- il y a 3 jours
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir Weekend, 19h, 21h, Stéphanie Demureux.
00:04Merci de nous rejoindre dans Europe 1 Soir Weekend, deuxième heure.
00:08On accueille Charlotte Dornelas, journaliste au JDD.
00:11Bonsoir Charlotte.
00:11Bonsoir Stéphanie.
00:13Elliot Mamane, chroniqueur politique.
00:15Bonsoir Elliot.
00:16Bonsoir.
00:17Et l'heure d'accueillir mon invité de 20h10.
00:20Ce soir, une femme issue de l'immigration.
00:23Une femme qui rejette toute injonction identitaire et qui déclare son amour à la France.
00:28Bonsoir Claire Cosse.
00:30Merci.
00:31Vous publiez cet ouvrage, Le Paradis français, aux éditions du Serre.
00:36C'est un mélange de récits personnels, de réflexions culturelles, d'hommages historiques
00:42construits autour de dix thèmes français, très français.
00:45La cuisine, la langue de Bolière, la conversation, la courtoisie, l'élégance dans les vêtements,
00:52le patrimoine, le patriotisme.
00:53Ça fait du bien d'entendre parler de ces sujets.
00:55Ce n'est pas toujours le cas.
00:56Parfois, il y a un peu du French bashing, comme on dit en anglais.
01:02Alors, vous êtes journaliste, née en Turquie, c'est bien ça ?
01:04Oui.
01:05Élevée en France, en Alsace, précisément.
01:09Pourquoi avoir ressenti le besoin de déclarer votre amour à la France, Claire Cosse ?
01:15Tout d'abord, je voulais vous remercier de l'invitation.
01:17Je suis très très heureuse d'être à votre micro.
01:20Merci.
01:21Écoutez, dans l'actualité qui est morose, j'avais envie d'écrire quelque chose de beau.
01:30J'avais envie qu'on entende aussi autre chose sur le paradis français qui est sous nos yeux,
01:37en fait, la portée de regard tout autour de nous, rappeler les belles choses de la France.
01:41C'est vrai que je suis arrivée à l'âge d'un an en France, mais j'ai été élevée comme une étrangère,
01:46parce que mes parents sont d'origine turque, et en fait, je grandissais en France,
01:52mais sans connaître la culture française.
01:56Quand vous dites que vous avez été élevée comme une étrangère, ça veut dire quoi ?
01:59Par vos parents ou par le regard des autres ?
02:01Non, non, par mes parents qui, en fait, à la maison,
02:05enfin, lorsqu'on est arrivé au départ, mes parents étaient plutôt dans une démarche de s'intégrer,
02:10et donc, à la maison, le soir, il y avait Delon, Belmondo, Claire Chazal, à la télévision,
02:17donc on s'imprégnait de la culture française,
02:19et puis lorsque mon père, un soir, est arrivé avec l'antenne parabolique,
02:23ça a mis un coup d'arrêt total à leur intégration, en fait,
02:27à leur désir de comprendre la société française.
02:30Donc, en cela, moi, j'ai été élevée comme une étrangère,
02:34puisque tout a changé.
02:35Parce qu'ils ont commencé à regarder la télé turque, plutôt ?
02:38Voilà, les références culturelles, cinématographiques, l'actualité,
02:42tout était lié au pays d'origine.
02:46Et dans ce livre, en fait, j'ai eu une énorme chance,
02:51en devenant journaliste, d'abord, quand je sortais de chez mes parents,
02:55qu'ils me transmettent leur culture, c'était évidemment pas un problème,
02:59mais moi, j'étais d'abord française, parce que je ne connais pas la Turquie.
03:02Moi, je suis arrivée à l'âge d'un an, j'en ai 42 aujourd'hui,
03:05et je n'ai connu que la France.
03:07Et quand je sortais de l'appartement de mes parents,
03:10tout ce que je voyais m'émerveillait, jusqu'au gravillon par terre,
03:14jusqu'au bruit que mes chaussures faisaient sur le gravillon,
03:17et je me disais, mais quel pays fantastique, merveilleux.
03:20Et donc, j'ai voulu raconter, à travers mon itinéraire,
03:23mais ce n'est pas de moi dont je parle,
03:25c'est vraiment de la France que j'ai vue, à travers mes yeux,
03:29de françaises d'origine étrangère,
03:30qui découvrent ou redécouvrent des belles choses
03:32que parfois on oublie, ou que certains ne veulent pas voir,
03:36et comme vous avez dit, font...
03:37Oui, vous dites, en gros, la France est un pays
03:39qui mérite d'être aimée, compris et transmis.
03:42Bien sûr, parce que, pour aimer la France,
03:45il faut la comprendre, et pour la comprendre,
03:47eh bien, il faut la regarder.
03:48Tout, enfin, moi, tout m'émerveille dans la France.
03:54Je ne dis pas que tout est beau et tout est rose,
03:56mais moi, ce qui m'intéresse, ce sont les belles choses de la France.
03:58Et quand vous marchez dans la rue, vous voyez,
04:01une façade raconte quelque chose, il y a une plaque,
04:04il y a une histoire, en fait, c'est ça qui m'intéresse.
04:05Et même les noms de rue, des choses aussi banales que ça,
04:08en fait, racontent quelque chose.
04:09Si la rue s'appelle la rue de la Truandrie,
04:12c'est parce qu'il n'allait mieux pas y mettre les pieds.
04:14Il y a ça qui me fascine dans la France que je vois au quotidien,
04:19tout a une explication.
04:20Et ça, je trouve ça, en tant que personne,
04:24je trouve ça très intéressant, je suis très curieuse.
04:27Et en tant que journaliste, bien sûr, tout ça m'intéresse.
04:30Vous avez écrit, Charles Adornela,
04:32un article justement sur Claire Cosse.
04:35Il était très beau.
04:36C'est rare qu'on entende,
04:39alors déjà, les Français, parfois,
04:40ont du mal à dire du bien de leur pays.
04:44Malheureusement, on le disait,
04:46on est dans une période assez morose,
04:48où les gens râlent un petit peu,
04:50un petit peu beaucoup.
04:52Et c'est peut-être encore plus rare
04:53qu'on entende un enfant de l'immigration
04:55qui se retrouve à défendre la culture française
04:58avec presque une ferveur supérieure
05:01à ceux qui y sont nés.
05:03Il y a une ferveur, en tout cas,
05:05qui est celle de, en effet,
05:06de la découverte, je crois.
05:07Parce que je ne suis pas sûre
05:08que les Français disent du mal de la France
05:11au sens où Claire la décrit.
05:13Au contraire, il y a beaucoup de Français
05:14qui aimeraient la retrouver
05:15pour pouvoir la poursuivre,
05:17on va dire, cette France-là.
05:20Parfois, les Français râlent.
05:22J'en fais partie.
05:22J'en râle également.
05:24Mais comme ça, ça fait partie
05:25du génie français.
05:27Mais simplement, il y a aussi
05:28des attentes aujourd'hui
05:30ou des critiques qui sont faites
05:31à la manière dont est gouvernée la France,
05:34à la manière dont les choses
05:35se poursuivent précisément.
05:36Mais ça va au-delà, en effet,
05:37du paradis français
05:38qui, je crois, est décrit dans ce livre.
05:41Moi, ce qui m'a beaucoup plu
05:42dans le livre,
05:43c'est que souvent,
05:45quand on parle,
05:45et notamment quand on s'adresse,
05:47parce que l'assimilation aujourd'hui,
05:48la question de l'assimilation,
05:50elle se pose aussi bien
05:51pour les enfants issus de l'immigration
05:52que pour les enfants
05:54qui sont issus d'origine française.
05:57Pourquoi est-ce que je dis ça ?
05:57C'est qu'il y a eu une coupure,
05:59il y a eu une volonté de déconstruction,
06:00il y a eu une volonté
06:01de déracinement de la culture française.
06:04Et aujourd'hui,
06:05même les petits Français de souche,
06:07comme on dit,
06:07ont besoin d'être réassimilés
06:09à la culture française,
06:11ont besoin de la réapprendre.
06:12Et on nous dit en permanence,
06:14qu'est-ce qui fait
06:14qu'on est tous ensemble ?
06:16Eh bien, c'est que nous respectons
06:17des valeurs communes,
06:17les valeurs de la République.
06:19Ce sont, finalement,
06:20ce qui ferait notre commun,
06:21ce ne sont que des abstractions,
06:23des idées qui volent un peu en l'air,
06:25auxquelles on se rattache,
06:26auxquelles chacun, potentiellement,
06:27donne sa définition.
06:28Claire Coche, dans ce livre,
06:30décrit vraiment au fil des pages
06:34et en plus par le dessin.
06:35Donc c'est vrai que c'est un livre
06:36très poétique et vraiment très joli.
06:38qui décrit une rencontre,
06:42en fait.
06:42La France devient une personne,
06:44ça devient extrêmement charnelle
06:45et la France se décline
06:47à la fois, en effet,
06:48vous le disiez,
06:49dans des conversations,
06:51à la fois dans des menus gastronomiques,
06:53mais aussi dans une boîte de choucroute.
06:55Je m'adresse à mes deux Alsaciennes.
06:59Et en fait, dans tout et dans la moindre page,
07:04ce sont des rencontres avec des personnes vivantes
07:06ou qui font partie de l'histoire.
07:08Et tout raconte, en effet, la France
07:09comme quelque chose de charnel
07:12qui traverse les siècles.
07:13Et vous en parlez merveilleusement, bizarre.
07:14Non mais vraiment, ça m'a beaucoup touché
07:16parce que moi, c'est ce que je pense
07:17être le plus triste, en fait, aujourd'hui.
07:20C'est qu'à chaque fois, on dit
07:21il faut que nous ayons quelque chose de commun
07:23et ça n'est jamais charnel.
07:24Mais vous ne pouvez pas faire adhérer
07:27à la France des gens
07:28s'ils n'en tombent pas amoureux.
07:29Il y a quelque chose du désir
07:30et qu'on retrouve de manière magnifique
07:33dans ce livre.
07:34Merci Charlotte.
07:34Claire Coffes, plus française que les Français,
07:38c'est vrai que vous défendez quand même
07:40ce pays, peut-être encore plus.
07:43Il y a cet aspect, justement,
07:45que vous avez envie de le défendre
07:47avec un patriotisme doux, vous dites.
07:50Oui, alors plus française que les Français,
07:51évidemment, ce n'est pas moi
07:52qui me suis autoproclamée de cette manière.
07:55Je ne me permettrai jamais.
07:56C'est des remarques,
07:58enfin, c'est des reproches qu'on m'a faites.
08:01Ah oui, c'est vrai ?
08:03Ça a sonné comme des reproches.
08:04Oui, oui, c'était vraiment clairement
08:06des reproches, en disant
08:06plus blanc que blanc,
08:08plus français que français.
08:09Je disais, mais quand même,
08:10c'est quand même, je ne sais pas,
08:12la base, je ne sais pas,
08:14de chaque citoyen,
08:17d'aimer le pays dans lequel il vit,
08:18même si, encore une fois,
08:19tout n'est pas rose, c'est vrai.
08:23Et puis moi, je ne fais pas de politique,
08:25je n'écris pas de cette manière-là,
08:27sous cet aspect-là.
08:29Mais je suis d'origine turque,
08:32je n'ai jamais entendu
08:34une telle,
08:36dans la bouche de certaines élites
08:38autoproclamées en France,
08:40une telle détestation de son pays.
08:42Je crois qu'on doit être l'un des seuls pays
08:44où ça se passe comme ça,
08:47où aimer, c'est suspicieux,
08:49c'est disruptif,
08:50comme on dirait dans la vulgaître.
08:52Mais ces reproches, vous les avez eus de qui,
08:54justement ?
08:54Deux amis, d'amis,
08:56au début de ma carrière,
08:57par des collègues,
08:59même dans mon changement de prénom,
09:00enfin, ils me reprochaient d'être
09:01pas assez turques.
09:03Donc ça, c'est assez...
09:04D'origine turque, eux aussi ?
09:06Non, non.
09:07Non, c'était en cela aussi
09:08que j'avais envie d'écrire,
09:11pour montrer qu'il existe en France aussi ça.
09:13C'est-à-dire qu'on peut être élevé
09:14en France comme une étrangère
09:17et puis quand on veut aussi s'intégrer,
09:19c'est pas...
09:20Enfin, qu'il y a dans son entourage
09:23des personnes qui vous font le reproche
09:25de vouloir être comme eux, quoi.
09:29Moi, j'appelle ça...
09:30Oui, moi, ça n'engage que moi.
09:32Encore une fois, c'est pas un discours politique,
09:33c'est mon parcours personnel.
09:35Je ne fais aucune généralité,
09:36je ne dis pas que tout le monde
09:37doit faire comme moi
09:38et que je suis un modèle à suivre,
09:40mais j'avais le sentiment
09:41que être qui je suis était interdit.
09:44Aimer la France était interdite.
09:46Vouloir...
09:47Moi, j'ai changé de prénom par amour,
09:49pas parce que j'avais un problème
09:49d'intégration ou je ne sais quoi.
09:52J'avais choisi un prénom français
09:53par amour,
09:54parce que ça s'est souvent fait
09:56par le passé,
09:57sans me comparer à ces illustres
09:59personnages de l'histoire.
10:01Mais Romain Garry,
10:02il s'appelait Romane.
10:04Marie Curie, c'était Maria.
10:06Même Anne Hidalgo,
10:06elle est née Anna.
10:08Et voilà, c'était pour moi
10:09une preuve d'amour.
10:12Mais c'était le cas d'ailleurs
10:13dans l'immigration des années 70.
10:15La question ne se posait pas.
10:17Bon, je ne vais pas parler de moi,
10:19mais vous disiez que j'étais alsacienne,
10:20je suis à moitié italienne.
10:21Mon père est arrivé,
10:22il était italien,
10:24il n'était pas question
10:25de parler italien,
10:27il n'était pas question
10:27de ne pas s'intégrer.
10:29C'était une immigration
10:30certainement particulière
10:32et aujourd'hui,
10:33ce n'est pas forcément le cas.
10:35Pour quelle raison, selon vous,
10:37il n'y a plus cette volonté
10:39d'assimilation ?
10:41D'abord, moi, je pense
10:42que l'assimilation,
10:43c'est vraiment très personnel.
10:45C'est une démarche qui...
10:48Moi, en tout cas,
10:49à travers mon parcours,
10:50ce que j'ai envie de montrer,
10:51c'est que j'ai envie de donner
10:53à aimer la France.
10:54Parce que, vous voyez,
10:55je suis née au fin fond de l'Anatolie
10:57de parents bergers.
10:59Je suis devenue journaliste
11:00en arrivant en France,
11:03en ayant les mêmes chances
11:04que tout enfant de la République
11:07qui allait à l'école de la République.
11:09Et voilà, c'était par reconnaissance.
11:12Et je trouve que ce qui est terrifiant,
11:15c'est, encore une fois,
11:15des profils comme moi,
11:17eh bien, ça dérange, ça gêne.
11:19C'est souvent par des personnes
11:21qui se présentent comme progressistes
11:22qui, elles, ont un discours politique.
11:25Et mon profil,
11:26je comprends que ce ne correspond pas
11:28à leur vision,
11:30mais ils n'ont pas le monopole
11:33de l'appartenance,
11:36du sentiment d'appartenance à la France.
11:38Donc, je sais que je ne suis pas la seule
11:39et je reçois régulièrement,
11:42pas quotidiennement,
11:43mais régulièrement,
11:44des messages dans ce sens,
11:45des personnes qui me remercient
11:46en disant, je suis comme vous,
11:47je me sens comme vous,
11:49merci de raconter ce que vous avez dit.
11:50C'est quand même incroyable
11:51ce que vous nous dites,
11:52Elliot Mamane.
11:53Oui, j'ai des origines,
11:54notamment nord-américaines,
11:55et quand je vais aux Etats-Unis,
11:56par exemple,
11:56il y a une chose qui me frappe
11:57à chaque fois,
11:58c'est l'importance
11:59de la présence iconographique,
12:01notamment du drapeau américain.
12:03Et ça peut être absolument partout,
12:04tant chez les particuliers
12:05que dans les gares,
12:06dans les aéroports,
12:07où chacun joue un peu
12:08à qui aura le plus grand drapeau américain.
12:10Est-ce que vous avez l'impression
12:11que l'on a cette même importance
12:14de référence à l'imaginaire
12:16du drapeau français
12:17ou est-ce qu'il nous manque
12:18et en quoi il pourrait,
12:20qu'est-ce que ça révèle selon vous ?
12:21Moi, personnellement,
12:22il nous manque,
12:24personnellement, évidemment.
12:25Moi,
12:26c'est factuel
12:27ce que je vais dire.
12:29Je trouve qu'on a ce drapeau,
12:31il est toléré
12:31à certains moments,
12:32par exemple,
12:33pendant un match de foot
12:33ou pendant des attentats.
12:37C'est toléré.
12:38Ou pendant les JO,
12:39c'était toléré.
12:40Moi, j'ai trouvé ça
12:41et j'ai tout un chapitre
12:42sur les JO,
12:42enfin, pas tout un chapitre,
12:43mais il y a quelques pages
12:44sur les Jeux Olympiques
12:45où j'ai trouvé
12:46la France heureuse
12:47à ce moment-là.
12:48Il y avait
12:48ce que je trouvais
12:50merveilleux,
12:51c'était
12:51dans les coins de rue
12:52à Paris,
12:53des gens chantaient la Marseillaise.
12:54C'est un moment
12:54où la France s'est reconnue
12:55elle-même
12:56pendant les JO.
12:58Mais c'était magnifique,
12:59c'est possible.
13:01Et ça,
13:02oui,
13:02ça m'a tellement bouleversée
13:03que je me suis dit
13:03qu'il faut que j'écrive.
13:04La France joyeuse,
13:06tout le monde était joyeux.
13:08Toutes les vidéos
13:08que vous voyez
13:09sur les réseaux sociaux,
13:10moi,
13:11ça m'a beaucoup plu
13:12cette période
13:13des JO.
13:13et comment
13:14finalement
13:15expliquer
13:16qu'il doit y avoir
13:18ce type d'événement
13:19majeur
13:20pour que la France
13:20se reconnaisse
13:21elle-même
13:22et que ça disparaisse
13:23quasiment aussitôt après ?
13:25Je ne sais pas,
13:26il y a ce que vous disiez,
13:27une certaine forme
13:27de détestation
13:28par une partie,
13:29évidemment,
13:29pas de tous les Français
13:31parce que moi,
13:32quand j'ai la chance
13:32d'être journaliste
13:33et j'ai beaucoup voyagé
13:34en France,
13:35dans les villages,
13:37il n'y a pas
13:37ce problème en fait.
13:39Vous voyez,
13:39par exemple,
13:39quand je vais dans le Périgord,
13:40il y a des mâts
13:41de mai.
13:41J'avais découvert ça
13:44et je serais fantastique,
13:45c'est à la gloire
13:46du patron
13:46avec un drapeau français.
13:48C'est merveilleux,
13:49moi j'arrive
13:50dans le Périgord,
13:50je vois ce drapeau,
13:51je me demande ce que c'est,
13:53quelle est la signification
13:54avec des petits rubans
13:55tricolores
13:56et je vais dans un bureau
13:57de poste
13:57et je demande à la dame
13:58ce que c'est
13:59et elle m'explique
13:59que c'est des employés
14:02qui rendent honneur
14:05à leur patron
14:06et dans les villages,
14:08en tout cas,
14:09il y a
14:09cet amour
14:11de la France,
14:12de la patrie.
14:13Moi,
14:13en écrivant ce livre,
14:14ce que j'avais profondément envie,
14:17bien sûr en toute humilité
14:18à ma petite échelle,
14:19c'était de réenchanter
14:20le mot patrie.
14:22C'est joli,
14:23ça vous parle.
14:24Moi,
14:25j'ai une question
14:25à vous poser
14:26parce qu'on a suivi
14:27un peu votre histoire,
14:28votre rencontre
14:29avec la France
14:29à travers divers livres
14:31que vous avez écrits
14:32et vous avez raconté
14:34justement le rejet
14:35de votre famille
14:36puis le rejet
14:37des personnes
14:37à qui vous cherchiez
14:38précisément à ressembler,
14:39avec qui vous cherchiez
14:40à faire un pays,
14:42une partie de ces personnes-là
14:43évidemment.
14:44Et quel a été
14:45le déclic
14:46de cette rencontre
14:47avec la France ?
14:48C'est passé par quoi ?
14:49Alors,
14:50j'en parle un petit peu.
14:51Le chemin était caillouteux,
14:52pour le dire.
14:52Tout à fait.
14:54Je pense que déjà,
14:55mon parcours scolaire
14:57était un peu différent.
14:58Je n'ai jamais été
14:58dans la norme,
14:59je n'ai jamais été
15:00dans le moule,
15:03si je puis dire.
15:04Je pense que ça,
15:04déjà au départ,
15:05j'essaie de comprendre moi aussi,
15:06je n'ai pas toujours
15:07la réponse encore maintenant,
15:08mais j'en ai une partie.
15:10J'ai commencé avec un BEP
15:11et un BEP vente,
15:13un bac pro.
15:14Déjà,
15:14je n'étais pas destinée
15:15à aller à l'université,
15:16mais je rêvais quand même
15:17d'aller à l'université.
15:19J'ai fait une fac de musicologie,
15:21ce qui n'a rien à voir
15:22avec ce que j'avais fait au départ.
15:25Et en fait,
15:25là,
15:25ça m'a ouvert un monde.
15:27Je ne comprenais rien
15:28aux cours magistraux
15:30que j'écoutais.
15:31Parce qu'en plus,
15:32je n'ai pas fait de solfège,
15:33je me retrouvais
15:33avec des personnes
15:34qui avaient l'oreille absolue,
15:36qui avaient 10-15 ans
15:37de conservatoire derrière eux
15:38et qui parlaient
15:39une autre langue
15:40avec des notes de musique.
15:42Et en fait,
15:44ça m'a ouvert un monde
15:45à la musique classique,
15:47à l'opéra,
15:48au théâtre,
15:49tout ça.
15:49En fait,
15:51je travaillais
15:52comme femme de ménage
15:53et je payais
15:54une étudiante
15:55pour qu'elle me donne
15:57des cours de piano
15:58et de solfège
15:59pour que j'essaye
16:00un petit peu de suivre
16:00quand même.
16:01Donc,
16:02il y a ça,
16:03bien sûr.
16:04Il y avait aussi
16:05mon désir
16:05de devenir journaliste
16:07et des figures
16:09comme Anne Sinclair,
16:10Claire Chazal,
16:11même
16:12Michel Drucker
16:13avec ses émissions culturelles.
16:15C'était des grandes émissions
16:16culturelles
16:17qu'on n'a plus aujourd'hui.
16:19où il y avait
16:19des artistes
16:20qui venaient se produire
16:21en direct.
16:23Vous décrivez
16:23une france
16:24un petit peu d'avant.
16:25D'ailleurs,
16:25vous parlez
16:26des clochers,
16:27des bistrots,
16:28des lampadaires.
16:29J'espère que
16:30ce n'est pas complètement avant.
16:32C'est vrai que,
16:33vous savez,
16:34j'ai remarqué
16:34que dans certains villages,
16:35les cloches
16:36ne sonnent plus.
16:37Par exemple,
16:38moi,
16:38j'aimais bien
16:38quand j'étais petite
16:39dans les villages alsaciens
16:41entendre les cloches.
16:42Bon,
16:42ça sonne toujours en Alsace.
16:43Mais c'est vrai
16:45que c'est un petit temps.
16:46Ce temps est un peu révolu.
16:48Moi,
16:48je dirais
16:49que le paradis
16:50n'est pas perdu.
16:51J'ai toujours
16:51un regard optimiste
16:53et j'essaie de...
16:54Ce n'est pas que j'essaye,
16:55c'est comme ça
16:55que je me suis construite
16:56à force.
16:58Enfin,
16:58et tout ça,
16:58moi,
16:59je suis une autodidacte
16:59de la culture française,
17:01de la langue française,
17:02de la France.
17:04Vous voyez,
17:04pour moi,
17:05parler français déjà
17:06et devenir journaliste,
17:08c'était une victoire
17:09sur là d'où je venais.
17:11Donc,
17:11maîtriser la langue française,
17:13pour moi,
17:13c'était vraiment
17:13de lui rendre honneur,
17:15de bien utiliser
17:16les bons mots français.
17:16Quand le vocable français
17:17existait.
17:18Mais,
17:19encore une fois,
17:20certains
17:20de mon entourage professionnel,
17:22au début de ma carrière,
17:23eux,
17:23me disaient,
17:24non mais c'est ringard,
17:26il faut parler en anglais.
17:28Je me disais,
17:28moi qui suis arrivé là,
17:29on me dit,
17:29non,
17:30c'est plouk.
17:31Maintenant,
17:31la mode,
17:32ce qui est cool,
17:33c'est de parler anglais.
17:35Oui,
17:35ça va changer bientôt,
17:36ça sera peut-être du chinois.
17:38Merci en tout cas,
17:39j'invite...
17:39Ça va être plus chaud.
17:40J'invite les auditeurs,
17:43en tout cas,
17:44à acheter ce livre,
17:45Le Paradis français,
17:45aux éditions du Cerf.
17:46Merci Claire,
17:47on dit coche ?
17:48On peut dire coche,
17:49à la française.
17:50Très bien,
17:50j'ai vu que Charlotte
17:51était meilleure que moi.
17:52Je ne maîtrise pas la série
17:55en fin de mot.
17:57Merci en tout cas
17:58d'avoir été avec nous,
17:59d'être passée par le studio
18:00de rentrer.
18:00Merci pour votre invitation.
Recommandations
18:30
|
À suivre
1:18
0:54
1:39:14
1:13:32
1:30:46
1:40
Écris le tout premier commentaire