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00:00Bonjour, c'est un anniversaire en demi-teinte pour Donald Trump.
00:11Le président américain a l'heure de souffler sa première bougie depuis sa nouvelle victoire.
00:14L'an dernier, voit se dresser face à lui quantité d'obstacles.
00:18Ses tarifs douaniers, le cœur de sa politique étrangère, menacée par la Cour suprême.
00:23La paralysie aussi d'un État fédéral entré dans son deuxième mois de chômage technique, faute de budget.
00:28Et puis, le désaveu des électeurs de la côte est, singulièrement ceux de New York,
00:32qui viennent de porter à leur tête un candidat musulman autoproclamé socialiste.
00:37Faut-il y voir déjà le crépuscule du trumpisme ou plus simplement le réveil de ses adversaires ?
00:43Vous nous donnerez votre point de vue, l'Hormandville, grand reporter au Figaro,
00:47dans lequel vous animez une page hebdomadaire Débat autour du monde.
00:50Vous qui avez été aussi correspondante à Washington et auteur, entre autres,
00:53des révoltés d'Occident, de Trump à Zemmour.
00:56Que se passe-t-il vraiment et de qui est vraiment Donald Trump ?
01:00Mais revenons pour commencer à l'homme de la semaine, Zoran Mamdani.
01:04Jusque-là, inconnu au-delà des frontières new-yorkaises,
01:06s'est fait un nom dans tous les États-Unis et bien au-delà,
01:09même si l'on en juge par le nombre de médias du monde entier
01:11qui ont couvert son élection à la mairie de New York.
01:14Retour en images.
01:14C'est le plus jeune maire de New York, 34 ans.
01:19Le premier socialiste revendiqué, le premier musulman aussi.
01:24Élu avec 50,4% des voix, Zoran Mamdani a célébré sa victoire hier soir
01:30en promettant une rupture.
01:33C'est un mandat pour le changement.
01:38Un mandat pour une nouvelle forme de politique.
01:41Donald Trump, je sais que tu nous regardes.
01:47J'ai trois mots à te dire.
01:51Monte le son.
01:55Dans plusieurs quartiers de New York, des scènes de liesse.
01:59Ses supporters, souvent jeunes, ont fêté la victoire,
02:02une bonne partie de la nuit.
02:05Une grande partie de mes revenus passe dans les transports.
02:08Donc s'il y a un moyen de réduire le coût,
02:10c'est ce que Mamdani va faire pour nous.
02:14Zoran Mamdani était encore inconnu du grand public il y a un an.
02:18Il a mené une campagne décalée sur les réseaux sociaux,
02:21notamment pour défendre une politique résolument à gauche.
02:25Gel des loyers, garde d'enfants pour tous,
02:28gratuité des bus et taxation des plus riches.
02:31Il ne devrait pas y avoir de milliardaires.
02:34Un candidat démocrate jugé même trop à gauche
02:36pour nombre d'élus de son propre camp
02:38qui ne l'ont que timidement soutenu.
02:41Ses opposants lui reprochent aussi ses positions pro-palestiniennes
02:44dans la ville qui compte la première communauté juive au monde.
02:49L'orment de ville, cette élection crée une onde de choc.
02:52Pourtant, le moins qu'on puisse dire,
02:54c'est qu'on l'a vu venir depuis sa victoire à la primaire avant l'été.
02:57Qu'est-ce qui fait que la victoire, l'élection de Zoran Mamdani reste une sensation ?
03:01Écoutez, en fait, c'est vrai que cela a été dit dans votre reportage.
03:05C'est à la fois pour une ville comme New York
03:07qui incarne d'une certaine manière le capitalisme américain,
03:11voir un socialiste tout d'un coup prendre la main,
03:15arriver à la mairie de New York.
03:18Vous voyez le lapsus.
03:19Le lapsus n'était jamais arrivé.
03:22Et donc, c'est en fait l'homme qui dit qu'il faut prendre aux riches
03:26pour donner aux autres, mieux partager la richesse.
03:29C'est aussi un musulman dans une période,
03:32dans un contexte en fait extrêmement tendu
03:36sur le plan du conflit israélo-palestinien,
03:38alors que New York est une ville avec une très forte proportion de juifs,
03:43dont beaucoup, en réalité, chez les jeunes, ont voté pour lui.
03:46Donc, c'est vrai qu'il y a malgré tout un effet coutonné
03:50en même temps, c'est vrai que c'est aussi d'une certaine manière
03:55à la fois un accident et un cheminement du Parti démocrate
03:59dont une partie se radicalise.
04:02Et je crois que New York, c'est aujourd'hui le visage
04:04de ce Parti démocrate dont une partie, notamment la jeunesse,
04:10devient plus radicale sur le plan des idées.
04:12Il y a aussi à New York une attente très forte en matière de logement,
04:16de garde d'enfants, de transport, de santé.
04:17Et c'est sur ces thématiques sociales et non pas sociétales,
04:21identitaires que Mme Dany a fait campagne.
04:23– Exactement, c'est ça qui est très très frappant,
04:25c'est que je crois qu'il a d'abord fait une campagne de charme,
04:29il est charismatique, extrêmement dynamique,
04:31il s'est montré comme un personnage extrêmement souriant pendant la campagne
04:35et surtout, il est allé à la rencontre des petits, comme il le dit,
04:40pour leur promettre qu'il était possible d'inventer un nouvel âge.
04:44Il y a un côté un peu révolutionnaire, un peu lutte des classes,
04:47dans le discours qu'il a fait, il a véritablement jeté le gant
04:51à la face de Trump en lui disant « augmente le volume ».
04:54En gros, nous allons aussi l'augmenter,
04:57c'est des bus gratuits, gratuité pour l'aide à l'enfance,
05:06les loyers qui sont exorbitants à New York bloqués.
05:11Donc c'est vrai qu'il y a chez lui, il a très habilement tapé
05:17dans un sujet ultra sensible, parce que c'est vrai que New York
05:19est devenu une ville inabordable, où il devient extrêmement difficile
05:23de survivre et de vivre, mais c'est vrai qu'on peut se demander
05:27jusqu'à quel point ce personnage va pouvoir agir,
05:31parce qu'il est quand même cerné par la réalité de New York,
05:35qui est par exemple que ce sont les riches qui payent 60% des impôts.
05:42Et donc s'il fait fuir les riches, qui paiera pour tous ces avantages,
05:47qui d'ailleurs ont déjà commencé d'être déployés sous d'autres maires
05:52que lui par Di Blasio qui l'a précédé, et même Eric Adams.
05:56Et donc beaucoup de commentateurs aujourd'hui se disent
05:59que cette espèce de joie exubérante et de triomphalisme même
06:05que l'on voit chez le personnage ne va pas très rapidement faiblir.
06:12Oui, en tout cas, il s'est posé tout au long de la campagne
06:14en contre-modèle de Donald Trump, et à peine élu,
06:17c'est au président à qui il a réservé ses premiers mots,
06:20Zohan Mamdani. Donald Trump, lui, il a réagi.
06:22Mathieu Mabin.
06:24Personne n'a jamais dit que la politique américaine
06:26ne pouvait pas être un peu puérilée.
06:28Effectivement, dans les heures qui ont suivi la victoire
06:31de Zohan Mamdani à la mairie de New York,
06:34les deux hommes se sont défiés, effectivement.
06:36Et évidemment, dans ce genre de situation,
06:39il n'est pas nécessaire de beaucoup stimuler Donald Trump
06:41pour qu'il se jette tête baissée dans la bagarre.
06:44Le président américain a donc effectivement répondu
06:47sans directement s'adresser au désormais jeune maire élu de New York,
06:51mais a expliqué à quelques-uns de ses supporters réunis à Miami
06:54que la victoire de Mamdani constituait ni plus ni moins, je cite,
06:58« une perte de souveraineté partielle de l'Amérique sur son propre territoire »
07:03et qu'il allait donc s'en occuper.
07:05Et clairement, ce qui domine ici, c'est qu'on a quand même la sensation
07:08que les New Yorkais n'ont pas tous mesuré ce dont Donald Trump était capable.
07:13D'abord, il est ravi d'avoir enfin face à lui un adversaire
07:16qui incarne concrètement tout ce que le clan MAGA a pu dénoncer
07:20au cours de la décennie écoulée.
07:22Et ensuite, disons-le, Donald Trump possède à New York
07:25les réseaux et les leviers,
07:27et on pense notamment à tout ce que New York compte
07:29de leviers juridiques et financiers, c'est énorme,
07:32pour littéralement pourrir le mandat de Zoran Mamdani
07:36et au passage, le quotidien des New Yorkais qui l'ont élu.
07:39En clair, ceux des démocrates qui se réjouissent
07:42de cette conquête progressiste
07:44n'ont pas tous compris qu'en réalité,
07:46Donald Trump possède désormais justement
07:48un punching ball progressiste pour se défouler.
07:52Une élection, celle de Zoran Mamdani,
07:54qui fait les affaires de Donald Trump dans le fonds Lormandville.
07:56C'est ainsi qu'il faut comprendre le soutien
07:58qu'a apporté le président in extremis
08:00à l'adversaire de Mamdani, l'indépendant Andrew Comeau,
08:03comme pour mobiliser davantage encore l'opposition ?
08:05Oui, alors d'un côté, il a échoué,
08:07donc c'est vrai qu'il doit le prendre comme une humiliation personnelle.
08:10Ça n'a pas fait basculer l'élection,
08:12même si Mamdani a passé le seuil des 50%,
08:17mais c'était une élection à trois candidats.
08:20Ce qui est vrai, c'est qu'il a là,
08:22pour Trump, c'est un punching ball idéal,
08:24puisqu'à la fois il peut le présenter comme l'homme
08:27qui n'a aucun bon sens sur le plan économique,
08:30qui peut mettre en péril la bonne santé de l'économie américaine,
08:36qui va faire fuir tout l'entrepreneuriat.
08:40C'est déjà le cas, en partie, vous avez une migration massive,
08:43en fait, des hommes d'affaires déjà vers la Floride,
08:46vers le Texas, etc., ça pourrait continuer.
08:48Et puis il va évidemment s'en servir allègrement
08:50pour montrer que quelqu'un qui n'est pas bien intentionné
08:56sur les intérêts profonds de l'Amérique,
08:58puisqu'il n'est pas aligné sur Israël,
09:00parce qu'il est musulman, etc.,
09:01on peut imaginer que Trump, là-dessus,
09:03va aussi jouer à fond la carte du flou que Mamdani
09:08a maintenu, en fait, vis-à-vis du Hamas,
09:12où il a refusé de dire que c'était une organisation terroriste, etc., etc.
09:15La victoire de Mamdani accentue les divisions
09:17au sein du Parti démocrate,
09:19entre ceux qui, comme lui, pensent qu'on mobilise
09:21avec davantage de radicalité,
09:23et la direction du mouvement,
09:24qui, elle, craint d'effrayer l'électorat modéré.
09:25– Oui, je crois qu'effectivement, ce qui est clair,
09:28c'est qu'aujourd'hui, on voit bien qu'il y a une bataille
09:32pour où va aller le Parti démocrate.
09:34Le Parti démocrate est sorti, sonné,
09:37à chaos, je dirais, de l'élection de Donald Trump,
09:40il y a un an.
09:41Et depuis un an, c'est une série de débats acharnés
09:46pour savoir ce qu'on doit faire.
09:47Vous avez tout un courant Mamdani,
09:50ce courant radical, notamment chez les jeunes,
09:53qui dit qu'il faut aller très loin,
09:54et il faut continuer cette approche, finalement,
09:56assez woke, assez décoloniale,
09:58et aller contre ce que représente Donald Trump,
10:02ce qu'il considère comme une sorte de crispation
10:04nationaliste, raciste, etc.
10:07Et de l'autre côté, vous avez une Amérique démocrate
10:10beaucoup plus modérée,
10:11qui, je pense, correspond plus aux pays profonds,
10:14par exemple au Midwest,
10:16et c'est vrai qu'on peut se demander
10:17si M. Mamdani serait capable,
10:19et certainement, sans doute non,
10:21d'aller chercher ces délecteurs démocrates
10:23qui sont basculés côté républicain
10:25dans les dernières élections sous Trump.
10:28Car au moment où la gauche du parti s'imposait
10:30à New York avec Mamdani,
10:32c'est au tour de figures plus consensuelles
10:33que les démocrates reprenaient du terrain
10:35face aux républicains
10:36dans deux autres États de la côte Est,
10:37Jules Boiteau.
10:38Oui, deux batailles importantes remportées
10:40dans le premier scrutin d'envergure nationale
10:42depuis la réélection de Donald Trump.
10:44En Virginie et dans le New Jersey,
10:47les deux candidats démocrates se sont imposés
10:49pour les postes de gouverneurs,
10:51mais au-delà de la victoire,
10:52ce sont les scores qui interpellent.
10:5413 points d'écart dans le New Jersey
10:56entre la démocrate Mickey Sherrill
10:57et le républicain Jack Sciattarelli.
10:5915 en Virginie en faveur de la démocrate
11:02Abigail Spamberger.
11:04Ses deux amis proches ont creusé leurs écarts
11:07grâce à une stratégie de mobilisation
11:09de l'électorat modéré.
11:11Elles ont fait campagne plutôt vers le centre
11:13avec des thèmes notamment sur le pouvoir d'achat.
11:17La vie chère, c'est le phénomène
11:19que l'administration Trump n'a pas réussi
11:20à endiguer pour le moment.
11:22Et puis elles ont ciblé les swing voters,
11:24ces électeurs qui peuvent basculer
11:26d'un camp à l'autre en fonction des élections.
11:29C'est enfin le rejet anti-Trump
11:31qui a mobilisé les votants.
11:34Revers pour le président américain
11:36qui s'est personnellement impliqué
11:37dans la campagne dans le New Jersey,
11:39devenant même pour certains experts interrogés
11:42le principal handicap du candidat républicain
11:45au niveau local.
11:47L'Ormanville, quelle conclusion tirez-vous
11:49de ces deux élections ?
11:50Justement, le Parti démocrate peut se contenter
11:53d'attendre l'échec de Donald Trump
11:54pour se refaire une santé
11:55ou bien il va falloir qu'il sorte de l'ambiguïté
11:57sur sa ligne politique ?
11:58Non, je crois qu'ils ont bien joué
12:00sur cette élection parce que c'est vrai
12:02que Trump avait promis de réparer les dégâts
12:05sur le plan économique et on s'aperçoit
12:06que ce n'est absolument pas le cas.
12:08L'Amérique est confrontée,
12:09notamment à cause des tarifs,
12:11à une inflation absolument majeure.
12:14Il y a aussi la question…
12:15Les démocrates ont mis en sourdine la question de l'immigration
12:19de manière extrêmement habile et en revanche,
12:22les excès de Trump dans la manière, disons,
12:25plus que musclée dont on est allé chercher les illégaux
12:28en parfois rudoyant des malheureuses, disons,
12:33par exemple, gardes malades ou gardes d'enfants, etc.,
12:38qui ont été expulsés manu militari par les raids,
12:41en fait, de la police de l'immigration.
12:44Tout cela a choqué une partie des latinos
12:47qui avaient voté massivement pour Trump
12:49et dans ces deux États, au New Jersey,
12:51comme en Virginie, vous avez en fait un vote latino
12:54qui a rebasculé alors qu'ils avaient voté
12:57assez spectaculairement pour Trump
12:59lors des dernières élections présidentielles.
13:02Ils se sont reportés assez massivement,
13:04on le voit avec ces écarts incroyables,
13:06elles ont gagné avec plus 13%, plus 15% d'avance
13:10sur les Républicains.
13:12Donc là, Trump, tout d'un coup, réalise
13:15qu'il ne peut pas tout se permettre,
13:16c'est ce que disent d'ailleurs les électeurs
13:17qui sont interrogés, et ils lui disent,
13:20en gros, tu n'es pas un roi, tu ne peux pas tout faire.
13:23– Oui, dans la pratique, en tout cas,
13:25certains n'attendent pas ce retour de balancier électoral,
13:28mais cherchent à le provoquer, voire même à l'accentuer.
13:31Ainsi, en Californie, le gouverneur Gavin Newsom,
13:33lui aussi pressenti pour se présenter
13:35à la prochaine élection présidentielle,
13:37vient de faire adopter par référendum
13:38un redécoupage de la carte électorale
13:40censée profiter aux démocrates,
13:42comme l'ont fait les Républicains au Texas, Loïc Piala.
13:45– La proposition 50, c'est le nom de ce référendum,
13:48doit permettre aux démocrates de Californie,
13:50déjà largement majoritaires,
13:51d'envoyer cinq représentants supplémentaires
13:53au Congrès l'an prochain,
13:56et ainsi compenser numériquement
13:57la perte d'élus démocrates au Texas.
13:59Soumettre cette mesure à un référendum
14:00était un risque calculé de la part de Gavin Newsom.
14:04Beaucoup ici estiment, y compris chez les démocrates,
14:07que c'est injuste de priver de représentation
14:09des milliers de Républicains.
14:11Mais après tout, c'est Donald Trump
14:12qui a changé les règles du jeu en premier
14:14et n'a pas laissé le choix aux démocrates.
14:17Et c'est là que le pari de Gavin Newsom est gagné.
14:19Il donne le sentiment aux démocrates de Californie,
14:21mais très franchement aux démocrates du pays tout entier,
14:24que le parti riposte enfin.
14:26La gauche se lamente depuis des mois
14:29de la politique de la Maison-Blanche,
14:31l'accuse de contourner les lois,
14:33de contourner le Congrès.
14:35Là, c'est une action concrète
14:37et pas seulement un discours d'agacement
14:39à un meeting ou à la télévision,
14:41mais cette victoire pourrait être de courte durée.
14:44D'autres États, l'Indiana notamment,
14:47envisagent eux aussi de redessiner leur carte électorale
14:50pour favoriser les Républicains.
14:52– L'Ormandville, en adoptant les méthodes de l'adversaire
14:56jusque dans ce qu'il faut bien appeler
14:58la tambouille électorale,
14:59le Parti démocrate prend le risque
15:01de perdre l'argument moral face à Donald Trump.
15:05Ou en dégolo ou igorai, disaient
15:06« Michel Obama, c'est terminé ? »
15:08– Oui, en fait, honnêtement,
15:10je serais un petit peu…
15:12je tempérerais cette idée, en fait,
15:14que la morale était toujours du côté démocrate.
15:16C'est vrai que la question du gerrymandering,
15:21donc du redécoupage des circonscriptions,
15:24et c'est une très vieille histoire,
15:25ça fait des décennies, en fait,
15:27que chaque parti, à chaque élection,
15:29essaie de mener, en fait, ce redécoupage en sa faveur.
15:33Et donc, je crois qu'au fond,
15:34les démocrates ne font pas exception à la règle.
15:36Les Républicains, c'est vrai, dans les derniers temps,
15:39ont pris un temps d'avance,
15:40ont été extrêmement actifs pour mener ce redécoupage
15:43de manière totalement cynique.
15:44Et je crois qu'aujourd'hui,
15:46les démocrates essaient de les rattraper.
15:47Je crois que ce qui…
15:49Pour revenir à la question que vous posez avant,
15:51en tout cas, je crois que les démocrates
15:53ont un vrai dilemme,
15:54parce que ça reste un parti qui est aujourd'hui
15:56profondément discrédité dans l'opinion,
16:00un parti dont beaucoup ont estimé
16:02qu'il avait perdu la tête
16:04en partant beaucoup trop sur la gauche
16:05dans les années précédentes.
16:07Et donc, il faut absolument que les démocrates
16:09s'arrêtent, fassent le bilan, en fait,
16:12de ce qu'ils ont fait faux,
16:13de ce qu'ils ont fait juste,
16:14qu'ils arrêtent peut-être leur leçon de morale,
16:16et qu'ils se concentrent à la fois
16:19sur, effectivement, les questions économiques
16:20et peut-être sur la sauvegarde des institutions
16:23qui sont aujourd'hui mises à mal
16:25par le camp trumpiste,
16:26avec un président qui,
16:27avec une sorte de triomphalisme,
16:29a tendance à vouloir repousser
16:31les limites du droit,
16:33de ce qui est possible, bon,
16:35parce qu'il estime, en gros,
16:37qu'il est en train de sauver
16:38le pays de ses adversaires.
16:39Le droit, justement,
16:40comme arme de bataille politique,
16:43la bataille que celui républicain
16:44est démocrate,
16:45la plus haute juridiction du pays,
16:46la Cour suprême,
16:47examine ainsi les droits de douane
16:48imposés par Donald Trump
16:49à tout un tas de pays.
16:51Devenu l'arme majeure
16:52de la Maison-Blanche
16:53en matière de politique internationale,
16:55l'argument d'urgence économique
16:57pourrait bien être jugé contraire
16:58à la législation en matière commerciale
17:00qui suppose de passer par le Congrès.
17:02Cette entreprise de vêtements du Vermont
17:06fait partie des rares petites firmes
17:08au cœur d'une bataille juridique
17:09concernant les tarifs douaniers
17:10imposés par Donald Trump,
17:12dont le dossier se retrouve actuellement
17:14devant la Cour suprême.
17:15Nous sommes désormais soumis à des taxes
17:20et des frais pour l'entreprise
17:21qui fluctuent constamment
17:22et qui semblent injustes
17:24et aléatoires.
17:28Le procès porte sur une question
17:30de compétence présidentielle.
17:32Selon la Constitution,
17:33seul le Congrès a le pouvoir
17:34d'imposer des taxes.
17:35Mais Donald Trump a invoqué
17:37une loi de 1977,
17:39la loi sur les pouvoirs économiques
17:40d'urgence internationaux.
17:42Elle confère au président
17:43des pouvoirs d'urgence pour faire face
17:45à toute menace inhabituelle
17:46et extraordinaire,
17:47à la sécurité nationale,
17:49la politique étrangère
17:50ou l'économie des États-Unis,
17:52y compris le pouvoir
17:53de réglementer les importations.
17:55Cependant, des tribunaux fédéraux
17:57ont déjà rejeté l'argument de Trump
17:58selon lequel un déséquilibre commercial
18:00et le trafic de fentanyl
18:01constituaient une telle urgence.
18:03Si la Cour suprême décide
18:05d'annuler les droits de douane,
18:06on ignore comment les milliards de dollars
18:08déjà perçus seraient restitués
18:10à ceux qui en ont supporté le coup.
18:12Mais l'administration Trump
18:13a d'ores et déjà promis
18:14de trouver un autre argument juridique.
18:18Briser tout l'édifice
18:20sur lequel Donald Trump
18:21a construit son rapport de force
18:23en politique internationale
18:24ou bien au contraire
18:25valider ce que d'aucuns appellent
18:26des abus de pouvoir
18:27jusqu'à ces manifestations
18:29qu'on a vues,
18:30No Kings,
18:30qui reprochent à Donald Trump
18:32de vouloir effectivement
18:33cette dérive autocratique
18:34aux États-Unis,
18:35la décision de la Cour suprême
18:36va être cruciale.
18:37Elle va être absolument cruciale
18:39parce que c'est vrai
18:39qu'aujourd'hui,
18:40c'est, comme vous le dites,
18:42l'équilibre des pouvoirs
18:44qui est quand même en discussion
18:45et en débat
18:46derrière en fait
18:48cette affaire.
18:49Et donc,
18:49on va voir,
18:50je crois en fait,
18:51que c'est une mission
18:52très difficile
18:53pour les juges
18:53de la Cour suprême
18:54parce que d'un côté,
18:56il y a beaucoup
18:56qui est en jeu.
18:57c'est vrai que la capacité
18:59de Trump
19:00dans sa politique étrangère
19:01dont on a vu
19:02l'activisme fou
19:04et, si vous voulez,
19:06sa capacité
19:07à créer des rapports
19:08de force
19:08avec le monde étranger
19:09pourrait être
19:10singulièrement affaiblie
19:12si jamais
19:13ils prennent une décision
19:14en disant
19:14qu'il ne peut pas utiliser
19:16en fait cette loi
19:17sur les pouvoirs économiques
19:19d'urgence.
19:20Et de l'autre côté,
19:21vous avez
19:21des juges républicains aussi
19:23qui ont exprimé
19:25leurs préoccupations
19:25sur le fait que Trump
19:27au fond
19:28s'arroge des pouvoirs
19:29qui relèvent
19:30d'habitude
19:30du pouvoir législatif
19:32puisque c'est le pouvoir
19:32législatif
19:33qui a le pouvoir
19:34de taxer
19:35et de lever l'impôt.
19:37Alors,
19:37ce qui se passe,
19:38c'est que
19:38je voyais en fait
19:40des commentaires
19:41de certains juristes
19:43et l'un d'eux
19:44notait qu'il y avait
19:45une loi
19:45qui date de 1930
19:47qui s'appelle
19:48la loi sur les tarifs
19:49de 1930,
19:50d'urgence,
19:51qui pourrait être
19:52invoquée par Trump
19:53si par hasard
19:54il essuie un échec
19:56pour justement
19:57maintenir en fait
19:58ces tarifs
19:59en raison
20:00de la discrimination
20:01menée par certains pays.
20:03Bien évidemment,
20:03ce serait quand même
20:04une épreuve de force
20:05avec le pouvoir judiciaire
20:06donc ça serait quand même
20:07un énorme revers pour lui.
20:09Cette polarisation extrême
20:10au sein même
20:11du Capitole
20:12a conduit aussi
20:13à un gel
20:14du budget fédéral
20:15pour une période record
20:15depuis le 1er octobre
20:16ce qui n'empêche pas
20:17l'administration
20:18de chercher
20:19à pousser son avantage,
20:20Jules Boiteau.
20:21Oui, car dans le principe
20:22lors d'un shutdown,
20:23aucun fonctionnaire fédéral
20:25n'est payé
20:26pendant la période
20:27de blocage.
20:27Il travaille à crédit
20:28et les salaires,
20:29une fois le shutdown
20:30terminé,
20:31sont rétroactivement versés.
20:33Pourtant,
20:34certains fonctionnaires
20:35continuent actuellement
20:36de percevoir
20:37leurs salaires,
20:38les forces armées,
20:39les agents
20:39de l'immigration
20:40ou les agents
20:41des frontières.
20:42Le président américain
20:43sacrifie donc
20:44le principe d'égalité
20:46sur l'autel
20:47de ses priorités politiques.
20:48Comment ?
20:49Eh bien,
20:50en réaffectant
20:51des budgets
20:52qui ont déjà été votés
20:53par le Congrès
20:54mais qui n'ont pas encore
20:55été entièrement utilisés.
20:578 milliards de dollars
20:58ont par exemple
20:59été piochés
21:00dans un fonds
21:00de recherche militaire
21:02pour pouvoir payer
21:03les soldats américains.
21:05Et si la pratique
21:06a déjà existé
21:07dans l'histoire américaine,
21:08comme s'en défend
21:09l'administration Trump,
21:11le Washington Post
21:12rappelle que
21:12la plupart des exemples
21:14remontent au 19e siècle.
21:15ça n'était même
21:16plus arrivé
21:17depuis l'adoption
21:18par le Congrès
21:19en 1974
21:20puis en 1982
21:21de lois
21:22limitant le pouvoir
21:23du président
21:24en matière de dépenses.
21:26Des lois
21:26qui ont pour but
21:27d'empêcher
21:27le locataire
21:28de la Maison Blanche
21:29de créer
21:29deux catégories
21:31de travailleurs fédéraux.
21:33Lormandville,
21:33on a un pays
21:34devenu dysfonctionnel
21:35ou bien c'est business
21:36as usual
21:37dans le marigot
21:37washingtonien ?
21:38Oui, alors
21:39il fait comme il peut
21:40avec ce qu'il a.
21:42C'est-à-dire
21:42qu'il estime
21:43que ne pas payer
21:44les militaires
21:45ou les policiers
21:47etc.
21:47ce serait impensable
21:48donc il trouve
21:50des expédiants
21:51mais c'est vrai
21:51qu'il y a eu
21:52d'autres shutdowns
21:53en fait
21:54l'histoire des Etats-Unis
21:55enfin moi
21:55quand j'étais aux Etats-Unis
21:57c'était aussi
21:58la crise permanente
21:59avec ces histoires
22:00de fermeture du gouvernement
22:01cette fois-ci
22:02c'est le plus long
22:02de l'histoire américaine
22:03et c'est vrai
22:04que sur le plan politique
22:05en tout cas
22:05ça lui nuit
22:06il l'a reconnu lui-même
22:08et c'est vrai d'ailleurs
22:08que le résultat
22:09en Virginie
22:10ne doit pas peu
22:12enfin ça a été lié
22:14en grande partie
22:15le résultat
22:16avec cette histoire
22:17de fermeture du gouvernement
22:18puisque vous avez
22:19des centaines
22:19de milliers
22:20de gens
22:21qui travaillent
22:21pour le gouvernement fédéral
22:22qui sont basés
22:23en Virginie du Nord
22:24et qui ont voté
22:25évidemment pour les démocrates
22:26et vous venez de le dire
22:27ce n'est pas le premier
22:28shutdown dans l'histoire
22:29de la vie politique américaine
22:30c'est même devenu une habitude
22:31en ces temps d'affrontement
22:33retour sur le précédent
22:34qui était jusqu'ici
22:35le plus long
22:35avec 35 jours
22:36celui de 2018
22:37lorsque les démocrates
22:38s'opposèrent à la construction
22:40d'un mur avec le Mexique
22:41voici le mur de la discorde
22:45des barres d'acier
22:47sur 1066 kilomètres
22:49entre les Etats-Unis
22:50et le Mexique
22:51une barrière de sécurité
22:53que Donald Trump
22:54juge inefficace
22:55le président
22:57veut la remplacer
22:58par un mur
22:59en voici
23:00les prototypes
23:01construits l'année dernière
23:03des murs de béton
23:04pleins
23:05et hauts de 9 mètres
23:07et selon leur concepteur
23:08infranchissables
23:10pour financer
23:11cette nouvelle barrière
23:12Donald Trump demande
23:135 milliards de dollars
23:15au congrès
23:15soit 4,4 milliards d'euros
23:18les démocrates
23:19doivent approuver
23:20dans le bureau ovale
23:21juste avant Noël
23:22l'Amérique assiste
23:23éberluée à cette scène
23:25une dispute
23:27entre Donald Trump
23:28et les démocrates
23:29à propos du mur
23:30on a besoin de sécurité
23:32à la frontière
23:32et le mur en fait partie
23:33on ne peut pas avoir
23:34une frontière sûre
23:35sans le mur
23:36et moi je vous dis
23:37qu'on peut avoir
23:37une frontière sûre
23:38sans construire un mur
23:39ce serait un gâchis financier
23:40qui ne résoudrait pas
23:41le problème
23:42les démocrates
23:43seraient d'accord
23:43pour voter
23:441 milliard d'euros
23:45de budget
23:46pas plus
23:47la discussion
23:47est donc bloquée
23:48l'année dernière
23:49Donald Trump
23:50a décroché
23:51un financement
23:51du congrès
23:52pour construire
23:5249 kilomètres
23:54de nouvelles barrières
23:55bien loin
23:56de sa promesse électorale
23:58que le président
23:59veut tenir
23:59coûte que coûte
24:00quitte à fermer
24:01une partie
24:02du gouvernement fédéral
24:03Laurent Mandeville
24:06les fonds fédéraux
24:07instrumentalisés
24:08à des fins politiques
24:09on voit que ce n'est pas nouveau
24:10une victoire des démocrates
24:11l'an prochain
24:12aux élections de mi-mandat
24:13n'y changerait rien ?
24:14écoutez
24:15je ne pense pas
24:16non
24:16effectivement je crois
24:17que Trump
24:19sur cette question
24:21par exemple
24:21regardez de l'immigration
24:22c'est une question
24:23pour lui
24:23gagnante
24:24qui ne va pas lâcher
24:25parce que
24:26il peut continuer là-dessus
24:28il utilisera
24:30en fait
24:30cette question
24:30pour avancer
24:33et les démocrates
24:33d'ailleurs
24:34ont en partie lâché là-dessus
24:35oui
24:35et on le voyait déjà
24:36lors de son précédent mandat
24:37prendre l'opinion publique
24:38à témoins
24:38comme il le fait régulièrement
24:39depuis le bureau Oval
24:40il le faisait à l'époque
24:41déjà avec Chuck Schumer
24:42le leader
24:42de ce qui était
24:44la majorité démocrate
24:45au Sénat
24:45on va voir émerger aussi
24:47côté démocrate
24:48des candidats populistes
24:49capables de s'adresser
24:50directement
24:51à l'électorat américain
24:52comme le fait Donald Trump
24:53justement
24:54c'est toute la question
24:55si vous voulez
24:55est-ce que les démocrates
24:57accepteront
24:59de reconnaître
25:00là où ils se sont trompés
25:01c'est vrai que par exemple
25:02sur la question
25:03de l'immigration
25:03je crois que le peuple
25:04américain
25:05attend que les démocrates
25:07disent
25:07oui là-dessus
25:08on n'était pas
25:10dans le bon sens
25:11bien sûr qu'il faut
25:12une frontière
25:12bien sûr qu'il faut
25:13contrôler
25:14parce que quand même
25:15là-dessus
25:15Trump a gagné
25:16énormément
25:17il a réussi
25:18à arrêter
25:19les passages
25:20à la frontière
25:20c'est énorme
25:22et donc
25:22est-ce que les démocrates
25:24reviendront
25:24et feront des propositions
25:26plus humaines
25:27plus offensives
25:28c'est toute la question
25:29et je crois que c'est comme ça
25:31qu'il reviendrait
25:31ça nous ramène quand même
25:32au début de cette émission
25:33est-ce l'envie de bousculer
25:35le parti démocrate
25:36par une ligne plus à gauche
25:37à l'européenne
25:38qui explique la victoire
25:40notamment de Mamdani
25:41à New York
25:42et des autres démocrates
25:43ou bien
25:43le rejet de Donald Trump
25:44moi je pense que
25:45c'est
25:46pour le cas de New York
25:48c'est un peu les deux
25:49c'est-à-dire que je crois
25:50qu'il y a
25:50un rejet
25:51de certaines méthodes
25:52de Donald Trump
25:53mais je
25:54je mettrai en garde
25:55contre l'idée
25:56qu'une partie
25:58très importante
25:59en fait
25:59de l'héritage de Trump
26:00n'est plus acceptée
26:02je pense qu'au contraire
26:03qu'il faut penser
26:04le post-trumpisme
26:06comme une réponse
26:08au trumpisme
26:08et non pas
26:09comme un rejet
26:10en bloc
26:11de tout ce qu'il a fait
26:12sinon ça veut dire
26:12qu'on n'a rien compris
26:13à ce qui se passait
26:14aux Etats-Unis
26:15je crois qu'il y a eu
26:16une révolution
26:17sur la gauche
26:18il y a eu une révolution
26:19en cours
26:20qui est la révolution
26:20trumpienne
26:21et en fait
26:23les choses sont dynamiques
26:24c'est-à-dire
26:25on ne peut pas
26:25faire une espèce
26:26de table rase
26:27pour construire
26:28quelque chose
26:29sans prendre en compte
26:31ce qui s'est passé
26:32sous Trump
26:32Trump reste un facteur
26:34absolument clé
26:35pour comprendre
26:35l'état du pays
26:36Merci beaucoup
26:37Normandeville
26:38d'avoir résumé
26:40pour nous
26:40l'état
26:40de la société américaine
26:42et du paysage politique
26:43au sortir de cette semaine
26:44je rappelle que
26:45vous animez
26:46la page hebdomadaire
26:47débat
26:48débat autour du monde
26:49dans le journal
26:50Le Figaro
26:51merci d'avoir été avec nous
26:52c'est la fin
26:53du monde
26:53dans tous ses états
26:54une émission
26:54que vous pouvez retrouver
26:55sur notre site internet
26:56france24.com
26:57et la semaine prochaine
26:58pour un nouveau numéro
26:58Sous-titrage Société Radio-Canada
27:05Sous-titrage Société Radio-Canada
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