Chef d'entreprise et président de Platex, Marc Warnod est revenu sur la question des taxes et des impôts en France : «On a le record du monde de la fiscalité».
00:00Le résumé, disons qu'on a le record du monde de la fiscalité et le record du monde du nombre de taxes, 483 taxes,
00:08et donc on est toujours dans cette logique suicidaire du saucissonnage, c'est-à-dire que là on a encore ressorti ou réinventé
00:14une dizaine d'impôts ou de taxes au nouveau qui vont s'additionner et qui vont encore plus fragiliser les entreprises.
00:20Mais on a une logique qui consiste à toujours penser qu'il faut aller prélever encore plus d'argent là où il est,
00:28alors il n'y en a plus beaucoup d'argent, donc on va le chercher là où il est, dans les entreprises, sans se poser la moindre question.
00:34Ce que l'on peut regretter, c'est qu'on n'a pas pris la leçon du Covid.
00:38Monsieur Macron, en 2021, lorsqu'il décide de faire l'activité partielle et le PGE, pourquoi il le fait ?
00:47Il le fait parce que les entreprises françaises sont tellement vulnérables qu'on a 11 millions de chômeurs trois mois après.
00:52Et donc tout d'un coup, on décide de les aider massivement.
00:54On est le seul pays au monde qui a aidé les entreprises.
00:58Qu'est-ce qui se passe cinq ans après ? Rien.
01:00Les entreprises françaises, je voyais une étude de KPMG la semaine dernière.
01:03Une entreprise qui fait 34 millions d'euros de chiffre d'affaires, elle gagne 5 millions en Hollande, elle gagne 1 million en France.
01:08On a une rentabilité qui est cinq fois inférieure.
01:10Pourquoi ?
01:10Et comment on l'explique ?
01:11On l'explique avec les taxes et les impôts.
01:15Je veux dire, comment on explique également qu'on a le travail le plus cher d'Europe avec le pouvoir d'achat le plus faible ?
01:21Parce qu'entre les deux, on a les charges qui sont principalement, d'ailleurs, ou en partie consacrées à financer une retraite dont on n'a plus les moyens.
01:29200 milliards en plus depuis 20 ans.
01:31Donc, à force d'être aveugle et de penser que les entreprises sont juste Crésus et nous envoyer des images de LVMH en permanence à l'Assemblée nationale,
01:40comme si toutes les entreprises étaient comme Louis Vuitton et en les décriant en permanence, ce qui est d'ailleurs, en passant, absurde.
01:46Je rappelle quand même que Louis Vuitton, en France, a mille entreprises, mille usines.
01:50Ça ne dérange personne de penser que cette entreprise que l'on veut surtaxer en permanence, que l'on critique en continu, cette entreprise a mille usines.
02:00Ces mille usines, elles donnent du travail de sous-traitance à des entreprises, pas forcément comme la mienne, mais comme beaucoup d'entreprises que je connais.
02:06Je veux dire de vouloir tout le temps tout démonter en poussant les gros entrepreneurs, ceux qui ont le choix, à partir.
02:12Parce que c'est ça la question, en réalité.
02:13La finalité, c'est qu'un gros patron, une grande entreprise, si elle sent qu'il y a un terrain hostile pour protéger son entreprise, pour protéger ses araléries, elle peut très bien dire, messieurs, messieurs, dames, bonsoir.
02:26Mais vous en avez la preuve avec le comportement de monsieur Lescure, avec la taxe GAFAM, qui était prévue à 15%.
02:33La taxe GAFAM, c'est que sur les grosses entreprises de taxe américaine, ils n'ont finalement passé qu'à 6%.
02:38Vous savez pourquoi ? Parce qu'il a peur de Trump.
02:40Et donc, quand il y a un contre-pouvoir et qu'il y a un risque, l'État n'avance pas, l'État réfléchit.
02:45Or, avec les entreprises, les entreprises nous semblent les vaches à lait d'un système qui ne va plus.
02:49Alors, on pourrait quand même dire qu'il y a une...
02:52Sur les grandes entreprises, les GAFAM dont vous parlez, les grandes entreprises qui ont des sièges en Irlande, mais qui investissent ou qui travaillent en France,
03:00il y a une sorte de, finalement, c'est d'une injustice pour les entreprises françaises qui sont taxées bien plus que les GAFAM.
03:07L'exonération du Qatar sur ses bénéfices immobiliers à Paris n'est pas une injustice.
03:12Moi, j'aimerais bénéficier aussi de niches fiscales comme ces gens-là.
03:16La réalité, c'est qu'on est dans une économie qui est mondialisée.
03:19Et finalement, les PME en France, pour parler clair, les PME sont les otages du système.
03:23Parce que nous, on ne peut pas partir.
03:24Nous, on ne peut pas faire de chantage.
03:26Nous, on n'a pas les moyens, entre guillemets, de contourner le système.
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