense très, très sincèrement au moment où je vous le dis.
06:14Il ne s'agit pas de faire pour faire.
06:16Qu'est-ce qui a changé ?
06:17C'est que je suis passé de l'autre côté de ce film.
06:20À force d'avoir touché sa pellicule.
06:23D'avoir cru que c'était un horizon.
06:25Que c'était un plafond.
06:27Que c'était quelque chose qu'on ne pouvait pas briser.
06:29Aujourd'hui, il faut aller dire la bonne nouvelle aux gens.
06:31Parce qu'à quoi bon me sauver si ça ne sauve que moi ?
06:33Et à quoi bon m'en sortir si c'est pour passer sous les radars et ne pas aider à mon tour ?
06:37Aujourd'hui, je sais ce qu'il me reste à faire.
06:39Le temps que les gens viendront en concert parce que c'est là que ça se passe.
06:43Ce sont des moments de deux heures où je parle beaucoup.
06:46Vous avez vu, je suis bavard.
06:49Avant, j'étais bavard peut-être parce que j'essayais de tuer le silence.
06:52Aujourd'hui, j'essaie de dire les choses en étant le plus court.
06:55Et je vous jure que là, je suis court.
06:57Mais tant que je serai utile aux autres, quel que soit le biais, je chanterai.
07:01Et le jour où ça ne le sera plus, il n'y aura pas ce faux égo qui me mènera à refaire des chansons pour en faire.
07:07Il ne s'agit pas de ça.
07:09Merci.
07:10Merci.
07:11Merci.
07:12Merci.