00:00Gaza, c'est là que nous allons aller à présent avec un témoignage, celui d'un docteur qui a recueilli pendant des mois, que dis-je, des années, la parole des Palestiniens plongée dans l'horreur.
00:11Et cet invité, c'est vous, docteur Fadel Adel Afana. Bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être sur le plateau de Parlons-en ce matin. Vous êtes psychiatre, vous êtes Gazaoui, vous venez de Rafa, vous êtes réfugié ici en France depuis décembre 2024.
00:25Vous travaillez notamment à l'hôpital Saint-Anne, ici à Paris, et à l'Institut de recherche l'Inserm.
00:33Vous avez passé, je le disais, toute votre vie, une grande partie de votre vie à Gaza.
00:38Vous avez travaillé en cabinet auprès de Gazaoui, avant la guerre, pendant la guerre, les guerres, devrais-je dire.
00:47Si vous deviez nous expliquer à nous, qui n'avons pas le droit d'entrer à Gaza, comment va la société Gazaoui aujourd'hui ? Que diriez-vous ?
00:55La question de Gaza, c'était une question très compliquée.
00:59Déjà, il y a dix années, je pense que ce n'est pas vraiment commencé à 7 octobre.
01:06La souffrance à Gaza, ça dure pendant dix années.
01:11Et aujourd'hui, on a déjà parlé sur le stress post-traumatique à Gaza.
01:17On a essayé toujours de soigner, d'offrir le soin psychiatrique et psychologique pour les enfants, les adultes, qui souffrent toujours de la siège, de la guerre continue.
01:27Mais après cette guerre-là, c'était une guerre pas comme toutes les guerres qu'on a vécues déjà.
01:35On ne parle plus que sur le stress post-traumatique, parce que le stress post-traumatique, en définition, c'est un événement traumatisé, traumatisant.
01:45Après, les gens pourront développer des réactions physiques et psychologiques.
01:54Mais le cas maintenant, c'est le trauma continu et le trauma compliqué.
01:59Je pense que les gens à Gaza, les populations à Gaza, sont arrivées à l'appoint d'un poissonment.
02:09C'est la fatigue totale.
02:15Surtout après l'annoncement de l'occupe du fou et après la continuation de la bombe d'étournement, c'est vraiment le fatigant.
02:24Le fait que le cessez-le-feu ait été violé à plusieurs reprises depuis le 10 octobre dernier a eu un impact sur une population qui voyait peut-être arriver, j'allais dire le bout du tunnel, mais au moins une académie ?
02:40Oui, tout à fait, parce que c'est le problème bien, le stress post-traumatique.
02:45Après quelques temps, les gens peuvent arriver à la condition de réflexion, de réfléchir sur le pensée, sur l'émission, d'être un petit peu plus relaxés après la fin de la dangerosité, après le soin.
03:04Mais maintenant, on n'arrive pas à arriver à ce moment-là, parce que c'est continu, la souffrance, les bombardements, la guerre.
03:15Voilà ce que je dis, que c'est un traumatisme continuiste, un traumatisme compliqué à soigner.
03:23Est-ce que la médecine a des mots aujourd'hui pour qualifier l'état dans lequel se trouvent les Gazaouis ?
03:30Vous dites qu'on a dépassé le stade du stress post-traumatique, vous évoquez quelque chose que vous qualifiez de la désorganisation de la pensée.
03:40Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:41Tout à fait.
03:41C'est le signe du stress post-traumatique qui touche le stade de l'organisation cognitif, c'est-à-dire de l'organisation de la pensée,
03:58l'apprentissage de l'expérience, de la mauvaise expérience, de la sortie avec des résultats, de faire des actions à l'avenir.
04:08C'est normal, mais maintenant on n'arrive pas à se projeter, parce que ça continue, le souverance, le stress.
04:21C'est la désorganisation totale, cognitive, comportementale, psychologique.
04:28Vous dites qu'on peut peut-être, et encore il faudra que les médecins puissent rentrer, revenir, que les médicaments arrivent,
04:36qu'on peut peut-être soigner individuellement, mais qu'on ne peut pas soigner collectivement.
04:41Ça veut dire quoi ?
04:41Voilà, c'est le point qu'on a souffert pendant des années.
04:44On a essayé toujours de mettre en place le soin individuel pour les gens.
04:50Mais aujourd'hui, je pense que ce ne sera pas la question des soins individuels.
04:56Aujourd'hui, on parle sur le traumatisme collectif, le traumatisme de génération, le traumatisme de la société.
05:06Et ça va prendre plus de tentatives d'intégrer le soin psychologique dans toutes les démarches de l'aide humanitaire.
05:17Ça va prendre de temps, ça va prendre d'offrir le soin psychologique dans le service de santé, le service pédagogique, le service social.
05:31Et surtout, il faut mettre en fin ce cycle de violence, vraiment.
05:37Ça, c'est la première chose qu'on doit penser.
05:40Parce que je pense que pendant toutes les années, tout le monde pense sur la reconstruction de Gaza,
05:49comment on peut arriver à travailler sur la question de la crise à Gaza.
05:57Mais personne ne pense pas à mettre en fin, vraiment, de sortir avec la sélection connue par tout le monde.
06:05La sélection que déjà a parlé, monsieur le président de la France, sur la sélection de Doupaïe,
06:13cette sélection qu'on a parlé, le président pélestinien depuis des années.
06:17Voilà, c'est la sélection reconnue par tout le monde.
06:20Et je pense qu'on doit vraiment commencer par ça et après offrir le soin.
06:25On ne peut pas reconstruire un territoire si on ne reconstruit pas les cœurs et les esprits aussi.
06:31Merci beaucoup d'être venu ce matin sur le plateau de Parlez-en, Fadel Adel Afana.
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