Skip to playerSkip to main content
  • 2 months ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Il a quitté tout à l'heure la Malaisie pour le Japon. C'est la deuxième étape de sa tournée en Asie.
00:05Donald Trump rencontre aujourd'hui l'empereur Naruhito et demain la nouvelle première ministre, Sanae Takahishi,
00:12au programme des discussions, le commerce, les investissements et les dépenses en matière de défense.
00:18On va tout de suite aller rejoindre Guy Bourg de Lamotte, professeur Aline Alko en sciences politiques, spécialiste du Japon.
00:25Bonjour, merci d'être avec nous. Cette visite, elle tombe plutôt bien pour Sanae Takahishi une semaine après sa nomination.
00:32Ça y est, les choses sérieuses commencent pour elle.
00:36Absolument, les choses sérieuses commencent et puis elle est forte d'une popularité assez exceptionnelle à l'intérieur du pays.
00:45Donc elle peut démarrer sur les acquis de l'administration précédente, mais avec des propositions nouvelles qui émergent
00:53et avec une impulsion, une légitimité qu'ils ont plus fort.
00:59On va tout de suite aller rejoindre notre correspondant régional, Constantin Simon.
01:04Bonjour Constantin. Comment cette visite de Donald Trump, elle est perçue par les Japonais ?
01:11Alors la visite d'un président américain et notamment de cet homme fort que représente Donald Trump,
01:17c'est toujours l'occasion, si vous voulez, d'un soulagement.
01:19Non, parce que le Japon est finalement assez isolé. On a plutôt une bonne image du Japon en Occident,
01:24mais en Asie, c'est un pays qui a très peu d'alliés.
01:27Il y a d'abord l'énorme Chine menaçante qui fait face au Japon.
01:31Il y a la Corée du Nord qui tire régulièrement des missiles vers la mer du Japon.
01:35Et même la Corée du Sud, qui est pourtant un allié de Washington,
01:38a des relations assez compliquées avec le Japon à cause des différends qui datent de la Seconde Guerre mondiale
01:43et de la colonisation de la péninsule coréenne.
01:45Donc finalement, les Japonais, la classe politique, mais aussi le peuple,
01:49se sentent, se sentent assez isolés en Asie et donc assez inquiets.
01:54Et Washington est évidemment l'allié historique et très important.
01:59Il faut rappeler qu'il y a un traité qui unit les deux pays.
02:01En cas d'attaque contre le Japon, les États-Unis doivent défendre l'archipel.
02:05Donc c'est cela d'abord.
02:06Le deuxième point sur cette visite, c'est sans doute qu'il y a peut-être l'occasion
02:10de créer une relation un peu plus personnelle entre cette nouvelle Première Ministre,
02:14Sanayi Takahishi, qui incarne un peu un renouveau politique,
02:17un renouveau vers la droite, qui est une femme forte,
02:20qui vient tout juste d'être élue Première Ministre,
02:22alors qu'il y a eu beaucoup d'instabilité politique,
02:25mais qui est très populaire au Japon.
02:26Et cet homme fort aussi que représente Donald Trump.
02:30Donc ils ont beaucoup de points en commun, si vous voulez.
02:32Et c'est cela que les Japonais espèrent peut-être qu'il y ait une sorte de relation
02:36un peu personnelle qui puisse se tisser entre cet homme politique et cette femme politique.
02:42Constantin, 60 000 soldats américains sont présents au Japon.
02:45C'est le plus gros contingent au monde.
02:47Une présence qui n'a pas toujours été très bien acceptée.
02:50Où en sont les relations aujourd'hui entre ces soldats et la population ?
02:56Alors il faut sans doute différencier la situation à Okinawa,
02:59où j'ai fait de nombreux reportages qui concentrent quasiment
03:04presque plus de la moitié des effectifs américains, des soldats américains au Japon.
03:09Il y a énormément de bases.
03:10Pourquoi à Okinawa ? Parce que c'est tout près de Taïwan.
03:13Donc en cas de conflit à Taïwan, évidemment tout de suite,
03:17les Américains peuvent intervenir grâce à leur base américaine sur les îles d'Okinawa.
03:21Mais la population d'Okinawa en avait un peu assez de ces bases.
03:25et demande depuis longtemps un recentrage, un rééquilibrage de la présence américaine.
03:31Pour le reste, sur l'ensemble de l'archipel, les Japonais restent quand même sur ce son de cloche
03:35qui est qu'ils ont besoin des Américains, que les Américains sont une garantie.
03:40Et donc même s'il y a des contestations locales, des manifestations contre les bases américaines
03:45à Okinawa ou leur déplacement, il y a quand même dans l'ensemble la population japonaise
03:50qui est attachée à cette alliance, à cette garantie, à ce bouclier militaire américain.
03:57Merci beaucoup Constantin Simon pour toutes ces précisions.
04:00Je reviens vers vous Guy Bourg, de la mode.
04:02Constantin Simon vient de parler de nombreux points communs entre Donald Trump et Sanae Takahashi.
04:07Quels sont-ils ces points communs ? Est-ce qu'ils peuvent être amenés à s'entendre tous les deux ?
04:10Oui, tout à fait, mais il faut que j'intervienne pour, comment dire,
04:16autant certains points étaient tout à fait justes, enfin, mais juste sur un point,
04:20le Japon n'est pas isolé en Asie.
04:22En Asie du Sud-Est, il n'est plus isolé, c'est au contraire la Chine.
04:27Donc là, un des points communs, justement, ce qui rapproche Trump et le Parieti,
04:32un des points communs sur lesquels il y a des choses dont il m'en parlait,
04:35c'est comment contrebalancer la montée en puissance chinoise.
04:39Et ça, ça se fait par le biais de l'Asie du Sud-Est,
04:42où le Japon, au contraire, est très apprécié maintenant.
04:45Il intervient auprès des Philippines, un accord d'échange récitronique entre les forces alliées
04:51vient d'être signé, ce qui permet des échanges communs,
04:53ce qui permet aux forces d'autodéfense, c'est-à-dire l'armée japonaise,
04:57de débarquer aux Philippines, parce que les Philippines ont besoin d'aide.
05:01Et de la même manière, l'Indonésie ou l'Amanésie sont tout à fait demandeuses d'aide
05:06et de collaboration avec le Japon.
05:08Un accord vient d'être signé, par exemple, sur les métaux précieux.
05:11Là, c'est plutôt le Japon qui a besoin de l'Amanésie aussi.
05:14Mais un réseau se met en place avec, pour une logique commune,
05:17et ça, c'est depuis une dizaine d'années maintenant, voire plus,
05:20que pour logique commune, donc, de contrebalancer la puissance chinoise
05:26qui pose des problèmes à l'ensemble de la région.
05:28Et si l'Asie du Sud-Est du Maritime a du mal à s'unir vraiment parce que la Chine est indispensable,
05:35néanmoins, et qu'on peut être commercialement, ça, c'est d'ailleurs un point commun avec le Japon
05:38et avec d'autres pays comme l'Australie, eh bien, il faut la contrebalancer sur un point stratégique.
05:44Et c'est là que l'ensemble de ces pays attendent les États-Unis
05:48et sont heureux de voir enfin M. Trump arriver pour ce sommet de l'Asie
05:52et puis ensuite faire cette tournée régionale parce que Donald Trump,
05:56qui a été accaparé par différentes guerres, eh bien, maintenant,
05:59se tourne vers ce qui, au fond, est le point commun entre son précédent mandat
06:04et son mandat actuel, c'est-à-dire contrebalancer la puissance chinoise.
06:09Vous parliez de la table…
06:10Oui, allez-y.
06:12Pour vous répondre plus précisément sur les points communs,
06:15enfin, là où les conversations vont avoir lieu entre Mme Trump et Mme Sakaiti,
06:20par exemple, et M. Trump, eh bien, il s'agit de voir précisément
06:24comment l'accord qui a été conclu par son prédécesseur, M. Ischiba,
06:28va pouvoir être mis en œuvre.
06:31Il a été question que 550 millions de dollars soient investis aux États-Unis
06:37en échange d'un investissement des droits de loi,
06:40donc il faut voir sous quelle forme et de quelle manière.
06:42Et Mme Sakaiti va s'amuser sur deux choses.
06:44En fait, deux atouts, disons, sont mon amitié avec l'ancien premier ministre
06:51Abe Shinzo, qui était très, très proche de Donald Trump.
06:55Ils se sont très bien entendus.
06:56Ils avaient, donc là, le golf, la carte qui avait été jouée par Abe,
06:59c'était le golf.
07:01Abe, elle, maintenant joue la carte…
07:03Pardon, Sakaiti-san joue maintenant la carte Abe.
07:06Et puis, l'autre carte que sort, là, très habilement la diplomatie japonaise,
07:11eh bien, c'est l'empereur, puisque Nalajito vient de rencontrer M. Trump.
07:17Donc, tout ça pour faciliter un petit peu et faire ce que font les Anglais
07:20ou les Néerlandais en réquisitionnant, disons, leur famille royale,
07:26puisque M. Trump est sensible aux faces.
07:27Vous parliez de Shinzo Abe, justement, c'est l'un des mentors de Sanae Takashi.
07:34Donald Trump a même encensé la première ministre en la comparant à Shinzo Abe.
07:37Donc, c'est donc bon signe pour elle.
07:40Elle va pouvoir négocier avec Donald Trump ?
07:42Ils vont peut-être pouvoir s'entendre tous les deux ?
07:45Mais c'est tout à fait possible.
07:47C'est tout à fait possible, en fait.
07:48M. Trump a l'âme, semble-t-il, d'être tout à fait désireux de s'entendre avec ses interlocuteurs.
07:54Donc, pour peu qu'on sache, disons, jouer sur les bonnes filles pour trouver des terrains d'entente,
08:00alors évidemment, il faut couverler avec les États-Unis, ça peut être un peu compliqué.
08:03Mais enfin, là, je crois que, de fait, des pistes s'esquissent.
08:07Alors, plusieurs produits ont été évoqués.
08:10Et puis comme, disons, que l'élément favorable, c'est que Mme Papahiti est favorable
08:14à une augmentation encore supérieure des dépenses de défense,
08:17tant que le Japon a déjà indiqué qu'il souhaitait passer à ce qu'était la norme de l'OTAN auparavant,
08:25c'est-à-dire à peu près 2 % de PIB consacré aux dépenses, sinon de défense au sens strict de sécurité.
08:30Ça, c'était la norme précédente.
08:32Mais maintenant, il me semble que Mme Papahiti soit même disposé à aller jusqu'à 3,5 % du PIB.
08:38Et de fait, il y a beaucoup de choses à faire en réalité, puisqu'il y a des investissements.
08:41Alors, ce qui commence à s'espisser, ce sont des investissements en matière de drones,
08:44en matière de missiles, surtout les capacités missionnaires doivent être améliorées.
08:49Et ça, c'est face aux missiles chinois et aux missiles nord-coréens.
08:53Dans un contexte, évidemment, que la Russie accrape.
08:57Et justement, les discussions demain, elles devraient porter notamment sur la forme
09:01que prendront les investissements promis par le Japon aux États-Unis.
09:05Donald Trump veut conditionner la protection militaire des États-Unis
09:08aux efforts consentis par son allié.
09:11On va écouter les précisions de Romain Michelet.
09:12On reviendra ensuite vers vous, Guy Bourdelamotte.
09:14Au Japon, Donald Trump arrive en territoire ami.
09:20Et compte bien en profiter pour parler économie, notamment de commerce.
09:25En juillet dernier, le Japon avait négocié la baisse des droits de douane appliqués à ses produits
09:29de 25 à 15 %, en échange de promesses d'investissement aux États-Unis,
09:35à hauteur de 550 milliards de dollars.
09:37Un soulagement alors pour l'industrie automobile japonaise
09:40qui exporte largement vers les États-Unis.
09:43Mais cette baisse est aujourd'hui jugée pas assez conséquente pour certains habitants
09:47qui espèrent les voir disparaître.
09:50Ce qui compte, c'est de trouver un terrain d'entente.
09:52Il faut voir comment les choses vont évoluer,
09:54mais je pense que ces droits de douane, ce n'est pas une bonne chose pour l'économie.
09:57Le Japon n'a même pas la main sur ses investissements promis.
10:02Il se réfléchit par les États-Unis, dans certains secteurs comme les semi-conducteurs,
10:07la pharmacie ou encore l'énergie, mais pas forcément sous la forme d'investissements directs selon Tokyo.
10:13Autre enjeu de cette rencontre, l'énergie.
10:16Aujourd'hui, Tokyo importe encore massivement du gaz naturel liquéfié de Russie.
10:20Donald Trump aimerait que le Japon s'engage à se fournir désormais aux États-Unis.
10:26Autre exigence américaine, la défense.
10:2960 000 soldats américains sont présents au Japon,
10:32le plus gros contingent au monde et une garantie de sécurité pour Tokyo.
10:36Mais Donald Trump exige de son allié qu'il dépense davantage pour bénéficier de sa protection.
10:40A peine investie, la nouvelle première ministre japonaise s'y est déjà engagée.
10:48Il est nécessaire que le Japon poursuive activement un renforcement de ses capacités de défense.
10:53Ainsi, concernant le seuil de 2% du PIB stipulé dans la stratégie de sécurité nationale,
10:58nous prendrons des mesures pour l'atteindre dès l'exercice budgétaire en cours.
11:04Le Japon entend bien soigner sa relation privilégiée avec les États-Unis,
11:08alors que la Chine se montre toujours plus menaçante dans la région.
11:14Guy Bourdelamotte, on l'a vu dans ce sujet ces derniers mois,
11:17le Japon a constaté une chute de ses exportations vers les États-Unis,
11:21notamment les exportations de voitures, moins 28,4% en un an.
11:26Est-ce que le Japon aujourd'hui est complètement dépendant de cette alliance avec les États-Unis ?
11:32Alors, les ventes de voitures, ce n'est quand même pas l'alliance.
11:35Mais il y a deux choses là différentes.
11:37En fait, le contexte, évidemment, on augmente les droits de lois.
11:40Donc, bien sûr, ça pèse sur les exportations.
11:42Donc, ça, c'est là-dessus que les négociations apportent.
11:45Et donc, avec des perspectives qui sont d'amélioration probablement.
11:50L'alliance avec les États-Unis, elle est tout à fait centrale.
11:53Oui, bien sûr, parce que les États-Unis, c'est une chance hors pair.
11:57Et face à la Chine qui, elle-même, est maintenant la plus grande marine du monde en nombre de bâtiments,
12:04eh bien, bien sûr que l'appui américain est tout à fait essentiel au Japon,
12:08qui jusqu'à présent a une posture en matière de défense relativement effacée, relativement mesurée.
12:14Parce que l'article 9 de la Constitution reste en place.
12:17Cet article, dont la lettre interdit le maintien d'un potentiel militaire,
12:23et donc, dont l'interprétation a été d'orienter ce potentiel militaire,
12:28puisqu'il était nécessaire dans le contexte de la guerre froide, vers l'autodéfense.
12:32Et donc, ça reste, disons, la ligne de conduite.
12:36Mais enfin, ça n'empêche pas le gouvernement de voir qu'il faut augmenter les défenses de défense.
12:40Dans ce contexte, l'alliance avec les États-Unis, de fait, reste essentielle.
12:44Et c'est très bienvenu, disons, de voir M. Trump réaffirmer qu'il s'intéresse aux alliés,
12:49comme il l'a fait au sommet de la Céline.
12:52Et est-ce que c'est normal que le Japon n'ait pas la main sur les investissements,
12:55ses propres investissements aux États-Unis ?
12:59Ça, ça fait partie des négociations.
13:01Alors, bien sûr que ces négociations sont difficiles, comme on le sait.
13:04Donc, c'est là qu'ils vont essayer, en fait, d'obtenir une amélioration des termes, un assouplissement.
13:08Donc, une des possibilités, c'est comme Mme Salaé, Mme Takahichi,
13:13comme votre correspondant a dit, disons, l'objectif d'augmentation de 2 %,
13:20c'est-à-dire un mouvement, en fait, en proportion du PIB,
13:23des dépenses de défense en pratique de sécurité, en réalité,
13:26eh bien, devait être atteint d'ici 2027.
13:29Là, Mme Takahichi dit, on va le faire plus vite que prévu.
13:32Et donc, à terme, éventuellement, augmenter encore davantage,
13:35qui laisse toujours la marge, en fait, à un accroissement des importations
13:41de capacités de défense en provenance des États-Unis.
13:46Donc, ça, évidemment, dans une négociation, ça pèserait, bien sûr.
13:49Alors, il y a quelques jours, Washington réclamait à Tokyo de cesser d'importer du gaz russe.
13:54On imagine que ce sera là aussi l'un des sujets demain des discussions.
13:58À quel point le Japon est dépendant de ce gaz russe ?
14:01Alors, ce qui s'est passé, en fait, le Japon n'est pas si dépendant que ça du gaz russe,
14:06parce qu'il y a le nucléaire, toujours, qui a été réintroduit.
14:09Il y a d'autres courses, y compris durables, disons, qui ont pris de la place.
14:15Mais enfin, pour les énergies fossiles, il y en a toujours,
14:17et à la terme de celle-ci, du gaz russe.
14:20Et alors, ce qui s'est passé, c'est qu'au moment de la guerre unique en Ukraine,
14:23elle s'est posée, quand elle a été décroche en 2022,
14:26s'est posée la question de quoi faire avec le gaz russe,
14:29qui avait été, en fait, chèrement acquis par les Japonais,
14:32qui ont construit un gazoduc dans les années 2000, en fait.
14:36Et ça a été acquis de haute lutte face à la Chine qui était dans la négociation,
14:40et c'est au dernier moment qu'il a décidé d'octer pour un gazoduc qui irait vers le Japon.
14:43Et donc, si le Japon avait renoncé à ses importations de gaz russe,
14:48ce qui se serait passé, c'est qu'il aurait tout simplement été vendu sur les marchés internationaux,
14:55et le Japon, lui, aurait dû faire ce que fait l'Union européenne,
14:58c'est-à-dire s'approvisionner sur les marchés européens, internationaux,
15:01et donc vraisemblablement aurait été acheté, parfois, par le biais du marché noir,
15:07du gaz russe, qui aurait été réintroduit, vous voyez, par ce biais.
15:14Donc, au lieu de le payer plus cher, les Japonais ont fait la décision de maintenir ce gazoduc
15:19et donc de s'en servir, en fait, selon les termes qui avaient été utilisés,
15:24alors qui avaient été convenus à l'origine,
15:28ce qui était une manière, en fait, de ne pas donner plus d'argent à la Russie, finalement.
15:31Mais se pose néanmoins la question maintenant de voir ce que cette décision peut devenir
15:36dès lors qu'il faut approindre la pression sur la Russie,
15:40et c'est un petit peu la situation où est l'Union européenne, finalement,
15:43qui a décidé, donc, de sortir de cette dépendance elle-même du gaz russe.
15:49Alors, si à l'avenir, le Japon ne peut plus importer de gaz russe,
15:52vers qui peut-il se tourner ?
15:54Alors, il y a d'autres pays, par exemple l'Indonésie.
15:58Pour les matières premières, l'Australie est un partenaire très important,
16:01mais évidemment, la Russie, eh bien, c'était un partenaire de premier plan.
16:04Donc, le Japon se trouve comme une femme des Européens dans la situation
16:07de retrouver des ressources alternatives.
16:09Mais les États-Unis, bien évidemment, sont un excellent candidat,
16:13puisque, compte tenu du contexte économique des négociations commerciales,
16:17eh bien, importer du gaz des États-Unis est tout à fait indiqué.
16:23– Alors, on sait que Sanae Takahishi veut investir plus d'argent dans la défense.
16:29Pour quelles raisons ?
16:29Est-ce que ce sont des menaces chinoises et nord-coréennes dans la région
16:32qui motivent cette décision ?
16:33Ou est-ce qu'elle se dit qu'elle ne pourra peut-être plus compter sur…
16:36pas toujours compter, en tout cas, sur cette alliance avec les États-Unis ?
16:39– L'annonce avec les États-Unis, en fait, effectivement,
16:43l'idée pour le Japon depuis 20 ans, c'est de prévoir que, eh bien,
16:47non seulement il faut se défendre mieux, mais il faut aussi établir des liens
16:52avec les alliés dans la mesure où, de fait, les États-Unis peuvent…
16:57Ce qu'on constatait plus tôt, ce n'était pas tellement un désengagement,
17:00un risque de désengagement, mais plutôt, disons, un affaiblissement des États-Unis,
17:04un affaiblissement relatif face à la Chine.
17:06Là, disons, Donald Trump affirme sa volonté de rester en liège en Asie,
17:11un élève de contrebalancer la Chine, c'est logique,
17:14mais, de fait, diversifier les partenariats est quelque chose de souhaitable,
17:17et c'est quelque chose qui a été entamé par Abe Shizou à partir de 2006-2007,
17:22d'ailleurs à la demande du président Obama,
17:25qui, lors de son premier mandat, donc un petit peu après,
17:30eh bien, disait, il faut que les alliés nouent des liens entre eux.
17:35Et donc, c'est ce que fait le Japon depuis 2010 environ, même un petit peu avant,
17:40et c'est ainsi qu'il a établi des liens avec le Royaume-Uni, par exemple, l'Australie,
17:45qui sont devenus d'excellents partenaires dans le domaine de la défense avec le Japon,
17:50dans la mesure, par exemple, où le Japon a un projet d'avion de combat avec le Royaume-Uni et l'Italie,
17:56et puis avec l'Australie, c'est le premier pays avec lequel il est signé un traité dans le domaine de la sécurité,
18:03en dehors de celui qu'il a de l'alliance elle-même avec les États-Unis,
18:07mais donc l'Australie est devenue un partenaire très important dans le domaine de la sécurité.
18:11Et le Japon, de même, diversifie, c'est pour ça que je vous disais à quel point l'Asie du Sud-Est est importante dans cette stratégie,
18:18le Japon diversifie ses alliances en s'appuyant aussi et en s'affirmant comme soutien régional dans le maintien de l'ordre,
18:26voire dans la défense, pour les pays d'Asie du Sud-Est maritimes, Indonésie, Philippines, Malaisie, Vietnam,
18:33qui ont de gros problèmes avec la Chine, qui sont pas directement aux mêmes problèmes que rencontrent avec elle le Japon,
18:40c'est-à-dire des incursions répétées, c'est-à-dire un expansionnisme en mer de Chine mérite à l'Ontario.
18:46Justement, pour revenir sur la Chine, Sanae Takahishi a longtemps été virulente à l'égard de son voisin,
18:51elle a notamment critiqué son renforcement militaire dans la région Asie-Pacifique,
18:55elle a apporté son soutien à Taïwan.
18:57Néanmoins, on a senti qu'elle avait un petit peu adouci son discours sur la Chine récemment.
19:01Pour quelles raisons ?
19:03Oui, alors ça c'est de bonnes politiques, si vous voulez.
19:06Un homme politique, une femme politique qui se fait élire plutôt un discours un peu dur pour séduire la droite.
19:11Et ensuite, il faut rassurer, il faut s'adresser à un public plus large.
19:15à l'intérieur de la nation, il faut aussi rassurer les interlocuteurs internationaux.
19:19Et puis, il ne s'agit pas de jeter de l'huile sur le feu, n'est-ce pas, avec la Chine,
19:24les choses étant déjà suffisamment compliquées.
19:26Donc, il faut au contraire donner des signaux plutôt positifs à la Chine.
19:30Et donc, dans cette mesure, à la fois assurer, veiller à réaffirmer la continuité de la diplomatie japonaise,
19:38c'est-à-dire le soutien à Taïwan qui est acquis, mais compliqué aussi, comme pour tous les pays.
19:44Il ne s'agit pas de dire que Taïwan veut déclarer son indépendance et que quoi qu'il arrive, on la soutiendra.
19:48Mais enfin, néanmoins, le discours est celui de la stabilité régionale et du maintien du statut quo.
19:55Et c'est pour ça que Mme Takahichi a parlé au sommet de l'Asian de paix et de sécurité dans la région.
20:02C'est une manière de dire à la Chine.
20:04Essayons d'être constructifs et arrêter cet expansionnisme, arrêter d'être tenace.
20:08On va maintenant s'intéresser à cette rencontre prévue entre Xi Jinping et Donald Trump ce jeudi pour sceller peut-être un accord commercial.
20:17Qu'est-ce qu'il contiendrait, cet accord ?
20:19Écoutez les explications de Sophie Samaï. On revient ensuite vers vous, Guy Bourdelamotte.
20:24Un signe d'apaisement à quelques jours seulement d'une rencontre très attendue entre Donald Trump et Xi Jinping.
20:30A l'issue de deux jours de discussion à Kuala Lumpur en Malaisie, négociateurs américains et chinois ont annoncé ce dimanche être parvenus à définir les contours d'un accord commercial.
20:42Je peux vous dire que nous avons eu de très bonnes journées, donc je m'attends à ce que la menace d'une taxe supplémentaire de 100% soit désormais écartée,
20:51tout comme la menace d'une imposition immédiate par la Chine d'un régime mondial de contrôle des exportations.
20:57Selon Washington, Pékin envisage désormais de retarder la mise en place de restrictions à l'exportation de minerais rares et de reprendre l'achat de soja aux Etats-Unis.
21:10En retour, les Américains renonceraient à infliger 100% de droits de douane supplémentaires sur les marchandises chinoises,
21:16une menace régulièrement brandie par Donald Trump au cours des dernières semaines,
21:21alors que les deux puissances se livrent une bataille commerciale sans précédent depuis plusieurs mois,
21:27d'un accord d'écrasante taxe douanière.
21:30Côté chinois, on se félicite également d'être parvenu à un consensus préliminaire,
21:35mais le ministre chinois des Affaires étrangères s'est lui montré plus offensif sur le sujet,
21:40saluant ce lundi l'avènement d'un monde multipolaire.
21:44Nous appelons à en finir avec la politisation des questions économiques et commerciales,
21:49la fragmentation artificielle des marchés mondiaux
21:52et le recours aux guerres commerciales et aux batailles tarifaires.
21:56Donald Trump et Xi Jinping doivent se rencontrer ce jeudi en Corée du Sud pour sceller cet accord
22:01et relancer ainsi les relations commerciales entre les deux puissances,
22:06alors que la trêve douanière actuellement en vigueur entre la Chine et les Etats-Unis
22:09doit prendre fin le 10 novembre prochain.
22:13Guy Bourg de la Motte, il a vraiment des chances d'exister cet accord ?
22:17Il serait bénéfique aux Etats-Unis et à la Chine ?
22:20Oui, il faut le penser, disons que la Chine a été la seule à tenir tête de cette manière.
22:26Alors, vous aurez remarqué, la Chine, évidemment, on parle d'instrumentalisation
22:30et puis des tarifs dans le monde et de la menace économique,
22:36mais elle est la première à l'avoir fait au Japon en 2010 avec les métaux précieux, les terres rares.
22:42C'est elle qui a, en 2010, suspendu les exportations de terres rares dans les économies du monde,
22:48sont devenues si dépendantes.
22:49Les technologies nouvelles en dépendent cruellement.
22:52Et la Chine est non seulement la seule, pratiquement à l'époque,
22:55elle était la seule à les produire, pour ainsi dire.
22:57Aujourd'hui, ça s'est diversifié, mais elle reste la seule à les traiter de manière ainsi soit utilisable.
23:03Et donc, c'est une bonne chose de voir cet accord commercial se dessiner.
23:11Mais enfin, il n'empêche que la Chine conserve cette arme à ce stade.
23:16Et c'est ce qui explique que le Premier ministre australien, les Etats-Unis et le Japon
23:20se soient entendus récemment pour se mettre eux-mêmes à transformer ces métaux précieux
23:25et pour ne plus laisser le monopole de la transformation à la Chine.
23:28On doit donc peut-être s'attendre, ces prochaines semaines, ces prochains mois,
23:32à un apaisement des relations sino-américaines ?
23:35Il faut l'espérer, mais enfin, ce n'est pas ça qui va régler les problèmes de front,
23:40parce que reste encore que la Chine, dans la région et dans son attitude,
23:45elle continue à produire des sous-marins, des destroyers et des missiles.
23:51Jusqu'à quand et pour quelles raisons ?
23:53Avec quelles intentions ?
23:55Son expansionnisme en mer de Chine, ses prétentions, ses incursions subsistent.
24:01Donc, il faut aussi que tous ces volets-là s'apaisent.
24:04Donc, le maintien sinon de…
24:06Oui, il ne s'agit pas d'être offensive à l'égard de la Chine,
24:08mais bien d'établir des contrepoids suffisamment dissuasifs
24:11pour que la Chine cesse de se comporter de cette manière,
24:17comme si le Vietnam n'existait pas comme pays indépendant,
24:20comme si les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie n'avaient pas droit à leur propre prétention territoriale.
24:27Et il y a un point d'achatement, bien sûr, ce sera Taïwan,
24:30qui n'est pas du tout d'accord pour se laisser absorber par le continent chinois.
24:35L'expansionnisme chinois, disons, est bien toujours présent.
24:38Autre rencontre possible, cette semaine, ces derniers jours,
24:42une rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un a été évoquée.
24:46S'enverrait quel message si les deux hommes étaient vraiment amenés à se rencontrer ?
24:51Alors, le problème, c'est qu'on voit mal ce qui peut en déboucher, sincèrement.
24:57Donc, la première fois que ces rencontres ont eu lieu,
24:59elles ont suscité de l'espoir, enfin, un petit peu d'étonnement côté japonais.
25:02Mais enfin, le problème, c'est que l'arme nucléaire est si utile, en fait, au régime nord-coréen
25:09qu'on voit mal pour quelles raisons ils y renonceraient.
25:12Donc, ce qui peut aboutir de négociations, c'est un apaisement des tensions.
25:18Mais néanmoins, donc, autant pour nous, ce qui est important, c'est l'arme nucléaire.
25:22Pour la Corée du Nord, ce qui serait important et décisif, disons,
25:25ce serait un retrait américain de la région, ce qui ferait évidemment le jeu de la Chine.
25:28Et ce n'est pas quoi, ni le Japon, ni la Corée, ni le Sud, ni les pays de la région n'ont envie de le voir.
25:39Et puis, les États-Unis n'y sont pas disposés non plus.
25:41Donc, vous voyez, c'est là qu'il y a un problème, en fait, fondamentalement.
25:45C'est qu'il semble difficile de voir comment ces intérêts stratégiques contre un accord peuvent être réconciliés.
25:52Mais enfin, le dialogue est toujours une bonne chose, ne serait-ce que pour apaiser les tensions.
25:55Et puis, la Corée du Nord est tout à fait demandeuse, en fait, de l'introduction, d'une diversification, si on peut dire, de ces relations,
26:05parce qu'elle joue en ce moment de la Chine et de la Russie.
26:09Mais il y a également énormément de défiance dans ces relations avec ces deux partenaires.
26:14Et donc, l'introduction d'un troisième, disons, partenaire, sinon partenaire, disons, interlocuteur,
26:19potentiellement, avec un abaissement des tensions de son point de vue, eh bien, peut être positif.
26:24Pour nous également, c'est-à-dire aussi la distanciation.
26:28Merci beaucoup, Guy Bourdelamotte, d'avoir répondu à nos questions et d'avoir accepté notre invitation.
26:33C'est la fin de cette édition.
26:35On se retrouve dans quelques minutes.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended