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Suspension de l'accord de 1968, Sahara occidental... «Le régime algérien s'est senti menacé», explique Pierre Vermeren
Europe 1
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il y a 4 jours
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00:00
8h12 sur Europe 1 et c'est l'heure de recevoir l'invité de cette matinale week-end.
00:11
Dans ce dimanche 16 novembre, Alexis, vous recevez Pierre Vermeurenne,
00:14
professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne et historien.
00:17
Bonjour Pierre Vermeurenne.
00:20
Bonjour cher monsieur.
00:21
L'écrivain franco-algérien Boilem Sansal, ça a été un grand moment de joie.
00:25
Cette semaine a été libéré, gracié par le régime algérien, remis aux autorités allemandes.
00:29
Il devrait rejoindre la France très prochainement, on n'a pas encore la date.
00:33
Peut-être probablement dans ses prochains jours, peut-être demain.
00:37
Pierre Vermeurenne, est-ce que Alger, certains observateurs le disent,
00:41
a pu par hasard peut-être demander aux autorités justement allemandes
00:46
à ce que Boilem Sansal reste encore un petit peu à Berlin justement
00:49
pour ne pas offrir un cadeau à la France trop rapidement ?
00:55
C'est possible.
00:56
C'est possible parce qu'ils savent en plus que cet écrivain est très bavard,
01:00
entre guillemets, qu'il a beaucoup de choses à dire
01:02
et donc elles n'ont pas envie certainement qu'il parle trop tôt.
01:07
Mais bon, il ne faut pas non plus penser qu'Alger n'agit que en fonction de la situation en France.
01:13
Vous savez, la situation interne à l'Algérie est bien plus importante.
01:17
Parce que Boilem Sansal a déjà un petit peu pris la parole,
01:19
et effectivement, mais certains s'interrogeaient, oui, sur le fait qu'il ne soit toujours pas à Paris
01:24
à l'heure où on se parle.
01:26
Alors est-ce qu'on sait que, je le rappelle quand même, Boilem Sansal a un cancer de la prostate,
01:30
il doit bien sûr recevoir des soins.
01:33
Mais oui, on s'interrogeait effectivement sur pourquoi Boilem Sansal n'est toujours pas à Paris aujourd'hui.
01:38
Alors il faut savoir que traditionnellement, il vivait entre la France et l'Allemagne.
01:42
D'accord.
01:42
Même s'il rentrait de temps en temps chez lui en Algérie,
01:45
notamment parce qu'il a ses filles en Europe centrale, notamment à Prague.
01:50
Donc je pense qu'il retrouve déjà sa famille, mais le temps de la France va venir.
01:55
La fille de Boilem Sansal a pris la parole notamment.
01:58
Elle a dit qu'Emmanuel Macron n'avait pas répondu à l'une de ses lettres.
02:01
Elle a été finalement assez cache, assez dure avec la diplomatie française.
02:06
Est-ce que vous partagez cet avis ?
02:07
Est-ce que la France a été à la hauteur dans cette affaire ?
02:10
Écoutez, je pense qu'on s'est un peu trompé parce que c'est vrai que les filles avaient adressé un courrier au président de la République,
02:20
si je me rappelle bien, qui n'a pas eu de réponse.
02:22
C'est assez étrange.
02:24
Elles sont là pour le dire et en juger.
02:26
Maintenant, on a pensé que la discrétion était la stratégie à adopter depuis le début,
02:30
enfin en tout cas au niveau des autorités de la République.
02:34
On voit que ça a été plus compliqué que prévu parce qu'encore une fois,
02:36
on pense que l'Algérie agit pour nous, mais le message de l'enlèvement de Seine-Salle,
02:42
il était moins adressé à nous qu'aux Algériens eux-mêmes.
02:45
Et donc, de ce point de vue-là, oui, il y a peut-être des illusions françaises qui perdurent.
02:49
Alors justement, c'est très intéressant ce que vous dites parce que depuis l'indépendance de l'Algérie,
02:54
depuis les accords déviants, depuis 1962, l'Algérie ne semble pas vouloir tourner la page de la colonisation.
03:00
Et pourtant, c'est un pays riche. L'Algérie, il y a du pétrole, il y a du gaz.
03:05
On a vu pourtant le président algérien se faire soigner en Allemagne pour son Covid-19.
03:11
Pourquoi ce pays, malgré les richesses dont je parlais, n'arrive pas à passer ce cap du développement ?
03:20
Bon, d'abord, dans un pays de plus de 45 millions d'habitants,
03:25
la ressource pétrolière, ça ne peut pas être l'alpha et l'oméga.
03:28
On voit les pays du Moyen-Orient qui passent aussi à la reconversion.
03:32
En Algérie, c'est vrai que la rente est apparue comme la solution à tous les problèmes.
03:37
Et évidemment, ça ne peut pas l'être.
03:39
Donc il y a un défaut, bien sûr, de production en général, industrielle en particulier.
03:45
Mais la question politique a pris le pas sur tout le reste, en fait.
03:49
L'Algérie est dominée par un groupe social bien connu, mais qui donne trop de priorité aux politiques.
03:56
C'est que la gestion politique, la gestion idéologique envahit tout.
04:00
Et ça s'est retourné en boomerang, finalement, contre les autorités algériennes,
04:03
notamment au moment du Irak, quand la population, en 2019-2020,
04:08
a longuement montré son opposition et en tout cas son insatisfaction.
04:13
Et qu'elle s'est retournée contre le régime.
04:15
Le régime a réussi à traiter cette crise, mais depuis, il est obsédé par sa stabilité et par sa sécurité.
04:20
Et ce sont ces impératifs politiques et sécuritaires qui asphyxient l'espace aujourd'hui en Algérie.
04:25
Et que représente la libération de Boulême Sansal pour les écrivains, les intellectuels algériens,
04:33
les journalistes qui sont sur place ?
04:35
Est-ce que c'est une affaire dont on parle, par exemple ?
04:37
Est-ce qu'elle peut faire progresser les choses ?
04:39
On a entendu Boulême Sansal qui était assez optimiste en disant que, justement,
04:42
sa libération allait changer quelque chose.
04:44
Est-ce que vous le pensez également ?
04:46
Écoutez, ça, c'est les algériens qui ont la réponse.
04:50
Ce qui est certain, c'est que le régime a subi deux coups qui ont, à mon avis, accéléré la libération.
04:57
Le premier coup, ça a été le vote au Parlement français qui demandait la suspension de l'accord de 68.
05:04
Même si, bien sûr, il ne va pas entrer en vigueur.
05:06
Mais en tout cas, dans la perspective d'une future présidentielle législative, la question est sur la table.
05:11
Et le deuxième coup, c'est le 31 octobre, quand le Conseil de sécurité de l'ONU, finalement, s'est rallié à la solution marocaine sur le Sahara.
05:20
Je pense que le régime s'est senti encerclé et menacé.
05:24
Et du coup, c'est dit que ce n'était pas la peine de rajouter encore la permanence de ce dossier Sensal.
05:29
Mais d'autres personnes ont été arrêtées en Algérie.
05:32
Et les écrivains algériens, ils ont parfaitement...
05:34
Enfin, en tout cas, les intellectuels en général, les écrivains algériens ont parfaitement reçu le message.
05:38
Il y a effectivement un grand danger aujourd'hui à s'opposer en Algérie et au régime.
05:43
Et à remettre à distance quoi que ce soit, d'ailleurs, dans le discours officiel.
05:46
Vous parlez de cet accord de 1968.
05:49
On a vu, évidemment, une progression.
05:51
Puisque c'était une niche parlementaire RN qui a été votée par les députés Renaissance, les Républicains également.
05:58
Donc, qui veulent revenir sur ces accords de 68.
06:00
Est-ce que c'est une bonne chose, justement ?
06:02
C'est toujours un peu le dilemme.
06:03
Est-ce qu'il faut taper du poing sur la table avec l'Algérie ?
06:05
Être extrêmement ferme ou continuer à être, justement, dans une forme...
06:10
Ce que la gauche nous demande, justement, d'être dans la repentance perpétuelle ?
06:14
C'est toujours la question.
06:16
Que faut-il faire, selon vous ?
06:17
Est-ce que, justement, il faut taper du poing sur la table ?
06:20
Écoutez, sans taper du poing sur la table,
06:22
revenir au droit commun, ce n'est pas la chose la plus incroyable qu'on puisse faire.
06:27
L'Algérie a bénéficié, effectivement, d'un traitement très particulier dans les années 60,
06:33
à la suite de la décolonisation,
06:35
qui s'était évidemment passée dans des conditions épouvantables.
06:39
Mais bon, on est plus de 60 ans après.
06:43
L'Algérie, comme vous l'avez dit, a des moyens.
06:46
C'est un pays qui revendique matin, midi et soir son indépendance, et c'est bien normal.
06:51
Donc, le fait qu'on mette fin à des accords issus de la période coloniale,
06:54
ce n'est pas quelque chose de scandaleux.
06:56
Mais ce qui a outré, finalement, le régime algérien...
06:58
Je précise aux auditeurs d'Europe 1, selon un rapport du député Charles Rodouel,
07:02
ça coûte quand même 2 milliards d'euros par an à la France, les accords de 68 actuellement.
07:07
Oui, ça, ça vient d'être révélé très très récemment par un député macroniste.
07:11
Ce qui a outré et fait peur au régime algérien,
07:14
c'est qu'il est très attaché à cet accord
07:18
pour pouvoir assurer, finalement, une forme de liberté migratoire,
07:21
même très encadrée à une partie de sa population.
07:25
Ce qu'il a stupéfait, c'est que le centre, effectivement, à la droite,
07:29
et le centre rallient en partie, soit par un vote direct, soit par leur abstention,
07:33
cette proposition de loi du Rassemblement National,
07:36
qui est perçue à Alger, évidemment, comme un ennemi historique.
07:38
Mais le fait que toute une autre partie des députés se rallient,
07:41
c'est ça qui a été perçu comme un choc,
07:42
et qui oblige, finalement, Alger à revenir dans le jeu français
07:45
pour essayer d'éviter le pire de son point de vue en 2027.
07:49
Emmanuel Macron a quand même souvent tendu la main aux Algériens.
07:52
Vous parliez du Sahara occidental et de la marocanité reconnue par le président Macron.
07:57
Mais avant tout cela, il y a eu des mains tendues à multiples reprises.
08:00
On a l'impression que rien n'y fait jamais.
08:02
C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'on tend la main, on tend la main,
08:04
et à la fin, on n'est pas récompensé.
08:07
Oui, mais parce qu'il y a une forme de narcissisme chez les Français
08:10
qui les pousse à croire, excusez-moi de me répéter,
08:13
que l'Algérie agit en fonction de la France.
08:15
L'Algérie agit en fonction de ses propres intérêts.
08:18
Actuellement, le problème des autorités algériennes, ce n'est pas Paris.
08:21
C'est d'une part la stabilité intérieure.
08:24
Et c'est vrai qu'ils ont accusé les franco-algériens de France
08:27
d'être à l'origine du complot de l'Irak,
08:31
enfin ce qu'ils ont appelé un complot,
08:32
mais ce qui était un soulèvement populaire en 2019.
08:35
Et c'est ça leur obsession.
08:36
C'est contrôler et savoir ce que, disons,
08:39
passer cette population au crible pour être sûr
08:42
qu'elle ne va pas alimenter la contestation en Algérie.
08:46
Ce que fait l'Elysée, ce que font les Français en général,
08:49
ça intéresse beaucoup moins Algiers.
08:50
D'ailleurs, aujourd'hui, les relations économiques
08:51
entre la France et l'Algérie sont tombées au plus bas.
08:54
Les ventes françaises en Algérie ont été pratiquement réduites
08:58
à pas grand-chose.
08:59
Et du coup, croire en France que l'Algérie agit
09:02
selon notre volonté et nos intentions,
09:05
malheureusement, on voit que ça ne fonctionne pas
09:07
parce que leurs priorités sont ailleurs.
09:09
Juste un mot sur la colonisation.
09:10
Est-ce qu'il y a toujours autant d'amertume en Algérie
09:13
sur cette colonisation qui, on a l'impression,
09:15
maintenant, ça date quand même un petit peu,
09:17
il y a plus de 60 ans,
09:18
on a l'impression qu'il y a toujours cette rancœur,
09:20
cette rancune, et que plus la garde d'Algérie s'éloigne,
09:22
plus il y a de la rancœur.
09:23
Vous savez, 85 ou 90% des Algériens
09:28
n'ont pas vécu cette période.
09:31
Ça ne représente rien aujourd'hui pour la jeunesse.
09:33
Par contre, pour le régime, c'est quelque chose
09:35
de très important, puisqu'il l'instrumentalise
09:37
matin, midi et soir, notamment dans les programmes scolaires
09:40
ou dans les médias.
09:41
Il l'instrumentalise dans sa relation avec la France
09:44
pour jouer sur la corde très sensible
09:46
qui est bien connue des Français vis-à-vis de leur histoire.
09:49
Mais au fond, en Algérie, là non plus,
09:51
ça ne représente plus grand-chose, puisque c'est très ancien
09:53
et la population algérienne reste très jeune.
09:56
Elle a bien d'autres priorités aujourd'hui
09:58
que de s'occuper de l'histoire.
10:00
C'est très clair.
10:00
Merci pour votre analyse, Pierre Vermeuren.
10:02
Je rappelle que vous êtes professeur d'histoire
10:04
contemporaine à la Sorbonne.
10:06
Merci d'avoir été en direct ce matin
10:08
dans Europe 1 Matin Week-end.
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