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  • il y a 14 heures
Le salaire moyen des femmes est inférieur de 22,2 % à celui des hommes. Depuis 1995, cet écart s’est réduit d’environ un tiers. Nous semblons sur la bonne voie, mais des efforts restent à fournir. Mercedes Erra, la fondatrice de BETC nous présente ses engagements en faveur de l’égalité salariale.

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Transcription
00:00Smart Trends consacrée à l'égalité salariale femmes-hommes.
00:08Qui de mieux pour en parler que Mercedes-Era ? Bonjour.
00:10Bonjour.
00:10Heureux de vous accueillir de nouveau dans nos émissions sur Bsmart.
00:14Vous êtes l'une des fondatrices de BETC, première agence française de publicité,
00:19présidente du conseil de surveillance du groupe BETC.
00:22L'égalité salariale femmes-hommes, est-ce qu'on a déjà pas mal partagé lors d'autres interviews ?
00:27Vous diriez que c'est le combat ou l'un de vos combats de toujours ?
00:31C'est un de mes combats de toujours, mais c'est pas le combat le plus essentiel pour moi
00:35parce qu'en fait il y a une agglomération de sujets autour des femmes.
00:39Mon combat important c'est celui de la vraie égalité.
00:43Et là je pense qu'on est loin.
00:45Donc le salaire fait partie de cette égalité, mais pas que.
00:48La position des femmes, le partage dans la vie professionnelle de l'égalité avec les hommes,
00:57pour tout ce qui concerne la vie de la maison, la vie avec les enfants, il y a plein de choses.
01:03Parce que les deux sont liés en fait, quand il n'y a pas d'égalité à la maison,
01:08finalement c'est plus compliqué aussi pour les femmes professionnellement.
01:12En fait la vérité c'est qu'il y a beaucoup de choses qui nous bloquent, qui bloquent les femmes,
01:17qui ne sont pas toujours extérieures aux femmes.
01:20Parfois c'est dans la tête des femmes.
01:21Ça peut arriver aussi.
01:22Et ça arrive très souvent parce qu'on hérite quand même d'une culture qui est une culture millénaire.
01:29Donc on ne va pas faire semblant à une culture millénaire.
01:32Même moi je suis soumise à cette culture millénaire et je fais beaucoup trop de choses à la maison.
01:37Donc en fait moi j'ai travaillé deux fois plus que Maurice Lévy dans la vie.
01:41Parce que lui il avait, en gros quand il rentrait chez lui, tout le monde l'admirait et il ne faisait rien.
01:46Moi je faisais beaucoup de choses.
01:48Et c'était ce qui était le plus fatigant.
01:50Et c'est ce qui est le plus fatigant.
01:52Et donc ça a forcément des conséquences ensuite sur la vie professionnelle.
01:54Bien sûr, ça a des énormes conséquences.
01:56Parce que ça veut dire que un, il faut que les femmes s'autorisent l'ambition,
02:01qu'elles n'aient pas peur avec cette ambition de mettre en cause leur équilibre familial
02:07si elles pensent qu'elles vont détruire leur vie de famille parce qu'elles vont grimper ou je ne sais pas trop quoi.
02:15Ça, ça ne passe jamais dans la tête d'un homme.
02:17Et d'ailleurs, quand on dit bouger et aller vers l'égalité, on dit bouger aussi les hommes.
02:24Parce que ça va être quand même intéressant qu'on pose qu'aux femmes la question
02:29et qu'est-ce que vous allez faire quand vous allez avoir des enfants ?
02:32Mais moi je veux qu'on la pose aux garçons, qu'est-ce que vous allez faire ?
02:35Donc les enjeux d'égalité, c'est des enjeux lourds.
02:38Donc au-delà de cet enjeu de salaire, il y a le partage des tâches.
02:43Il y a comment est-ce qu'on leur crée l'ambition possible
02:46pour qu'à tous les niveaux des différents jobs, elles soient là
02:53et qu'elles ne soient pas là juste en bas, mais qu'elles montent.
02:57Et si on regarde profondément, il y a l'inégalité salariale.
03:01Mais regardez le CAC 40, regardez les patronnes.
03:04Il n'y a pas beaucoup de plateformes dans le CAC 40, mais ça c'est sûr.
03:07Donc on fait la fête chaque fois qu'il y en a une.
03:08Enfin bon, le jour où on arrêtera de faire la fête, ça sera une bonne nouvelle, je pense.
03:12Non, on n'a jamais passé les cinq goûts d'une main, par exemple.
03:14Bien sûr, et en plus, à chaque fois, on me dit « Ah, c'est formidable, non ? »
03:19Non, mais non, ce n'est pas formidable.
03:21Après, il y a une ambiance générale qui ne va pas dans le sens des femmes aujourd'hui,
03:25parce que ce qui nous arrive dans le monde est grave.
03:27Donc, qu'on est Poutine d'un côté où l'état de masculinité est grave,
03:33que Trump, qui est quand même...
03:35Oui, c'est la caricature du mal alpha à la tête de les plus grandes puissances du monde.
03:39Bien sûr, et nous, moi j'ai une vraie angoisse,
03:43parce que dans les trends de jeunes, on voit monter cette masculinité,
03:47on voit monter la violence à l'égard des femmes.
03:49Donc, je pense que c'est une période où il faut faire très attention.
03:54Pour moi, l'égalité femmes-hommes, ce n'est pas un sujet à côté,
03:58c'est un sujet fondamentalement qui pourrait changer le monde,
04:01et là, il a besoin d'être un peu changé, là,
04:03parce qu'il est en lien aussi avec le respect des droits humains,
04:07le respect de la vie,
04:08donc des choses qui sont lourdement importantes.
04:11Alors, on va quand même prendre un peu de temps pour parler de ce levier
04:13de l'égalité salariale avec ces données.
04:17Si on regarde dans le secteur privé,
04:18le revenu salarial moyen des femmes est inférieur à 20-22% à celui des hommes,
04:23depuis 1995, on va essayer quand même d'être aussi un petit peu positif,
04:27cet écart, il s'est réduit environ d'un tiers.
04:29Donc, ça ne se réduit pas suffisamment vite.
04:32Est-ce que, d'après vous, ces progrès, ils ont été obtenus
04:36parce qu'il y a eu des lois, des quotas dans les instances dirigeantes,
04:39l'index d'égalité professionnelle ?
04:41Est-ce que le levier réglementaire a quand même permis un progrès ?
04:45Alors, moi, je pense qu'il est fondamental.
04:47Je pense qu'il ne faut pas s'amuser, il ne faut pas ruser,
04:50il ne faut pas attendre que ça arrive tout seul.
04:52Naturellement, il ne se passe rien.
04:55Donc, je pense que oui, bien sûr, on a des grandes combattantes.
04:59Moi, j'ai combattu sur les quotas à une époque où toutes les femmes me disaient,
05:03les femmes me disaient, je ne vais pas être une femme quota.
05:05Je leur répondais que les hommes étaient à 100% quotas
05:09et que ça n'avait pas posé un problème et que ce n'était pas grave.
05:13Donc, il fallait rétablir une situation qui durait depuis les mille et des mille
05:17et que c'était normal.
05:19Et ça, ça a mis longtemps.
05:20Maintenant, c'est intégré.
05:21Elles disent ça, c'est mignon d'ailleurs,
05:24leur phrase qui montre un petit peu de culpabilité.
05:28Elles sont formidables, les femmes.
05:29Elles sont tellement gentilles et tellement parfois soumises à une notion de culpabilité.
05:35Elles disent, on en a besoin en ce moment.
05:38Mais on peut, je ne sais pas, moi, chez BETC,
05:40mon problème au recrutement, c'est que j'ai trop de filles et pas assez de garçons.
05:45– Parce que dans le secteur de la communication en général…
05:48– Parce que là, ça paye moins.
05:49Alors, vous savez, les garçons, ils sont malins.
05:51Et je trouve qu'il y a des choses qu'il faut qu'on prenne aux garçons.
05:55Il faut être maligne aussi.
05:56Mais du coup, moi, j'ai besoin de garçons.
05:59Donc, j'ai des quotas en faveur des garçons.
06:02– Vous avez des quotas à verser ?
06:03– Bien sûr, bien sûr.
06:04Donc, je pense qu'il faut arrêter les dramaturgies.
06:06C'est bien d'avoir des sociétés équilibrées.
06:09C'est bien de choisir à des moments donnés.
06:11Moi, je crois tellement à la mixité.
06:13Je pense que le fait d'avoir des filles et des garçons à l'équilibre chez BETC,
06:18ça fait une partie du succès de BETC.
06:20Donc, de mon agence de communication.
06:22– Oui, bien sûr.
06:24La question du plafond de verre, c'est à la fois…
06:27Ça peut sembler un cliché, mais en même temps, c'est une réalité.
06:30Sans doute pas chez BETC.
06:31Mais pourquoi, plus on monte dans une entreprise,
06:34moins on trouve de femmes ?
06:35Est-ce que c'est parce qu'on a le retard initial qu'on n'arrive pas à rattraper ?
06:38Est-ce que c'est parce qu'il faut plus de femmes à un poste
06:42hautement hiérarchique qui va être proactif en la matière ?
06:46Comment vous l'expliquez ?
06:46– En fait, il y a énormément de raisons.
06:48C'est exactement ce que je vous disais auparavant.
06:51La raison de…
06:52Si vous ne rééquilibrez pas les familles,
06:55vous n'arriverez pas à résoudre ce problème.
06:58Donc, c'est pour ça d'ailleurs que…
07:00– Pourquoi ? Pardon, si j'interromps.
07:01Parce que plus on monte dans la hiérarchie,
07:02plus on doit avoir de temps à consacrer à l'entreprise.
07:04– Bien sûr, quand même.
07:05Il n'y a pas de miracle.
07:06On n'est pas patrons comme ça.
07:08Moi, je veux bien.
07:09Mais les responsabilités et l'argent,
07:12il faut quand même qu'on les mérite un peu.
07:15Enfin, ça serait bien.
07:17Donc, il y a une pression.
07:19Et la pression, elle l'a déjà très fortement.
07:22Et la double pression, elle est très, très lourde.
07:25Donc, je vais vous donner un exemple.
07:27Chez nous, BETC, on est empathique, on est sympa, tout ce que vous voulez.
07:31Mais les filles, elles ont au même âge 10 points de stress de plus que les hommes.
07:35Et ce n'est pas moi qui leur apporte le stress.
07:38Ça se passe à l'extérieur.
07:39Donc, c'est parce qu'elles arrivent avec des listes.
07:42Donc, on me dit, les hommes ont évolué.
07:44Oui, un peu quand même.
07:45Il ne faut pas que j'agérais.
07:46Maintenant, ils poussent un landau avec bonheur.
07:49Donc, voilà.
07:49Mais la vérité des partages des tâches n'est pas vraiment réelle.
07:54Et surtout, on parle de charge mentale.
07:56On parle de cette célèbre face qui consiste à ce que l'homme, même le mien, me dise
08:01« Comment je peux t'aider ? »
08:03Mais pourquoi moi ?
08:04Aider quoi ?
08:05Tu aides la famille, tu fais…
08:07Voilà.
08:08Donc, il y a une telle différence en termes de charge que c'est difficile.
08:12Donc, il faut expliquer que cette charge, elle se partage.
08:16Ça bloque, ça rentre dans des stéréotypes.
08:21Est-ce que je suis vraiment une maman suffisamment ?
08:24Ça fait beaucoup de choses.
08:26On vous culpabilise.
08:28Moi, on m'a culpabilisé 150 fois sur mes enfants.
08:31Est-ce que je les aime vraiment ?
08:34Ben oui, je les aime vraiment.
08:35Donc, il y a des tas de choses qui font frein.
08:39Et puis après, il y a les freins qui viennent de l'autre côté.
08:41Les hommes, ils mettent un peu de l'heure, quoi.
08:44Aujourd'hui, on me raconte, très souvent, les hommes me racontent des choses incroyables.
08:47Ils me disent « Oh là là, avec toutes ces lois qui favorisent les femmes ! »
08:50Non mais, je rêve, quoi.
08:52Il y a encore de la marge.
08:54On dirait qu'on leur prend de la place.
08:54Il y a encore de la marge.
08:55Sur le rôle de la publicité, parce que c'est majeur dans une société, la publicité.
09:01Est-ce que la pub, elle fait évoluer, justement, le regard, les rôles modèles des femmes ?
09:08Est-ce qu'on ne continue pas de les cantonner un peu dans certaines catégories ?
09:12À la différence de ce que tout le monde croit, la pub est en avance.
09:15C'est-à-dire que j'ai fait 12 fois des études dans tous les sens.
09:19Parce que quand je vais quelque part, on parle toujours de la pub.
09:22C'est la pub qui...
09:23Ah non, la pub, elle est plutôt un peu en avance.
09:26Mais pourquoi pas pour faire du bien aux femmes ?
09:28C'est parce que la pub, elle raconte pas exactement la vie réelle.
09:32Si vous voyez, la vie réelle, c'est que c'est elles qui font le ménage.
09:35Eh bien, si je le montre dans la pub, elle s'énerve.
09:38Pourtant, la vraie vie, c'est qu'elles font le ménage.
09:41Qu'est-ce que ça veut dire ?
09:41Ça veut dire que déjà, dans leur tête,
09:44elles trouveraient ça sympa qu'on ne les montre pas uniquement comme ça.
09:47Et donc, on ne le montre plus, ça.
09:49Donc, la pub, elle anticipe...
09:51D'accord, elle est un peu en avance.
09:53Maintenant, on va oublier ça, parce que ça, c'est la pub des marques.
09:56Les marques, elles ont quand même collaboré,
09:58les grands films pour faire avancer les femmes,
10:02elles ont été faites par les marques en corporate
10:03qui ont mis des sous pour expliquer les femmes et la science,
10:08pour expliquer qu'une fille, une petite fille,
10:10ça courait aussi bien qu'un garçon.
10:12Donc, elles ont fait des tas de choses comme ça.
10:14Mais l'État a un rôle.
10:17Moi, ce que je veux, c'est parler à l'État.
10:18C'est-à-dire, tout ce qu'on appelle les freins,
10:21la pub est là pour les lever, pour rentrer dans les familles.
10:24C'est compliqué.
10:25Vous pensez bien qu'un papa et une maman,
10:27ils aiment leur petite fille.
10:29Donc, ce n'est pas eux qui disent,
10:30tu ne feras pas de science.
10:31Un peu quand même.
10:32Mais ils ne s'en rendent pas compte.
10:33Mais sans y penser.
10:35Donc, c'est l'éducation, là, ce dont vous parlez.
10:36Donc, là, la publicité, elle est importante.
10:39L'éducation est clé.
10:40Et il y a beaucoup de choses.
10:41Mais quand vous dites, je me tourne vers l'État.
10:43Je me tourne vers l'État,
10:44parce que c'est des campagnes étatiques qu'il faut faire.
10:46Ah oui, c'est ça. D'accord.
10:47Bien sûr.
10:47Moi, j'ai même proposé de les faire gratuitement.
10:49Donc, ça, c'est interdit pour l'État.
10:52Mais globalement, j'en ai fait beaucoup gratuitement
10:54pour des associations.
10:55Mais vous vous rendez compte,
10:56on peut bien sûr expliquer pourquoi une petite fille,
11:00ça vaut un petit garçon en mathématiques.
11:02Ce qui ferait du bien aux parents et aux enfants.
11:04Parce que même les gamines nous disent
11:06qu'elles sont moins bonnes que les garçons en maths.
11:07Et ce qui ferait du bien aux entreprises derrière,
11:09parce qu'on sait que les entreprises
11:10qui ont de la parité et de la mérité,
11:12elles sont plus efficaces.
11:13Sur l'éducation, ça veut dire qu'on continue aujourd'hui,
11:19sans doute le plus souvent inconsciemment,
11:21de faire perdurer ces biais ?
11:23On n'a pas d'objectifs.
11:25On n'a pas d'objectifs.
11:26Moi, ministre de l'Éducation,
11:28le voilà, ministre de l'Éducation,
11:30je dis, il nous faut tant de filles.
11:33S'il nous faut tant de filles,
11:34on va les avoir.
11:35C'est un objectif.
11:37Nous, dans notre métier,
11:39on apprend à analyser les freins.
11:40Qu'est-ce que vous avez dans la tête qui bloque ?
11:42Par exemple, on s'est aperçu que
11:44dans les écoles non mixtes,
11:46les filles réussissent mieux en maths
11:48que dans les écoles mixtes.
11:49C'est quoi cette histoire ?
11:51Cette histoire, c'est que
11:52dès qu'elles se comparent,
11:54elles ont l'impression qu'elles sont moins bonnes.
11:56Si vous appelez les mathématiques géométrie ou dessin,
12:00elles sont meilleures.
12:01C'est quoi ces histoires ?
12:02Donc, notre métier,
12:04c'est de lever ces faux freins.
12:06Je travaille avec la Fondation du Collège de France.
12:09Fondation du Collège de France.
12:11Elle dit, il n'y a aucune différence
12:13dans la tête d'une petite fille
12:14ou d'un petit garçon,
12:15pour les mathématiques
12:16et pour le reste non plus.
12:18Donc, faisons en sorte de lever des freins
12:20qui sont des freins historiques
12:21et qui vont quand même nous aider
12:24à créer quelque chose
12:26qui s'appelle la vraie égalité.
12:28Merci beaucoup, Mercedes Serra.
12:30Et à très bientôt
12:31sur l'entête de Be Smart for Change.
12:33On va continuer ce Smart Trends
12:35et on va recevoir l'une des portes-paroles des Glorieuses
12:38pour nous expliquer comment elle arrive
12:40à cet écart salarial entre les femmes et les hommes.
12:42et on va recevoir l'une des portes-paroles des femmes.
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