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  • il y a 2 jours
Les femmes représentent 22 % des effectifs des personnes qui travaillent dans la tech en Europe en 2023. Ce chiffre pourrait descendre en dessous de 21 % d’ici 2027, selon une étude de McKinsey. Ce manque de diversité peut engendrer un manque de compétitivité pour le secteur.

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Transcription
00:00...
00:00Comment féminiser les métiers de la tech ?
00:09C'est le thème de notre débat
00:11avec Angélique Gérard, bonjour.
00:13La présidente de Women in STEM
00:15et Inès Durand, bonjour.
00:17Vous êtes UX designer
00:19chez Aïve. Aïve, c'est quoi
00:21comme entreprise ?
00:22Aïve, pardon.
00:24Aïve, c'est une entreprise,
00:25c'est une plateforme
00:26qui permet aux créatifs
00:30de pouvoir générer
00:32et adapter leurs vidéos
00:34pour les mettre
00:36sur les différents réseaux sociaux.
00:37D'accord. Et votre métier, c'est quoi ?
00:39UX designer ou designer ?
00:41Alors, UX designer.
00:43Et du coup, moi, je m'occupe de l'interface des utilisateurs
00:46et j'essaye de faire en sorte
00:48de les rendre plus simples et plus accessibles
00:50pour tout le monde.
00:51STEM, c'est un acronyme anglais.
00:54Ça veut dire quoi ?
00:55Alors, ça veut dire Science, Technology, Engineering, Mathematics.
00:59Ok. Et donc, Women in STEM, l'objectif, c'est quoi ?
01:01Women in STEM Europe,
01:03en fait, on a notre raison d'être,
01:06qui est de créer les conditions
01:08d'une inclusion durable des femmes
01:10dans les filières technologiques et scientifiques
01:12afin d'accompagner les mutations économiques
01:15et en même temps renforcer
01:16notre compétitivité nationale et européenne.
01:19Ce qu'on peut constater aujourd'hui,
01:21c'est que, malgré 30 ans d'efforts,
01:25notamment politiques sur le sujet,
01:28les stats se dégradent de façon dramatique.
01:31Il y a une étude de McKinsey, là,
01:32pardon de nous interrompre,
01:33qui nous dit que la part des femmes dans la tech
01:35pourrait tomber sous les 21% d'ici 2027.
01:39C'est 22% des effectifs tech en Europe en 2023.
01:42Et donc, on est plutôt sur une tendance baissière.
01:44Il y a une vraie tendance baissière
01:47et c'est très inquiétant.
01:49On voit depuis la réforme, depuis 20 ans,
01:51en fait, le nombre de femmes ingénieures diminue.
01:55Ce qui est quand même assez incroyable.
01:56On a 23% de femmes engagées cette année
01:59dans les écoles d'ingé.
02:00Donc, ça pose un vrai problème de compétitivité.
02:05On se dit également qu'on se prive
02:06d'une partie des talents en France.
02:08Donc, il y a un sujet économique, démocratique
02:11et au-delà de l'enjeu sociétal,
02:13on peut aussi se dire qu'il y a un enjeu humanitaire.
02:17C'est une question d'humanité, ce sujet.
02:20Parce que le droit des femmes recule dans le monde entier.
02:23Les femmes ne sont pas dans les métiers de demain.
02:28Et ces métiers de demain sont en train de se décider aujourd'hui.
02:31Et donc, l'absence de femmes dans les métiers d'avenir,
02:36si on n'occupe pas une place aujourd'hui
02:39et qu'on ne stimule pas,
02:40qu'on n'ouvre pas le champ des possibles aux jeunes filles,
02:42on se rend bien compte effectivement
02:43que nous ne faisons déjà pas partie
02:46de cette quatrième révolution industrielle
02:47et ce sera encore moins le cas dans les années qui viennent.
02:50Donc, c'est un enjeu majeur pour la France et pour l'Europe.
02:52Comment vous êtes devenue UX designer ?
02:55Eh bien, c'est une reconversion professionnelle.
02:58Avant ça, j'ai été styliste pendant dix ans
03:00et j'ai eu envie d'un nouveau défi.
03:02Et c'est une femme qui m'a parlé de l'UX design
03:05et qui m'a encouragée à reprendre mes études
03:07et à retourner et à aller dans ce secteur.
03:10Et du coup, j'ai décidé de repartir à l'école,
03:12de me reformer.
03:13Et j'ai travaillé dans diverses entreprises
03:15pour être chez Ave.
03:18Et chez Ave, on a beaucoup de chance.
03:20Il y a beaucoup de femmes ?
03:20Il y a beaucoup de femmes.
03:21On est 50% de femmes.
03:22Et pas seulement dans l'administratif.
03:25À titre personnel, dans mon équipe,
03:26on est sur cinq personnes,
03:28on est trois femmes.
03:29C'est une volonté des dirigeants ou dirigeantes,
03:34d'ailleurs, de l'entreprise.
03:36Ils ont été proactifs pour arriver à cette parité ?
03:39Je pense qu'ils ont été proactifs,
03:40surtout dans le sens à laisser la chance à tout le monde
03:44et à justement pouvoir encourager ça.
03:47Moi, dès les entretiens,
03:49on m'a mis très à l'aise sur le fait
03:50que je pouvais parler, m'exprimer en tant que femme.
03:53Et je pense que c'est très important
03:55de laisser sa chance à tout le monde
03:57parce qu'il y a d'excellents profils.
03:59Évidemment, on n'en doute pas.
04:01Allez-y.
04:02Non, c'est un très bon exemple.
04:03Ève est un très bon exemple.
04:05C'est intéressant de regarder ce qu'ils font
04:06parce qu'ils utilisent l'intelligence artificielle.
04:08Donc, c'est une entreprise extrêmement innovante.
04:11Et en fait, ils ont des politiques volontaristes.
04:13Donc, ils sont complètement axés diversité.
04:16Et c'est vrai que c'est un très bon exemple
04:19en termes de parité pour une entreprise de la tech,
04:21une jeune entreprise de la tech.
04:23Qu'est-ce que vous, vous attendez des entreprises aujourd'hui ?
04:25Parce qu'il peut y avoir,
04:27pas partout évidemment,
04:28il ne faut pas faire d'amalgame
04:29mais des réductions des budgets
04:32qui sont accordés justement
04:33aux enjeux de diversité
04:34ou aux enjeux d'inclusion.
04:36Alors, c'est un très bon point que vous soulignez
04:38parce qu'on est dans un virage,
04:41j'ai envie de le dire comme ça.
04:43On a un vent outre-Atlantique
04:45qui souffle très fort sur l'Europe
04:47où il n'est plus la diversité,
04:50l'inclusion ne sont plus du tout une priorité.
04:52Et donc, on voit bien que ça change drastiquement
04:56les politiques des entreprises,
04:59y compris françaises.
05:01Pour se conformer à la pression américaine,
05:04ce sont des entreprises qui font du business
05:05avec les Etats-Unis notamment ?
05:05Oui, absolument, il y a une influence américaine.
05:08C'est aussi des entreprises françaises
05:10qui se disent
05:10« c'est peut-être plus nécessaire aujourd'hui »
05:13alors qu'on voit bien que c'est plus que nécessaire.
05:15Deux tiers des emplois à horizon 2030
05:17auront une composante STEM.
05:20Et les femmes ne sont que 21% aujourd'hui.
05:23Et si rien ne change,
05:24ça veut dire que 80% des femmes
05:27vont être exclues des emplois d'avenir
05:30à horizon 5-10 ans.
05:32Donc, on ne peut pas continuer comme ça.
05:33Effectivement, ce qu'on constate,
05:35c'est que les entreprises aujourd'hui
05:37ne priorisent plus
05:39et donc il n'y a plus de budget.
05:40Et on voit un certain nombre d'associations
05:41qui sont en train de mourir actuellement
05:44sous le poids, en fait,
05:47de cette influence.
05:50Donc, c'est un vrai problème.
05:51Je vais vous poser la même question
05:52à toutes les deux sur les freins.
05:55Alors, peut-être les freins que vous
05:56ou des collègues ont pu ressentir.
05:58Il y a des freins culturels,
06:00des freins éducatifs.
06:01Comment vous l'expliquez ?
06:02Si on veut chercher à les lever
06:04le plus vite possible.
06:05Je pense qu'il y a quand même
06:06un frein au niveau de la formation.
06:08Il y a beaucoup de personnes
06:09qui vont avoir du mal
06:11à trouver des formations
06:12qui sont adéquates.
06:14Mais je pense que s'il y a
06:15un manque de représentation,
06:17et je pense que c'est important,
06:18le travail d'Angélique
06:19qui participe grandement,
06:21à montrer que c'est possible
06:22pour les femmes d'être dans la tech
06:23et de pouvoir prendre ses places.
06:26Il faut des rôles modèles ?
06:27Évidemment.
06:28Après, je vois qu'aujourd'hui,
06:30même si évidemment les femmes,
06:31c'est difficile pour elles,
06:33il y a quand même
06:34une petite lueur d'espoir.
06:36J'ai ma filleule, par exemple,
06:37qui est au collège
06:37et qui a des cours de code.
06:39Donc, c'est sûr que
06:40depuis toute jeune,
06:41on t'incite à apprendre
06:44ces choses-là.
06:44C'est plus facile
06:45de pouvoir t'imaginer là-dedans.
06:47Moi, quand j'ai fait mes études,
06:48l'UX Design,
06:49ça n'existait pas.
06:50Donc, c'est des parcours
06:51de reconversion,
06:53des parcours un peu différents
06:54et atypiques
06:55qui sont mis en valeur
06:56chez AVE.
06:56On a beaucoup de chance,
06:57mais qui doivent être mis en valeur
06:59au-delà de AVE
06:59dans d'autres entreprises.
07:01Donc, l'importance de l'éducation
07:02peut peut-être insister ?
07:03Oui, c'est majeur
07:05et il faudrait qu'on puisse
07:06réformer, effectivement,
07:08les politiques éducatives
07:09pour aller détruire
07:12les biais à la racine.
07:14Les stéréotypes de genre
07:15sont extrêmement importants.
07:16Ils sont encore présents ?
07:17Ils sont extrêmement présents.
07:19On le voit bien
07:19dans l'orientation des filles.
07:20Consciemment ou inconsciemment,
07:21parfois.
07:21Oui, c'est maladroit.
07:23Même dans l'éducation,
07:24les parents,
07:24on est responsabilité à jouer.
07:26C'est un conditionnement séculaire.
07:28On essaye de bien faire
07:29quand on est parent,
07:30évidemment,
07:31mais on reproduit
07:33l'éducation
07:34très souvent
07:34que l'on a reçue.
07:35Moi, je suis maman
07:36et très souvent,
07:36je me suis tapée sur la main
07:37en me disant
07:38« Mais toi, t'es féministe,
07:39comment tu peux interdire ça
07:40à ta fille ? »
07:41Comment tu viens de dire ça ?
07:42Mais bien sûr,
07:42comment c'est possible ?
07:43Et donc, c'est pareil
07:44pour les papas.
07:45C'est beaucoup de maladresse
07:47et c'est vrai
07:47qu'il faut effectivement
07:48déconstruire à la racine.
07:50Il faut montrer
07:51que la mixité,
07:53c'est stratégique.
07:54On le sait,
07:54vous citiez McKinsey.
07:55McKinsey a également
07:56publié Instat
07:57qui dit que 24%,
07:59que quand on a
08:00des équipes en fait mixtes,
08:02on surperforme
08:03de 24%
08:04par rapport
08:04à des non mixtes.
08:05Oui, d'ailleurs,
08:05il y a ce chiffre
08:06qui nous dit
08:07que le manque de mixité
08:08dans ces secteurs stratégiques,
08:09ça serait une perte.
08:10On parle d'économie,
08:11de 12 milliards d'euros
08:12de richesse potentielle
08:13chaque année.
08:14C'est ce que vous disiez
08:14tout à l'heure.
08:14Il y a un enjeu économique
08:18et stratégique
08:19majeur.
08:21Je voudrais qu'on termine
08:22sur,
08:23il nous reste un peu de temps
08:24quand même,
08:24sur la question
08:25de l'intelligence artificielle
08:26qui est en train
08:27de clairement redéfinir
08:29le monde du travail
08:31qui peut aussi
08:33reproduire des biais
08:35de l'intelligence artificielle.
08:36Concrètement,
08:37elle les reproduit.
08:38Déjà.
08:39Elle les reproduit déjà.
08:39Moi, je travaille au quotidien
08:40avec l'intelligence artificielle.
08:42On forme,
08:43d'ailleurs,
08:43parmi nos actions,
08:44on forme 1 000 femmes
08:45cette année gratuitement
08:46à l'IA,
08:47donc des femmes
08:47qui sont éloignées
08:48du numérique
08:49ou en reconversion.
08:51Si vous prenez
08:52la Harvard Business Review
08:56qui a été la stade
08:58de l'année dernière,
08:5945% des algorithmes
09:01IA sont biaisés.
09:04Donc, il y a la question
09:05du genre,
09:06il y a la question
09:06des origines.
09:08Donc, c'est un vrai problème.
09:09Moi, qui l'utilise
09:10au quotidien,
09:11j'ai codé directement
09:12toutes mes IA.
09:14Donc, j'ai vraiment
09:15mes promptes par sujet.
09:16Elle n'a toujours pas compris
09:17que j'étais une femme.
09:18Donc, je suis ravie,
09:19c'est I.
09:20Et régulièrement,
09:21je suis obligée
09:22de corriger.
09:23Donc, j'ai pris l'habitude
09:24de corriger.
09:25Et j'ai beau redire les choses,
09:27maman,
09:28trois enfants,
09:28etc.,
09:29ça ne passe pas.
09:30Donc, on voit qu'effectivement,
09:31c'est très entier.
09:31C'est aussi intelligent,
09:32une IA, en fait.
09:33Il ne faut jamais oublier ça.
09:35Du moins,
09:36elle est plus intelligente
09:38que nous à date.
09:39Mais effectivement,
09:40elle est extrêmement biaisée.
09:41Elle est le reflet
09:42de notre société.
09:43Elle est notre miroir.
09:44Elle ne fait que digérer
09:45et répéter
09:46ce que des cerveaux humains
09:47ont mis en place.
09:48Voilà, exactement.
09:49Et c'est la raison
09:50pour laquelle il faut
09:51une plus grande représentation.
09:53Notamment,
09:53il y a 8% de femmes
09:55qui codent des algos
09:57en France.
09:58Donc, on a besoin,
09:59effectivement,
10:00d'avoir cette mixité
10:01de façon à ce que tout le monde
10:02puisse être représenté
10:03et qu'il y ait de moins en moins
10:04de biais.
10:05Donc, c'est important
10:06de dire aux jeunes filles
10:07qu'elles ont une place
10:07à prendre dans ces métiers,
10:09que ce sont des métiers d'avenir,
10:10qu'elles vont bien gagner leur vie
10:12et que, dans les STEM,
10:13elles vont aussi pouvoir participer
10:15à l'énergie,
10:16la santé numérique,
10:17la cybersécurité,
10:19tous ces sujets.
10:20Il faut donc plus de jeunes femmes
10:22qui codent l'IA générative
10:25d'aujourd'hui et de demain.
10:27Tout à fait.
10:27C'est essentiel
10:28d'avoir des femmes
10:29et même au-delà des femmes,
10:30d'avoir plus de diversité
10:31dans les IA
10:33parce que sinon,
10:34on va se retrouver,
10:35comme l'expliquait Angélique,
10:36avec des produits
10:36qui sont biaisés
10:37et ce n'est pas possible
10:38parce que l'IA,
10:39c'est l'avenir
10:40et on s'en sert tous.
10:41Donc, il faut aller
10:42et tendre vers ça.
10:43Je pense que c'est très important.
10:45Et le futur se code,
10:46se pense
10:47et s'invente aujourd'hui.
10:48Donc, c'est vraiment maintenant
10:50qu'il faut aller.
10:51Dernier mot,
10:51parce que je voulais en parler.
10:52Vous avez mis en place
10:52avec Women in STEM Europe
10:54un tour de France
10:55de l'inclusion.
10:57C'est quoi le principe ?
10:59En fait, le constat,
11:00c'est que les événements
11:01sont souvent très parisiens.
11:03Avec Léna Touchard
11:05qui est directrice générale
11:07de Women in STEM Europe,
11:08on est très opérationnel.
11:09Et donc, on s'est dit,
11:10il faut aller dans les territoires,
11:12rencontrer les jeunes filles,
11:13les institutionnels,
11:14les entreprises privées.
11:15Et donc, on a ce tour de France
11:18aujourd'hui.
11:19On a déjà fait
11:20plusieurs grandes villes de France.
11:22On passe systématiquement
11:23trois jours.
11:24On va dans les collèges,
11:25dans les lycées,
11:25dans les prépas,
11:26dans les IUT.
11:27On rencontre, en fait,
11:28les associations locales.
11:30On essaye également
11:31d'apporter une aide.
11:32On fait un énorme event
11:33où on fait venir
11:34des speakers féminines
11:36aujourd'hui
11:36de différents secteurs
11:38des STEM
11:39pour montrer
11:40que ces femmes existent.
11:42Et puis,
11:43on fait des interviews.
11:44on a un média intergénérationnel
11:47également
11:47où on met en lumière
11:48ces femmes
11:49qui font déjà avancer
11:51la tech,
11:51la recherche
11:51et les sciences.
11:53Notamment,
11:54sur la base du constat,
11:55on ne peut pas rêver
11:56de devenir
11:57ce que l'on ne voit pas.
11:58Et donc,
11:59nous les révélons.
12:00Merci beaucoup
12:01à toutes les deux
12:02et à bientôt,
12:03j'espère,
12:03sur Bsmart for Change.
12:05C'est l'heure
12:05du grand entretien
12:06de ce Smart Impact.
12:07On va être au cœur
12:08des enjeux
12:09du secteur de l'immobilier
12:11avec le président
12:12de La Forêt France.
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