« Le patient doit être informé, doit comprendre ce qui lui arrive et surtout être en mesure d’affirmer ses propres choix. » À la croisée du soin et de la recherche, Fabien Calvo partage son regard sur l’évolution de la cancérologie : les grandes étapes thérapeutiques, les espoirs de la génétique et de l’immunothérapie, le rôle récent du microbiote ou encore la place centrale du dialogue entre médecin et patient.
Pour lui, la médecine n’avance que si la recherche interroge la pratique, et si le patient en reste le point de départ.
00:00Le patient doit être informé, doit comprendre ce qui lui arrive
00:03et surtout qu'il soit en mesure d'affirmer ses propres choix par rapport à ce qu'on lui propose.
00:17L'idée de départ était d'essayer de faire comprendre les problématiques liées au cancer.
00:23Commencer avec un certain nombre d'explications, l'analyse historique de ce que sont les cancers
00:27et surtout l'évolution de ce qui s'est passé ces 50 dernières années en matière de traitement et de science, bien sûr.
00:34Le patient doit être informé, doit comprendre ce qui lui arrive
00:38et surtout qu'il soit en mesure d'affirmer ses propres choix par rapport à ce qu'on lui propose.
00:45J'ai toujours pensé que comprendre, c'était bien, mais faire comprendre, c'était aussi essentiel pour les médecins.
00:52Outre ce qu'on a gagné en chirurgie et en radiothérapie, pour la partie médicale ou médicamenteuse,
01:02on a eu trois phases.
01:04Une première phase qui était effectivement la chimiothérapie qui a commencé dans les années 50,
01:08qui a été relayée dans les années 80 par la découverte de ce qu'on appelait l'oncogénèse,
01:14qui a abouti au développement de la génétique et au développement de nouveaux médicaments.
01:19Et plus récemment, le développement de l'immunothérapie, de la compréhension,
01:23qu'on pouvait reformater l'immunité chez les patients
01:27et que cette immunité reformatée pouvait guérir certains cancers.
01:35Probablement bien avant, c'est les 50 ans auxquelles vous faites la vision,
01:39on sera capable en tout cas d'avoir de très longues émissions.
01:44Et ça, je pense qu'on n'est pas si loin que ça.
01:46Lorsqu'on voit les phases de développement des thérapeutiques sur les 50 dernières années,
01:52on peut penser qu'on n'en est pas si loin que ça.
01:54Et probablement, ce que vous décrivez devra arriver d'ici 20 à 30 ans.
02:00La prévention est un domaine essentiel.
02:03On n'a pas assez pris en compte dans notre pays.
02:06Encore qu'on commence à voir des effets dans les luttes contre le tabac.
02:10Très récemment, il y a eu des avancées épidémiologiques montrant que les très jeunes fument de moins à moins.
02:17Et donc, on devrait voir les effets de cette réduction de la consommation de tabac dans les 20 à 30 ans qui viennent.
02:22Le tabac reste, avec ou sans l'alcool, la cause principale connue des cancers.
02:27Il y a d'autres aspects qui sont beaucoup plus difficiles à explorer,
02:31comme l'environnement, etc.
02:33Il faut se focaliser maintenant sur ces 60%, 50% de cancers pour lesquels on n'a pas identifié forcément une cause actuellement
02:44pour essayer de développer d'autres compréhensions de ce qui se passe.
02:50La prévention et le diagnostic précoce restent quand même du domaine de la médecine générale.
02:57La prévention en expliquant les risques, les facteurs de risque.
03:00La génétique associée à ces facteurs de risque, en identifiant chez les patients ce qui peut les exposer à un risque.
03:07Et en matière de diagnostic précoce, leur rôle est essentiel,
03:12parce que c'est à eux à encourager et à guider les patients pour se soumettre à la mammographie systématique.
03:20Les tests à la recherche des cancers du côlon.
03:22Ce qui est récent, c'est qu'on s'aperçoit que d'autres bactéries, d'autres virus, éventuellement d'autres champignons, sont présents dans notre organisme.
03:35On pensait qu'ils étaient là uniquement pour maintenir une pression suffisante pour empêcher l'éclosion de maladies infectieuses.
03:41Et en fait, on s'aperçoit qu'ils ont un rôle beaucoup plus large.
03:45Ça va de leur responsabilité dans l'obésité, dans parfois les troubles de l'humeur,
03:51mais également dans la survenue des cancers et aussi dans la réponse de l'organisme à ces cancers.
03:58Et en particulier, un rôle très important dans l'immunité.
04:00On s'aperçoit que certaines bactéries sont susceptibles d'agir en symbiose avec les médicaments
04:06et d'autres sont, au contraire, responsables de résistance à l'utilisation d'un certain nombre de médicaments.
04:14Ce qui revient de manière récurrente, c'est cette interaction médecin-patient.
04:21Parfois, c'est superbe, ça marche top.
04:23Et parfois, c'est un tissu d'incompréhension, un tissu de rancœur.
04:28C'est un aspect probablement minoritaire,
04:31mais ça reste quand même une intervention dans l'histoire de la maladie qui est parfois très pénible.
04:36Prendre conscience de cette difficulté dans ces échanges est essentiel dans la relation médecin-malade.
04:45Ce que je préfère, c'est justement cette mixité entre la recherche et le soin.
04:50D'interagir avec mes collègues dans les deux secteurs, c'est ça ce qui est merveilleux en médecine.
04:58Parce que la clinique peut parfois être frustrante.
05:02Si on ne cherche pas à comprendre ce qui a provoqué ces frustrations,
05:07et pourquoi ça ne marche pas, et pourquoi ça marche,
05:09il n'y a que la recherche qui permet de faire ça.
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