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00:00Et place maintenant à l'invité d'au cœur de l'info.
00:03La COP30 des Nations Unies sur le climat se tiendra à Belém en Amazonie brésilienne.
00:07Tout un symbole du 10 au 22 novembre, précédé depuis hier déjà par un sommet des chefs d'État.
00:14191 pays au total, 50 000 participants sont attendus pour cette COP qui doit avancer sur de nombreux fronts.
00:20Réduction des gaz à effet de serre, sortie des énergies fossiles, financement de la transition climatique.
00:25Défie plus que jamais de taille alors que la lutte contre le réchauffement climatique est attaquée de toutes parts.
00:31Et pendant ce temps, les phénomènes météo extrêmes se multiplient avec des dégâts immenses,
00:34notamment dans les pays dits du Sud et des conséquences qui se font ressentir avec intensité sur les plus pauvres.
00:40On en parle ce soir avec Cécile Duflo.
00:42Bonsoir, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:45Directrice générale d'Oxfam France, ancienne dirigeante du parti Europe Écologie-Les Verts, ancienne ministre du Logement
00:50et autrice d'un ouvrage qui vient de sortir, Gagnon, aux éditions Les Petits Matins.
00:55Un appel aux progressistes à se rassembler autour de la sociale écologie pour la présidentielle de 2027.
01:00On y reviendra.
01:02Merci encore d'avoir accepté notre invitation ce soir sur France 24.
01:05On va tout d'abord parler de la COP 30, évidemment, ensemble Cécile Duflo.
01:09Une COP aux objectifs semble-t-il plus réduit que d'habitude ?
01:15Est-ce que c'est lié au contexte international pour le moins défavorable à la lutte contre le réchauffement climatique,
01:20entre l'absence de dirigeants importants du côté des États-Unis et puis les attaques répétées de Donald Trump
01:29qui qualifient le réchauffement climatique de canulars et sans compter aussi les guerres,
01:34notamment la guerre en Ukraine qui, sans doute, monopolisent pas mal de l'attention internationale ?
01:39Vous l'avez dit, on est dans une situation internationale très compliquée.
01:42Que les États-Unis et le dirigeant de ce pays soient sur une telle position obscurantiste en 2025,
01:51c'est même un peu, presque un peu sidérant en fait pour beaucoup d'observateurs.
01:56On a appris à faire avec parce qu'on s'est habitués, mais c'est quand même très compliqué.
02:00Ce qui est important du coup, c'est que l'ensemble des autres chefs d'État,
02:02c'est que la mobilisation générale se fasse sur les débats scientifiques.
02:05C'est l'élément important qui a été dit par le président français.
02:08Les chefs d'État ne sont quand même pas très nombreux à cette COP.
02:11Exactement. Alors ce qui est paradoxal, c'est qu'on va aussi fêter l'anniversaire de la COP de Paris,
02:17donc des dix ans de l'accord de Paris, qui montre quand même un certain nombre de progrès,
02:20qui montre encore tout le chemin qui reste à parcourir.
02:24Là, le climat, il est quand même bien plus morose.
02:27Alors le climat est plus morose, évidemment.
02:29Ce n'est pas comme la COP de Paris.
02:31Et puis surtout, il y a des reculs.
02:33C'est ça qui est le plus étonnant.
02:35C'est-à-dire qu'on était sur un chemin où on pouvait regretter une absence d'avancée.
02:39Mais là, on vit des reculs.
02:40Et l'absence des États-Unis en est un.
02:42Parallèlement, il y a un pays comme le Brésil qui montre aussi une très grande volonté.
02:49Et puis l'idée de lier les questions de biodiversité en insistant sur la thématique de l'Amazone
02:55et sur les peuples autochtones.
02:56Donc il y a vraiment aussi une sorte d'élargissement
02:59après des moments qui étaient des moments quasi exclusivement financiers.
03:02Donc on voit qu'autour de cette question climatique, il y a à la fois des reculs,
03:06ce qu'on peut appeler un backlash,
03:08mais aussi une mobilisation, des avancées,
03:12et en tout cas des paroles fortes d'autres dirigeants.
03:15Donc c'est un peu contrasté.
03:16Ce sera la COP de la mise en œuvre, disons, de ce qui a été décidé lors des précédentes COP ?
03:21Mise en œuvre même des accords de Paris qui ne sont toujours pas...
03:23Alors c'est une COP qui se poursuit, mais c'est vrai qu'il y a une feuille de route qui doit être décidée,
03:28qui nous emmènerait jusqu'en 2035, qui pour l'instant n'est pas très précise,
03:34et en tout cas sur laquelle les pays sont invités à s'engager individuellement.
03:38Tous les pays n'ont pas apporté non plus leur contribution,
03:41c'est-à-dire leurs engagements spécifiques pour leur territoire, exactement.
03:45Donc cette feuille de route, elle reste encore incertaine.
03:47C'est pour ça que la COP est aussi un moment important,
03:50parce que tout le monde est autour de la table, les échanges peuvent avoir lieu,
03:53il peut y avoir une forme d'émulation.
03:56Ce qui est certain en revanche, c'est que là où on est encore très loin du compte,
03:59c'est sur la solidarité, la justice même, avec les pays du Sud.
04:03On va y venir, mais peut-être un dernier mot, du volontarisme affiché du président Lula,
04:08vous l'avez évoqué, donc c'est l'hôte de cette COP.
04:11Il y a quelques jours pourtant, il a quand même donné son autorisation
04:14à une exploitation pétrolière au large de l'embouchure de l'Amazon.
04:18Quel message est-ce que ça envoie aux autres participants ?
04:20Ce qui est paradoxal, c'est qu'en même temps, il y a eu vraiment de grands progrès
04:23de la part du Brésil, avec effectivement ces signaux.
04:27La question des fossiles, c'est une question absolument centrale,
04:30parce qu'on voit bien que les pays qui ont besoin...
04:32Il l'a lui-même redit aujourd'hui.
04:33Oui, oui.
04:34Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal ?
04:35C'est ça, c'est paradoxal.
04:37C'est que c'est aussi une ressource pour des pays qui ont besoin
04:40de lutter contre la pauvreté dans leur pays.
04:42Donc on est dans une situation complexe.
04:44Où il doit y avoir une mobilisation beaucoup plus importante
04:48des pays du Nord, pour accompagner ces pays vers la transition,
04:52pour faire preuve de justice, puisque nous avons une responsabilité
04:56très particulière, évidemment, dans les émissions qui ont été produites
05:03par nos pays et par nos économies depuis tant d'années.
05:06Donc c'est vrai que ces questions-là sont des questions sensibles,
05:09où on peut avoir des avancées d'un côté, des reculs de l'autre,
05:12une mobilisation importante et puis des regrets.
05:15Mais cette question des fossiles, de la taxation, d'une mobilisation sur une taxation internationale,
05:21qui permet de financer aussi l'adaptation, parce qu'il faut absolument parler aussi de cette question,
05:25c'est-à-dire des peuples qui sont aujourd'hui confrontés aux conséquences,
05:28conséquences, dès maintenant, du changement climatique.
05:31Toutes ces questions-là, c'est des questions éminemment politiques,
05:33qui vont quand même avoir un lieu et un moment où elles vont être à l'agenda.
05:39Et vous l'avez dit, dans un contexte international où les questions climatiques
05:43font plutôt l'objet d'un recul, ça va permettre de remettre ce sujet à l'ordre du jour du débat.
05:48Alors, contrairement à la sortie des énergies fossiles,
05:50qui ne figure pas, si je ne me trompe pas, à l'agenda formel de cette COP,
05:54ce qui, là aussi, peut sembler un petit peu bizarre,
05:56la transition juste, elle, est bien à l'agenda formel de la COP ?
06:00Ou comment, donc, allier la transition climatique et l'agenda social ?
06:03C'est l'une des questions les plus importantes pour Oxfam ?
06:06C'est une question absolument centrale pour nous.
06:08C'est-à-dire qu'on est absolument convaincu que si on ne gère pas ces deux questions simultanément,
06:12c'est-à-dire la justice sociale et la transition écologique, en fait, on rate les deux.
06:17Et on le voit bien, vous l'avez dit, sur ces pays du Sud qui ont des ressources,
06:21qui peuvent avoir, évidemment, envie de mobiliser,
06:24alors même que l'Agence internationale de l'énergie a dit qu'il fallait laisser les fossiles dans le sol.
06:29Donc, cette question, elle se résout par la solidarité.
06:32Et on peut encore aller beaucoup plus loin.
06:34Aujourd'hui, une grande partie de nos financements climat se font sous forme de prêts.
06:37La France, d'ailleurs, est en retard par rapport à la moyenne des pays.
06:40On est à près de 92% de prêts.
06:42On doit pouvoir agir différemment.
06:45Et c'est une question centrale aussi à l'échelle de chacun des pays.
06:49Si on veut réussir la poursuite de la baisse de nos émissions
06:53et un modèle qui soit écologiquement soutenable,
06:56il faut, évidemment, mettre de la solidarité.
06:59Mais c'est des exemples très concrets.
07:00Et on a vu, d'ailleurs, que les populations y sont réceptives.
07:03Aujourd'hui, en France, quand on lance le leasing social,
07:05on bloque les places sur quelques heures, voire quelques minutes, tellement il y a de demandes.
07:10Donc, si on gère ce chantier en marchant sur ses deux jambes,
07:15la justice sociale et la transition climatique, on y arrive.
07:19Selon un rapport publié justement par votre organisation Oxfam,
07:22en amont de cette COP, les 1% les plus riches du monde ont consommé plus du double
07:25du budget carbone que la moitié la plus pauvre de l'humanité.
07:30Alors, comment on peut faire payer les 1% pour les dégâts ?
07:33Ce qui est intéressant, c'est que ce débat, il a lieu et on est dans une période budgétaire.
07:37On voit bien que le débat a eu lieu.
07:38Donc, ce n'est pas seulement qu'on peut, c'est qu'on doit.
07:41Et d'ailleurs, Lula, le président du Brésil, a mis à l'agenda cette taxation des plus riches.
07:49C'est quoi les pistes concrètement ?
07:50C'est super profit.
07:51D'abord, et c'est pour ça que la taxe Zucman est intéressante,
07:54c'est de dire qu'il doit y avoir un plancher,
07:56un pourcentage en dessous duquel personne ne peut descendre,
08:00et surtout pas les ultra-riches.
08:01Ensuite, la question du patrimoine, et cet envol du patrimoine des ultra-riches
08:05qui se constate à l'échelle mondiale, c'est dans tous les pays,
08:09y compris des pays dans lesquels la population peut être très pauvre.
08:13Je pense à des pays d'Afrique comme le Nigeria, par exemple.
08:16On doit pouvoir se dire qu'il peut y avoir une fiscalité minimum,
08:20comme on a réussi à le faire sur les entreprises.
08:21Sur quoi ? Sur les billets d'avion ?
08:23Sur les patrimoines.
08:25Bien sûr, il y a d'autres ressources.
08:26Il y a le transport maritime, il y a les billets d'avion.
08:28Il y a plusieurs pistes qui permettent d'avoir cette fiscalité collective
08:31qui permet de financer la transition.
08:32Parce que le but, c'est justement d'essayer à la fois de faire baisser les émissions,
08:37et donc de pouvoir avoir une fiscalité qui contribue à les faire baisser,
08:41et de financer et la transition et l'adaptation.
08:44Quelles sont les principales propositions que vous, Oxfam, allez porter à cette COP ?
08:48C'est justement cette idée d'une transition juste et de faire payer les plus responsables.
08:52Ce sont les pays du Nord et ce sont les plus riches.
08:54Vous l'avez redit, aujourd'hui, les émissions de gaz à effet de serre,
08:57elles sont le fait de très peu de pays, de très peu de personnes.
09:01Et dans ces pays-là, ce sont là aussi les plus riches
09:04qui émettent le plus de gaz à effet de serre.
09:07Ce qui veut dire aussi qu'en agissant sur peu d'acteurs,
09:09on peut aller beaucoup plus vite.
09:11Ça veut dire, par exemple, qu'on peut avoir une fiscalité
09:13qui est indexée sur la dimension climaticide,
09:16par exemple, des actions détenues dans le patrimoine des plus riches.
09:20Ça veut dire qu'on peut avoir une fiscalité sur les entreprises
09:23qui soit aussi indexée sur leur capacité à tenir leur trajectoire de baisse des émissions.
09:29Cette COP devait marquer un peu le grand retour des organisations de la société civile, des ONG.
09:36Après, voilà, plusieurs COP organisées dans des régimes autoritaires.
09:40Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a encore des freins,
09:42disons, aux contributions que la société civile peut faire à ce genre de grands événements ?
09:47Il y a un élément particulier qui est que c'est plus compliqué
09:52d'avoir des badges d'accès à cette COP
09:55parce que le lieu même rend les choses plus compliquées.
09:59Là, vous parlez de Bélème.
10:00Je parle de Bélème, mais ce qui est sûr,
10:01c'est que la place des organisations de la société civile,
10:04ce n'est pas la même que dans les précédentes COP.
10:06Et ça, c'est une bonne nouvelle.
10:08Ce qui est sûr aussi, c'est qu'on a vécu des moments
10:11où la voix de la société civile était bien plus entendue.
10:15Elle est réprimée dans beaucoup de pays.
10:17Quand, par exemple, à Paris, justement, il y a 10 ans ?
10:20Oui, à Paris, il y a 10 ans, à Copenhague, en 2009,
10:24qui est, à mon avis, le moment qu'il lance la mobilisation climat internationale.
10:28Mais là, on va peut-être avoir une forme de ressaisissement collectif face aux enjeux.
10:33Et paradoxalement, l'absence des États-Unis,
10:37la démobilisation de certains dirigeants
10:39peut donner aussi une voix plus forte,
10:41un poids plus fort à l'expression de la société civile.
10:44Vous restez quand même bien optimiste.
10:46Je ne reste pas bien optimiste.
10:47Je pense qu'il faut essayer d'être conscient des faiblesses, des difficultés
10:52et de se dire comment on fait pour trouver une voie de passage.
10:56Parce que la réalité, c'est que le changement climatique,
10:58il est là, sous nos yeux.
11:00Jour après jour, il fait des victimes.
11:02Et on ne peut pas se résoudre et baisser les bras.
11:05L'accord de Paris, justement, qui se donnait pour objectif de limiter la hausse des températures à 2 degrés,
11:11voire à 1,5 degré dans l'idéal, c'était donc il y a 10 ans.
11:14Quel souvenir vous en gardez et quel bilan vous en faites ?
11:18Quel souvenir j'en garde ?
11:19Celui d'un moment qui était très intense et qui était aussi très émouvant.
11:24Et je me souviens très bien du discours de Laurent Fabius après avoir baissé le marteau,
11:30rendant hommage à beaucoup, notamment de militants, d'activistes,
11:35pour certains qui n'avaient pas vu ce résultat, mais qui avaient beaucoup œuvré.
11:39Justement, il avait, je crois, dit à ce moment-là l'importance qu'avait eue la société civile
11:44pour, aux côtés des scientifiques, alerter sur cette réalité.
11:47Et je ne crois pas qu'on en avait conscience à ce point, à ce moment-là.
11:52C'est un point de départ important, c'est-à-dire qu'on regarde quand même
11:56toutes les situations au regard de cet accord.
11:59C'est, je crois, un moment historique dans l'histoire de la lutte contre le changement climatique.
12:05Et c'est celui qui permet de ne pas oublier que la bagarre doit continuer d'être menée,
12:09parce qu'il y a ce point de repère qui est fort.
12:12Et qu'est-ce qui fera de cette COP30 une COP réussie pour vous ?
12:15Qu'est-ce qui fera de cette COP30 une COP réussie ?
12:17Parce qu'on aura des engagements que l'ensemble des pays auront rendus
12:22leur feuille de route individuelle, on en est encore loin.
12:26Parce qu'il y aura des engagements sur le financement,
12:29et surtout sur la mise en œuvre de ces financements.
12:31Et puis peut-être parce qu'on entendra plus fortement,
12:33et c'est peut-être aussi parce que ça a lieu au Brésil,
12:38la voix des pays du Sud, parce que c'est eux qui sont légitimes
12:40pour nous interpeller dans une optique de justice.
12:43– Alors en France maintenant, on va s'attarder un petit peu sur la France,
12:46malgré cette urgence qu'on connaît.
12:49Et depuis février 2024, les enveloppes des investissements verts
12:52destinés à la rénovation des logements notamment,
12:54ou à l'électrification des véhicules, ne cessent de baisser.
12:57Comment vous l'expliquez ?
12:58Comment comprendre que ce ne soit pas…
12:59– C'est désespérant, franchement ça c'est désespérant,
13:02parce qu'on sait qu'il y a trois secteurs qui sont absolument déterminants
13:07pour diminuer nos émissions, c'est le transport, les bâtiments,
13:11et puis l'agriculture, l'alimentation.
13:14Et pour ça, il faut des politiques de long terme.
13:16Et en matière d'isolation des bâtiments,
13:20ce qui est un sujet qui est vraiment, je pense, le plus évident,
13:23il permet de baisser les émissions,
13:25il crée de l'emploi durable, non délocalisable,
13:29et il améliore le confort de vie et le budget des ménages.
13:35Donc vraiment, c'est la politique qui semble la plus facile,
13:38évidente, naturelle à soutenir,
13:40et on ne vit que des à-coups, des avancées, des reculs,
13:42des avancées, des reculs,
13:43qui posent énormément de problèmes aux entreprises,
13:46qui voudraient investir, recruter, former,
13:48qui posent des problèmes aux ménages.
13:50Donc non, j'allais dire que c'est tellement triste et désolant
13:53que je crois qu'il faudra un jour qu'on arrive
13:56à avoir une loi de programmation sur la transition
13:58qui permet de sécuriser, de sanctuariser
14:01ces crédits sur des longues périodes
14:02pour que tout le monde puisse se projeter
14:03et qu'enfin on réussisse à mener ce chantier
14:06qui est le chantier le plus urgent à mener en France.
14:10Pour ce qui est des transports, on l'a vu aussi,
14:12c'est très intéressant,
14:13on a eu des débats pendant des années
14:15sur les Français qui ne voulaient pas des véhicules électriques.
14:17Quand on fait le leasing social,
14:19ça marche au-delà même de ce qu'on est capable de financer.
14:21Et pourtant, investir dans la lutte contre le changement climatique,
14:25c'est faire des économies.
14:26C'est ça qui est encore plus agaçant,
14:28si j'utilise un terme modéré,
14:30c'est que l'inaction climatique va nous coûter
14:33beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher que d'investir.
14:36Ça a été montré à de nombreuses reprises
14:39et notamment on a un rapport,
14:40celui qui avait été fait par Pisaniféry et Maffousse,
14:42qui documente bien cette réalité
14:44et qui d'ailleurs proposait une taxation exceptionnelle
14:47des plus riches pour financer cette transition.
14:50Un mot aussi de l'Europe,
14:53où le pacte vert européen est menacé
14:55notamment par la droite et l'extrême droite majoritaires
14:58au Parlement et qui oeuvre à affaiblir
15:01parfois la portée de l'action européenne
15:03contre le réchauffement climatique.
15:05Là aussi, on s'éloigne de l'objectif
15:07de neutralité carbone d'ici 2050.
15:09Oui, et on affaiblit l'Europe en fait.
15:11On affaiblit l'Europe, on affaiblit ses habitants,
15:13son industrie.
15:14C'est là aussi que c'est une vision
15:16très très court-termiste.
15:17Et idéologique, en fait, la transition est otage
15:20disons des querelles idéologiques.
15:22C'est ça, c'est ce que j'allais vous dire.
15:23C'est que je pense que c'est moins par raison
15:25ou même par rationalité.
15:27On peut avoir des fois des choix économiques différents.
15:30Là, tout le monde sait que l'inaction coûte plus cher.
15:32Mais il y a une sorte de faiblesse,
15:34voire vraiment de médiocrité,
15:37qui consiste à dire que dans un moment troublé,
15:39on va utiliser l'écologie comme un épouvantail
15:43pour des raisons qui sont purement idéologiques.
15:46Et c'est désastreux parce que ceux qui en paieront le prix,
15:48c'est tous les habitants de ce pays,
15:49c'est nos pays, c'est nos économies
15:51et c'est notre qualité de vie, tout simplement.
15:53Et l'écologie, on en a très peu parlé ces derniers mois.
15:56En France, on va parler maintenant
15:57de la crise politique ensemble.
16:00Difficulté extrême, on l'a vu,
16:01durant des mois, à trouver un nouveau Premier ministre,
16:03un nouveau gouvernement.
16:04Et maintenant, cette bataille autour du budget,
16:07votre regard là-dessus ?
16:09D'abord, ce que je veux dire sur le débat autour du budget,
16:12c'est qu'on a un débat très politique,
16:15puisque les sujets qui sont à l'ordre du jour
16:17de ce débat budgétaire,
16:18c'est la taxe Zuckman,
16:20le minimum, j'allais dire,
16:21d'imposition sur les traits au patrimoine,
16:25un débat sur la taxation des super-héritages
16:28et sur ce qu'on appelle le pacte du trait,
16:29qui est quand même un sujet
16:30qui apparaissait comme complètement derrière les radars,
16:33alors que c'est un sujet absolument central,
16:36c'est-à-dire comment on évite
16:37que les super-héritages disparaissent,
16:40en fait, ou plutôt soient blanchis
16:43pour ne pas payer de frais de succession
16:46alors qu'ils devraient le faire.
16:48Et ça, c'est quand même très intéressant,
16:50c'est qu'on voit que le débat politique
16:52autour du budget s'est déplacé,
16:54que les inégalités, maintenant,
16:55sont, j'allais dire,
16:57en fait établies dans notre pays,
16:58et que donc, il y a des outils fiscaux
17:00qui peuvent exister.
17:00Ensuite, je crois que notre démocratie,
17:03la Ve République,
17:04ne sont pas prêts à un fonctionnement
17:06sans majorité évidente à l'Assemblée.
17:08C'est très compliqué.
17:09On le voit bien,
17:10ce qui amène à des situations de blocage.
17:12Et puis, on vit la queue de comète
17:16d'une crise politique
17:17qui est celle d'un président de la République
17:19qui a été élu,
17:21j'allais dire presque à défaut,
17:23face au Rassemblement national
17:25et qui a voulu continuer
17:27à mener sa politique
17:28comme s'il était largement majoritaire,
17:29alors qu'il ne l'était plus.
17:30Donc, on est dans cette situation
17:31qui est une situation très périlleuse
17:33et qui, à mon avis,
17:36plus les jours passent,
17:37plus elle fatigue aussi
17:38l'ensemble de la démocratie.
17:40Donc, on pourrait espérer
17:41que les politiques soient
17:43à la hauteur du moment
17:45et ne jamais désespérer.
17:47Mais là, pour le coup,
17:48mon optimisme est un peu entamé.
17:50Venons-en justement
17:51à votre livre « Gagnons »
17:53avec un point d'exclamation
17:54qui est sorti hier.
17:56Un appel aux progressistes
17:57à se rassembler autour
17:58de la sociale-écologie en 2027.
18:01Un appel à se rassembler derrière vous ?
18:03Alors, c'est un livre
18:04que je n'ai pas écrit
18:04en tant que directrice d'Oxom,
18:06mais à titre personnel
18:07parce que j'ai une vie particulière.
18:08Vous l'avez dit,
18:09j'ai fait de la politique
18:10à haut niveau.
18:10J'ai été ministre
18:11et avant, j'ai travaillé
18:12pendant 10 ans
18:13dans le secteur privé.
18:14Ça fait maintenant
18:14presque 8 ans
18:15que je suis directrice
18:16d'une ONG.
18:17Je vois bien
18:17comment ces trois mondes,
18:19d'ailleurs,
18:19ont à se croiser.
18:21Et ce qui me paraît dramatique,
18:23c'est que j'ai le sentiment
18:24que là,
18:24on baisse un peu les bras.
18:25C'est-à-dire qu'il y a
18:26comme une espèce
18:26de victoire annoncée
18:28de l'extrême droite,
18:29notamment aussi
18:29par l'usage
18:31à leur profit
18:32d'un certain nombre
18:33de médias
18:34mis au service
18:35de cette idéologie
18:36par des milliardaires français.
18:38Et donc,
18:38vous envisagez un retour ?
18:39Donc, ce que je veux dire surtout,
18:41c'est qu'il faut se réveiller.
18:42Et donc, ça vaut pour les politiques.
18:43Ça vaut aussi pour tous mes amis
18:44qui sont dans la société civile
18:46et qui prennent souvent
18:47de la distance
18:47avec la politique.
18:48C'est un peu la règle.
18:50Sauf que,
18:50quand ce qui nous menace,
18:51c'est l'extrême droite,
18:52je pense qu'on doit tous
18:53se réveiller,
18:54se serrer les coudes
18:55et puis ouvrir un horizon.
18:56Et je pense que cet horizon,
18:57c'est la social-écologie.
18:58C'est vous donc l'horizon ?
18:59Justement,
19:00ce que je crois,
19:00très honnêtement,
19:02c'est que l'espèce
19:02de course à l'échalote
19:03qui vise à essayer
19:04de se dire
19:04quelle est la bonne personne,
19:06ça ne marche pas.
19:07Est-ce que vous pensez
19:07que votre personnalité
19:08pourrait être ensemble ?
19:10Et réconcilier justement
19:11la gauche qui est très facteurée aujourd'hui ?
19:12Si je pensais que
19:13je ne sais pas qui
19:13ou je ne sais pas laquelle
19:15ou lequel est la solution,
19:17il y a 72 candidats,
19:18franchement,
19:19même moi,
19:19ça me fatiguerait
19:20qu'on rajoute un nom
19:22et encore plus le mien.
19:23Je pense au contraire
19:24que vu la complexité de l'enjeu,
19:26c'est plutôt une équipe
19:27avec des gens
19:28qui ne sont pas
19:29dans la politique partisane actuelle
19:31et j'ai beaucoup de respect
19:33pour ceux qui ont
19:34cet engagement politique
19:35mais qui sont aussi
19:36un peu épuisés
19:37et prisonniers
19:38du contexte politique
19:39dont on a parlé
19:39et qu'il y a beaucoup de gens
19:40qui viennent des syndicats,
19:42qui viennent des associations,
19:43qui sont dans les entreprises
19:45qui pourraient utilement
19:47apporter un renouvellement
19:49à une histoire nouvelle à écrire.
19:51Est-ce que la France
19:52pourrait être un pays
19:54qui montre la voie
19:55et qui dit
19:55la transition écologique,
19:57juste,
19:58la social-écologie,
19:58on peut le faire ?
19:59Je suis convaincue
20:00que ce pays,
20:00qui est parfois un peu prétentieux,
20:02qui est le mien,
20:02que j'aime affectueusement,
20:04pourrait être capable
20:05justement de s'engager là-dedans
20:06mais qu'il faut
20:07qu'on recrée de l'énergie.
20:08Donc c'est plutôt
20:09une volonté de se réveiller,
20:12de se remotiver
20:13dans un moment
20:13qui, comme vous l'avez dit,
20:14est très compliqué,
20:15notamment au niveau international.
20:16Et on verra donc
20:17si vous en faites partie.
20:18Merci infiniment,
20:19Cécile Duflo,
20:20d'avoir répondu
20:21à nos questions ce soir
20:22dans Au cœur de l'Info.
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