- il y a 12 heures
ILS SONT 11 DANS SA TÊTE ! (Trouble Dissociatif de l'Identité)
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00:00Donc, je m'appelle Zéliana, j'ai 25 ans et je suis atteinte de troubles dissociatifs de l'identité.
00:05My name is Daniel, I'm 13 or 14 years old.
00:09Je sais qu'il y a énormément de gens qui disent « Ouais, vous faites ça pour l'attention ».
00:12Ça va ?
00:13Oui.
00:13T'es content d'être là ?
00:15Oui.
00:15Même si les gens disent que ça n'existe pas, etc., ça fait 30 ans qu'on sait que ça existe.
00:20Et donc, on est à peu près 11 dans ma tête.
00:22Moi, c'est Nolem.
00:24Salut Nolem.
00:25J'aimerais que les gens comprennent que le TDI, c'est pas fun.
00:27J'aimerais que les gens voient, en fait, la douleur.
00:29Elle a quel âge, Émy ?
00:30J'ai 19 ans.
00:32Ah, Émy, c'est la 9.
00:33Zéliana, comment tu vois ?
00:34Bonjour.
00:35C'est un peu trop formel, peut-être.
00:36On fait la bise, c'est fini le Covid.
00:37On fait la bise.
00:38Enchantée, Zéliana, Thibaut.
00:39Enchantée, du coup, Thibaut.
00:41Tu vas bien ?
00:41Oui, ça va, ça va.
00:42Tu vas bien ? Vous allez bien ?
00:43Alors, moi, je préfère être tutoyée, mais on est plusieurs.
00:46Ok, très bien, ça pose des bases.
00:48Zéliana, je t'en prie, présente-toi, présentez-vous alors.
00:51Donc, je m'appelle Zéliana, j'ai 25 ans, je suis étudiante en deuxième année de master
00:55en neurobiologie et neurosciences à Grenoble.
00:57Et je suis atteinte de plein de troubles psychiatriques, dont le plus grave, c'est le trouble dissociatif
01:03de l'identité qui était avant connu sous le nom de troubles de la personnalité multiple.
01:07Et donc, on est à peu près 11 dans ma tête.
01:09Je vais être transparent avec toi.
01:10J'ai un peu de mal à y croire, à tout ça.
01:12Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui sont dans le même cas chez eux.
01:15Je comprends qu'il y ait pas mal de réticences et de doutes, simplement parce qu'il y a
01:19beaucoup de clichés sur cette maladie, et notamment avec le film Split ou Fight Club
01:25ou les films comme ça qui sont très connus.
01:26Hollywood, on a fait un truc complètement extraordinaire de films de super-héros.
01:30Et en fait, ça ne ressemble pas du tout à ça dans la vraie vie.
01:32Et c'est aussi pour ça que je fais du contenu sur Internet pour éduquer les gens dessus,
01:35puisque ce n'est pas une maladie qui est extraordinaire.
01:38Elle touche beaucoup de personnes.
01:39On est entre 1,5% et 3% de la population mondiale à la voir.
01:42Et du coup, cette vidéo va permettre d'en savoir plus sur toi, d'en savoir plus sur cette maladie.
01:47Mon but, c'est vraiment d'éduquer les gens à travers ma propre histoire
01:50et à travers mon savoir aussi de neuroscientifique.
01:53Et tout simplement, d'apprendre à la reconnaître, à la comprendre et de défaire tous ces clichés.
01:57Tu dis que c'est une vraie maladie.
01:58Oui.
01:58Mais est-ce qu'il y a un diagnostic d'un médecin ?
02:01Oui.
02:01Alors, c'est une maladie qui est reconnue par ce qu'on appelle la CIM,
02:04la Classification Internationale des Maladies de l'OMS.
02:07Donc, elle est classifiée dans le monde entier et elle est reconnue par le monde entier.
02:11Et aussi, dans le DSM, c'est le manuel diagnostique qu'utilisent les psychiatres.
02:16C'est une nouvelle maladie ?
02:17Non.
02:18C'est dans le DSM et dans la CIM depuis 1984, sous le nom TDI depuis 1994.
02:24Mais en fait, elle existe en tant que maladie depuis très très longtemps.
02:29Et en fait, avant, on appelait ça l'hystérie.
02:30Et donc, on connaît ce trouble vraiment depuis très longtemps.
02:33Et même avant ça, les cas de possession qu'on décrit, même depuis la Bible,
02:38énormément de ces cas-là qui sont des cas, en fait, de cette maladie-là.
02:41C'est juste que...
02:42De TDI ?
02:42Voilà.
02:42Comme à l'époque, on ne comprenait pas, par exemple, l'épilepsie.
02:46On disait que c'était des gens qui étaient possédés.
02:48Voilà.
02:49C'était exactement la même chose.
02:50Est-ce que tu peux présenter tes différents haltères, alors ?
02:52Combien tu en as ?
02:53On en connaît 10, tout simplement parce que ça évolue, en fait, en fonction de la vie.
02:57Parce que dès que tu vis de nouvelles choses, ton cerveau, il peut décider.
03:00Les haltères qui sont là ne sont pas capables de vivre ce qui se passe de nouveau,
03:02donc d'en créer un nouveau.
03:03Avec la vie, parfois, il y en a qui fusionnent aussi.
03:05C'est quelque chose de dynamique.
03:06Du coup, il y a Iséliane qui est l'hôte, donc je suis la personne qui est la plus présente.
03:10J'ai l'apparence de mon corps, j'ai 25 ans.
03:13Il y a Aiden qui est le plus jeune, il a 2 ans.
03:16C'est un garçon ?
03:17Ouais, c'est un garçon.
03:18En fait, il ne parle pas et en fait, c'est ce qu'on appelle un factif ou un introject.
03:22En fait, c'est l'image de mon frère.
03:24Parce qu'en fait, mon frère était très malade quand j'étais petite.
03:27Et en fait, je l'ai vu être très malade et ça m'a choquée.
03:30Et en fait, du coup, j'ai une partie de moi qui a pris l'image de mon frère
03:33et qui est devenue, entre guillemets, une image de mon frère à cet état-là
03:36quand mon frère était tout bébé dans ma tête.
03:38Suzy, c'est ce qu'on appelle un fragment.
03:40Donc en fait, elle n'a pas beaucoup de souvenirs du tout.
03:42Elle est vraiment toute petite et elle apparaît vraiment pratiquement jamais.
03:44C'est une alterne, je pense qu'elle a entre 4 et 5 ans et elle ne fait que rigoler.
03:48Je sais qu'elle a des pensées et les seules pensées qu'elle a, c'est des trucs rigolos
03:52et où elle nous met dans des situations où ça la fait rire.
03:55Mais ce n'est pas forcément...
03:58Tu as un autre alter qui parle anglais ?
03:59Oui, Daniel.
04:00Il vient d'où, cet alter ?
04:01Alors, c'est rigolo.
04:03Moi, ça me fait rire, c'est Irish qui a dit que c'était rigolo.
04:05Alors en fait, Daniel, est-ce que ça se va si je parle en anglais,
04:09si j'arrive à le trigger ou pas ?
04:10Parce que le fait de parler de lui, je sens qu'il a envie de parler lui-même de lui.
04:14Laisse-le venir.
04:15On va essayer de...
04:18Est-ce que j'ai Irish aussi qui a pas de...
04:20Et qui passe devant...
04:22Non, c'est juste que...
04:24Non, c'est juste que du coup, j'essaye de...
04:29En fait, on va essayer de trigger positivement Daniel,
04:36donc de le faire venir par moi.
04:40Moi, c'est Irish du coup.
04:41C'est Irish.
04:42Si c'était pas assez obvious.
04:44Alors, Daniel, si tu veux...
04:46Tu veux dire l'anglais ?
04:48Ok.
04:49C'est un bon accent.
04:51Ok, donc, je ne suis pas vraiment à la caméra, mais je n'aime pas ça.
04:56Thumbs up !
04:57Oui, thumbs up !
04:58Je m'appelle Daniel, je suis 14 ans, je suis américain.
05:03Donc, vous savez, je ne sais pas pourquoi, mais c'est vrai.
05:06La raison pour laquelle je suis venu, c'est parce que quand on était 15 ans, je pense,
05:12c'est quelque chose comme ça, je suis en train de penser parce qu'il y a des irish et
05:16like, all of the others are like, so excited behind me.
05:19Think, think clearly.
05:20Quand on était 15 ans, on a fait un programme de exchange, et on a went à Hong Kong
05:25in an international school, pour 5 mois.
05:28Ok.
05:28La vie était incroyable, comparé à ce que nous avions en France.
05:31Nous étions très loin de nos parents, très loin de nos amis,
05:35de tout le bullying, vraiment.
05:36Et donc, parce que notre cerveau a décidé que ces mémoires
05:40devraient être protégées de toutes les mauvaises choses qui sont passées en France.
05:46Nous avons besoin de la part où ça allait être très, très excitante tout le temps.
05:49Et puis, je viens d'être comme ça.
05:51C'est aussi ce qui m'a fait que je suis un garçon.
05:53Mais tu es un garçon ?
05:54Non, je ne suis pas un garçon.
05:55Je ne suis pas un garçon ?
05:56Non, je suis un garçon.
05:56Tu es un garçon ?
05:57Non, je suis un garçon.
05:58Je suis un garçon.
05:58Oui, je suis un garçon.
05:59Oui, je suis un garçon.
06:00Oui, je suis un garçon.
06:01Parce que quand on est un garçon,
06:03tu es plus capable de être sexuellement abusé.
06:06Pour protéger toi-même,
06:07votre cerveau pense que si j'étais un garçon,
06:10peut-être que ça n'aurait pas à moi.
06:12Comment tu te sens ?
06:13Parce que tu es dressé comme un garçon ?
06:16Comment tu te sens ?
06:17C'est pourquoi je ne me regarde pas moi-même.
06:19Quand je suis ici en la matinée,
06:21ce n'est pas souvent parce que je n'aime pas voir notre corps.
06:24Je me suis dressé avec des choses qui nous couvrent,
06:27donc je sais que je n'aurai pas besoin de voir notre corps.
06:32C'est juste comme transgender,
06:34vous savez ?
06:35Gender dysphoria.
06:36Et notre corps est 24 ans.
06:3825.
06:39Nous sommes 25 maintenant.
06:40Oh my God.
06:41Et tu flirtes avec des filles ?
06:43Non.
06:44Non, non, non.
06:45Je suis 13, je n'ai pas vraiment de filles.
06:47Ok, ok.
06:48Tu préfères les filles ?
06:50Non.
06:51Je me sens que je préfère les filles,
06:52mais je n'aurai pas de filles avec des filles avec des filles 24 ans.
06:57Ok, ok, ok.
06:58C'est pas un peu approprié.
06:59Je suis juste ici pour le fun.
07:01I have a question.
07:02Your host, she used to speak English ?
07:05In Hong Kong, we were in an international school
07:08and we went into like a host family.
07:11We spoke English and only English for five months.
07:14Ok.
07:15So this is how we became fluent in English.
07:16Ok, ok.
07:17I don't know why our brain decided that all of the authors could have this like competence,
07:22like this kill.
07:23Ok, ok.
07:24Even the littles, like we don't really know why Iris also speaks English because she's a fucking eight year old
07:30and at eight year old we didn't know anything about English.
07:33You can speak only English or Spanish or your...
07:35Ok.
07:36I understand French but I cannot speak it.
07:39It's because our brain decided that French was associated with bad memories.
07:44Like if I try to speak French, it like blocks me and then another one takes the front.
07:49Est-ce que tu peux expliquer le vocabulaire ?
07:51Par exemple, nous, le terme personnalité, on ne l'utilise pas.
07:54Le terme qu'on utilise, c'est alter.
07:56Comme à la muscu.
07:57Oui, comme à la muscu.
07:58Je suis désolé.
07:59Je suis désolé.
08:00Ça fait deux mois que je veux faire cette blague.
08:02Ça fait deux mois que je veux la faire.
08:03Le nombre de personnes qui me font la blague et ça me fait trop rire.
08:07Il y a la deuxième blague aussi que les gens vont faire en commentaire, c'est
08:10Ah ouais, c'est turbo diesel injection, je l'ai entendu.
08:13Je suis d'une voiture, ok, je fais vraiment très très mal, mais c'est pas grave.
08:17Voilà, c'est bon, on a fait les deux blagues.
08:19On a fait les deux blagues.
08:20Maintenant, ne les mettez plus en commentaire, sinon ça va faire redondance.
08:22Merci.
08:23Qu'est-ce qu'un alter ?
08:24C'est un terme qui veut dire état alternatif de conscience.
08:27C'est parce que notre cerveau, il est capable d'un état A à un état B de simplement changer.
08:31Par exemple, si tu ajoutes une lumière devant toi, ton cerveau va comprendre qu'il y a une lumière devant toi
08:36et il va passer d'un état où il n'y a pas la lumière devant toi à il y a la lumière devant toi.
08:41Le TDI, en fait, c'est une coupure entre ces états.
08:44Tu vas avoir des états qui sont déconnectés au niveau émotionnel, physique, physiologique.
08:49C'est ça qu'on appelle la dissociation, c'est la coupure entre les états.
08:53Notamment dans le TDI, ça provoque ce qu'on appelle des amnésies.
08:56L'état A va être parfois amnésique de ce qui se passe dans l'état B et vice versa.
09:00Donc du coup, les états ne vont pas avoir les mêmes souvenirs.
09:02Comme ils ne vont pas avoir les mêmes souvenirs et que certains vont avoir des souvenirs traumatiques et d'autres non,
09:06forcément, ils ne vont pas avoir la même vision du monde.
09:08Puisque la vision du monde que tu as, elle est basée sur ton expérience de vie.
09:12Tu vas avoir des alters qui vont être par exemple très très peureux
09:14parce qu'ils ont des souvenirs de mise en danger par des proches ou des choses comme ça.
09:20Et d'autres alters qui ne s'en souviennent pas du tout et qui du coup vivent leur meilleure vie en mode tout va bien.
09:24Le système, c'est l'ensemble des alters d'une personne.
09:28Donc c'est toutes les parties qui sont en moi.
09:30Ensuite, il peut y avoir des parties qui prennent le contrôle.
09:33On appelle ça fronter.
09:35Front en anglais, ça veut dire être devant.
09:37On peut appeler ça aussi ce qu'on appelle la co-conscience.
09:39Co-conscience, c'est plutôt quand on est deux.
09:41Il y en a un qui dirige par exemple et l'autre qui est à côté, qui sait ce qui se passe,
09:44mais qui ne dirige pas le corps directement, qui n'a pas le contrôle exécutif du corps.
09:48Le switch, c'est quand tu passes d'un état à un autre.
09:50Donc c'est un état qui a le contrôle du corps.
09:53Et en fait, là, c'est un autre état qui prend le contrôle.
09:55Ça peut être parfois très rapide.
09:56Par exemple, s'il y a ce qu'on appelle un trigger.
09:58Un trigger, c'est un élément déclencheur.
10:00Donc par exemple, un gros bruit, tu as peur d'un seul coup.
10:04Du coup, ton cerveau, tout de suite, il fait hop et il met un état protecteur devant
10:07pour pouvoir gérer ce qui se passe au cas où il se passe un danger, etc.
10:11Mais ça peut aussi être très, très lent.
10:13Les gens, ils pensent qu'on est au courant des états et de la différence des états
10:17et de quand est-ce qu'il y a tel état.
10:19Non, les trois quarts du temps, on ne sait pas trop quel état est là
10:21parce que parfois, les états, ils peuvent se mélanger un peu.
10:24Et quand ils se sont mélangés un peu, tu ne sais pas trop où tu en es, en fait.
10:27Tu vois, toi, quand tu passes toi-même de l'état travail à l'état maison,
10:31tu vois, genre ton cerveau, il fait OK, là, on a fini le travail.
10:34Là, c'est le moment de lâcher tout et d'être à la maison.
10:37Parfois, mon état, il fait ça, mais l'état travail, il est encore un petit peu là dans ses pensées.
10:42C'est ce qu'on appelle la dissociation, c'est-à-dire la déconnexion des choses.
10:46Donc, c'est le thalamus qui fait ça, en fait, qui prend toutes les informations qui remontent de ton corps
10:50et qui les redistribue dans ton cerveau.
10:52Et en fait, nous, notre thalamus, il ne fait pas ça.
10:54Parfois, il fait non, j'ai décidé que tout ce qui venait de ton corps, ça serait mort.
10:58Tu ne le ressentirais pas.
10:59Et du coup, parfois, on ressent que dalle.
11:00C'est-à-dire que tu peux me couper et je ne ressentirai rien du tout.
11:03Et d'autres fois, c'est trop fort parce que les signaux qui remontent sont extrêmement forts.
11:07Et je ressens la douleur comme si je m'étais arrachée un bras alors que je me suis juste coupée.
11:11Donc, ça dépend des états, etc. et de leur rapport à la douleur.
11:14En fonction des haltères, on a vraiment des sensations corporelles différentes.
11:18Pour survivre, ton cerveau, il va essayer de mettre les traumatismes de côté un maximum.
11:23Ça se passe dans l'enfance puisque le cerveau des petits enfants, en fait, ils ont un hippocampe,
11:27qui est le centre de la mémoire, qui n'est pas construit avant l'âge de 3, 4, 5 ans.
11:31Ce qui se passe pour le TDI, c'est que notre cerveau ne se forme pas correctement
11:34puisqu'on a tellement de traumatismes qui arrivent qu'en fait, le cerveau décide que
11:37« Ah non, non, mais on ne peut pas lier toutes les informations ensemble, c'est trop difficile.
11:40Il y a trop de problèmes. »
11:41Et du coup, il va les séparer.
11:42C'est pour ça qu'il met ces séparations-là entre ces états-là.
11:44Après, ces états se développent, s'alternent les uns les autres.
11:47C'est pour ça qu'on appelle ça des alters, parce qu'ils s'alternent.
11:50Du coup, ils vont développer leur propre manière d'être.
11:53« Irish want to say hello to the camera. »
11:56« You want me to bring her back? »
11:58« If you can. »
11:59« I'll try to bring her back, because I think she likes the camera. »
12:02« She likes you, actually. »
12:03« Really? »
12:04« Yeah, I think she likes you. »
12:05« She likes people that are very, like… »
12:06« Energic. »
12:07« Energic, and she's really energetic herself. »
12:09« So I'll try to bring her back. »
12:11« Irish, this is your moment to try to come back. »
12:15« I'm gonna try. »
12:17« It's like trying very hard. »
12:18« Take your time, take your time. »
12:20« Ah ! »
12:22« Du coup, là, c'est Iselienne. »
12:24« Ouais. »
12:25« Parce que du coup, j'essaye de la ramener. »
12:28« En fait, vu qu'elle n'arrive pas à affronter après directement le truc, »
12:32« J'essaye de faire le lien. »
12:34« C'est rien, c'est rien. »
12:35« C'est juste que c'est le stress. »
12:36« Enfin, moi, je ressens du stress. »
12:37« Tu peux me passer un... »
12:41« Donne-moi les vies ! »
12:42« Les vies ! »
12:44« Euh... »
12:46« Des réalisations. »
12:47« Ah... »
12:48« Oui... »
12:49« Oui... »
12:50« Ça va ? »
12:51« Oui... »
12:52« T'es content d'être là ? »
12:53« Oui... »
12:54« Ça fait trop bizarre devant la caméra et tout... »
12:57« Là, pour l'instant, il y a encore Iselienne un peu avec moi. »
12:59« Ok... »
13:00« Mais ça va aller. »
13:01« Et parce que Eden, il a peur aussi... »
13:04« Euh... »
13:05« T'as pas de... »
13:06« Mon châle... »
13:07« Et voilà... »
13:08« Merci... »
13:09« Avec plaisir... »
13:10« Je fais ça... »
13:11« C'est une technique que notre piano a apprise. »
13:14« C'est comme si tu faisais un câlin à toi-même. »
13:17« Ça permet de se sentir... »
13:19« Protégé, en sécurité... »
13:20« Oui... »
13:21« Voilà... »
13:22« Du coup, ça va mieux. »
13:23« Tu peux poser des questions si tu veux... »
13:24« Ok... »
13:25« Comment ça va, Éric ? »
13:26« Moi, ça va. »
13:27« C'est Aiden qui a peur un peu derrière moi. »
13:28« Du coup, je le rassure. »
13:29« Aiden, il a peur quand on parle de ce qui se passe. »
13:33« Il est un peu en état... »
13:35« Je crois que ça s'appelle de la sidération. »
13:37« Il fait... »
13:38« Ah... »
13:39« Et il sait pas trop. »
13:40« Et du coup, j'essaye de lui ramener que tout va bien. »
13:43« C'est rigolo, les caméras. »
13:44« Bah ouais... »
13:45« Il y a la lumière, il y a les caméras... »
13:47« Qu'est-ce que t'as fait aujourd'hui ? »
13:48« J'ai mangé de la glace avec Aiden tout à l'heure. »
13:52« Ah... »
13:53« Et... »
13:54« Dans le bus, j'ai commencé à parler parce que je suis une vraie pipelette. »
13:59« Et je parle comme ça parce que je m'en fous, je me cache plus parfois. »
14:02« Et du coup, je me suis fait amie avec une retraitée. »
14:05« Oh... »
14:06« On a mangé de la pizza. »
14:08« C'est quoi ton film préféré ? »
14:09« Moi, je suis plutôt coloriage, tu vois. »
14:11« D'accord. »
14:12« J'aime bien avant quand j'allais vraiment pas bien. »
14:14« Parce que là, maintenant, on dirait que ça va, que je vais bien tout ça. »
14:18« Mais parfois, je vais pas bien parce que j'ai des souvenirs qui reviennent et c'est dur. »
14:23« Et quand c'est comme ça, avant, je me levais à 3 heures du matin et j'allais faire des dessins. »
14:29« Parfois, du coup, Eliane, elle s'en souvenait pas et le lendemain matin, elle voyait que j'avais colori. »
14:34« Du coup, moi, j'étais en mode, c'est moi. »
14:37« Irish, c'est une alter qui est l'ancienne hôte qui était là avant que j'existe parce qu'en fait, moi, Eliane, j'ai commencé à exister à partir de mes 8 ans. »
14:44« Mais avant, c'était Irish. »
14:46« Je me demandais pas pourquoi. »
14:47« Parfois, les noms, on sait pas. »
14:49« C'est toi qui choisis les noms ? »
14:50« Non, c'est pas nous qui choisissons. »
14:52« Soit c'est les parties qui choisissent. »
14:53« Quand elles savent qu'elles ont pas de noms, c'est elles qui choisissent elles-mêmes. »
14:55« Mais souvent, elles viennent avec un nom. »
14:56« C'est pas trop d'où ça vient. »
14:57« Et parfois, genre, des années après, tu comprends d'où ça vient. »
14:59« Elle a quel âge ? »
15:00« Elle a 8 ans. »
15:02« Ok. »
15:03« Et donc, c'est l'autre qui a vécu beaucoup de traumatismes
15:07parce que j'ai vécu, du coup, entre mes 2-3 ans et mes 8 ans. »
15:10« Après, il y a Eleanor. »
15:12« Donc Eleanor, c'est une partie, pareil, que je ne connais pas. »
15:14« Elle ne veut pas parler. »
15:15« Qui, en fait, parfois prend le dessus. »
15:17« Et en fait, elle a peur des relations sociales. »
15:19« Parce que j'ai été extrêmement abusée, trahie, violentée. »
15:24« Et en fait, du coup, elle a peur des autres parce que les autres, égales, on est dans une situation de danger. »
15:28« Ou peut-être qu'on va mourir ou peut-être qu'on va être mise en danger, en fait. »
15:31« On sait pas quelle âge elle a, mais on sait qu'elle est à peu près adolescente. »
15:34« Mais du coup, comme je la connais pas, enfin, voilà, tu vois, c'est des trucs où les gens, ils croient que ça y est, on connaît tous nos alters. »
15:39« Non. »
15:40« Genre, vraiment, je l'ai vu et compris une fois. »
15:43« Elle a accepté de me parler qu'une seule fois, donc je sais pas trop qui elle est, en fait. »
15:46« Quand elle te parle, c'est dans la tête ? »
15:47« Alors, elle peut me parler à la fois dans la tête. »
15:49« Les alters peuvent à la fois faire ce qu'on appelle de la discussion interne. »
15:52« Et à la fois, on peut faire des choses externes. »
15:54« Et ça nous aide beaucoup, par exemple, à écrire ce qu'on fait dans la journée et tout. »
15:59« Ou prendre des vidéos ou des audios et des trucs comme ça. »
16:02« Mais aussi, parfois, il y a des alters qui sont pas d'accord avec ça et qui suppriment tout. »
16:05« Je te ferai signer droit à l'image, du coup, pour la vidéo. »
16:07« Non, en fait, c'est ta question. Merci à eux. Merci les persécuteurs. »
16:11« Tu te filmes en train de faire une vidéo en étant petite fille et t'as un autre alter qui va venir supprimer cette vidéo. »
16:16« Ouais. Du coup, parce qu'ils sont en mode « Mais en fait, c'est mon souvenir. »
16:18« C'est moi qui ai vécu ça. »
16:19« Et c'est quelque chose qui était absolument abominable pour moi. »
16:22« Et toi, tu te permets d'en parler comme si c'était rien, en fait. »
16:25« Ok. »
16:26« Des fois, mes affaires, du coup, ils me disent non. Enfin, fais pas ça. »
16:29« Et quand c'est le cas, quand il y a des trucs comme ça, on en parle entre nous. »
16:32« Et souvent, du coup, je mets en privé ou je supprime. »
16:35« Cette vidéo, je la sortirai jamais. »
16:38« Je la garde juste pour nous. »
16:40« Ça vous va comme ça. »
16:41« Et parfois, ça peut les mettre en danger parce qu'il y a certains souvenirs qui sont si difficiles pour eux
16:45que du coup, ils vont avoir ce qu'on appelle des crises suicidaires ou des crises d'auto-mutilation. »
16:49« Et du coup, en fait, ils vont être tellement mal que la seule manière pour eux de s'en sortir, c'est de s'auto-mutiler ou d'essayer de se suicider. »
16:55« En fait, on était à Tahiti quand moi, j'étais souvent là. »
17:00« Et en fait, on était avec nos deux parents et nos parents, ils se disputaient tout le temps. »
17:05« Ils se frappaient ou... »
17:07« J'étais tout le temps, j'avais tout le temps peur. »
17:10« Et surtout quand aussi, quand j'étais petite, on a été aussi... »
17:16« Je ne vais pas pouvoir le dire. »
17:18« Je ne peux pas dire ce qui s'est passé parce qu'Aidan n'y peut pas. »
17:21« Ça va mieux aujourd'hui ? »
17:23« Maintenant, j'ai compris qu'on n'était plus dans ce cas-là. »
17:26« Mais Aidan, il a encore beaucoup, beaucoup de mal. »
17:29« Et parfois, ça revient. »
17:31« Et quand ça revient, c'est comme si j'y étais encore et que ça n'allait jamais se finir. »
17:35« Est-ce que tu parles à tes parents aujourd'hui ? »
17:37« Alors, moi, ils ne veulent pas me parler. »
17:39« Ils veulent parler qu'à Aidan. »
17:41« Ils ont peur de nous, en fait. »
17:43« Ils y croient ou pas, tes parents ? »
17:45« Alors, oui et non, dans le sens où... »
17:47« Ils ont été obligés d'y croire à partir du moment où on a été à la télé. »
17:51« Du coup, ils étaient obligés. »
17:54« C'est bon, on va aller passer à la télé. »
17:56« On a vu son psychiatre et tout. »
17:58« Mais ils n'acceptent pas, en fait. »
17:59« Parce qu'ils savent que c'est eux qui sont à l'origine de ça. »
18:01« C'est à cause de ça. »
18:02« Tu as des frères et sœurs ? »
18:03« Un petit frère qui a 23 ans et une petite sœur de 10 ans. »
18:08« D'ailleurs, elle verra la vidéo, je le sais parce que je la connais. »
18:11« Et elle me connaît mieux et elle accepte mieux mon TDI que mes parents et mon frère. »
18:15« Ton frère, non ? Il prend de la distance ? »
18:17« En fait, mon frère aussi, oui. »
18:18« En fait, il a pris de la distance avec la famille parce qu'il a compris que c'était très difficile. »
18:23« Et en fait, c'est quelqu'un qui est très réservé. »
18:25« Les gens, ils pensent que les gens qui font du mal aux enfants, les parents, ils font exprès que ce sont des monstres et qu'ils ont fait des enfants juste pour leur faire du mal. »
18:33« C'est pas le cas. »
18:35« C'est que c'est des parents qui sont dépassés, qui ne savent pas quoi faire. »
18:38« C'était le cas de nos parents, en fait. »
18:40« C'est que ma mère, elle, elle a été très très traumatisée quand elle était petite. »
18:43« Et en fait, elle, elle se disait qu'elle allait se guérir en faisant des enfants et en devenant la meilleure mère possible. »
18:48« Quand on lui disait que quelque chose ne se faisait pas ou qu'on avait mal, elle avait l'impression que c'était une mauvaise mère. »
18:54« Et en fait, elle ne pouvait pas accepter que c'était une mauvaise mère parce que ça lui ramenait tous ses traumatismes à elle. »
18:58« Et du coup, elle pétait des plombs. »
19:00« Et au lieu de comprendre que ce n'était pas notre faute et que c'était ses traumatismes, elle disait que c'était notre faute. »
19:06« Et mon père, c'était pareil. »
19:07« Ça a été très très grave quand ils étaient ensemble et que ça ne se passait pas bien entre eux. »
19:11« Et du coup, moi, je protégeais aussi beaucoup mon frère. »
19:13« Et je ne voulais pas aussi qu'il se fasse frapper. »
19:15« Du coup, j'ai pris beaucoup plus de coups que lui. »
19:17« Pourquoi ça s'est passé comme ça ? »
19:18« Parce que c'était très très dur de porter plainte. »
19:20« Et surtout, là-bas, c'est beaucoup plus banalisé les violences dans la famille qu'ici, puisqu'ils n'ont pas la même culture. »
19:27« Les policiers, en fait, ils remettent tout le temps en question. »
19:30« Ils disent que si ça se trouve, c'est de ta faute. »
19:32« Oui, mais il ne t'a pas étranglé si fort que ça. »
19:34« Oui, mais si, mais ça. »
19:35« Comment tu vas aller porter plainte ? »
19:37« Tu sais de toute façon que personne ne va te croire et que comme la justice n'a pas les moyens,
19:4198% des plaintes, elles n'amènent à rien, en fait. »
19:45« À quoi ça sert ? »
19:46« Ma mère, elle n'a pas porté plainte, c'est parce qu'elle a menacé mon père. »
19:49« Si tu acceptes un divorce à l'amiable et que je puisse me partir avec les enfants tout de suite et avec la garde tout de suite,
19:55je ne reviendrai pas vers toi, je ne ferai pas de plainte pour toi. »
19:58« Et comme ça, en fait, il a accepté. »
20:00« Le procès a été fait pour le divorce et en moins d'un mois, on était repartis en France, du coup métropolitaine. »
20:06« Et c'est quoi la différence entre les TDI, ton trouble, et la schizophrénie ? »
20:09« La schizophrénie, c'est un trouble psychotique. »
20:12« Des troubles qui vont être caractérisés, entre autres, par des différences au niveau cérébral dans la dopamine. »
20:19« La dopamine, c'est un neurotransmetteur. »
20:21« Ces différences-là vont donner, par exemple, des hallucinations et des symptômes qu'on appelle positifs et négatifs. »
20:25« Les symptômes positifs, c'est tout ce qui va te rajouter à ta réalité, des hallucinations et aussi des délires,
20:30c'est-à-dire des idées parfois paranoïaques ou parfois l'érotomanie. »
20:35« C'est le fait de penser que quelqu'un est amoureux de toi alors qu'il n'est pas du tout amoureux de toi. »
20:39« Et ça va développer une obsession. »
20:41« Donc ça, c'est de la psychose. »
20:42« Il y a aussi des symptômes négatifs, c'est-à-dire des choses que tu n'arrives plus à faire et que les gens normaux arrivent à faire. »
20:46« Notamment organiser tes pensées, c'est-à-dire parler avec des phrases construites qui ont du sens. »
20:52« Avoir des idées qui viennent un peu de partout, etc. »
20:56« Souvent aussi, ça va donner ce qu'on appelle de la catatonie, c'est-à-dire l'impossibilité de bouger. »
21:01« Parce qu'en fait, la dopamine te permet aussi de contrôler tes mouvements. »
21:04« Et donc, les gros changements de dopamine dans ton cerveau vont faire que tu ne vas plus pouvoir bouger. »
21:08« Et c'est aussi très délétère dans le cerveau parce qu'une crise psychotique, c'est une crise qui va provoquer de la dégénérescence dans ton cerveau. »
21:15« Et donc, tu vas perdre en QI avec le nombre de crises et tu vas perdre en capacité tout court dans la vie. »
21:22« Et en plus de ça, tu vas avoir des hallucinations et des comportements qui sont complètement en dehors de la norme. »
21:28« Ça, c'est pour la schizophrénie, tout ça ? »
21:29« Voilà, pour la schizophrénie. »
21:30« C'est-à-dire que la personne est complètement déconnectée de la réalité. »
21:32« Elle ne va pas développer une deuxième personnalité, en fait. »
21:34« Nous, le TDI, ce n'est pas du tout un trouble psychotique. »
21:36« C'est un trouble d'origine traumatique et qui n'est pas du tout dû à des différences de dopamine. »
21:42« En fait, nous n'avons pas d'hallucinations comme ça, de gens qui n'existent pas ou de choses comme ça. »
21:47« Les seules hallucinations qu'on peut avoir, c'est des flashbacks, c'est-à-dire des reviviscences de choses qu'on a déjà vécues. »
21:53« Ça peut parfois se superposer à la vue, à l'ouïe, à l'odorat, etc. »
21:58« Ou même aux sensations, tu peux revivre des douleurs que tu as vécues pendant des événements traumatiques. »
22:03« C'est des maladies qui ont été très souvent confondues. »
22:06« En fait, la plupart des gens qui sont TDI sont d'abord diagnostiqués avec des troubles psychotiques comme la schizophrénie, avant de comprendre que ce n'est pas du tout de la schizophrénie. »
22:15« Du coup, aussi à Tahiti, je n'ai pas juste vécu des trucs chez mes parents. »
22:18« Et en fait, à l'époque, il y avait une montée d'indépendantisme. »
22:21« Il y a beaucoup de haine envers les Blancs. »
22:24« Ce n'est pas du racisme parce que ce n'est pas institutionnalisé, puisque c'est les Blancs qui tiennent les institutions. »
22:30« Donc, ce n'est pas du racisme. »
22:32« C'est la xénophobie. »
22:34« Et du coup, comme j'étais la seule blanche dans les écoles à chaque fois, je me faisais martyriser. »
22:40« Mais quand je dis martyriser, c'est qu'il me poussait par terre, donc dans la boue. »
22:45« Il me donnait des coups de pieds et des coups de poings par terre. »
22:49« Et je n'arrivais plus à respirer tellement il me donnait des coups de pieds et tellement j'avais de la boue partout. »
22:54« Et il déchirait mes vêtements. »
22:56« Je me rappelle qu'on rentrait avec des yeux au beurre noir, avec des bleus partout. »
23:01« Et de façon, qu'ils faisaient attention à ça, puisque même mes parents, en fait, ils nous faisaient des bleus et ils nous frappaient. »
23:07« Ta mère, elle ne disait rien ? »
23:09« Ils ne savaient pas trop ce qui se passait, parce que je ne parlais pas, en fait. J'étais complètement amorphe. »
23:14« On se réfugiait dans notre tête. »
23:16« Et ma mère, un jour, elle a même découvert, et elle m'a dit ça il n'y a pas longtemps, parce que je ne le savais pas, que même les profs nous frappaient, en fait. »
23:22« Et en fait, elle a vu que la professeure, elle m'a poussée par terre. »
23:26« Et après, elle m'a traînée par terre et elle m'a dit, tu te relèves. »
23:30« Et c'est à partir de là que ma mère, elle a pété un pont et elle a dit, non, mais c'est bon, je vais la changer d'école encore une fois. »
23:35« Mon père, il disait, non, mais laisse là, ça lui apprendra à être plus forte. »
23:39« La seule manière d'en ressortir fort, c'est d'aller en thérapie après et d'apprendre à vivre avec, en fait. »
23:45« T'es juste traumatisée à vie, en fait, parce que t'as peur. »
23:48« J'ai eu aussi le même genre de harcèlement scolaire entre ma sixième et ma terminale. »
23:53« Je me suis enfermée dans les toilettes, on m'a volé mes béquilles et fait tomber par terre. »
23:58« On faisait exprès de me balancer des ballons de basket et de hand le plus fort possible dans ma tête. »
24:03« On me traitait de tout. »
24:05« Malheureusement pour nous, on était dans un environnement catholique. »
24:08« Mon père ne payait pas la pension alimentaire et à ce moment-là, ma mère galirait vraiment. »
24:13« C'était limite. »
24:14« On a eu des moments où il y a eu des problèmes de la maison parce qu'il y a eu un incendie électrique une fois »
24:20« qui a fait qu'on a dû déménager d'urgence et on n'avait pas de maison pendant trois semaines, un mois et je n'avais pas mes affaires non plus. »
24:26« Les gens me voyaient comme ça et eux, ils avaient des sacs longchamps et des trucs comme ça. »
24:31« Comme ça, tu vois, c'est la petite bourgeoisie. »
24:33« C'est moi, ils voient une enfant qui se trimballe avec les mêmes fringues pendant trois semaines. »
24:38« Forcément, ils se disent, il y a un problème, c'est bizarre et tout. »
24:40« Et donc, ils me mettaient beaucoup, beaucoup à l'écart. »
24:42« Et au lieu de t'aider. »
24:43« Et surtout, j'étais déjà bizarre en fait. Je pleurais tout le temps parce que j'avais tellement de traumatismes qu'en fait, tout et n'importe quoi me ramenait au traumatisme. »
24:52« Du coup, les gens, ils me détestaient et même les profs me détestaient. »
24:55« Et on est arrivés en cinquième. »
24:57« Il y a eu tellement de problèmes même dans ma famille que les profs en ont eu vent, ils m'ont posé des questions. »
25:02« Et personne n'a rien fait. »
25:04« Personne n'a signalé que ce qui se passait à la maison parce que j'avais de bonnes notes. »
25:08« Mais on se noyait dans le travail, on faisait rien d'autre et on n'avait pas d'amis et on n'était pas aimés. »
25:13« En plus, nous, on n'a pas eu de chance, le fait que c'était un lycée catho, tout ça. »
25:17« C'est que nous, on a fait un coming out que l'hôte, elle est bisexuelle. »
25:21« On a reçu une haine, mais incroyable à l'époque, d'homophobie en fait. »
25:27« Il y a un jour, ils sont arrivés à 100 élèves autour de nous et ils nous ont poussés jusqu'au grillage de l'établissement. »
25:35« Et ils voulaient nous faire tomber, quoi. »
25:37« Mais si on tombe, ça va être comme quand on avait 3-4 ans, ils vont juste nous tabasser en fait. »
25:42« Et à l'époque, c'était pas encore connu aussi. Le harcèlement scolaire, c'était pas mis en avant. »
25:47« Donc personne ne nous a aidés. Il a fallu attendre la fin de la première et la terminale pour qu'on nous aide. »
25:52« Tu te rends compte, il y avait des dizaines de profs au courant. »
25:55« Je te dis, mais en fait, je suis dans un monde où c'est pas possible. »
25:58« C'est absurde que ça se passe comme ça. »
26:00« Et aujourd'hui, comment tu vas ? Comment vous allez aujourd'hui ? »
26:02« Aujourd'hui, du coup, on fait beaucoup, beaucoup de thérapie. »
26:05« On a trouvé de très, très bons thérapeutes. »
26:07« Alors j'ai un psychiatre et deux psychologues qui sont spécialisés dans des trucs un peu différents. »
26:13« Du coup, on fait des thérapies qui sont complémentaires. »
26:15« On est sous antidépresseurs parce qu'on a une dépression chronique depuis notre plus jeune âge. »
26:20« Tu as déjà fait une tentative de suicide ? »
26:22« Oui, on a failli se défenestrer plusieurs fois, des dizaines de fois. »
26:26« Quand on était adolescent, on s'automutilait. »
26:28« On a des problèmes pour manger, dormir. »
26:32« Et en fait, parfois, on est juste paralysé et on ne peut rien faire. »
26:35« Encore aujourd'hui ou aujourd'hui, ça va mieux ? »
26:37« Encore aujourd'hui. »
26:38« Maintenant, aujourd'hui, j'arrive à faire des études. »
26:40« Même si c'est un peu compliqué et tout, je suis considérée en tant qu'adulte handicapé. »
26:45« J'ai du coup l'allocation adulte handicapé. »
26:48« J'ai des aides pour les études. »
26:51« Mais je suis en master de neurosciences et on est très intelligent en soi. »
26:55« Et on veut s'en servir pour faire du bien. »
26:58« Et du coup, là, je me suis dit, bah go, en fait, qui d'autre que toi ? »
27:01« T'es hyper crédible. »
27:03« Qui d'autre que toi qui est malade ? »
27:05« Qui d'autre que toi peut le faire, en fait ? »
27:06« Et s'intéressera autant à comment aller mieux que toi. »
27:09« Et c'est aussi pour ça que j'en parle sur les réseaux. »
27:11« Parce que ça me permettait de montrer que j'étais déjà pas la seule à avoir vécu ça. »
27:15« Mais de montrer ce que j'avais vécu, que ça serve à aider les autres. »
27:18« Et que personne, jamais plus personne, se trouve dans la situation où je me suis trouvée, où j'étais toute seule et personne ne m'a aidée. »
27:25« Je pense que tu vas recevoir plein de messages dans les commentaires de gens qui te soutiennent, de gens qui ont vécu la même chose que toi. »
27:30« Tu vas donner beaucoup d'espoir, je pense. »
27:32« Et je pense que les gens, si ça vous intéresse vraiment au niveau scientifique, n'hésitez pas à venir me voir, en fait. »
27:39« Et à venir voir toute la science qu'il y a derrière. »
27:41« Parce qu'il y en a beaucoup. »
27:42« Même si les gens, ils disent que ça n'existe pas, etc. »
27:44« La science, elle a beaucoup évolué. »
27:46« Ça fait 30 ans qu'on sait que ça existe. »
27:48« J'ai vu que tu avais une nonne. »
27:49« Oui. »
27:50« Tu peux nous en parler ? »
27:51« Alors en fait, mon cerveau a décidé que pour s'occuper des enfants, il allait prendre l'image d'une nonne. »
27:56« Alors ça vient aussi du fait que quand j'étais plus jeune, j'étais dans un collège et lycée catholique. »
28:01« Du coup, mon cerveau a imaginé, c'est vraiment, on le sait en fait que c'est notre cerveau qui imagine, mais c'est pas moi qui l'imagine. »
28:07« C'est-à-dire que c'est vraiment inconscient. »
28:08« Une nonne qui va prendre soin de mes alters plus jeunes, en fait. »
28:13« Et aussi, quand elle sort, elle est ce qu'on appelle une external caregiver. »
28:17« Les recherches sont faites en anglais, donc forcément les termes sont en anglais. »
28:20« C'est une protectrice qui, donc une alter qui vient pour protéger les choses et pour aider. »
28:26« Elle fait la cuisine, elle fait le ménage et elle s'occupe des rendez-vous, un petit peu d'administratif et tout. »
28:31« Mais par contre, elle déteste mes cours. »
28:33« Elle n'a pas la même passion déjà que moi. »
28:35« Et surtout, elle n'a pas la même intelligence que moi, donc elle ne comprend que d'elle à mes cours. »
28:38« Donc c'est aussi les trucs de, on a des intelligences différentes. »
28:41« Si tu as un contrôle et qu'il y a un switch. »
28:43« Eh bien, c'est fini. »
28:45« Si il y a Eden qui arrive... »
28:47« Enfin, c'est arrivé. »
28:48« À l'époque, du coup, on était deux alters différents, mais maintenant c'est Is et Liane. »
28:52« On était l'alter qui s'appelle Isabelle et l'alter qui s'appelle Gillian. »
28:55« Gillian était l'autre, Isabelle était notre protectrice principale. »
28:58« C'est-à-dire que c'était la première qui frontait quand il y avait n'importe quelle situation où on se sentait en danger. »
29:02« Et en fait, les deux ne fonctionnaient déjà pas de la même manière. »
29:05« Et en fait, quand Isabelle prenait des cours, elle n'avait pas les mêmes abréviations que les abréviations de Gillian. »
29:10« Donc en fait, Gillian ne captait pas les cours qu'elle prenait. »
29:13« Et en fait, Gillian ne se souvenait même pas qu'elle était allée en cours. »
29:16« Gillian s'est retrouvée plusieurs fois en mode, je mange mes céréales le matin, t'inquiète et tout, je m'habille, je me prépare à aller en cours. »
29:22« Je ferme les yeux, je ré-ouvre les yeux, je suis dans le métro, je ne sais pas où je vais. »
29:26« Waouh ! »
29:27« Du coup, je commence à pleurer parce que forcément, le stress était un peu... »
29:31« Ça t'arrive souvent du coup, ça ? »
29:32« Et moins maintenant parce qu'avec la thérapie et tout, ça va mieux. »
29:35« Mais du coup, je me retrouve dans le métro, je ne sais pas sur quelle ligne de métro je suis. »
29:39« Je ne sais pas où je vais dans les lignes de métro, donc tout de suite, je suis en train de chercher. »
29:42« Je regarde mon téléphone et je vois qu'il est plus de 16h. »
29:45« Le matin, il était 7h quand je me suis levée. »
29:48« Blackout compris. »
29:49« Qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que je suis allée en cours ? »
29:52« Et si je suis allée en cours, qu'est-ce qui s'est passé ? »
29:54« La meilleure vision que j'ai pour comprendre ça, c'est les jeux vidéo. »
29:56« Tu joues à un jeu vidéo et le jeu vidéo, c'est ta vie. »
29:59« Et tu es là et tu as ta manette et tu continues. »
30:01« Et d'un coup, ta manette, elle ne marche plus. »
30:03« Il y a une autre manette qui marche et c'est quelqu'un d'autre qui a la manette. »
30:07« L'autre personne contrôle totalement ce que tu fais. »
30:12« Tu peux la récupérer ? »
30:13« Impossible. »
30:14« Soit tu peux être à côté de la personne qui joue aux jeux vidéo. »
30:16« Tu peux regarder et voir ce qu'il se passe. »
30:18« Soit tu es complètement dans une salle très loin. »
30:20« Et tu ne vois pas du tout ce qu'il se passe dans le jeu vidéo. »
30:22« Et tu ne sais pas ce qu'il se passe. »
30:23« Et après, quand tu reviens, le jeu vidéo a avancé. »
30:25« Et toi, tu es là, tu fais. »
30:26« Du coup, qu'est-ce qui se passe ? »
30:27« Où est-ce que je suis ? »
30:28« Avec qui je suis ? »
30:29« Et du coup, ça apporte un énorme stress. »
30:31« Parce que tu arrives à un moment de ta vie où tu reviens. »
30:35« Et tu te dis, mais mon dieu, mais en fait, je ne sais pas ce que j'ai fait. »
30:37« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
30:38« À l'époque, quand j'étais jeune, je pensais vraiment que j'étais possédée. »
30:41« Il y a des objets qui bougent chez moi tout seul. »
30:42« La première solution d'un enfant de 13 ans, parce que j'avais 12-13 ans. »
30:46« Qui voit qu'il y a des objets qui bougent tout seul autour de lui
30:49et qui a l'impression de perdre totalement le contrôle de son corps
30:52et d'avoir des black-out, donc des amnésies. »
30:54« Et de revenir à soi, tu n'es pas dans le même endroit, etc. »
30:56« C'est de se dire, mais je suis possédée en fait. »
30:58« Tu ne peux pas reprendre le relais quand tu veux. »
31:00« Non. Ah bah non, sinon, ce ne serait pas une maladie. »
31:02« Si c'était aussi simple que ça, je ferais,
31:04eh, eh, eh, eh, donne-moi le contrôle et je l'aurai tout le temps, même le contrôle. »
31:07« C'est quand même consciente à chaque fois que tu changes d'altern ? »
31:09« Bah non, si j'ai un black-out, c'est que je ne sais pas ce qu'il se passe. »
31:12« C'est que je ne suis pas consciente. »
31:14« Tu vas te rappeler de ce qu'on fait aujourd'hui ? »
31:16« Par exemple, l'état isélien va s'en rappeler, mais l'état nulême, non. »
31:19« Tu ne te rappelles pas quand tu es dans l'état ? »
31:21« Ouais. »
31:22« La mémoire et donc la conscience n'est pas forcément partagée. »
31:25« Le but de la thérapie, c'est d'arriver à un moment où tout le monde déjà partage la même mémoire. »
31:29« Et donc tout le monde est au courant de ce qu'on fait à peu près. »
31:32« Ou quand la personne arrive, si elle n'est pas au courant, il y a une autre partie qui est capable de lui expliquer ce qui s'est passé. »
31:39« Les gens aussi disent souvent, tu sais, oui, mais on a tous plusieurs personnalités. »
31:43« Je ne me comporte pas de la même manière quand je suis au travail que quand je suis à la maison avec mes amis. »
31:46« Oui, mais nous, c'est comme si la personne qui était au travail ne se souvenait pas
31:50qu'on avait des amis à l'extérieur et qu'en fait, il y avait une vie à l'extérieur. »
31:53« Tu as des vies différentes. »
31:54« Oui, tu as des vies différentes, mais il y a aussi des amnésies où ton cerveau, il remplit un petit peu de souvenirs un petit peu flous. »
32:00« Par exemple, tu vois, quand tu es en cours et parfois tu dis ceci, c'est-à-dire que tu pars un peu dans la lune. »
32:05« Bon, après, c'est la fin du cours. Là, tu fais « Ah, ok, d'accord, c'est la fin du cours. Je range tout. »
32:09« Et je faisais ça. »
32:11« Et du coup, je ne me souvenais pas forcément que j'avais switché pendant le cours trois semaines avant, même pas deux semaines avant les contrôles dans ma L2. »
32:19« Du coup, je commence à faire le planning de révision, je regardais tout. »
32:22« Et je fais le planning de révision de la biochimie et je me rends compte qu'en fait, à la moitié des cours, ils ne me disent rien du tout. »
32:28« Déjà, juste le nom des cours ne me dit rien. Est-ce que j'ai été en cours du coup ? »
32:31« Et en fait, je regarde dans mon ordinateur et je vois les cours dont je ne me souviens pas. »
32:34« Et du coup, je les ouvre et je vois qu'il y a des annotations dessus. »
32:37« Et ce n'est pas du tout les annotations que j'avais l'habitude de voir. »
32:39« Du coup, je fais « Mais comment ça, il y a des annotations dessus ? »
32:41« Du coup, j'ai demandé à mes potes en mode « Est-ce que j'ai loupé les cours ? »
32:44« Est-ce que c'est vous qui m'avez donné les trucs et j'ai juste oublié que je les ai mis au bon endroit dans mon ordinateur ? »
32:49« Ma pote qui me dit « Non, non, non, t'étais là pendant ces cours-là. »
32:52« T'étais un peu bizarre et tout, mais t'étais là. »
32:54« Et je me dis « Mais attends, mais là, je n'ai même pas une semaine, j'ai 3 millions de trucs à réviser. »
32:59« Tu savais que tu avais des TDI à ce moment-là ? »
33:01« Alors, c'est à ce moment-là que j'ai compris qu'en fait, il fallait vraiment que j'aille voir un médecin. »
33:04« Ouais, ouais. »
33:05« Que vraiment, ça n'allait pas du tout. »
33:07« Mais tu sais, il y avait une part de moi qui était aussi dans le déni parce qu'en fait,
33:10accepter ça, c'est accepter que tu as vécu des traumatismes absolument énormes
33:14au point où presque tu n'aurais pas dû y survivre. »
33:17« J'aurais pu mourir pendant tant d'années et personne n'a rien fait pour moi. »
33:21« Et c'est aussi pour ça que mon cerveau m'a dissociée, pour ne pas me faire accepter ça. »
33:24« Parce que du coup, la partie qui a les traumatismes les a, mais moi, je vis sans. »
33:29« Et c'est comme si ça n'existait pas pour moi et ça n'a jamais existé, etc. »
33:31« Donc le moment du diagnostic a été un moment très compliqué pour moi. »
33:34« Enfin, ton cerveau, il va jusqu'à se dire « Non, mais si ça se trouve, j'ai tout inventé dans ma tête. »
33:37« Je me suis persuadée que j'ai des black-hard, je me suis persuadée que j'ai peur. »
33:40« Et en fait, si ça se trouve, rien n'existe. »
33:43« Mais est-ce que je suis psychotique, au final ? Est-ce que je suis schizophrène ? »
33:46« Et dès que j'ai vu un spécialiste et qu'il m'a posé le truc dessus, je ne le croyais pas. »
33:50« J'étais en mode « Non, mais si ça se trouve, il me ment. »
33:52« Parce qu'il ne veut pas me dire que je suis psychotique. »
33:54« Il se dit que s'il me dit que je suis psychotique, je ne vais plus revenir. »
33:57« Et du coup, il ne va pas pouvoir me soigner. »
33:58« Et du coup, j'étais persuadée que personne ne me croyait. »
34:00« Mais que tout le monde faisait genre qu'il me croyait parce qu'au moins ça la calmera. »
34:04« En fait, comment tu vas accepter de vivre une vie normale ? »
34:07« De manger, boire, etc. »
34:09« Quand tu t'es fait violer, quand tu as des souvenirs de t'être fait tabasser. »
34:12« Comment tu peux accepter de vivre une vie normalement alors qu'il y a des parties de toi qui ont vécu ça ? »
34:17« Et tu te dis, mais non, je ne peux pas. »
34:19« Tu as aussi ce qu'on appelle un peu le syndrome du survivant. »
34:21« Moi, j'ai survécu à ces violences-là. »
34:23« Je ne fais pas partie des infanticides. »
34:25« Si j'ai survécu à ça, c'est peut-être que ce n'était pas si grave. »
34:27« Tu mets tous tes sentiments dans le déni le plus complet. »
34:30« Plus tu es dans le déni et dans la peur de ces sentiments-là, plus ces sentiments font de l'intrusion. »
34:35« C'est-à-dire qu'ils reviennent de manière incommensurable où tu ne peux plus les gérer. »
34:38« Donc tu fais des crises de panique, des crises de peur, des crises de tétanie. »
34:42« En plus, il y a aussi des symptômes physiques qui vont avec le TDI. »
34:44« Les gens ne savent pas vraiment beaucoup ça. »
34:46« Donc tu peux faire des crises qui ressemblent à des crises d'épilepsie. »
34:49« Tu fais des malaises. »
34:50« Tu as des douleurs qui n'ont aucun sens. »
34:52« J'ai du coup de la fatigue chronique. »
34:54« Et en fait, quand tu fais des cauchemars toutes les nuits, tu ne peux pas dormir correctement. »
34:57« Et vu que tu ne peux pas dormir correctement, comment tu veux être éveillé ? »
34:59« Et comment tu veux bien fonctionner dans la journée ? »
35:01« C'est aussi un truc d'apprendre à vivre avec la fatigue et avec les douleurs. »
35:06« En fait, le TDI, il faut le voir comme une forme de trouble du stress post-traumatique extrême qui s'est faite pendant l'enfance. »
35:12« Et en fait, à cause de ça, on a tous les symptômes. »
35:14« Et les symptômes sont extrêmement invalidants. »
35:18« Et surtout, ils vont être différents d'une personne à une autre. »
35:20« Est-ce que tu as un autre alter qui veut dire bonjour ? »
35:22« On va voir. »
35:23« Si j'essaye de faire venir Amy, parce qu'Amy, c'est une protectrice, mais je ne sais pas si elle va y arriver. »
35:29« Ah ! Elle va être timide, je pense. »
35:33« Salut Amy ! »
35:34« C'est un patin. On est un peu entre les deux, là. »
35:37« Il y a un peu du monde. »
35:39« On va y arriver. »
35:42« On va y arriver. »
35:43« On va y calmer, parce qu'Amy, c'est toute excitée. »
35:47« Oui ! »
35:48« On va essayer. »
35:50« Concentre-toi. Tout va bien. »
35:53« À quel âge, Amy ? »
35:55« J'ai 19 ans. »
35:56« 19 ans. Ça va, Amy ? »
35:57« Oui. Je suis très impressionnée par les caméras. »
36:01« Il n'y a pas beaucoup de personnes qui vont voir la vidéo. »
36:03« Ah non, juste un million. »
36:04« Un million, voilà. »
36:06« Un peu vrai. »
36:07« Non, non. C'est impressionnant pour moi. »
36:10« Bien sûr. »
36:11« Parce que je viens d'un monde, dans notre monde interne, la technologie et les trucs comme ça, c'est pas mon tout fait. »
36:18« Ah, Amy, c'est la nonne, c'est vrai. »
36:20« Désolée, il y a Erich qui fait des idées à faire déchir. »
36:23« On va dire juste, je faisais partie d'un couvent. »
36:26« C'était un orphelinat, un espèce de couvent orphelinat. »
36:28« Et je m'occupais des petits. »
36:30« Je fais en sorte qu'ils soient en sécurité. »
36:33« C'est un monde imaginaire, de toute manière. »
36:35« Un monde intérieur où les alters, on peut vivre. »
36:39« Et en fait, il y a des endroits où on n'a pas accès. »
36:41« Tous les alters dont on a l'habitude de voir, ils sont dans le premier niveau. »
36:45« Et c'est un peu comme si en dessous, il y avait un truc un peu inconscient. »
36:48« Et en fait, je viens de ce niveau inconscient. »
36:50« J'adore ce corps, etc. parce que je le respecte beaucoup. »
36:54« Mais du coup, ce n'est pas ma vie. »
36:56« Pourquoi tu as été créée selon toi ? »
36:57« Selon Iséliane, puisque moi, je ne m'y connais pas trop dedans. »
37:00« Je suis ce qu'on appelle une partie apparemment normale. »
37:03« Comme Daniel, d'ailleurs. »
37:05« C'est-à-dire, je suis une partie qui ne retient pas de traumatisme. »
37:08« À l'époque, il y a 2-3 ans, quand vraiment je frontais et que j'étais là beaucoup. »
37:14« C'était parce que Iséliane, elle n'arrivait pas à manger, à faire le ménage et tout. »
37:20« Elle était tellement dans une dépression si intense et dans des douleurs si intenses qu'elle n'arrivait pas à le faire. »
37:25« Et du coup, le corps a décidé de créer quelque chose pour pouvoir aider à le faire. »
37:30« Ok, otage quotidienne. »
37:32« Oui, otage quotidienne. »
37:33« Est-ce que Iséliane a déjà eu un petit copain ? »
37:35« Oui. »
37:36« Comment ça se passait ? »
37:37« Alors, on a eu des petits copains. »
37:39« Et en fait, Iséliane, quand moi, je suis apparue, elle avait une relation avec quelqu'un. »
37:45« Quand je suis arrivée, ils habitaient déjà ensemble. »
37:46« Comme c'était sérieux, petit à petit, j'ai appris à le connaître. »
37:50« Et en fait, je suis tombée aussi amoureuse de lui. »
37:53« Et c'était pareil pour Isabelle qui était séparée de Gillian. »
37:55« Elle est aussi tombée amoureuse de lui. »
37:57« Et en fait, malheureusement, la relation n'a pas du tout tenue. »
38:01« Parce qu'il y avait plein de problèmes qui n'avaient rien à voir avec le TDI. »
38:04« Mais la séparation a été extrêmement difficile, déjà parce qu'elle a été très violente. »
38:08« Ça s'est passé dans la violence physique. »
38:10« Isabelle s'est bagarrée avec lui. »
38:11« Par conséquent, moi, j'ai décidé que je ne voulais plus m'investir amoureusement vers quelqu'un. »
38:18« En plus, on a une altère qui est sortie de là, persécutrice. »
38:21« C'est-à-dire que c'est une partie qui me déteste, déteste un peu Iséliane maintenant. »
38:27« Et en fait, cette partie-là, c'est une partie de rébellion qui s'est réveillée. »
38:30« Ça veut dire que vous ne vous entendez pas tous bien entre vous ? »
38:33« Non. Elle s'appelle la Diva et je ne m'entends pas avec elle parce qu'elle fait des choses avec le corps dont je ne suis pas d'accord. »
38:39« Je trouve qu'elle nous met en danger. »
38:40« Et en fait, elle est très, très séductrice, très, très provocatrice. »
38:44« C'est elle-même qui s'est appelée la Diva. »
38:45« C'est une altère indécente. »
38:46« C'est pas que je l'en veux. »
38:47« Parce que je comprends qu'en fait, elle vient de traumatismes. »
38:50« Et que la seule manière qu'elle a eu de réagir à ces traumatismes-là, c'est de devenir complètement la rébellion. »
38:55« Elle n'a pas d'âge, je pense. On ne sait pas trop si elle a un âge ou pas, mais elle a à peu près entre 20 et 25 ans. »
39:00« Elle a une confiance en elle extrême. »
39:02« Elle envoie tout le monde bouler. »
39:03« Elle peut venir à être violente envers nous-mêmes, voire à être violente verbalement. »
39:09« Alors, elle n'a jamais été violente physiquement non plus. »
39:11« Je remercie. »
39:12« Elle ne respecte pas trop les autres. »
39:14« Elle était là ce matin parce que c'est elle qui a toutes les compétences de maquillage. »
39:19« Le truc, c'est qu'en fait, ce petit ami-là avec qui on s'est séparés, il détestait qu'on portait du maquillage. »
39:24« Et donc, du coup, en rébellion. »
39:26« Et en fait, elle a pris toutes les connaissances de maquillage qu'on avait, c'est elle qui les a. »
39:30« Iseliane m'aide beaucoup puisque je suis quelqu'un d'extrêmement timide et je ne parle pas. »
39:35« En fait, quand les gens sont là chez nous, je ne parle pas, je fais la vaisselle, je fais la cuisine, mais je ne parle pas. »
39:41« Je n'ai pas trop confiance en moi et je suis très timide. »
39:44« Sinon, on refait venir Iseliane, c'est plus simple. »
39:46« Oui, je pense que c'est surtout le... »
39:48« Iseliane, on me prend le front. »
39:50« Ouais, les gens, elles arrivent. »
39:52« Si tu veux, je fais bon. »
39:54« Calme-toi déjà. »
39:55« C'est pas du tout la Diva. »
39:59« Mais c'était plus facile de me faire venir moi. »
40:03« Donc, moi, c'est Nolem. »
40:05« Salut, Nolem. »
40:07« Je ne sais pas trop quoi dire, à part que je suis dépressif. »
40:13« Et que j'aime bien faire des blagues sur la dépression pour ne pas me tuer. »
40:17« Ok. »
40:19« Ça me... »
40:20« Après, il y a Nolem. »
40:22« C'est une partie qui est... »
40:23« Deux parties en fait, en une. »
40:25« C'est une partie qu'on appelle trauma holder. »
40:27« Donc, en fait, il a les souvenirs de beaucoup de traumatismes. »
40:31« À la fois dans mon adolescence et à la fois d'un viol que j'ai vécu à 19 ans. »
40:34« Et c'est un alter qui est extrêmement dépressif. »
40:36« En fait, il ne se genre pas vraiment. »
40:38« Il ne sait pas vraiment s'il est une fille ou un garçon. »
40:40« Du coup, on a pris l'habitude de dire « il. » »
40:41« Donc, voilà. »
40:42« T'as quel âge, Nolem ? »
40:43« Entre 14 et 16 ans, à peu près. »
40:47« T'aimes bien Thibaut Cheip ou il n'est pas drôle ? »
40:48« Si, t'es drôle. »
40:49« Si, t'es drôle. »
40:51« Un bon gars, un bon gars. »
40:53« Si, t'es marrant. »
40:54« T'es contente de faire une vidéo YouTube sur ma chaîne ? »
40:56« En fait, c'est difficile pour moi juste d'être là en tant que... »
41:00« Parce que je retiens beaucoup de... »
41:01« De trucs lourds. »
41:02« Ouais. »
41:03« Qu'est-ce qui t'intéresse, toi, dans la vie ? »
41:04« Alors, rien. »
41:07« Non, c'est un... »
41:08« Si j'étais moins dépressif que ça, je pense que je serais un peu dans tout ce qui est poèmes et arts écrits ou choses comme ça. »
41:15« Et musculation ? »
41:16« Non, je pourrais pas. »
41:17« Non. »
41:18« Je peux pas bouger, non. »
41:18« Ok. »
41:19« Je suis très, très fatiguée et pour moi, ce serait impossible de faire ça. »
41:23« Quand est-ce que tu apparais, toi ? »
41:24« Quand Iséliane va trop loin. »
41:26« Et du coup, quand elle dépasse trop les limites de notre corps... »
41:28« Tu m'installe. »
41:29« Bah, notre corps, il fait un shutdown. »
41:31« Et en fait, je suis cet état de... »
41:33« En tout cas, je suis apparue plus ou moins comme ça. »
41:36« Et après, j'ai fusionné aussi avec une autre partie qui était nostalgia, qui refermait beaucoup de peine par rapport au fait qu'on nous a abusés sexuellement et violés. »
41:48« Elle avait une nostalgie très, très intense de toute l'enfance qu'on n'a pas vécue. »
41:53« Est-ce qu'il y a un traitement ? »
41:54« Le traitement qu'on fait, c'est le traitement des traumatismes. »
41:57« Donc, on essaye de repartir déjà de nous sécuriser, c'est-à-dire de faire en sorte que tout le monde, tous les altères se sentent à peu près en sécurité avec ce qui se passe. »
42:06« Et après, de traiter les traumatismes de chacun tout petit à petit et ça prend des dizaines d'années. »
42:12« La plupart des gens, ça prend entre 6 et 15 ans. »
42:16« C'est pas 10 ans d'une fois par mois, c'est 10 ans d'une fois par semaine à deux fois par semaine. »
42:20« Nous, notre but aussi, la thérapie, en fait, elle a pour but deux buts. »
42:24« Soit avoir ce qu'on appelle la multiplicité fonctionnelle, c'est-à-dire arriver à vivre en étant multiple dans notre tête sans avoir de problème, sans que ça nous gêne au quotidien. »
42:32« Oui, on peut vivre en étant plusieurs dans sa tête sans que ça gêne. »
42:35« Le deuxième but qui, personnellement, est notre but à nous, c'est de faire ce qu'on appelle une fusion totale ou finale, c'est-à-dire de réunir tous les altères et de tous fusionner les identités en une seule. »
42:45« Donc, il y a les deux buts et moi, je préfère ce but-là. Après, c'est vraiment des préférences et à voir avec chacun. »
42:50« Tu prends des médicaments pour ça ? »
42:52« Oui, on prend tous. En fait, on les prend pour le corps parce que notre corps est dépressif. »
42:58« Ça nous aide à nous stabiliser. Ça aide aussi à stabiliser pas mal mon humeur dans le sens où je ne me suicide pas. »
43:04« J'ai un délire avec les défenestrations aussi, maman. »
43:08« C'est Izelian. C'est la faute d'Izelian, ça. C'est toi qui as essayé, meuf. »
43:12« Du coup, j'en rigole beaucoup. Maintenant, j'ai trouvé un humour noir un petit peu. »
43:16« J'ai un humour extrêmement noir et je crois que c'est la seule chose qui me permet du cynisme. »
43:22« Et c'est la seule chose qui me permet un peu de me sentir un peu mieux par rapport à ce qui s'est passé parce que c'est juste trop. »
43:27« C'est abusé. La douleur que je ressens tout le temps. »
43:31« Et en fait, j'en voulais aussi parfois aux autres alters puisqu'ils oublient eux. »
43:36« Ouais. Eux, ils ont pas ça. J'ai un devoir de... »
43:38« Tu portes un fardeau. »
43:39« Un morceau en tout cas du fardeau. C'est insupportable. »
43:42« Et j'aimerais que les gens comprennent que le TDI, c'est pas fun. »
43:45« Le fait que j'arrive à switch et à venir devant et tout, c'est parce que là, on est quand même épuisé de l'interview. »
43:51« On met ça en effet en dehors des caméras où on va pleurer, où on va faire des crises d'angoisse. »
43:56« On a un handicap qui fait qu'on n'arrive pas à travailler. »
44:00« Et en plus, on se sent mal parce qu'on aimerait travailler. »
44:02« J'aimerais que les gens voient la douleur. »
44:04« J'aimerais que les gens comprennent que parfois, j'ai envie de me suicider et c'est pas pour le fun. »
44:10« Que parfois, j'ai envie de me mutiler et c'est pas pour le fun. »
44:13« Du coup, parfois, je m'endors et je dors et je dors des heures et des heures pour juste éviter de vivre. »
44:18« Parce que je pense que beaucoup de gens oublient ça. »
44:20« Beaucoup de gens qui voient le TDI sont juste dans le mode « Vous êtes plusieurs dans votre tête ou assez cool. »
44:26« T'as cru qu'on voulait exister comme ça ? »
44:28« Tu crois qu'on donnerait quoi, en fait, pour devenir normal ? »
45:02« Une caméra et devant des milliers de personnes en train d'avoir des crises. »
45:05« Vous avez envie que vos pleurs et les moments où vous êtes le plus vulnérable se retrouvent sur Internet ? »
45:11« Pas forcément, en fait. »
45:12« Et même dans les crises, les gens disent « Ah, vous faites semblant d'être en crise. »
45:15« Que vous le sachiez, on le fait pas pour votre pitié. »
45:18« Je le montre parce que ça existe. »
45:19« Je tiens à dire ça parce que je sais qu'il y a énormément de gens qui disent
45:23« Ouais, vous faites ça pour l'attention. »
45:24« Bah oui, on fait ça pour l'attention parce qu'on recherche votre attention pour que vous voyez que ça existe. »
45:28« Et que vous fassiez quelque chose. »
45:29« Si on peut aider à faire en sorte qu'une personne de moins en meurt, eh bien on aura aidé quelqu'un. »
45:33« Parce que c'est pas en se taisant et en faisant comme si ça existait pas et en se mettant des œillères qu'on va changer les choses. »
45:38« Qu'est-ce que t'aimerais que les gens retiennent de ce discours-là, de tout ce qu'on a dit aujourd'hui ? »
45:42« S'il y avait une chose que les gens devaient retenir. »
45:44« Je pense que ce que dirait Iselian, c'est absolument pas impressionnant. »
45:47« On se transforme pas en mode la bête, machin, du split. »
45:51« C'est une maladie qui est courante. »
45:53« Quand je dis qu'elle est courante, c'est que dans les cas d'entre 18 et 25 ans,
45:57qui est certainement la majorité d'entre vous qui va regarder cette vidéo,
46:00il y a 3%, 3,7% d'entre vous, ça veut dire une personne sur 30, une personne par classe,
46:06qui vit ça certainement, qui ne sait même pas qu'elle vit ça,
46:09parce que 95% des gens qui ont un T.D. ne sont pas diagnostiqués,
46:12ils ne savent même pas qu'ils en ont un. »
46:13« Donc juste faites attention à vos proches, servez-vous de tout ça,
46:16de tout ce qu'on vous donne, nous en tant que patient et en tant que personne
46:20qui s'y connaît aussi scientifiquement, servez-vous de ça en fait,
46:24pour pouvoir changer les choses et pour pouvoir faire en sorte que notre enfance ne se reproduise pas,
46:28qu'il n'y ait plus de gens dans la génération future
46:30qui soient maltraités comme ça. »
46:32« Bah écoutez, je pense que... »
46:34« Et ça va. »
46:35« Je pense que... »
46:35« Ne t'inquiétez pas, j'ai le sourire aussi, je suis capable de rigoler. »
46:39« Il faut montrer les deux aspects, on l'a montré dans cette vidéo. »
46:41« Je suis très cynique aussi. »
46:42« Et entre hier et aujourd'hui, avec tout le stress que cette interview m'a causée,
46:46j'ai plus switché que dans le dernier mois. »
46:48« Nous, on switch une fois par jour en fait, max. »
46:51« Parfois, on peut avoir des semaines sans switcher, c'est normal aussi. »
46:54« Tous les cas sont différents. »
46:55« Ouais, tous les cas sont extrêmement différents. »
46:57« Et c'est pas parce que moi j'arrive à switcher, etc. que les autres arrivent à le faire. »
47:01« C'est pas parce que moi j'ai ces handicaps-là que les autres ont exactement les mêmes handicaps. »
47:05« Voilà, on est très très très différents. »
47:07« Le TDI, ça veut juste dire qu'on est plusieurs dans notre tête,
47:09on a vécu des traumatismes dans l'enfance. »
47:11« Ça veut absolument rien dire sur tous les effets que ça peut avoir dans notre vie au quotidien. »
47:15« Merci d'avoir regardé cette vidéo ! »
47:27« Merci d'avoir regardé cette vidéo ! »
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