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00:00Vous écoutez Les Assassins sont parmi nous.
00:04Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Ils sont comme vous, comme moi.
00:11Ils paient leurs impôts.
00:13S'effacent devant les dames.
00:17Aident les aveugles à traverser la rue.
00:21Jouent avec les petits enfants.
00:25Et puis un jour,
00:28ils tuent !
00:30Les Assassins sont parmi nous.
00:35Si vous aimez vos semblables,
00:37si vous avez foi dans le genre humain,
00:39vous cherchez parfois à conserver votre indulgence envers et contre tout.
00:43Même lorsque vous apprenez la sinistre carrière de quelques tristes rebuts de l'humanité,
00:48vous essayez de protester.
00:49Mais l'homme n'est pas fondamentalement mauvais.
00:52C'est la faute des circonstances.
00:54Les circonstances, oui, certes.
00:55Elles aident parfois à glisser sur la mauvaise pente.
00:58Mais cette pente semble étrangement plus facile à prendre pour certains que pour d'autres.
01:04Tenez, prenons le cas Emery Slocomb.
01:07Voici un nom qui reste sinistrement gravé dans la mémoire de nombreux Anglais.
01:13Emery Slocomb avait fait quelques erreurs dans sa jeunesse, mais qui n'en a pas fait ?
01:18Et puis survient le grand tourment, la guerre.
01:22Eh bien, au cours de ces circonstances,
01:24on a vu des gens, des gens qui eux aussi avaient commis quelques erreurs,
01:26se racheter, devenir admirables, devenir des héros.
01:30Emery Slocomb, lui, dans les mêmes circonstances,
01:33devint une admirable crapule.
01:36Comme quoi, elles ont bon dos, les circonstances.
01:38Non, la guerre fut seulement le creuset infernal
01:42où put se dévoiler la vraie nature d'Emery Slocomb.
01:47En avril 1937, Emery Slocomb se trouve dans deux sales draps au sens propre comme au sens figuré.
01:54Il loge sous un faux nom dans un hôtel minable à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris.
01:59Pourtant, ce n'est vraiment pas la place à laquelle le destinent ses origines.
02:02Emery Nelson Slocomb est le troisième enfant de M. Arthur Woodward Slocomb,
02:07un industriel britannique influent.
02:09Mais si le premier fils et la fille suivent une voie toute tracée dans la haute bourgeoisie,
02:14Emery, le petit dernier, semble décider à jouer le mouton noir de la famille.
02:18Élève brillant, doté, selon ses professeurs, de facilités peu communes,
02:22il se fait mettre à la porte de son collège,
02:24ou plus exactement, on le prit de partir par respect pour son père.
02:28Alors, avec cette insolence qui lui a valu son exclusion,
02:32Emery hausse les épaules.
02:33« C'est parfait ! Je n'avais de toute manière pas l'intention de rester un jour de plus dans ce nid à ras de bibliothèque !
02:38Je n'ai vraiment que faire de cette prétendue éducation pleine de toiles d'araignée !
02:41Je ferai mon chemin avec mon intelligence !
02:44Vous verrez, père, c'est encore moi qui mènerai le plus haut et le plus loin ! »
02:48Le nom de Slocomb.
02:50Pour amorcer la brillante destinée qu'il se promet,
02:54Emery commence par donner ce nom de Slocomb à une certaine Medge Connelly.
02:58Medge a huit ans de plus que lui et une réputation de femme d'expérience,
03:03au mauvais sens du terme.
03:05Mais elle resplendit de la rousseur irlandaise
03:08et elle danse à merveille en découvrant les plus belles jambes des nuits de Londres.
03:12Alors, bien sûr, une telle alliance n'est pas précisément du goût de Mr. Slocomb.
03:16Mais, pour contraindre son père à l'accepter,
03:18Emery affirme haut et clair qu'il a mis sa fiancée dans une situation intéressante, comme l'on dit.
03:24Alors, c'est faux, évidemment, mais c'est un vieux truc qui marche.
03:28Emery épouse donc Medge et, dès ce jour, il n'a rien de plus pressé
03:33que de la laisser tomber courant la bonne fortune de droite et de gauche.
03:37C'est dans les cercles de jeu qu'il passe presque toutes ses soirées
03:40et aussi dans les parties privées où il joue très gros.
03:43Il gagne un peu avec son agaçante insolence
03:46et perd beaucoup avec autant de désinvolture qu'il le peut.
03:50Mais il n'aime pas perdre, Emery.
03:52D'abord parce que cela nuit à son prestige
03:55et ensuite parce que les billets qu'il signe
03:57et qu'il est incapable de payer sont présentés à son père.
04:01Mr. Slocomb finit par atteindre le point de rupture.
04:05C'est inadmissible, Emery.
04:07À 23 ans, vous voir chaque semaine uniquement
04:10pour vous entendre demander de l'argent, c'est inadmissible.
04:15Emery regarde son père par en dessous
04:17et un sourire de renard retrousse ses fines moustaches à la Clark Gable.
04:22Eh bien, père, si cela vous est aussi insupportable,
04:24j'ai une excellente solution à vous suggérer.
04:27Donnez-moi donc tout de suite ma part d'héritage.
04:29Je ne vous ennuierai plus avec des questions bassement matérielles.
04:34Avouer que cela donne un méchant coup dans le cœur d'un père,
04:37c'est un peu comme de se sentir mettre le premier pied dans la tombe.
04:40Et en moins d'un an, Emery dilapide son avoir
04:43et les dettes de jeu recommencent à tomber sur le bureau paternel.
04:46Et s'il y a une chose avec laquelle on ne plaisante pas en Grande-Bretagne,
04:50c'est bien une dette de jeu.
04:52Seulement trop, c'est trop.
04:54Le frère d'Emery, sa sœur et le mari de celle-ci protestent.
04:58Cela suffit, père.
04:59Ce garçon va trop loin.
05:01Il vous prend pour une vache à lait.
05:03Et le souci que vous en avez finira par vous tuer.
05:06Il est adulte maintenant.
05:08Laissez-le une fois au moins affronter les ennuis qu'il se crée lui-même.
05:12D'ailleurs, cela lui fera le plus grand bien.
05:13Et c'est ainsi que, début 1937,
05:17Emery Slocum se retrouve dans les salles draps d'un hôtel minable de la banlieue parisienne
05:22et sous un faux nom.
05:25Il laisse derrière lui une dette de 5 000 livres, une somme énorme.
05:29Un mandat international est lancé contre lui.
05:31Il est repéré, arrêté, puis extradé vers la Grande-Bretagne.
05:35La prison pour dette, c'est le sort le plus infamant que l'on puisse réserver à un gentleman britannique.
05:40Et pour Arthur Slocum, le père, c'est une torture que d'y voir son fils.
05:46Alors lui, qui verse déjà une solide pension à sa belle-fille, la turbulente irlandaise Medge,
05:50il veut encore une dernière fois rembourser cette lourde dette.
05:54Mais il a donné sa parole aux autres enfants qui le surveillent de près,
05:58qui disent « Non, père, laissez-le cette fois, qu'il aille au bout de son expérience,
06:03que cela lui sert vraiment de leçon. »
06:06Oh, bien sûr, il respecte sa parole, Mr. Slocum,
06:08mais en même temps, il ne peut s'empêcher de tenter quelque chose pour alléger la peine d'Emery
06:12parce qu'il se sent au fond un peu coupable de ce qui arrive.
06:16« Si j'avais été plus ferme depuis le début, pense-t-il, mon fils n'en serait pas là aujourd'hui. »
06:21Alors il ne va pas hésiter à s'humilier.
06:24Il va aller trouver le père du jeune homme à qui Emery doit ses cinq mille livres.
06:28Le père, qui est un homme âgé, respectable comme lui, et membre du même club.
06:32Et il va lui dire « Monsieur, M. Endicott, c'est le nom de cet homme,
06:35M. Endicott, vous êtes un père comme moi,
06:38et votre fils Laurence est un joueur comme le mien.
06:40Vous devez comprendre ce que je ressens. »
06:43L'autre dresse le menton et son monocle lance un éclair indigné.
06:48« Monsieur, le jeu a toujours été considéré, depuis des temps immémoriaux,
06:51comme un divertissement permis et distingué chez les jeunes gens de notre monde.
06:55Et même, à certains égards, comme une activité susceptible
06:58de les former au calcul politique, au sens des affaires et des décisions rapides,
07:02mais à condition de l'exercer dans l'honneur. »
07:06Le sous-entendu très direct résonne comme un soufflé à la face du vieux slocumbe.
07:11Mais il ravale sa fierté.
07:14« Je comprends, monsieur.
07:16Votre fils est un joueur qui a le sens de l'honneur, et vous aussi. »
07:20« Alors imaginez qu'il perde, qu'il perde une somme qui dépasse ses moyens.
07:25Vous seriez derrière lui pour le sortir de l'impasse, n'est-ce pas ? »
07:29« Certes, monsieur, certes, mais je ne vois pas. »
07:31« Eh bien, sachez que je ne peux pas, moi, aujourd'hui, jouer ce rôle. »
07:36« La parole donnée me l'empêche. »
07:40« Aussi, je vous demande, en toute humilité, d'agir auprès de votre fils, non pour qu'il abandonne sa plainte,
07:44mais au moins pour qu'il la suspende. »
07:47« Qu'il laisse à Emery une chance de prendre un nouveau départ dans la vie. »
07:51« Qu'il le laisse sortir de cette prison infâme, et Emery remboursera par ses propres moyens. »
07:56« Je l'y contraindrai. Il travaillera s'il le faut. »
08:00Cette dernière phrase, à propos d'un garçon de la bonne société,
08:03en dit plus long que tout sur la détermination de Mr. Slocum.
08:07« Faire travailler son rejeton. »
08:11M. Handicott est touché au cœur, et bientôt son fils Laurent suspend sa plainte.
08:16Emery Slocum est libéré.
08:18Il accepte l'hospitalité de son père, tête basse, repentant.
08:22Saine et touchante, le retour du fils prodigue en somme.
08:26« Il promet de s'amender, de rembourser. Il promet ce que l'on voudra. »
08:30Mais, lorsqu'il entend le mot « travail », son oreille de renard frémit désagréablement.
08:37Aussi, quelques jours plus tard, son père remarque-t-il un changement radical,
08:39une fébrilité inhabituelle.
08:42Emery rentre avec des piles de journaux sous le bras,
08:44journaux dont il parsème sa chambre et qu'il laisse traîner bien en évidence partout dans la maison.
08:50La raison de cette fièvre soudaine ? La politique.
08:53Oui, Emery s'intéresse tout à coup à la politique.
08:57Que dis-je, il s'intéresse, il se passionne.
08:59Mais oui, père, comment ai-je pu si longtemps être aveugle aux bouleversements du monde,
09:03et en particulier en Espagne ?
09:05C'est essentiel, ce qui se passe là-bas.
09:06Le gouvernement républicain, démocratiquement élu, est combattu par ce rebelle, ce général franco.
09:12Il pousse les Espagnols à tirer sur leurs frères, il faut empêcher cela.
09:16Mister Slocumbe est bien ennuyé.
09:18Ses opinions conservatrices le mettraient plutôt contre les républicains,
09:22mais il respecte les opinions de son fils.
09:24Aussi, lorsqu'Emery déclare qu'il ne peut plus tenir et qu'il veut partir pour l'Espagne,
09:29son pauvre papa est loin de faire un rapprochement avec la dette toujours impayée.
09:34Mais il y a quelqu'un qui n'est pas dupe.
09:38C'est Laurence Endicott, ex-compagnon de jeu et créancier d'Emery.
09:43La veille du départ, alors qu'Emery parade dans une brasserie
09:46en revêtant déjà le masque du héros de la guerre d'Espagne,
09:49Laurence Endicott surgit, le saisit par le bras, le traîne à l'écart,
09:53et nez contre nez, il lui lance au visage.
09:55« Tu trompes peut-être ton vieux père, Emery, mais pas moi.
09:59Tu ne fuiras pas tes obligations une fois de plus.
10:02Va en Espanne, va, arrange-toi comme tu sais si bien le faire
10:05pour passer des vacances au soleil et raconter par lettres tes actes de bravoure.
10:08Mais tu reviendras, Emery, il faudra bien que tu reviennes,
10:11et ce jour-là je serai là, Emery Slocombe, je serai là, comme la statue du commandeur.
10:17Je remettrai mes plaintes en justice et tu seras à nouveau poursuivi.
10:19« Toutes les portes se fermeront devant toi, oui, Emery.
10:23Souris, mais oui, souris donc.
10:26Mais moi, vivant, jamais plus on n'oubliera quel être sans honneur tué. »
10:33« Ah, quelle belle tirade ! Mais quelle imprudence aussi.
10:37Moi, vivant, tu ne seras plus jamais tranquille ? »
10:42vient de dire Laurence Endicott.
10:43« Moi, vivant ! »
10:45Fatale erreur, il vient de signer son arrêt de mort.
10:49Et pour mener à bien cette exécution, Emery Slocombe va utiliser
10:53l'une des armes les plus étonnantes dans les annales du crime.
10:58Il va employer l'immense machine de guerre des nazis
11:00et commencer une exceptionnelle carrière d'assassins.
11:06Les assassins sont parmi nous.
11:10Un podcast européen.
11:13Donc, Emery Slocombe fuit l'Angleterre en 1937
11:16pour faire oublier une dette de jeu de 5000 livres.
11:18« Dette de jeu, dette d'honneur, dit-on. »
11:21Et c'est l'honneur qui rend furieux son créancier, Laurence Endicott.
11:24« Non, on n'oubliera pas, jurait Laurence, moi, vivant, on n'oubliera pas ! »
11:28a-t-il dit précisément.
11:29Parole imprudente et fatale erreur, nous allons le voir.
11:33Car voici Emery Slocombe en Espagne.
11:36Bien perplexe en vérité, car il ne sait pas exactement où il a mis les pieds.
11:40Il n'a aucune capacité particulière, Emery, sauf un don véritable pour les langues et un certain charme.
11:45Alors, il se promène ici et là, dans le pays en pleine guerre civile,
11:49et il propose ses services.
11:51Mais les républicains se méfient instinctivement de ce beau garçon anglais,
11:55aux manières aristocratiques.
11:57Ce n'est pas du tout le genre des brigades internationales
11:59où affluent plutôt les ouvriers communistes et les intellectuels de gauche.
12:03De rejet en rejet, Emery finit, on ne sait trop comment,
12:07par rencontrer les gens du camp d'en face,
12:08les phalangistes de Franco, le futur caudilio, le futur dictateur.
12:12« Et là, ô surprise, on l'accepte ! »
12:15Alors Emery se dit que, puisque ce sont des gens qui l'apprécient,
12:17ce sont sûrement les meilleurs.
12:19Et le voilà engagé comme agent de liaison avec la France.
12:23Et pas n'importe quelle France,
12:25puisque ses correspondants ici sont les Cagoulard, l'extrême droite la plus dure.
12:30Slocombe, souriant, charmeur, efficace et polyglotte,
12:33fait le va-et-vient entre Madrid et Paris.
12:35Le plus naturellement du monde, il fait la connaissance de Marcel Déat,
12:39de Jacques Doriot, de leaders actifs.
12:41Slocombe trouve en eux des caractères décidés qu'il impressionne beaucoup.
12:47Nous voici en 1940.
12:49Emery Slocombe est en prison dans la zone de Vichy
12:51pour avoir participé avec les Cagoulards à des activités pro-nazies.
12:56Huit jours après la capitulation de la France,
12:57il est sorti de sa cellule avec les honneurs.
12:59Tout naturellement, les autorités de Berlin se disent
13:02qu'il y a sûrement un parti à tirer de ce charmeur
13:05parlant quatre langues, imprégné des idéaux du Reich
13:08et qui de plus est citoyen britannique.
13:11On voit donc, un beau jour,
13:13un jeune couple muni de tous les laissés-passés
13:15débarquer du train à Berlin,
13:18Mr. and Mr. Smith.
13:20Qui sont donc ces deux beaux jeunes gens
13:22aux noms un peu trop vagues ?
13:25L'homme, c'est Emery Slocombe,
13:26et la femme n'est pas vraiment son épouse,
13:28c'est sa maîtresse française,
13:30une certaine Ginette de Barge.
13:33Mais les dirigeants nazis,
13:34par souci d'honorabilité du régime,
13:36ont exigé qu'ils soient mariés sur leur faux-papier.
13:40Emery Slocombe est immédiatement embrigadé
13:41dans une école de propagande.
13:44Quelques semaines plus tard,
13:45gonflé à bloc des principes de grandeur
13:47et de généreuse fermeté
13:48prônés par le bon docteur Joseph Goebbels,
13:51il reçoit sa première mission.
13:52Il s'agit de parler sur les ondes de la radio.
13:55Il faut prononcer des discours
13:57pour démoraliser les Anglais,
13:58mais surtout,
13:59ces interventions seront entendues
14:01dans les camps de prisonniers de guerre.
14:03Le but est de dissuader
14:04les soldats anglais captifs
14:05d'organiser des évasions
14:07qui causent bien des soucis aux Allemands.
14:10« Ce garçon, dit un responsable de Berlin,
14:11ne pense qu'à retourner vers l'Angleterre. »
14:14« Retourner vers l'Angleterre ? »
14:17Pour la première fois au milieu de ses tribulations,
14:18Slocombe se remet à penser à son retour à lui
14:21et à sa dette de 5 000 livres
14:22et aussi à Laurence Endicott.
14:24Endicott qui a promis
14:25« Je serai là comme la statue du commandeur. »
14:28« Eh oui, il sera là, à moins que... »
14:31Est-ce que vous voyez l'idée qui passe
14:33dans la tête de Slocombe ?
14:35Les siennes Endicott par les hasards de la guerre
14:37étaient aux mains des Allemands.
14:40Slocombe est en position pour agir.
14:42Il a le pouvoir,
14:43du moins un certain pouvoir.
14:44Il annonce à ses maîtres
14:47qu'il a peut-être un projet riche de possibilités.
14:50Il lui faut pour cela
14:51un meilleur contact,
14:52un contact plus direct avec les prisonniers.
14:54Il lui faut mieux les connaître.
14:56Mais il doit choisir
14:57le meilleur terrain pour ce contact.
15:00Et sous ce prétexte,
15:01il consulte les listes des prisonniers.
15:04Et l'incroyable arrive.
15:06Sur la liste d'un camp,
15:07il y a effectivement
15:08le lieutenant Laurence Endicott.
15:12Alors Slocombe dévoile son projet.
15:15Convaincre un certain nombre
15:16de prisonniers anglais
15:17que la grande menace
15:18pour la civilisation occidentale,
15:19c'est le bolchevisme,
15:21et leur faire accepter
15:22d'aller combattre aux côtés du Reich
15:23dans une légion de volontaires
15:25comme les Français
15:26en ont formé une.
15:28Le projet fait sensation.
15:30Il est accepté.
15:32Emery Slocombe part aussitôt
15:34pour sa croisade dans les camps.
15:36Il n'hésite pas à se mêler de près
15:37aux prisonniers pour faire son discours.
15:40Et ce qu'il attendait se produit.
15:42Un groupe farouche
15:44s'en prend à lui,
15:45à main nue,
15:46malgré la protection armée
15:47qui l'entoure.
15:48À la tête de ce groupe,
15:49bien sûr,
15:50Laurence Endicott hurlant de haine.
15:53Traître !
15:53Non seulement tu as perdu ton honneur,
15:55mais tu déshonores ton pays !
15:58Slocombe a pris un risque.
15:59Mais il a joué
16:00et gagné cette fois.
16:03Ils s'en tirent
16:03avec quelques blessures,
16:05mais ce sont les Allemands eux-mêmes
16:06qui prennent la décision
16:07qu'ils espéraient.
16:09Il faut faire un exemple.
16:10Ces hommes seront punis
16:12pour atteinte physique
16:13à un représentant du Führer.
16:16Puni,
16:16on sait ce que cela veut dire
16:17dans le langage nazi.
16:20En violation
16:21de toutes les conventions internationales
16:22sur les prisonniers de guerre,
16:24les quinze hommes impliqués
16:25dans ce soulèvement
16:26sont fusillés.
16:27Parmi eux,
16:28Laurence Endicott.
16:31Slocombe respire.
16:32Sa créance est éteinte.
16:34Un jour,
16:34il pourra revenir en Angleterre
16:36à la tête haute
16:36aux côtés des vainqueurs allemands
16:38puissants,
16:39respectés,
16:40intouchables.
16:41Et il y croit vraiment
16:42à cet instant.
16:45Seulement,
16:45il s'est engagé
16:46dans un engrenage
16:46dont il ne mesure pas
16:47l'étendue.
16:49Après cet exemple meurtrier,
16:50le commandant du camp
16:51envoie un rapport
16:53des plus satisfaits.
16:54On note
16:55une accalmie sensible
16:55et une baisse considérable
16:56des tentatives d'évasion.
16:59Et l'esprit tortueux
17:00mais pratique
17:00des responsables berlinois
17:01entrevoit
17:02une conséquence facile
17:03à déduire.
17:04Il n'y a qu'à envoyer
17:06cet idiot de Slocombe
17:07recommencer la même chose
17:08dans les camps
17:08les plus remuants.
17:10Car c'est certain,
17:11même ses maîtres
17:12ne croient plus
17:13à cette légion anglaise
17:14et ils prennent Slocombe
17:15pour ce qu'il est
17:16un prétentieux
17:17au verbe facile
17:18mais sans envergure.
17:20On va mettre à profit
17:21son envie de prestige.
17:23On va faire de lui
17:23une sorte de vedette.
17:25On le diffuse à la radio,
17:26on le loge
17:27dans les meilleurs hôtels.
17:28Il va voyager en Belgique,
17:30en Tchécoslovaquie,
17:30en France,
17:31en Yougoslavie,
17:32toujours en compagnie
17:33de sa femme
17:33qui n'est d'ailleurs
17:33jamais la même
17:34et toujours sous le prétexte
17:35de recruter
17:36des volontaires anglais.
17:38À chaque fois
17:38ou presque,
17:39il y aura révolte,
17:40émeute,
17:41tellement ses propos
17:41outragent ses compatriotes.
17:43On le protège efficacement
17:44mais ce sera à chaque fois
17:46le prétexte
17:46pour faire un exemple
17:47qui calmera le camp.
17:50Et ainsi,
17:50derrière lui,
17:51Emery Slocombe,
17:51marionnette sanglante,
17:53va laisser des marques mortelles
17:54de son passage.
17:55Alors comment va s'achever
17:58la carrière
17:59de cet assassin
18:00plus ou moins conscient ?
18:02Eh bien,
18:03gonflé comme une outre
18:04par ce succès
18:04qu'il croit dû
18:05à son habileté
18:06de tribun,
18:07Slocombe
18:08ne se produit pas seulement
18:09à la radio.
18:11On demande à le voir
18:11en chair et en os
18:12dans les villes
18:12où il passe.
18:14Il accepte avec joie
18:15et il se laisse
18:16obligeablement photographier
18:17dans les banquets
18:18avec les hauts dignitaires
18:19du régime.
18:20Seulement parmi ceux
18:22qui le mitraillent
18:22de clichés,
18:23il y en a qui rêvent
18:24de le mitrailler vraiment
18:26lorsque le jour viendra.
18:29Et ce sont
18:29ces nombreuses photos
18:30qui permettront
18:31de l'arrêter
18:31à la frontière
18:32de l'Italie
18:32et de la Suisse
18:33où il veut se réfugier
18:34lors de l'effondrement
18:36du Reich.
18:38Ramené en Angleterre
18:39où il est devenu
18:40un symbole,
18:42il est confié
18:43à des officiers
18:43de renseignement
18:44qui n'auront pas
18:45grand mal
18:46à le dégonfler
18:47comme l'on dit.
18:47Il le racontera
18:50sans trop se faire prier
18:51toute sa carrière
18:51et ils finiront
18:53par le faire
18:54se recouper
18:54et avouer
18:55le motif
18:56très personnel
18:57de son premier
18:58comment appeler cela ?
19:01De son premier crime
19:02par nazi interposé.
19:05Oh, son avocat
19:06voudrait essayer
19:07de le sauver quand même.
19:09Dites au moins
19:09que c'était par conviction
19:10que l'on vous avait
19:11lavé le cerveau
19:12à Berlin
19:12à coups d'idées pernicieuses.
19:15Mais Emery Slocum
19:16répond en retrouvant
19:17son arrogante naïveté
19:18pas du tout.
19:20Je ne suis pas
19:20de ceux
19:21que l'on abuse.
19:22J'ai fait
19:22ce que j'ai fait.
19:24Ce devait être
19:25dans ma nature.
19:28Le bourreau,
19:29ce que l'on dit,
19:30n'a pas eu
19:30une parole
19:31d'encouragement
19:32en lui passant
19:33la corde au cou.
19:34Vous venez d'écouter
19:38Les assassins sont
19:39parmi nous,
19:40un podcast
19:40issu des archives
19:41de repeint.
19:43Réalisation,
19:44Julien Tarot.
19:45Production,
19:46Estelle Laffont.
19:48Patrimoine sonore,
19:49Sylvaine Denis,
19:50Laetitia Casanova,
19:52Antoine Reclut.
19:52Sous-titrage Société Radio-Canada
19:54Sous-titrage Société Radio-Canada
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