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  • il y a 3 semaines
L'ancien patron de Stellantis revient sur les raisons de son départ, la transition à marche forcée de l'Europe vers l'électrique et le fait que Leapmotor pourrait à terme racheter les activités locales de Stellantis dans son livre “Un pilote dans la tempête” .

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Transcription
00:00Nous recevons un homme qui a été le patron le mieux payé de France, un homme qui a visiblement décidé de mettre les pieds dans le plat sur son salaire, sur les impôts qu'il a payés, sur la taxation des plus riches, sur Emmanuel Macron.
00:09Les Français ne méritent pas Emmanuel Macron. C'est une des phrases que l'on lit dans son livre. Ou encore, les Français ne travaillent pas assez.
00:16Bonsoir, Carlos Tavares. – Bonsoir. – Merci beaucoup d'être avec nous. Vous avez dirigé Stellantis, donc Peugeot, Citroën, Open, Chrysler notamment.
00:24Vous avez passé 30 ans chez Renault et vous publiez ce livre, on vient de le voir, Un pilote dans la tempête chez Plon, où vous parlez de tout, c'est cash.
00:33Je vais essayer de l'être aussi un peu ce soir. En étant plein débat sur le budget, je suis obligé de vous poser la question.
00:38Qu'est-ce que vous dites ce soir aux socialistes qui poussent pour imposer en France une taxe Zuckmann ?
00:44– Je dis d'abord que ce qui me paraît fondamental pour la société française, c'est de préserver et d'améliorer sa cohésion.
00:49Je pense qu'une des grandes fragilités que nous avons dans ce pays, dans ce pays de cœur, pour moi, c'est…
00:57– Vous êtes portugais. – Je suis portugais et la France est mon pays de cœur.
01:00C'est qu'on a une société qui est très fragmentée et tous les débats parlementaires,
01:05toutes les guerres partisanes qui sont en train de se mettre en place vont dans le sens de renforcer
01:11la fragmentation de la société française. Ça, c'est très mauvais.
01:14Et je dis à mes amis français, et j'en ai énormément, faites attention à ça.
01:20Et donc, dans ce contexte-là, lorsque vous voulez réduire le déficit budgétaire,
01:25vous devez à la fois travailler sur réduire la dépense et éventuellement augmenter les recettes.
01:30D'abord, vous devez démontrer à l'ensemble des acteurs de la société que vous êtes capable de réduire les dépenses.
01:35Et si ça ne suffit pas, vous êtes évidemment autorisé à demander une contribution des autres acteurs de la société,
01:41notamment les plus aisés.
01:43Et moi, ce que j'aurais fait, si j'étais à leur place, le conseil que je leur donnerais,
01:46c'est de définir d'abord un plan et ensuite aller les voir ou des représentants de cette partie de la population
01:53en disant, voilà, notre plan c'est ça, on va réduire les coûts comme ça, comme ça, comme ça, de ce côté-là,
01:58mais on a besoin quand même d'augmenter les recettes parce qu'on n'arrive pas à corriger.
02:00Donc vous iriez voir les plus riches en leur disant, on a besoin d'un effort de votre part.
02:04Et voilà l'ordre de grandeur, faites-nous des propositions.
02:06On a besoin de 5, 10, 15 milliards de votre part, qu'est-ce que vous faites ?
02:09Faites-nous des propositions et si les propositions rentrent dans l'équation que nous avons pour ce plan de rééquilibrage des comptes,
02:16on vous laissera avoir l'initiative de le proposer de manière générale.
02:20– Vous allez voir qui ? Vous allez voir Bernard Arnault ?
02:22– Vous les connaissez mieux que moi.
02:23– Le MNF ?
02:24– Il y a combien ? Une dizaine de personnes à voir, à peu près ?
02:27Donc vous leur demandez à eux, vous leur dites, on a besoin de votre contribution, mais ce ne sera pas que des recettes.
02:33Nous avons aussi des efforts sur la dépense.
02:35Et donc pour l'ensemble de ce schéma où il y a à la fois réduction de dépense et augmentation de recettes,
02:39on aimerait que votre contribution soit de tel ordre, réfléchissez-y entre vous,
02:43faites-nous des propositions, on les valide et on vous laissera prendre l'initiative
02:47de démontrer votre générosité à la contribution du rééquilibrage.
02:50– Dans la dernière version de la taxe Zuckmann allégée,
02:53ça concernerait les patrimoines au-dessus de 10 millions d'euros.
02:55Si vous aviez toujours été en France, PDG de Stellantis, vous auriez eu à payer cette taxe-là ?
03:00– Si c'est 10 millions, oui.
03:01– Si c'est 10 millions, oui. Est-ce que ça vous aurait posé un problème ?
03:05– Ça aurait été évidemment quelque chose qui serait démotivant.
03:08– Mais si c'est un véritable effort sincère, concret de rééquilibrage des comptes,
03:15c'est un effort qui mérite d'être fait.
03:18La situation actuelle de la France n'est pas une situation tenable.
03:21C'est-à-dire que cette idée qui consiste à dire que vous allez pouvoir continuer à accumuler
03:24des dépenses supérieures à vos recettes, ce n'est pas un sujet raisonnable.
03:29Et donc il est important que chacun en prenne conscience.
03:31Mais il est aussi important de se dire que continuer à fragmenter la société
03:35en stigmatisant une partie de la société…
03:37– C'est-à-dire les plus riches ?
03:38– Ou d'autres, aujourd'hui c'est les plus riches, demain ce sera quelqu'un d'autre.
03:41– Oui, les recrétés…
03:43– Voilà, ou ceux de droite par rapport à ceux de gauche.
03:46– Où est-ce que vous taillez dans les dépenses ?
03:47– Dans la bureaucratie-technocratie.
03:51– C'est ce que tout le monde dit, mais bon.
03:52– C'est une évidence, et j'en avais chez Stellantis.
03:55Donc ce n'est pas uniquement un problème des États,
03:57c'est aussi un problème des entreprises.
03:59Ce que je dis aux leaders politiques portugais,
04:01notamment le leader du PS et le leader des sociodémocrates,
04:04c'est que ce que vous devez faire vous,
04:06c'est exécuter au centre les solutions pragmatiques
04:10pour résoudre des problèmes faiblement idéologiques
04:14pour que les électeurs ne soient pas désespérés
04:17et qu'ils aient à voter pour les extrêmes.
04:18– Vous dites qu'il y a une démagogie ambiante
04:21et une incapacité à dire non
04:23qui sont en train de ronger notre système de l'intérieur.
04:25C'est parce que les politiques ne savent pas dire non ?
04:27– Bien sûr, puisque la démagogie est omniprésente
04:30dans le système démocratique européen.
04:32– Qu'est-ce que vous avez comme exemple de démagogie en France
04:34dans le débat politique ?
04:35– Ne pas vouloir réduire les dépenses.
04:37– Pour vous, c'est ça ?
04:38– Il n'y a pas de meilleure démagogie que celle-là.
04:39Si vous n'acceptez pas l'idée que vous devez réduire les dépenses,
04:42il n'y a pas plus de démagogie que ça.
04:44À la maison, les foyers, ils savent que c'est que d'équilibrer un budget.
04:48Ils le savent.
04:49Pourquoi on ne le fait pas au niveau de la nation ?
04:51Parce qu'on nous laisse penser qu'il n'est pas nécessaire de le faire.
04:54Pourquoi on nous laisse penser qu'il n'est pas nécessaire de le faire ?
04:56Parce qu'on a un bouquet émissaire qui est désigné,
04:59qui sont les plus aisés.
05:00Mais on ne fait que fragmenter la société un peu plus,
05:03alors qu'on devrait leur laisser la possibilité d'aider la société
05:06au travers d'une contribution généreuse et spontanée
05:09qui viendrait s'inscrire dans un plan plus large
05:12dans lequel il y aurait aussi de la réduction.
05:14– Vous imaginez une contribution généreuse et spontanée
05:16des plus riches dans votre scénario ?
05:17Je voudrais vous faire écouter ce que disait à l'Assemblée
05:20pendant ces débats sur le budget.
05:22Le député insoumis, Aurélien Lecoq, sur les plus riches, écoutez-le.
05:25– À quoi sert un actionnaire du CAC 40 ?
05:30Si ce n'est sans doute à être un parasite
05:34qui empêche que l'argent retourne dans l'économie réelle,
05:40dans les salaires ou dans l'investissement.
05:43– Les actionnaires du CAC 40, des parasites,
05:45qu'est-ce que vous répondez à ça ?
05:46– D'abord, je réponds que ça, ce n'est pas de la vraie politique.
05:50– C'est quoi ?
05:51Ça, c'est agiter des émotions, des pulsions et des jalousies.
05:55Ce n'est pas de la vraie politique.
05:56La vraie politique aurait été,
05:57voilà ce que je propose pour régler le problème.
06:00Ça, c'est la vraie politique.
06:02Mon plan pour résoudre le déficit chronique de la France,
06:05c'est celui-ci.
06:06Parce qu'il peut taxer les plus aisés,
06:08mais ça ne va pas résoudre le problème du déficit.
06:10Ça ne va pas le résoudre.
06:12L'ordre de grandeur n'y est pas, de toute façon.
06:14Et donc, ça, ce n'est pas de la vraie politique.
06:16Ça, c'est agiter des pulsions, des émotions
06:18et des sentiments de jalousie
06:20qui ne renforcent pas la société française,
06:22qui continuent de la fracturer.
06:23– Vous l'avez vécu, la jalousie.
06:25Quand on a beaucoup parlé de votre salaire,
06:26vous le dites dans le livre,
06:28vous avez touché en 4 ans chez Stédentis 80 millions d'euros.
06:31– À peu près.
06:31– À peu près.
06:32Alors, vous expliquez que 90% de parts variables,
06:34ça dépend des résultats d'entreprise.
06:36– Exactement.
06:36– Et que ce n'est pas le cas de tout le monde.
06:38Est-ce que vous comprenez qu'au-delà de la jalousie,
06:40certains peuvent se dire,
06:4180 millions sur 4 ans, 20 millions par an, c'est trop.
06:44Quel que soit le talent du patron, c'est trop.
06:46– Alors, je l'entends,
06:48mais je renvoie votre question à ceux qui font cette critique-là
06:53en disant, ayez le courage de légiférer.
06:56– C'est-à-dire ?
06:56– On est pour responsabilité.
06:57Si vous pensez que c'est trop,
06:59vous décidez de légiférer.
07:00Vous dites, l'écart maxi ou le nombre de fois
07:03sera limité à temps.
07:05Mais il faut en assumer les conséquences.
07:07– C'est-à-dire ?
07:07– C'est-à-dire que toutes les conséquences,
07:09ça peut avoir sur l'investissement,
07:11sur le fait que les meilleurs talents ingénieurs français
07:14sont tous en train de travailler en Californie,
07:16sur le fait que de futurs vaccins pour des problèmes pandémiques
07:20pourront être trouvés par des scientifiques français
07:23pour des entreprises à l'étranger.
07:25Donc, il faut assumer les conséquences de la décision.
07:27J'observe, j'observe,
07:29que depuis le temps que je le dis,
07:31personne n'a légiféré sur le sujet.
07:33– Et vous assumez jusqu'au bout dans le livre,
07:36en disant que l'écart grandisse
07:37entre le salaire de l'ouvrier et le salaire du patron,
07:39qu'on soit passé de 1 à 50 à 1 à plusieurs centaines de fois
07:43le salaire de l'ouvrier, vous dites aucun problème,
07:45le rôle du patron aujourd'hui est plus difficile
07:47qu'il y a 20 ans.
07:48Vous comprenez que ça aussi, ça puisse choquer ?
07:50– Là, je ne le comprends pas.
07:51Parce que ça, c'est de l'ignorance.
07:53Et c'est évident.
07:54– Quand je disais que vous parliez cash ?
07:55– Oui, bien sûr.
07:56Mais c'est de l'ignorance.
07:57C'est-à-dire qu'on n'explique pas.
07:58Moi, je pourrais vous montrer des photos ici,
08:00des risques physiques qui sont pris par les patrons
08:03dans leur déplacement à l'étranger.
08:05– Physiques ?
08:05– Bien sûr, des risques qui sont visibles au travers
08:08du niveau de protection dont on bénéficie
08:10pour se déplacer à l'étranger.
08:11Je pourrais vous parler de la formation.
08:13– Attendez, attendez, je m'arrête là-dessus.
08:14Quels sont les risques physiques que vous,
08:16patron de Stédentis, vous avez eu à affronter ?
08:18– Ils sont visibles au travers du niveau de protection
08:21qui est très variable en fonction des pays
08:22dont vous devez bénéficier pour pouvoir déplacer
08:26et faire des affaires dans ces pays.
08:27– Vous êtes pris en otage ?
08:29– Je peux vous expliquer, par exemple,
08:31quel était le niveau de protection dont je bénéficiais en Italie
08:32par rapport à la France.
08:33– Et en Italie, par exemple ?
08:34– C'était au moins 7 personnes de voitures blindées, au moins.
08:38– OK.
08:39– Au moins.
08:39Si vous allez au Brésil, c'est au moins 10 militaires
08:42mitraillettes au point.
08:44Donc, je commence par ça parce que c'est ce qui frappe le plus.
08:47Ensuite, je continue.
08:49Formation à la mise en examen.
08:53Un directeur juridique d'une des entreprises
08:55que j'ai le privilège de diriger m'a expliqué
08:57que 60% des patrons du CAC 40 étaient mis en examen.
09:00On a reçu une formation, mis en examen.
09:02– Vous dites qu'il y a ce risque-là et ça se paye ?
09:04– Réglementation, réglementation des marchés financiers.
09:08Le nombre d'alinéas et de clauses qui sont grises,
09:12pas blanches ou noires, elles sont grises,
09:14et qui laissent une porte grande ouverte à l'interprétation.
09:17Ça représente un risque énorme pour le dirigeant.
09:19Et donc, vous ne pouvez pas considérer,
09:22et je ne vous parle pas du risque pénal,
09:24des affaires qui peuvent survenir dans votre conduite des affaires.
09:26Et donc, il est inexact de dire que dans un monde
09:31qui est de plus en plus judiciaisé,
09:34les patrons n'ont pas un risque croissant
09:36dans l'exercice de leur fonction.
09:37– Mais Carlos Taveres, vous parlez de ces risques-là.
09:39Vous dites, j'assume et je méritais mon salaire
09:42parce que ça a bien marché, etc.
09:43– C'est ce qui a décidé le board.
09:44– Et c'est ce qui a décidé, effectivement,
09:46ce qui ont décidé les actionnaires de l'entreprise, du groupe.
09:49Moi, j'ai reçu beaucoup de courriers aujourd'hui.
09:52Je voudrais vous citer notamment celui de Christiane
09:54qui m'a écrit pour me parler, elle, de sa voiture,
09:56vraiment, de sa voiture Peugeot, en l'occurrence,
09:59avec des gros problèmes de moteur,
10:01qui a une voiture qui est immobilisée depuis trois ans.
10:04Elle dit, c'est ça aussi votre bilan.
10:05Et elle ajoute, les airbags Takata, etc.
10:08Elle dit, c'est ça aussi votre bilan.
10:10Qu'est-ce que vous leur répondez aux téléspectateurs comme Christiane ?
10:13– Bien sûr, je leur réponds bien volontiers.
10:14D'abord, je lui présente mes excuses.
10:16– Ah, vous dites ce soir, il y a des excuses.
10:17– Bien sûr, parce que vous n'avez pas de constructeur
10:19automobile, il n'y a pas de problème de qualité.
10:21Le problème de qualité, c'est un mal endémique
10:23de l'industrie automobile.
10:24Parce que c'est l'objet technologique le plus dense
10:27que vous avez aujourd'hui entre les mains
10:29dans votre vie de citoyen.
10:31Et donc, c'est effectivement très complexe.
10:33Il y a des réglementations qui ont fortement complexifié
10:36la technologie des automobiles.
10:38Il y a des problèmes, tout le monde en a.
10:39Takata, c'est 100 millions d'airbags rappelés
10:43sur tous les constructeurs de la planète.
10:45Et donc, à chaque fois que ces questions se sont posées,
10:48y compris pour les moteurs,
10:49l'entreprise a fait preuve d'une très grande générosité
10:51dans la prise en charge de ces coûts.
10:53Et ça a pesé lourdement sur nos comptes.
10:55Alors, ceci ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu
10:58de dysfonctionnement au niveau du traitement
11:00des solutions et au niveau de l'application
11:03dans les concessions.
11:03– Christian, en l'occurrence, me dit
11:04« ma voiture est bloquée depuis trois ans ».
11:06Enfin, pardon, je suis très concret sur mes tendus,
11:07évidemment, au niveau de tous ceux
11:09qui regardent de leur quotidien, etc., de leur voiture.
11:12– C'est tout à fait anormal.
11:13Il n'y a aucune raison pour que, pour une raison moteur,
11:15la voiture soit bloquée pendant trois ans.
11:16– J'ai encore deux questions à vous poser ce soir.
11:18Je le disais, vous parlez cash,
11:19et alors il y a deux phrases qui m'ont perturbé
11:22dans votre livre.
11:23« La France peut-elle s'en sortir ? »
11:24Tout le monde vous parle de cette phrase-là.
11:25« La France peut-elle s'en sortir ? »
11:26Point d'interrogation.
11:27Vous dites, j'ai un vrai doute.
11:29– Exact.
11:30– Pourquoi ?
11:30– Pour une raison assez simple.
11:34D'abord, c'est que vous avez aujourd'hui
11:36un tel fractionnement de la société,
11:39une telle fragmentation de la société,
11:41que pour traiter un problème simple,
11:44qui est de réduire les dépenses,
11:47quitte à augmenter un peu les recettes
11:48pour équilibrer le budget,
11:50ce que tout le monde est capable de faire,
11:52surtout nous tous, dans nos foyers respectifs,
11:54vous mettez le pays dans une situation de tension
11:58qui devient extrêmement délicate.
12:00Et donc, c'est anormal
12:02qu'une société avec autant d'intelligence,
12:05avec autant d'éducation,
12:07avec une démocratie qui est aussi rodée,
12:09il est anormal qu'une question aussi simple
12:11provoque une telle tension.
12:12Ça, c'est anormal.
12:13– Vous dites, le risque est celui d'une guerre civile
12:15qui ne dit pas son nom, une guerre civile rampante.
12:16– Bien entendu.
12:17– Guerre civile, c'est écrit dans votre livre.
12:19– Bien entendu, puisque ce à quoi vous aboutissez aujourd'hui,
12:22c'est une polarisation de la société.
12:23Vous avez une polarisation du spectre politique
12:26et vous avez une polarisation de la société.
12:29Quand vous avez une polarisation qui est très forte,
12:30vous avez un risque de guerre civile.
12:32Donc, d'un côté, si on ne reconnaît pas
12:34que nous avons un problème de productivité
12:37ou un problème de qualité du travail
12:40que nous produisons pour combattre cette situation,
12:43parce qu'il faut augmenter la richesse
12:45d'une manière ou d'une autre.
12:46Et si de l'autre côté,
12:47vous assistez à une polarisation de la société,
12:49vous avez le choix entre
12:50vous ne règlez pas le problème,
12:52vous avez de la misère.
12:53Ou de l'autre côté, vous avez une guerre civile.
12:55Et ça, la raison pour laquelle je suis inquiet
12:57pour mes amis français,
13:00c'est que je ne vois pas par quel bout
13:01vous allez prendre le problème pour le résoudre.
13:03– Alors, vos amis français,
13:04ce sera ma dernière question,
13:05je dis souvent à mes amis français,
13:07deux points volés guillemets,
13:09vous ne méritez pas votre président,
13:11vous ne méritez pas Emmanuel Macron.
13:12Il reste de toute évidence
13:14une des personnalités les plus brillantes d'Europe.
13:15sur la plupart des sujets,
13:17il avait raison avant tout le monde.
13:19Il est à 15% de popularité en France,
13:20le président Macron.
13:21– J'ai envie de vous répondre
13:22avec tout le respect que j'ai pour vous,
13:23et alors ?
13:24– 15% de popularité, et alors ?
13:27– Depuis quand est-ce que le niveau de popularité
13:29est un indice de mesure ?
13:30– Donc les Français n'ont rien compris à Emmanuel Macron ?
13:33– Non, il y a quelque chose
13:34qui ne s'est pas produit
13:34entre Emmanuel Macron et les Français,
13:36qui est triste pour ce pays,
13:38que j'aime.
13:40Il est indéniable que
13:42votre président
13:43a des qualités intellectuelles fortes.
13:46Il est indéniable
13:47qu'il commet de temps en temps
13:48quelques travers de communication.
13:50Il est indéniable que
13:51le courant n'ait pas passé
13:53entre lui et la population française.
13:55Mais je le dis avec respect,
13:58et je le dis surtout avec beaucoup d'affection.
14:00Vous avez un président
14:01qui est d'une certaine manière brillant.
14:03Vous ne l'avez pas bien utilisé.
14:05Vous ne l'avez pas bien utilisé.
14:06– Est-ce qu'il n'est pas l'origine
14:08de l'instabilité avec la dissolution,
14:09notre président ?
14:10– N'avez-vous pas oublié
14:11qu'il est aussi un être humain ?
14:13– Donc, il a commis des erreurs.
14:15– Mais comprenez la psychologie
14:16de la dissolution.
14:19Comprenez la psychologie
14:20de la dissolution,
14:21qui est liée au fait…
14:22– Ah, c'est toujours facile à comprendre.
14:23– Si, je pense que vous comprenez
14:24mieux que moi.
14:25Mais c'est un être humain.
14:27C'est un être humain.
14:27Vous l'avez mal utilisé.
14:29– Mais ça veut dire quoi,
14:30vous l'avez mal utilisé ?
14:31– C'est-à-dire qu'on l'a enfermé
14:33dans un certain nombre
14:34de malentendus
14:36ou de maladresses de communication,
14:38et on n'a pas su utiliser
14:40le potentiel qui est le sien.
14:42Si vous observez ces déclarations,
14:43vous observez qu'il a souvent
14:44raison sur le fond,
14:45mais la forme qu'il a
14:46de communiquer ces observations
14:48est généralement mal reçue.
14:50– Donc, les Français sont injustes
14:51avec leur président ?
14:52– Ce que je vous dis,
14:53c'est que le taux de popularité
14:54n'est pas un bon indicateur
14:56pour la performance d'un président.
14:58C'est un bon indicateur
14:59pour juger la prochaine réélection,
15:01mais ce n'est pas un bon indicateur
15:02pour mesurer la qualité
15:03de votre président.
15:03– Qu'est-ce que c'est l'indicateur ?
15:05– Les résultats du pays.
15:06Définissez la demi-douzaine
15:09de résultats d'un pays,
15:10ce n'est pas très compliqué,
15:11la dette, la croissance,
15:12la création de richesses,
15:13le nombre de pauvres qui diminue,
15:15le nombre d'innovations, etc.
15:17– Le nombre de pauvres n'est pas en France,
15:18par exemple.
15:19On est autour de 10 millions de personnes
15:20sous le soin de pauvreté.
15:21– Bien sûr, c'est un problème.
15:23Ce n'est pas un bon résultat.
15:24D'ailleurs, il a été le premier à le dire.
15:25– Quel est le pays
15:26qui a le plus d'avenir,
15:27le Portugal ou la France ?
15:28– Portugal où vous vivez.
15:30– Ça, c'est une bonne question,
15:31difficile.
15:32Je pense que le problème
15:33que nous avons tous les deux
15:36sont politiques de l'Europe.
15:38C'est ça le vrai problème.
15:39– Merci Carlos Tavares.
15:40– Merci à vous.
15:40– Merci d'avoir été avec nous.
15:41Un pilote dans la tempête,
15:42c'est chez Plon.
15:43Merci d'avoir été l'invité du 20h BFM.
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