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  • il y a 9 minutes
Adèle Exarchopoulos, actrice, pour le film “Chien 51” de Cédric Jimenez, d’après le roman de Laurent Gaudé.

Retrouvez « Le Grand portrait par Sonia Devillers » avec Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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Transcription
00:00Imaginez un futur proche, très sombre, très cyber, très violent, très big brother.
00:07Imaginez la police dépendante d'une intelligence artificielle.
00:10Imaginez un meurtre dans les hautes sphères du pouvoir et deux flics qui dérogent aux ordres pour résoudre l'affaire.
00:17Imaginez Adèle Exarchopoulos, coiffée comme une Jeanne d'Arc, brune, taiseuse, fonceuse, attirante.
00:24La dernière fois que je l'avais vue au cinéma, elle était hideuse.
00:28Cheveux hirsutes, appareils dentaires et gros pull qui grattent.
00:32J'aimerais bien savoir comment cette fille passe d'aussi laide à aussi belle.
00:36Comment une même personne peut traverser une plage en poussant des cris de gorille.
00:40Et puis tourner l'amour ouf, éclamer en pleurant qu'elle a le droit d'aimer passionnément.
00:46Parce que bien, c'est pas suffisant.
00:47Est-ce que vous savez combien de jeunes filles en France ont répété le cœur battant que bien, c'est pas suffisant ?
00:55Portrait numéro 25.
00:56On a pris en chasse un véhicule noir, plaqué zone 2, pas d'identité associée.
01:09Scanné par les drones d'Alma il y a 7 minutes.
01:11Le conducteur refuse d'obtempérer, ne porte pas de bracelet.
01:16Le véhicule se dirige vers le checkpoint nord.
01:19Risque de passage en force élevée.
01:20Arrête de actuation immédiat.
01:21Bonjour Adèle Xarcopoulos.
01:26C'est comment de tourner une scène de voiture ?
01:29Une course-poursuite ?
01:30Une vraie ?
01:30Pour être très sincère, c'est énormément de vomi.
01:34Pour ma part, je l'ai très mal vécu.
01:37D'autant plus que parfois c'est Gilles qui...
01:38Bon réveil sur France Inter.
01:39Oui, je suis désolé, pardon.
01:40Mais j'étais obligée d'être honnête.
01:43Non, non, c'est intense.
01:44C'est des 200 km heure avec énormément, c'est des cascadeurs évidemment,
01:47que des professionnels, des chorégraphies, des heures dans Paris la nuit.
01:50Et moi j'avoue que je le gérais mal après la cantine.
01:58Voilà, donc ça c'était un extrait de Chien 51 adapté du best-seller de Laurent Godet.
02:03C'est le nouveau film de Cédric Jiménez, qui est le réalisateur de Bac Nord,
02:06au cas où vous l'auriez oublié.
02:07On y retrouve Gilles Lelouch, c'est le Gilles dont vous parliez.
02:10Romain Duris, Louis Garel.
02:12Est-ce que vous êtes vraiment à un moment poursuivi par un drone tueur ?
02:16Ou est-ce que vous jouez toute seule dans le vide ?
02:18Je joue seule dans le vide.
02:19Alors par contre, on a fait très peu de fond vert,
02:21ce qui est quand même une prouesse assez exceptionnelle pour un film de cette acabie.
02:24Mais j'ai fait une semaine de course-poursuite,
02:27avec juste le Perchman comme ça en eau d'un mois qui courait aussi.
02:30Et il fallait complètement, et c'est ça qui est ludique,
02:32que j'imagine ce que Cédric me transmettait de comment elle est à SFX.
02:35Est-ce que c'est ça un film d'action, que ce soit de la science-fiction ou pas ?
02:40Il faut courir, il faut tomber, il faut faire semblant d'être essoufflé,
02:42ou il faut être essoufflé vraiment.
02:43Voilà, j'étais un hippopotame, essoufflé vraiment.
02:46Il faut montrer qu'on a intensément peur pour faire monter le suspense.
02:51Il faut se servir d'une arme à feu.
02:52Tout ça, c'est...
02:54Dans ma tête ?
02:55Non, tout ça c'est assez naturel, ça s'apprend, c'est difficile.
02:59C'est comme quand t'étais petit, c'est énormément d'imagination.
03:02Non mais c'est vrai, c'est de l'imagination,
03:05et c'est aussi Cédric qui en plus a cette fièvre de te raconter
03:08toute la promesse qu'il y a derrière.
03:11Et non, c'est dans ta tête que t'inventes le danger,
03:15de toute façon tout est de l'esprit.
03:17Voilà, deux flics dans une voiture,
03:19Gilles Lelouch, Adèle Exarchopoulos.
03:23Normalement, elle est sa supérieure,
03:25et les deux, ils s'aiment pas beaucoup.
03:27Sauf que là, ils jouent.
03:28On va encore attendre longtemps, mes armes ?
03:30Vous voulez faire quoi ?
03:31Un jeu ?
03:32Pourquoi pas ?
03:34Ni oui ni non ?
03:35Oui.
03:36Perdus ?
03:37Vous voulez refaire une partie ?
03:42Peut-être.
03:44Vous dormez bien, la nuit ?
03:45J'aimerais bien, mais je dors jamais.
03:47Jamais ?
03:48Très peu.
03:49Vous êtes heureuse ?
03:51Ça dépend.
03:52C'est pour le quoi ?
03:53Avec qui je suis ?
03:55Vous avez peur ?
03:57Peur ?
03:58Peur de quoi ?
04:00De perdre.
04:02On joue, on joue plus là, je...
04:04Le ni oui ni non au cinéma,
04:05c'est la première fois que je vois un ni oui ni non au cinéma.
04:08J'ai adoré cette scène avec Gilles Lelouch.
04:09Qui a eu l'idée ?
04:10Nous deux.
04:11On était dans la voiture et c'est une impro.
04:13C'est une impro ?
04:14Ouais, bien sûr.
04:16Cédric, il laisse quand même l'espace à ça.
04:17Il y avait déjà ça, ces prémices-là.
04:19Dans Bac Nord, c'est mes scènes préférées dans la voiture, quand ils sont tous ensemble.
04:23Et que de l'ennui naît des conversations, de la curiosité, comme dans la vie.
04:27Parce que pendant le tournage de l'Amour Ouf, vous avez beaucoup joué au Uno.
04:30Oui, énormément.
04:31Donc vous êtes une grosse joueuse.
04:33Oui.
04:33Oui, ça vient d'où ?
04:35C'est un truc de l'enfance ?
04:37Je pense.
04:37Et puis c'est un truc de la communauté, d'être plein souvent en vacances, des grandes tablées.
04:41Donc de se dire, qu'est-ce qu'on fait ?
04:42On fait un loup-garou, on fait un Sky Joe.
04:44J'adore, moi, le jeu.
04:45Après, parfois, c'est aussi un masque pour ne pas avoir des conversations profondes.
04:48Mais j'adore quand même.
04:49Mauvaise joueuse ou bonne perdante ?
04:51Mauvaise joueuse.
04:54Gilles Lelouch, il vous a dirigé dans L'Amour Ouf.
04:57Vous êtes très amis.
04:58Vous étiez ensemble dans Bac Nord.
05:01Quand vous jouez tous les deux, comme ça, dans une bagnole ou ailleurs,
05:04qu'est-ce que vous pouvez faire avec lui qui serait plus difficile avec un autre
05:08ou qui ne serait pas possible avec un autre ?
05:10C'est une forme de complicité accélérée.
05:12C'est-à-dire qu'on se connaît, on a traversé des choses ensemble,
05:14on a partagé une intimité, traversé des émotions.
05:18Donc il y a une complicité évidente qui fait qu'on a une camaraderie assez évidente, assez vitale.
05:26Je n'ai pas peur d'être moi-même devant lui, comme avec un ami.
05:30Et du coup, de là, mais...
05:31Et en plus, vous avez deux personnages qui sont assez taiseux.
05:33Ils ne parlent pas beaucoup.
05:36Donc forcément, il faut installer un truc qui passe par autre chose.
05:39Oui, c'est pour ça que le jeu, c'est un bon endroit.
05:41Et puis, c'est des gens qui sont obligés de travailler ensemble.
05:44Donc, c'est ce qui les amène à passer du temps ensemble
05:47et à devoir se côtoyer sur une enquête.
05:50Bon, ça, c'est classique.
05:50On a vu ça dans plein de scénarios.
05:53Mais du coup, il fallait...
05:55Gilles, c'est un excellent camarade.
05:57C'est quelqu'un qui est très dévoué au film auquel il participe.
06:01Et c'est le sujet avant tout.
06:02C'est ni son rôle, ni le mien, ni les autres.
06:05Bon, là, le karaoké, je regarde Maria.
06:07Ça, c'était horrible, ça.
06:07Mais ça, mais elle est tellement belle, cette scène, le karaoké.
06:10Mais c'est marrant que vous disiez ça.
06:11Pourquoi ?
06:12Parce qu'on a eu...
06:13Oh, non, non !
06:14Ça, c'est l'original.
06:16C'est la vraie chanson.
06:17Ah, d'accord.
06:18C'est fou que j'ai oublié de moi.
06:20Non, mais parce qu'on...
06:20Vous savez quoi ?
06:21La production du film n'a pas voulu que je passe l'extrait
06:23où c'est vous qui...
06:23Ah, ouais ?
06:24Je comprends.
06:25Ils ont eu peur que ça ne pas suffire les gens.
06:26Non, mais vous savez quoi ?
06:28C'était...
06:28Je crois que c'est un des trucs les plus impudiques
06:30que j'ai eu à faire dans ma vie.
06:31Mais pourquoi ?
06:32Parce que chanter devant quelqu'un,
06:34quand tu chantes faux,
06:35chanter devant des gens, c'est...
06:37Donc, chanter devant Gilles Louches.
06:38C'est ultra intimidant.
06:39Ah non, mais on a tellement ri.
06:40Enfin, notre prof de chant,
06:41parce que ce qui est fou,
06:42c'est qu'on a eu une prof de chant,
06:44mais on a passé notre temps à rire de honte, en fait.
06:47Non, mais c'est vrai.
06:48Le film Chien 51 dépeint un monde ultra-segmenté,
06:55divisé en zones d'extraction sociales.
06:57Dans ce film, on peut être arraché à la zone 3
07:00parce qu'on a gagné un jeu concours,
07:02un jeu de télé-réalité, comme votre personnage.
07:05Mais ça signifie quitter sa famille
07:07pour accomplir son destin au milieu des classes favorisées.
07:11Vous, vous diriez, dans la vraie vie,
07:13que vous êtes né en zone 1, en zone 2 ou en zone 3.
07:16Je suis né en zone, celle du milieu.
07:20En zone 2 ?
07:21Oui, en classe moyenne.
07:22En classe moyenne ?
07:22J'avais un toit sur ma tête, un frigo,
07:24ce qui est déjà un immense privilège.
07:27Mais j'ai ma maman qui est infirmière
07:30et mon papa qui cumulaient trois travails.
07:33Donc je suis né aisément,
07:35mais grâce à l'acharnement de mes parents.
07:38Et maintenant, vous naviguez en zone...
07:40Maintenant, je navigue en zone...
07:41Moi-même, je suis là.
07:42Plus, plus, plus.
07:43Oui.
07:43C'est ça ?
07:45Donc vous êtes au premier rang des défilés de mode.
07:47Vous fréquentez des acteurs et des actrices hyper connus.
07:50Est-ce que vous avez eu la sensation...
07:52Moi, je parlais de ça plus dans la chance de se dire
07:54« Tiens, quelle école je veux pour mon fils ? »
07:56Des parents privilèges d'aisance, de choix de vie, en fait.
08:00Est-ce que vous avez eu la sensation
08:01d'une rupture,
08:03d'un éloignement,
08:05d'une difficulté, à un moment,
08:07de passer d'un monde à l'autre ?
08:09Dans le bourgeoisement, ça fait toujours étrange,
08:11mais c'est plus un rapport plus qu'à l'économie.
08:14C'est plus un rapport, justement,
08:16de voir ma mère être dans le service public,
08:18travailler toute sa vie,
08:20et moi, d'un coup, avoir des sommes indécentes
08:23pour certains événements, etc.
08:26Il y avait un truc d'injustice,
08:28mais auquel je participais, du coup.
08:30Et je pense qu'avec ça,
08:31chacun fait ce qu'il peut
08:32pour soulager sa conscience.
08:35Nous, c'est vrai qu'on est une famille
08:37très, très, très, très proche.
08:39C'est ça ?
08:39Ça ne vous a pas éloigné les uns des autres ?
08:41Ah, pas du tout,
08:42parce que ce que perd quelqu'un,
08:43on le perd ensemble.
08:44Ce que gagne quelqu'un,
08:45on le gagne ensemble.
08:45C'est-à-dire ?
08:47Je ne sais pas comment expliquer.
08:49Ce qui est à ma famille est à moi,
08:51ce qui est à moi et à ma famille.
08:52Il n'y a même pas de débat, quoi.
08:53Donc, du coup, les joies,
08:54on les vivait ensemble.
08:56Et puis, surtout,
08:57ça n'a jamais été un tabou.
08:58Je disais à mes parents,
08:58« Mais attends, tu te rends compte ?
09:00Ils vont me donner ça,
09:01mais peut-être qu'ils se sont trompés
09:01dans le contrat.
09:03Signe vite, ça se trouve,
09:04ils vont nous le reprendre. »
09:05Il y avait un truc où c'est collectif.
09:08Et puis, c'est surtout,
09:09ils m'ont quand même transmis aussi
09:11ce truc du travail.
09:12On a tous bossé pour mon père.
09:13On a vendu des sandwiches à Bercy,
09:15des pop-corns.
09:16Mes frères, ils sont ensemble.
09:16Mes frères, c'est des grands travailleurs.
09:17Oui, votre père,
09:19il a tenu la buvette de Bercy.
09:20Il la tient toujours, je ne sais pas.
09:21Oui, mais il va me tuer
09:22de dire la buvette.
09:24On ne dit pas la buvette.
09:24C'est moi qui ai dit la buvette,
09:25ce n'est pas vous, c'est moi.
09:26C'est vrai, t'as vu, papa ?
09:27Voilà.
09:29Monsieur Exarchopoulos,
09:30c'est moi qui ai dit la buvette.
09:31Mais excusez-moi,
09:32c'est quoi ?
09:32C'est un endroit où on vend...
09:33Non, mais en fait,
09:34quand tu es à Bercy,
09:34la salle des concerts,
09:35vous avez vu,
09:36c'est comme une arène
09:37où il y a plein de stands.
09:38Et lui, il est directeur
09:39de tous ces stands-là.
09:41Oui, alors ce n'est pas du tout
09:41la buvette.
09:42Non, voilà, ce n'est pas la buvette.
09:43Ce n'est pas du tout la buvette,
09:44je suis désolée.
09:45Oui, c'est vrai.
09:46Mais par exemple,
09:46quelque chose
09:46qui m'a fait remarquer
09:47à quel point
09:48il y avait de l'embourgeoisement,
09:50c'est que moi,
09:51quand je suis tombée enceinte
09:52de mon fils,
09:52je suis retournée travailler là-bas
09:53parce que je m'ennuyais
09:54et que tous mes projets
09:55ont sauté
09:56parce que ça ne pouvait pas
09:57se réaliser.
09:58On ne peut pas assurer
09:59de tourner loin
10:00quand on est enceinte,
10:01etc.
10:01C'est compliqué.
10:02Du coup, je me suis dit
10:03je ne vais pas rien faire.
10:04Je préfère gagner peu
10:05mais travailler, quoi.
10:06Et donc, je suis retournée là-bas
10:07et je voyais
10:09dans le regard des gens
10:10que c'était impossible
10:11pour eux
10:12que quelqu'un
10:12qu'ils avaient vu au cinéma
10:16après Cannes,
10:17après la Palme d'Or.
10:19Ah oui.
10:19Donc, on vous avait vu
10:20dans une robe de soirée
10:21éblouissante
10:22sur toutes les télés du monde.
10:23Bien sûr.
10:24Les gens me disaient
10:24c'est fou,
10:25tu ressembles à l'actrice
10:26et tout.
10:26Elle est un peu plus jolie que toi
10:27mais tu lui ressembles de malade.
10:29Et je finissais par dire
10:30mais je te promets
10:31que c'est moi.
10:31C'est moi.
10:32Si j'enlève ma casquette
10:32Coca-Cola, c'est moi.
10:34Ils me disaient
10:34vas-y, vas-y,
10:35n'importe quoi.
10:35Donne-moi des M&M's.
10:37Et en fait, c'était moi, quoi.
10:38Et je me suis dit
10:46ouf.
10:475 millions de spectateurs,
10:48je vous l'ai dit.
10:51Tu penses pour moi,
10:52tu penses pas à moi.
10:53Moi, je pense pas à toi.
10:54Moi, je pense à toi.
10:55Si, je sais pas.
10:56La preuve, t'as pas vu
10:57que là, mon sourire,
10:59c'était pas mon sourire
11:00parce que
11:01parce que c'était pas ma rue,
11:02c'était pas ma maison,
11:03c'était pas mes amis,
11:05c'était même pas moi.
11:06C'est pas ma vie, ça.
11:07C'est juste que c'est pas lui.
11:11Et c'est vrai, c'était bien.
11:13Mais j'ai jamais cru,
11:14je me suis forcée.
11:16Je me suis forcée à y croire,
11:17c'est tout.
11:22C'est juste que bien,
11:23c'est pas suffisant.
11:25Et tu le sais.
11:27Et voilà.
11:28Et voilà comment
11:29une réplique sans le savoir
11:31entre dans l'histoire
11:32du cinéma français.
11:33Comment ça devient
11:34une réplique générationnelle.
11:36Déjà, une semaine,
11:37deux semaines,
11:37trois semaines d'exploitation,
11:39le film, il grimpa,
11:40il grimpa.
11:40Sur TikTok,
11:41ça allait dans tous les sens.
11:42Il y avait des articles partout
11:43pour dire
11:44les 15-25 ans
11:45viennent au cinéma
11:46en masse.
11:47On ne les voit jamais
11:47dans les salles.
11:48Là, ils sont dans les salles.
11:49Et d'un seul coup,
11:50toutes les jeunes filles
11:51de France et de Navarre
11:52se mettent à rejouer
11:53la scène sur TikTok.
11:54Ah oui, mais ça c'était...
11:55Mais en plus,
11:55il y en a qui la jouent hyper bien.
11:56On se l'envoyait
11:57avec Gilles et tout,
11:58les filles.
11:58C'est vrai ?
11:58Franchement, mieux que moi.
12:00Il y en a qui étaient
12:01ultra fortes.
12:02Ouais, ouais,
12:02on se les envoyait tout le temps.
12:03On a été bouleversés
12:04de savoir que
12:06quand tu fais un film d'amour
12:08comme ça
12:08et quand tu le fais
12:09avec autant d'amour
12:10parce qu'on y a tous
12:11mis notre cœur,
12:12de voir qu'il rentre
12:13dans le cœur des gens.
12:14C'est le plus grand
12:15des privilèges
12:16au-delà de...
12:17Moi, j'avoue que je n'ai pas
12:17les jauges
12:18de qui va en salle,
12:19combien.
12:19Alors évidemment,
12:20je vois quand un film
12:21fait un succès.
12:21C'est pas ça l'histoire.
12:22Mais quand je vois des jeunes
12:23dire...
12:23C'est la première fois
12:24qu'on me disait...
12:25Tu sais, hier...
12:26Enfin, on a eu des trucs.
12:27Hier, on était avec notre mari,
12:29on avait couché nos enfants,
12:30on a regardé ton film
12:31et on s'est dit
12:31on a envie de faire
12:32un troisième enfant.
12:33Ça nous a rappelé
12:34nos premières fois
12:34et on se dit
12:35le pouvoir du cinéma
12:36parfois, c'est...
12:37Le pouvoir du cinéma
12:38et en fait,
12:39la réalité,
12:40c'est qu'on a beaucoup dit
12:41les enfants croient plus
12:43à l'amour,
12:44croient plus au sexe,
12:46croient plus à la passion.
12:48Il y a un truc
12:48où on est très seul
12:49les uns les autres,
12:50on se rencontre plus,
12:51on ne tombe plus amoureux,
12:52etc.
12:53Post Me Too,
12:54réseaux sociaux,
12:55enfermement, etc.
12:56Et là, d'un seul coup,
12:57une espèce d'élan national
12:58pour la passion amoureuse.
12:59Oui, c'est vrai.
13:00Oui, c'est vrai.
13:01C'est vrai.
13:03Alors,
13:04c'est ce que je disais
13:05en intro tout à l'heure,
13:06la dernière fois
13:07que je vous ai vu au cinéma,
13:08c'était dans Quentin Dupieux.
13:10Je propose qu'on écoute
13:11un petit extrait
13:12de cette atmosphère
13:14très bizarre
13:15qui régnait
13:15dans l'accident de piano
13:16où vous étiez
13:18franchement d'une laideur
13:19comme on a rarement vu
13:21une actrice française
13:22au cinéma.
13:24Vous êtes prête ?
13:25Vous êtes née
13:26le 12 mars 1989.
13:28On sait que vous avez
13:29atteint un niveau de vie
13:30absolument délirant,
13:31très vite.
13:33Je suis trop pressée
13:34d'en savoir plus.
13:35Je me tais.
13:36Allez-y.
13:37Vous avez des dents parfaites.
13:41C'est tout de même stupéfiant,
13:42vous ne trouvez pas ?
13:43Ça y est, vous êtes contente là ?
13:49Non, on ne va pas s'arrêter
13:51en si bon chemin.
13:53Comment on trouve ce rire ?
13:55Je le fais bien.
13:56Franchement, on en essaye plein.
13:57J'en ai essayé chez moi
13:58et dès qu'il y en avait un
13:59qui me plaisait,
13:59je le gardais.
14:00Chez moi, seul comme une folle,
14:01comme mon fils dormait bien sûr.
14:02Il a quel âge ?
14:048.
14:04Oui, c'est ça.
14:05Je comprends qu'il soit couché d'abord.
14:06C'est anisé, bien sûr.
14:08Et puis, c'est content.
14:10Ce scénario t'offre une liberté.
14:12C'est waouh.
14:13Donc là, vous êtes Magali.
14:15Vous êtes très très laide
14:16avec l'appareil dentaire,
14:17les cheveux hirsut.
14:18Je l'ai dit,
14:18vous êtes multimillionnaire.
14:19Vous êtes insensible à la douleur,
14:21c'est-à-dire à la vôtre,
14:22à celle de votre corps,
14:23mais aussi à celle des autres.
14:24Donc, vous êtes méchante,
14:26mais méchante comme une teigne.
14:28Et dans ce film,
14:29il y a une séquence très longue
14:31d'interviews
14:32entre Sandrine Kimberlin et vous.
14:34Vous êtes face à face.
14:35Et le niveau de cette scène
14:37est incroyable.
14:37Un niveau de jeu incroyable.
14:39On a commencé par cette scène.
14:40C'était une semaine de tournage,
14:4230 pages de texte.
14:4330 pages de texte.
14:44Et on a suivi le texte,
14:46mais on s'est éclaté.
14:48Et d'ailleurs, pardon,
14:49mais j'aime bien la défendre
14:50parce que moi,
14:50je l'aime bien, Magali.
14:52Moi, je trouve,
14:53elle est évidemment méchante.
14:54Oui, elle est méchante.
14:55Mais je trouve que...
14:56Elle est très méchante.
14:57Mais je trouve que
14:59ce qui est pertinent dans le film,
15:01c'est qu'on voit
15:02comment elle le devient
15:03et comment le système
15:04justement des privilégiés,
15:06les agents qui disent
15:07jamais non,
15:08jamais attention,
15:09jamais tu vas trop loin,
15:09qui ne posent pas de limites,
15:10la pas du gain,
15:11la gourmandise,
15:12les dérives des réseaux sociaux,
15:13construisent des monstres
15:14à qui on ne dit plus la vérité
15:16et qui d'un coup sont isolés
15:17et deviennent des caricatures
15:18d'eux-mêmes
15:18et des grands malheureux.
15:19On en croise
15:20dans le cinéma français ?
15:21Oui.
15:23Je crois qu'on en croise
15:23dans la vie en général, oui.
15:25Après, moi,
15:26j'ai la chance de...
15:27Justement d'avoir
15:28Percy...
15:29Aujourd'hui, je veux faire
15:29des choses avec des gens...
15:30Une mère infirmière
15:31et des trucs qui font que...
15:33Moi, mes parents,
15:34si je fais un pas
15:34de méchanceté
15:35ou qu'ils voient une once
15:36de non-empathie chez moi...
15:40Ils vous défoncent la gueule.
15:41Et ça, là, on se dit
15:41quelle famille merveilleuse !
15:43Les gens sont pleins
15:44de tendresse les uns
15:45avec les autres !
15:46Non, mais ils me reprennent
15:47100%.
15:48Oui, voilà, c'est ça.
15:49Et quand je disais
15:51que je vous ai vu
15:51traverser une plage
15:52en poussant des cris de gorille,
15:54ça, c'était avec Jonathan Cohen
15:55et c'était dans le flambeau.
15:57C'était donc une parodie
15:58de Koh-Lanta,
15:59si je me souviens bien.
16:01Comment on fait
16:02pour jouer avec son corps,
16:03avec autant de liberté,
16:05avec autant de lâcher-prise,
16:07avec une sorte de méga
16:09rien-à-foutre
16:10de je m'en l'ai dit,
16:11je fais tout ce que je veux,
16:12en fait ?
16:13Mais moi, je trouve
16:13que c'est une chance, en fait.
16:14C'est une chance.
16:15Je fais du cinéma pour ça.
16:16Je fais du cinéma
16:17comme quand j'étais petite
16:18dans ma chambre
16:18avec mes cousins
16:19et qu'il y en avait un
16:20qui faisait la sorcière.
16:21Après, non, finalement,
16:21il fallait jouer à la maman.
16:22Après, il fallait...
16:24On fait du cinéma
16:25pour se déguiser ?
16:26On fait du cinéma
16:27pour se déguiser.
16:28On fait du cinéma
16:28pour vivre la vie
16:29de quelqu'un d'autre,
16:30en fait, à un moment donné.
16:32La défendre une tranche de vie.
16:33Sauf que quand on est
16:33une femme au cinéma,
16:34on a une vraie injonction
16:37à la beauté.
16:37Plus en promo ?
16:38Moi, je vais être très honnête.
16:39Moi, j'aime bien
16:40être mignonne en promo.
16:41Mais c'est mon rêve
16:42d'être laide
16:47de retour vers le futur.
16:50Ça, c'est la mignonneté
16:51toute prête
16:52pour France Inter.
16:53Et encore,
16:53j'ai vraiment fait un effort.
16:55C'était ça ou le pyjama.
16:57C'est ça.
16:58Voilà, Adèle Exerko-Flos
16:59qui a eu un peu de mal
17:00à se réveiller ce matin.
17:02Merci beaucoup,
17:03Chien 51.
17:03Merci à vous.
17:04Sors le 15 octobre
17:05au cinéma
17:06avec Gilles Lelouch,
17:07Romain Duris,
17:08Louis Gagas.
17:08Arthus, Lala,
17:09Stéphane Bach.
17:10Il y en a plein.
17:11Il y en a plein.
17:11Vous êtes bien entourés.
17:13Allez, salut et à bientôt.
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