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  • il y a 10 heures
Dix ans après les attentats de 2015 et particulièrement ceux du 13 novembre, Nicolas Lerner, directeur général de la Sécurité Extérieure, est l'invité du grand entretien de Benjamin Duhamel et Florence Paracuellos. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-10-novembre-2025-4585004

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00:00Dans le grand entretien avec Benjamin Duhamel, nous recevons ce matin le patron de la DGSE, il dirige les espions français.
00:07Vous pouvez lui poser des questions au 01 45 24 7000, n'hésitez pas, et sur l'application Radio France.
00:15Bonjour Nicolas Lerner.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'avoir choisi France Inter pour votre toute première interview à la radio depuis votre nomination à la tête de la DGSE l'an dernier.
00:25On a énormément de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:27La menace russe, les ingérences étrangères, les relations entre la France et l'Algérie, l'Iran, votre métier bien sûr qui fascine.
00:36C'est quoi aujourd'hui un espion français ?
00:39Mais d'abord, vous venez ce matin dans un contexte particulier puisqu'on commémore jeudi les 10 ans des attentats du 13 novembre 2015.
00:48Comment est-ce que vous appréhendez cette journée ? Est-ce qu'elle clignote en rouge sur votre calendrier en termes de vigilance ?
00:55Forcément une commémoration comme celle que nous allons vivre, chargée en émotions, charnée en souvenirs, est effectivement une commémoration qui justifie la pleine vigilance des services, des services intérieurs, des services extérieurs.
01:10Donc nous l'abordons avec beaucoup de vigilance.
01:12Est-ce qu'il y a des menaces particulières cette semaine ?
01:13À présent non, mais vous l'avez vu, les autorités judiciaires ont communiqué encore ce week-end, encore la semaine dernière, sur l'arrestation encore récente d'un certain nombre de profils qui fomentaient des projets sur le territoire national.
01:25Donc pas de risque particulier sur les commémorations, mais un contexte général évidemment de très grande vigilance.
01:29Et on va y venir pour tenter de caractériser cette menace, mais simplement Nicolas Lerner, pour ceux qui nous écoutent ce matin, est-ce que la possibilité, comme il y a dix ans, d'un attentat avec plusieurs lieux, je rappelle 132 victimes, un attentat organisé de l'étranger,
01:45est-ce que cette perspective-là est encore quelque chose d'envisageable aujourd'hui ?
01:50Pour tenter de comparer ce qu'était la menace en novembre 2015 à ce qu'elle est aujourd'hui.
01:55La probabilité d'une telle action, telle que vous l'avez indiqué, complexe, impliquant des individus projetés depuis l'étranger, organisés par une centrale agissant à l'étranger, a aujourd'hui considérablement diminué.
02:07Sous l'effet de différents facteurs, l'action évidemment militaire de la coalition à l'encontre de ces groupes terroristes en Syrie, en Irak, le meilleur contrôle aussi de nos frontières extérieures,
02:19le démantèlement des cellules, des bases arrières, des cellules arrières qui interagissaient avec la zone.
02:26Donc ce risque, il a très nettement diminué au profit, vous le savez, d'une menace terroriste qui est aujourd'hui beaucoup plus complexe, beaucoup plus atomisée, nous allons peut-être en parler.
02:33Mais néanmoins, à l'évolution, nous en parlerons peut-être des groupes terroristes, qu'il s'agisse de la Syrie, qu'il s'agisse de l'Afghanistan, qu'il s'agisse de l'Afrique, nous rend évidemment vigilants.
02:42Il est impossible, l'histoire du terrorisme, c'est une histoire de cycle, d'indiquer que cette menace-là, que nous ne serons plus jamais confrontés à cette menace.
02:49Donc elle a diminué, elle reste néanmoins un sujet de suivi permanent de la part des services extérieurs.
02:54Alors précisément, il y a une semaine, le procureur national antiterroriste indiquait ici même que la menace endogène était la principale menace en France.
03:03On parle de ces gens qui se radicalisent sur le territoire français.
03:07Effectivement, on a découvert ce week-end ces trois jeunes françaises arrêtées il y a un mois, suspectées de vouloir préparer un attentat terroriste.
03:14C'est ça qui préoccupe les services le plus aujourd'hui, c'est l'organisation d'un attentat ici en France et pas à l'étranger.
03:23Oui, en effet, cette menace dite endogène est celle qui, depuis maintenant quelques années, est la menace la plus prégnante, la plus préoccupante.
03:31A la faveur, encore une fois, je l'ai indiqué, du travail réalisé à l'étranger contre les groupes terroristes, avec en fait deux profils envisageables.
03:40D'abord des profils d'individus radicalisés qui prolongent dans ce radicalisme religieux un engagement religieux,
03:47avec la thématique derrière, vous le savez, du suivi de nos sortants de prison, des personnes condamnées par exemple.
03:52Et puis un phénomène plus récent, sur lequel le procureur antiterroriste a donné beaucoup de détails, de rajeunissement,
03:59avec, vous le savez, je crois plus de 15 chaque année mis en examen de mineurs en France aujourd'hui.
04:06Des profils qui restent encore aujourd'hui extrêmement sensibles, extrêmement permissifs à la propagande terroriste,
04:11qui malheureusement restent encore aujourd'hui accessibles à ce type de profils.
04:15Nicolas Lerner, parlons effectivement de ces menaces qui viennent de l'étranger, puisque votre mission à la DGSE est de les analyser,
04:21de les contrer. Hier, dans les colonnes de la tribune dimanche, la ministre de la Défense, Catherine Vautrin,
04:25disait la chose suivante, il y a incontestablement une reconstitution des capacités de l'État islamique en Syrie.
04:31Là encore, dix ans après le 13 novembre, alors que le nouveau régime en Syrie, Pierre Aski en parlait il y a quelques instants,
04:38combat l'État islamique, est-ce que Daesh, l'État islamique au Levant, on parlera dans un instant de l'État islamique au Khorasan,
04:44notamment en Afghanistan, est-ce que cet État islamique en Syrie est encore une menace pour la France ?
04:50L'État islamique en Syrie a subi une série de revers très significatifs, après l'intervention notamment de la coalition dans les années 2015 et suivantes.
04:59Donc ces capacités ont été réduites.
05:01Ce à quoi on assiste en effet, depuis le renversement salué par la France de Bachar el-Assad et l'arrivée au pouvoir des nouvelles autorités,
05:09c'est une forme de résurgence liée en fait à un facteur très simple, qui est une plus grande liberté de manœuvre,
05:16liberté de circulation des cellules terroristes liées à l'État islamique en Syrie.
05:21Une fois que j'ai dit ça, ce que nous notons, et Pierre Asli l'a dit à l'instant, je crois que personne, personne n'a intérêt à une Syrie
05:27qui serait désorganisée, qui redeviendrait une terre de chaos.
05:33Nous avons de nouvelles autorités qui sont aujourd'hui déterminées, et nous allons suivre en effet les annonces du président syrien à Washington
05:39à lutter contre cette menace terroriste, appuyée, je le dis, appuyée par des partenaires occidentaux, américains, européens.
05:46Et la France et les services de renseignement français prennent toute leur part à l'appui des nouvelles autorités
05:52pour lutter contre cette menace et lutter contre cette résurgence.
05:55Ça veut dire, Nicolas Lerner, que sur le terrain, les espions que vous dirigez à la DGSE,
06:02quelles actions est-ce que vous portez pour s'assurer précisément que l'État islamique en Syrie ne se revivifie pas ?
06:09C'est une de vos priorités sur le terrain précisément au Levant ?
06:14Ça veut dire très concrètement, vous le savez, que nos armées sont mobilisées en Syrie.
06:18Elles ont ces derniers mois produit et conduit un nombre d'actions.
06:22Ça veut dire aussi que la DGSE interagit en soutien, fourniture de renseignements, fourniture de matériel,
06:29de ses partenaires syriens avec lesquels nous avons en effet réengagé fortement depuis maintenant plusieurs mois.
06:35Alors, autre zone géographique plus à l'est, Nicolas Lerner, il y a l'État islamique au Levant,
06:41l'État islamique au Khorasan, c'est-à-dire une partie de l'Asie centrale, l'Afghanistan.
06:45Votre homologue de la DGSI disait en début d'année que cette organisation la mettait en tête de ses priorités.
06:52Est-ce que c'est une menace particulière et pourquoi ?
06:56Alors, en effet, le suivi de l'État islamique au Khorasan, Afghanistan-Pakistan,
07:00a été l'axe d'action principal des services et du service extérieur que je dirige au cours de ces deux dernières années.
07:07Et l'essentiel des projets qui impliquaient des liens entre des sympathisants de l'État islamique en Europe
07:13et une organisation extérieure impliquaient l'État islamique au Khorasan.
07:17Et vous le savez, au travers notamment de logiques communautaires, ressortissants, centres asiatiques, caucasiens, tchétchènes,
07:23dont on sait que beaucoup de ces communautés sont présentes en France mais aussi en Europe.
07:27Donc ça, en effet, était le groupe qui était le plus menaçant à l'égard de nos intérêts.
07:31Et certains attentats en France, ou des projets d'attentats en France, d'attentats en Europe ou d'attentats,
07:36vous avez notamment, on a tous en tête, l'attaque pour le coup complexe qui s'apparente à celle du 13 novembre au Crocus Hall en Moscou,
07:43impliquait cette organisation terroriste.
07:45Le point aujourd'hui que je veux faire, c'est grâce à l'action des pays dans lesquels les têtes de ces réseaux sont implantées.
07:51Je pense au Pakistan, je pense aussi à l'Afghanistan.
07:54Grâce au soutien là aussi des pays occidentaux et de la France et de la DGSE,
07:59nous estimons aujourd'hui qu'en cette fin d'année 2025, la menace liée à l'ISKP n'est pas aussi élevée
08:05qu'elle a pu être il y a quelques mois, grâce à l'action, encore une fois, de démantèlement des cellules.
08:09Ces derniers mois, 12 responsables cadres de l'ISKP ont été arrêtés par les polices et les services de ces pays-là.
08:15Juste pour être clair, l'ISKP c'est l'État islamique au Khorasan.
08:18L'État islamique au Khorasan, pardon, j'utilise le sigle.
08:20Donc une menace qui reste en effet préoccupante, mais qui grâce à l'action là aussi combinée des services locaux et des services occidentaux est plutôt en diminution.
08:29Est-ce qu'il serait capable, là encore pour tenter de mettre en perspective la façon dont le risque terroriste a évolué en 10 ans ?
08:37Est-ce que cette organisation a la capacité opérationnelle en termes de personnes présentes sur le territoire français d'organiser un attentat terroriste de grande ampleur ?
08:46L'évaluation première du risque n'est pas tellement de projeter, comme l'État islamique l'avait fait en 2015, des opérationnels aguerris, entraînés vers l'Europe,
08:55mais plutôt d'activer une menace, d'activer des sympathisants.
08:58Ce que Laurent Nunez appelle les cellules dormantes, c'est ça ?
09:01Des cellules dormantes, ou même au-delà de cellules, d'individus qui peuvent être des sympathisants de la cause et qui, je le disais tout à l'heure,
09:07sous couvert de liens communautaires, de liens linguistiques, vont être activés, invités à passer à l'acte.
09:12C'est ça la principale menace qu'a posée l'État islamique au Khorassan, qu'elle continue de peser,
09:16malgré, encore une fois, des succès importants à enregistrer ces derniers mois.
09:20Alors, sur la carte du djihadisme mondial, il y a un endroit qui clignote en ce moment, c'est le Mali, c'est l'Afrique de l'Ouest.
09:27Le Jnim, qui est le groupe Al-Qaïda au Sahel, dites, arrêtez-moi si je me trompe,
09:33le Jnim est en cercle en ce moment la capitale malienne Bamako.
09:36On demande aux Français de rentrer. Est-ce que c'est une situation hors de contrôle ?
09:41D'abord, l'Afrique aujourd'hui, lorsqu'on le regarde, et singulièrement le Sahel,
09:46mais on se focalise, nous, sur le Sahel, parce que c'est là que nous avons nos intérêts, y compris historiques.
09:51Mais si l'on regarde aussi l'Afrique centrale, la corne de l'Afrique est aujourd'hui devenue l'épicentre du djihadisme,
09:57à la fois en termes d'action, il n'y a pas une journée sans qu'un attentat terroriste ne soit pas commis,
10:02de victimes, et je pense à ces milliers, dizaines de milliers de victimes civiles de ces pays-là.
10:07Mais je pense aussi au fait qu'un nombre très important de cadres des organisations terroristes
10:12qui avant provenaient de pays arabes, aujourd'hui, sont des cadres africains.
10:17Donc l'Afrique est aujourd'hui l'épicentre du terrorisme et menace directement nos intérêts,
10:22les intérêts français dans la région.
10:24Mais nous avons aussi en mémoire le fait que laisser s'installer des groupes terroristes,
10:28laisser se constituer les sanctuaires, a toujours donné, dans l'histoire récente de nos pays,
10:32ensuite des projets d'attentats projetés.
10:34Donc nous devons forcément être très attentifs.
10:36Et la situation, en effet, est celle d'une dégradation.
10:39Une dégradation lente, mais continue, depuis le départ des troupes françaises à compter de l'année 2020.
10:45Personne ne s'en réjouit.
10:46Et une dégradation, en effet, plus rapide au Mali depuis cet été.
10:50Et cette volonté d'Ugenim d'encercler Bamako avec un objectif politique,
10:54qui est de faire tomber Bamako.
10:55Mais avec juste, là encore pour être concret, la possibilité que le Mali devienne un État en partie contrôlé par des terroristes,
11:02comme c'était le cas en 2013, avec ce risque qui avait d'ailleurs conduit François Hollande à l'époque à intervenir.
11:08Les renseignements que nous avons montrent que l'Ugenim n'est pas nécessairement ni en capacité,
11:12ni à la volonté elle-même, cette organisation de contrôler le pays, de contrôler le Mali,
11:18conscience aussi de ses limites.
11:19En revanche, tout laisse à penser que l'Ugenim souhaite la chute de la junte et souhaite l'installation d'un pouvoir
11:25qui soit en effet favorable à l'installation d'un califat sur toute ou partie du territoire malien.
11:30Qui pourrait s'étendre aussi au-delà des frontières du Mali ?
11:32Évidemment, ce que l'on voit aujourd'hui, c'est une forme de permissivité dans les circulations entre Burkina Faso, Niger et Mali.
11:38Donc beaucoup, beaucoup d'eux.
11:39Et puis par ailleurs, vous le savez, depuis le départ de la France, un modèle de sécurité alternatif,
11:44notamment assuré par les Russes, qui est aujourd'hui très largement en échec.
11:48Alors précisément, on y vient avec un auditeur au standard, c'est Aurélien.
11:53Bonjour, bienvenue Aurélien.
11:55Vous avez une question à poser au patron de la DGSE, allez-y.
11:58Bonjour, tout à fait.
11:59Alors je voulais savoir, selon les informations dont dispose la DGSE pour l'instant,
12:04est-ce qu'on peut craindre une confrontation armée avec la Russie dans les années à venir ?
12:12Merci beaucoup Aurélien.
12:13Et je précise, pour appuyer votre question Aurélien,
12:16ce qu'a dit le nouveau chef d'état-major des armées, Fabien Mandon,
12:19qui a dit qu'il fallait, je cite, se préparer à un choc d'ici trois ou quatre ans avec la Russie.
12:24Est-ce que ça corrobore les informations dont vous disposez ?
12:26Il faut être extrêmement précis.
12:27D'abord, aujourd'hui, la France n'est pas en guerre contre la Russie.
12:31La France n'est pas en guerre contre les autorités russes.
12:34n'est pas en guerre contre le peuple russe.
12:35La France a fait le choix, comme l'ensemble des pays européens,
12:39de soutenir une nation indépendante, l'Ukraine,
12:43attaquée en violation de toutes les règles internationales par la Russie.
12:46Et ce choix-là, de soutenir l'Ukraine, nous a conduits, en effet,
12:50dans une période de confrontation, pour reprendre les termes du président de la République
12:53et de la ministre des Armées, avec la Russie.
12:55Nous sommes aujourd'hui en confrontation, c'est déjà une réalité,
12:58sur un certain nombre de champs inframilitaires.
13:01Je pense évidemment à la question de la menace cyber,
13:03je pense aux enjeux informationnels, je pense aussi à la conduite par la Russie
13:06sur notre propre territoire d'opérations de déstabilisation,
13:10en France ou en Europe.
13:11Donc nous sommes aujourd'hui dans une phase de confrontation.
13:14S'agissant de la suite, d'abord, je suis chef d'un service de renseignement,
13:18je le dis aujourd'hui,
13:19ni la DGSE, ni aucun de ses partenaires européens
13:22n'est en capacité de dire qu'en 2029, qu'en 2030,
13:25la Russie de Vladimir Poutine attaquera tel ou tel parti de l'OTAN.
13:29Personne, aujourd'hui, n'est en capacité de dire cela.
13:32Ce qu'a dit le chef d'état-major des armées,
13:34ce qu'a dit la ministre des Armées hier,
13:36c'est que notre responsabilité est de nous y préparer.
13:40Lorsque nous regardons, nous analysons,
13:42la rhétorique politique, diplomatique de Vladimir Poutine,
13:45de ceux qui l'entourent,
13:46selon lequel la Russie serait peu à peu menacée
13:49par les sortes des démocraties à ses frontières,
13:53selon lesquelles la grandeur de la Russie
13:55passe nécessairement par un contexte d'extension territoriale,
13:58notre responsabilité est de nous y préparer.
14:01Donc ce choc, il n'est pas inéluctable,
14:03cette guerre, elle n'est pas inéluctable.
14:05Notre responsabilité, néanmoins, c'est de nous y préparer.
14:07C'est un scénario, donc, qui est potentiellement crédible
14:11et c'est ce que vous disent vos sources en Russie,
14:13parce qu'on imagine que vous avez des sources en Russie,
14:15même si ça ne doit pas être évident.
14:19Pour votre service, de travailler dans ce pays ?
14:21Nous essayons évidemment de travailler sur la Russie
14:23comme n'importe quel pays ou potentiel porteur de menaces.
14:28Et en effet, ce qui nous remonte,
14:29c'est que le scénario d'une confrontation avec l'OTAN,
14:32avec l'Occident, est un scénario crédible
14:34auquel il nous faut nous préparer.
14:35Scénario crédible, parce que vous citez
14:37les services de renseignement des pays européens,
14:39notamment les services de renseignement allemands.
14:41Je cite de mémoire, je crois que c'était un monsieur
14:43qui s'appelait Bruno Kall, qui disait
14:45Oui, on se prépare très concrètement
14:46à la perspective d'un scénario direct
14:49de confrontation de guerre entre
14:50des pays européens, des pays de l'OTAN
14:53et la Russie.
14:53Vous dites que ce n'est pas inéluctable,
14:54mais c'est un scénario sur lequel vous travaillez.
14:57Absolument.
14:57Vous savez, être patron d'un service de renseignement,
14:59c'est d'abord recueillir du renseignement.
15:02Qu'est-ce qui est aujourd'hui décidé ?
15:04Ce sur quoi travaille la Russie ?
15:05Et puis, en effet, c'est aider nos autorités
15:07à anticiper, à se préparer
15:09à un choc, à une évolution géopolitique.
15:12Et aujourd'hui, nous nous y préparons
15:13dans le champ militaire.
15:14La ministre a rappelé hier...
15:15Mais se préparer, ça veut dire une guerre.
15:17C'est-à-dire, au fond, un scénario
15:18où, par exemple, la Russie
15:19attaquerait d'une manière ou d'une autre
15:21un pays de l'OTAN
15:21et ce qui aboutirait à un conflit
15:24entre les pays de l'OTAN et la Russie.
15:26Se préparer, et vous comprendrez en effet
15:27que je ne rends pas dans le détail
15:28de tous ces scénarios,
15:30c'est en effet anticiper le moment
15:32où la Russie viendrait tester
15:34la solidarité otanienne.
15:36C'est ça.
15:37Mais ce que vous nous dites, c'est que de toute façon,
15:38la Russie, elle est déjà à l'offensive
15:41contre les pays européens,
15:43contre les démocraties.
15:44Comment est-ce que vous qualifiez
15:45la menace russe en ce moment
15:47entre les attaques cyber,
15:48les ingérences, les drones ?
15:50Comment est-ce que vous qualifiez
15:51cette attitude de la Russie ?
15:54La ligne principale de la Russie aujourd'hui,
15:56c'est un, de nous dissuader,
15:58de nous dissuader de soutenir l'Ukraine,
16:00de faire douter les populations
16:02quant au risque associé à un soutien à l'Ukraine.
16:05Et deuxièmement, c'est de nous diviser,
16:07de diviser à la fois l'unité occidentale,
16:10dont je rappelle quand même
16:11combien aurait parié que trois ans et demi,
16:12bientôt quatre ans après le début de la guerre en Ukraine,
16:15l'Europe resterait unie comme elle l'est,
16:17mais de nous diviser aussi
16:18à l'intérieur de nos sociétés.
16:19Nicolas Lerna, on va parler dans un instant
16:21des otages,
16:22ceux qui sont sans liberté conditionnelle en Iran
16:24et ceux qui sont détenus en Algérie,
16:26juste avant sur la question des ingérences russes.
16:28On a vu ce soupçon,
16:30plus que soupçon quasiment avéré,
16:32d'ingérence russe dans des processus électoraux,
16:33notamment en Europe de l'Est.
16:34La France va vivre une séquence électorale
16:37qui va commencer avec les municipales
16:39dans quelques mois,
16:40avec l'élection présidentielle en 2027.
16:42Est-ce que là encore,
16:42vous avez des informations
16:43selon lesquelles la Russie se prépare
16:44à tenter de perturber
16:46la vie démocratique française ?
16:47D'abord, le fait que la Russie
16:48perturbe la vie démocratique française
16:50est déjà une réalité.
16:52Et il ne se passe pas une semaine, 15 jours
16:54sans que Viginum,
16:55qui est l'organe en charge
16:56de veiller à ces ingérences étrangères,
16:58ne mette en évidence une manœuvre complexe,
17:02élaborée, technique,
17:04utilisation de faux comptes,
17:05visant précisément à peser,
17:07à influer sur le débat démocratique français.
17:09Donc, c'est déjà le cas.
17:10Ce à quoi, ce que nous avons constaté,
17:12en effet, vous faisiez référence
17:13à deux élections récentes,
17:14de séries d'élections,
17:15en Roumanie et en Moldavie,
17:17c'est la capacité de ce pays,
17:18de ses services,
17:18de ses entités,
17:19à mettre sur pied
17:21des opérations beaucoup plus complexes,
17:24différentes dimensions,
17:25physiques, cyber, achat de voies.
17:27Aujourd'hui, nous sommes à 3 ou 4 mois
17:30d'une échéance électorale importante,
17:32certes locale, mais très importante,
17:33qui sont les municipales.
17:34Nous n'avons pas encore constaté
17:35ce type d'emprise,
17:37mais en effet, les services
17:38autour de Viginum,
17:40qui est l'instance,
17:40se préparent à ce scénario.
17:42Nicolas Lerner,
17:43on a deux Français,
17:44Cécile Collère et Jacques Paris,
17:45qui étaient retenus depuis plus de 3 ans en Iran,
17:47qui ont été libérés il y a quelques jours,
17:49qui sont en liberté conditionnelle
17:51à l'ambassade de France à Téhéran.
17:53Vous avez forcément œuvré
17:54à leur libération.
17:56Qu'est-ce qu'on peut dire aujourd'hui
17:57de leur sort ?
17:58Est-ce qu'ils sont tirés d'affaires ?
17:59D'abord, beaucoup de soulagement,
18:00et vous me permettrez de partager
18:01ce que notre ambassadeur a dit
18:03sur votre antenne il y a quelques jours.
18:05C'est beaucoup, beaucoup de soulagement
18:06après 3 ans de voir Jacques et Cécile
18:08enfin respirer
18:09et enfin évoluer dans un cadre
18:10qui est celui de l'ambassade
18:11qui est différent de la prison des vides
18:12à Téhéran.
18:13Donc, beaucoup de soulagement.
18:15Néanmoins, nous sommes encore
18:15au milieu du guet.
18:17Vous l'avez rappelé, ils sont aujourd'hui
18:18assignés à résidence.
18:19Ils n'ont pas le droit de quitter
18:20le territoire iranien.
18:21Nous continuons le dialogue
18:23avec les autorités iraniennes.
18:24Un dialogue qui n'a d'ailleurs
18:25jamais cessé ces derniers mois,
18:27même au plus fort de la guerre
18:28des 12 jours, comme on l'appelle,
18:30où beaucoup de pays occidentaux
18:31avaient décidé de quitter Téhéran.
18:32La France est restée.
18:34Et en effet, depuis maintenant
18:35plusieurs mois, la question du sort
18:36de Cécile et Jacques donne lieu
18:38à des discussions extrêmement nombreuses
18:41avec des autorités iraniennes,
18:43avec lesquelles les désaccords
18:44sont évidemment très profonds
18:45sur beaucoup de sujets,
18:46avec lesquels le dialogue
18:47n'a jamais cessé.
18:48Vous comprendrez que tant que Jacques
18:51et Cécile ne sont pas rentrés
18:52en France, le travail ne soit pas
18:53achevé.
18:54Vous comprendrez aussi que ce travail
18:55pour être efficace doit se poursuivre
18:57dans la plus grande discrétion.
18:58Mais la DGSE, effectivement,
19:00a été l'un des principaux
19:00protagonistes pour oeuvrer
19:01à leur libération conditionnelle
19:03sur le sort de l'Algérie.
19:05Deux détenus, deux otages d'État,
19:07Boalem Sansal, l'écrivain
19:08et le journaliste Christophe Glez.
19:10Là encore, c'est un des dossiers
19:11sur lesquels vous travaillez au quotidien.
19:12Compte tenu de la dégradation
19:14des relations entre la France
19:15et l'Algérie,
19:16est-ce qu'on peut quand même,
19:17Nicolas Lerner, espérer
19:18avoir des bonnes nouvelles
19:20les concernant
19:21à relativement court terme ?
19:23Il faut évidemment l'espérer.
19:25Et vous le savez là aussi
19:26que tout est mis en oeuvre
19:27par différents canaux
19:29pour aboutir à la libération
19:30de nos deux compatriotes.
19:32La France et l'Algérie
19:33ont vécu ces derniers mois
19:34une crise extrêmement grave.
19:36Peut-être la crise la plus grave
19:37depuis l'indépendance de l'Algérie.
19:39Les canaux là aussi
19:41n'ont jamais été coupés
19:42et le service et la DGSE
19:44a pris tout son poids
19:45pour maintenir un canal
19:46qui était dans l'intérêt de la France
19:47à la fois au plan politique
19:49et diplomatique
19:50mais aussi au plan sécuritaire.
19:52On parle de lutte antiterroriste.
19:53C'est-à-dire que même
19:54sur la lutte antiterroriste,
19:55malgré la dégradation
19:57des relations entre la France
19:58et l'Algérie,
19:58vous continuez,
19:59les services continuent de travailler ?
20:00Nous sommes aujourd'hui,
20:01nous avons atteint
20:02un point extrêmement bas
20:04de coopération opérationnelle
20:05en matière antiterroriste.
20:06Néanmoins, j'ose croire
20:07que grâce aux canaux
20:08que nous avons préservés
20:09si les services algériens
20:11étaient en capacité
20:11de détecter une menace
20:12sur le territoire national,
20:13en effet,
20:14qu'ils l'auraient signalé.
20:16Donc aujourd'hui,
20:17nous avons des signaux
20:18qui viennent de la partie algérienne
20:19sur une volonté
20:20de reprise du dialogue.
20:21La France y est prête,
20:22la France y a toujours été prête,
20:23elle est prête à ses conditions
20:24et elle est prête en effet
20:26en rappelant ce que sont
20:27ces exigences
20:28et notamment la libération
20:28de nos deux compatriotes.
20:29C'est important
20:30ce que vous dites ce matin.
20:31Vous dites des signaux
20:31qui viennent du pouvoir algérien
20:32qui laissent à penser
20:33qu'il pourrait y avoir
20:34une ouverture.
20:36ces signaux viennent quoi ?
20:37Du fait que le discours politique
20:39a changé vis-à-vis d'Alger ?
20:41Oui, un certain nombre
20:41de signaux,
20:42à la fois public
20:42et non publics,
20:44nous sont parvenus
20:45et la France,
20:46encore une fois,
20:46le président a toujours été clair
20:47et prête à ce dialogue
20:48sans sacrifier
20:49aucune de ses exigences
20:51mais je crois que c'est
20:52l'intérêt d'aucun
20:53des deux pays
20:54de rester dans cette situation
20:57de blocage.
20:57Donc une forme d'optimisme
20:58à Boualem Sansal
20:59et Christophe Gleize
20:59à relativement court terme
21:01pour espérer leur libération.
21:02En tout cas,
21:03nous y travaillons tous
21:04ardemment.
21:05Nicolas Lerner,
21:06il nous reste quelques minutes
21:07pour parler de votre métier.
21:09Agent secret,
21:10enfin en tout cas,
21:11vous dirigez
21:11les espions,
21:12les agents secrets français.
21:14C'est évidemment fascinant.
21:15Il y a eu un tas
21:16de séries,
21:17enfin surtout
21:17le bureau des légendes
21:18qui nous a beaucoup plu
21:20à tous,
21:21qui est une excellente série.
21:22On pense au film
21:23Les Patriotes.
21:24Est-ce que ce qu'on voit
21:25dans ces séries,
21:27dans ces réalisations,
21:29est-ce que c'est crédible ?
21:30Est-ce que ça ressemble
21:30à ça,
21:31la vie d'espion ?
21:32Oui,
21:32ce sont deux très bons
21:33programmes audiovisuels
21:34ou cinématographiques
21:35que vous avez cités.
21:37À chaque fois que j'interviens,
21:37je fais un peu de publicité
21:38aussi pour certaines.
21:40Donc là,
21:41je citerai aussi
21:41une série américaine
21:42qui s'appelle
21:42The Americans
21:44sur la vie
21:45d'un couple d'espions
21:46infiltrés.
21:47Ça aussi,
21:48c'est réaliste.
21:48C'est extrêmement réaliste
21:50et très bien fait
21:51et très haletant.
21:52Moi,
21:52ce que je dis souvent
21:52de ces séries,
21:53c'est que ça dit
21:53beaucoup sur le métier,
21:55qu'évidemment,
21:56le fait qu'un agent
21:58soit en charge
21:59de la totalité
22:00de ces missions
22:01est parfois
22:02nécessairement
22:04scénarisée.
22:06Mais en réalité,
22:06ces séries disent
22:07en effet assez bien
22:08ce que sont la vie
22:09d'une partie importante
22:10des agents
22:11de la DGS aujourd'hui.
22:12On a une question
22:13au standard.
22:14C'est Vanessa.
22:15Bonjour.
22:17Oui,
22:17bonjour à Vanessa.
22:18Je vous remercie
22:19de prendre ma question.
22:20Ma fille de 13 ans
22:21souhaite devenir espionne
22:23et je me demandais
22:25quel est le cursus
22:26vers lequel s'engager
22:27pour devenir espionne
22:29ou espionne en France
22:29et travailler à la DGSE.
22:31Ah, très bien.
22:32Déjà 13 ans
22:32de devenir espionne.
22:33Comment on fait
22:34pour devenir espion ?
22:36D'abord,
22:36il faudra qu'elle patiente
22:37un petit peu
22:37mais en effet,
22:40lorsqu'elle sera majeure.
22:42En réalité,
22:42la réponse que je vais vous faire,
22:43je ne sais pas
22:44si elle vous satisfera,
22:45il n'y a pas
22:45de voie royale
22:46pour devenir espion.
22:47On a à la DGSE
22:48un peu moins d'un quart
22:49de nos agents
22:50qui sont des militaires.
22:51Donc,
22:51on choisit la voie
22:52de service militaire
22:53et qui rejoignent ensuite
22:53la DGSE.
22:54Nous avons un certain nombre
22:55de nos collègues
22:56qui ont choisi
22:56de passer un concours spécifique
22:58ou des concours spécifiques
22:59et qui viennent fonctionner
23:00à la DGSE.
23:01Nous avons une direction technique
23:03qui compte plusieurs milliers
23:04de personnes
23:04qui comptent en leur sein
23:05des contractuels,
23:07des ingénieurs,
23:08des techniciens.
23:08Nous avons des analystes,
23:09nous avons des linguistes.
23:10Donc, en réalité,
23:11si elle veut devenir
23:12et travailler à la DGSE,
23:13il faut qu'elle suive sa passion,
23:14il faut qu'elle développe
23:15ses qualités premières
23:16et ensuite,
23:17je n'ai aucun doute
23:18que le service
23:18sera à les reconnaître.
23:19Juste sur les qualités requises,
23:20évidemment,
23:21la discrétion,
23:22ça va de soi.
23:23C'est quoi un bon espion ?
23:25Alors,
23:25j'utilise souvent
23:26ces qualificatifs.
23:28Il faut être malin.
23:31Il faut être curieux,
23:32curieux du monde,
23:33évidemment,
23:33de l'état du monde,
23:34curieux de l'âme humaine
23:35et puis,
23:36il faut avoir les pieds sur terre
23:37parce que nous évoluons
23:38pour devenir un peu sérieux
23:39dans un monde
23:39où le climat de tension
23:42à l'égard de nos intérêts,
23:44à l'égard de nos services
23:45est extrêmement élevé
23:45et je veux avoir une pensée
23:46pour l'agent de la DGSE
23:47qui est actuellement détenu
23:48depuis trois mois
23:49et nous en parlons tout à l'heure
23:50au Mali.
23:51Donc,
23:51être aujourd'hui un espion
23:52qui travaille à la DGSE,
23:53c'est exposé.
23:54Donc,
23:54il faut avoir les pieds sur terre,
23:55il faut être calme,
23:57serein
23:57et bien dans ses baskets.
23:59Parmi ceux qui,
24:00visiblement,
24:00adorent les espions,
24:01Nicolas Lerner,
24:01il y a le président de la République.
24:03On a appris
24:04dans un livre
24:05repris par un certain nombre
24:06d'informations de presse
24:07qu'Emmanuel Macron
24:07est particulièrement amateur
24:10d'échange
24:10avec vous-même
24:12concernant le monde
24:13des espions.
24:15Vous le briefez régulièrement,
24:17Emmanuel Macron,
24:17sur le sort des agents
24:18de la DGSE
24:19un peu partout dans le monde ?
24:19Oui, bien sûr,
24:20il y a des échanges très réguliers.
24:21La DGSE écrit,
24:22diffuse un certain nombre
24:23de notes quotidiennement.
24:25Mais vous savez,
24:26pour le président de la République
24:27qui est évidemment
24:28en contact
24:29avec beaucoup de ses homologues,
24:30qui est très connecté au monde,
24:32le fait d'avoir
24:32un service de renseignement
24:33qui est capable
24:34de tenter de lui décrypter
24:35le dessous des cartes,
24:37de lui dire exactement
24:38ce que tel ou tel
24:39de ses interlocuteurs
24:40pense réellement
24:41est évidemment
24:42de très grande valeur.
24:44Je voudrais revenir avec vous
24:44sur vos métiers
24:45qui sont divers et variés.
24:48mais ce sont des métiers
24:50un peu parfois austères,
24:52parfois dangereux.
24:53Pour autant,
24:54est-ce qu'il y a beaucoup de candidats ?
24:55Vous recevez beaucoup de candidatures ?
24:57Alors le chiffre
24:57est assez hallucinant.
25:00Nous avons chaque semaine
25:01entre 700 et 800 candidatures spontanées.
25:04Des semaines où le directeur général
25:06n'intervient pas médiatiquement.
25:07Donc j'anticipais mes équipes
25:08avec un petit peu d'inquiétude
25:10après cette matinale.
25:12Est-ce qu'il y a des postes
25:12à pourvoir alors ?
25:14Oui, alors d'abord
25:14nous avons un site internet,
25:15nous sommes sur LinkedIn,
25:17là aussi,
25:18et donc vous retrouverez
25:19une bonne partie,
25:19pas tous nos postes évidemment,
25:21mais sur LinkedIn.
25:22Donc il y a un formulaire
25:23à remplir avec des...
25:25Vous verrez qu'on ne se fonctionne pas
25:26forcément toujours comme ça
25:28et aussi simplement.
25:29Mais ce que je trouve
25:29très intéressant,
25:30700 à 800 candidatures par an,
25:31ça en dit long aussi
25:33sur le niveau de patriotisme,
25:34de volonté d'engagement
25:35de beaucoup de Français,
25:36notamment des plus jeunes.
25:38C'est nouveau ça ?
25:38Je crois que le contexte international
25:39que j'ai décrit,
25:40la montée des tensions,
25:41la volonté aussi d'être utile
25:42à son pays explique
25:43pour une grande partie
25:44ce phénomène.
25:46Nicolas Lerner,
25:46une dernière question
25:47là encore concrète
25:47que se posent peut-être
25:48certains de nos auditeurs.
25:49Vous êtes sans doute
25:50le mieux placé dans ce pays
25:51pour répondre.
25:52Est-ce qu'il faut se méfier
25:53de notre téléphone ?
25:55Est-ce qu'il y a
25:55des plateformes
25:57de messagerie à éviter
25:58quand on veut rester discret ?
26:02Oui, d'abord,
26:03il faut se méfier
26:03de son téléphone
26:05parce que ça peut être
26:06un outil,
26:08j'ose le terme,
26:09d'avidissement,
26:09mais ça c'est chacun
26:10qui en est juge.
26:12Mais au-delà de ça,
26:13aujourd'hui,
26:13un téléphone,
26:14c'est un espion,
26:15c'est un mouchard
26:15que vous avez dans votre poche.
26:17Il n'y a pas d'application
26:18qui vous garantisse
26:19une confidentialité
26:22à 100% de vos échanges.
26:23Donc, il faut considérer,
26:24c'est ce que nous faisons
26:24au service,
26:25qu'un téléphone,
26:26ce que vous échangez
26:27dans votre téléphone,
26:28les conversations que vous avez,
26:29les messages que vous avez
26:30peuvent être interceptés.
26:31Donc, même les applications
26:32chiffrées, cryptées,
26:34Telegram, Signal ?
26:35Vous savez,
26:35ces applications chiffrent
26:36les messages.
26:37Aujourd'hui,
26:38vous avez un certain nombre
26:39de logiciels,
26:40de solutions,
26:40soit commerciales,
26:41soit étatiques,
26:42qui permettent de capter
26:43ce que vous écrivez
26:44sur votre téléphone
26:45avant que ce soit chiffré.
26:47Donc, aujourd'hui,
26:47il n'y a pas une solution
26:49qui vous prémunisse
26:50à 100% du risque
26:51d'être intercepté et écouté.
26:53Mais vous faites comment,
26:53vous, par exemple ?
26:54Nous avons évidemment
26:55un certain nombre
26:55de solutions maison
26:57qui nous permettent
26:58de réduire le risque.
26:59Et puis,
26:59je vous mentirai
27:00en vous disant
27:00que je n'utilise pas
27:01un certain nombre
27:01de ces applications.
27:02Mais vous dites des choses...
27:04J'ai toujours conscience
27:05que ce que je peux dire
27:05peut être intercepté.
27:07Nicolas Lerner.
27:08C'est rassurant,
27:09nous dit Elisabeth,
27:10de vous entendre parler.
27:11Je vous remercie,
27:12nous dit cette auditrice,
27:13alors que la perspective
27:13de guerre est angoissante.
27:16Merci Nicolas Lerner,
27:17le patron de la DGSE,
27:19d'être venu nous voir
27:20ce matin.
27:21La revue de presse à suivre.
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