- il y a 1 semaine
Introduire l’art dans les entreprises pour améliorer les conditions de travail des salariés et sensibiliser aux questions environnementales, ce sont les missions de Bail Art Projects et de l’association Artborescences. Ces deux organisations démontrent en quoi l’art peut faire partie des politiques RSE des entreprises.
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00:00C'est le débat de ce Smart Impact, on parle d'art, de culture, comment l'art peut se mettre au service de la transition environnementale et sociétale avec Caroline Wills, bonjour.
00:16Bonjour Thomas.
00:17Bienvenue, vous êtes la directrice commerciale de Buy Art Project et Vincent Lajarich, bonjour, bienvenue à vous aussi, heureux de vous accueillir, vous êtes le président d'Arborescence.
00:27On va commencer par présenter vos organisations respectives, Buy Art Project, c'est quoi ?
00:33Alors nous, notre métier, c'est de faire entrer l'art dans les entreprises, donc de créer des événements artistiques pour les entreprises,
00:40donc que ce soit des expositions temporaires, des expositions qui vont tourner tout au long de l'année, des fresques, des habillages de chantier avec de l'art.
00:53Notre métier, c'est de faire entrer l'art dans les entreprises.
00:55Oui, et on va voir comment art et environnement peuvent être liés.
01:00Arborescence, Vincent Lajarich, c'est quoi ? C'est une association ?
01:02C'est une association, loi 1901, on a été reconnu d'intérêt général cet été, c'est une création récente, il y a un an qu'on a créé l'association,
01:12avec une faute d'orthographe volontaire, c'est ART au départ, et au pluriel.
01:18Et c'est un petit peu une histoire progressive, il y a eu plusieurs associations préalables.
01:26La première, c'était il y a à peu près une quinzaine d'années avec Francis Allais, qui est un grand botaniste.
01:31Il était le père de ce qui s'est appelé à l'époque le radeau des cimes, pour explorer les canopées des forêts tropicales.
01:38Ils ont fait des découvertes exceptionnelles.
01:40Et donc l'idée, c'est de mettre l'art, la science au service du vivant, c'est ça ?
01:45Surtout de ne pas être dans la verticalité, mais dans l'horizontalité entre tout ce qui fait société,
01:51c'est-à-dire la création artistique, la découverte scientifique, la réflexion philosophique,
01:58et puis avec une vocation pédagogique à l'adresse du public et des jeunes générations, qui nous paraît essentielle.
02:04On va voir comment on peut connecter l'art et la science, notamment, je trouve ça intéressant.
02:08Vous parlez, Caroline Witts, de la responsabilité culturelle des entreprises.
02:13Qu'est-ce que ça signifie ? Je comprends bien derrière les mots, mais qu'est-ce que ça signifie pour vous ?
02:17Ça signifie que l'entreprise a un rôle culturel et peut apporter aussi de l'art,
02:24faire découvrir les artistes, faire découvrir le monde culturel auprès de ses salariés.
02:30Tout le monde ne va pas dans les galeries, tout le monde ne va pas dans les musées.
02:33Et l'entreprise a un rôle aussi moteur par rapport à cette...
02:37Ça s'intègre à la RSE d'une certaine façon, à la responsabilité sociétale et environnementale d'une entreprise, oui.
02:42Parfaitement, notamment sur le bien-être au travail, puisqu'il y a plus de 900 études de l'OMS,
02:46alors là aussi c'est scientifique, qui prouvent les bienfaits de l'art sur la santé, notamment sur le stress.
02:51Et donc, le fait d'apporter de la culture, de l'art, des expositions dans les entreprises,
02:57ça va ouvrir la créativité, ça va libérer les émotions.
03:01Aujourd'hui, on est quand même dans un monde qui est très connecté, avec des écrans très anxiogènes.
03:05Tout est compliqué quand même dans l'environnement.
03:08Eh bien, les artistes vont libérer les émotions, vont nous faire nous évader, et ça va nous aider dans le quotidien.
03:15Alors, comment vous... Parce que vous m'avez passé votre petite fiche là.
03:21Art, science et transmission en résistance pour la terre, l'eau, le vivant et les forêts.
03:25Art, science et transmission.
03:27Art et science, sur le papier, on se dit, mais ça ne discute pas forcément.
03:30Comment vous faites connecter ces deux univers ?
03:33Ce qui est très intéressant, c'est qu'on croit profondément, depuis plusieurs années,
03:37qu'on est en train de changer l'époque, et qu'il y a un mouvement de fond.
03:41C'est-à-dire que l'ère capitaliste, avec la richesse que ça a pu développer,
03:46mais il y a un non-sens, et il y a une caricature qui est arrivée aux États-Unis.
03:51Je pense qu'il y a des signes de décadence par rapport à une organisation collective,
03:56d'une société qui s'est enrichie, qui est très riche.
04:00Mais qui, donc on en parle beaucoup en ce moment,
04:03qui a évité de faire la promotion de l'intérêt général.
04:12Et alors, vous ne répondez pas à ma question.
04:14Comment vous faites discuter l'art et la science dans votre association ?
04:17Il y a un travail conjoint entre artistes et scientifiques.
04:22Donc il y a par exemple Charlotte Rodon, qui est une artiste,
04:25qui se préoccupe de ce qui se passe sous terre,
04:28c'est-à-dire les champignons, les nématodes,
04:31enfin tout ce que disent les scientifiques,
04:33c'est que dans une poignée de bonnes terres,
04:35il y a à peu près 100 millions d'espèces vivantes.
04:37Sauf qu'on ne les connaît pas.
04:40Et donc il y a l'arrivée peut-être d'un nouveau mythe,
04:43c'est-à-dire vers la découverte de l'étendue de notre ignorance.
04:47Et l'art est un bon moyen de le faire connaître ?
04:50Alors, l'émotion artistique, moi je pense qu'elle est considérable.
04:54C'est un vecteur de transformation d'une société.
04:59C'est exactement l'inverse de ce qui se passe avec les écrans.
05:03Il n'y a plus d'émotion.
05:04Ou alors de la violence, mais enfin...
05:06Ça dépend, un bon film, ça peut créer beaucoup d'émotion.
05:10Non, non, mais dans le phénomène actique.
05:13Ah oui, dans l'usage de ce relais à l'infini.
05:18Il y a une exposition qui a été présentée à Nancy,
05:21avec Charles Autredon, et puis Francis Martin.
05:24Francis Martin, il est responsable du pôle scientifique dans l'association.
05:28Il est directeur de recherche à l'INRAE de Nancy.
05:31Ça fait 40 ou 50 ans qu'il travaille sur les champignons.
05:34Et il faut des découvertes absolument fascinantes.
05:37Et donc le travail de l'artiste peut permettre de comprendre
05:39celui du scientifique.
05:41Je vais vous redonner la parole dans un instant.
05:43Je voudrais entendre Caroline Wills sur le message à impact, finalement.
05:49Et notamment à impact environnemental.
05:51Est-ce que vous avez des exemples d'œuvres artistiques
05:54qui font passer ces messages,
05:55notamment dans les entreprises où ils sont exposés ?
05:58Et pourquoi l'émotion peut être un moyen d'évangéliser, en quelque sorte ?
06:03Exactement, parce que souvent la politique environnementale,
06:05c'est des chiffres, c'est des bilans carbone.
06:07C'est un peu aride, oui.
06:07Voilà, c'est très...
06:09C'est voir anxiogènes, culpabilisateurs.
06:11Et en fait, les artistes sont les éclaireurs aussi de la société.
06:15Et eux vont, avec leur émotion, parce que justement,
06:18c'est des éponges à émotion, les artistes.
06:20C'est quand même...
06:21Et donc, avec leur créativité, ils vont pouvoir mettre des couleurs,
06:24ils vont pouvoir libérer et créer aussi de nouvelles choses
06:27à partir de ces piliers de la RSE.
06:30Alors, vous avez un exemple, par exemple, je crois que c'est près d'Orléans,
06:34à Olivet, c'est un groupe qui a fait le choix d'une location d'art renouvelé.
06:38C'est quoi ça ?
06:39Alors, c'est-à-dire, à chaque saison, on change l'exposition.
06:43Donc, ils vont découvrir de nouveaux artistes et à chaque fois une thématique différente.
06:46Donc, ça peut être la récupération, par exemple,
06:49parce que les artistes, aujourd'hui, vont s'emparer aussi des enjeux climatiques.
06:54Ils vont travailler sur leur empreinte carbone
06:56et ils vont travailler, par exemple, sur la récupération des matériaux
07:00pour les recycler et en faire des œuvres.
07:02Ah, de l'upcycling.
07:03Exactement.
07:04On parle d'upcycling en très bon français.
07:06Donc, on utilise des matériaux et on en fait la base d'un nouveau processus créatif, c'est ça ?
07:11Exactement.
07:12Donc, ça peut être ça.
07:12Ça peut être des photos, ça peut être des installations avec des nouveaux matériaux.
07:17On travaille avec des artistes aussi qui font de la recherche scientifique
07:20pour créer des nouveaux matériaux et des nouveaux supports plus propres
07:24avec, par exemple, le carton-pierre qui est des vieilles méthodes
07:30qui sont revues et retravaillées au goût du jour aujourd'hui.
07:35Comment je reprends le fil de la conversation qu'on avait à l'instant ?
07:41Parce qu'on se questionne, nous, beaucoup ici
07:44sur la difficulté de faire passer les messages
07:50pour emmener toute la société sur ces enjeux de transformation environnementale.
07:55Et je pense que l'art peut être un moyen de convaincre.
07:58Mais on s'est un peu loupé quand même collectivement depuis quelques années.
08:02Si on a élu un Donald Trump aux États-Unis
08:05ou des listes qui ne portent pas beaucoup d'ambition environnementale
08:09aux dernières élections européennes,
08:11c'est peut-être qu'on s'est un peu loupé collectivement.
08:13Moi, j'en prends ma part comme journaliste.
08:15L'évolution de la société démontre,
08:19vraiment pour moi c'est très clair,
08:21qu'on est dans une impasse
08:23et qu'il y a quelque chose d'autre qui est en train d'arriver.
08:26Ça prendra des décennies, peut-être quelques siècles, on verra.
08:29Ça prendra du temps, en tout cas, ce qui est sûr.
08:33Et donc l'art, c'est un moyen de faire passer ces messages ?
08:36Je vous assure qu'il y a des propositions.
08:38On travaille sur un festival qui aura lieu à Bourre-en-Bresse,
08:40au domaine de la garde, c'est un domaine magnifique où on s'est rencontrés.
08:45Donc il y a le domaine de la garde, c'est un couple de gens merveilleux,
08:49ils ont travaillé pendant trois ans pour l'ONU,
08:51et ils ont voulu acquérir un domaine pour amener l'art au service de la planète.
08:55Donc on s'est connectés immédiatement.
08:57On travaille avec le CAUE de Bourre-en-Bresse,
09:00qui sont des gens hyper dynamiques.
09:02CAUE, c'est le comité architecte, urbanisme, environnement.
09:06Et puis la Ligue de l'enseignement laïque.
09:09Donc on est quatre partenaires.
09:11Et on propose dans ce festival un certain nombre de manifestations artistiques,
09:16une exposition, mais pas que.
09:18Et il y a notamment un spectacle qui rappelle le texte merveilleux de Jean Gionneau,
09:26l'homme qui plantait des arbres.
09:27et qui raconte une histoire qui redevient totalement contemporaine.
09:33Et ce spectacle, moi je l'ai vu il y a un peu plus d'un an,
09:37dans le festival Aquamour à Venise, j'ai pu les faire venir,
09:41avec le titre de Durieux, Benjamin Flau.
09:43Et donc ça a été dit en italien,
09:46on l'a présenté en sud de la France à un domaine viticole,
09:49donc il y a une population qui n'a pas forcément l'habitude d'avoir des pensées écologiques.
09:57Et puis, ce qui est constant,
10:03le constat vraiment qu'on a fait avec ce spectacle,
10:06c'est que les gens sont bouleversés.
10:08Les larmes sont tirées.
10:09Et alors ce qui m'intéresse dans ce que vous mettez...
10:11Il y a cette émotion qui arrive.
10:12Oui, oui.
10:12Le message qui est passé, c'est d'accord.
10:14C'est très intéressant, c'est qu'il y a un scientifique qui est là,
10:16et voilà pourquoi.
10:17D'accord.
10:18Ce qui est intéressant de souligner,
10:20ce que nous, humains, avons complètement oublié.
10:23Donc il y a à la fois l'émotion de la sensation artistique
10:27et le message scientifique qui peut passer.
10:29Mais pardon, je vais vous poser une question,
10:31parce que dans ce que vous dites,
10:33il n'y a pas que des gens convaincus qui viennent assister à ces spectacles,
10:37parce que c'est la difficulté qu'on a.
10:38Il faut convaincre ceux qui sont climato-sceptiques ou climato-compétistes aujourd'hui.
10:43Non, non, c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
10:45Tout le monde ne va pas pousser, ouvrir la porte d'un musée, d'une galerie ou d'autre chose.
10:51Et puis, ce que l'on a constaté avec France Cialet, etc.,
10:54quand il faisait des conférences il y a 15 ans, il y avait 30 personnes,
10:57maintenant il fait ça le comble.
10:58Et il y a de plus en plus de jeunes.
11:00Donc là, vraiment, il y a un signe qui est majeur, à mon avis,
11:04c'est qu'il y a une prise de conscience.
11:05Les questions qui sont posées après sa conférence ou après la projection du film
11:10« Il était une forêt » qui a été le résultat de la première association qu'on a créée,
11:15c'est qu'il y a une inquiétude.
11:16Ça, c'est très clair.
11:17Les gens sont inquiets et les gens ont envie de savoir.
11:20Donc il y a un besoin.
11:22Et ça me rappelle cette pensée de Mme Kiméner,
11:26qui est botaniste, qui est américaine,
11:29elle est d'origine, elle est indienne, américaine.
11:31Elle dit « Mais bon, l'humanité est adolescente. »
11:37Donc avec l'adolescence, il y a la prétention,
11:40des certitudes, on ne pose pas de questions et on a tout compris.
11:44Je reviens au rôle des entreprises, il nous reste une minute trente,
11:47on va terminer là-dessus.
11:48Ça peut passer par du mécénat de compétences, par exemple,
11:50autour des artistes, autour de projets artistiques locaux ?
11:56Ça peut, ce n'est pas forcément le schéma que nous on privilégie.
12:00Ce que j'ai oublié de dire, par contre, c'est qu'à chaque exposition
12:03ou à chaque événement, c'est l'artiste qui vient présenter son travail
12:06auprès des équipes.
12:07Et ça, c'est hyper riche, en fait.
12:09Dans les entreprises.
12:09Dans les entreprises.
12:11Les collaborateurs rencontrent les créateurs.
12:13Ça suscite le dialogue.
12:14Il y a des questions sur les procédés, ça ouvre des champs, des possibles.
12:19On fait beaucoup de choses aussi participatives avec les artistes.
12:22Donc les collaborateurs mettent la main à la pâte.
12:25Et ça ouvre aussi beaucoup de choses, beaucoup de questions.
12:27Et cette médiation-là, elle est très importante parce que c'est ça qui va susciter
12:32les petites étincelles, en fait, d'émotions, mais aussi d'envie, de passage à l'acte,
12:36parce que c'est ça aussi les enjeux.
12:39Et de questionnement.
12:39Et de questionnement.
12:40Dernier mot.
12:40Et d'amener une connaissance, parce que si on travaille peut-être ensemble,
12:45c'est l'art, mais aussi la science.
12:46C'est-à-dire qu'il y a un scientifique qui vient de souligner,
12:49voilà ce qu'on découvre, mais voilà aussi ce qu'on ignore.
12:52Et dans le juste, on a Paul Arden, qui est commissaire d'exposition,
12:59historien d'art, etc., qui a travaillé avec France Culture pendant de longues années.
13:02Il est responsable du pôle art dans l'association.
13:06Et bien voilà, vous l'avez cité.
13:07Merci beaucoup.
13:08Je suis obligé de vous interrompre.
13:09Le débat est terminé.
13:11Merci à tous les deux.
13:11A bientôt sur notre antenne.
13:13On passe tout de suite au grand entretien de notre émission
13:15avec le président de Manutin, Xavier Guichard.
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