00:01Voilà, vous le savez Gaza, toujours fermé à la presse mondiale, à de rares exceptions près, les journalistes ne sont toujours pas autorisés à entrer dans l'enclave palestinienne.
00:11C'était toutefois le cas hier pour l'une de nos équipes. Notre correspondante en Israël, Noga Tarnopoloski, a pu entrer quelques heures dans Gaza, sous escorte, évidemment toujours de l'armée israélienne.
00:23Bonjour Noga, une visite du territoire très encadré, vous allez nous raconter. Qu'avez-vous pu observer pendant ces deux petites heures que vous avez passées à Gaza ?
00:36Oui, merci. C'était une très rare opportunité, il faut le souligner, parce que même dans ce cadre de, on va les appeler visites guidées, ce qu'on appelle dans le monde journalistique des embeds chez l'armée israélienne,
00:49c'est des opportunités extrêmement rares. Et nous avons pu, très peu voir, nous avons pu entrer plus ou moins cinq minutes dans le territoire de Gaza,
00:59entrant par cette même porte de Nakhalos qui a été en fait invahie par le Hamas le 7 octobre 2023.
01:10Nous avons pu voir qu'une base, la base militaire où on nous a emmenés, et d'une dune de sable qui entoure cette petite base.
01:21Nous avons pu voir un panorama, un paysage de destruction totale et absolue dans tout ce qui est Soudjahia,
01:30tout ce qui était Soudjahia, une immense banlieue de la ville de Gaza.
01:35Je crois avoir vu peut-être deux bâtiments qui restaient debout, deux arbres, ça j'ai compté.
01:42Et nous avons pu voir, par exemple, que cette fameuse ligne jaune, le nouveau paramètre imposé par le cessez-feu de la Maison Blanche,
01:53n'existe pas dans la réalité. C'est-à-dire, il y a une ligne jaune écrite, formulée dans l'accord qui a été écrit par l'administration de Donald Trump,
02:04mais quand on est là-bas, sur place, ça ne se voit pas.
02:08Et même le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, notre guide, le porte-parole de l'armée, n'a pas pu indiquer exactement où c'était.
02:17On a su, en sortant de Gaza, en effet, que deux personnes appelées terroristes par l'armée israélienne ont été abattues par l'armée
02:26pendant que nous étions là, à cause d'avoir croisé cette ligne.
02:31Mais c'est une ligne invisible, c'est une ligne qui n'est pas la même sur tous les plans.
02:37Et c'est une ligne qu'on comprend maintenant, va devenir de plus en plus dangereuse pour les citoyens,
02:43les peu de citoyens qui restent dans le nord de Gaza, ou qui restent tout le long de Gaza, en fait,
02:47à côté, en fait, dans ce limbo entre le territoire qui est toujours géré par le Hamas et le nouveau périmètre de l'armée israélienne.
02:57C'est impossible vraiment de savoir là où on se trouve.
03:00Ça, c'était un des points qui est devenu extrêmement clair, que parlant de cette zone jaune,
03:05ou la ligne jaune, il faut vraiment comprendre que c'est un concept et pas une ligne ferme.
03:11On a aussi pu voir, comme je vous ai dit, des kilomètres et des kilomètres et des kilomètres d'escombres,
03:20d'escombres, de destruction d'un territoire qui n'est plus habitable par des êtres humains.
03:27Alors, Noga, vous nous ramenez de cette séquence des images précieuses,
03:33mais extrêmement courtes, pas de reportages, pas de témoignages, pas d'interviews.
03:38Voilà, on les voit, les images que vous avez filmées à l'aide de vos propres moyens.
03:43Vous allez peut-être nous expliquer les conditions de ce qu'on ne va pas appeler un tournage,
03:47les conditions de cette visite express.
03:53Oui, exactement. Je l'appellerais peut-être un pantomime, c'est-à-dire la situation,
03:59le cadre politique plus grand, c'est que France 24 et des autres médias,
04:05beaucoup de médias qui sont représentés ici par le Foreign Press Association,
04:10nous avons porté plainte contre l'État d'Israël pour nous permettre de faire nos travails dans le territoire de Gaza,
04:16pour nous donner accès.
04:18On sait en même temps que depuis le début de la guerre,
04:21Israël a nié tout accès indépendant à Gaza à tous les journalistes.
04:25Et la seule façon d'entrer, c'est dans ces cadres de visite guidée.
04:31Hier, on s'est mis en gilet antibal, en casque, on s'est tous mis, on était une vingtaine peut-être de journalistes étrangers,
04:40on s'est mis dans un camion non armé, mais un camion de l'armée,
04:43qui nous a pris ces cinq minutes à une base militaire.
04:46On a pu voir cette base indépendamment, on a pu se promener,
04:50mais on n'avait pas le droit de parler avec des soldats et on n'avait évidemment aucun accès à aucun palestinien.
04:58On n'a même pas pu voir aucun palestinien.
05:01On était dans une localité, une pointe qui est tellement distante des centres de la population
05:07que, comme je vous ai dit, la seule chose qu'on voyait, c'était la destruction autour.
05:12Et on craint évidemment, nous tous, les journalistes qui voudrons pouvoir faire nos travails ici,
05:17que cette visite guidée, il y a eu, je crois, il me semble, une autre, il y a une semaine,
05:23pour des autres journalistes, qu'en fait, c'est la façon dont l'armée israélienne
05:28se prépare à expliquer à la Cour suprême d'Israël,
05:32qui va recevoir de nouveau notre appellation dans trois semaines,
05:36qui va leur dire, ben oui, on a donné accès à Gaza aux journalistes.
05:40Mais la réalité, c'est qu'on nous a permis deux heures dans le territoire,
05:45dans une toute petite base de laquelle on ne pouvait pas sortir,
05:49quand on ne pouvait voir aucune personne.
05:52Et le seul accès à l'information, c'était de nouveau le même porte-parole de l'armée,
05:57qui peut nous parler de la même façon des Tel Aviv, par exemple.
06:00Merci beaucoup Noga, en direct de Jérusalem pour France 24,
06:06et donc vos images rares mais précieuses malgré tout.
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