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00:00Le scénario est bien connu, il se répète une fois de plus à Madagascar.
00:03Les militaires ralliés le week-end dernier au mouvement de contestation affirment avoir pris le pouvoir sur l'île depuis plusieurs heures.
00:09Maintenant, l'annonce est intervenue juste après le vote de destitution d'Ange Razouel par l'Assemblée nationale.
00:15Je propose d'écouter, pour commencer, le colonel Michael Randriani Rina.
00:19Prendre la parole, c'était devant le palais présidentiel.
00:22On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui et on dissout, on dissout à partir d'aujourd'hui le Sénat, le HCC, la HCC, la HCJ, la HCDDED et la Sénat.
00:44L'Assemblée nationale, on la laisse travailler, continue à travailler.
00:48Ce qu'on va faire, c'est qu'on va mettre en place un comité, un conseil plutôt, un conseil.
00:56Attention, attention.
00:57Ce conseil sera composé des officiers de l'armée, de la gendarmerie.
01:03Voilà, cet homme qui assure depuis jouer le rôle et la fonction de président, nommé de fait président de transition.
01:11Après tous ces événements, j'ajoute quand même que contesté et retranché dans un lieu toujours inconnu,
01:16Rajoel, qui avait dissout juste avant hier l'Assemblée, dénonce une réunion dépourvue de toute base légale,
01:23puis une tentative de coup d'État militaire, lui a su rester pleinement en fonction.
01:27Beaucoup de questions qui se posent donc, quelle suite possible après ce mouvement ?
01:31Dans cet entre-deux si important, comment la jeunesse malgache peut-elle encore peser ?
01:35Comment ne pas manquer cette chance de faire enfin avancer les sujets de fond ?
01:38Et il y en a un certain nombre.
01:39Le risque de répéter le cycle bien rodé apparaît aujourd'hui immense.
01:43Vincent Hugeux, bonjour.
01:44Bonjour.
01:45Merci d'être notre grand invité du jour, journaliste, essayiste, enseignant à Sciences Po,
01:49auteur de « Tyran d'Afrique, les mystères du despotisme post-colonial ».
01:53Au moment où l'on se parle, il est 14h à Antananarive, c'est le début d'après-midi.
01:59On va aller prendre le pouls dans quelques instants avec Gaël Borgia qui va nous dire qu'on continue à faire la fête.
02:04Mais c'est cet homme, on va revoir de nouveau son visage, ce colonel qui est apparu devant les écrans de télévision hier soir devant le palais présidentiel,
02:14c'est cet homme qui assure le pouvoir, qui contrôle.
02:19Aujourd'hui, les institutions, les différentes institutions ont été dissoutes et c'est lui qui est aux commandes.
02:25Déjà une réaction, qu'est-ce que ça vous inspire tout ça ? Un sentiment déjà vu, j'imagine ?
02:29Oui, il se trouve que pour l'Ebdoneur L'Express, j'ai couvert la plupart des convulsions sociopolitiques de la Grande-Île depuis la fin des années 90.
02:39Donc j'ai été le témoin de ce balai, une tenace tradition malgache avec des soulèvements populaires
02:47qui sont souvent en fait inspirés par la frustration ou des revendications très quotidiennes.
02:52En l'occurrence ici, les coupures de courant récurrentes, la distribution d'eau extrêmement aléatoire.
03:00Et puis là-dessus, évidemment, viennent se greffer d'autres frustrations et d'autres exigences.
03:05Et très souvent, c'est vrai que l'institution militaire apparaît comme une forme de recours, de rempart ou d'arbitre.
03:12Et là, il va de soi, et on le sent d'ailleurs, de par les hésitations patentes du propos qui vient d'être diffusé,
03:20Eh bien, c'est une sorte d'effet d'aubaine. On s'engouffre dans la brèche ainsi ouverte.
03:24Un mot quand même sur l'intéressé, parce qu'il n'est pas nécessairement quelqu'un de très connu.
03:28Donc Michael Randjianirin, si je prononce à la malgache, il a 51 ans, c'est-à-dire exactement le même âge que Andrazoel, le président évincé.
03:38Il a été un temps gouverneur d'une région de l'extrême sud de l'île qui s'appelle Landjoy.
03:43Il a commandé un bataillon d'infanterie dans la zone de Tulléar.
03:50Mais surtout, c'est quelqu'un qui a toujours été très critique, en tout cas dans les années écoulées, envers le pouvoir Radzoel.
03:58Il a quand même été incarcéré, c'était entre novembre 2023 et février 2024, pour, je cite, incitation à la mutinerie militaire.
04:05Donc il était un peu dans les égrants radars du système.
04:08Il avait même, à l'époque, été condamné à un an avec sursis pour, je cite là encore, atteinte à la sûreté de l'État.
04:15Pour terminer, un mot sur cette fameuse unité qu'on appelle le CAPSAT.
04:19Ça signifie en fait le corps d'armée des personnels et des services administratifs et techniques.
04:24En réalité, le CAPSAT, c'est un peu, si vous voulez, l'arsenal.
04:27C'est là que se trouvent les munitions.
04:29Et vous avez d'autres officiers venus d'autres corps d'armée qui ont rejoint ce groupe.
04:34Et groupe, comme on l'a vu, un peu hésitant, il a même eu quelques hésitations sur la dénomination.
04:41Il a parlé de comité, puis il a corrigé en parlant de conseil.
04:45Il est question depuis mardi soir d'une charte de la transition dont personne à ce stade, me semble-t-il, n'a confirmé l'authenticité.
04:51Et qui conduirait à une phase de transition de deux ans qui pourrait être prolongée.
04:56Donc transition télescopique.
04:58Deux ans, c'est déjà très long.
04:59Oui, mais enfin, il pourrait être prolongé d'un an si les circonstances l'exigent.
05:02On va aller prendre le pouls à Antananarive quand Gaëlle sera avec nous.
05:06Mais on va peut-être regarder la réaction immédiate de la rue.
05:09Parce que nous, ça fait plusieurs semaines, depuis fin septembre, qu'on couvre ce mouvement de contestation initié de la jeunesse malgave.
05:17Ce qui avait commencé comme une contestation locale contre les délestages électriques récurrents.
05:21C'est transformé en un mouvement de protestation nationale, porté entre autres par cette jeunesse massivement connectée.
05:26et amplifié par les réseaux sociaux, ce mouvement Gen Z, maintenant que tout le monde connaît,
05:33qui a applaudi dès les premiers instants ce revirement et le retour de l'armée aux manettes.
05:39Explication tout de suite avec Rebecca Martin.
05:43La nouvelle a déclenché des scènes de l'IS aux quatre coins du pays.
05:48Dans la capitale Tananarive, les militaires du CAPSAT qui ont pris le pouvoir à Madagascar sont célébrés en héros.
05:55C'est comme si nous venions d'être libérés de prison.
06:01Nous savons très bien tout le mal qu'il a fait.
06:04Je suis vraiment soulagée quand Shradzoel ne soit plus au pouvoir.
06:07Je suis très heureuse, vraiment très heureuse.
06:11En tant que jeune, ici, via Madagascar, on est libres maintenant et nous avons eu la victoire.
06:19Une victoire pour cette jeunesse qui manifeste depuis le 25 septembre,
06:23excédé par les coupures d'eau et d'électricité à répétition,
06:28mais aussi par la corruption, les inégalités et le manque d'opportunités professionnelles dans le pays.
06:34Des jeunes, mobilisés par le collectif Gen Z,
06:37rapidement rejoints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats,
06:41avant que la contestation ne s'élargisse à tous les corps de métier.
06:44Le mouvement se revendique pacifiste,
06:48mais des affrontements avec la gendarmerie ont fait au moins 22 morts
06:51et des centaines de blessés, selon les Nations Unies.
06:55On a eu des amis blessés, des amis suffoqués, des amis qui sont maintenant à l'hôpital.
06:59Et quand on nous a tirés dessus, on est restés là pacifiquement avec nos pancartes
07:04parce que nous, on sait que la loi accepte qu'on manifeste pacifiquement.
07:07– Refusant de tirer sur la population, l'unité du CAPSAT s'était ralliée au mouvement de contestation ce samedi,
07:16rapidement rejointe par la plupart des forces armées, dont la gendarmerie,
07:21provoquant la fuite du président Razwell.
07:23Madagascar est l'un des pays les plus pauvres de la planète.
07:2780% des malgages vivent avec moins de 2,80 euros par jour.
07:31Le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.
07:34– Voilà, les sujets très concrets et bien réels qui ne vont pas s'évaporer dans la nature.
07:41Gaëlle Borgé est parmi nous.
07:42On a des difficultés de liaison avec Madagascar, mais vous êtes avec nous par téléphone.
07:46Bonjour Gaëlle, vous êtes notre correspondante à Antananarive.
07:50Ça y est, on vous a à l'écran, la connexion est rétablie.
07:53Indique-t-on bonjour et merci d'être avec nous pour nous faire vivre évidemment les suites de ce bouleversement.
07:58Vous me disiez tout à l'heure au téléphone en préparant cette séquence qu'on continuait encore à fêter cette nouvelle réalité,
08:07ce nouveau chapitre qui doit encore s'écrire malgré tout.
08:11– Effectivement, les manifestants continuent de se rassembler sur la place du 13 mai.
08:18Il y a beaucoup de revendications.
08:19Ça dépasse largement le cadre du mouvement Gen Z.
08:25Il y a des syndicats de plusieurs corps de métier, des enseignants qui demandent un changement radical
08:30de la politique d'enseignement à Madagascar.
08:34Il y a des étudiants, des services d'administration publics.
08:40Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on vient de recevoir à l'instant même un communiqué de la présidence.
08:45Il a été diffusé sur leur page Facebook et il dénonce la décision de la haute cour constitutionnelle de ce mardi.
08:54Il déclare, je cite au moment où je le reçois,
08:58que la présidence de la République condamne fermement la décision prononcée par la haute cour constitutionnelle.
09:04Ils disent que c'est une décision entachée de multiples vices, tant sur le fond que sur la forme.
09:10Donc on voit qu'Andra Duell n'est pas du tout décidé à quitter le pouvoir.
09:14Et selon lui, il reste encore à la tête du pays.
09:21Voilà, pour les téléspectateurs qui nous regardent, la haute cour constitutionnelle qui a constaté la vacance du poste de président
09:26et qui a invité, vient communiquer, l'autorité militaire compétente, en l'occurrence le colonel qu'on vient de voir,
09:31d'assurer la transition et donc de devenir de fait le président de transition.
09:36Saint-Ange Razouel dément toute démission de ses fonctions, lui assure qu'il est encore en poste.
09:44Donc peut-être un bras de fer à ce niveau-là qui va se jouer, mais à distance, on ne voit pas très bien comment.
09:48C'est vrai que c'est difficile pour lui de se battre, de s'accrocher à son poste de président depuis l'étranger.
09:57Il faut rappeler qu'il a quitté précipitamment le pays dimanche.
10:03Nos confrères de RFI ont confirmé que ça a été une exfiltration organisée par l'armée française
10:09dans le cadre d'un accord avec le président Emmanuel Macron.
10:12Mais ça, de mon côté, je n'ai pas pu le confirmer.
10:16Toujours est-il que le jour de son départ, il a publié un décret accordant une grâce exceptionnelle,
10:23une remise de peine totale à plusieurs prisonniers, dont deux Français,
10:28un ancien militaire, un ancien de la gendarmerie française,
10:32qui avait été condamné pour tentative de coup d'État sur le président.
10:36Et donc, cette coïncidence étonnante pousse certains à accuser la France
10:45d'avoir, en tout cas, conclu un accord avec le président Razouen
10:51pour libérer ses prisonniers français.
10:53Quoi qu'il en soit, Vincent Hugeux, le fait qu'Ange Razouen, et on l'entend,
10:56ce n'est pas la première fois d'ailleurs qu'il s'accroche au pouvoir de cette manière,
11:00dès son départ, il n'a cessé de répéter « je reste le président de Madagascar ».
11:04Mais quoi qu'il fasse, vous vous dites « ça ne changera rien, il est parti ».
11:07Non, non, mais franchement, ceci est une fiction.
11:10À partir du moment où il a quitté le territoire malgache,
11:13il est parfaitement clair qu'il n'a plus d'emprise véritable sur le réel.
11:19S'agissant de son exfiltration, dont effectivement je peux confirmer
11:23qu'elle a été épaulée en quelque sorte par la France,
11:26eh bien, il faut souligner qu'Ange Razouen est citoyen français.
11:33Et d'ailleurs, en 2014, lorsque cette demande de nationalité avait été approuvée,
11:40il a d'une certaine manière aussi scellé en partie son sort,
11:43puisque la loi malgache proscrit la double nationalité.
11:47Et je me souviens que lors de ses candidatures, notamment celle de 2023,
11:50qui avait été d'ailleurs présidentielle largement boycottée par l'opposition,
11:54eh bien, il y avait eu des efforts, des tentatives d'invalidation de sa candidature,
11:59précisément au motif que la loi de la Grande-Île ne le permettait pas.
12:03Mais cela posé sur ce plan-là, la France marche évidemment sur des oeufs.
12:08Elle veut à tout prix éviter d'apparaître comme, en quelque sorte,
12:13une actrice de la France-Afrique à l'ancienne.
12:17Et au demeurant, lorsque les autorités de Tana,
12:19au temps où Razouen était aux manettes,
12:22ont demandé à la France de réduire au silence
12:25quelques influenceurs de la diaspora,
12:27particulièrement virulents pour certains d'entre eux,
12:30eh bien, il a été polimenté conduit
12:33au motif que la loi française,
12:35dès lors qu'il n'y a pas d'appel au meurtre
12:36ou de propagande terroriste,
12:38ne permet pas de baillonner ses opposants.
12:42Sur l'euphorie...
12:44Pardon, sur le retour d'Ange Razouel,
12:46pour vous, c'est impossible qu'il revienne,
12:48qu'il retourne, Tana n'arrive...
12:50Écoutez, franchement...
12:51Ça, c'est un scénario que vous excluez totalement.
12:53Quitte à être démenti par les faits demain matin,
12:55ça me paraît totalement illusoire.
12:57Et prétendre qu'il est aujourd'hui pleinement en fonction,
13:01c'est pleinement une fiction.
13:02C'est ça que fait aujourd'hui les malgages dans la rue.
13:05L'euphorie, on la voit, elle est toujours visible,
13:06et Gaël nous en témoignait il y a quelques instants.
13:08C'est le départ de Razouel qu'on fête,
13:10ou c'est l'arrivée de l'armée de nouveau au pouvoir ?
13:12Parce qu'il y a quand même deux sentiments ambivalents aujourd'hui.
13:14Oui, mais c'est-à-dire, d'abord,
13:16il faut avoir à l'esprit que ces scènes d'euphorie,
13:19elles se déroulent pour l'essentiel
13:21sur la fameuse place du 13 mai,
13:23qui est un peu l'épicentre de toutes les convulsions
13:25et de tous les séismes sociopolitiques de la Grande-Île.
13:29En l'occurrence, 13 mai, référence au 13 mai 1972,
13:33hommage aux victimes d'une répression terrible,
13:36d'un soulèvement, qui avait conduit d'ailleurs
13:38à l'éviction du premier président de la République malgache,
13:42Philibert Tsiranan.
13:43Alors, il y a un double danger pour la jeunesse malgache.
13:47D'abord, que les militaires,
13:50et c'est une tradition aussi au moins continentale,
13:54prennent goût au pouvoir,
13:56parviennent en quelque sorte à la conclusion
13:58que décidément, 24 mois, ça n'est pas suffisant.
14:01D'ailleurs, il est déjà prévu éventuellement
14:02une année bonus en cas de besoin.
14:04Ça, c'est le premier danger.
14:07Donc, en fait, une sorte de détournement,
14:08si vous voulez, de confiscation
14:10d'un mouvement authentiquement populaire.
14:14Et puis, le deuxième danger,
14:15c'est aussi, évidemment, le retour
14:16de certains chevaux de retour,
14:18précisément de la politique
14:20et de l'échiquier malgache.
14:21On a, par exemple, aperçu sur l'estrade du 13 mai,
14:24Marc Ravaloumanane, l'ancien président,
14:26lui-même évincé en 2009,
14:28au profit d'un certain Hans-Ratz-Zoël.
14:30Et je m'arrête là-dessus,
14:31mais clin d'œil de l'histoire assez ironique,
14:34c'est qu'en réalité, ce qui se joue aujourd'hui,
14:36ce scénario qu'on est en train de décrypter,
14:38c'est exactement celui qui avait permis
14:40à Ratz-Zoël, ancien maire de Madagascar,
14:43d'accéder au pouvoir.
14:44Mis au pouvoir, d'ailleurs, par le CAPSAT,
14:46dont on parle depuis tout à l'heure,
14:48cette unité militaire.
14:50D'ailleurs, Gaëlle, vous en témoignez déjà
14:52sur notre antenne ce matin,
14:53au siège du CAPSAT.
14:54Il y a un certain nombre de violous de la politique
14:57qui se pressent depuis que Razoël est parti
14:59et depuis que les militaires
15:00se sont imposés en première ligne.
15:05À la base militaire du CAPSAT hier soir,
15:10et dans la salle où on attendait une annonce,
15:13une conférence de presse
15:15du nouveau chef de l'État par intérim,
15:17le colonel Michael Randjianirin,
15:19eh bien, il y avait des opposants.
15:21Le vice-président de l'Assemblée nationale était là.
15:24C'est un opposant à Andrade Zouël
15:27depuis plusieurs années.
15:28Il s'est présenté à la présidentielle en 2023.
15:31Il y avait aussi Roland Ratz-Zoël,
15:33qui est ouvertement opposé à Andrade Zouël
15:36depuis longtemps.
15:37Il a été aussi candidat en 2023.
15:40Il y avait à peu près, en gros,
15:42le collectif, ce qu'on appelle
15:44le collectif des 11 candidats.
15:45Ce sont tous ceux qui se sont opposés
15:47au processus électoral de 2023,
15:49au motif qu'il était illégitime,
15:52que toutes les institutions électorales
15:53étaient inféodées à Andrade Zouël.
15:55Donc, c'est vrai qu'on voit
15:56un petit peu une captation
15:58de ce mouvement populaire
16:03par des vieux crocodiles,
16:05si je puis m'exprimer ainsi.
16:07Et la Gen Z n'est pas dupe.
16:09Ils le disent depuis le début du mouvement.
16:10Ils disent attention à la récupération politique.
16:13On vous voit.
16:14Et c'est là la différence
16:16avec peut-être les mouvements précédents.
16:17c'est que ce mouvement
16:19a une origine populaire.
16:23Ce sont des jeunes
16:23qui n'avaient pas de leader,
16:24qui n'avaient pas d'ambition politique.
16:26Et effectivement,
16:27au bout d'un moment,
16:28il y a un vide.
16:30Et d'ailleurs,
16:31il le disait au début du mouvement,
16:33s'il vous plaît,
16:34les militaires, aidez-nous.
16:35Je l'ai entendu dans les manifestations.
16:37Nous sommes réprimés
16:37par la gendarmerie.
16:38Nous avons besoin des militaires
16:40pour faire cesser cette répression.
16:42Est-ce qu'il se parle, Gaël ?
16:43On a vu ces militaires
16:44rejoindre les manifestants
16:46à partir du week-end dernier.
16:48Je crois que ça,
16:48ça a auguré réellement
16:49d'un tournant
16:50dans cette crise.
16:52Est-ce qu'aujourd'hui,
16:53les jeunes,
16:54les membres de la Gen Z
16:55parlent aux militaires ?
16:56Est-ce qu'il y a des échanges
16:57ou est-ce qu'on est
16:58dans deux canaux distincts ?
16:59Il y a des échanges ?
17:04Oui, ça a été confirmé
17:05par une représentante
17:06du mouvement Gen Z.
17:08Donc, il se parle.
17:10Mais en tout cas,
17:12pour avoir été présente
17:13ce mardi soir
17:14à la base militaire
17:15du Capsat,
17:16dans la salle
17:17où on attendait
17:17le colonel
17:18Michael Ranjianirin,
17:19il n'y avait pas de jeunes,
17:21il n'y avait pas de représentants
17:22du mouvement Gen Z.
17:23C'était entièrement politique.
17:26Donc, c'est vrai
17:26que des questions se posent
17:27sur ce qu'il adviendra
17:29de la Gen Z
17:30dans ce Conseil
17:32de défense nationale
17:34de transition.
17:35Est-ce que la Gen Z
17:35aura son mot à dire ?
17:36Ils sont en train
17:37de s'organiser,
17:38de mettre en place
17:39des concertations
17:40pour voir comment
17:40ils vont pouvoir peser
17:41sur les décisions politiques
17:43à venir.
17:45Mais effectivement,
17:45il y a des inquiétudes
17:46et des incertitudes.
17:48M. Jouer,
17:48est-ce que vous pensez
17:49que les deux peuvent
17:49cohabiter réellement
17:50ou est-ce qu'il y en a un
17:50qui va forcément
17:51prendre le pas sur l'autre ?
17:52Parce que pour le moment,
17:53ce sont les militaires
17:54qui sont quand même
17:55en premier plan.
17:56Je souscris
17:57à l'observation de Gaël.
17:58C'est le péril
17:59que je dessinais auparavant.
18:02C'est-à-dire que
18:02vous avez quand même
18:03une impression
18:05d'improvisation.
18:07C'est-à-dire qu'on le voit bien
18:08lorsque le fameux colonel
18:11Ranjian Irine
18:12évoque ce comité
18:14ou ce conseil.
18:15Il dit,
18:16bon,
18:16il y aura des représentants,
18:18des officiers
18:18des trois armes,
18:19mais aussi de la gendarmerie.
18:21D'ailleurs,
18:22qui a dû faire acte
18:22de contrition
18:23parce que la gendarmerie
18:24a toujours été
18:24l'instrument
18:25le plus féroce
18:25de la répression.
18:27Et c'est aussi
18:28un corps
18:28qui a été
18:29beaucoup choyé
18:30par Azuel,
18:30mais de la police.
18:31Et il dit,
18:32et je le cite là encore,
18:33peut-être des hauts
18:34conseillers civils.
18:35Tout ça est quand même
18:36extrêmement flou.
18:38Il faut ajouter aussi
18:39autre gage
18:40de cette forme
18:41d'amateurisme
18:41et d'improvisation
18:42qu'institutionnellement,
18:45il y a quand même
18:45beaucoup d'entorses
18:46de ce règlement.
18:47D'abord,
18:48la constitution,
18:48certes suspendue,
18:49elle confie en principe
18:50au président du Sénat,
18:51alors lequel est portée
18:52disparue,
18:53c'est vrai,
18:54l'intérim de la présidence
18:56en cas de vacances.
18:57Premier problème.
18:58Puis deuxièmement,
18:59la destitution
19:00de Radzoel
19:01et l'invitation
19:02que vous évoquiez
19:02tout à l'heure,
19:03l'invitation à exercer
19:04les fonctions
19:04de chef de l'État,
19:05elle a été prononcée
19:06par une haute cour
19:07constitutionnelle
19:08dont le même
19:09Ranji Anirin
19:10avait prononcé
19:11la dissolution
19:12mardi.
19:13Donc vous voyez
19:13qu'il y a quand même
19:14pas mal de couacs
19:15et puis je termine
19:17par cette remarque
19:19qui est presque cocasse
19:20quand ils disent
19:21ceci n'est pas
19:22un coup d'État,
19:22ça fait penser
19:23à l'impérissable
19:24pipe de Magritte,
19:26ceci n'est pas une pipe,
19:27le fameux tableau
19:27surréaliste,
19:28évidemment que c'est
19:29un coup d'État.
19:30Alors effectivement,
19:30il est adossé
19:31à une revendication
19:32populaire
19:33qui n'est pas
19:33que
19:34Tananarivienne
19:35puisqu'on a eu
19:36des mouvements
19:36dans toutes les grandes
19:38villes
19:38de l'Île-Rouge
19:39mais il y a
19:41effectivement
19:41un vrai danger
19:42de flottement
19:44d'abord
19:44et puis de tentation
19:46de capter
19:47en fait
19:48les bénéfices
19:49d'un mouvement
19:49qui n'émane pas
19:50du corps militaire
19:52mais effectivement
19:53de la jeunesse malgache.
19:55C'est une question
19:55intéressante
19:56que nous-mêmes
19:57on se posait
19:58dans l'usage
19:58des termes
19:59qu'on emploie
20:00pour qualifier
20:00ce qui est en train
20:01de se jouer
20:01à Madagascar.
20:02C'est vécu
20:02comme un coup d'État
20:03Gaëlle
20:03chez vous
20:03ce qui se passe
20:04aujourd'hui
20:04dans votre pays ?
20:07C'est vécu
20:08comme un coup d'État
20:09par la présidence
20:09de la République
20:10si l'on en croit
20:11leur communiquer.
20:13Je parlais des malgaches
20:13bien sûr.
20:15En tout cas
20:17la présidence
20:18de la République
20:18est formelle
20:19elle dit
20:19qu'aucune règle
20:20la constitution
20:21n'a pas du tout
20:22été respectée.
20:23Si l'on écoute
20:24les manifestants
20:25sur la place du 13 mai
20:26ils disent
20:27évidemment non.
20:28Ils disent
20:29que c'est un mouvement
20:30populaire
20:30qui a été porté
20:31par la génération Z
20:33que plusieurs syndicats
20:37plusieurs corps de métier
20:38tout le monde
20:40s'est rallié au mouvement
20:41jusqu'à ce que
20:43l'unité du CAPSAT
20:44les rejoigne
20:45et c'est vrai
20:48qu'on parle
20:49d'improvisation
20:50mais le mouvement
20:52Gen Z
20:52a été créé
20:53à peine dix jours
20:54avant la première manifestation.
20:57la génération
20:59la génération
21:00ne s'attendait pas
21:01du tout
21:01à ce qu'il y ait
21:02déjà une telle répression
21:03à ce que
21:04j'ai parlé
21:06avec certains membres
21:07fondateurs
21:07de la génération
21:08et ils pensaient
21:09arriver à faire
21:10comme le Népal
21:11à faire tomber
21:11le gouvernement
21:13en une journée
21:13bon ça a pris
21:14trois semaines
21:14mais il n'y avait
21:15pas de plan
21:16particulier
21:17il n'y avait
21:18pas d'ambition politique
21:19je pense que
21:21le CAPSAT
21:22non plus
21:22n'avait pas prévu
21:23ce qu'ils ont décidé
21:25le 11 octobre dernier
21:28donc vous voyez
21:29l'improvision
21:30l'improvisation
21:31pardon
21:31elle est inévitable
21:32elle est valable
21:33dans les deux camps
21:33ça on ne peut
21:35que le constater
21:35aujourd'hui
21:36il va falloir être vigilant
21:38sur quel point
21:39dans les jours
21:40les heures qui arrivent
21:42qu'est-ce qu'il va falloir
21:42scruter avec attention
21:44maintenant qu'un colonel
21:46dirige le pays
21:48qu'est-ce qu'il va falloir
21:49ne pas manquer
21:51ne pas rater
21:51dans cette transition
21:53regardez de très près
21:54les contours
21:56que prenne cette transition
21:57puisque là encore
21:58dans les propos
21:59un peu évasifs
22:00qui ont été tenus
22:01par les putschistes
22:03il est question
22:04de nommer
22:05un gouvernement civil
22:06dans quelques mois
22:08quelques mois
22:09c'est quoi ?
22:09c'est trop long ?
22:10c'est quelques semaines
22:10ou c'est plusieurs années ?
22:12quelques mois a priori
22:12c'est de longues semaines
22:13oui
22:14et puis deuxième élément
22:16absolument crucial
22:17dans quelle mesure
22:19le nouvel exécutif
22:20va être capable
22:21précisément
22:22de répondre
22:22aux aspirations
22:23de la jeunesse
22:24qu'il s'agisse
22:24de la vie quotidienne
22:25l'eau, l'électricité
22:26de la transparence
22:28et de la lutte
22:29contre la corruption
22:30dernière remarque
22:31quand même rapide
22:32sur le putsch
22:33c'est quasiment
22:33une question
22:34de cours
22:34de sciences politiques
22:35y a-t-il
22:36des coups d'état vertueux ?
22:37bon
22:37j'étais au Gabon
22:39en juillet
22:40et là
22:40on parle du putsch
22:42de la libération
22:42et c'est un peu
22:43cette idée
22:44qu'on entendait
22:44dans les propos
22:45de certains
22:46des manifestants euphoriques
22:47c'est qu'en fait
22:48c'est un coup d'état
22:49quasiment miraculeux
22:51providentiel
22:52qui nous libère
22:53d'un pouvoir
22:53exécré
22:55ou en tout cas
22:56fortement critiqué
22:57mais encore une fois
22:58institutionnellement
22:59c'est un putsch
22:59et il va falloir regarder
23:00d'ailleurs
23:01puisque vous évoquiez
23:01les critères
23:02d'observation
23:03à suivre de près
23:04ce que sera la posture
23:05de ce qu'on appelle
23:06la SADEC
23:07c'est-à-dire
23:07la communauté
23:08de développement
23:08de l'Afrique australe
23:10qui prévoit
23:11d'envoyer une mission
23:12le 20 octobre
23:14c'est-à-dire
23:14après la bataille
23:15un peu tard
23:15mais qui est très mal à l'aise
23:17par rapport à ce genre
23:18de cas de figure
23:19de scénario
23:20parce que
23:21en principe
23:21comme l'Union africaine
23:22elle doit condamner
23:23mais par ailleurs
23:24les relations entre la SADEC
23:26et le président
23:27en sortant ou sorti
23:28Andrade Zoelle
23:29étaient exécrables
23:30donc il va falloir
23:31surveiller tous ces critères
23:32mais avant tout
23:32encore une fois
23:33couident des préoccupations
23:35qui ont été mises en avant
23:36et qui ont quelque sorte
23:38légitimé
23:39ce tsunami populaire
23:40demain
23:41les militaires
23:42seront-ils capables
23:42d'y répondre
23:43c'est à eux de le démontrer
23:44et est-ce qu'on peut faire
23:45confiance aux militaires
23:46parce qu'on a tendance
23:46à regarder ce qui s'est passé
23:47derrière
23:48l'histoire elle nous dit quoi ?
23:50l'histoire nous dit
23:50que vous avez
23:51des exceptions
23:52je pense par exemple
23:53au Mali
23:54d'Amaditoumani Touré
23:55qui effectivement
23:56prend le pouvoir
23:57et le restitue
23:59comme il l'a promis
23:59mais le schéma
24:00le plus classique
24:01du continent africain
24:02c'est quand même
24:03que les militaires
24:04prétendent
24:05qu'ils vont
24:05restituer
24:07le pouvoir aux civils
24:08via des élections
24:09libres
24:09transparentes
24:10et inclusives
24:11on connait la rengaine
24:12et puis
24:13encore une fois
24:14et on l'a vu au Sahel
24:15même si je n'établis pas
24:15d'analogie
24:16entre ce qui s'est joué
24:17au Mali
24:17au Nigeria
24:18au Burkina
24:18et à Madagascar
24:19la tentation
24:20de rester au pouvoir
24:21notamment par les prébandes
24:23et les privilèges
24:24qu'il vous procure
24:25elle est parfois
24:26plus forte
24:27que le respect
24:27des serments
24:28et des principes
24:29Merci beaucoup
24:30Vincent Hugeot
24:31merci d'avoir été
24:31l'invité de l'info du jour
24:32merci aussi à
24:33Gaëlle Borgia
24:34notre correspondante
24:35à Antoine Anarive
24:36qui nous fait vivre
24:37chaque jour
24:37au plus près
24:38chaque nouvel épisode
24:40de cette crise
24:42c'est la fin
24:43de l'info du jour
24:43reste évidemment
24:44à nos côtés
24:45on se retrouve
24:45tout de suite
24:46pour le journal
24:46Sous-titrage Société Radio-Canada
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