Il est le patron qui veut sauver une marque que l'on connaît tous, les fameux verres Duralex. Aujourd'hui il en appelle à la générosité des français pour sauver l'entreprise. François Marciano, directeur général de la Scop Duralex est l'invité de RTL Matin. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 14 novembre 2025.
00:03Il est le directeur de la Scope Duralex, l'entreprise qui fabrique des verres à forte valeur affective ajoutée
00:08et qui va peut-être être sauvée par la générosité des français.
00:11François Marciano est l'invité d'RTL Matin.
00:13Bonjour et bienvenue sur RTL, François Marciano.
00:15Bonjour, merci. Très content d'être sur RTL.
00:18Vous avez quel âge, vous ?
00:19Alors, moi j'en ai 60, mais ça n'existe pas dans les verres Duralex.
00:21C'est ça, c'est pas l'âge qui est au fond de verres comme ceux qu'on avait à la cantine.
00:26Peut-être commencer par ça.
00:26Il correspond à quoi ce chiffre qui a fait s'amuser des générations et des générations d'élèves
00:31et que moi, à 52 ans, j'avoue, je continue à regarder au fond du verre ?
00:34Mais de toute façon, tous les français le savent, c'est l'âge.
00:37Non mais en vrai, non, non, en vrai.
00:39La vérité.
00:39Là, j'en ai un, vous avez apporté un, il y a marqué 80.
00:41Oui, non, non, mais...
00:43Alors, la vérité et la traçabilité.
00:45La traçabilité, c'est que le conducteur qui fabrique le verre ne sait pas s'il y a un défaut sur le verre
00:52vu que le verre est en fusion.
00:53Arrivé au bout de ligne, le contrôleur vérifie le numéro
00:56et s'il y a un défaut, prévient immédiatement le conducteur pour changer le moule.
01:00Ah, c'est le numéro de la machine ou du moule en fait ?
01:02C'est du moule en fait.
01:02Ça permet de remonter, d'accord.
01:04Bon, ça fait 10 ans que vous êtes chez Duralex, vous François Marciano
01:06et vous dites que lorsque vous êtes arrivé là-bas, c'était Zola.
01:09Ça veut dire quoi ?
01:10Ça veut dire que j'ai découvert une usine qui n'avait pas eu d'investissement depuis 30 ans.
01:16Une usine où dans certains bureaux il y avait de l'eau, donc c'est quand même...
01:22Une usine à l'abandon en fait ?
01:23Oui, c'est ça.
01:23Une usine abandonnée, une usine non structurée, une usine sans marketing, une usine sans équipe commerciale
01:30et surtout une usine sans nouveauté.
01:33Vous faisiez quoi vous là-bas à l'époque ?
01:35Alors je suis arrivé comme directeur exécutif.
01:38Alors Duralex a eu beaucoup de soucis ces 25 dernières années.
01:40Il y a eu trois procédures judiciaires depuis 2005, une autre en 2020 donc, lâchée par Saint-Gobain, son propriétaire de l'époque.
01:47Vous avez tenté de la sauver en créant en août 2024 une SCOP, autrement dit une société coopérative et participative.
01:53Qu'est-ce qui a fait dérailler Duralex ?
01:56C'est le fait qu'il n'y ait pas de nouveauté, ce que vous disiez là ?
01:58C'est ça, c'est ça.
01:59C'est un bel endormi ?
01:59Quand vous êtes une industrie, si vous n'avez pas un industriel à sa tête, ça ne fonctionne pas.
02:07Moi c'est ce que je dis à tout le monde, je n'ai pas de baguette magique.
02:09Moi je me suis entouré de gens qui s'affairent.
02:11Vous vous entourez par des gens qui s'affairent, mais le problème c'est quand on achète des verres,
02:15comme quand on achète n'importe quoi aujourd'hui, on regarde le prix et Duralex c'est plus cher.
02:19J'ai regardé les verres de cantine, 13 euros les 6.
02:22Vous allez chez Ikea, le verre gigogne, 5 euros 99 les 6.
02:25Chez Action, on trouve des verres à un peu plus d'un euro.
02:27C'est pas ça votre principal problème aujourd'hui ?
02:29Ah, pas du tout, non, pas du tout.
02:31Vous savez où on vend les verres Duralex le plus cher, c'est en Asie, donc en Chine particulièrement,
02:36ou au Japon, ils adorent nos verres.
02:40C'est-à-dire que nous on achète des verres pas chers qui viennent de Chine,
02:43et eux ils achètent nos verres de qualité.
02:44Eh bien ils savent, ils ne sont pas fous.
02:45Je vais vous raconter une petite anecdote.
02:47Fabriqué en France Duralex.
02:48Oui, fabriqué en France, uniquement en France.
02:50350 fournisseurs français.
02:51Une seule usine.
02:52Une seule usine.
02:53Le fournisseur le plus loin est à 550 kilomètres.
02:56Donc vous êtes au milieu de la France.
02:58Donc imaginez quand vous achetez un verre Duralex, l'empreinte CO2, vous la connaissez.
03:02C'est quoi l'anecdote que vous voulez raconter ?
03:04L'anecdote c'est, on a été appelé en février par une dame au service qualité
03:09qui se plaignait que les verres avaient blanchi.
03:12Donc on dit à cette dame, ah bon, qu'avez-vous fait avec les verres ?
03:15C'est étonnant.
03:16Et puis au son de la voix, on voit que cette dame était moins jeune que prévu.
03:21Et on lui dit, mais madame, vous avez acheté quand ?
03:24Vous verrez, elle nous répond, mais le 14 février 1957.
03:28Ah ouais !
03:29C'est ça la durabilité Duralex.
03:31C'est ça la durabilité.
03:32Alors la durabilité de l'entreprise, elle est plus compliquée pour essayer de sauver Duralex.
03:35Vous avez lancé une levée de fonds.
03:36Vous espériez lever 5 millions d'euros.
03:38Vous en êtes à combien de promesses là ?
03:40Alors on est à 19 millions passés de promesses.
03:43On a dû arrêter parce que tout le monde voulait nous aider.
03:45C'était du bonheur sur un nuage en été.
03:48Combien de personnes ont voulu vous aider ?
03:5022 751.
03:51Chacune compte.
03:53Et c'est qui ? Ce sont des particuliers ?
03:56Des fonds de pension ?
03:57Alors c'est principalement des particuliers.
04:01Principalement des Français qui veulent sauver leur usine.
04:04Je pense que les Français en ont marre du virtuel et veulent du factuel.
04:08Vous avez là une entreprise, ils veulent sauver leur entreprise, ils veulent sauver leur Madeleine de Proust.
04:14Alors vous avez demandé 5 millions, on vous en promet 20, vous allez faire quoi ? Vous prenez tout ?
04:18Alors j'ai pas demandé 5 millions, j'ai demandé 20 millions, 30 millions quand vous avez une entreprise où il n'y a pas l'eau courante et vous n'avez pas d'assainissement.
04:28Il n'y a pas l'eau courante aujourd'hui ?
04:29Ben non parce que pour investir chez Duralex depuis 30 ans, il aurait fallu que les précédents mettent 400 000 euros sur la table pour se raccorder à l'assainissement et se raccorder à l'eau de ville.
04:39C'est ce qu'on va faire nous bien sûr, parce que j'estime que c'est un minimum, mais le problème c'est 400 000 euros.
04:46Donc on a besoin, nous on a besoin beaucoup, on a besoin de 20 millions, mais l'AMF nous bloque à 5 millions.
04:53Ah bon ? Et qu'est-ce que vous allez faire des 15 autres ?
04:55Ah ben on ne va pas les prendre, on ne va pas les prendre.
04:57C'est fou ça !
04:58Ben oui, c'est comme ça, c'est...
05:00Alors on imagine peut-être faire une cagnotte, parce qu'on reçoit tellement de chèques à l'usine qu'on n'a pas le droit d'encaisser, vu qu'on est une entreprise.
05:07On va peut-être ouvrir une cagnotte à côté, oui mais...
05:10Une deuxième collecte éventuellement ou pas ?
05:12Ah non, c'est une par an.
05:13Une par an, bon.
05:14Et quand est-ce qu'on va passer des promesses aux actes ?
05:16Alors là c'est un peu comme le Téléthon, on fait des promesses de dons, on va sur le site l'ITA, on dit voilà moi je veux donner 500, 1000, 1500.
05:23Quand est-ce que ça va se continuer ?
05:24Alors ça devrait...
05:26J'ai plus de date précise, j'en avais une et finalement ça a bougé.
05:30Moi j'ai vu le 17 novembre.
05:31Alors le 17 novembre non, parce que la société l'ITA qui gère cet appel de fonds ne veut pas que les Français soient bloqués avec un problème informatique.
05:41Vous savez c'est désagréable quand on clique et que ça ne fonctionne pas.
05:44Du coup ils sont en train de mettre tout ce qu'il faut pour débloquer la situation.
05:48Et on pense 20-24.
05:5020-24 novembre à peu près.
05:51Bon, tout ça évidemment ça va vous donner un peu d'oxygène, mais il va servir à quoi cet argent ?
05:55A rembourser des dettes ? A quoi ?
05:57Alors Duralex n'a aucune dette.
05:58Duralex n'a pas de dette.
05:59Il faut le savoir, Duralex a zéro dette.
06:02Aujourd'hui le seul emprunt qu'on a fait au départ il est de 4 millions.
06:05On a encore 3,6 millions à rembourser.
06:08Bon, c'est la vie classique d'une entreprise.
06:11On a réveillé cette année Duralex.
06:13Maintenant il va falloir transformer Duralex.
06:16Oui parce que moi je me pose une question.
06:17J'ai regardé, vous promettez un taux d'intérêt de 8% par an pendant 7 ans,
06:20durée pendant laquelle l'argent est bloqué.
06:22Mais est-ce que vous n'êtes pas en train de vendre du rêve ?
06:24Est-ce qu'apporter de l'argent frais comme ça, ça peut sauver l'entreprise ?
06:28Est-ce que le modèle économique peut tenir ?
06:31Alors c'est justement, vu de l'extérieur et vu des économistes,
06:35ça paraît complètement dingue et ça peut faire peur.
06:37Parce qu'effectivement, si vous prenez les chiffres arithmétiques,
06:41vous dites, oh là, ça ne va peut-être pas tenir tout ça.
06:44Parce que si on met de l'argent dans un puits sans fond,
06:46mon abour est généreux, ça ne permet pas à la machine de repartir.
06:48C'est exactement ça.
06:49Or, quand vous êtes à l'intérieur et que vous savez ce que vous allez faire de cette entreprise demain,
06:54c'est-à-dire garder les arts de la table et partir sur un nouveau segment à côté...
06:59Ça veut dire quoi ? Vous allez diversifier ?
07:01On va se diversifier...
07:02Comment ? Vous allez faire quoi ?
07:04Alors, je ne vais pas vous dire tous les secrets,
07:06mais en gros, Duralex demain va fabriquer tout ce qui est en verre dans une maison,
07:10hormis les vitres.
07:11Tout ce qui est en verre dans une maison, hormis les vitres ?
07:12Je vous laisse à votre imagination, je ne donne pas tous les secrets.
07:17Mais ça peut être quoi ? Je ne vois pas, pardon, mais je...
07:19Ah, ça peut être fou, ça peut être quoi ?
07:21Allez, je vais vous donner un indice, par exemple,
07:23une patère pour accrocher ses vêtements, ou à tablier, ou des...
07:30Donc, vous changez un peu le projet d'entreprise, vous le faites évoluer, c'est ça votre projet ?
07:32On va le compléter.
07:34Oui.
07:35Bon.
07:35Et vous allez acheter des machines pour ça ?
07:37Vous allez délocaliser ?
07:38C'est comme je vous le disais tout à l'heure,
07:40le gros souci de Duralex, c'est depuis 1997, pas de nouveauté.
07:45Donc, on va effectivement, sur ces 5 millions,
07:48utiliser 2,5 millions pour investir dans des nouveaux produits.
07:52Et la moitié va servir à investir dans des machines
07:56pour aller prendre des parts de marché B2B.
07:58Alors, B2B, ça ne parle peut-être pas aux Français,
08:00mais c'est les pots à moutarde à remplir,
08:03c'est les pots d'anchois, c'est les pots de chocolat, etc.
08:06Et vous restez en France ?
08:07Tout ça va rester en France ?
08:08100% français ?
08:09Mais ça ne peut plus bouger, on est une scope.
08:10Une scope, c'est invendable, et ça ne peut pas quitter la France.
08:14On entend la générosité des Français, mais est-ce que l'État vous aide ?
08:16On entend beaucoup de critiques sur les aides de l'État.
08:18Est-ce que vous vous en touchez ? Est-ce qu'il vous en faudrait ?
08:21Il nous en faudrait, oui, il nous faudrait vraiment de l'aide.
08:23Combien ?
08:24Au moins 5 millions.
08:27Là, vous dites à Roland Lescure, le ministre de l'économie,
08:29non, nous, il nous faut 5 millions.
08:30Oui, c'est ça.
08:31Mais d'aide, pas de prêt, on est d'accord.
08:32C'est ça, c'est ça.
08:34Et vous l'avez demandé ?
08:35Alors, on l'a demandé plusieurs fois,
08:36mais on a eu un prêt de 750 000 euros,
08:39là où les autres ont des sommes astronomiques,
08:42et on nous demande 1,4 million de plus-value,
08:45parce qu'on a vendu le site,
08:46on nous demande 1,2 million de CO2 de taxes,
08:48donc c'est un peu compliqué.
08:50Il n'y a pas des matins où vous dites quand même,
08:52François Marciano, que vous croyez un peu au Père Noël ?
08:54Alors, je crois énormément au Père Noël,
08:56je crois surtout que les Français ont compris,
08:58et la façon de gagner, c'est d'acheter nos produits.
09:01Je rappelle toujours,
09:03c'est les produits de Duralex qui vont sauver Duralex.
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